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- La très grande perméabilité, dans ces parages de la frontière Est, qui n’a été fixée qu’en

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Comme beaucoup d’autres, nous avons reçu les documents ci-après d’un représentant du CNDP qui, comme on pourra le lire dans la page qui suit, les invoque comme une preuve de la présence de Banyarwanda au Congo depuis Léopold II.

Comme nous le montrerons ensuite, il établit seulement :

- le fait que l’EIC, dans ses frontières de Berlin, s’étendait sur une portion notable des

territoires actuellement rwandais et burundais. Il comprenait, en particulier les DEUX rives du Lac Kivu.

- La très grande perméabilité, dans ces parages de la frontière Est, qui n’a été fixée qu’en

1910 pour être à peu près aussitôt annulée par la guerre de 14.

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Les frontières fixées par l’Acte de Berlin (en pays largement inconnu). On voit aisément que la frontière prévue alors est nettement plus à l’Est.

Il faut également tenir compte de ce que, sous l’Etat Indépendant, il n’y avait pas encore de province du Kivu. Le nom n’était encore utilisé que pour désigne le lac. Les photos identifiées comme « du Kivu » sont donc des photos « des parages du lac » sans que cela implique qu’ils soient dans l’une des actuelles provinces du Nord ou du Sud Kivu.

Le document établit donc un fait que l’on pouvait déjà soupçonner : à l’époque ou le Congo comprenait une partie du Rwanda, il y avait des rwandais au Congo !

Devinette des Grands Lacs: Quelle distance y a-t-il entre la frontière Est du Congo et la frontière Ouest du Rwanda ?

Une particularité des événements actuels au Congo est qu'ils mettent en cause la question des nationalités. C'est rare en Afrique. Durant quarante ans avait prévalu le "principe de l'OUA": pas de remise en question des frontières coloniales. En effet, TOUS les états africains ont, soit chez eux des citoyens qui pourraient réclamer leur rattachement à un Etat voisin où se trouve la plus grosse partie du groupe ethnique auquel ils se rattachent, soit des voisins qui pour cette même raison pourraient couler sur certains de leurs territoires un regard lourd de convoitise. De plus, le mouvement

"ethniciste" une fois lancé, les Etats les plus étendus (Congo, Angola, Tanzanie, Soudan...) seraient à terme menacés d'implosion, car la même situation peut se répéter sur une petite échelle, de province à province, de commune à commune... jusqu'à ce que l'Afrique devienne une sorte de Yougoslavie à l'échelle d'un Continent.

Le Rwanda occupe une place centrale dans cette nouvelle manière de présenter les questions africaines. Non seulement du fait de son rôle politique et militaire, mais aussi parce que, depuis le génocide, le mot "Rwanda" a une charge passionnelle. Pour les uns, un peu à l'instar de ce qui s'est passé autrefois pour les Juifs du fait de la Shoah, il est définitivement exclu que des rescapés d'un génocide puissent mal agir, et le Rwanda est définitivement revêtu de l'armure immaculée du preux

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chevalier qui cherche tout au plus sa sécurité et celle de ses malheureux frères dispersés. Pour les autres, au risque parfois de friser la rhétorique des génocidaires, sinon d'y retomber carrément, ce pays serait dirigé par une clique d'épouvantables impérialistes, ne rêvant que de pillages et de conquêtes...

Quid ? Essayons d'y voir clair.

Et d'abord, question apparemment idiote: que veut dire "Rwanda" ?

"Ru" est un préfixe augmentatif, et la racine contient l'idée de distance, d'étendue, de parcours. C'est donc "le pays où l'on peut aller loin" autrement dit: "le pays étendu". Serait-ce significatif ?

Epoque pré-coloniale:

La région des Grands Lacs, située au centre du continent, a été colonisée tard1. Les ravages de la traite n'y ont pas sévi et de ce fait ces sociétés, y compris leur "mémoire collective" étaient dans un bien meilleur état lorsqu'elles vinrent en contact avec les colonisateurs, que celles de régions plus exposées.

De ce fait, nous disposons comparativement de beaucoup de données sur le passé de ces régions.

On ne peut qu'être frappé par une constante: le peuplement de cette région a toujours été, pour l'Afrique, extrêmement dense. Il suffit pour s'en rendre compte, de regarder une carte et de comparer la superficie que représentent le Rwanda et le Burundi réunis (environ 2 x la Belgique). C'est là avant tout que l'on trouve les utilisateurs du rundi/rwanda2. Ils sont environ 15 millions. Les swahiliphones, eux, avec toute la Tanzanie, près de la moitié du Congo et une portion conséquente du Kenya, ne sont que le double: une trentaine de millions.

Première conséquence: les Rwandais ont toujours té à deux doigts de la catastrophe: une sécheresse ou des pluies trop abondantes, une épizootie décimant le bétail, et c'était la famine... qui résolvait le problème pour un temps en éliminant une partie de la population. La guerre joua elle aussi un rôle régulateur. L'espace des Grands-Lacs, en effet, en ce compris l'actuel territoire de l'état rwandais, fut autrefois divisé en une multitude de mini-états, qui n'ont pas cessé de se faire des guerres acharnées.

C'est là un autre régulateur de population, d'autant plus que la guerre, éliminant surtout des hommes jeunes, élimine aussi leur descendance potentielle.

Deuxième conséquence : on est toujours amené à chercher la solution des problèmes résultant de la surpopulation en cherchant de l'espace. Il y a la version brutale, qui est la conquête. Il y a aussi l'émigration vers d'autres pâturages que l'on espère plus verts, et surtout moins encombrés.

Il en résulte une situation paradoxale et qui recèle une menace. Le paradoxe, c'est que si l'on envisage l'étendue du Rwanda pré-colonial, on est forcé de dire qu'il était à la fois plus petit et plus grand que ce qui est aujourd'hui le Rwanda "officiel". Plus petit en ce sens que les régions effectivement contrôlées sans conteste par les bami Nyiginya à l'arrivée des Allemands ne faisaient même pas le Rwanda actuel (les fusils du colonisateur y mirent bon ordre). Plus grand en ce sens que des populations rwandaphones et se sachant issues, de plus ou moins loin de souche rwandaise, se sont répandues assez largement en dehors des frontières rwandaises actuelles, sur des terres qui sont aujourd'hui en Ouganda, au Congo, en Tanzanie ou au Kenya. Quand, dans cet espace, la colonisation va créer un espace unifié, soumis à un seul pouvoir, mais clos et n'ayant plus d'exutoire guerrier pour éliminer ses surplus démographiques, elle va, en fait, amorcer une bombe...

a) la conquête éternellement ratée

Du côté des expéditions guerrières de conquête, les Rwandais ont mis une remarquable obstination a se casser sans cesse le nez sur le même mur: le Bushi, qu'ils appellent le Bunyabungo (en termes grossier: la région de Bukavu). Le Sud était bouché par le Burundi. Il y eut bien des guerres entre les

"royaumes jumeaux", mais il semble bien que la frontière (la rivière Akanyaru) soit l'une des plus vielles d'Afrique3. La situation au Nord était à peu près pareille: les royaumes situés dans l'actuel

1 On n'a jamais trouvé trace d'un traité par lequel les Rwandais auraient formellement accepté la "protection" de l'Allemagne. On considère en général que l'autorité coloniale était fermement établie et ne fut plus (ouvertement) contestée à partir de 1904. A titre de comparaison, la destruction du royaume Kongo par les Portugais date de la bataille de Mbwila, en 1665...

2 Si l'on met entre parenthèse des différences non de langue, mais d'accent ou de tournure, la différence lexicale entre les deux langues est de 5% et on peut donc les considérer comme deux dialectes d'un même parler.

3 C'est même un fait exceptionnel que cette frontière formant une ligne nette, sans une zone vague de "no man's land entre les deux Etats. Un tradition rundi rapporte que, poursuivant un homme qui avait conspiré contre

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Ouganda étaient de taille à se défendre. Les territoires situés à l'Est avaient la meilleure des défenses:

ils n'offrent rien d'intéressant: tantôt arides, tantôt marécageux, et perçus comme trop bas, insalubres ou dangereusement exposés...Quelques pionniers individuels peuvent s'y risquer, mais on ne se bat pas pour ça !

Vers l'Ouest, par contre, le Kivu congolais se présentait comme accessible, aisément habitable en ce sens qu'il ressemble au Rwanda et permet donc le même mode de vie. Les royaumes Shi, Hunde et Havu font d'ailleurs, eux aussi, partie des civilisations interlacustres. Et les guerriers rwandais s'en furent donc régulièrement prendre une peignée au Bunyabungo.

Détail intéressant: une tradition rapporte en détail la "veste" la plus mémorable qu'ils y aient prise, et où périt le mwami Ruganzu Ndoli. On nous dit qu'avant d'entreprendre la conquête, un conseil eut lieu au cours duquel la majorité estimait que "s'il nous faut de nouvelles terres du côté du Bunyabungo, nous devons en faire la conquête par la terre dont on construit les maisons" (= s'y installer pacifiquement). Sur quoi Ruganzu Ndoli aurait piqué la grosse colère, exigé au conseil la présence de certaines personnes connues pour être des "Va-t-en Guerre" et, finalement, arraché la décision d'attaque à un conseil résigné… Il s'ensuivit une terrible défaite et la mort de Ruganzu Ndoli.4 A cette époque donc, l'agressivité n'était le fait ni des Rwandais dans leur ensemble, ni de la majorité de leurs dirigeants, mais d'une poignée d'enragés seulement. Ils se firent tuer à la première bataille... C'était le bon temps...

b) les réfugiés

Dès avant la colonisation, on assiste à des déplacements de populations à partir du Rwanda qui présentent de grandes analogies avec nos actuels départs de réfugiés politiques ou économiques.

Politiquement, nous avons déjà évoqué les multiples guerres de conquête interne qui sévissaient au Rwanda. Il faut ajouter que la succession des bami donnait fréquemment lieu à des contestations pouvant aller jusqu'à la guerre civile. Dans l'un et l'autre cas, les perdants pensaient fréquemment que l'air serait meilleur pour leur santé à quelque distance du Rwanda.5

D'autre part, nous avons vu que la démographie, les accidents climatiques et les epizooties causaient périodiquement des famines au Rwanda. Ajoutons que quand un pays est surpeuplé, des zones voisines plus ou moins vides exercent toujours un attrait. Pour peu que la faim s'y ajoute, cet attrait devient une aspiration irrésistible. Pour des raisons d'accessibilité et de ressemblance avec le paysage rwandais, cette immigration concerna surtout le Kivu et le Bwisha.

Ce sont ces immigrés anciens qui fournirent la souche dont sont issus les Banyamulenge qui firent à un moment donné couler beaucoup d'encre. Que l'immigration est ancienne, on peut en trouver une preuve dans le fait qu'on ne sait plus trop ce que le mot veut dire ! "Banya..." signifie "les gens de...".

Mais de quoi au juste ? Les uns invoquent un ancêtre qui se serait appelé Mulenge. D'autres avancent l'existence d'une localité dénommée "Lulenge" (où était-elle ? Mystère !) où se serait tenu un marché où les nouveaux venus seraient venus échanger leurs produits avec les premiers occupants. D'où le nom qui voudrait dire alors "les gens (que l'on rencontre) à Lulenge".

Quoi qu'il en soit, il en découle deux faits: Premièrement, des gens de langue et de culture rwandaise sont présents depuis longtemps dans l'Est du Congo6. La frontière entre les deux pays, du point de vue de la population et de la géographie humaine est donc tout sauf taillée à la hache. Il y a plutôt transition progressive. Deuxièmement: ces gens savaient fort bien qu'ils n'étaient plus au Rwanda. La plupart des peuples bantous se montrent accueillant envers les nouveaux venus et leur accordent le droit de s'établir, mais exigent en même temps la reconnaissance de leur statut de premier occupant et

Mwezi Gisabo, mwami du Burundi, et sur le point de lui mettre la main au collet, les hommes de Gisabo durent s'arrêter à l'Akanyaru "parce que passer la rivière aurait été comme frapper Rwabugiri" (Kigeri Rwabugiri, alors mwami du Rwanda). (J.P. CHRETIEN, colloque de Bujumbura, 1981)

4 A la suite de quoi plus aucun roi ne régna sous le nom de Ruganzu. Source: Alexis KAGAME, ibidem, 1981.

5 Entre le Rwanda et le Burundi, cette émigration politique marchait dans les deux sens. Ainsi, lorsque les Burundais détruisirent le royaume du Bugesera, la famille régnante trouva refuge au Rwanda et, par la suite, fournit même quelques reines-mères au Rwanda.

6On admet couramment que leur présence remonte au XVI° siècle.

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une certaine préséance de principe de ce fait7. Il est donc hors de doute que les Rwandais déplacés ne pouvaient en rien s'imaginer qu'ils étaient en train d'élargir le Rwanda.

Epoque coloniale

De cette situation qui déjà ne se distinguait pas par sa limpidité, différent faits de la période coloniale vont faire un véritable "sac de noeuds".

a) Berlin 1885

Lors du partage de l'Afrique, le centre du continent était fort peu connu. Aussi les frontières, dans ces régions, furent-elles tracées à l'aveuglette. Au Nord du Congo, une frontière rectiligne fut tracée provisoirement entre les possessions françaises et celles de Léopold II, les parties étant d'autre part d'accord pour remplacer cette ligne idéale par le cours de rivières… dès que celles-ci seraient découvertes.

A l'Est, la frontière séparant le Congo de l'Ouganda (britannique) et du Ruanda-Urundi (faisant partie de l'Afrique Orientale allemande) fut d'abord fixée conventionnellement sur la ligne de partage des eaux entre les bassins du Congo et du Nil.

Ce faisant, on offrait le part du lion à Léopold II. En effet, le quart Nord-Ouest du Rwanda déverse ses eaux dans le lac Kivu, donc dans le Congo et aurait donc dû faire partie de l'Etat Indépendant. c'était d'autant moins logique que les explorateurs allemands avaient bien été les premiers à traverser le Rwanda et à toucher le lac Kivu8.

Outre cet illogisme, on se heurta à une difficulté pratique. Alors que le Rwanda est bordé, à l'Ouest, de reliefs considérables avoisinant les 4000 mètres, les affluents les plus lointains du Nil et du Congo n'en sont pas moins d'infimes ruisselets qui sortent de bas-fonds marécageux9.

b) 1885-1912: "le Contesté".

Alors que la frontière avec les possessions françaises, en principe si claires grâce à de larges rivières, donna lieu à d'âpres contestations où l'on ne fut pas loin de se tirer dessus, la situation pour le moins floue de la frontière orientale fit l'objet d'un accord amiable. Anglais, Allemands et représentants de Léopold II, puis de la Belgique après la reprise de 1908 travaillèrent en commissions mixtes de cartographes militaires pour fixer une frontière définitive.

Tout cela se déroula fort bien, de sorte que la région concernée ne mérite en fait guère le nom qu'on lui donna dans le jargon colonial pendant les vingt-cinq ans que dura cet arpentage, à savoir "le Contesté".

Durant toute cette période, cette région fut administrée en une sorte de "condominium", les Blancs des trois nationalités étant considérés comme ayant autorité. On ne sait trop ce que les indigènes pensèrent de cette abondance bigarrée de colonisateurs, ni quel fut leur degré de perplexité. En ce qui concerne les Blancs, les archives gardent trace d'une atmosphère de joyeuse camaraderie où, au hasard des colis qui arrivaient d'Europe, on se réunissait pour partager suivant le cas la choucroute, le plum-pudding ou le jambon d'Ardenne.

En 1910, les cartographes finirent par accoucher de la frontière actuelle, que les trois métropoles acceptèrent avec une sage lenteur , de sorte qu’elle ne prit force de loi qu’en 1912. En fait, elle demeura en place pendant... deux ans. Puis la guerre de 14 vint remettre les choses en question. On en retiendra encore une fois un élément qui ne peut qu'avoir gravé dans l'esprit des gens que cette frontière était éminemment élastique et floue. Quand on a circulé librement pendant vingt-cinq ans, il faut plus que deux ans pour changer d'habitudes.

7 Citons parmi les cas connus, les Luba qui ne désiraient pas être absorbés par l'Empire naissant (XVI°s.) et allèrent demander "asile politique" aux Hemba. On les connaît d'ailleurs sous le nom de "Luba-Hemba". Dans le domaine des réfugiés économiques, les Bemba furent autorisés à s'établir en territoire Tabwa, dans les Marungu au début du XIX° siècle.

8 Livingstone et Stanley mentionnent le Kivu, dont on leur a parlé. Ils ont même touché l'embouchure de son déversoir, la Rusizi, dans le Tanganyika. Mais ils n'y ont jamais été et croient même que le nom est celui d'une rivière.

9En d’autres termes, la ligne de partage des eaux entre les deux bassins y est fort décalée par rapport à la ligne de crêtes. Cette situation n'est pas exceptionnelle en milieu subtropical. On la retrouve, sur une échelle gigantesque, entre les bassins de l'Orénoque et de l'Amazone, alors qu'il y a entre eux rien moins que la Cordillère des Andes!

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c) conséquences de 14-18

Or, précisément, à la fin de la Première Guerre Mondiale, l'Afrique orientale allemande va être partagée entre les Britanniques (Tanganyika, future Tanzanie) et les Belges (Ruanda-Urundi). Ce n'est toutefois pas une fusion avec des colonies préexistantes (Kenya, Congo) mais un mandat de la Société des nations, de sorte que le Rwanda et le Burundi demeurent juridiquement des entités distinctes du Congo.

D'un certain point de vue, on peut se demander si la disparition de l'A.O.A. n'a pas eu pour le Rwanda et le Burundi des conséquences dommageables.

En effet, les Allemands administraient leur colonie comme un tout. Ainsi, même si bien sûr les résidents allemands ne tardèrent pas à apprendre le kinyarwanda, la langue de l'administration fut, comme pour tout le reste de l'AOA, le swahili10. D'autre part, il entrait dans leurs projets, après avoir construit la voie ferrée Dar-es-Salam - Kigoma, de construire un embranchement qui aurait désenclavé le Ruanda-Urundi et l'aurait relié à la côte Est du continent, beaucoup plus proche que la côte atlantique.

Le mandat SDN contraignait la Belgique, quand bien même elle aurait aimé fusionner ces nouveaux territoires avec le Congo, à n'en rien faire. Une conséquence du mandat fut que les deux pays, dès 1920 furent condamnés à devenir un jour indépendants dans leurs frontières actuelles, c'est à dire comme des états dont la viabilité économique est fort problématique. Par contre, sur le plan pratique, on prit l'habitude de considérer que la frontière de 1910 n'en était pas vraiment une, et de penser en termes de "Congo + Ruanda-Urundi", orientant les voies de communications vers la colonie belge...

Cela eut des résultats pittoresques au moment de l'indépendance car on s'aperçut alors que l'aéroport de Bukavu avait été construit en territoire rwandais et l'on dut en aménager dare-dare un autre !

Or, pendant que les circonstances favorisaient ainsi le particularisme rwandais qui ne put être dilué ni dans l'Afrique orientale, ni dans le Congo, la colonisation imposait également le modèle d'un Rwanda unitaire et uniformément soumis à un pouvoir central: celui du mwami, du vice-gouverneur et du résident.

Il suffit d'ouvrir les documents coloniaux belges des années 20 pour voir que ce qui a fait saliver les Belges à la vue des Territoires Occupés dès qu'ils en eurent pris le contrôle, fut la densité de la population. Quelle réserve de main d'oeuvre ! On déchanta un peu par la suite. Il y eut bien sûr des rwandais et des burundais pour aller individuellement travailler au Congo, et même aussi loin que dans l'industrie katangaise du cuivre. Par contre, on renonça assez vite à transporter des Rwandais avec armes, bagages et familles dans le Kivu en vue de sa mise en valeur agricole. Les raisons en furent multiples mais l'une d'entre elles mérite notre attention: on11 s'aperçut que les Rwandais déplacés se considéraient toujours comme Rwandais et comme devant allégeance au mwami.

Guy DE BOECK

10 Le mwami Musinga écrivait – ou plutôt dictait - dans cette langue ses lettres au Résident allemand.

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Dans ce "on" est compris le futur Gouverneur Général Rijckmans, alors jeune agent

territorial au R.U.

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