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Les problématiques de la burqa aux Pays-Bas et en France

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Les problématiques de la

burqa aux Pays-Bas et en

France

Une comparaison de la formation d’image de la burqa dans la presse

écrite française et néerlandaise.

Amarins Catharina Woltring

Mémoire de maîtrise de A.C.Woltring (1663658)

Direction : dr. J.M.L. den Toonder et Dr. A.M. Guinoune

Département de Langues et Cultures romanes (français)

Décembre 2010

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Table des matières

Introduction 3

Cadre sociologique et méthodologique 6

I Cadre sociologique 6

1 La politique d’intégration en France et aux Pays-Bas 6

1.1 La politique 6

1.2 L’intégration 12

1.2.1 Les statistiques 12

1.2.2 Le choix de porter le voile islamique 13

1.2.3 Un autre choix : le port de la burqa 15

II Cadre méthodologique 18

1 La presse 18

2 L’image 21

2.1 Formation d’images et médias 22

2.2 Les stéréotypes et la construction 23

2.2.1 Les stéréotypes 23

2.2.2 La construction 24

3 Méthodes d’analyse 26

3.1 Le schéma d’analyse 28

3.2 Mes sources 33

Développement : Analyse détaillée des articles 34

1 Analyse de discours quantitative 34

1.1 Le nombre d’articles, leur place et leur taille 34

1.2 Les éléments du contenu 40

1.3 Conclusion 51

2 Analyse de discours qualitative 54

2.1 Les stéréotypes dominants 54

2.2 L’opinion de l’auteur 61

2.3 La construction 64

2.4 Les titres des articles 67

Conclusion 70

Annexes 73

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Introduction

« La burqa n'est pas la bienvenue sur le territoire de la République française, nous ne pouvons pas accepter dans notre pays des femmes prisonnières derrière un grillage, coupées de toute vie sociale, privées de toute identité. Ce n'est pas l'idée que la République française se fait de la dignité de la femme »1,

a remarqué Nicolas Sarkozy devant le Parlement le 25 juin 2009. En ce moment, l’intégration des musulmans occupe le premier plan dans les médias français. Le problème de l’affichage de signes distinctifs religieux suscite à nouveau un vif débat. Depuis la rentrée scolaire 2004, la loi du 15 mars 2004 encadrant le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics, est entrée en vigueur en France. La règle s’applique partout : les signes religieux tels que le voile, la kippa ou les croix de grande taille sont interdits dans tous lieux publics. Maintenant le débat s’est déplacé. Depuis juin 2009 on ne discute plus que du voile, de la kippa ou des croix, mais aussi de la burqa et du niqab, qui sont considérés comme des signes distinctifs religieux. Dans ce contexte, la discussion sur le port de la burqa est intéressante car elle a lieu sur une échelle internationale. En effet en juin 2009, le président Nicolas Sarkozy a indiqué vouloir adopter une loi contre le port de la burqa et du niqab dans l’espace public en France. Le 24 mai 2010 le gouvernement français a approuvé une proposition de loi pour prohiber le port de la burqa. Dans l’été de 2010 le Parlement français votera la proposition. Les avis là-dessus sont partagés. La question est sensible car elle touche à la laïcité, à la séparation du civil et du religieux, qui forme un des piliers de la République française. En 1989, le voile islamique porté par des filles françaises musulmanes à l’école avait causé un débat social, qui n’a pris fin qu’en 2004, quand Jacques Chirac s’est prononcé en faveur d’une loi, la loi du 15 mars 2004. La discussion d’aujourd’hui sur le port de la burqa va encore plus loin car les adversaires exigent une interdiction dans l’espace public. Au niveau international la discussion attire aussi beaucoup d’attention. Dans toute l’Europe le débat est suivi. Pour les Pays-Bas, la façon dont la discussion en France se déroule est intéressante parce que l’acceptation de la burqa donne également lieu à beaucoup de discussions dans la classe politique. En 2005, le député d’extrême droite Geert Wilders a proposé une loi pour l’interdiction de la burqa. En octobre 2005, le parlement néerlandais a approuvé la motion de Geert Wilders interdisant la burqa dans les lieux publics. Toutefois, la ministre de l’Intégration de l’époque, Rita Verdonk, n’avait pas promulgué la loi, qui aurait

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enfreint la constitution. En juillet 2007, Geert Wilders a écrit dans une lettre au parlement que la burqa et le niqab étaient des symboles de l’oppression de la femme et constituaient un affront à la démocratie. Il a voulu interdire les burqas et les niqabs dans tous les lieux publics. Il a proposé une peine maximale de 12 jours d’emprisonnement et de 3350 euros d’amende.2 La loi n’est pas votée. Le port du voile intégral est encore autorisé aux Pays-Bas, sauf dans les établissements scolaires. En 2008 le ministère de l’Education des Pays-Bas a annoncé son intention d’interdire en 2009 le voile intégral à l’université, y compris aux visiteurs.3 Ce débat est toujours ouvert.

Dans ce contexte, les médias jouent un rôle primordial. Les médias français et néerlandais prêtent beaucoup d’attention au débat et ils y participent. Dans ce mémoire, je me propose d’examiner les façons dont on présente la discussion dans la presse française et néerlandaise. La question centrale de cette recherche est de savoir quelle image renvoie la presse en ce qui concerne la burqa et si elle est différente en France et aux Pays-Bas. Il s’agit ici de savoir dans quelle mesure la burqa est-elle au centre de la population et de quelle façon les journaux la présentent. A propos de ces questions, j’examine les caractéristiques des images de la burqa qui circulent dans les journaux français et

néerlandais.

Ce mémoire a deux objectifs : premièrement il donne un aperçu de la situation sociopolitique en France et aux Pays-Bas depuis 2001. Deuxièmement il offre une comparaison de l’image de la burqa présentée dans la presse écrite en France à partir de juin 2009 et aux Pays-Bas à partir de septembre 2005. Plus spécifiquement, le mémoire étudiera comment cinq journaux français (Le Monde, Le Figaro, Libération, L’Humanité et

La Croix) et cinq journaux néerlandais (NRC Handelsblad, De Volkskrant, Trouw, Algemeen Dagblad et de Telegraaf) présentent le débat. L’intérêt porte avant tout sur la

comparaison systématique des commentaires de différents journaux.

Le matériel étudié consiste en articles dans les journaux français et néerlandais nommés ci-dessus pour la période de juin-novembre 2009 pour la France et pour la période de septembre 2005-novembre 2009 pour les Pays-Bas. Je suis consciente du fait que la longueur des périodes de recherche pour la France et pour les Pays-Bas ne correspondent pas, et en plus, que les périodes de recherche ne couvrent pas la même période ; la recherche sur le port de la burqa en France couvre une période de 6 mois et celle aux

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www.nos.nl

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Bas une période de 4 ans. Mais puisque la formation d’images de la burqa dans les deux pays est au centre d’intérêt dans cette recherche, il est nécessaire et intéressant de suivre les développements dans la discussion sur le port de la burqa dès le début. Puisque le débat français en ce qui concerne le port de la burqa a commencé en juin 2009 et celui aux Pays-Bas a pris naissance en septembre 2005, ces deux mois sont les points de départ pour ma recherche.

Pendant la période de recherche, beaucoup d’articles ont été publiés. Pour donner une image complète, j’ai choisi de m’appuyer sur 150 articles. Il s’agit d’articles qui commentent la présence de la burqa dans la société, des articles de libre-opinion, des articles de correspondants à l’étranger et des éditoriaux. Pour ce qui est de la méthode d’analyse, elle est quantitative et qualitative. Dans l’analyse quantitative, il s’agira surtout des résultats mesurables, comme les sources citées, la composition et le sujet des articles. Dans l’analyse qualitative on se penchera sur des critères comme le ton, le jugement et les stéréotypes présents dans les articles.

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Cadre sociologique et méthodologique

I Cadre sociologique

Ces derniers temps, en France et aux Pays-Bas, dans la société en général et dans la politique en particulier, l’intégration des immigrés est un sujet qui suscite beaucoup de débats. Presque tout le monde a une opinion sur l’intégration et sur la politique d’intégration. Mais qu’est-ce que l’intégration ? Le chapitre essaye de donner une réponse à cette question complexe. Ensuite je parlerai de l’intégration des musulmans dans les sociétés françaises et néerlandaises, et de deux affaires qui sont liées à l’intégration sociale, à savoir l’affaire du foulard des années 90, et l’affaire de la burqa.

1 La politique d’intégration en France et aux Pays-Bas

1.1 La politique

Le Petit Robert et le Van Dale, dictionnaire néerlandais, définissent le terme d’intégration comme suit : opération par laquelle un individu ou un groupe s’incorpore à une

collectivité, à un milieu.4 L’intégration fait souvent référence à l’intégration des personnes

immigrées ou issues de l’immigration. Il concerne des personnes immigrées non pourvues de la nationalité du pays d'accueil, ou bien des personnes qui sont nées avec cette nationalité, mais qui ne sont pas encore pleinement insérées dans la société.

Aux Pays-Bas comme en France, les immigrés de différentes cultures et de différentes religions doivent s’intégrer à la société. L’intégration repose sur une position juridique égale, une participation équivalente dans le domaine social-économique, une connaissance de la langue principale et un respect des valeurs de la société.5 L’intégration est un processus bilatéral : d’une part on attend des nouveaux venus qu’ils soient prêts à s’intégrer, d’autre part on attend de la société qu’elle permette l’intégration. En France, l’intégration d’un étranger dans la société est contrôlée en particulier au moyen de son engagement personnel à respecter les principes qui régissent la République française et de sa connaissance suffisante de la langue française.6

4

Le Nouveau Petit Robert 2009.

5

http://www.gouvernement.fr.

6

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Dans la politique néerlandaise et française, l’intégration est importante.7

Les gouvernements ont développé une politique d’intégration, parce que c’est justement l’absence d’une telle politique qui a eu

«pour conséquence un échec global de l’intégration des immigrés. Cet échec

s’est tout d'abord manifesté par un fort taux de chômage des étrangers, qui s’élevait à 22 % en 2007 pour les ressortissants des pays tiers à l'Union européenne, soit près du triple de la moyenne nationale. A ce fort taux de chômage se sont ajoutés un phénomène de ségrégation dans les villes et des difficultés rencontrées par les enfants d'immigrés au cours de leur scolarité. L’échec global des politiques passées tient, notamment, à l’absence de maîtrise de l'immigration familiale. Favoriser l’intégration des immigrés en situation légale sur notre territoire est donc l’une des priorités du Gouvernement.»8

On constate qu’aux Pays-Bas le gouvernement veut aussi favoriser l’intégration des immigrés, parce qu’on y rencontre les mêmes problèmes qu’en France. En effet, aux Pays-Bas le chômage des immigrés révélateur d’une mauvaise intégration est un grand problème. De plus, des tensions culturelles, religieuses, sociologiques et langagières entre des Néerlandais de deuxième génération et des Néerlandais de souche ont surgi dans la société néerlandaise. Parfois les Néerlandais de souche ne se sentent plus en sécurité. Pour les Néerlandais de deuxième génération la situation n’est pas facile non plus, car souvent ils mènent une vie sans débouchés. La politique d’intégration peut diminuer les tensions dans la société néerlandaise, elle ouvre de nouvelles perspectives aux Néerlandais de deuxième génération, elle aide les Néerlandais de souche à retrouver leur sentiment de sécurité, et elle stimule le respect de tous les Néerlandais pour les libertés, les droits et les obligations liés à cet État de droit. 9 La politique d’intégration aide à résoudre ces problèmes parce qu’elle est imposée par le gouvernement ; elle donne des règles et des directives à suivre.

Mais la politique d’intégration ne peut pas résoudre immédiatement tous les problèmes car c’est un processus qui réclame du temps, il est difficile et cause souvent des problèmes. Les immigrés et les hommes de deuxième génération rencontreront différents problèmes. Le chômage est l’un des plus importants. Pour les immigrés il est difficile de trouver un emploi, car pour être embauché il faut parler la langue du pays d´accueil. Mais les immigrés 7 http://www.gouvernement.fr/gouvernement/la-politique-d-integration-0. 8 Ibidem. 9

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éprouvent souvent des difficultés avec la langue. En outre pour trouver du travail, il faut avoir de l´expérience ; mais la plupart des étrangers et des immigrés n´ont pas d´expérience, et s´ils ont de l’expérience, elle n´est pas adaptée au marché de l’emploi, ce qui explique qu’ils ne sont pas embauchés et qu’ils n´obtiennent pas la chance d´acquérir de l´expérience.10 En plus, dans la plupart des cas, on a besoin d´une formation ; le retard scolaire des immigrés et des étrangers pose là un autre problème.

La plupart d´entre eux ne parlent pas encore la langue du pays d’accueil, et pour suivre une formation il faut la maîtriser. Dans ce cas il s’agit des adultes mais le retard scolaire joue aussi un grand rôle chez les enfants. Les enfants ont des difficultés à l’école parce que dans leur pays d’origine la scolarisation est différente. De cette façon le retard scolaire sera plus fréquent pour ces enfants, ce qui pourrait les mener à une perte de motivation des enfants, ce qui les pousse à quitter plus facilement l’école dès que possible. De cette façon le nombre d’étrangers et d’immigrés ayant un niveau plus bas ou un retard grandit finalement.11

On constate un autre problème chez certains groupes d’immigrés et d’étrangers d’origine musulmane. Après avoir suivi un cours d’intégration, un immigrant originaire d’une culture différente ne sera évidemment pas transformé en citoyen néerlandais idéal. Il garde toujours l’histoire et la culture de son pays d’origine. Aux Pays-Bas et en France l’émancipation de la femme est importante, ce qui pourrait s’opposer aux convictions de certains groupes d’immigrés. La société néerlandaise et française n’acceptent pas le traitement inégal des femmes tandis que dans certaines cultures, cela ne pose pas de problèmes. Certains hommes ne veulent pas accepter l’émancipation des femmes.12

On observe ces problèmes d’intégration surtout du point de vue des immigrés et des néerlandais/français de deuxième génération, mais on observe aussi un grand problème du point de vue de la société néerlandaise/française. Les jeunes immigrés de deuxième génération présentent un taux de criminalité assez élevé. Ces difficultés montrent que la politique d’intégration ne peut pas résoudre tous les affaires. Mais en tout cas, il faut aller vers une meilleure politique d’intégration

En ce moment, il n’existe pas une politique d’intégration européenne. Mais les États membres collaborent de plus en plus ensemble. Pendant la Présidence Européenne des

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Bas en 200413, onze principes de base communs ont été posés. Ils ne sont pas impératifs, mais ils forment les principes directeurs du développement de la politique en matière de l’intégration dans l’Union Européenne. L’idée centrale de l’intégration européenne est d’ancrer les migrants plus profondément dans la société. Les 3 et 4 novembre 2008 une conférence ministérielle sur l’intégration s’est tenue à Vichy. A l’unanimité, les 27 États membres ont fixé des objectifs et ils ont voté pour un calendrier commun fondé sur 3 priorités: la maîtrise de la langue du pays d’accueil, la connaissance et la pratique des valeurs du pays et l’accès à l’emploi. Ils ont adopté également une série d’engagements pour promouvoir la diversité dans le monde du travail et pour lutter contre les discriminations. Les 27 États membres ont également décidé de favoriser le rôle des femmes immigrées et de lutter contre les violences qu’elles peuvent subir.14

La France et les Pays-Bas incorporent les priorités de l‘Union Européenne. La France tient beaucoup à l’apprentissage des valeurs de la République et de la langue française, tandis que les Pays-Bas mettent surtout l’accent sur l’émancipation et l’intégration sociale. Depuis le 1er janvier 2007, l’État français prend en charge gratuitement certaines prestations qui sont mises en place et financées par l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII):

une formation civique d’une journée comportant une présentation des institutions françaises et des valeurs de la République, notamment l’égalité entre les hommes et les femmes et la laïcité ;

une formation linguistique sanctionnée par la délivrance du diplôme initial de langue

française, pouvant aller jusqu’à 400 heures selon les besoins de l’étranger ;

une « session d’information sur la vie en France », destinée à sensibiliser les

nouveaux arrivants au fonctionnement de la société française ;

un accompagnement social si la situation personnelle ou familiale du signataire le

justifie.15

Depuis 2006, la France a instauré un parcours d'intégration pour les immigrés légaux. Un ministère chargé de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire a été créé. La loi du 20 novembre 2007 a mis en place un contrat

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d’accueil et d’intégration pour la famille.16

Ensuite, grâce à la création d’un prix de l’intégration, les parcours réussis d’intégration sont désormais mieux valorisés.

« Le Ministre de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du

développement solidaire a souhaité distinguer des parcours d’intégration réussie, souvent anonymes, mais exemplaires, et pour honorer les soutiens, notamment associatifs, qui ont pu les favoriser. En valorisant ces exemples auprès de la société française, le ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire concourt à une représentation positive des immigrés et de l’immigration. Pour cela, Brice Hortefeux a pris la décision de créer un prix de l’intégration, dont il a remis les premières récompenses le 3 juillet 2008, à 10 lauréats. Ce prix de l’intégration se décline en 2 catégories : un prix de l’intégration décerné à des personnes physiques pour l’exemplarité de leur parcours d’intégration quel qu’en soit le champ (économique, social, culturel, civique, sportif, etc…). Il s’adresse en priorité à des personnes de nationalité étrangère ou récemment naturalisées ; un prix du soutien à l’intégration. Il est décerné à des personnes physiques ou morales qui se sont illustrées pour favoriser des parcours d’intégration réussis.»17

Depuis le 12 novembre 2008, grâce à l'opération « ouvrir l’école aux parents pour réussir l’intégration », l’accompagnement des familles a été renforcé.18

Cette opération a été lancée

dans 47 départements scolaires19 et elle a pour but de « faciliter l'insertion professionnelle,

d'améliorer la maîtrise de la langue française, et de favoriser une meilleure connaissance des valeurs et des principes de la République.» 20 A partir du 1er décembre 2008, l'apprentissage de la langue française ne se fait plus seulement en France, mais il se fait dès le pays d'origine pour les candidats au regroupement familial.21

Aux Pays-Bas la citoyenneté active est un mot clé. Récemment, le système 16 http://www.gouvernement.fr/gouvernement/la-politique-d-integration-0. 17 http://www.immigration.gouv.fr. 18

Selon le site d’internet www.caf.fr l’accompagnement social des familles s’inscrit dans une perspective globale de soutien à la parentalité et de développement social local. L’accompagnement social a une fonction de prévention, d’autonomisation des familles et de développement social. L’intervention a pour but de prévenir les situations de précarité telles qu’elles peuvent résulter d’événements familiaux déstabilisants, de faciliter l’autonomisation des familles, en lien avec l’accès aux droits légaux, et de contribuer à leur intégration sociale sur les territoires de vie qui sont les leurs.

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d’intégration a été radicalement révisé. Au moyen de deux nouvelles lois – le WIB22

et le WI23– le gouvernement espère stimuler l’intégration des minorités aux Pays-Bas en posant des conditions à la connaissance de la langue et de la société néerlandaise. En outre, par le Deltaplan Inburgering24, le gouvernement essaie d’améliorer la qualité de l’intégration sociale.25 Dans le nouveau système d’intégration plus stricte trois ‘instances’ jouent un rôle primordial : la personne qui doit s’intégrer, le gouvernement local, et les enseignants des cours d’intégration. La personne qui doit s’intégrer est responsable elle-même de l’intégration,26

c’est-à-dire qu’elle doit déterminer la façon dont elle peut acquérir la connaissance de la langue et de la société néerlandaise. La voie la plus pratique est de suivre un cours d’intégration. Les Pays-Bas en proposent plusieurs, mais tous les cours ne sont pas de bonne qualité. Pour en assurer le niveau, le gouvernement a introduit un label de qualité. De cette façon la personne en question peut se fier à la qualité des cours d’intégration. Si la personne réussit au cours en trois ans, le gouvernement remboursera une partie de ses frais, mais uniquement si elle a suivi un cours labellisé.27

L’intégration en général touche à plusieurs aspects sociaux. En effet, il s’agit de l’intégration dans la société, de combattre le retard scolaire, de favoriser l’accès à l’emploi, de la sécurité dans la rue, de l’environnement, des façons dont on pourrait mêler les différentes cultures et religions dans la société. Pour ce mémoire c’est notamment ce dernier point qui est intéressant, l’intégration de différentes religions, et une en particulier, à savoir, l’islam, parce que l’islam est l’une des religions dont il est le plus souvent question dans le débat d’intégration ; l’islam semble poser beaucoup de problèmes pour l’intégration dans les pays occidentaux, ce qu’on voit bien dans le débat portant sur le port de la burqa. Pour ce mémoire cet aspect religieux de la burqa est important parce que, dans les pays occidentaux le port de la burqa est automatiquement lié à l’islam et par corollaire il est lié au débat sur l’intégration. On pourrait considérer le port de la burqa aussi comme un phénomène culturel ou social, mais seulement dans les pays musulmans. En France et aux Pays-Bas il est automatiquement lié à l’islam parce que ce ne sont que les musulmanes qui la portent. Evidemment cela n’empêche

22

de Wet inburgering in het buitenland: la loi sur l’intégration à l’étranger.

23

de Wet inburgering: la loi sur l’intégration.

24

Deltaplan Inburgering :le Cabinet essaie d’améliorer la qualité de l’intégration pour que le nombre des intégrés augmente. Pour atteindre ce but le ‘Deltaplan Inburgering’ a été crée. Il contient les directives du processus de l’intégration.

25

Sociaal en Cultureel Planbureau, Jaarrapport integratie 2007, p. 15.

26

Ibidem, p. 50.

27

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pas le côté culturel et social de jouer aussi un rôle, mais c’est surtout cet aspect religieux qui importe ici.

1.2 L’intégration

1.2.1 Les statistiques

En France comme aux Pays-Bas les musulmans constituent la plus grande minorité religieuse non chrétienne. Aux Pays-Bas, la communauté islamique est essentiellement formée par des Marocains et des Turcs.28 En France c’est la population algérienne ou d’origine algérienne qui est la plus nombreuse. En France, l’islam est une religion importante grâce au grand nombre de musulmans, estimé entre 3.7 et 5.5 millions. Un sondage réalisé par l’IFOP29

en août 2009 concernant la pratique religieuse des musulmans, montre que de tous les musulmans 71% sont croyants, dont 33% sont croyants et pratiquants. Deux tiers des Français se déclarent catholiques en 2009 dont 57 % sont croyants mais non pratiquants. Aux Pays-Bas, en 2006, le CBS (Het Centraal Bureau voor de Statistiek : le bureau central de statistique) montre que 850.000 personnes sont musulmans. Selon les résultats de la recherche du CBS, 47% des Néerlandais sont chrétiens, dont 28% sont catholiques et 19% protestants. 44% des Néerlandais déclarent ne pas avoir une religion.30

Ces dix dernières années, on a beaucoup discuté au niveau international sur le problème de l’intégration des musulmans. Une des raisons les plus importantes est que, ces dernières années, un nombre d’incidents extrêmes se sont produits, qui ont causé des tensions entre des musulmans et des non-musulmans, tels aux Pays-Bas l’assassinat de Pim Fortuyn en 2001 et l’assassinat de Theo van Gogh en 2004. Le jour de l’incinération de Van Gogh, une école primaire musulmane a été incendiée. De jeunes Néerlandais ont écrit des slogans sur les murs et sur les fenêtres de l’école, référant à l’assassinat de Van Gogh. Quelques jours plus tard, une mosquée a été incendiée.

La discussion sur l’intégration des musulmans se manifeste, par exemple, dans les médias, en France comme aux Pays-Bas, à travers la question du voile islamique ; c’est un sujet récurrent, qui passe de la France à la Belgique et aux Pays-Bas. La discussion a commencé en France à la fin des années 80. Depuis les années 80, différents groupements défendant l’interprétation traditionnelle de l’islam surgissent de partout au niveau mondial.

28

Centraal Bureau voor de Statistiek, Jaarrapport integratie 2008, p. 27.

29

L’Institut Français d'Opinion Publique.

30

(13)

Ces organisations plaident le maintien du voile, et elles sont très populaires parmi les jeunes de deuxième génération pour leur recherche d’une identité. En même temps la société occidentale est devenue plus intolérante à l’égard de la communauté musulmane et l’extrême droite gagne du terrain partout en Europe, ce qui cause des tensions entre autres en France.

1.2.2 Le choix de porter le voile islamique

Le 4 octobre 1989, l’affaire du foulard commence par un article publié dans Libération. Le quotidien titre ce jour-là Le port du voile heurte la laïcité du collège de Creil, trois adolescentes ne sont plus admises dans cette école parce qu’elles refusent de retirer leur voile. Le proviseur et les enseignants trouvent que c’est une atteinte insupportable à la laïcité31

; la laïcitéest un principe qui garantit la séparation de l’Etat et de l’Eglise et donc la neutralité de l’Etat. L’école publique est un lieu de transmission du savoir où la neutralité doit être

préservée et porter un voile l’attaque. L’exclusion des trois élèves va faire l’objet d’information et de commentaires dans toute la presse nationale pendant la semaine qui suit l’article de Libération.32

Le 10 octobre, un retournement de la situation semble avoir lieu. En effet, on a trouvé un compromis: les trois filles auront le choix de porter le foulard partout, sauf dans la salle de classe. Mais en fait, l’affaire ne fait que de commencer car le phénomène devient national ; dans d’autres écoles en France aussi les jeunes filles voulaient porter le foulard en classe, bien en sachant qu’elles n’en avaient pas le droit. L’affaire fait la une de tous les hebdomadaires et de la presse quotidienne.33 La presse continue à suivre l’affaire mais elle va aussi publier des articles sur la place de l’islam dans l’espace public français. Elle contribue à provoquer le rebondissement de la situation à Creil : les adolescentes ont rompu l’accord qui avait été conclu dix jours plus tôt avec les autorités académiques et elles refusent de nouveau d’enlever leur foulard en classe et sont, une fois de plus, exclues du collège.34

A partir du 20 octobre, à cause de la presse, le débat est lancé. Creil devient le symbole d’une question culturelle française. En l’espace de trois semaines la presse écrite est envahie par des articles sur l’islam et sur la laïcité. Ce qui est paradoxal, c’est qu’on ne constate pas de prises de position des partis politiques et des syndicats. Le problème des partis politiques est

31

F. Zouari, Ce voile qui déchire la France, Paris, Editions Ramsay, 2004, p. 19.

32

E. Altschull, Le voile contre l’école, Paris, Editions du Seuil, 1995, p. 41.

33

F. Gaspard, Le foulard et la république, Paris, Edition La Découverte, 1995, p. 15.

34

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qu’ils sont divisés, les opinions sont déchirées, on parle d’un affrontement interne.35

Les partis politiques sont enfermés dans un dilemme, accepter le foulard à l’école ou non ? On constate la crainte de l’installation de l’islam dans les villes, les manifestations contre la construction des mosquées. L’affaire du foulard des trois filles qui refusent d’enlever leur voile a été transformée en une discussion qui porte premièrement sur la laïcité en France, et deuxièmement sur l’intégration : les Français traduisent le refus d’enlever le foulard en refus d’intégration dans la société française.36

La question rebondit périodiquement pendant près de quinze ans, posant surtout le problème de l’intégration des musulmans dans la société française. De 1994 à 2003, cent filles environ ont été exclues de lycées publics et de collèges pour avoir porté le voile islamique.37 Dans ce contexte, une commission dirigée par Bernard Stasi est chargée par le président Jacques Chirac en juillet 2003 de réfléchir sur l'application du principe de laïcité dans la République.38 Dans son rapport, la commission décrit le concept de ‘laïcité’ en général. Ce concept a une valeur constitutionnelle : l’article 1 de la Constitution française de 1958 déclare que la France est une république sociale, indivisible, séculière (laïque) et démocratique. La séparation stricte de l’église et de l’état date d’une loi de 1905 qui proclame dans l’article 2 que : « La République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte. » Au fil de l’histoire française, l’enseignement a été le champ de bataille des accrochages entre l’église et l’état. Aujourd’hui, dans un état séculier, le gouvernement est obligé d’organiser l’enseignement public gratuit et ‘laïque’. En principe les écoles d’inspiration religieuse doivent se suffire à elles-mêmes. Depuis 1959, il existe une subvention pour des écoles-libres, qui sont généralement d’obédience catholique.39

Dans le rapport on a conclu que la présence des symboles religieux visibles peut troubler le calme à l’école. Suivant les conclusions de la commission, Jacques Chirac se prononce en faveur d'une loi, il interdit le port de signes religieux ostensibles par les élèves dans les établissements scolaires publics. Cette loi est adoptée le 15 mars 2004 et appliquée à partir de la rentrée 2004.

On comprend que, pendant les années 90, l’affaire du foulard a souvent été d’actualité. Non seulement les médias français mais aussi les médias européens se sont mêlés au sujet. La presse est intervenue. Aux Pays-Bas, beaucoup de journaux ont prêté attention à l’affaire et on en a beaucoup discuté dans les périodiques et dans les émissions politiques. La situation

35

F. Gaspard, Le foulard et la république, Paris, Edition La Découverte, 1995, p. 17.

36

Ibidem, p. 21.

37

E. Altschull, Le voile contre l’école, Paris, Editions du Seuil, 1995, p. 63.

38

J. Freedman, Immigration and Insecurity in France, Ashgate, Aldershot, 2004, p. 136.

39

(15)

néerlandaise était différente parce qu’il ne se présentait pas de cas comme en France, où des filles refusaient d’enlever leur voile. Par contre, en Belgique, des difficultés ont surgi dans cette période-là, parce que le voile islamique était également considéré comme une provocation. En Belgique, les directions de certaines écoles communales ont interdit le port du voile par des élèves musulmanes en 1989. Certaines filles ont bravé l’interdiction et elles sont exclues du collège. Mais une interdiction générale n’était pas en vigueur en Belgique mais depuis peu de temps, cela a changé. Depuis le 11 septembre 2009, une loi qui interdit le port du voile à l’école en Belgique, est entrée en vigueur. La loi interdit aussi le port de signes religieux ostensibles par les élèves dans les établissements scolaires publics, comme des croix, tout comme la loi de 2004 en France.

Aux Pays-Bas il n’y a pas d’interdiction générale du voile islamique. Cela tient à la liberté de religion qui est un principe important aux Pays-Bas. La liberté de religion est proclamée dans l’article 6 de la Constitution néerlandaise : «Toute personne a le droit de manifester

librement sa religion ou ses convictions, individuellement ou en collectivité.» Aux Pays-Bas,

le 17 mars 2004, l’Assemblée Nationale a dit non à la proposition d’interdire le port du voile à l’école. En août 2004, sur la demande du Meldpunt Discriminatie Amsterdam40

, la CGB41 a publié un avis concernant le port du voile. Seuls les juges et les fonctionnaires qui portent l’uniforme, par exemple la police ou la force armée, n’ont pas la permission de porter un voile. En juin 2003 déjà, le Ministère de l’Education nationale a publié De leidraad voor

kleding op School42, dans lequel on reconnaît aux écoles confessionnelles la permission d’interdire le port du voile dans des conditions déterminées. Par contre, les écoles publiques ne le peuvent pas. L’autorité d’une école peut fixer des exigences en matière d’habillement, mais elle doit se rendre compte que certaines prescriptions peuvent toucher des personnes d’une certaine religion.

1.2.3 Un autre choix : le port de la burqa

Bien qu’il n’y ait pas de prohibition générale du port du voile aux Pays-Bas, une couverture du visage dans la salle de classe est interdite. On parle ici du port de la burqa ou du niqab. La burqa traditionnelle afghane est un vêtement qui couvre entièrement le corps et la tête, avec une grille au niveau des yeux, permettant de voir sans être vu. Le niqab est un voile couvrant

40

L’institution indépendante qui lutte contre la discrimination et essaie de la prévenir.

41

Commission de Traitement Egal qui lutte contre la discrimination et qui essaie de stimuler le traitement égalitaire.

42

(16)

tout le corps de la femme à l’exception des yeux. En 2008, une interdiction du port de la burqa dans la salle de classe a pris effet, elle a pour but d’améliorer la communication dans les classes. Dans le processus de l’enseignement, le contact humain est essentiel, ainsi il faut que le visage soit visible.43 Pour les mêmes raisons les fonctionnaires laisseront, pendant le travail, leur visage découvert. Par contre, dans l’espace public comme la rue, les magasins, le port de la burqa n’est pas interdit.

Aux Pays-Bas, le port de la burqa divise la classe politique. L’ancien maire d’Amsterdam, Job Cohen, est d’avis qu’une femme qui est au chômage parce qu’elle ne veut pas ôter sa burqa ne doit pas toucher d’indemnité. Mais il refuse de l’interdire. Dans une interview avec le quotidien chrétien progressiste Trouw, Cohen s’explique :

« Personnellement, je trouve effroyable de voir une femme porter une burqa. Mais que cela me plaise ou non n’est pas un critère pour en interdire le port. Je suis d’accord avec l’idée que si on ne trouve pas de travail à cause de cette burqa, il ne faut pas se présenter au guichet des indemnités.» 44

Le maire actuel de Rotterdam, Ahmed Aboutaleb, avait tenté la même chose en 2006 dans sa fonction de secrétaire d’État aux affaires sociales. Une motion de l’Assemblée Nationale a été adoptée depuis que le tribunal d’Amsterdam a condamné la commune de Diemen qui avait cessé de verser des indemnités à une femme en burqa. Seul le Parti pour la liberté de Geert Wilders a voulu une interdiction générale de la burqa. Selon Geert Wilders :

« la burqa est défavorable à l’égalité de la femme et elle est moyenâgeuse. Les

droits égaux sont importants aux Pays-Bas, et c’est une offense qu’en Hollande il y a des femmes qui sortent dans la rue complètement méconnaissables. En plus, la burqa est mauvaise premièrement pour la sécurité, car on ne peut plus reconnaître les femmes dans la rue, et deuxièmement elle est mauvaise pour l’intégration.» 45

Les arguments qui plaident en faveur d’une interdiction sont ceux de la participation sociale, de l’intégration et de l’émancipation. En effet, selon Geert Wilders, le port de la burqa va à

43

B.P Vermeulen, Overweging bij een boerkaverbod, zienswijze van de deskundigen inzake een verbod op

gezichtsbedekkende kleding, Den Haag, 2006,p. 34.

44

Trouw, le 28 septembre 2009.

45

(17)

l’encontre du contexte culturel aux Pays-Bas, elle complique la participation sociale. Mais selon certaines musulmanes, la burqa symbolise pour les femmes la résistance contre la discrimination et l’exclusion, elle est une expression de fierté et d’identité. Aux Pays-Bas, une interdiction générale est difficilement réalisable juridiquement parce qu’elle viserait à un seul groupe religieux, ce qui est discriminatoire. La Constitution néerlandaise indique qu’on a la liberté de religion et chacun est libre de l’exprimer dans la limite du respect des autres et de ses propres croyances.

Par contre en France, la situation est un peu différente. Le 24 mai 2010, le gouvernement français a approuvé une proposition de loi pour prohiber le port de la burqa. Le président Nicolas Sarkozy a déclaré que « La burqa est un instrument de soumission et d’humiliation.

La France ne peut pas tolérer que des femmes sont en prison derrière des barreaux de tissu. C'est un problème de liberté et de dignité de la femme car la burqa prive la femme de son identité et de sa dignité.» 46 La discussion concernant le port de la burqa a divisé aussi la classe politique française. Fadela Amara, musulmane, de parents immigrés 47 était partisane de l’interdiction de la burqa. Eric Besson48

, qui, avant était contre une loi, est satisfait de la proposition de loi contre la burqa. Les organisations musulmanes ont insisté sur le fait que le groupe des femmes qui porte la burqa est petit, par contre Rama Yade49 a dit que le groupe grandit rapidement. Le Figaro a indiqué que «quelques 2 000 femmes porteraient la burqa en

France. Le chiffre apparaît dans un rapport sur l'islam, rédigé l’été 2009 par la sous-direction de l'information générale du ministère de l'Intérieur.»50

L’histoire de la France explique pourquoi la France a interdit les symboles religieux dans des établissements et des organisations d’Etat. La discussion sur le port de la burqa est complexe et elle est encore plus compliquée à cause d’un principe de base de la pensée française : la laïcité, ce qui expliquerait que le pouvoir législatif n’exprime pas de jugement sur la burqa.

Les médias français et néerlandais suivent toute cette discussion avec attention. Afin de bien pouvoir analyser dans le troisième chapitre comment les journaux français et néerlandais présentent cette affaire, un cadre méthodologique sera donné dans le chapitre suivant.

46

De Volkskrant, le 26 juin 2009.

47

Secrétaire d'Etat chargée de la Politique de la ville, auprès du ministre du Travail, des Relations sociales, de la Famille, de la Solidarité et de la Ville.

48

Ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire.

49

Elle a été secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires étrangères, chargée des Affaires étrangères et des Droits de l'homme de 2007 jusqu’au 23 juin 2009.

50

(18)

II Cadre méthodologique

Dans cette recherche, il s’agit de l’image de la burqa créée dans les journaux aux Pays-Bas et en France. La question centrale est : Quelle image de la burqa en France et aux Pays-Bas

domine l’information des journaux français et néerlandais? Les médias, la presse écrite,

jouent un grand rôle dans la formation d’images. Il existe beaucoup de théories qui s’appliquent à ce sujet, elles sont à la base de cette recherche. Les stéréotypes et la construction de l’image sont deux éléments à l’aide desquels les médias forment l’image de la réalité sociale. Ainsi dans ce chapitre j’insisterai dans les premiers paragraphes sur la presse écrite, sur les théories qui portent sur la formation d’image, sur des stéréotypes et sur la construction de l’image. Ensuite je traiterai les méthodes de recherche, en insistant sur les différentes méthodes et surtout sur l’analyse de discours. J’expliquerai la façon dont je vais traiter les articles ; un schéma d’analyse est la base de cette recherche.

1 La presse

Afin de bien pouvoir interpréter les articles choisis, j’insisterai dans cette partie sur la situation de la presse aux Pays-Bas et en France de nos jours. Je présenterai les aspects historiques et les caractéristiques des journaux sélectionnés pour ce mémoire, que sont les quotidiens nationaux les plus importants aux Pays-Bas et en France.

Les cinq journaux néerlandais sont NRC Handelsblad, De Volkskrant, Trouw, Algemeen

Dagblad et de Telegraaf. Le Volkskrant a été fondé en 1919 comme revue hebdomadaire, en

1921, il est devenu quotidien du matin. Il était à l’origine un journal catholique proche du parti catholique du peuple (Katholieke Volkspartij). Depuis les années 1960, le journal se concentre sur les lecteurs politiquement orientés à gauche.51

Trouw est un journal qui paraît le matin, il est fondé pendant la Deuxième Guerre

Mondiale et il est issu de la résistance protestante. La première date de publication est le 18 février 1943. Trouw a été considéré comme un ouvrage provocateur par les occupants allemands. Jusque dans les années 1960, le quotidien a été lié au groupement

51

(19)

protestant. Il se distingue de la plupart des quotidiens par son attention pour la philosophie et la religion.52

La fusion du Algemeen Handelsblad, fondé par J.W. van den Biesen en 1828 à Amsterdam, et du Nieuwe Rotterdamsche Courant, fondé par Henricus Nijghle en 1844 à Rotterdam, est à l’origine du quotidien national NRC Handelsblad. La première date de publication est le 1er octobre 1970. Le NRC est un journal libéral qui donne des informations entre autres sur l’étranger, la politique, l’économie, l’opinion, l’art et la littérature. La devise du journal est Lux et Libertas – Lumière et Liberté, référence au siècle des lumières pendant lequel l’individu qui réfléchit lui-même est devenu très important, et l’est resté.53

Le Algemeen Dagblad, en termes de diffusion, est le deuxième quotidien des Pays-Bas. Il est né à Rotterdam en 1946. En septembre 2005, l’entreprise fusionne avec sept quotidiens régionaux. Le journal n’a pas de couleur politique ou religieuse 54

mais il se concentre sur les lecteurs politiquement orientés à droite.

Le Telegraaf est le quotidien le plus vendu aux Pays-Bas. La première date de publication est le 1er janvier 1893. Le quotidien paraît sept jours par semaine et se concentre sur un grand public en employant un style populiste. C’est pour cette raison que le journal paraît dans un format tabloïde. Il est politiquement orienté à droite. Dans ce quotidien national on trouve de nombreux articles consacrés au sport ou aux événements qui font sensation, et une ou plusieurs pages dont le contenu est fourni par le magazine à sensation Privé.55

Les cinq journaux français traités sont Le Monde, Le Figaro, Libération, L’Humanité et La

Croix. Le Monde est le quotidien français le plus diffusé à l'étranger. Il est fondé par Hubert

Beuve-Méry en 1944. Les valeurs centrales du Monde sont la justice sociale, l’humanisme, la défense de la liberté et des institutions démocratiques. Plusieurs grands courants d'idée ont été intégrés dans le journal : sur le plan de la politique le christianisme social et le socialisme réformiste dominent, et sur le plan extérieur on constate une pointe d'antiaméricanisme. Le

Monde ne se pose pas comme le porte-parole d’un parti ou d’une tendance politique.56 Ce quotidien essaie de refléter la pluralité des points de vue.57 Ces rédacteurs trouvent que les lecteurs doivent se faire eux-mêmes leur opinion, d’après des informations apportées par le

52

S.B. Ybema, De koers van de krant: vertogen over identiteit bij Trouw en de Volkskrant, Universiteit Amsterdam, 2003, p. 32.

53

E. Sanders, Metselaars, K., Stijlboek NRC Handelsblad, Utrecht, Van Dale Lexicografie, 2000, p. 28.

54

P. Boowmeester, De gouden greep van 'Woeste Willem' : de roerige geschiedenis van het zelfstandige

Algemeen Dagblad, Heinen, ’s-Hertogenbosch, 2006, p. 45. 55

M. Wolf, Het geheim van De Telegraaf : geschiedenis van een krant, Amsterdam, Boom, 2009, p. 15.

56

P. Eveno, Le journal. Le Monde. Une histoire d’indépendance, Paris, Éditions Odile Jacob, 2001, p. 28.

57

(20)

journal. Le ton du Monde est sobre et sérieux, il préfère intéresser le lecteur, plutôt que plaire. Dans Le Monde, les rubriques de l’étranger sont au premier plan. 58

Le journal Libération est fondé sous l’égide de Jean-Paul Sartre, Victor Benny Lévy et Serge Juli, à la suite du mouvement de protestation de mai 68. Le premier numéro paraît le 18 avril 1973. Le journal reprend le titre d’un journal de la Résistance, Libération qui était dirigé par Emmanuel d’Astier de la Vigerie, un écrivain, journaliste et homme politique français résistant pendant la Deuxième Guerre mondiale. A ses débuts, le journal est positionné à l’extrême gauche. Il évolue vers la gauche social-démocrate pendant les années 80 et 90, suite à la mort de Jean-Paul Sartre. Libération est un journal qui se spécialise dans le reportage et dans les actualités.59

Le Figaro est un journal français fondé en 1826, sous le règne de Charles X. Il est à ce

titre le plus ancien quotidien français qui existe encore de nos jours. D'une façon générale, sa ligne éditoriale est de droite ou de centre-droite. Les relations entre le pouvoir politique et le journal sont importantes. Si Le Figaro n’est pas dominé par un parti politique, il ne cache pas ses préférences à droite. Au Figaro, les rubriques de l’étranger sont au second plan. Le journal est accompagné d’un supplément économique et d'un cahier loisirs.60

Les Échos est un journal français qui donne surtout des informations financières et économiques. Il est la propriété du groupe LVMH, un groupe français d’entreprises. Du point de vue politique, l’orientation de ce quotidien est libérale. Il publie des analyses économiques et politiques pour la France et l’étranger, une analyse boursière, des analyses sectorielles et des études d’entreprises. Il est publié sous la forme d’un double cahier.

La Croix est un quotidien catholique, fondé à la fin du 19e siècle par les assomptionnistes. Le véritable promoteur est le père Vincent-de-Paul Bailly. La Croix devient un quotidien le 16 juin 1883. Durant l’affaire Dreyfus La Croix est antidreyfusarde et antisémite. Aujourd’hui le journal garde toujours sa couleur religieuse mais il est progressif, il critique souvent les éléments conservateurs au sein de l’Église.61

Au début du 20e siècle, la presse française a pris un grand essor. Elle a évolué vers l’explication et le commentaire des actualités. La presse écrite peut approfondir les actualités, elle se concentre surtout sur les informations politiques. Elle a un rôle spécifique et important dans la société et dans le processus politique, à savoir d’informer et d’influencer, d’éduquer et

58

P. Eveno, Le journal. Le Monde. Une histoire d’indépendance, Paris, Éditions Odile Jacob, 2001, p. 29.

59

J. Guisnel, Libération, la biographie, Paris, Edition La Découverte, 2003, p. 38.

60

C. Blandin, Le Figaro : deux siècles d'histoire, Editions Armand Colin, 2007, p. 134.

61

(21)

de distraire le public.62 En France la couleur politique/religieuse des journaux semble moins explicite que dans les journaux néerlandais, dans certains journaux elle est plus cachée. La couleur est cependant très claire dans La Croix et les autres journaux affichent aussi une couleur politique.

Le fait qu’aux Pays-Bas les grands journaux d’aujourd’hui soient souvent liés à une couleur politique est dû à l’histoire néerlandaise. En effet, pendant une grande partie du 20e siècle, la société néerlandaise a été caractérisée par le compartimentage. La société était divisée en plusieurs groupements selon les convictions religieuses et les idées sociales. La société était divisée en 4 groupement principaux : les catholiques, les chrétiens protestants, les socialistes et les neutres ou libéraux. En plus, il y avait des groupements plus petits : les groupements communistes, protestants-libéraux et protestants-orthodoxes.63 Ceux-ci étaient séparés, mais dans beaucoup de domaines ils travaillaient et délibéraient ensemble. Chaque mouvement avait ses propres organisations dans tous les domaines de la vie sociale : la politique, les syndicats, l’enseignement, la santé publique, les mouvements de jeunesse, le sport et les médias. Chaque groupe publiait son propre journal. Le compartimentage de la première moitié du 20e siècle est aujourd’hui encore présent dans la presse néerlandaise. En effet, la plupart des quotidiens ont toujours une couleur politique ou religieuse, et les journalistes l’expriment souvent dans leurs articles.

2 L’image

Les médias jouent un grand rôle dans la présentation de la réalité sociale complexe. Ils influencent les images et les idées que les hommes se font d’une personne, d’un groupe ou d’une question.64

Chaque jour, les médias transfèrent des renseignements, il en résulte qu’ils ont beaucoup d’influence sur l’existence et sur la diffusion des images et des stéréotypes portant sur des groupes sociaux, comme par exemple des femmes portant une burqa. Dans ce contexte, les journaux ont plusieurs fonctions. Pierre Albert 65 distingue deux fonctions dans les journaux : la première est celle d’informer son public. Les journaux répondent à notre besoin d’être à la hauteur, de savoir ce qui se passe autour de nous. Deuxième fonction, ils nous éduquent, dans le sens qu’ils transmettent le cadre culturel des normes. Mais les

62

Pierre Albert, La Presse Française, Paris, Documentation française, 2008, p. 35.

63

Palmer, A history of the modern world, New York, McGraw-Hill Companies, 2002, p. 245.

64

De Boer, Connie, Brennecke, Swantje, Media en publiek: theorieën over media-impact, Amsterdam, Boom, 1998, pp. 61-62.

65

(22)

renseignements donnés par les journaux ne sont pas neutres. Les journaux sélectionnent et présentent des sujets supposant que le public les trouve importants.66 Dans ce contexte, la reproduction sélective, les présentations clichées et la construction dans les journaux sont d’importance. Les paragraphes suivants aspirent à montrer le fonctionnement de ces processus.

2.1 Formation d’images et médias

Dans la vie on communique toute la journée mais la communication est si évidente que la plupart du temps on n’y prête pas du tout attention. D’après James Carey, l’échange des renseignements est un processus symbolique par lequel on crée la réalité sociale,67 et par lequel on la maintient, la restaure et la transforme.68 La réalité sociale est la réflexion du monde dans lequel on vit, vue et créée par les hommes.69 Dans ce processus, les médias occupent le premier plan, car la communication peut uniquement avoir lieu par un médium. Le médium décide pour ce qui est la forme des renseignements. Ce qui est présenté comme de l’actualité n’est pas objectif ni neutre, elle est un choix, une construction sociale. Pour cette raison l’actualité ne présente qu’une partie des événements, elle implique toujours une sélection et une hiérarchie.70

D’après Carey la communication est la façon dont on peut reporter et diffuser des renseignements, une transmission. Dans cette approche le but de la communication est de contrôler la distance entre les hommes et les événements qui se passent dans le monde.71 Grâce aux médias, les lecteurs ont la possibilité de suivre la discussion sur l’interdiction de la burqa alors qu’ils ne sont pas physiquement présents. Les médias déterminent les sujets qu’ils portent à l’attention du public. Il ne s’agit pas de ce que les lecteurs veulent savoir, mais de ce que les journaux veulent que les lecteurs sachent. Si les médias prêtent beaucoup d’attention au port de la burqa dans la société, cette problématique deviendra un sujet à l’ordre du jour.72

66

D.J. Schneider, The psychology of stereotyping, New York and London, The Guildford Press, 2004 pp. 344-348.

67

J. Goudsblom, Taal en sociale werkelijkheid : sociologische stukken, Amsterdam, Meulenhoff Informatief, 1988, p. 59.

68

J.W. Carey, Communication as Culture. Essays on media and Society, New York, Routledge, 1992, p. 15.

69

Mais la représentation de la réalité sociale n’est pas la même pour tous les sociologues. Certains voient une multitude d’acteurs individuels qui vivent chacun leur propre vie, d’autres trouvent que les groupes sociaux ont une action prépondérante. D’après Carey la réalité sociale entrecroise une dynamique collective et une autonomie des actions individuelles.

70

P.Albert, La Presse Française, Paris, Documentation française, 2008, pp. 34-36.

71

J.W. Carey, Communication as Culture. Essays on media and Society, New York, Routledge, 1992, pp. 15-17.

72

(23)

L’attention que les médias prêtent à ce sujet peut approfondir la connaissance du problème dans la société.

La communication est d’une grande importance pour la formation d’images, premièrement parce que l’image des événements créée par les médias est influencée par la sélection des médias, puisque l’actualité est une construction sociale ; elle ne présente qu’une partie des événements puisque les médias déterminent les sujets qu’ils portent à l’attention du public. Ainsi l’image créée par les médias n’est pas automatiquement objective. Deuxièmement la communication nous permet de partager les renseignements des médias, ce qui influence la façon dont on interprète les renseignements et les images créées dans le texte. En partageant les renseignements, la communication contribue à la compréhension de la société complexe.

2.2 Les stéréotypes et la construction

2.2.1 Les stéréotypes

Dans ce qui précède j’ai insisté sur la communication et la formation d’image. Dans ce paragraphe, j’aborderai les mécanismes qui font partie du processus de la formation d’image. La question de base dans cette partie est : comment les médias peuvent-ils présenter une réalité sociale complexe ? A l’aide de deux mécanismes en particulier : les stéréotypes et la construction de l’image. Le premier mécanisme à analyser est l’emploi des stéréotypes.

Pour comprendre le monde complexe, les humains catégorisent les choses. Une conséquence de cette catégorisation peut être l’emploi des stéréotypes, qui attribuent certaines qualités aux hommes. Les stéréotypes peuvent provoquer des préjugés, mais ils aident les hommes aussi à fonctionner dans la réalité sociale. Neil Macrae, professeur en psychologie sociale, affirme qu’on a besoin de stéréotypes pour ordonner le monde social complexe. En effet, on ne peut pas se faire une représentation de la réalité car elle est trop compliquée. Il montre que les cerveaux, quand ils reçoivent beaucoup d’informations ou des informations difficiles, utilisent des stéréotypes.73 Ainsi les stéréotypes serviraient à simplifier la réalité.

Le Dictionnaire de didactique du français langue étrangère et seconde donne une définition intéressante du stéréotype : « un stéréotype consiste en une représentation ‘clichée’ d’une réalité qui réduit celle-ci à un trait, à une idée toute faite. Il est donc une vue partielle et par

73

(24)

conséquent partiale de cette réalité. Le stéréotype ne doit pas être confondu avec ce qu’il représente, mais il est important de noter qu’il en fait partie.»74

La stéréotypie repose sur des opérations de simplification, de généralisation et de qualification à l’aide d’un nombre restreint de catégories et de propriétés. Les stéréotypes simplifient la réalité, c’est une simplification nécessaire, on en a besoin pour comprendre la société. Ils forment la base des informations faciles à comprendre pour le public.

2.2.2 La construction de l’image

La stéréotypie est liée au deuxième mécanisme à analyser, à savoir la construction de l’image75

. On a constaté que la stéréotypie repose sur des opérations de simplification et de généralisation. Les journalistes emploient des stéréotypes dans leurs articles. Ils font le choix de simplifier et de généraliser les renseignements, ainsi ils font des choix dans la représentation des renseignements. On parle ici de la construction, la façon dont une

personne, un groupe de personnes ou une question sont représentés dans les médias. Dans la

discipline de communication et des médias, la sélection et la présentation des renseignements sont les points essentiels de la construction. Par l’interprétation d’un sujet, les médias déterminent les cadres76 dans lesquels ils présentent les informations. De cette manière ils déterminent la façon dont le public définit le sujet et ainsi ils influencent la formation d’image. Dans la rédaction des messages, les journalistes doivent toujours sélectionner les éléments à traiter. La construction simplifie leur tâche.77 Elle peut aider à ordonner la réalité sociale complexe.

Dans le processus de communication on peut localiser plusieurs cadres de construction. Premièrement les journalistes qui rédigent un message utilisent des cadres, formés entre autres par le choix des mots, la structure de la phrase, les sources, et les images stéréotypes.78 La culture a beaucoup d’influence sur l’usage des cadres de construction dans un texte ou un message des médias. Les différents facteurs comme les normes et valeurs sociales, la pression des organisations syndicales et la préférence idéologique ou politique des journalistes déterminent en grande partie le cadre de construction. Deuxièmement on constate

74

Asdifile, Dictionnaire de didactique du français langue étrangère et seconde, Paris, CLE International, 2003.

75

On parle de ‘framing’ en anglais.

76

On parle de ‘frames’ en anglais.

77

C. de Boer, S. Brennecke, Media en Publiek: theorieën over media-impact, Amsterdam, Boom, 2003, p. 213.

78

(25)

que le public utilise des cadres de construction. Il les utilise par exemple sur la base de connaissances et d’affinités.

Dans le processus de la construction, la sélection des attributions d’un objet, d’une personne ou d’un événement est d’importance. On pourrait définir les attributions comme suit : les caractéristiques qui donnent un contenu à la représentation d’un objet.79 Une brève portant sur Sarkozy par exemple peut mettre l’accent sur ses caractéristiques personnelles et sur les circonstances familiales, ou sur ses points de vue politiques-idéologiques. Ce sont des attributions différentes concernant le même objet : le Président. Ainsi le cadre utilisé dans les articles a beaucoup d’influence sur l’appréhension du sujet par le public.

D’après Dr. Salma Ghanem, professeur à l’University d’Édimbourg, spécialisée dans le domaine des médias, les cadres de construction que les journalistes utilisent se subdivisent en 4 dimensions :

les aspects exposés d’un sujet : les informations dans lesquels il s’agit des hommes

politiques par exemple peuvent porter sur des idéologies et des points de vue, des qualités et de l’expérience ou des caractéristiques personnelles. Les thèmes traités dans les informations et le niveau dans lequel l’article est écrit sont aussi d’importance. A l’aide de ces cadres d’interprétation, le public peut se créer une image des hommes politiques.

la présentation : le public interprétera un message à l’aide de ses caractéristiques. Si le message est écrit par exemple sous forme d’une annonce, le lecteur sait qu’on veut lui vendre par exemple des objets.80

les attributions cognitives : en présentant un sujet comme étant un conflit, le public interprétera le sujet en ces termes.

les attributions affectives : en présentant un sujet comme étant un problème individuel, le message est isolé du contexte institutionnel et social, ce qui cause que le lecteur s’y identifie plus vite.81

Ces 4 dimensions joueraient un rôle dans la division des cadres dans les textes.

Semetko et Valkenburg (2000) ont développé un instrument pour l’analyse du contenu des informations, avec lequel ils distinguent 5 cadres. Le premier cadre est celui de conflit, dans lequel on met l’accent sur les partis/les individus qui ne sont pas d’accord les uns avec les autres et qui se font des reproches mutuels. Deuxièmement ils distinguent le cadre

79

C. de Boer, S. Brennecke, Media en Publiek: theorieën over media-impact, Amsterdam, Boom, 2003, p. 213.

80

C. de Boer, S. Brennecke, Media en Publiek: theorieën over media-impact, Amsterdam, Boom, 1998, p. 180.

81

(26)

d’intérêt humain. Dans ce cadre on met l’accent sur les émotions et sur l’influence des

événements sur la vie émotionnelle des hommes. Le troisième cadre est celui des

conséquences économiques. Il montre les conséquences économiques d’un événement ou d’un

problème pour la société. Le quatrième cadre est celui de la moralité. Dans ce cadre on examine un problème ou un événement de deux côtés : le côté moral et le côté religieux. Le dernier cadre est celui de la responsabilité. Dans ce cadre on présente un problème ou un événement, et la manière de la présentation provoque qu’on rejette la faute du problème sur l’individu ou sur le groupe.82

Ainsi la construction et dans ce processus surtout la sélection des attributions, et la stéréotypie de la burqa influencent la formation d’images de la burqa dans les journaux, parce que les journalistes décident de la façon dont les messages sont présentés, ils choisissent les éléments sur lesquels ils mettent l’accent. De cette manière les informations dans les médias influencent les opinions du public et la façon dont le public interprétera les renseignements. Quand les journalistes insistent par exemple surtout sur le fait que les hommes musulmans imposeraient le port de la burqa aux femmes musulmanes, cet élément est accentué, et elle est vue comme instrument de soumission des femmes. En plus si le journaliste décrit la vie des femmes portant une burqa du point de vue des autres sans parler aux femmes la portant, seul un côté de l’histoire est développé. De cette façon les renseignements sont simplifiés et généralisés, ce qui influence la façon dont le public interprétera les renseignements.

3 Méthodes d’analyse

Il existe plusieurs méthodes pour analyser les textes des médias. Les trois méthodes les plus connues sont l’analyse sémiotique, l’analyse du contenu et l’analyse de discours.83

L’analyse sémiotique se concentre sur la description du sens. L’objectif de cette méthode est de retracer les étapes de la production du sens dans le texte et d’indiquer la façon dont le texte transmet les sens différents. Elle présente la question qualitative de savoir comment différentes significations se créent et comment le sens d’un texte est créé.84 Elle se concentre sur les médias visuels.85 Quant à l’analyse du contenu il s’agit plutôt d’une méthode de recherche quantitative qui aide à examiner le sens de la communication, le contenu d’un texte des

82

H. Semetko, P. Valkenburg, La construction European Politics: A Content Analysis of Press and Television

News, Journal of Communication 50 (2), 2000, pp. 95-96. 83

A. Hansen, Mass Communication Research Methods, Basingstoke, MacMillan Press, 1998, p. 91.

84

E. Murhula-Amisi Nashi, Le mega-énonciateur: pour une analyse semio- pragmatique du discours de la

presse, Louvain-la-Neuve, Academia Bruylant, 2002, p. 28. 85

Referenties

GERELATEERDE DOCUMENTEN

Nous avons choisi de seulement faire remplir ce questionnaire avant l’intervention en classe, vu que le changement de motivation des élèves joue un rôle primordial dans

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