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C’est pas mon genre! DRC

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Mars-Avril 2013 - Numéro 9

DRC in Focus

C’est

pas mon genre!

Dans ce numéro

Photo Sylvain Liechti

Entretien avec Dr Mukwege

Promouvoir le rôle politique de la femme dans les zones post-conflits Alhamdou Baby, premier Volontaire de l’ONU à la MONUSCO

Un jour au Congo: Festival Zaire 1974

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Dossier

C

omment définir la notion de ‘‘genre’’?

Lors de la Journée Internationale de la Femme, tous les feux se braquent sur la question du genre. Pourtant, cette question a tendance à être mal comprise voire négligée. Que savons-nous de la ‘‘question du genre’’ en République Démocratique du Congo (RDC) ? Si la protection des femmes et leur participation dans la vie politique, sociale et économique font partie intégrante du mandat de la MONUSCO, ce n’est pas par choix mais une obligation et une nécessité pour la paix et le développement durable du pays.

Annoncer que les femmes congolaises sont victimes de différentes formes de vio- lence extrême n’a malheureusement plus rien de nouveau. Elles sont confrontées quotidiennement à des situations diffici- les: discriminations, violences sexuelles et sexistes, déplacements et pillages lors des conflits. En 2011, la RDC a été identifiée comme le deuxième pays où il fait le moins bon être une femme1, notamment parce que les femmes et les enfants constituent la majorité des personnes déplacées. Mais aussi en raison de l’ampleur des violences sexuelles considérées comme ‘‘l‘une des pires atrocités humaines’’2.

Si les chiffres des viols sont monstrueusement élevés, il ne faut pas négliger les autres défis auxquels les Congolaises sont confrontées. La tradition a toujours placé les femmes en retrait des hommes, ce qui a pour conséquences de leur interdire d’acheter ou d’hériter des terres. Les veuves sont destituées de leurs biens et les abus domestiques sont considérés comme normaux dans nombre de foyers. Alors que les femmes sont la colonne vertébrale de l’économie informelle (elles représentent la grande

majorité des vendeurs de rue et réalisent la plupart des tâches agricoles), elles sont particulièrement mal représentées dans les arènes décisionnelles et font souvent l’objet de harcèlement lorsqu’elles se présentent aux élections ou intègrent les rangs de la PNC ou des FARDC.

Mais les femmes refusent d’être stigma- tisées comme victimes. Les associations de femmes sont actuellement en tête de pont de l’activisme au Congo. Le bureau Genre de la MONUSCO et le gouverne- ment Congolais travaillent ensemble pour améliorer la protection des femmes et leur participation à travers le Plan d’Action National (Résolution 1325 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, adopté par la RDC en 2010). La mission première du bu- reau Genre est de s’assurer que toutes les Congolaises connaissent leurs droits. Nous intervenons également dans les domaines suivants : développement économique, participation à la vie politique locale et nationale, mécanismes de lutte contre les violences basées sur le Genre et le Sexe.

Nous veillons aussi au sein même de la MONUSCO à promouvoir une plus grande représentation des femmes parmi les Cas- ques Bleus. Avec seulement 2% des forces militaires, ce déficit féminin limite les inte- ractions avec la majorité de la population civile : les femmes et les enfants.

Mettre fin à toutes les formes de violences contre les femmes et les filles ne devrait pas être considéré comme une aspiration ; La lutte contre les violences doit être pla- cée au cœur de toutes nos actions et nos efforts.

La question du genre en RDC

par Toral Pattni, VNU Chargée du Genre

1 http://www.trust.org/trustlaw/womens-rights/dangerpoll/

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Dossier

« Beaucoup d’hommes estiment que la satisfaction de leurs désirs légitime le viol. »

Entretien

Dr. Mukwege, Fondateur de l’hôpital Panzi, Bukavu

L

a première surprise, c’est quand il vous sert la main ; la sienne enrobe la vôtre.

La deuxième suit immédiatement, lorsqu’il s’adresse à vous. Sa voix décore la pièce de voiles de flanelle. En un geste et un son, le Docteur vous a autorisé à entrer dans son univers avec autant de simplicité que de sympathie.

Voilà treize ans que le Dr. Mukwege a fondé l’hôpital de Panzi à Bukavu (Sud-Kivu).

En treize ans, il a soigné 40 000 femmes victimes de violences sexuelles. Quand nous l’avons rencontré le 1er février 2013, le Docteur semblait inquiet, le nombre de femmes victimes de ces violences ne cesse d’augmenter depuis le début de l’année 2012. En janvier 2013, l’augmentation a

été encore plus forte que pour les mois précédents.

Le 14 janvier 2013, Dr. Mukwege rentrait à Bukavu sous les applaudissements reconnaissants d’une foule abondante. Il avait dû quitter la ville quelques mois plus tôt suite à son agression le 25 octobre dernier. Un de ses gardiens y avait trouvé la mort.

La rondeur de ses gestes et la douceur de sa voix contrastent avec la violence de son récit. Avec un calme nécessaire et une colère salutaire, le Dr. Mukwege nous parle de la situation de la femme au Congo et du volontariat.

3

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DRC

in Focus

DRC in Focus: Docteur, pour com- mencer cet entretien, nous aimerions que vous réagissiez à quelques chif- fres. Selon un rapport de Promundo et Sonke Gender Justice Network 1, paru en Octobre 2012 qui se base sur des sondages réalisés auprès de la popu- lation du Nord Kivu : 88% des hom- mes estiment que les lois contre les violences basées sur le genre rendent trop facile les accusations injustifiées des femmes contre les hommes.

Dc Mukwege: Vous me dites que les hommes estiment que la loi est trop favorable aux femmes, mais je remarque surtout que la loi n’est pas appliquée. Si on mettait en prison les responsables de toutes les grossesses forcées, il n’y aurait pas assez de cachots dans le pays. Beaucoup de femmes qui viennent accoucher ici se disent ‘‘mariées’’ parce qu’elles sont enceintes alors qu’elles ont été contraintes.

Ces femmes ne connaissent pas la loi. Il y a beaucoup d’abus qui se font sur les femmes tout simplement parce qu’elles ignorent leurs droits et que les hommes pensent que les femmes sont des objets à leur disposition. Je suis frappé par la mentalité des hommes qui ne comprennent même pas qu’ils commettent des abus sur des humains.

Il ne faut pas pour autant oublier les violences sexuelles subies par les hommes.

Nous avons eu des hommes qui sont arrivés à l’hôpital avec des amputations de pénis, d’autres qui présentaient d’importantes liaisons anales après avoir été sodomisés.

Les victimes masculines représentent entre 1 et 2 % du total des victimes de violences sexuelles. Quand je donne ces chiffres, les gens ont tendance à minimiser le mal qui est fait. Ces hommes ont malheureusement une grande tendance suicidaire.

Vous avez récemment déclaré :

“Beaucoup d’hommes ont l’impression que le viol n’est qu’un rapport sexuel non-souhaité. Mais ce n’est pas ça.

C’est une destruction!”

Tout à fait, beaucoup d’hommes estiment que la satisfaction de leurs désirs légitime le viol. Une fois que l’acte est commis, ils oublient. Mais la femme, elle, porte ça en elle toute sa vie. Les déchirements physiques et psychologiques qui ne la quitteront jamais. J’insiste : il faut que les hommes comprennent que prendre une femme par force, ce n’est pas un rapport sexuel, c’est une violence physique, mais aussi psychologique et que cela atteint la dignité de la personne.

Selon le rapport de Promundo et Sonke Gender Justice Network, 22% des femmes et 9%

des hommes ont subi des violences sexuelles pendant des conflits;

un tiers des hommes interrogés admettent commettre des violences sexuelles et près des trois-quarts des hommes pensent qu’une femme qui ne s’habille pas décemment demande à être violée.

Photo: Femmes victimes de violences sexuelles à l’hôpital Hospital, Bukavu, February 1, 2013.

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Dossier

Rendez-vous compte, les filles que je vois continuent à pleurer plusieurs années après. Plusieurs années après, elles sont incapable d’avoir un orgasme; plusieurs années après, elles ont encore peur des hommes.

A votre retour à Bukavu le 14 janvier 2013, vous avez déclaré:

“il faut continuer à combattre la haine par l’amour, c’est la seule solution”. Un mois plus tôt, l’adjoint du Représentant Spécial des Nations Unies en RDC, M. Soumaré, affirmait que “le volontariat c’est de l’amour”. Si je combine ces deux citations en un syllogisme, j’en arrive à dire que le volontariat permet de combattre la haine.

C’est très vrai. Le volontariat, c’est un don de soi. Se donner pour la cause de l’autre, c’est la définition même de l’amour. Et comment peut-on faire avancer ce monde

sans amour ?

Les Volontaires des Nations Unies sont ici pour contribuer à la paix et au développement durable. J’apprécie beaucoup le travail qu’ils effectuent.

Quand on est volontaire, on travaille sans compter car on se sent porté par cet amour que nous offrent ceux qu’on aide.

Comme vous le savez aussi, il n’y a pas d’âge ni de classe sociale pour être volontaire.

Je prendrais l’exemple du Professeur Guy- Bernard Cadière, le directeur de l’Ecole européenne de chirurgie paroscopique, qui vient régulièrement faire du volontariat ici. Il ne vient en général que pour une semaine, mais en une semaine il opère vingt malades difficiles que nous ne pouvons pas prendre en charge seul.

Lutter contre les

violences sexuelles en

D RDC

epuis le début du conflit des Grands Lacs en 1996, les violences sexuelles et basées sur le genre sont un problème récurrent en RDC. L’ampleur des abus et leurs conséquences physiques, émotionnelles et économiques contribuent à renforcer l’instabilité à l’Est du pays.

Les causes de la violence sexuelle sont très complexes et sont liées à la fragilité du gouvernement et la durée du conflit en RDC.

La progressive érosion des méchanismes de protection ainsi que le statut inférieur des femmes au sein de la société congolaise ont exacerbé leur vulnérabilité à la violence. Par ailleurs, les violences sexuelles sont devenues une arme de guerre utilisées par les parties du conflit, y compris les milices et les forces armées du gouvernement (FARDC). Dans un contexte où les structures de commandement ont été fragmentées, les auteurs d’actes de violence sexuelle restent souvent impunis, alimentant un climat général d’impunité.

En 2009, le Gouvernement congolais adopte la Stratégie Globale de Lutte contre les Violences Sexuelles en RDC, en ligne

avec les résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Cette stratégie, initiée par l’ONU, met en place une structure de coordination globale des actions réalisées par tous les acteurs opérant dans le domaine de la lutte contre les violences sexuelles en RDC. Elle a pour objectif de renforcer la prévention, la protection et la réponse aux violences sexuelles.

Etablie récemment au sein de la MONUSCO, l’Unité en charge des questions relatives aux violences sexuelles soutient les efforts du Gouvernement congolais dans la mise en œuvre de la Stratégie Globale. Deux Volontaires de l’ONU, Alejandro Sanchez et Angus Lambkin, sont actuellement affectés à cette unité.

5

Une mère prend soin de son enfant à l’hopital Panzi, Bukavu, 1er février 2013.

1http://www.wikigender.org/images//1/1b/Summary_Report_of_the_

Wikigender_Online_Discussion_Engaging_Men%26Boys.pdf

http://monusco.unmissions.org/Default.

aspx?tabid=11316&language=fr-FR

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DRC

in Focus

Il n’y a pas de paix durable sans participation des femmes

Femmes et politique en zone post-conflit

E

ntre 1999 et 2007, la région de l’Ituri a été le théâtre d’affrontements violents. Premières victimes, les femmes ont été particulièrement affectées par ces années de conflit. ‘‘La période de reconstruction post conflit posent des défis pour l’avancement de l’égalité des genres en Ituri’’, explique Seny Dounahara, VNU Conseillère Electorale et Point Focal Genre et Elections en Ituri.

‘‘En Ituri, la participation des femmes en politique est très faible alors qu’elles représentent la majorité de l’électorat congolais. Il n’y a que 2 femmes représentées parmi les 26 députés nationaux élus en 2011 et une femme au gouvernement provincial. De même les femmes sont quasi-absentes des postes de décision et de commandement’’.

Seny évoque la nécessité d’accroître la participation politique de femmes et de promouvoir une représentation équitable en vue de renforcer les processus de paix et de développement durable en RDC.

‘‘En tant qu’agents de développement socioéconomique et de cohésion sociale, les femmes jouent un rôle déterminant dans la consolidation de la paix et larésolution de conflits. Cependant, malgré leurs activités

pour faire avancer la paix, elles sont trop souvent marginalisées et écartées de la pleine participation.’’

En sa qualité de Point Focal Genre et Elections, Seny encourage les femmes à participer à la politique et soutient les candidates à mener leur campagne électorale. ‘‘Bien que plusieurs candidates s’étaient présentées aux élections de 2011, très peu d’entre elles ont accédé à des fonctions politiques. Le faible niveau d’instruction, la féminisation de la pauvreté et le poids des coutumes sont autant d’obstacles tendant à réduire leur participation en politique. De fait, l’accroissement de la représentation des femmes en politique passera nécessairement par la sensibilisation des communautés et des leaders locaux sur les relations égalitaires hommes-femmes, la scolarisation des filles et l’adhésion des femmes instruites dans les partis politiques,’’ commente Seny.

Seny Dounahara, VNU Assistante Electorale à Bunia, lors d’une table ronde sur

‘‘l’évolution de la participation des femmes aux élections depuis 2006.’’

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Que sont-ils devenus?

‘‘Etre le premier Volontaire de l’ONU en RDC est un honneur et une grande chance.’’

Alhamdou Baby

UNV 001

A

vec 1900 volontaires servant ou ayant servi en RDC, la MONUSCO est une des missions des Nations Unies avec le plus grand effectif de volontaires. Alhamdou Baby était loin de s’en douter quand il a été déployé comme VNU mécanicien en 2001. L’expérience de Baby, Malien, occupe une place de choix dans les annales de l’histoire du programme VNU à la MONUSCO : premier Volontaire de l’ONU affecté à la mission, Baby n’ouvre pas seulement la voie à bien d’autres volontaires, il représente aussi un exemple d’engagement pour la paix.

Arrivé en 2001, l’année de l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila, Baby sera au premier rang des opérations de terrain de la MONUSCO (MONUC) sept années durant.

‘‘J’ai travaillé un peu partout au Congo dans un contexte sécuritaire assez tendu : Kinshasa, Matadi, Mbandaka, Basankusu, Bukavu, Uvira et bien d’autres lieux d’affectation. Dans beaucoup endroits, j’ai été confronté aux attaques de rebelles à proximité. Je n’ai jamais été évacué. J’étais considéré comme personnel essentiel de la

mission, notamment pour les évacuations.

Ainsi, lors de la prise de Bukavu par les rebelles en 2004, j’étais le seul autorisé à effectuer le transport des évacués de la base à l’aéroport. C’était stressant, j’avais peur mais je ne le montrais pas. J’étais venu pour contribuer à la paix en RDC et c’est ce que j’ai fait’’, raconte Baby.

Sur ses années de volontariat, Baby ne tarit pas d’éloges : ‘‘Etre Volontaire de l’ONU au sein d’une opération de maintien de la paix a été une expérience exaltante qui m’a donné l’opportunité d’apporter ma contribution à la paix. Si c’était à refaire, je le referais. Le volontariat a complétement changé ma vie, et pour le meilleur.’’

explique-t-il. En 2008, l’aventure VNU se termine pour Baby qui est recruté par la MONUSCO comme Assistant Transport à Lubumbashi.

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DRC

in Focus

Un jour au Congo...

De James Brown à BB King en passant par Bill Withers, Celia Cruz et Miriam Makeba, un des plus beaux plateaux de l’histoi- re de la musique se réunit à Kinshasa du 22 au 24 septembre

1974. Trois soirs de suite, le Stade de Kinshasa vibrera aux sons du RnB, de la Soul et du Blues et rassemblera toutes les pointures de la scène zaïroise et afro-améri- caine aux côtés de 80 000 spectateurs venus assistés à l’évènement.

L’événement Zaire 74 se déroule à un moment historique particulier.

L’évènement immortalise le sommet de la lutte des afro américains par la réunion des grandes voix de la soul et du rhythm’n’blues. Ce festival est surtout le lieu d’expression du combat pour les droits civiques des afro- américains aux États-Unis et celui du peuple africain contre les

réminiscences de la colonisation occidentale.

Ce festival est organisé en marge d’un évènement majeur. L’un des plus grands matchs de l’histoire de la boxe opposant Muhammad Ali et

George Foreman, connu sous le nom de ‘’Rumble in the Jungle’’, a lieu quelques semaines plus tard, le 30 octobre

1974.

Referenties

GERELATEERDE DOCUMENTEN

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