Polémique sur les millions de morts de l’Est du Congo DOSSIER
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(2) De quoi s’agit-il ? Texte d’un courriel récemment reçu De : André Lambert <adrass@skynet.be> Date : 6 décembre 2010 09:24 Objet : Les morts en RDC À : clubwalco-AC@yahoogroupes.fr, guydeboeck@gmail.com, sjeanne-marie@t-online.de, g.isofu@gmail.com. Bonjour, Désolé si vous avez déjà reçu ce document. En 2008, étonné qu'on puisse estimer à 4 millions le nombre de morts directs et indirects dus aux guerres entre 1998 et 2004 (cfr. IRC), j'ai mesuré le plus scientifiquement possible le nombre de morts dans l'ESt de la RDC et j'obtiens 200 000 morts. Ce sont certes autant de morts de trop. Etant démographe, j'ai soumis ce travail à mes pairs de l'UCL et de la Société Démographique Belge Francophone. Ils ont avalisés ce travail, de même que l'OMS, l'université de Vancouver (Human Security project), l'université Yale et plusieurs observateurs internationaux spécialisés. Aujourd'hui, des sites parlent de huit millions de morts... Vous trouverez en annexe une copie de cette étude en français (2 coduments) et en anglais (traduction du français : 1 document). Bonne lecture. Bien à vous, André Lambert. Mr. André Lambert est l’un des deux auteurs d’une étude parue à l’automne 2008, dont le but était de réfuter sans appel la croyance selon laquelle il y aurait eu quatre millions de morts, en RDC, durant les troubles de 1998-2004. Il dit, et il n’y a aucune raison de douter de sa parole, avoir mesuré le plus scientifiquement possible le nombre de morts et que l'UCL, la Société Démographique Belge Francophone l'OMS, l'université de Vancouver (Human Security project), l'université Yale et plusieurs observateurs internationaux spécialisés ont avalisé ce travail. Procéder scientifiquement et recevoir l’approbation d’autres scientifiques est, avant tout, une question de méthode, quelle que soit la science que l’on considère. Un chimiste approuvé par d’autres chimistes, un démographe approuvé par d’autres démographes sont des gens qui ont utilisé des méthodes de collecte des données, de traitement de ces données, de calcul suivant certaines formules, correspondant à ce que leurs confrères, pratiquant la même discipline, utiliseraient s’ils étaient placés devant la même question. On arrive alors, non à une « vérité scientifique », mais à une hypothèse scientifiquement acceptable. Ce qui veut dire que, si l’on s’est trompé, on l’a fait de bonne foi, et que la source de l’erreur n’est pas dans la méthode.
(3) employée car celle-ci donne des résultats fiables « toutes choses égales par ailleurs » suivant la formule consacrée. Ce fameux « toutes choses égales par ailleurs » est précisément la source d’erreurs quand il s’en produit. Des données humaines, historiques, ne sont pas susceptibles d’être répétées à l’infini en laboratoire. Elles résultent de faits toujours fluctuants et les mots même dont on use pur les désigner, changent de sens au fil des circonstances. Dans une certaine mesure, la guerre n’est pas la même en fonction du temps et du lieu, même s’il y a une constante dans la référence à une période de violence, où l’on meurt beaucoup… Ainsi, André Lambert et Louis Lohlé-Tart écrivent: « Il existe certes un véritable drame humain en RDC; mais il n’est que très partiellement dû à la guerre de 1998-2004 comme on vient de le montrer. En fait, les Congolais souffrent surtout des conséquences de la gestion désastreuse du pays par le régime du maréchal Mobutu ». On ne peut qu’admettre que le Maréchal était, à lui tout seul, un véritable fléau, plus redoutable que maintes catastrophes naturelles. Toutefois, considérer qu’il faut donc faire abstractions (comment ?) des “conséquences de la gestion désastreuse de Mobutu” dans l’estimation du nombre de morts d’une guerre paraît méthodologiquement peu défendable. Le nombre des morts découle bien sûr de la violence des attaques, des moyens militaires mis en œuvre, en un mot, il est fonction de la méchanceté de l’assaillant. Mais il est aussi fonction des moyens dont on dispose pour soigner les blessés! Il peut même être fonction de la géographie. Exemples: durant la Guerre de Cent ans, l’habitude, qu’avaient les archers anglais de planter leurs flèches devant eux dans le sol pour pouvoir tirer plus vite, a causé un certain nombre de décès, dans l’armée française, du fait que les pointes souillées de terre déclenchaient la septicémie ou le tétanos, dont on ignorait alors tant les causes que les remèdes. Et quand, à 140 ans d’intervalle, Napoléon, puis Hitler furent repoussés de Russie, ils laissèrent derrière eux de nombreux soldats tués non par l’ennemi, mais par le terrible hiver russe. Faut-il dès lors considérer que les premiers ont été victimes, non de la guerre, mais de la médecine rudimentaire des années 1350, et les seconds, non de la guerre, mais du climat? Jusqu’ici, la réponse était “non” !.
(4) D’autre part, les auteurs de l’étude se basent sur la mise à jour des fichiers électoraux effectuée par la CEI de l’abbé Malumalu. Celle-ci a précisément été l’objet de critiques, montrant qu’elle ne saurait en aucun cas remplacer un recensement, et en particulier mène à une sous-évaluation des populations. En effet, elle ne prennent bien sûr en compte que les électeurs, alors que l’on a affaire à un pays dont la population est fort jeune. Et, bien qu’on ait lui ait aussi reproché de mener, faute de recoupements, à l’inscription beaucoup trop facile d’étrangers, elle est censée s’en tenir aux Congolais, dans des zones frontalières où les étrangers sont naturellement nombreux. Or, les travaux de MM. Lambert et Lohlé-Tart reposent précisément sur la fiabilité de ces données. Les documents publiés dans le présent dossier comprennent : - l’étude “La surmortalité au Congo (RDC) durant les troubles de 1998-2004: une estimation des décès en surnombre, scientifiquement fondée à partir des méthodes de la démographie”, par André Lambert et Louis Lohlé-Tart, démographes, parue en Octobre 2008 - l’annexe “ Retour sur la non existence de 4 (ou 6) millions de morts en RDC” par André LAMBERT, d’avril 2009. - plusieurs documents relatifs aux conditions générales des guerres en Afrique, tant en général que, spécifiquement, durant le conflit en cause, qui montrent que l’équation, posée à la base de l’étude “guerre = surmortalité” est en l’espèce une cause d’erreur. - l’article “ La Guerre des Chiffres: une constante dans la politique au Nord-Kivu” par Stanislas Bucyalimwe Mararo paru en 2000 dans L’Afrique des Grands Lacs qui montre que dans la région en cause la démographie est l’objet de manipulations politiques. - Deux articles de “CongoForum”, “Les comptes macabres de l’Est du Congo” et “ Bagatelles démographiques pour un massacre” qui commentent et critiquent l’étude sur “La Surmortaité…” -un extrait de notre numéro 3 dans la série “Elections africaines”, consacré au “recensement Administratif des Populations Techniquement Amélioré” (RAPTA), méthode de mise à jour des fichiers électoraux utilisée par la CEI de l’abbé Malumalu, montrant qu’elle ne saurait en aucun cas remplacer un recensement, et en particulier mène à une sous-évaluation des populations. Or, les travaux de MM. Lambert et Lohlé-Tart reposent précisément sur la fiabilité de ces données..
(5) La surmortalit au Congo (RDC) durant les troubles de 1998-2004 : une estimation des dcs en surnombre, scientifiquement fonde partir des mthodes de la dmographie Andr Lambert et Louis Lohl-Tart, dmographes. S RA AD adrass@skynet.be, Octobre 2008. 1. Introduction : des guerres, des lections et des morts. On parle souvent, propos de la Rpublique Dmocratique du Congo (RDC), de quatre millions de morts on cite m me des chiffres encore beaucoup plus levs du fait des troubles politiques de ces dernires annes. Une ONG en particulier (International Rescue Committee [IRC]) a contribu diffuser cette information, reprise sans examen par de nombreuses personnalits ou organisations, y compris politiques. Les quatre millions de morts, produit suppos de la deuxime guerre du Congo, entre 1998 et 2004, reprsentent une valuation du nombre de dcs dus aux troubles et leurs consquences. Depuis lors, ce nombre a, curieusement, subi une inflation dans lhorreur! En ce qui nous concerne, nous ntudions ici que la validit du nombre initialement proclam et nous montrons quil a t incroyablement exagr.. Une premire guerre a eu lieu en 1996 lorsque les troupes de lAlliance des Forces Dmocratiques pour la Libration du Congo (AFDL), fortement paules par des militaires rwandais, ont travers le Congo dEst en Ouest, jusqu la fuite du prsident Mobutu et linstallation au pouvoir du prsident Laurent-Dsir Kabila. De lavis gnral, cette opration sest apparente une promenade militaire caractrise par la fuite perdue (ou la reddition) des troupes fidles au Marchal Mobutu devant les hommes se rclamant du futur prsident. Il y eut certainement des morts suite des escarmouches, ou dans le cadre dexcutions ou dautres exactions mais un consensus est tabli pour dire que cette premire guerre a gnr peu de mortalit directe et un minimum de dsorganisation supplmentaire. Dailleurs, les quatre millions de morts souvent cits ne se rfrent pas cette premire guerre. La deuxime guerre opposa de 1998 2004 les troupes du prsident Kabila, dornavant appuyes par des contingents trangers (zimbabwens, angolais,) aux troupes rebelles de lEst de la RDC, soutenues par le Rwanda et lOuganda. Une des pripties de cette guerre a t la dsunion puis lopposition entre Rwandais et Ougandais, dont les troupes se sont battues entre elles Kisangani et dans la rgion.. S. Par ailleurs, un enregistrement lectoral ( enrlement ) de la population de nationalit congolaise a eu lieu en RDC en 2005-2006 en vue de la constitution dun fichier des lecteurs. Cette opration a permis de rpartir les lecteurs inscrits selon le sexe et lge, par circonscription administrative.. A la demande de la Commission Europenne, trois experts, dont les deux auteurs de cet article, ont effectu un contrle des procdures denregistrement; celles-ci se sont avres extr mement fiables dun point de vue statistique.. 1.
(6) Les experts ont aussi ralis une reconstitution dynamique de la population par sexe et ge dabord depuis 1984, anne du dernier recensement, ensuite depuis 1956. Cette reconstitution ressemble en tous points un exercice de prospective dmographique si ce nest quil se droule sur le pass.. S RA AD. Vu le caractre sensible de cette reconstitution, la Commission a demand quun embargo emp che la divulgation des donnes relatives aux effectifs de population estims pour 2005. Nous comprenons parfaitement le bien-fond de cet embargo et ne publierons donc ci-dessous aucune donne ce sujet. Les seuls effectifs publis seront des estimations de nombres de morts. Pour le reste, seuls des pourcentages de population ou des indicateurs du mouvement naturel (par exemple lesprance de vie) seront produits, m me si tous les calculs ncessaires la confection de ce texte ont utilis abondamment toutes les informations chiffres relatives aux populations par sexe, ge, provinces et districts de la RDC en 2005 (enregistrement lectoral) et de 1956 2005 (reconstitution dynamique). Grce la reconstitution, on a pu estimer prcisment les effectifs de population par sexe et ge du pays depuis 1956, et par rgion (cest dire pour chaque province et, lintrieur de chacune, les districts) depuis 19841. Partant, il a t ais destimer le nombre de dcs qui se sont produits au Congo durant les priodes de troubles et de sinterroger sur la pertinence de laffirmation selon laquelle les guerres et leurs consquences auraient produit quatre millions de morts. Il est vident que tous les morts de la priode ne sont pas dus aux troubles. Il est galement clair que lorsquon parle de quatre millions de morts, y compris pour en contester le chiffre, on s'entend bien pour comptabiliser non seulement les morts au combat (quils soient des soldats rguliers ou non) mais aussi toutes les autres victimes dont le nombre est beaucoup plus important que celui des combattants du fait de la dsorganisation des hpitaux, des circuits commerciaux, des travaux agricoles etc.. On pourrait sinterroger sur limpertinence ou m me lindcence quil y a revisiter une affirmation comme celle relative aux quatre millions de morts en RDC . Nous pensons par l combattre tout rvisionnisme, tant celui qui nie les catastrophes humanitaires que celui qui sen empare pour des motifs respectables (mobiliser laide; oui mais de ce fait au dtriment dautres crises?) ou non (attiser les haines entre nations et/ou ethnies). Mais soyons absolument clairs : si les troubles en RDC ont produit notre estime bien moins que quatre millions de morts, ce seront toujours des morts de trop! Dans les paragraphes suivants, on prsentera dabord les rsultats des oprations denregistrement des lecteurs et de reconstitution de la population.. S. Ensuite, on montrera la parfaite adquation entre les effectifs de population reconstitus et ceux enregistrs. Cette similitude conduira accepter comme vrais non seulement les volumes de population produits en 2005 mais aussi les hypothses de mortalit et de fcondit qui les ont gnrs. Et cette connaissance du mouvement, particulirement celle de la force de la mortalit, nous permettra de rfuter sans appel la croyance selon laquelle il y aurait eu quatre millions de morts.. 1. Le dcoupage administratif du Congo Belge de 1956 et le degr de dsagrgation des donnes ne permettaient pas de remonter plus avant dans le temps par rapport la structure administrative actuelle du pays.. 2.
(7) 2. Lenregistrement des lecteurs. S RA AD. L'enrlement des lecteurs en vue des chances lectorales de 2005 et 2006 (rfrendum constitutionnel, lections prsidentielles et parlementaires, puis lections locales, prvues pour plus tard) a t mis en place entre juillet 2005 et fvrier 2006, l'aide d'un dispositif largement dcentralis, couvrant le territoire national par quelque 9.000 bureaux ou "Centres d'Inscription", intgralement informatiss, trs largement dissmins travers l'immensit de la Rpublique. Concrtement, l'opration a t mene en cinq "vagues" successives couvrant Kinshasa puis deux ou trois provinces la fois (le dcoupage d'alors portait sur onze provinces, Kinshasa inclus); ces dispositions procdaient d'une volont d'optimisation de la logistique, notamment, mais n'ont qu'un impact limit sur les rsultats, en particulier pour ce qui nous concerne. Il faut savoir que l'enrlement est lgalement obligatoire pour tous les Congolais gs de dix-huit ans ou plus; l'aspect lgalement contraignant est videmment sans retentissement, aucune disposition ne permettant en ralit de contrler le respect de cette obligation. Par contre, le dsir des populations d'aller aux lections et le bonus offert par la loi de considrer la carte d'lecteur comme tenant lieu de carte d'identit sont deux facteurs qui ont fortement motiv et mobilis les populations. Un lger bmol doit tre apport par la volont de certains politiciens influents de saboter le processus en recommandant le refus d'enrlement; l'analyse a posteriori des effectifs enrls a montr que l'impact n'a pas t massif. On remarquera que si nous cherchons mettre en vidence des dficits de population entre ce que l'on observe (donnes lectorales) et ce que l'on attend (donnes prospectives), les lacunes diverses pourraient tre prises pour un excs de mortalit. En effet, si nous manquons d'effectifs lors du dnombrement lectoral et que nous considrons ce dernier comme raisonnablement exhaustif, les "vads" comme les boycotteurs, non compts par dfinition, seront alors confondus avec des morts en excs. On peut par contre redouter l'effet oppos, le "bourrage" par des gens qui ne devraient pas figurer sur les listes lectorales, trangers et jeunes de moins de 18 ans. Les analyses dtailles montreront que ce bourrage n'a eu en gnral qu'un effet anecdotique, et que la promotion de jeunes au rang d'adultes est parfaitement identifiable. Par ailleurs, tous les lments d'observation et d'analyse convergent pour montrer que ces jeunes en excs sont aisment isolables; le phnomne, rpandu dans tout le pays, n'a cependant pas constitu une tentative de fraude mais simplement une inscription "anticipe" massive pour s'assurer de la possession d'un titre d'identit, vu que personne n'osait pronostiquer ni si ni quand une nouvelle opration ou m me une simple mise jour aurait lieu.. S. La validation technique de l'enrlement a procd des oprations analytiques complexes reposant sur les caractristiques particulires de la circulation des donnes dans le processus global de l'enrlement, que nous esquisserons ici brivement : Les donnes individuelles, qui figurent sur la carte d'lecteur (identification de la personne et de ses ascendants, lieu et date de naissance, localisation actuelle et donnes biomtriques lmentaires [photo et une empreinte digitale]), sont enregistres sur les disques de l'ordinateur, munis d'identificateurs uniques automatiques et non accessibles aux oprateurs. A partir de ce moment, l'information suit deux filires distinctes qui resteront totalement indpendantes de bout en bout du processus : Les donnes individuelles sont systmatiquement consolides et sauvegardes par jour, par semaine et la clture d'un bureau sous la forme physique de cdroms. Une copie au moins des cdroms complets doit remonter des centres d'inscription vers une hirarchie de bureaux locaux et rgionaux pour aboutir au CNT (Centre National de Traitement) install dans les locaux de la CEI (Commission Electorale Indpendante) Kinshasa et gr par l'assistance technique des Nations Unies.. 3.
(8) . S RA AD. Quotidiennement ou, si les circonstances sont plus contraignantes, aussi souvent que possible, les chefs de Centres d'Inscription communiquent aux bureaux locaux le nombre de cas traits dans la journe dans leur centre; cette information agrge remonte de manire gnralement immatrielle (par tlphone) selon la m me hirarchie, jusqu'au STN (Secrtariat Technique National), galement situ dans les locaux de la CEI, et sous la responsabilit directe des cadres techniques congolais.. . Il faut souligner qu' aucun moment l'information agrge n'a servi contrler les effectifs transmis par cdrom ni d'ailleurs les cdroms n'ont t exploits, m me superficiellement, pour confirmer ou infirmer les chiffres agrgs. Si cette scission des flux d'information est regrettable pour l'efficacit de l'opration, elle est spcialement bienvenue dans le cadre de nos travaux, puisqu'elle garantit l'indpendance entre les deux sources (les informations agrges remontant sous forme d'une dclaration d'activit quotidienne, elles ne pouvaient tre "contamines" par un ventuel examen du cdrom final qui n'tait d'ailleurs pas la porte des chefs de Centre d'Inscription); la prsence de "deux sources indpendantes" est une aubaine classique pour toute validation de donnes.. Le dtail du travail des experts ayant valid les donnes est bien sr sous embargo; il nous est cependant loisible d'affirmer que les traitements appliqus aux donnes ont permis de rsorber pratiquement intgralement la quasi-totalit des erreurs releves en premire analyse dans les fichiers remontant du terrain (plusieurs millions d'erreurs, dues aussi bien des donnes mal classes ou mal routes, ou des consolidations incorrectes, qu' des dfaillances des matriels et logiciels utiliss sur le terrain). Par contre, le spectre du "bourrage d'urne" avec l'inscription multiple de nombreux lecteurs a pu tre cart : que ce soient les mthodes technologiques extr mement lourdes de dtection des doubles empreintes digitales (seulement partiellement appliques) ou des mthodes plus rustiques mais toujours efficaces (couplages de caractristiques individuelles), les cas d'inscriptions multiples frauduleux sont rsiduels, quelques milliers sur les plus de 25.000.000 d'lecteurs.. 3. La reconstitution de la population. S. Ces manires de procder constituent la "critique interne des donnes", qui ne prend en considration que le contenu des donnes et leur processus de collecte et de remonte. En rsum, cette critique amne la conclusion que, dans les grandes lignes, les listes lectorales ont t constitues de manire srieuse et suffisamment transparente, avec peu de doutes sur l'honn tet de l'immense majorit des personnes enrles. Certes, l'analyse purement dmographique (distribution par sexe et ge) montre des imperfections considrables, mais qui ne sont pas globalement pires que celles d'un Recensement dit "scientifique" : en gros, les gens ont rpondu comme ils le pouvaient, et ceux qui ne connaissent pas leur ge n'ont pu dclarer qu'une information approximative, mais qui restait strictement dans les standards pour ce genre de population. On peut aussi en conclure directement l'absence de "bourrage" sur une chelle perceptible, moins de manipulations sur le terrain par une arme de dmographes comptents et coordonns capables d'inventer en temps rel les individus de populations dmographiquement correctes! D'autres indicateurs, telle la comparaison entre lieu de naissance et lieu d'enregistrement, ne permettaient pas de relever des poches d'anomalies qui auraient pu faire souponner des inscriptions fictives.. Une reconstitution de la population sapparente un exercice de prospective (ou de perspective ou de prvision ou de projection; peu importe ici le vocabulaire) sur le pass: pratique4.
(9) ment, on se base sur une population rpartie par sexe et ge un moment donn du pass et on lui applique chaque anne des taux et/ou des probabilits par sexe et ge de mortalit, fcondit et migrations, constants ou variables, afin dobtenir pour une anne finale une estimation de la population par sexe et ge la plus proche possible de celle rellement observe ce moment-l.. S RA AD. Dans le cas de la prospective sur le pass de la RDC, on sest dabord appuy sur les rpartitions par sexe et ge du recensement de 1984, le dernier qui ait eu lieu dans le pays. Les estimations de la mortalit et de la fcondit de la priode 1984-2005 sont celles publies par les Nations Unies (et, pour la plupart, estimes par les dmographes congolais). Le solde des migrations externes (balance entre les entres et les sorties du pays) est notoirement faibles et na pas t prises en compte. Sagissant dun exercice dont la finalit est lvaluation de la compltude de lenregistrement des lecteurs et de leur rpartition par sexe et ge, on sest uniquement intress la population de nationalit congolaise. Celle-ci reprsentait en 1984 environ 95% de la population de chaque groupe dge, l'chelle de tout le pays, avec cependant de fortes diffrences rgionales, dont les travaux par province ont tenu compte.. Pour raliser correctement ce travail de reconstitution, il a fallu procder de la faon suivante : Dune part, on a traduit en chiffres dtaills par sexe et ge les estimations globales de mortalit (esprances de vie) et de fcondit (nombre denfants par femme) disponibles pour la priode 1984-2005. Ces estimations de la mortalit et de la fcondit sont gnralement assez robustes m me lorsquelles sont ralises dans des pays statistiques dficientes : les dmographes ont recours diffrentes techniques de contrle des observations partielles dont ils disposent et dun thsaurus considrable de tables de mortalit conues pour les diverses sous-rgions mondiales (par ex. : lAfrique tropicale na pas les m mes mortalit et fcondit que lAfrique sahlienne). Les dmographes transforment alors ces estimations globales en probabilits et taux par sexe et ge. Cela a t fait et on a produit une premire reconstitution pour la priode 19842005. . S. Mais un doute subsistait : pouvait-on accepter telle quelle la rpartition par sexe et ge produite par le recensement de 1984? En dautres termes, quelle tait la fiabilit de ce dnombrement? Dans lincertitude, on sest donc rsolu amplifier lexercice de reconstitution en le faisant dbuter dans le pass le plus lointain possible, en loccurrence en 1956, anne pivot de la premire grande enqu te dmographique au Congo, ralise par A. Romaniuk. On objectera quen 1956 aussi, la qualit de lenqu te pouvait laisser dsirer. Dans le milieu des dmographes, il y a cependant un large consensus pour vanter la qualit de cette enqu te-l. Mais quoi quil en soit, en partant de 1956, on produit pour 2005 une population dans laquelle 91% des effectifs sont ns aprs 1956. Donc, les ventuelles erreurs dans la population de 1956 ne psent pas dun grand poids en 2005. Et si en plus, la reconstitution permet de passer proximit de balises , particulirement les effectifs ET les rpartitions par sexe et ge produites par les recensements administratif de 1970 et gnral de 1984, on a alors lassurance que la reconstitution reproduit bien la dynamique dmographique passe de la population congolaise.. Finalement, la reconstitution commence en 1956 et passe entre cette date et 2005 par les balises suivantes :. 5.
(10) . . S RA AD. Lenqu te dmographique de A. Romaniuk centre principalement sur lanne 1956 partir de laquelle lauteur a publi : La fcondit des populations congolaises , chez Mouton, Paris La Haye, 1967. Le recensement administratif de 1970. La synthse des Etudes Dmographiques de lOuest du Zare 1974-1977, Louvain-laNeuve, 1978. La thse de doctorat de Koni Botoke Bongoma intitule : Population trends in Zaire and their implications 1885 2005 , Australian National University, Canberra, 1979 Le recensement de 1984. Les estimations des Nations Unies pour la priode 1984 2002. Lestimation ADRASS de la population du Congo en 2005, faite partir du recensement de 1984.. . . 4. La concordance entre les effectifs estims par la reconstitution et ceux issus de lenrlement lectoral. Au terme du premier exercice de reconstitution (de 1984 2005), des pyramides dges ont t dessines pour lanne 2005 et confrontes celles des lecteurs inscrits. Les figures 1 (par ge) et 2 (par classes dge) prsentent les diffrences entre les effectifs reconstitus de manire prospective et ceux issus de lenregistrement lectoral, pour le pays dans son entier. On constate aux figures 1 et 2 que les deux approches donnent des rsultats trs semblables sauf autour de lge de 18 ans. Lcart est le fait de lenregistrement comme lecteurs de personnes ayant moins de dix huit ans mais qui se sont dclares avoir 18 ou 19 ans pour devenir lecteur ou, surtout, pour obtenir un papier didentit. On sait que depuis des dcennies, en RDC, il ny a pas ou plus dtat civil ni de registres de population, et quil peut savrer utile de possder au moins un document tenant lieu de document administratif. La figure 1 prsente les carts pour chaque anne dge, partir des effectifs par ge issus de lenregistrement dune part, de la reconstitution dautre part. La figure 2 prsente les m mes rsultats aprs regroupement en classes quinquennales afin dassurer une meilleure visibilit et liminer le bruit caus par des erreurs de dclaration dge. Tout naturellement, il y a gnralement plus deffectifs de population que dlecteurs, car tout le monde ne sest pas inscrit. La concordance prsente dans les figures 1 et 2 a t contrle pour chacune des provinces et la presque totalit des districts du pays ( lexception de quelques districts urbains tels Bukavu-ville ou Zongo, o les mouvements migratoires inconnus mais mesurables par reconstitution emp chent lobtention dune concordance immdiate).. S 6.
(11) Figure 1 : Ecarts par ge entre la pyramide issue de la reconstitution de la population et celle des lecteurs inscrits. S RA AD. Figure 2 : Ecarts par groupes quinquennaux dge entre la pyramide issue de la reconstitution de la population et celle des lecteurs inscrits. S On voit nettement la figure 2 que les erreurs denregistrement des lecteurs naffectent que les jeunes dune vingtaine dannes. On remarquera avec malice que les jeunes filles. 7.
(12) trompent plus facilement le monde sur leur ge que les jeunes gens, sans doute parce que lexhibition de leur progniture les fait accepter comme de respectables mres de famille, donc adultes.... S RA AD. La trs grande concordance entre lexercice de reconstitution depuis 1984 et celui denregistrement est une validation rciproque et sre de la qualit des deux oprations : il est en effet impensable que la quasi concordance soit fortuite. Rappelons-en les deux raisons : lenregistrement a t collationn selon deux cheminements administratifs diffrents. Il en rsulte un fort contrle interne.. lexercice de reconstitution est contraint par la rpartition de la population par sexe et ge retenue pour lanne 1984 et les balises depuis cette date. Par scurit, il reste donc contrler comme suggr ci-dessus, la qualit des donnes du recensement de 1984 en recommenant une reconstitution partir de 1956. . Aux figures 3 et 4, on compare les effectifs reconstitus en 1970 et en 1984 avec les observations des recensements de ces annes. Les pyramides dessines ne montrent que les carts, calculs par ge et regroups en classes quinquennales dge, par souci de visibilit.. Figure 3 : Ecarts par groupes quinquennaux dge en 1970 entre la pyramide issue de la reconstitution de la population depuis 1956 et celle du recensement administratif de 1970. S 8.
(13) Figure 4 : Ecarts par groupes quinquennaux dge en 1984 entre la pyramide issue de la reconstitution de la population depuis 1956 et celle du recensement de 1984. S RA AD. A titre dexemple, examinons (figure 4) les diffrences observes en 1984 entre le recensement de 1984 et lexercice de reconstitution men depuis 1956. On y constate bien une quasiquivalence! Or, en 1984, la population ne depuis 1956 reprsente dj 70% du total. Ces 70% sont issus de lapplication de taux et de probabilits; mais ces derniers sont euxm mes la traduction en donnes dtailles (par anne d'ge) des estimations globales de mortalit et de fcondit faites par les dmographes congolais et leurs confrres des Nations Unies intervalles rguliers au cours de la priode 1956-1984. On peut donc dj : valider la rpartition par sexe et ge du recensement de 1984. . Accepter les niveaux et tendances de la mortalit et de la fcondit estims par les Nations Unies et/ou les dmographes congolais pour lintervalle de temps 1956-1984.. Enfin, la figure 5, les carts infimes entre la reconstitution issue de 1956 et celle issue de 1984 lvent dfinitivement les doutes sur la qualit du recensement de 1984 donc aussi sur la vracit de la concordance entre populations reconstitues (que ce soit partir de 1956 ou de 1984 est maintenant sans importance) et populations lectoralement enregistres.. S 9.
(14) Figure 5 : Ecarts par groupes quinquennaux dge en 2005 entre la pyramide issue de la reconstitution de la population depuis 1956 et celle issue du recensement de 1984. S RA AD. En conclusion, De la quasi-identit en 2005 entre les reconstitutions longue (depuis 1956) et courte (depuis 1984), Et de la quasi-confusion en 2005 entre effectifs reconstitus et lecteurs inscrits, on peut non seulement valider dfinitivement les trois oprations (les deux reconstitutions et lenregistrement) mais surtout valider toute la machinerie utilise pour la reconstitution, principalement les tendances de la mortalit et de la fcondit entre 1956 et 2005.. S. Nous pouvons donc examiner en toute scurit lvolution des esprances de vie la naissance par sexe en RDC depuis 1956. Cette anne-l, les valeurs taient de 40 ans pour les hommes et de 43 ans pour les femmes. On observe la figure 6 une croissance modre jusquen 1971 puis une acclration rapide mais malheureusement de courte dure car, ds la fin de la dcennie 1970, lesprance de vie diminue aussi fortement quelle avait augment jusque l, sans doute sous les effets combins de la monte en puissance de lpidmie de VIH/SIDA mais aussi du commencement du dclin du rgime Mobutu . Depuis les annes 1990, la dgradation se poursuit doucement et aboutit en 2005 des niveaux aussi mdiocres qu l'poque de lIndpendance!. 10.
(15) Figure 6 : Les tendances des esprances de vie au Congo de 1956 2005, produites par loutil de reconstitution de la population. S RA AD. Il faut garder l'esprit ces courbes de mortalit et bien les resituer dans le temps. En effet, un argument utilis par les tenants de laffirmation Quatre millions de morts pour justifier la valeur lev de ses estimations est que les morts "dus la guerre" trouvent pour l'essentiel leur origine dans des faits non militaires et non lis directement au conflit arm; ce seraient les consquences de la dsorganisation sociale, de l'arr t des cultures, de la disparition des infrastructures de sant, etc dcoulant directement de la guerre. Or, l'analyse de la mortalit montre que les esprances de vie ont commenc dcliner vingt ans avant les conflits et, bien plus, ont presque cess de se dgrader, sans pour autant reprendre leur amlioration, bien avant le dbut des conflits. Donc, si nous adhrons volontiers l'hypothse d'une dtrioration de la situation sanitaire et nutritionnelle, sa chronologie indique qu'on doit l'imputer d'abord la dgradation du dveloppement lie l'effondrement progressif du rgime, la fois bien antrieure la guerre et bien plus aigu avant celle-ci. Cela exclut radicalement de l'imputer aux situations de guerre.. S. Dans la suite du texte, on citera des nombres de morts lunit prs, simplement pour laisser la plus grande transparence possible nos calculs. Mais il ne faudrait pas imaginer que nous avons loutrecuidance de croire avoir estim la mortalit avec un tel degr de prcision! Dailleurs, on conclura avec des nombres arrondis. Notons aussi que les scnarios produits dans les lignes qui suivent sont tous raliss par sexe, ge et bonds dun an. Pour viter la lourdeur du texte et respecter lembargo, on ne prsentera ci-dessous que des totaux de dcs et des esprances de vie sexes runis .. 11.
(16) 5. La rfutation sans appel de lestimation dun volume de quatre millions de morts. Puisque la reconstitution sur le pass est valide, on peut galement admettre que le nombre de morts produit par la reconstitution entre 1998 et 2004 est acceptable. Ce nombre qui comporte tous les dcs slve 7 679 821!. S RA AD. Donc, en suivant le raisonnement des tenants de laffirmation Quatre millions de morts , sil ny avait pas eu de troubles, il y aurait eu dans la population quatre millions de morts de moins que ceux reconstitus. On a donc test des niveaux desprance de vie (et les probabilits de dcs qui en dcoulent) pour parvenir un nombre de dcs de 7 679 821 4 000 000 soit environ 3 680 000 dcs. On obtient ce rsultat condition de programmer une esprance de vie de 60 ans entre 1998 et 2004 alors quen dehors de ces dates, elle stagne aux environs de 42 ans. Burlesque comme on le voit au tableau 1 et la figure 7. On objectera que si le cumul des dcs entre 1984 et 2005 est valid, il se pourrait quil y ait eu moins de dcs avant 1998 et plus partir de cette date. Mais alors lesprance de vie hors de la priode 1998-2004 aurait t plus leve et il et quand m me fallu la faire bondir vigoureusement pour ponger les quatre millions de morts. Cette objection de type calendaire ne peut donc tre retenue. Linanit de laffirmation selon laquelle il y aurait quatre millions de morts en RDC est tellement visible quon pourrait en rester l et renvoyer les protagonistes des Quatre millions de morts leurs fantasmes ou leurs mensonges rentables. Nous allons cependant franchir un pas de plus et tenter une estimation sense du nombre de morts causs ces annes-l du fait des troubles.. S 12.
(17) Tableau 1 : lesprance de vie et les dcs annuels au Congo (RDC) selon la reconstitution valide par lenregistrement des lecteurs et sil ny avait pas eu de troubles (calculs ADRASS) Reconstitution Chiffres de base "sans troubles" (voir texte) 46.69 46.30 45.90 45.50 45.10 44.71 44.31 43.91 43.51 43.36 43.21 43.06 42.91 42.76 42.61 42.47 42.32 42.17 42.02 42.02 42.02 42.02. 573 601 634 655 682 714 746 783 813 836 867 899 944 970 003 038 064 102 125 159 185 234. 484 834 877 429 035 431 063 685 479 733 194 799 313 081 199 639 297 670 880 307 829 933. 46.69 46.30 45.90 45.50 45.10 44.71 44.31 43.91 43.51 43.36 43.21 43.06 42.91 42.76 59.99 59.99 59.99 59.99 59.99 59.99 59.99 42.02. S RA AD. 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005. 1 1 1 1 1 1 1 1. 573 601 634 655 682 714 746 783 813 836 867 899 944 970 463 484 500 521 535 557 575 1 349. 484 834 877 429 035 431 063 685 479 733 194 799 313 081 667 303 440 760 475 060 620 920. S 13.
(18) Figure 7 : lesprance de vie et les dcs annuels au Congo (RDC) selon la reconstitution valide par lenregistrement des lecteurs et sil ny avait pas eu de troubles (calculs ADRASS). S RA AD. Note : lchelle de gauche est celle des esprances de vie (E et e) ; celle de droite des dcs (D et d). Les rsultats de la reconstitution sont points en majuscule, ceux des dfenseurs de lide Quatre millions de morts en minuscules. En dehors des annes 1998-2004, les courbes E et e sont confondues. Avant 1998, les courbes D et d sont galement confondues, mais pas en 2005 car la mortalit reconstitue sapplique une population augmente de tous ceux qui ne seraient pas morts des troubles.. 6. Une estimation raisonnable mais encore surestime de la surmortalit congolaise due aux troubles de la priode 1998-2004. S. Nous croyons que la lente dgradation de lesprance de vie, telle que dessine sous les traits E de la figure 7 a t lvolution la plus vraisemblable. Elle est dailleurs base sur des estimations ralises autour des annes-pivot 1982, 1992 et 2002. Mais pour entrer dans le jeu des croyants en quatre millions de morts et estimer le nombre de morts dus aux troubles, on a ralis un scnario dans lequel lesprance de vie de 1984 continue de se dgrader jusquen 1992 seulement, date laquelle elle demeure constante. Pour estimer la surmortalit, il suffit alors de comparer les effectifs de population de 2005 produits par la reconstitution avec ceux calculs dans ce scnario darr t de la dgradation de lesprance de vie ds 1992. Signalons quen procdant de la sorte, on donne un avantage considrable aux dfenseurs de lide Quatre millions de morts puisquon envisage lensemble de la priode 1992-2004 et non pas la priode de troubles limits lintervalle 1998-2004. Les rsultats apparaissent au tableau 2 et la figure 8. La diffrence entre les volumes de dcs depuis 1992 est gale 13 011 420 12 605 661 soit 405 759 dcs. Et dans la population totale, on observe en 2005 un accroissement de 446 696 personnes qui reprsente le cumul des 405 759 dcs vits et des naissances supplmentaires que ces survivants ont produites. 14.
(19) Tableau 2 : lesprance de vie et les dcs annuels au Congo (RDC) selon la reconstitution valide par lenregistrement des lecteurs et si la dgradation de lesprance de vie avait t stoppe depuis 1992 (calculs ADRASS). S RA AD. Reconstitution Chiffres de base Avec mortalit fige ds 1992. 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005. 46.69 46.30 45.90 45.50 45.10 44.71 44.31 43.91 43.51 43.36 43.21 43.06 42.91 42.76 42.61 42.47 42.32 42.17 42.02 42.02 42.02 42.02. 1 1 1 1 1 1 1 1. 573 601 634 655 682 714 746 783 813 836 867 899 944 970 003 038 064 102 125 159 185 234. 484 834 877 429 035 431 063 685 479 733 194 799 313 081 199 639 297 670 880 307 829 933. 46.69 46.30 45.90 45.50 45.10 44.71 44.31 43.91 43.51 43.51 43.51 43.51 43.51 43.51 43.51 43.51 43.51 43.51 43.51 43.51 43.51 43.51. 1 1 1 1 1 1 1. 573 601 634 655 682 714 746 783 813 831 857 885 924 944 971 001 020 052 069 102 129 177. 484 834 877 429 035 431 063 685 479 935 490 098 166 511 813 111 949 789 957 992 371 399. S 15.
(20) Figure 8 : lesprance de vie et les dcs annuels au Congo (RDC) selon la reconstitution valide par lenregistrement des lecteurs et si la dgradation de lesprance de vie avait t stoppe depuis 1992 (calculs ADRASS). S RA AD. Note : lchelle de gauche est celle des esprances de vie (E et e) ; celle de droite des dcs (D et d). Les rsultats de la reconstitution sont points en majuscule, ceux du scnario sans dgradation de lesprance de vie depuis 1992 en minuscules. Avant 1992, par hypothse, les courbes D et d dune part et E et e dautre part, sont confondues.. . S. Jusqu maintenant, les calculs ont t tablis sur base de la reconstitution la plus prcise possible de la population de nationalit congolaise par sexe et ge entre 1984 et 2005. Cette reconstitution et lenregistrement des lecteurs se valident rciproquement. Par comparaison, on estime donc le surcrot de mortalit 405 759 units. Ce nombre doit tre corrig de deux manires : Dune part, il est sans doute encore survalu si lon veut bien considrer que la totalit du territoire na pas t concerne par les troubles de la priode 1998-2004 et quon ne peut pas imputer la guerre des morts causes dans dautres rgions par la dliquescence dune dictature finissante. Si on admet que Kinshasa, le Bas-Congo, le Bandundu nont pas t touchs, que la totalit mais dans la ralit, c'est nettement exagr des provinces Orientale, du Nord Kivu, du Sud Kivu, du Manima ont subi les troubles et que les Kasa, lEquateur et le Katanga ont t touchs pour la moiti de leur population, on constate que les troubles ont couvert des territoires reprsentant 45% de la population du Congo. Alors, lestimation des dcs pourrait diminuer 405 759 * 0,45 = 182 592 personnes! Dautre part, tous les calculs ont t effectus sur la population de nationalit congolaise. Or les trangers, qui reprsentaient 5% de la population du pays en 1984 ont vu leur part saccrotre au cours des deux dernires dcennies, quasi exclusivement du fait de limmigration trangre dans les provinces de lEst. Admettons cest vraiment un maximum que les trangers soient maintenant 10% de la population du pays et quils soient tous concentrs dans les zones de troubles. Alors, cela voudrait dire que dans les zones couvrant les 45% de la population soumise aux troubles, les trangers comp16.
(21) teraient pour 22% de la population (22% =10% dtrangers / 45% de la population totale). Sous cette hypothse, le nombre maximal de dcs slverait alors dans une perspective maximaliste 182 592 * 1.22 soit un volume de 222 762 morts. Sachant quon est parti de 1992 et non pas de 1998 , disons par facilit que le nombre de morts dus aux troubles est denviron DEUX CENT MILLE MORTS.. S RA AD. On peut certes accepter lestimation pralable de quatre cent mille morts mais refuser de considrer quils sont rpartis relativement uniformment sur le territoire et penser au contraire quils sont tous concentrs dans la partie orientale soumise aux troubles. Et donc ne pas appliquer ce nombre le pondrateur rgional de 45%. Cest oublier que lvolution de lesprance de vie est oriente la baisse dans toutes les provinces et que cette volution est valide par la concordance reconstitution enregistrement lectoral au niveau de chaque province.. On pourrait m me dire a contrario que le dclin de lesprance de vie dans les provinces en paix plaide en faveur de lide selon laquelle les morts du Congo m me dans lest du territoire sont plus la consquence de la dliquescence du rgime Mobutu que celle de la guerre lEst et de ses consquences. Il y aurait alors moins de deux cent mille morts! Mais nous ne voudrions pas dforcer notre dmonstration par des considrations difficilement quantifiables.. Ainsi donc, lapproche dynamique de lvolution de la population du Congo nous a permis daffirmer, par des mthodes uniquement quantitatives et adosses des observations extr mement robustes de dtruire compltement les affirmations dlirantes et malheureusement universellement reprises, selon lesquelles les troubles au Congo auraient entran quatre millions (ou plus) de victimes. Il existe certes un vritable drame humain en RDC; mais il nest que trs partiellement d la guerre de 1998-2004 comme on vient de le montrer. En fait, les Congolais souffrent surtout des consquences de la gestion dsastreuse du pays par le rgime du marchal Mobutu et on pourrait se demander pourquoi dans le pass la Communaut Internationale na pas plus nergiquement manifest son coeurement face la dliquescence des conditions de vie de limmense majorit de la population congolaise. Peut- tre fallait-il soutenir un ami dans le contexte de guerre froide qui prvalait encore cette poque?. On pourrait aussi se demander si laffirmation quatre millions de morts en RDC rsulte dune simple mais grossire erreur dapprciation ou si elle sert les intr ts de pays, dorganisations ou dautres puissances occultes.. S. Enfin, nous soulignons fortement que notre travail na pas pour but de banaliser les conditions de vie extr mes dans lesquelles la population congolaise se dbat. Cependant, il nous a paru ncessaire, en prsentant des estimations scientifiquement dfendables, de lutter contre la tendance exagrer le nombre des victimes. Le prsent travail ne nie pas linhumanit des conditions de vie congolaises mais donne penser que ce ne sont pas les interventions trangres condamnables qui sont la premire cause de ltat marastique incontestable dans lequel le Congo se trouve. De surcrot, on en arrive penser que cette situation nest malheureusement pas exceptionnelle : il se pourrait m me quil y ait plus de morts en Somalie ou au Darfour, eu gard la population soumise au risque , et que la justice et la compassion les plus lmentaires ne devraient pas oublier ces populations-l. D/2008/4001/4. 17.
(22) Retour sur la non existence de 4 (ou 6) millions de morts en RDC. S RA AD. Andr LAMBERT, avril 2009, adrass@skynet.be Dans le document : La surmortalit au Congo (RDC) durant les troubles de 1998-2004 : une estimation des dcs en surnombre, scientifiquement fonde partir des mthodes de la dmographie (Andr Lambert et Louis Lohl-Tart, novembre 2008, asbl ADRASS, Dp t lgal D/2008/4001/4), on a montr quil tait impossible dvaluer plusieurs millions de morts les consquences directes et indirectes des troubles des annes 1998-2004. Au plus, en acceptant de considrer les annes 1992-2004 et en posant lhypothse que la mortalit aurait pu ne plus crotre depuis 1992, - qui sont des positions non fondes mais favorables aux tenants de laffirmation 4 millions de morts , - on peut estimer 200 000 les morts en surnombre dans la moiti du pays qui a t soumise aux troubles. Suite de fructueuses discussions et la demande de Mme D. G. Sapir, jai ralis deux simulations complmentaires dont les hypothses et les rsultats sont synthtiss dans le tableau ci-dessous. Lintuition est de dire quil y a peut-tre eu de nombreux millions de morts mais que ceux-ci sont la consquence de la dliquescence dveloppe durant une bonne partie du rgime du Marchal Mobutu et non pas de linvasion certes condamnable de troupes rwandaises et ougandaises.. S. Rappelons quon a montr que la reconstitution (depuis 1956 et depuis 1984), les listes dlecteurs, les recensements de 1970 et 1984 et les estimations du mouvement dmographique listes dans le document cit ci-dessus se valident mutuellement. On admet donc que lesprance de vie a atteint un maximum la fin des annes 1970. En 1984, le niveau avait dj baiss et se situait presque au niveau de lanne 1970. Dans les deux simulations prsentes ci-dessous, on imagine que lesprance de vie est demeure constante soit depuis 1977, soit depuis 1984 et on compare le cumul des dcs entre ces dates et 2005 la reconstitution de la population, dont on a expliqu la pertinence dans le document cit cidessus. Notons incidemment que le niveau de 1977 (52 ans) nest pas atteint en 2005 par 24 pays dAfrique sub-saharienne ! Esprances de vie Constance partir de Constance partir de valides 1977 1984 1956 41,6 41,6 41,6 1963 44,1 44,1 44,1 1970 46,5 46,5 46,5 1977 52,0 52,0 52,0 1984 46,7 52,0 46,8 1991 43,9 52,0 46,8 1998 42,6 52,0 46,8 2005 42.0 52,0 46,8 Cumul des Cumul des dcs Cumul des dcs simuls Cumul des dcs simuls dcs valids valids depuis sous constance depuis sous constance depuis depuis 1977 1984 1977 1984 23 751 824 20 210 120 17 647 528 17 783 312 Diffrences 1977 ou 1984 6 1 296 2 4 8 8. On voit ainsi que laffirmation selon laquelle il y aurait eu au Congo de nombreux millions de morts (jusqu 6,1 millions) cause des troubles est plausible a condition de penser que le mot troubles est une faon de nommer la gabegie dveloppe par lancien rgime et PAS la guerre de 1998-2004 !.
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(31) Au Congo : des massacres à prix d’or GENEVE – Les mines d’or du Congo ne rapportent à ce pays d’Afrique que de la misère. Les pays voisins profitent des trésors du sous-sol congolais. “Nous sommes maudits à cause de notre or”, dit un chercheur d’or de la province de l’Ituri (RDC)1. “Les rebelles raflent tout et le peuple n’en voit pas un centime.” AU Nord Est de la RDC, le sol est plus riche en or qu’en Afrique du Sud. Mais cet or échappe au lointain gouvernement de la capitale, Kinshasa. Dans l’Est en proie depuis des années à des rébellions, ce sont avant tout les pays voisins, le Rwanda et l’Ouganda qui pillent les richesses du sous-sol. Sous la pression du Conseil de Sécurité de l’ONU, ces pays ont retiré leurs troupes en 2003. Depuis lors, les mines d’or sont tombées sous le contrôle de deux mouvements locaux : le FNI et l’UPC. Ces groupes rebelles appuyés respectivement par l’Ouganda et le Rwanda travaillent pour eux en RDCt. Ils gardent les mines d’or, prélèvent un tribut et ont donc un considérable pouvoir d’achat. Mais le FNI et l’UDC sont aussi des ennemis mortels. Il en résulte une sanglante guerre tribale, qui a déjà coûté la vie à 60.000 civils. Les gens sont abattus comme des bêtes ou chassés de leurs foyers. Le viol est à l’ordre du jour. Les troupes de pacification de l’ONU sont censées mettre fin à cette terreur, mais on attend toujours un premier geste de leur part. Human Rights Watch, une organisation américaine de Droits de l’Homme a entrepris ces derniers mois une enquête approfondie sur place à propos de tous ces abus et en est revenu avec des révélations choquantes. Il semblerait entre autres que les mines d’or congolaises les plus lucratives, celles du district de Mongbwalu, seraient exploitées par le consortium sud-africain Anglo GoldA shanti, l’un des plus importants producteurs d’or au monde. “En échange de la sécurité de l’exploitation minière, le FNI recoit une soutien logistique et financier de AngloGold Ashanti”, ajoute Human Rights Watch. “Le FNI n’en tire pas seulement un profit économique. Cela contribue au prestige politique d’une organisation qui a conquis une position dominante par le fer et le feu.” Le noble métal sort en fraude vers l’Ouganda limitrophe, qui ne possède pas de gisements aurifères, et il est commercialisé à pertir de là. Rien que l’année passée Anglo Gold Ashanti a mis pour 60 millions de dollars d’or brut Congolais sur le marché mondial. Selon Human Rights Watch la plus grande partie de ce métal a abouti chez Metalor Technologies en Suisse, une des plus importantes fonderies d’or au monde. A Johannesbourg, Anglo Gold Ashanti prétend que son activité au Congo est légale du fait de 'contrats passés depuis des années avec le gouvernement congolais'. “Mais ils savent pertinemment que Kinshasa n’au absolument aucun pouvoir sur le chaos régnant au Nord-Est du Congo”, ajoute Human Rights Watch. “Si l’on n’arrête pas lef lot d’or en direction du FNI et de l’UPC, l’effusion de sang n’aura jamais de fin.” La société suisse Metalor Technologies a promis entre temps de ne plus accepter de livraisons d’or venant d’Ouganda. Anglo Gold Ashanti affirme 'réfléchir' à des mesures du même genre. Mais tant que les mines resteront ouvertes, la malédiction de l’or planera sur l’infortuné Congo. © Nederlands Dagblad – Bob Kroon, 19.09.05 1. En réalité, l’Ituri n’est pas une province, mais une région de la Province Orientale (NdT).
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