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Année 2015, n° 11SOMMAIRE

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Pauvres, mais honnêtes, nous paraissons quand nous pouvons, et notamment le mercredi 11 novembre 2015

Année 2015, n° 11

SOMMAIRE

Pub ! … page 1

Haut-Katanga : Attention ! Un camion peut en cacher un autre ! RDC

… page 2

Médias, Histoire et Politique

A propos de « Apocalypse Staline », sur France II…. Page 12 Rwanda :

Une mise au point par Filip REYNTJENS… page 16

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Pub !

Vient de paraître

De fil en exil

NOUVELLES parCikuru Batumike

Des Noirs africains qui prennent le chemin d'exil, il y a ceux qui choisissent l'Europe. Une fois dans les pays d'accueil, quels traitements reçoivent-ils ?

On connaît l’après de tout long périple des exilés qui fuient leurs pays vers des destinations incertaines. C’est de cette existence que le recueil de nouvelles « De fil en exil » s’inspire. Il s’agit du vécu de ceux qui ont osé franchir le Rubicon et qui n’ont plus d’espace déterminé.

Contraints de diluer leur identité dans la culture de la population autochtone, ils doivent coexister avec des collectivités distinctes sur les plans culturels et cultuels. « De fil en exil » met en exergue des personnages qui ont en commun d’être repoussés par les indigènes.

Plongés dans les arcanes des paysages européens, ces condamnés à l’exil essaient de s’affirmer dans un contexte difficile de l’immigration. Les illusions nourries, au départ de leurs pays d’origine, d’une Europe bienveillante, font place au désenchantement. Les réalités qu’ils trouvent dans le pays d’accueil ne sont pas toujours taillées à leur mesure. Les rêves d’avant s’amenuisent comme peau de chagrin au contact d’une série de parasites qui raturent les rapports humains.

Essayiste, poète et journaliste, Cikuru Batumike est de nationalité suisse. Il est né à Bukavu (RdCongo) des parents congolais. Membre de l'Union internationale de la presse francophone (UPF), section suisse et de la Société des poètes français, Paris.

Editions l’Harmattan. Collection Encres Noires. Broché.

IMMIGRATION, INTERCULTUREL LITTÉRATURE ROMANS, NOUVELLES AFRIQUE NOIRE

ISBN : 978-2-343-07111-4 • novembre 2015 • 124 pages. 14 euros.

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RDC

Haut Katanga : Attention ! Un camion peut en cacher un autre !

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Camion de transport du groupe Mining Company Katanga. ©www.bellequipement.com

Par Guy De Boeck

Les hommes d’affaires s’occupent d’affaires et donc vendent et achètent à longueur de journée. Il ne devrait donc pas y avoir de nouvelle plus banale que la vente ou l’achat, total ou partiel, d’une société importante. Le fait que de tells marches mettent en presence des gens très riches est lui aussi banal. Et s’il se fait que les gens riches ont fréquemment des accointances avec le personnel politique, cela n’est pas non plus une découverte, pas plus que l’intérêt que les états prennent aux activités de leurs businessmen à l’étranger pour des raisons diverses, don’t le souci de l’emploi est le plua avouable et l’enrichissement personnel, le plus soigneusement cache.

Toutefois, ces éléments tous banaux peuvent parfois se produire simultanément et se mélanger dans un context qui trans forme l’info banale en info vraiment très spéciale. C’est le cas de ce qui va suivre. Commençons par le décor, en soi très prometteur. L’action se situe au Katanga.

L’action se situe au Katanga.

Cette région (ce n’est plus une province depuis le “redécoupage” de cette année) à la frontière avec la Zambie, appelée la « Copperbelt » (« ceinture de cuivre »), qui comprend essentiellement les “nouvelles provinces” du Haut-Katanga et du Haut- Lomami, abrite les quatrièmes réserves mondiales de cuivre et les premières de cobalt.

En 2014, la République démocratique du Congo a produit plus d’un million de tonnes de cuivre et plus de 76 000 tonnes de cobalt (premier producteur africain), selon le Ministère des mines de la République démocratique du Congo. Ce pays connaît

1Pour la rédaction de cet article, il a été fait à des données, chiffres et et autres renseignements concernant les entreprises, qui sont reprises essentiellement aux souces suivantes : « Necotrans acquiert la société MCK spécialisée dans la logistique et le génie civil miniers en RD Congo » - Agence Ecofin - 09 novembre 2015 / Site web de Bolloré Africa Logistics en République Démocratique du Congo / « Le groupe français Necotrans s'implante dans la logistique minière en RDC » AFP – 09 11 15 / « Necotrans fait l’acquisition d’une importante société de Moïse Katumbi » JA —le 09 novembre 2015 / « RDC: Amnesty dénonce les agissements du groupe Forrest » Rédaction RTBF 24 novembre 2014 / « Les "creuseurs" veulent leur part des richesses du sous-sol congolais », RTBF Régis De Rath 6 novembre 2015

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depuis plusieurs années une forte croissance économique (+ 7,7 % en moyenne par an depuis 2010) notamment portée par le secteur minier.

Cuivre, cobalt, zinc, nickel, or: le Katanga regorge de gisements prospères, parmi les plus riches du monde. Pourtant 8 Congolais sur 10 vivent toujours sous le seuil de pauvreté absolue. Souvent mécontents des parcelles sans rendement concédée par l’État, les creuseurs prennent aussi d’assaut les concessions privées. Récit d’un journaliste de la RTBF:

“ Nous prenons la route du site minier de Kasumbalesa à l'extrême sud de la RDC, près de la frontière avec la Zambie. Depuis le mois d'août dernier, 30 000 creuseurs y auraient fait irruption à la manière d'un commando.

“ Nous nous présentons sur place mais impossible d'entrer. La mine, nous dit- on, n'est pas ouverte aux journalistes. Nous décidons alors de rencontrer le bourgmestre de la localité. Embarrassé, l’homme va multiplier les appels pour savoir comment se comporter? Mais l'accès de la mine restera impossible. On comprendra simplement que le propriétaire -privé- a choisi d’exploiter les creuseurs à bon compte.

"Tout ce que sortent les creuseurs est récupéré par le propriétaire de la mine", confie Zacharie Kilonge M'Pundu, le bourgmestre de Kasumbalesa. "Les creuseurs sont en quelques sorte devenus les machines de la société", lâche-t-il dans un sourire embarrassé.

Ainsi donc, à Kasumbalesa, le privé se servirait des creuseurs clandestins pour éviter de perdre la main. Au grand salon annuel des entreprises minières, organisé à Lubumbashi, nous interpellons le ministre des Mines du Katanga sur ces pratiques surprenantes. "C'est impensable", tranchera Audax Sompwe Kaunda. "Aucune entreprise sérieuse ne peut travailler avec des creuseurs clandestins. L'autorité provinciale ne pourrait pas l’accepter".

“Reste que ce métier de creuseurs est soumis à bien des difficultés. Déçus de voir leur terre et ses richesses cédées aux grands groupes miniers étrangers, ils restent déterminés à avoir leur part du gateau”.

Opérateurs économiques

Quand à propos d’un terroir riche, il est question d’exploitation, et même de surexploitation, il faut s’attendre à trouver, à côté des exploités, un portrait de l’exploiteur richissime, qui n’est en général pas flatté. De cep point de vue, avec l’ex- Katanga, on est largement servi, car les capitalists du Katanga, c’est vraiment du beau linge, et du riche !

Cible préférée de pas mal de groupes de pression et dernier patron “belge” present sur place - son siège social est à Wavre, donc quelque part entre Serge Kubla (Waterloo) et Pierre et Charles Michel (Jodoigne) – il y a le groupe Forrest.

Amnesty International l’accuse d’avoir fermé les yeux sur des centaines d'expulsions forces, de destructions illégales, et de déplacement de population au Katanga. Et même d'avoir mis

des moyens logistiques à la disposition des autorités pour ce faire, ce que dément cette entreprise. Les faits se sont déroulés le 24 novembre 2009 à Kawama, non loin de Lubumbashi, la capitale du Katanga, dans le sud-est de la République démocratique du Congo. Selon A I, des bulldozers de l'Entreprise générale Malta Forrest (EGMF), filiale du Groupe Forrest International, ont rasé plusieurs centaines d'habitations en torchis. Il s’agissait de chasser les centaines de creuseurs artisanaux clandestins qui fouillaient illégalement la mine.

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La police a lancé une opération pour expulser ces creuseurs, accusés de vol dans la mine. Certains creuseurs se sont rebellés, et un haut responsable du ministère de l’Intérieur du Katanga a ordonné de faire intervenir des bulldozers2 pour démolir les bâtiments et les huttes de ces travailleurs clandestins.

Selon Amnesty, des "centaines" d'expulsions se sont déroulées du 24 au 25 novembre 2009. Des commerces et des maisons en dur, d'où des "agents de police armés" ont chassé "des villageois, y compris des enfants" ont été détruites. "L'État a failli à ses obligations envers son peuple, en ne traduisant personne en justice à la suite de ces expulsions forcées et en ne veillant pas à ce que des indemnisations soient versées", dénonce l'ONG.

Pour Amnesty international, les expulsions forcées sont illégales. Forrest rétorque que depuis qu’elle a quitté le site de la mine de Luiswishi, les conditions des creuseurs clandestins sont bien pires. Certains d’entre eux ont été tués par les forces de l’ordre.

Cette situation est assez similaire à celle décrite par la RTBF à Kasumbalesa, sauf que, là, le Patron ne serait autre que la famille de Joseph Kabila.

Retour au écit d’un journaliste de la RTBF:

“ Alors au final pourquoi autant de mystère autour de ce site minier de Kasumbalesa? Les observateurs des droits humains avancent une hypothèse : la famille du président Kabila tenterait de mettre la main sur une partie de la concession. "Il y a la mère biologique du Président qui est impliquée, ainsi que son frère", affirme Jean-Claude Baka d'Asadho, l'Association africaine des Droits de l'Homme. "Ils font des

affaires dans cette carrière. Dès lors que la famille présidentielle est impliquée, vous n'obtiendrez aucun accès". Une version contestée par la direction de la mine qui évoque simplement quelques actionnaires privés”.

Mais la vedette incontestée parmi les opérateurs économiques de l’ex-Katanga est incontestablement Moïse Katumbi, l’ex-gouverneur de cette ex-province. C’est d’ailleurs une vedette à casquettes multiples, puisqu’il réusit à l’être en politique, en sport, comme Président du club de footbell TP Mazembe, et sur le terrain des affaires.

Il faut d’ailleurs faire état d’une orginalité supplémentaire sur ce terrain particulier du

“business”, Katumbi et son frère, Katebe Katoto, sont des hommes d’affaires fils d’un homme d’affaire (Nissim Soriano). Ils sont de plus apparentés à Moïse Tshombe, le

2Les bulldozers appartenaient a l’entreprise Forrest mais leurs conducteurs (également employés du groupe) affirment avoir agi sous la menace de la police. L’entreprise Forrest réplique qu’il s’agissait de "sécuriser" la zone. Une opération de routine mais qui aurait dérapé dans la violence. A l'époque, EGMF exploitait cette mine par le biais d'une société commune créée avec Gécamines, la société minière publique congolaise. Dans une lettre adressée à l'ONG, Malta David Forrest, directeur général du groupe Forrest International, accuse Amnesty International d'"acharnement" et affirme que son groupe n'a "aucune responsabilité directe ou indirecte" dans ce qui s'est passé. "Les destructions [...] ont été décidées unilatéralement par la police et les autorités congolaises", "notre société a dû céder deux véhicules sous la contrainte des policiers", et a versé de sa propre initiative à près de 2000 creuseurs "plus d'un demi-million de dollars" au total pour les "inciter à quitter les pourtours de la mine", écrit le CEO. L’entreprise a indemnisé les creuseurs expulsés à hauteur de 300 dollars par personne. Par contre, les habitants du village démoli n’ont jamais été dédommagés. Forrest ne conteste pas les démolitions, mais estime que ces dégâts ne sont pas de sa responsabilité, mais bien de celle de l’Etat congolais.

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leader séparatiste katangais des années ’60, lui même fils du premier Congolais à avoir possédé un million de francs, avant l’indépendance3.

S’il y a pas mal de Congolais riches, il y en a peu qui soient “tombés dedans quand ils étaient petits”. La plupart des fortunes congolaises remontent aux spoliation et à l’accumulation qui ont eu lieu sous le régime Mobutu. C’est la cas, p. ex. de la

famille Bemba).

Dans les journaux congolais, cette richesse fait l”objet de descriptions oresque lyriques. Exemple;

“On le dit multi- millionnaire en dollars, il en a toutes les apparences. Il s’apprête à transplanter des animaux - lions, zèbres, girafes, buffles - dans un parc animalier comme l’Américain Michael Jackson fit dans son ranch du Neverland.

Il se déplace en Lincoln, Navigator et expose dans son parking le vaisseau amiral, l’américaine Lincoln style show biz, capable de glisser treize personnes dans le luxe et le confort absolus.

Mais il a aussi deux rutilantes Mercedes série S année rétro, un Hummer modèle SUV qu’il dit appartenir à ses enfants, trois, tous des garçons.

J’ai compté jusqu’à quinze bêtes de route alignées dans son seul parking recouvert de tuile peinte de vert… Alors qu’il n’a pas encore pris ses fonctions, sa salle d’attente, dans l’énorme villa avec courts de tennis qu’il a rachetée à son richissime frère, Soriano Raphaël Katebe Katoto qui vit encore retranché en Belgique, à Bruges, défile le gotha financier du monde.”4

Richissime homme d'affaires, M. Katumbi, âgé de 50 ans, passe pour un possible candidat à la prochaine présidentielle censée avoir lieu avant la fin novembre 2016 mais dont la tenue apparaît aujourd'hui incertaine.

M. Katumbi a démissionné de ses fonctions de Gouverneur en septembre et claqué la porte du parti du président congolais Joseph Kabila en dénonçant des "dérives inacceptables" du pouvoir alors que l'opposition accuse le chef de l’État depuis des mois de chercher à tout faire pour contourner l'interdiction constitutionnelle qui lui est faite de se représenter en 2016.

A la fin de 2014, il avait fait un discours retentissant à propos de “trois faux penalties”, ce qui revenait à affirmer que JKK n’avait été élu régulièrement ni la première fois (20065), ni la seconde (20116), et qu’on n’accepterait pas une troisième tricherie (1916).

3Un Blanc disait assez naïvement à l’époque : « Moïse (Tshombe) , c’est le seul Nègre à qui on dit

« Monsieur ».

4« L'élu du Katanga, Moïse Katumbi Chapwe, le Governatore » (Le Soft 21.02.07)

5L’acceptation des résultats de 2006 reposait plus sur un geste politique d’apaisement que sur la con viction que ces élections avaient été impeccables.

6Il faut rappeler que les élections de novembre-décembre 2011 ont donné des résultats qu'une personne avisée, réfléchie, d’esprit libre et critique devrait considérer comme nuls, donc sans gagnant. La suite aurait dû être l'annulation pure et simple, des enquêtes sérieuses pour déterminer les causes et origines des irrégularités, qu’on punisse les responsables, qu’on les écarte définitivement de toute responsabilité électorale et qu’on en tire les conséquences quant aux futures élections. Il aurait dû y avoir une protestation générale des démocrates de tous les partis, car un démocrate ne saurait accepter que son candidat gagne par la fraude, la corruption et le mensonge.

Au lieu de quoi on n’a assisté qu’à des élucubrations pour défendre la victoire « officielle » de JKK, et à d’autres élucubrations pour défendre celle, tout aussi hypothétique, de Tshisekedi.

Les élections de 2011 avaient été organisées, tout comme celles de 2006, en faisant voter un « corps électoral inconnu », faute de recensement préalable de la population. Ce fait à lui seul suffirait à en « plomber » gravement la crédibilité. Elles ont, par-dessus le marché, été entachées de fraudes et de manipulations à un point tel qu’elles

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La réaction de Kabila au défi lancé par Katumbi a été à son image : discrète et matoise. En janvier dernier, le gouvernement a d’abord ressorti de sa poche le projet de découpage des provinces. Celui-ci prévoit notamment la division du Katanga en quatre entités. Avec, pour conséquence, la disparition de la base politique de Katumbi. Bien que prévue de longue date, cette réforme a été mal préparée. Si bien que Kinshasa a finalement décidé que (provisoirement…) les nouveaux gouverneurs ne seraient plus élus, mais nommés. Outre son poste, Katumbi perdra donc toute influence sur les nouvelles entités, où il aurait pu placer ses hommes. Ultime étape: l’introduction, au Parlement, d’une loi ouvrant la voie à des référendums et donc, comme certains le pensent, à une modification de la Constitution.

Le choix d’une image footballistique pour sa “Parabole des Trois Penalties”n’était pas indifferent car c’est avant tout comme manager de Mazembe que Katumbi a une image populaire.L’équipe de Lubumbashi a conquis le week end passé et pour la cinquième fois, le titre de champion d’Afrique, ce qui a fait les gros titres des journaux congolais du lundi 9. L’encens de a gloire brûlait pour les joueurs, mais aussi pour Katumbi, dans l’ensemble couvert de fleurs par la presse. Si Moïse est un jour Président, il le devra sûrement aux 11 joueurs de Mazembe ! Le Potentiel titrait en manchette: «5è sacre de Mazembe: Moïse Katumbi, champion d’Afrique. Forum des As intitulait son éditorial: "Un trophée pour un homme d'exception", indiquant que la victoire de Mazembe a été accueillie par une liesse populaire et que le succès de Mazembe avait, à n'en point douter pour principal artisan: Moïse Katumbi. Dans ce chorus, L’Avenir, aussi connu comme « Moniteur du Joséphisme », a été le seul journal à ne pas tirer un coup de chapeau à Katumbi, ni même, d’ailleurs, à le mentionner!

Sa popularité sportive est sûrement le meilleur bouclier de Katumbi contre les attaques que ne vont pas manquer de lancer contre lui ses adversaires. Il ne peut plus compter sur sa position de gouverneur qui lui offrait aussi une certaine protection et bien des facilités. Mais bien sûr, il lui reste sa fortune.

MCK (« Mining Company Katanga ») spécialisée dans les services logistiques et le génie civil pour le secteur minier en République démocratique du Congo, fondée par Katumbi en 1997, constitue l’une des parts la plus importante et la plus visible de son empire économique. Moïse Katumbi est également actif dans le transport, l’immobilier, l’agriculture…

Or, d’après une nouvelle qui a fait l’objet de dépêches d’à peu près toutes les agences d’informations financières, Katumbi a cédé MCK à un acteur qui fait son entrée sur la scène katangaise: Necotrans

ont donné des résultats qui, en réalité, sont encore inconnusLes fraudes les plus importantes ayant eu lieu au niveau des centres de compilation, on ne pourrait se rapprocher de la « vérité des urnes » qu’en se référant aux PV des bureaux de vote, dernière opération publique et vérifiée par des témoins. Les chiffres de la CENI ne s’accompagnaient pas de ces PV, les chiffres publiés par l’UDPS, non plus. L’Eglise n’a jamais publié les résultats partiels constatés par ses observateurs malgré cette déclaration du Cardinal Laurent Monsengwo, archevêque de Kinshasa : « Les résultats publiés ne sont conformes ni à la justice ni à la vérité “. On n’a donc que des résultats dont la crédibilité est nulle. Les législatives ont été dignes de la présidentielle, sinon pires. Mais la CSJ a entériné les résultats de la présidentielle et des législatives. Le temps s’est écoulé, les résultats des élections demeureront à jamais inconnus. C’est d’autant plus certain que la CENI a fait incinérer tous les documents relatifs aux élections de 2006 et 2013 en octobre 2014, soit, en ce qui concerne les plus récents, après un délai de trois ans seulement, anormalement court pour ce genre d’affaires. Toute autorité prétendue ne relève plus que de la force, de l’intimidation, d’un coup d’état de fait. Le principal ressort de ce coup d’état consiste à progresser, comme si de rien n’était, dans les tâches qui suivent normalement une élection et à mettre le pays et le monde devant le fait accompli. Le fait que Malumalu, aujourd’hui démissionnaire, principal responsable de cette absurdité d’élections sans recensement préalable de la population, ait été remis un temps à la Présidence de la CENI, était une promesse de beaux jours pour les fraudeurs !

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À propos de Necotrans

Créé en 1985, le groupe Necotrans est un acteur clé de la logistique internationale. Necotrans aime à dire que “L’Afrique a été son choix” est devenu un leader africain de la logistique. Plus de 4000 collaborateurs présents dans une quarantaine de pays, 2000 escales desservies dans 33 ports, 3 millions de tonnes de marchandises traités par an, un chiffre d’affaires «100 % africain», une forte croissance dans la logistique pétrolière et la distribution d’équipements, l’obtention de nouvelles concessions portuaires en 2014, etc. Necotrans s’est hissé à la hauteur des ambitions de son fondateur, Richard Talbot, décédé en novembre 2013.

Avec plus de 4 000 collaborateurs et 126 implantations dans plus de 40 pays, le groupe Necotrans réalise plus de 95 % de son chiffre d’affaires (1 063 millions d’euros en 2014) en Afrique.

En 2014, d’importants investissements ont été engagés notamment sur le terminal vraquier de Dakar (Sénégal) et le port fluvial de Brazzaville (République du Congo). En septembre 2015, le groupe a remporté l’appel d’offres du terminal polyvalent du port de Kribi (Cameroun).

Necotrans apporte des solutions logistiques adaptées aux besoins du continent avec un réseau polyvalent (activités portuaires, commission de transport, logistique pétrolière et minière). En 2015, Necotrans célèbre son trentième anniversaire.

Le groupe français Necotrans a annoncé lundi avoir acquis la société Mining Company Katanga (MCK) spécialisée dans les services logistiques et le génie civil pour le secteur minier en République démocratique du Congo et propriété de l'ex-gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi. "Cette acquisition traduit la volonté du groupe de développer son offre en direction de clients industriels" dans "un pays prioritaire pour Necotrans" du fait "de sa position géographique, de sa superficie et de son dynamisme économique", écrit le groupe français dans un communiqué sans dévoiler le montant de cet achat.

MCK emploie environ 1.900 personnes et exploite une flotte de 500 engins et camions, ajoute le texte, présentant l'entreprise comme le "leader dans son secteur (préparation [...] et entretien des mines, extraction et transport du minerai)" auprès des plus grandes compagnies minières installées au Katanga (sud-est de la RDC).

« Necotrans a été créé il y a 30 ans à Kinshasa, et nous sommes convaincus de l’énorme potentiel économique de la République

démocratique du Congo », déclare Grégory Quérel, le président de Necotrans. Outre cette acquisition, Necotrans a exprimé son intérêt auprès des autorités congolaises pour des projets logistiques en cours. « Nous sommes très heureux d’accueillir la société et le personnel de MCK. Ensemble, nous allons capter de nouveaux relais de croissance créateurs de valeur pour le groupe et la République démocratique du Congo », conclut Grégory Quérel (photo).

M. Katumbi, nous dissent encore les journalists,

n'avait pu être joint lundi soir pour expliquer les raisons de cette cession.

“Quand les éléphants se batten, c’est la forêt qui souffre”.

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Nous voulons de tout coeur espérer que le Katanga n’aît pas à vivre prochainement la mise en pratique de ce proverbe africain.

En prenant pied au Katanga, en effet, le groupe de logistique Necotrans vient chasser sur des terres où est déjà actif son grand rival français, le groupe Bolloré.

Descendant lointain d’une fabrique de papier fondée en Bretagne en 1822, et toujours, à ce que l’on dit, fabricant du papier à cigarette le plus apprécié des fumeurs bretons, le groupe Bolloré est devenu un groupe international essentiellement de transport et de logistique, dirigé par Vincent Bolloré.

Le groupe œuvre dans le transport, la logistique, la distribution d'énergie ou encore le film plastique ultrafin. Il est aussi présent dans d'autres industries, dont celle historique du papier.

Depuis les années 2000, il se développe également dans l'automobile, la communication et la publicité, les médias et les télécommunications.

En 2004, Bolloré figure parmi les deux cents premiers groupes industriels européens et les cinquante premiers français. En 2013, il réalise 10,8 milliards d'euros de chiffre d'affaires et emploie 55 000 personnes dans le monde.

Bolloré, present en RDC comme “Bolloré Africa Logistics en République Démocratique du Congo” a des filiales à Matadi, Boma, Muanda, Kinshasa, Kipholo, Kisangani, Bunia, Beni, Butembo, Goma, Bukavu, Lubumbashi, Kasumbalesa, Fungurume, Kolwezi. La carte ci-contre permet de visualizer ces implantations, nettement orientées vers le Bas-Congo comme zone d’accès, et vers la partie Est du Congo et, en particuliers, vers la Katange minier. Dans ses publications, Bolloré se flatte de posséder en RDC plus de 25 000 m2 d’entrepôts et d’espaces de stockage, une flotte de camions en propre et d’avoir, en tant que spécialiste de la logistique et des grands projets industriels, su tisser un véritable maillage dans un pays aussi vaste que la RDC.

Fort de ce réseau d’agences unique et de la qualité d’implication de ses équipes sur le terrain, Bolloré Africa Logistics se dit en mesure de bâtir avec ses clients des solutions multimodales sur mesure répondant à toutes les exigences.

Il est donc hors de doute que Necotrans (après absorption de MCK) et Bolloré, exerçant les mêmes activités aux mêmes endroits, vont se trouver en concurrence, et il n’est pas difficile de deviner qu’ils ne vont pas se faire de cadeaux7!

Vincent Bolloré

Un dribbling de Moise Katumbi ?

7Les deux sociétés ont déjà été en procès, à propos d’un port à construire en Guinée. Cependant,on note une certaine tendance à « enterrer la hache de guerre », surtout depuis que Quérel, plus accomodant, a succécé à Talbot.

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Donc, Necotrans fait l’acquisition d’une importante société de Moïse Katumbi.

Quelle surprenante décision d’investissement!

L’année dernière Necotrans annonçait tambour battant qu’elle n’investirait plus que dans des pays stables. Néanmoins, depuis ce mois de Novembre 2015 elle vient d’acquérir en RDC, dans une période de turbulence sans pareille, la société de Katumbi.

Qu’on se place du point de vue congolais (Katumbi se défait du plus beau fleuron de son “empire”) ou du point de vue français (un virage à 180° en moins d’un an), la chose a de quoi étonner.

Lorsqu’un fait est étonnant, il y a bientôt pléthore d’explications, chacun voyant midi à sa porte. Et l’on peut trouver des explications, plus ou moins alambiquées, tant du côté de la RDC que de clui de la France.

Examinons d’abord le côté congolais, qui produit évidemment une explication relative au contexte electoral.

Le président Kabila a été secoué ces temps derniers, mais il garde de nombreux atouts en main, à commencer par la maîtrise du temps. Et rien n’indique qu’il soit prêt à se hâter. Le fameux « glissement » redouté par une bonne partie de la classe politique – la stratégie qui consisterait à laisser le calendrier électoral prendre du retard, pour prolonger le mandat du chef de l’État – a en réalité déjà commencé. Initialement prévues pour octobre 2015, les élections locales ne seront de toute évidence pas organisées avant l’année prochaine, au mieux.

Katumbi aura-t-il assez de souffle pour tenir pareil marathon ? Sa fortune, acquise avant qu’il se lance en politique, passe pour considérable. Mais, en RD Congo, une campagne présidentielle coûte cher. Très cher. Kinshasa n’hésitera pas à s’en prendre à ses intérêts, notamment dans les mines et la logistique, et menace déjà d’ouvrir certains dossiers financiers. « Sans sa carapace de gouverneur, Katumbi est nu, assure Tryphon Kin-Kiey Mulumba, le ministre des Relations avec le Parlement. Quelqu’un qui a exercé ces fonctions a forcément des choses à se reprocher. » Voilà qui promet…

Cela étant, Katumbi a certainement pris ses précautions. Il a déjà commencé à l’étranger, notamment en recrutant le cabinet de lobbying Akin Gump à Washington, qui plaide sa cause auprès du département d’État. Mining company of Katanga, sa société, dirigée par Carine Katumbi, son épouse, a déboursé pour cela plusieurs centaines de milliers de dollars. En réalité, les capitales occidentales sont déjà convaincues.

Et il se pourrait aussi que l’affaire conclude avec Necotrans fasse elle aussi partie de ces precautions.

En RDC, un procédé courant pour éliminer un concurrent est de le charger d’une accusation de corruption ou de détournement de fonds. Le pouvoir joue sur du velours:

avec une photocopieuses, de fausses preuves sont faciles à forger et, comme le pouvoir nomme les juges, ceux-ci savent de quel côté leur pain est beurré et statuent en con sequence.

Or, il y a un fait curieux dans l’acquisition de MCK par Necotrans. Le prix de l’investissement consenti par cette compagnie n’a pas été annoncé. Certes, il arrive que dans ce genre d’affaires on annonce de faux prix, que l’on dissimule une partie de la vérité, qu’on énoonce dans un certain flou des chiffres approximatifs. Mais ici, RIEN.

Faut il en conclure que le prix d’acquisition est ZERO franc?

Faut il en conclure que Katumbi a tout simplement confié son entreprise pour gestion à Necotrans pour se protéger de mesures vindicatives extrajudiciaires et éventuellement des poursuites judiciaires par les hommes au pouvoir.

Pendant que d’une part TP Mazembe venait de conquérir le trophée continental de Football en Afrique, Katumbi viendrait pour sa part tout de dribbler le collaborateur

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chargé de problème de corruption nommé par Joseph Kabila suivi d’une « passe » à Necotrans. En cas d’ouverture d’une action judiciaire sérieuse contre Katumbi, l'Etat Congolais ne saisira que du vent; car il faudra d'abord s'en prendre à une société protégée par la loi Française avant d’espérer récupérer quoi que ce soit auprès de Katumbi.

Reste à savoir si Moïse Katumbi parviendra à attirer dans ses filets d’autres cadres de la majorité, s’il a une vraie chance d’accéder au sommet de l’Etat ? Certes, sa présidence du club TP Mazembe de Lubumbashi et les résultats obtenus dans sa province l’ont rendu populaire. On ignore en revanche si ce point de départ est susceptible de susciter un véritable élan en sa faveur. Le degré d’importance du soutien dont il bénéficie à Kinshasa et dans ses environs reste flou. Pour avoir de bonnes chances de succès, Katumbi devra s’allier avec au moins un ténor de l’opposition. Mais qui ?

Jean-Pierre Bemba ? Il est toujours détenu par la Cour pénale internationale (CPI). Étienne Tshisekedi ? Il est peu enclin au compromis. « Un ticket serait intéressant pour nous, à condition que Katumbi soutienne notre candidature », indique un de ses proches. Ces dernières semaines, l’homme d’affaires Katebe Katoto, le frère de Katumbi, l’a pourtant rencontré en Belgique.

Reste Vital Kamerhe, apprécié dans les grandes villes de l’extrême Est. Pour beaucoup d’opposants cependant, la fiabilité de cet homme, qui fut un des plus proches collaborateurs du président Kabila, reste sujette à caution.

Katebe Katoto, frère et mentor de Moïse Katumbi, fera-t-il bénéficier son cadet de son expérience politique ? Tous deux hommes d’affaires, ils ont marché dans les pas de leur père, Nissim Soriano, un Grec de confession juive. Mais Katebe Katoto, qui sert d’ores et déjà d’émissaire à son frère, en sait plus long sur le monde cruel de la politique.

Au tournant des années 2000, il a été un membre très influent du RCD-Goma, une rébellion à l’époque proche du Rwanda.

Ce lien pourrait éveiller des soupçons dans l’Ouest du pays, où toute connexion réelle ou supposée avec Kigali est souvent utilisée à des fins politiciennes. Les origines burundaises de son épouse, Carine, qui a géré ses affaires tandis qu’il était gouverneur du Katanga, pourraient également être retenues contre lui. Dans une campagne où tous les coups seront permis, nul doute que son métissage lui sera également reproché. Même si Kabila lui-même est également attaqué par ses détracteurs sur ses prétendues origines rwandaises.

L’ombre de la “Françafrique”

Outre le papier à cigarettes le plus apprécié entre Rennes et Quimper-Corentin, le nom de Bolloré évoque aussi les croisières en yacht et liens d’amitié de Vincent Bolloré et Nicolas Sarkozy, et par là une certaine renaissance de la “Françafrique” sous la présidence de ce dernier.

Comme chacun sait, la Françafrique n’existe plus, et la meilleure prevue en est que chaque nouveau Président français annonce, au moins une fois au cours de son mandat, que cette fois-ci, c’est vraiment fini!

L’idée de base, quand De Gaulle en a jeté les bases dans les années ’60, était que la France, perdant le pétrole du Sahara avec l’indépendance de l’Algérie, devait désormais baser son indépendance énergétique (un attribut que le grand Charles considérait comme necessaire à une “grande puissance”) sur les hydrocarbures en provenance de l’Afrique noire. A terme, il en resulta le scandale Elf… Dans l’histoire des rapports parfois mouvementés entre la France et l’Afrique, beaucoup d’épisodes ont été ainsi parfumés d’un fort remugle de pétrole.

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L’or noir explique aussi un certain nombre de palinodies et de reculades, au cours desquelles la France a finalement fait bonne mine à des chefs d’états africains qu’elle avait peu auparavant proclamés “infréquentables”.

Dans ce registre, François Hollande s’est dernièrement illustré en passant, envers Denis Sassou Nguesso de Brazzaville, d’un ton assez âpre à Dakar à une relative amabilité pour lui reconnaître “le droit de consulter son people” par un referendum qui lui a ouvert la porte d’un nouveau mandat.

Or, la France, si elle est très fortement implantée en Afrique de l’Ouest, a beaucoup moins d’accès aux rivages de l’Afrique Centrale: seuls le Congo et le Gabon ont une façade maritime. Mais les pays de la “dynastie” Bongo et du dictateur perpétuel Sassou ne sont pas vraiment des fréquentations “politiquement correctes”. Le mini- littoral de la RDC est bien étroit, mais c’est toujours une porte d’entrée. En outre, la RDC est un pays francophone, ce qui est tout de même bien pratique.

Une fois franchie la porte étroite du Bas-Congo, les perspectives pourraient devnir alléchantes. Notamment, si l’obsession pétrolière devait persister, du fait des gisements des Grands Lacs, même si dans les Virunga le parc vient un peu compliquer les choses. Un autre problème est que la RDC n’a pratiquement plus de routes dignes de ce nom. Raison de plus pour que la presence française se manifeste par deux compagnies importantes pour qui les routes et les ouvrages d’art, “ c’est leur métier”.

Ce n’est pas la première fois que la France lance des regards intéressés vers l’Afrique centrale, le Katanga et les Grands Lacs. A l’époque de la Sécession, on a vu passer au Katanga beaucoup de Français, don’t tous n’étaient pas des merceznaires. Les

“Services” étgaient aussi représentés. Faut-il rappeler le rôle des Français dans la guerre civile rwandaise de 1990/94 ? Ils restent la seule puissance européenne qui, aujourd’hui, ose encore intervenir seule en Afrique, jusqu’à l’emploi de la force. Certes, en 1994 et pour avoir choisi le mauvais cheval, ils se sont fait virer du Rwanda au profit des Américains. Mais justement, une petite revanche sur les Yankees ne serait pas pour leur déplaire.

Pour cela, il faut essentiellement, une armée rompue aux interventions à l’étranger. Ils l’ont. Il faut du monde sur place: ce sera fait sous peu: un ingénieur mécanicien peut fort bien être un officier des blindés en civil, et ceux du genie ou de l’artillerie, en short et chemisette, font des ingénieurs civils très convaincants. Enfin, il faut un prétexte hautement moral: protéger des civils, secourir une autorité légitime, barrer la route au terrorisme. Cela se trouve facilement. Très facilement même, dans une region où il y a déjà une guerre civile au Burundi et où des élections fort suspectes vont sans doute en provoquer dans les deux Congo.

Une question, bien sûr, reste posée. Qui choisiront-ils de soutenir ?

Médias, Histoire et Politique

A propos de « Apocalypse Staline », sur France II

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Alors que l’anticommunisme et l’antisoviétisme servent de plus en plus de couverture idéologique aux pires offensives néolibérales, impérialistes et fascisantes contre le monde du travail, contre la souveraineté des peuples, contre les libertés démocratiques et contre la paix, le PRCF appelle à faire de la lutte contre l’antisoviétisme et contre l’anticommunisme l’AFFAIRE DE TOUS LES DEMOCRATES.

Alors que l’antisoviétisme à retardement se déchaînait contre le communisme historique (il est plus facile de mentir sur le passé du socialisme que d’assumer le présent du capitalisme !), avec la grotesque

projection d’ « Apocalypse Staline » par le « service public » de television, on en a aussi amplement dicuté… sur Internet. Le débat n’était donc pas sur l’écran, et c’est bien dommage ! Si les “historiens” qui couvrent cette propagande digne de Tintin au pays des soviets sont si sûrs d’eux, que ne relèvent-ils le défi d’A. Lacroix-Riz de débattre avec eux devant les caméras du « service public » ? Alors Messieurs les « antitotalitaires », prouvez par des actes que vous êtes réellement pour le « pluralisme » et pour le débat d’idées !

Bien sûr, dans le débat, les idées les plus di verses ont été émises, dont celle de deux textes à lire et à diffuser largement, l’un d’Annie Lacroix-Riz, professeur émérite d’histoire contemporaine, Université Paris VII sur lde documentaire “Apocalypse” lui- même, l’autre d’Antoine Manessis montrant l’actualité de la Révolution d’Octobre alors que, tous les sondages le prouvent, les Soviétiques (hormis les oligarques et leurs courtisans…) continuent – expérience faite des deux systèmes sociaux – de juger le socialisme supérieur au capitalisme…8

Extraits de ces échanges

Tout le monde, ou presque, semble bondir avec un bel ensemble pour défendre la mémoire de notre camarade Staline. Bien.

Je constate cependant l'absence de certains questionnements, absence qui m'étonne parce que dans toute lutte, fût-elle des classes, et dans toute guerre, fût-elle idéologique, il est essentiel de comprendre ce que veut l'adversaire.

Au cours d’une vie qui commence à se faire longue, j’ai eu l’occasion d’assister à d’innombrables commémorations, anniversaires, jubilés et autres célébrations du même genre. A l’exception de mon anniversaire qui, par définition, revient tous les ans, je n’ai jamais vu célébrer que des anniversaires correspondant à des chiffres à peu près

« ronds » : 10, 15, 20, 75 ou 100. C’est bien la première fois que je vois proposer la commémoration d’un 98° anniversaire ! Autant l’annonce d’événements prévus pour le centenaire, en 2017, me paraîtrait presque banale, autant ce 98 m’intrigue.

Il m’intrigue d’autant plus que pour célébrer ce 98° anniversaire de la révolution d’octobre 17, on nous propose un machin sur Staline qu’on ne peut, à tout casser, considérer comme étant « au pouvoir » qu’à partir du moment où il a été Secrétaire général du Parti communiste soviétique à partir de 1922. Donc, deux ans trop tôt, on nous invite à parler de 1917 en discutant d’un régime qui n’existera, au plus tôt, que cinq ans plus tard. France II semble avoir des problèmes avec le passage du temps !

Bien entendu, cela mène notamment à contourner le personnage de Lénine qui a pourtant la réputation d’avoir joué un certain rôle dans les événements de 1917…

8Deux textes à consulter sur le site du PRCFwww.initiative-communiste.fr

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C’est d’autant plus croquignolet que l’un des reproches que l’on fera par la suite à la

« propagande stalinienne », sera d’avoir trafiqué documents et photos par des méthodes dignes d’Orwell pour « gonfler » le rôle de Staline durant les premières années de l’URSS. A-t-on voulu être « plus stalinien que le vrai Staline de chez Staline » ? La question reste posée…

Etablir une « liaison nécessaire » entre la Révolution de 1917 et le « stalinisme » (au sens le plus caricatural du terme) est un pseudo raisonnement qui n’a aucun rapport avec une logique généralement quelconque, fût-elle non aristotélicienne, et un exercice de propagande réactionnaire que l’on fait à propos de presque toutes les révolutions. De manière tout à fait semblable, on pose que le 14 juillet 1789 impliquait fatalement et automatiquement une certaine intempérance dans l’usage de la guillotine pendant la Terreur. Cela sert à la fois à diminuer le personnage de Lénine et à dissimiler que les Révolutions sont des événements nécessaire et que les Français de 89 comme les Russes de 17 n’avaient d’autre choix que la révolution ou la mort.

Les titre du factum, « Apocalypse : Staline » est aussi fort intéressant. Le mot

« Apocalypse » a repris du poil de la bête (c’est le cas de le dire) depuis qu’il ne renvoie plus seulement à l’œuvre de St. Jean et à ses monstres bizarres, mais à un univers cauchemardesque de violence et de mort évoqué par le film « Apocalypse now », dont le cadre est… la guerre du Vietnam. Jusqu’ici, la responsabilité de Staline dans les horreurs vietnamiennes ne me semblait pas évidente et je persiste quand même à me demander si, là aussi, le temps n’a pas fait un de ces étranges nœuds… En tous cas, cela témoigne d’un fait : si anticommuniste que l’on soit, lorsqu’on veut trouver une référence qui renvoie à l’horreur absolue, on est bien obligé de la chercher à l’endroit habituel : chez les impérialistes.

La référence est d’ailleurs double, puisque « Apocalypse now » s’inspire très ouvertement de « Heart of Darkness » de Jozef Conrad qui s’inspirait de faits survenus dans un lieu d’horreur et de cruauté non moins impérialiste que la guerre du Vietnam : l’Etat Indépendant du Congo de Léopold II.

Est-ce vraiment par hasard que, pour traiter Staline de monstre, on ait besoin de faire aussi systématiquement appel à des références capitalistes, impérialistes et occidentales ?

*

Bonjour tout le monde,

J’ai finalement regardé « Apocalypse Staline », suite à l’envoi de ce mail…

…bon, pas de quoi fouetter un chat, je ne suis pas historien, mais dans l’ensemble, à part une musique dramatique insupportable et souvent utilisée dans ce type de reportage, j’ai trouvé plutôt pertinent les trois volets sur Staline…

…Je ne comprends pas ce que le PRCF essaie de défendre et à l’égard de ces innombrables victimes du Stalinisme, ce n’est juste pas défendable…

Ah oui, j’entends déjà la réponse "des millions de millions de victimes du capitalisme et du fascisme", le sacrilège divin de s’attaquer à Staline, Pol Pot, Mao… à moins que le devoir d’inventaire ne s’arrête qu’à Franco, Mussolini, Hitler et Pinochet...

Pour moi, les bourreaux et les victimes se ressemblent à travers l’histoire!

Une idéologie ne peut masquer ni amender des criminels, cela se saurait depuis que l’humain existe non?

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L’anathème "anticommuniste" est juste caricatural, d’un autre âge...

*

En réalité, la grande bourgeoisie au pouvoir prépare pour 2017, à l’échelle pan- européenne, une nouvelle phase de la double opération « livre noir du communisme » et, surtout, CRIMINALISATION DES ACTIVITES COMMUNISTES dans toute l’UE, tout cela accompagnant le recyclage paneuropéen des extrêmes droites (ces meilleurs élèves de la classe antisoviétique). 1998 constitue un tour de chauffe ou plutôt, le début d’un compte à rebours : anticommunisme et antisoviétisme vont monter en puissance jusqu’en 2017 : 98, 99, 100… et cela d’autant plus fort que la « construction

» européenne est en crise grave, que les peuples – et spécialement les ouvriers – REJETTENT de plus en plus l’UE* et que par conséquent, il faut serrer la vis idéoogique et dévoyer vers la droite et l’anticommunisme ce que Rimbaud appelait les

« révoltes logiques ».

………..

Pour nous, un double écueil à éviter, jeter l’ « enfant » socialiste avec l’eau sale, ou à l’inverse, siroter l’eau sale avec délice sous prétexte de sauver le marmot. Bref, faire avec l’URSS ce que Marx a su faire avec la Commune de Paris vaincue, la défendre, honorer sa mémoire grandiose, se solidariser avec ses défenseurs pourchassés à Paris, mais AUSSI déceler les erreurs et les manquements politiques imputables aux dirigeants communeux de manière à en affranchir les expériences révolutionnaires futures. C’est d’ailleurs largement en s’appuyant sur l’analyse critique de Marx que Lénine a pensé la révolution socialiste à venir et ça n’a pas empêché la future Internationale léniniste de s’appeler « Communiste » en référence déclarée à l’ « Etat- Commune » de 1871…

*

Bonjour, G. Tu m'as très bien compris.

L'offensive n'est pas antistalinienne, anticommuniste ou antisoviétique, elle est antidémocratique parce qu'elle est antirévolutionnaire.

Certes, en Europe, cela prend souvent la forme d'offensives médiatiques contre Staline, ce qui permet aux journaleux de service de recycler leurs archives du temps de la guerre froide, mais ailleurs, notamment en Afrique, cela prend couramment la forme d'une "défense de la démocratie" qui, sous prétexte de prôner les élections "libres" - mais sans aucun correctif quant aux innégalités énorlmes tant en argent qu'en pouvoir - sert avant tout à condamner le droit à l'insurrection "qui est non seulement un droit, mais le plus sacrfé des devoirs".

Encore un bidule croquignolet si l'on considère que les élections américaines, françaises, belges, etc... n'ont de légitimité que parce qu'elles ont, au départ, succédé à des révolutions.

*

Il ne faut jamais se décourager. Lorsque je te lis, j'avoue être un tantinet abasourdi, mais n'Est-ce pas dans la logique du débat....

Tu comprends aisément, à la lecture de certains commentaires ici, que la question du marxisme et du socialisme est complexe et que les penseurs bourgeois, eux,

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sont cohérents, logiques lorsqu'ils s'en tiennent à leurs vieilles recettes: mentir effrontément, y mettre le paquet sur le plan médiatique, ne rien avouer de de la masse planétaire de crimes qu'ils n'ont cessé de commettre depuis des siècles, etc.

En ce qui te concerne, n'as-tu jamais entendu parler du million de communistes assassinés en Indonésie en 1965 à l'instigation des "services" US ? Ce crime a rayé de la carte du monde le 3e parti communiste en importance et cela en quelques semaines ! As-tu recensé le nombre de victimes de la centaine de guerres régionales organisées par les Démocraties occidentales depuis 1945 ? As-tu calculé le nombre d'enfants morts dans le monde par l'absence de socialisme (ici, je compare ce chiffre en tendance moyenne sur quelque 50 ans sous le socialisme et sous le capitalisme) ? Estimes-tu que ce qu'on appelle improprement le "Tiers-Monde" aurait pu être en train de rattraper l'Occident à l'exemple de l'URSS de 1927 et de la Chine de 1950 ? Et, constatant qu'il n'en est rien, pour quelle raison en va-t-il ainsi , sinon que les peuples du Tiers-Monde sont des "races inférieures" ?(*)

Question cruciale enfin, mon cher …: et si ces propagandes antistaliniennes ne servaient qu'à nous affaiblir, nous les communistes - et donc les rares démocrates encore bien résolus à défendre la libertés des peuples - afin de réaliser à l'échelle planétaire la domination des Konzerns qu'Adolf Hitler et ses meutes nazies n'ont pu réaliser, écrasés par les Soviétiques et les communistes ?

(*) Au Congo belge, j'ai eu l'insigne plaisir de vivre, en 1958-1960, sous l'apartheid à Boma, Léopoldville, etc... Imaginez un instant le plaisir de se voir coupé de sa famille indigène entre 18h et 06h ! "Deutchland, Deutschland über alles, über alles, in der Welt..."

Rwanda

PROCES D’INTENTION ET FAUX-FUYANTS AU SUJET DU RWANDA Une mise au point

septembre 1998 Par Filip REYNTJENS

Professeur aux Universités d’Anvers et de Bruxelles

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Ce document est déjà vieux de sept ans. Mais dans la region des Grands Lacs, le choses ne se sont guère calmées, que ce soit sur le terrain de la polémique pour ou contre les régimes de la region, ou sur place, où les troubles se seraient plutôt accrus, avec les récents événements du Burundi.

Et, déjà, depuis le début du 3° mandate usurpé par Nkurunziza, on voit reparaître les commentaires à connotation “ethniques. Dans ce context, un petit rappel nous a pru tout à fait oppportun. NdlR

Introduction

Je suis amené à procéder à une démarche inhabituelle pour un chercheur académique, qui d’habitude entre en débat de fond avec ses collègues par la voie de publications et de participation à des rencontres scientifiques. Or, plus de quatre ans après le génocide rwandais, le débat sur la région des grands lacs d’Afrique centrale reste si émotionnel et polarisé que la substance cède trop souvent la place aux procès d’intention, à la présentation moins qu’honnête des points de vue des uns et des autres et à ce qu’on appelle en Anglais “character assassination” où l’on joue l’homme et non le ballon. Je ne suis pas le seul à faire l’objet de ces procédés, mais je crois que, en ce qui me concerne, le moment est venu de faire un certain nombre de précisions factuelles. En effet, l’atmosphère malsaine qui entoure le débat sur ce sujet grave et important rend de plus en plus difficile l’échange scientifique qui est dans une impasse paralysante depuis des années.

Le procédé utilisé par ceux auxquels mes analyses ne plaisent pas est simple:

au lieu de développer un argumentaire pour me contredire et ainsi entrer dans un débat de fond, ils tentent de me discréditer en évoquant des “faits” qui sont soit factuellement faux, soit isolés de leur contexte. Voici donc quelques mises au point qui paraissent nécessaires.

“Reyntjens, conseiller de Habyarimana”

Mon premier contact avec la région des grands lacs date de juillet 1976, lorsque je suis arrivé au Rwanda pour enseigner à la Faculté de Droit de Butare. Ma première rencontre avec le président Habyarimana a eu lieu en 1978 dans un contexte que je dois décrire brièvement, parce que l’idée du “conseiller” y trouve apparamment son origine.

Fin 1977, le comité central du MRND avait adopté un avant-projet de constitution, qui était presqu’une copie conforme de la constitution zaïroise de l’époque. Enseignant le droit constitutionnel à l’UNR, j’estimais que ce texte était d’une fort mauvaise qualité et que son adoption provoquerait de sérieux problèmes, notamment mais pas exclusivement à cause de la confusion entre les organes de l’Etat et du MRND, de la protection insuffisante des droits de la personne, de l’organisation de la fonction judiciaire et d’un certain nombre d’erreurs techniques.

J’ai rédigé un memorandum à ce sujet que j’ai fait parvenir au ministre de la Justice de l’époque, Bonaventure Habimana. Celui-ci a fait part de mes critiques au président Habyarimana, qui a fait savoir par l’entremise de son ministre que “si Reyntjens pense qu’il peut faire mieux, qu’il le fasse”. C’est suite à cela que René De Wolf et Antoine Ntashamaje, conseillers au ministère de la Justice, et moi-même ont été chargés de rédiger un nouvel avant-projet de constitution. Certains Rwandais se sont à l’époque émus du fait que ce travail avait été confié à un Tutsi et deux Belges… Nous avons déposé notre rapport en juillet 19781. La constitution finalement adoptée par référendum comporte un certain nombre de modifications par rapport à notre projet2. Je reste néanmoins fier de notre texte qui était, sur papier du moins, une des meilleures constitutions africaines de l’époque (j’insiste sur l’époque, parce que, par exemple, hormis le Sénégal, le Botswana et la Gambie, tous les pays du continent avaient un régime militaire ou à parti unique). A ce sujet, il faut relever en passant que la critique qui prétend que les “quotas ethniques” ont été introduits ou

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officialisés par cette constitution ne repose sur rien. Non seulement il n’y est pas question de quelconques quotas, mais la seule mention de l’ethnie qu’on peut trouver dans notre projet et dans la constitution de 1978 ne suscitera, je crois, la réprobation de qui que ce soit. En effet, l’article 16 stipule: “Tous les citoyens sont égaux devant la loi, sans discrimination aucune, notamment de race, de couleur, d’origine, d’ethnie, de clan, de sexe, d’opinion, de religion ou de position sociale”. Que cette disposition n’ait pas toujours été respectée est évidemment autre chose, mais qui dépasse les pouvoirs du rédacteur d’un avant-projet de constitution.

J’ai par la suite vu le président Habyarimana moins que dix fois jusqu’en septembre 1993, moment de notre dernière rencontre. C’est peu pour un “conseiller”.

En outre, lorsque je le voyais, je lui disais ses “quatre vérités”, ce que par ailleurs il savait très bien, puisqu’il avait l’habitude de me demander: “M. Reyntjens, qu’est-ce qui ne va pas au Rwanda?”. Evidemment, ses courtisans lui disaient ce qui allait bien…

J’ajoute que j’ai à diverses reprises eu du mal à accéder à Habyarimana, précisément parce que son entourage, le colonel Sagatwa en particulier, se méfiait de ces contacts directs. Pour cause, puisque j’ai à plusieurs occasions mis en garde le président contre son entourage, sa belle-famille en particulier.

“Reyntjens, soutien de l’ancien régime”

Il s’agit d’une affirmation qui ne manque pas de sel, si l’on sait que durant de nombreuses années, j’ai été pratiquement le seul à produire des écrits critiques au sujet du régime de la deuxième République, et cela bien avant que l’ouverture politique et médiatique du début des années 1990 ne le permette. Pour rappel, j’ai publié notamment sur les abus de la détention préventive3, sur la mort en détention de dignitaires de la première République4, sur la perversion du processus électoral5, sur la concentration croissante du pouvoir politique et économique entre les mains de privilégiés de Gisenyi et Ruhengeri6 et sur la jurisprudence abusive de la Cour de sûreté de l’Etat7. Cette bibliographie est loin d’être exhaustive. J’évoquerai plus loin mes écrits à partir de 1990, car alors s’ouvre un autre chapitre. Je crois qu’on ne trouvera aucun auteur ayant publié autant d’écrits qui n’ont certainement pas fait plaisir au pouvoir de l’époque. C’est vrai à tel point que j’ai été brièvement arrêté par la Sûreté en 1980 et qu’à plusieurs reprises, la Faculté de Droit de l’UNR n’a pas osé faire appel à moi comme professeur visiteur, par crainte d’incommoder les autorités en place.

J’étais également pendant la plus grande partie de cette période le responsable Afrique centrale d’Amnesty International, section Belgique néerlandophone, et je collaborais à ce titre étroitement avec le secrétariat international d’AI à Londres. J’ai dans ce cadre initié ou collaboré à plusieurs actions urgentes et autres publications, notamment au sujet du Rwanda.

1Projet de Constitution de la République Rwandaise. Rapport présenté à Monsieur le Président de la République par R. De Wolf, A. Ntashamaje et F. Reyntjens, Kigali, juillet 1978, 68 p.

2Ainsi, nous proposions de limiter à deux le nombre de mandats qu’un président pouvait assumer, mais cette limitation a -évidemment- été abandonnée dans le texte définitif.

3F. REYNTJENS, “La grande misère de la détention préventive”, Revue juridique du Rwanda, 1978, 364-371.

4F. REYNTJENS, Pouvoir et droit au Rwanda, Tervuren, MRAC, 1985, 508.

5F. REYNTJENS, “Les élections rwandaises du 26 décembre 1983: considérations juridiques et politiques”, Le Mois en Afrique, 1984, no. 223-224, 18-28; F. REYNTJENS, “Cooptation politique à l’envers: les législatives de 1988 au Rwanda”, Politique Africaine, juin 1989, no. 34, 121-126.

6F. REYNTJENS, “La deuxième République rwandaise: évolution, bilan et perspectives”, Africa- Focus, 1986, no. 3-4, 273-298.

7F. REYNTJENS, “Sectes et atteintes à la sûreté de l’Etat”, Dialogue, mars-avril 1988, no. 127, 2- 14.

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Personne à l’époque ne me voyait comme un “soutien” du régime Habyarimana. Bien au contraire, j’étais considéré comme une épine dans son pied.

La thèse du “soutien” a été lancé bien plus tard, dans un contexte et pour des objectifs que j’aborderai en conclusion.

Tout en étant critique envers le FPR dès le début de la guerre en octobre 1990, je le suis resté tout autant envers le régime Habyarimana. J’évoquerai plus loin mes positions face aux pogroms dont faisaient l’objet les Tutsi, mais j’énumère ici brièvement quelques éléments qui l’attestent.

A l’issue d’une mission conjointe avec le sénateur Kuijpers et l’avocat Scheers, nous avons tenu une conférence de presse à Kigali le 25 septembre 1992. Nous y disions notamment constater que “des forces obscures, menées par des cadres les plus haut placés, bloquent l’évolution souhaitée pour ce pays. Plus fort, ils essaient de déstabiliser le pays”. Nous dénoncions “les arrestations arbitraires; les détentions préventives prolongées; les assassinats dont les auteurs ne sont pas ou sont insuffisamment poursuivis; les appels à la lutte interethnique; les détournements de fonds et de biens publics”. Cette conférence de presse ayant été diffusée par la radio et les menaces de la part des “forces obscures” (tout le monde à Kigali avait bien compris la référence) étant réelles, j’ai passé la dernière nuit dans la salle de bains, de peur de “recevoir une grenade” (à laquelle je n’ai pas eu droit…). Après notre retour en Belgique, j’ai publié une brève note8 dans laquelle je dénonçais les actions d’un groupe d’une quinzaine de personnes, nommément identifiées, engagées dans un projet de déstabilisation, dont je disais qu’il pouvait “provoquer une véritable guerre civile montée de toutes pièces”. De nombreux proches du président Habyarimana figuraient sur cette liste; plusieurs parmi eux sont aujourd’hui détenus à Arusha. Ce document, et le débat qu’il a soulevé, a contribué à la mise sur pied de la commission

internationale d’enquête, qui a travaillé au Rwanda en janvier 1993 et publié son rapport en mars 1993. J’étais considéré comme un “soutien” au régime à tel point que début 1993 une dizaine de notables de ce régime que j’avais mis en cause m’intentèrent un procès en vue d’obtenir des dommages-intérêts pour leur “honneur perdu”.

Pendant le génocide, j’ai activement participé aux actions visant à éviter que le “gouvernement intérimaire” ne sorte de son isolement international; j’ai même été dans ce cadre à l’origine d’une sanction prise contre une personne bénéficiant d’un statut diplomatique à l’ambassade de Belgique à Bujumbura qui s’était rendue à Gitarama pour entrer en contact avec MM. Kambanda et Bicamumpaka.

Par la suite, j’ai agi comme témoin expert à charge de personnalités de l’ancien régime au Canada (Mugesera), aux Etats-Unis (Barayagwiza) et devant le TPIR (Rutaganda). Je collabore d’ailleurs activement avec le bureau du procureur du TPIR.

“Reyntjens, ennemi des Tutsi”

Il s’agit ici d’un piège transparant qui tente de semer une confusion habilement entretenue et exploitée. Je critique un régime, en l’occurence le régime rwandais actuel, dominé par des Tutsi (et non pas par les Tutsi) et je serais dès lors anti-Tutsi. La confusion réside dans le fait que je critique un régime, non pas parce qu’il est “Tutsi”, mais parce qu’il est dictatorial, non respectueux des droits de la personne, qu’il poursuit une politique ethniste et qu’il a mené et continue de mener le pays et la région à une violente impasse. La critique à l’encontre de pareil régime est évidemment légitime, tout comme l’était la critique à l’encontre du régime précédent.

Cette dernière ne m’a pas valu l’étiquette “anti-Hutu”.

8F. REYNTJENS, Données sur les “escadrons de la mort” au Rwanda, Anvers, 9 octobre 1992.

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L’argument “anti-Tutsi” est exploité à fond par le FPR et ses proches. Ainsi, Colette Braeckman écrit dans Terreur Africaine que “[l]e vocabulaire n’est pas neutre: un linguiste canadien a soumis à l’ordinateur l’ouvrage de Filip Reyntjens, L’Afrique des Grands Lacs en crise. Il a relevé que les expressions ‘population’,

‘peuple’, ‘population civile’, ‘populations civiles sans défense’ étaient toujours appliquées aux Hutus, jamais aux Tutsis. Ces derniers sont désignés par leur nom d’ethnie, sans plus”9. Après avoir lu cela, je me suis naturellement posé des questions (si c’était vrai, il y avait un problème) et j’ai demandé à Mme. Braeckman de me communiquer cette “étude” , ce qu’elle a gentiment fait. Manifestement, l’ordinateur du “linguiste canadien” est quelque peu défaillant. Sans une quelconque aide informatique, j’ai procédé à quelques vérifications. Or, dès la première page mentionnée par l’”étude” du “linguiste canadien” non autrement identifié, j’utilise l’expression “population tutsi”10. J’ai évidemment signalé la chose à Colette Braeckman; grand était mon étonnement de constater que dans la traduction néerlandaise de Terreur Africaine11, publiée bien après ma lettre à Mme. Braeckman, la mention erronée n’a pas disparu. Alors qu’on peut imputer l’erreur dans la version initiale à un manque de rigueur (Colette Braeckman, “grand reporter”, aurait dû vérifier) , dans la version néerlandaise il faut soupçonner la mauvaise foi.

Je ne vais pas ici utiliser l’argument sentimental que j’avais et que j’ai beaucoup d’amis tutsi. Cependant, je crois pouvoir dire que, pendant le génocide, j’ai perdu beaucoup d’amis et de connaissances tutsi, et j’ai le droit de les pleurer.

Pendant ces mois horribles en 1994, j’ai, avec des amis en Belgique et ailleurs en Europe, fait tout ce que je pouvais pour assurer la protection ou l’évacuation de personnes menacées, hélas sans succès dans de trop nombreux cas.

Avant le génocide, j’ai résidé de janvier à avril 1991 au Rwanda pour essayer de contribuer à la libération de ces milliers d’”ibyitso”, dont environ 90% étaient des Tutsi . Lorsque je suis arrivé à Kigali au début janvier, j’ai été reçu à ce sujet par le président Habyarimana et je lui ai dit que je ne quitterais pas le Rwanda avant que le dernier soit libéré ou jugé équitablement. J’ai joué un rôle non négligeable dans la révocation du ministre de la Justice de l’époque, Théoneste Mujyanama (assassiné par le FPR en avril 1994), et son remplacement par Sylvestre Nsanzimana, qui a fait procéder à des libérations massives. Si on devait considérer cette action comme une indication de ma qualité de “conseiller” du président Habyarimana (cf. supra), je plaide volontiers coupable.

9C. BRAECKMAN, Terreur Africaine. Burundi, Rwanda, Zaïre: les racines de la violence, Paris, Fayard, 1996, 43.

10F. REYNTJENS, L’Afrique des grands lacs en crise, Paris, Karthala, 1994, 27.

11C. BRAECKMAN, De wortels van het geweld, Anvers, EPO, 1996.

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