• No results found

01/09/12/

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Share "01/09/12/"

Copied!
46
0
0

Bezig met laden.... (Bekijk nu de volledige tekst)

Hele tekst

(1)

01/09/12/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum)

Les sujets évoqués par la maigre presse congolaise de ce jour sont le retrait de certains militaires rwandais en RDC, la lutte contre l’exploitation illégale du bois (souvent curieusement appelée « braconnage ») en RC, la part prise par le gouvernement dans le combat contre le virus d’Ebola, la mort du Professeur Georges Defour.

Si la presse congolaise est maigre, par contre la partie de cette Rp que nous consacrons à la presse internationale a des allures si charnues que l’on peut parler d’obésité. Cela nous force, une fois de plus, à recourir au PDF, en exprimant tous nos regrets aux lecteurs pour lesquels cela posera un problème, du fait de la lenteur de leur connection.

Est et RDC/Rwanda

Le Potentiel écrit « Traque des Fdlr, Rutshuru : des soldats rwandais se retirent sans partir de la Rdc ».

James Kabarebe est le premier à faire état de la présence des troupes rwandaises, évoluant au sein d’une force spéciale conjointe avec les Fardc, pour la traque des Fdlr.

Selon Radio Okapi, des soldats des RDF et des Fardc se retirent des forces spéciales entre la Rdc et le Rwanda pour traquer les Fdlr à Rutshuru au Nord-Kivu. Selon le confrère, ces forces spéciales du Rwanda et de la Rdc sont déployées depuis février 2011 pour la traque des Fdlr. Et vendredi dernier, dans plusieurs villages du Nord-Kivu, les populations locales ont constaté le départ de ces militaires pour une destination inconnue, note le journal.

Lambert Mende, le porte-parole du gouvernement, n’a pas manqué l’occasion et a déclaré, jeudi 21 juin, que « le problème des FDLR tire ses origines du Rwanda ». «Nous avons difficile à croire que le Rwanda ne soit pas considéré comme partie intégrante des problèmes qui ont surgi dans cette partie de notre pays dans la mesure où le cœur du problème, comme le président Kagame lui-même l’a défini c’est les FDLR. Or les FDLR, ce sont des Rwandais. Par ce fait même, le problème ne peut pas être défini comme congolo-congolais», a affirmé Lambert Mende.

« Le communiqué rwandais annonçant le retrait de ses troupes de la RDC est surprenant, constate RFI, parce que le Rwanda n’était plus censé avoir des troupes en RDC. Des troupes rwandaises sont effectivement entrées en territoire congolais début 2009 pour mener une lutte conjointe avec l’armée congolaise contre les rebelles hutus rwandais FDLR. Visiblement, elles ne s’étaient pas toutes retirées. Cette présence devenait problématique à l’heure où le Rwanda est maintenant accusé de soutenir la mutinerie du M23 entré en guerre contre l’armée congolaise ».

(La propagande rwandaise oscille en effet entre deux thèmes : le premier consiste à parler de « problème congolo-congolais» en décrivant le M23 comme un mouvement de mécontentement des soldats « congolais rwandophones » : le second consiste à attribuer tout ce qui va mal, et en particulier les exactions marquées par une brutalité particulière, aux FDLR « génocidaires ». C’est à propos des FDLR aussi que le Rwanda s’en prend à la crédibilité de Steve Hege, coordinateur de l’équipe d’experts de l’ONU qui accuse le Rwanda de « soutenir » le M23. NdlR)

Le Potentiel note aussi « Province-Orientale : les Fardc tuent 18 combattants du groupe Morgan à Lulumo ».

Il qui dit que des affrontements entre les Fardc et les miliciens proches de Morgan à Lulumo, dans le district d’Ituri, ont fait 18 morts dans les rang des rebelles.

Divers

La Prospérité nous fait savoir « Situation épidémiologique d’Ebola : aucun suspect à Kinshasa !».

(2)

La fièvre hémorragique virale d’Ebola n’a pas atteint la ville de Kinshasa, même pas la commune urbano-rurale de Maluku, porte d’entrée à partir de l’Est. La dysenterie dont souffraient certains riverains à Maluku n’est pas d’origine virale. Les efforts sont consentis pour que cette épidémie qui sévit dans la province Orientale, singulièrement dans la zone de santé d’Isiro, soit maîtrisée, à en croire notre consoeur. C’est ce qu’a dit le ministre de la Santé publique, Dr. Kabange Numbi.

La Prospérité titre aussi « Exploitation illégale du bois congolais : Bavon N’sa Mputu en guerre contre les braconniers ! »

Plus question d’exploitation et de commercialisation illégale du bois congolais, ainsi en a décidé le ministre de l’Environnement, M. Bavon N’sa Mputu. Le ministre l’a annoncé devant la presse hier.

« Le Père fondateur de l’ISDR/Bukavu n’est plus, Le Professeur Georges DEFOUR s’est éteint à l’âge près de cent ans, son corps sera inhumé à Bukavu » peut-on lire sur le site web du gouvernorat du Nord-Kivu.

Très célèbre dans le monde de l’éducation pour avoir fondé l’Institut Supérieur de Développement Rural à Bukavu ISDR, le Révérend Père Georges DEFOUR (pére blanc) s’est éteint en Belgique, le 21 août 2012 à quelques quatre mois avant d’atteindre cent ans âge sur la terre des hommes. Son corps vient d’être rapatrié ce jeudi 30 août 2012 à Bukavu via Bujumbura ou une veillée mortuaire a été organisée par les xaveris Burundais. (A l’intention de nos lecteurs « novices » : Les « Xaveri » sont un mouvement d'Action Catholique de la jeunesse, analogue au « Patro » ou à la « Chirojeugd » belges.

Ils sont surtout répandus en RDC, au Rwanda et au Burundi. NdlR)

Presse et documents étrangers

La prolixité de la presse internationale tient surtout à deux événements de la semaine qui vient de s’écouler : l’annonce de la présence de François Hollande au XIV° Sommet de la Francophonie et l’examen par la Commission des Sanctions de l’ONU du différend RDC/Rwanda.

La question de la présence de FH au XIV° Sommet de la Francophonie tient avant tout à ce que l’on veut en faire un commentare implicite des élections du 28/11/11. Celles-ci ont donné des résultats qui, en réalité, sont encore inconnus. Les fraudes les plus importantes ayant eu lieu au niveau des centres de compilation, on ne pourrait se rapprocher de la « vérité des urnes » qu’en se référant aux PV des bureaux de vote, dernière opération publique et vérifiée par des témoins. Les chiffres de la CENI ne s’accompagnaient pas de ces PV, les chiffres publiés par l’UDPS, non plus. L’Eglise n’a jamais publié les résultats partiels constatés par ses observateurs. On n’a donc que des résultats dont la crédibilité est nulle. Les législatives ont été dignes de la présidentielle, sinon pires. Mais la CSJ a entériné les résultats de la présidentielle et des législatives. Le temps s’est écoulé, les résultats des élections demeureront à jamais inconnus. Toute autorité prétendue ne relève plus que de la force, de l’intimidation, d’un coup d’état de fait. Le principal ressort de ce coup d’état consiste à progresser, comme si de rien n’était, dans les tâches qui suivent normalement une élection et à mettre le pays et le monde devant le fait accompli.

Le « boycott » - et, conséquemment la « politique de la chaise vide » - était l’une des options possible. Hollande n’a pas choisi celle-là.

La session de l’ONU coïncidait dans le temps avec la visite au Congo et au Rwanda de Didier Reynders. Un ministre en voyage emmène toujours avec lui un certain nombre de journalistes qui ne se font bien sûr pas faute d’interviewer ou de commenter. Le fait que le Rwanda s’en soit pris personnellement au coordinateur des experts de l’ONU a également rajouté un certain « sel » au ragoût.

La diaspora n’a de son côté pas manqué de participer au débat sur « l’Internet congolais », sur l’un et l’autre des deux sujets.

(3)

Pourquoi il faut se rendre, malgré tout, à Kinshasa Mediapart - 26 Août 2012

Pouria Amirshahi, député PS des Français de l'étranger et secrétaire national à la coopération et à la francophonie, enjoint François Hollande à se rendre au sommet de la

Francophonie à Kinshasa en octobre prochain pour défendre « les principes de liberté et d'État de droit, donner la parole à la société civile, proposer de partager [un nouveau

projet de la francophonie]. Et nous verrons que les opposants, journalistes, artistes, intellectuels, mais aussi la jeunesse congolaise ne prendront pas cela pour une trahison

mais au contraire comme un acte solidaire et courageux. »

L’ouverture, le 19 juin dernier, du procès en appel des assassins de Floribert Chebaya et de son chauffeur Fidèle Bazana nous rappelle le prix exorbitant que les défenseurs des droits de l’homme congolais ont payé et continuent de payer pour leurs engagements. La figure de Floribert Chebaya reste un exemple pour ses compatriotes engagés dans la lutte pour le changement politique en République Démocratique du Congo, et au-delà, pour tous les citoyens d'Afrique qui vivent sous le régime de la peur et de l'arbitraire.

Récemment, des voix ont enjoint le président de la République François Hollande à ne pas se rendre au prochain sommet de la Francophonie, qui se déroulera dans la capitale congolaise, Kinshasa, en octobre prochain. Leur argumentation s’appuie, entre autres raisons, sur l’élection contestée, et effectivement contestable, de Joseph Kabila en novembre 2011, ce qu’ont constaté les observateurs internationaux. Il est possible que le pouvoir congolais actuel attende impatiemment ce sommet pour rasseoir une légitimité qu’il a été incapable d’obtenir régulièrement par les urnes. Dès lors, pour beaucoup, il s'agit de ne pas faire le jeu du pouvoir. Certes. Mais alors ? Comment tendre concrètement la main à la société civile au-delà des seules postures morales décrétées de loin ? Comment parler aux millions de Congolais qui ne se sont pas reconnus dans ce scrutin ? À l'inverse, en cas de présence à Kinshasa, comment briser les convenances diplomatiques et ne pas, de fait, être complice d'un pouvoir jugé liberticide ?

La politique de la chaise vide ne changera pas la situation politique en République Démocratique du Congo. Au contraire. Qu’il me soit permis d'affirmer ici qu’isoler certains pays correspond le plus souvent à une absence de politique et n’œuvre en rien pour le bien-être des populations. A contrario, les honneurs maintes fois rendus aux ex-chefs d'État Ben Ali et Moubarak, ont été choquants – rappelons au passage qu'ils n'ont nullement empêché les peuples de faire tomber les régimes de ces pays. Entre ces deux écueils – la seule condamnation de principe et la compromission –, il faut inventer une nouvelle voie.

Se rendre à Kinshasa, ce n’est pas donner un blanc-seing à Joseph Kabila. Se rendre à Kinshasa, c’est saisir l’opportunité d’attirer l’attention de la communauté internationale sur la situation politique et sécuritaire au Congo. Ce peut être l’occasion de briser l’isolement des militants des droits de l’homme locaux. À cette fin, les autorités françaises doivent dès à présent s’assurer que notre délégation pourra rencontrer librement les acteurs de la société civile, avec pour objectif de tisser et de renforcer nos liens avec elle, car c’est elle qui possède les clefs de l’avenir du pays.

Se rendre à Kinshasa c’est aussi, au-delà de la capitale congolaise et de sa société civile si active et vivante, marquer sa solidarité avec le peuple congolais martyrisé par des années de guerre. Une guerre qui n’est pas totalement terminée, à l’Est, avec des menaces sur l’intégrité territoriale de ce grand pays, et une population qui continue à souffrir de déplacements, meurtres, exactions de toutes sortes.

(4)

Surtout, la présence du président de la République française à Kinshasa ne se placerait pas dans le cadre d'une visite officielle d'État mais dans celui d'un moment dédié à la Francophonie. Cette dimension est capitale.

La langue française n’est plus la nôtre, et elle n'est plus, de fait, une langue de domination. Et c’est une bonne nouvelle. Elle est désormais véhiculée et nourrie par de nombreuses cultures francophones, aussi différentes soient-elles. Elle est vécue différemment par les peuples qui la composent : langue nationale au Québec, langue politique en Wallonie, « trésor de guerre » au Maghreb, langue d’émancipation pour de nombreux peuples d’Afrique de l’Ouest et centrale, langue de la République pour les Français, la francophonie est un univers mental riche de représentations. En même temps son ambition repose sur une vertu essentielle : l’égalité de patrimoine, la langue.

La langue française peut constituer un outil autant qu’une réponse à de nombreux pays de la planète s’ils décident de s’allier durablement pour organiser un nouvel espace de coopérations économique, culturelle, scientifique et éducative. Il est temps de proposer un nouveau projet de la francophonie à condition que celui-ci ne se confonde pas avec la seule obsession de la grandeur de la France mais incarne une communauté de destin, tournée vers le co-développement et assumée entre plusieurs peuples.

Dans ce cadre, des outils nouveaux peuvent constituer autant d'armes démocratiques pour les sociétés civiles d'aujourd'hui et pour les générations de demain. À titre d'exemples : un Passeport économique et culturel de la Francophonie, un Erasmus francophone, un réel espace médiatique francophone...

Ne pas se saisir du prochain sommet de la francophonie pour plaider en faveur de ce nouvel horizon commun reviendrait à rater un train essentiel de l'Histoire en marche, à l'heure d'une mondialisation qui démantèle plus qu'elle n'organise.

Pour toutes ces raisons, il me semble nécessaire de se rendre à Kinshasa. Pour cela, il faudra éviter deux écueils : celui de la chaise vide d'une part, celui du silence – forcément complice – d'autre part. Et à la condition qu'avec d'autres, la France formule un nouvel horizon francophone, qui se veut aussi un espace citoyen et démocratique.

Monsieur le président de la République française, allez à Kinshasa, défendez les principes de liberté et d'État de droit. Donnez la parole à la société civile. Proposez de partager un nouveau rêve commun, celui de la francophonie. Et nous verrons que les opposants, journalistes, artistes, intellectuels, mais aussi la jeunesse congolaise ne prendront pas cela pour une trahison mais au contraire comme un acte solidaire et courageux.

Rwanda : Reynders veut « mater les mutins » COLETTE BRAECKMAN - Le Soir - 26 août 2012

Après avoir visité le camp de réfugiés de Nkamira, le ministre des Affaires étrangères a rappelé l’urgence d’une « pacification » de la région.

À peine arrivé au Rwanda, samedi, le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders a été confronté au malheur des Tutsis, lorsqu’il s’est arrêté dans le camp de réfugiés de Nkamira, au-dessus de la ville frontalière de Gisenyi. Il a pu y constater les conséquences de la haine et de l’exclusion. « Sur nos collines du Masisi (au Nord Kivu congolais), nous avons été attaqués par une coalition de divers groupes armés, des Mai Mai, des FDLR (hutus rwandais), qui nous ont pillés et chassés », a expliqué Samuel, un berger originaire de Gihanga, une commune burundaise à la frontière du Congo.

Depuis le début des combats et des violences interethniques qui frappent l’est du Congo, quelque 20.000 personnes sont arrivées dans le camp de Nkamira. Avec des accents pathétiques, des femmes, majoritaires ici, ont entretenu Reynders de leur calvaire : «

(5)

Nous avons été battues, violées, chassées. Ici, nos enfants manquent de lait et les vivres sont insuffisants. »

Certains récits ont « horrifié » le ministre mais l’empathie, la compassion, ne lui ont pas fait perdre le sens des proportions. S’il a promis une aide accrue de la Belgique, le chef de la diplomatie a aussi rappelé, devant la presse, que le territoire congolais compte lui aussi plus de 200.000 déplacés. Didier Reynders a rappelé l’urgence d’une « pacification

» de la région, en utilisant un terme fort : « Il faut mater les mutins », ce qui ne manque pas de courage car beaucoup de ces réfugiés sont probablement des sympathisants du mouvement rebelle M23, à l’origine d’une recrudescence des violences…

Des menaces anti-Tutsis exploitées par à Kigali

Les témoignages recueillis à Nkamira méritent d’être décryptés. Ils permettent de comprendre pourquoi des militaires tutsis intégrés à l’armée gouvernementale congolaise avaient refusé de quitter le Nord Kivu et d’être mutés ailleurs dans le pays : ces soldats affirmaient vouloir protéger les populations, tutsies elles aussi, qui, après leur départ, auraient pu être visées par des attaques à connotation ethnique, menée par divers groupes armés congolais et des réfugiés hutus rwandais « génocidaires ».

Les récits recueillis à Nkamira tendent aussi à démontrer que, depuis que les mutins du M23 ont été chassés de leur fief du Masisi par l’armée congolaise et se sont repliés à Bunagana, sur la frontière du Rwanda et de l’Ouganda, ces vertes collines ont été attaquées par d’autres groupes : entre autres, des Hutus et des Mai Mai congolais, qui s’en sont pris aux troupeaux des éleveurs.

Malgré les dénégations officielles, il est certain que le Masisi est considéré au Rwanda comme une sorte d’« hinterland » naturel : c’est là que de grandes familles et des officiers de haut rang, à l’étroit dans le petit Rwanda où les vaches doivent rester à l’étable par manque de place, font paître des dizaines de milliers de têtes de bétail, gardés par des bouviers armés…

À Nkamira, le Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) fait toutefois preuve de prudence : sur 600 réfugiés interrogés avec soin, il est apparu qu’un tiers des témoignages présentés a été jugé non crédible ! Si les femmes assurent que leurs maris ont été tués, certaines d’entre elles, au détour d’une conversation, se trahissent, se demandant quand elles retrouveront leur époux, ce dernier ayant vraisemblablement été recruté dans les rangs des mutins ! Un homme nous a d’ailleurs soufflés que, s’il avait fui, c’était pour éviter d’être recruté de force.

S’il est clair que les Tutsis vivant au Nord Kivu se sentent en insécurité, Kigali les encourage aussi à en faire la démonstration afin de justifier, implicitement, son souhait de voir des troupes « amies » se maintenir dans cette zone frontalière, qui forme un glacis à la fois sécuritaire, stratégique et économique.

Kinshasa privilégie un renforcement de la Monusco Le Vif / Belga - 20 août 2012

La RDC souhaite un renforcement du mandat de la force de paix des Nations Unies déployée sur son territoire pour combattre la mutinerie qui a pris les armes dans l'est du pays, avec le soutien présumé de Kigali - qui conteste en dépit d'un rapport d'experts de l'ONU -, a affirmé lundi le ministre congolais des Affaires étrangères, Raymond Tshibanda

N'Tungamulongo, appuyé par son homologue belge, Didier Reynders.

"Il va falloir que le Conseil de sécurité des Nations Unies adopte une résolution élargissant et renforçant le mandat de la Monusco (la Mission de stabilisation de l'ONU en RDC)", a affirmé le chef de la diplomatie congolaise en recevant M. Reynders en visite à Kinshasa - d'où il se rendra ensuite en fin de semaine dans l'est de l'ex-Zaïre.

Les chefs d'Etat de la région des Grands Lacs ont pris début août la décision de déployer une "force internationale neutre" chargée de mettre fin à l'action des groupes armés qui pullulent dans l'est de la RDC.

La RDC privilégie un renforcement de la Monusco - qui compte quelque 17.000 Casques

(6)

bleus, principalement déployés dans l'est, alors que Kigali semble favorable au déploiement d'une nouvelle force neutre, composée de troupes fournies par les pays de la région (à l'exception de la RDC, du Rwanda, de l'Ouganda et du Burundi, considérés comme trop impliqués dans la crise).

"La Monusco est sur place, nous privilégions l'idée de travailler au départ de la Monusco"

à laquelle "des éléments viendraient s'adjoindre". "Mais je reste attentifs aux demandes des pays de la région" des Grands Lacs pour la mise sur pied de cette "capacité de gestion de la frontière", a pour sa part affirmé M. Reynders lors d'une conférence de presse.

"La solution la plus efficace est une action conjointe de la RDC, du Rwanda et des autres partenaires de la région pour faire cesser cette rébellion", a-t-il ajouté en appelant les deux pays (Rwanda et RDC) au dialogue pour rétablir la paix et la sécurité dans cette région touchée par des violences récurrentes.

M. Tshibanda a toutefois minimisé les divergences de vues entre Kigali et Kinshasa sur la composition de ces troupes supplémentaires, soulignant que tous les chefs d'Etat de la région ont approuvé son principe. Et leurs ministres de la Défense, chargés d'en peaufiner les détails avant un nouveau sommet prévu début septembre de la Conférence internationale pour la région des Grands Lacs (CIRGL), ont convenu qu'elle devait être mandatée à la fois par l'ONU et par l'Union africaine (UA), a-t-il rappelé.

Le ministre belge a également salué la volonté de réforme affiché par la RDC dont l'Assemblée nationale doit se saisir dès le 15 septembre d'une réforme de la commission électorale. Les élections provinciales doivent être organisées "le plus rapidement possible, dans l'année qui vient", a-t-il dit.

A propos du procès en appel des assassins présumés du militant des droits de l'homme Floribert Chebeya Bahizire, le ministre a affirmé que son pays "suivait avec attention"

cette procédure qui selon lui doit se dérouler dans un "délai court et dans la plus grande transparence".

Une nouvelle audience de ce procès est prévue mardi à la prison de Makala à Kinshasa.

M. Chebeya, directeur de l'ONG La Voix des Sans-Voix (VSV), a été retrouvé assassiné le 2 juin 2010 dans une banlieue de Kinshasa. Le 23 juin 2011, un tribunal militaire de Kinshasa a condamné cinq policiers, dont trois par contumace, pour meurtre, arrestation illégale, détention et enlèvement, mais sans rechercher les commanditaires de cet assassinat.

Tribune: ce que peut changer le prochain sommet de la Francophonie Juan Branco- Slate Africa -27/08/2012

Pour Juan Branco, la France dispose, avec le sommet de Kinshasa, d'une opportunité unique pour redéfinir sa diplomatie dans les Grands Lacs et pour contribuer à la stabilité

dans cette région.

Mise à jour: Le président français, François Hollande, a annoncé ce lundi 27 août 2012, qu'il participera au prochain sommet de la Francophonie, prévu du 12 au 14 octobre, à

Kinshasa, en République démocratique du Congo.

Le suspense semble peu à peu se dissiper quant à la participation du président français François Hollande au sommet de la Francophonie, qui aura lieu à Kinshasa du 12 au 14 octobre 2012.

Après un quinquennat inconséquent en la matière, il s'agit d'une opportunité unique pour donner un nouvel élan à la diplomatie française dans l'Afrique des Grands Lacs.

Malheureusement, les premiers signes ne semblent pas abonder en ce sens. Les conditions évoquées par l'hebdomadaire Jeune Afrique quant à une participation de M.

Hollande lors du sommet de Kinshasa ne sont pas suffisantes.

Certes, réformer la Commission électorale de la RDC (CENI) et respecter les droits de l'opposition et de la société civile sont une nécessité primordiale.

La «mal élection» de Joseph Kabila, fin 2011, financée par l'Union européenne, et les réseaux de corruption comme de violence qui ont été mobilisés à l'occasion ne sont pas

tolérables.

(7)

Mais la CENI ne représente que la face émergée d'un vaste édifice politique qu'il faut déconstruire et qui s'appuie sur deux piliers qui rongent la RDC, et plus largement la région: l'impunité et la corruption.

Lutter contre les vraies plaies du pays

L'impunité tout d'abord, qui permet à des criminels contre l'humanité de vivre au grand jour dans le Nord-Kivu sans être inquiétés.

Le jeu des paix négociées qui sévit dans l'Afrique des Grands lacs depuis vingt ans et qui consiste à amnistier régulièrement les groupes armés responsables d'exactions doit être arrêté.

Une stratégie qui a fait de la violence le principal moyen d'émergence politique et économique dans une région où les taux d'Indice de développement humain (IDH) battent des records négatifs.

Cette exigence doit concerner à la fois Kinshasa, Kigali et Kampala, et avoir pour obligation première l'exigence de l'exécution des mandats d'arrêt de la CPI émis dans la région.

Le scandale consistant à voir Bosco Ntaganda, promu général en 2009 et vivant au grand jour dans la capitale provinciale malgré son inculpation pour crimes contre l'humanité par la cour de La Haye, ne peut être à nouveau toléré.

Loin de servir la stabilité régionale, l'impunité dont il a bénéficié lui a permis de renforcer ses troupes et de lancer une nouvelle rébellion, le M23, qui ronge aujourd'hui le nord-est de la RDC.

La seconde exigence doit concerner la lutte contre la corruption. Le réseau construit autour de Joseph Kabila par feu Augustin Katumba (ancien conseiller spécial de Kabila) n'est que la face la plus visible d'une pratique endémique qui trouve ses origines dans l'absence d'autorité de l'Etat sur son territoire et ses ressources naturelles.

Pillé par ses voisins, la RDC se pille elle-même, organisant sa propre fraude au profit de ses principaux dirigeants.

Souvent, ces réseaux sont organisés par les mêmes groupes rebelles amnistiés auxquels sont attribués des pans entiers du territoire.

Les menaces sécessionnistes qui ont cours au Katanga comme au Kivu ne pourront être écartées sans la fin de ces pratiques et un grand nettoyage des élites administratives et militaires concernées.

La France doit conditionner sa participation au sommet de la Francophonie à des engagements précis sur ces deux points, en sus des exigences déjà formulées.

Loin de se contenter de grandes leçons, elle peut apporter en retour une aide précise et s'engager aux côtés de la RDC.

En ce qui concerne la lutte contre l'impunité, la France doit tout d'abord condamner le soutien duRwanda au M23, comme l'ont fait toutes les grandes puissances.

La volonté, légitime, de rétablir des relations cordiales avec Kigali suite aux anicroches du précédent mandat ne peut se faire sur le dos des populations de la région.

La crise actuelle a provoqué le déplacement de 500.000 personnes et des milliers de victimes. Une prise de position ferme est nécessaire pour maintenir une cohérence dans l'action diplomatique française.

Une négociation d'ensemble sur la relance du partenariat économique franco-rwandais — Kigali manque cruellement de capitaux—, son souhait de siéger au Conseil de sécurité ainsi que la question du rôle de la France dans le génocide, pourraient être avancés en parallèle à la fin de son soutien au M23 et aux criminels inculpés par la CPI.

Aider à redéfinir le mandat des Casques bleus

La France peut et doit, dans le même mouvement, s'engager à soutenir une renégociation du mandat de la Monusco demandée par Kinshasa. Comptant près de 19.000 hommes et coûtant 1,4 milliard de dollars par an, la plus importante force de paix de l'ONU est impuissante à préserver l'intégrité territoriale de la RDC du fait d'un mandat trop ancien et timoré.

Face à l'incurie militaire de la RDC, seule une force internationale ayant des prérogatives offensives serait en mesure de freiner les appétits de ses voisins et lutter contre les

(8)

nombreuses milices qui essaiment son territoire, parfois avec sa bénédiction.

La France devrait s'engager à un soutien logistique a minima visant à exécuter les décisions de la CPI, que ce soit dans le cadre ce nouveau mandat, de la force neutre prévue ou d'une structure ad-hoc, comme la Force Artemis déployée par l'UE en 2003.

La France doit finalement aider la RDC à récupérer le contrôle de ses ressources naturelles.

Les processus de Kimberley (processus international pour le certification de diamants bruts qui réunit gouvernements et industriels du diamants) et la loi Dodd-Franck, visant à réguler la circulation des «minerais et diamants de sang» ont eu des effets paradoxaux, réduisant la production minière officielle sans pour autant mettre fin au pillage ni améliorer les conditions d'existence des populations locales.

La France, voire l'Union européenne, auraient tout intérêt à établir des partenariats

«donnant-donnant» avec la RDC prévoyant des investissements importants dans ses infrastructures contre une exploitation contrôlée de ses ressources naturelles.

Tirant les conséquences de la gabegie corruptrice qu'a provoqué l'accord Chine-RDC, la France peut et doit établir des engagements précis, sous la supervision de la société civile internationale, permettant le suivi et la traçabilité des investissements effectués.

Loin des processus néo-coloniaux actuellement en cours, une impulsion trilatérale incluant la France, la RDC et l'Union européenne, pourrait, si elle est ambitieuse et portée au plus haut niveau, permettre la mise en place d'accords-cadres innovants intégrant pleinement des exigences de transparence et de respect des droits de l'homme et de l'environnement.

Aujourd'hui, M.Kabila, dont le pays s'enorgueillit à juste titre d'être le plus grand foyer de la francophonie au monde, nécessite cruellement une reconnaissance internationale pour légitimer un pouvoir vacillant.

En mettant en jeu sa participation au sommet, la France dispose d'une opportunité unique pour redéfinir sa diplomatie dans la région et y contribuer au progrès des droits de l'homme, de la stabilité et du développement.

Faire preuve de manque d'ambition en ces circonstances serait une erreur difficilement réparable

RÉFLEXION - Comment prévenir la crise qui menace le Bassin du Congo ? (Jean-Paul Pigasse - Les dépêches de Brazzaville - 27/08/2012)

Alors que toutes les conditions sont réunies pour faire de cette région du monde l'une des plus dynamiques, des plus prospères et finalement des plus heureuses de la planète, une crise aux contours indéfinissables se dessine qui pourrait bien plonger le Bassin du Congo dans un chaos durable. Cette crise est la résultante de trois facteurs qu'il serait possible

de corriger sans trop de difficultés si les nations concernées d'une part, la communauté internationale d'autre part, se préoccupaient réellement de lui trouver une issue pacifique

avant qu'elle ne dégénère.

Résumés en quelques mots, ces facteurs sont les suivants:

1) La faiblesse du pouvoir central en République démocratique du Congo (RDC), le géant de l'Afrique centrale, faiblesse qui découle elle-même de l'immensité de ce pays aussi vaste que l'Europe.

2) L'extrême richesse des différentes nations et provinces de la région qui pousse de puissants intérêts extérieurs à entretenir les conflits ethniques permettant une exploitation criminelle de leurs ressources naturelles.

3) La compétition souterraine à laquelle se livrent les grandes puissances afin de garder ou de conquérir une position dominante dans l'une des régions les plus riches, les plus prometteuses de la planète.

L'observation attentive de l'actualité à laquelle nous procédons chaque jour pour les lecteurs des Dépêches de Brazzaville montre qu'au lieu de s'atténuer avec le temps, le danger s'accroît au fil des mois dans un climat d'indifférence générale qui laisse mal augurer de la suite des événements. D'une part, en effet, les troubles gagnent, en RDC, d'autres provinces que les deux Kivu, déséquilibrant chaque jour un peu plus l'ex-Zaïre;

(9)

d'autre part, la perspective d'une guerre imminente entre Israël et l'Iran, au Proche- Orient, conduit les « Grands » à considérer le golfe de Guinée, et donc l'Afrique centrale tout entière, comme l'un des enjeux majeurs de leur compétition.

Dans un pareil contexte, deux démarches et deux seulement, peuvent conjurer la fatalité avant qu'il soit trop tard :

- La première consiste à réformer les institutions du Congo démocratique de telle façon que celui-ci devienne une véritable fédération ou confédération. Les exemples de ce genre d'organisation politico-territoriale ne manquent pas de par le monde; elle est celle de tous les États qui s'étendent sur un vaste espace géographique tels, aujourd'hui, la Chine, les États-Unis d'Amérique, la Fédération de Russie, le Brésil, l'Inde et demain, sans aucun doute, l'Union européenne. Il n'est donc pas difficile de trouver un modèle.

- La seconde démarche consiste à construire enfin la communauté régionale qui fera du Bassin du Congo une entité organisée, structurée, pourvue de moyens d'intervention et donc capable de lutter efficacement contre les agressions directes et indirectes dont il est la cible. Sur ce terrain également les organisations dont les États de la région pourraient s'inspirer ne manquent pas et l'on peut être certain que la communauté internationale ne resterait pas indifférente si des initiatives concrètes étaient prises dans ce sens.

Une chose est certaine en tout cas, c'est que le temps presse. Car loin de se combler avec le temps, les lignes de fracture qui menacent le Bassin du Congo se multiplient aujourd'hui de façon inquiétante.

Okapis, gorilles, éléphants : les autres victimes de la guerre dans le nord-est du Congo

France 24 - 27/08/2012

Depuis près de cinq mois, la guerre fait rage dans le nord-est de la RD Congo, jetant sur les routes des milliers de civils qui fuient les combats entre la rébellion et l’armée

régulière. Dans une zone réputée pour ses réserves naturelles exceptionnelles, l’instabilité a aussi contribué à la prolifération des braconniers et des trafiquants en tout

genre.

D’après l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), cinq parcs du nord- est du pays sont actuellement menacés par l’instabilité régionale : le parc de Kahuzi- Biega, au Sud-Kivu, le parc national des Virunga, plus ancienne réserve naturelle d’Afrique située au Nord-Kivu, la réserve de faunes à okapis, située en Ituri, le parc national de la Garamba, situé dans la Province orientale, et celui de la Maïko, à cheval entre la Province orientale et le Nord-Kivu. Quatre de ces parcs figurent au patrimoine mondial de l’Unesco. Ils abritent des espèces protégées, parmi lesquelles le gorille des montagnes, l’okapi, l'hippopotame ou encore l'éléphant.

Le Congo, théâtre de deux guerres sanglantes ces 20 dernières années, connaît un nouveau cycle de violences depuis qu’un groupe de soldats déserteurs, baptisé M-23, a lancé en avril une offensive au Nord-Kivu contre l’armée congolaise. La rébellion a, depuis, réussi à prendre le contrôle de plusieurs villes clés de la région, semant la terreur au sein de la population. Elle est actuellement dirigée par le général Bosco Ntaganda, surnommé "Terminator", qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale depuis 2006 pour enrôlement d’enfants. La majorité des combats ont lieu dans la région du Nord-Kivu, une zone stratégique puisqu’elle dispose de ressources minières (or, cassitérite, coltan et pétrole) considérables.

"Des membres du M-23 organisent des visites pour les touristes"

Le pasteur Cosma Wilungula est le directeur de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN). Basé à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, il fait régulièrement des tours d’inspection dans les parcs de la région.

(10)

Depuis que la rébellion s’est réactivée au Nord-Kivu, d’autres groupes armés tels que les FDLR [Forces démocratiques de libération du Rwanda, forces armées composées majoritairement de Hutus venus du Rwanda, dont de nombreux génocidaires, NDLR] ou encore les Maï-Maï [groupes armés autochtones] profitent de l’instabilité pour s’implanter dans les zones protégées.

Bébé gorille des montagnes dans le parc des Virunga.

Dans le parc des Virunga, où on retrouve la plus grande concentration de groupes armés en ce moment, entre les parties contrôlées par le M-23 et celles contrôlées par les FDLR et les milices Maï-Maï, nous ne contrôlons plus que 20 % de la zone. Nous continuons à y travailler, mais les accrochages y sont très fréquents. Plusieurs gardes se sont fait tirer dessus la semaine dernière, deux ont été blessés. Ils nous mènent une véritable guerre.

Les milices armées sont intéressées par ces zones sauvages parce qu’elles peuvent, d’une part, s’y retrancher, mais surtout y braconner. L’ivoire des éléphants est particulièrement recherché en ce moment. Actuellement, un kilo d’ivoire se vend 850 euros. Sachant qu’une seule défense pèse entre 30 et 40 kilos, on comprend vite que c’est un commerce très lucratif. Les milices essaient aussi d’extraire des minerais, notamment de l’or dont le cours est à la hausse. Il s’agit d’une multitude de groupes armés qui s’allient au gré de leurs intérêts et qui sont aussi liés aux entreprises d’extraction minière locales. C’est très compliqué de les combattre.

"L’ivoire des éléphants, qui se vend 850 euros le kilo, est particulièrement recherché"

Les combattants du M-23 qui ont installé leurs bases dans les parcs sont, jusqu’à présent, moins intéressés par le braconnage que d’autres milices. Ils se concentrent davantage sur leur agenda politique. Pour autant, des locaux nous ont plusieurs fois signalé que certains rebelles organisaient des visites pour des touristes dans le parc des Virunga. Il y a beaucoup de visiteurs dans la région à cette période, notamment côté ougandais et rwandais [le parc national de Mgahinga, en Ouganda, et le parc national des Volcans, au Rwanda, sont limitrophes du parc des Virunga], mais les places pour aller voir les gorilles sont difficiles à obtenir. Or, côté congolais, des tour-operateurs proposent désormais des visites avec l’aval des membres du M-23 - des visites évidemment non contrôlées par les gardes officiels. Ces touristes n’ont probablement pas conscience des

(11)

réseaux qui ont été activés pour qu’ils puissent voir des gorilles. Il faut que chacun réalise que, d’un point de vue sanitaire, c’est catastrophique pour les animaux. Dans le cadre de ces safaris, les règles de base ne sont pas respectées. Les 'guides' s’approchent parfois à deux mètres des gorilles alors qu’à moins de sept mètres, les humains sont susceptibles de leur transmettre leurs microbes. Cette espèce est extrêmement sensible et tout contact peut rapidement provoquer des épidémies dévastatrices.

"Une bande armée locale a pénétré dans le campement d’Epulu et décimé 15 okapis domestiqués"

Fin juin, une autre scène déplorable a eu lieu dans la réserve d’Epulu, connue notamment pour ses okapis. Une bande armée a pénétré dans le campement et décimé 15 okapis domestiqués [lors de l’attaque, sept personnes sont mortes, parmi lesquelles plusieurs rangers]. Leur objectif est de démoraliser l’équipe du parc afin qu’elle les laisse braconner dans le reste de la zone. C’est un coup dur parce que les okapis sont extrêmement difficiles à apprivoiser [entre 3 000 et 4 000 se trouvent toujours à l’état sauvage dans la réserve]. Après le drame, l’armée congolaise est venue nous aider. Elle est actuellement à la recherche des bandits. Aux dernières nouvelles, le groupe serait en pleine débandade sur les routes du sud.

Un cadavre d'okapi dans la réserve d'Epulu après l'attaque d'une bande armée, le 24 juin.

Ces attaques ont une conséquence catastrophique sur la faune bien évidemment, mais aussi sur la vie du parc. Dernièrement, plusieurs financements étrangers ont été suspendus, ce qui a contribué à la dégradation des conditions de travail des gardes [après le drame de la réserve d’okapis, un fonds de réponse rapide de 30 000 dollars a toutefois été levé]. Je fais tout pour les remotiver mais c’est difficile car non seulement ils risquent leur vie au quotidien, mais ils n’ont plus droit aux petites primes qui les faisaient tenir psychologiquement.

Pour autant, nous gardons espoir car s’il y a eu beaucoup d’animaux décimés ces derniers mois (pour le seul parc d’Epulu, 2 500 éléphants ont été victimes de braconnage en six mois. Il n’en reste plus que 3 500 actuellement), les principaux fondements de la faune des parcs sont pour l’heure préservés. Il n’est pas encore temps de baisser les bras.

(12)

Reynders appelle Kigali à éviter une escalade La Libre - 27/08/2012

Le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, a appelé dimanche tous les pays voisins de la République démocratique du Congo (RDC) et en particulier le Rwanda,

à s'abstenir de tout soutien à la rébellion congolaise du Mouvement du 23 mars (M23), sous peine d'une "escalade" dangereuse pour Kigali. Ce qui pourrait se traduire par des

sanctions internationales, a-t-il laissé entendre.

Le chef de la diplomatie belge, qui termine par le Rwanda une tournée d'une semaine en Afrique centrale qui l'a auparavant conduit en République démocratique du Congo (RDC) voisine, s'exprimait à l'issue d'un entretien de deux heures avec le président rwandais Paul Kagame et sa ministre des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, axé sur les relations bilatérales mais dominé par la situation dans l'ex-Zaïre, dont l'est est en proie à la mutinerie du M23 depuis le mois d'avril

"Il y a beaucoup de choses à faire à Kinshasa (de la part des autorités congolaises pour instaurer un état de droit sur son territoire), mais il y a aussi beaucoup de choses à faire dans les pays voisins" pour éviter toute ingérence, a-t-il dit lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue rwandaise.

Après les explications que Mme Mushikiwabo doit fournir la semaine prochaine aux Nations Unies - elle doit notamment s'adresser au Conseil de sécurité et au groupe d'experts du comité des sanctions frappant la RDC mis en place pour contrôler un embargo sur les armes à destination des groupes armés -, "nous aurons peut-être des décisions à prendre", a lancé M. Reynders sur le ton de la menace, dans une allusion aux mesures de suspension d'aide (parfois symboliques) déjà prises par certains pays occidentaux.

"Si le Rwanda montre qu'il agit positivement, il n'y aura pas lieu de prendre des sanctions", a-t-il par la suite précisé. Il a aussi insisté sur l'urgence d'une pacification de l'est de la RDC - "car le temps joue en faveur des rebelles" qui ont établi leur propre administration sur la zone du Nord-Kivu qu'ils contrôlent -, avant l'instauration d'un dialogue sur des questions à "moyen et à long terme", de préférence dans un cadre régional.

Le Rwanda est soupçonné par l'ONU, et accusé par la RDC, de soutenir une mutinerie dans la province du Nord-Kivu (est), menée par un groupe de membres de l'ex-rébellion du Conseil national pour la Défense du Peuple (CNDP) qui avaient été intégrés en 2009 dans l'armée congolaise. Kigali dément toute implication et Mme Mushikiwabo l'a réaffirmé dimanche, tout en s'étonnant que le Rwanda n'ait pas eu la possibilité de se défendre face à des accusations qu'elle a qualifiées d'"infondées", ce qu'elle compte faire à New York.

Elle a précisé devant la presse qu'elle s'y rendait à la demande du Rwanda pour "fournir des explications" aux accusations portées contre Kigali. Une annexe à un rapport d'un groupe d'experts onusiens, publiée le 27 juin dernier, accuse nommément cinq officiers de l'armée rwandaise - dont le ministre rwandais de la Défense, James Kabarhebe, le chef d'état-major, le général Charles Kayonga et l'ancien chef de renseignements militaires, Jacques Nziza - d'être les principaux responsables de cet appui aux rebelles de l'est congolais.

Les pays de la région ont trouvé un accord de principe au déploiement d'une "force internationale neutre" chargée d'"éradiquer" les groupes armés opérant dans l'est de la RDC. Leurs chefs d'État doivent se revoir les 7 et 8 septembre à Kampala pour progresser dans sa mise sur pied, un sommet où la Belgique sera représentée, selon M.

Reynders.

Tirant par la suite les conclusions de sa tournée, il a affirmé avoir perçu une "ouverture"

de la part tant de M. Kagame que de la part du président congolais Joseph Kabila, qu'il avait rencontré mercredi dans son fief de Lubumbashi (sud-est). Tous deux sont prêts à accepter un "rôle actif de la Belgique", a-t-il souligné devant quelques journalistes, insistant sur la nécessité de "recréer la confiance" entre Kinshasa et Kigali.

(13)

Des points positifs dans les relations belgo-rwandaises

Le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, a affirmé dimanche avoir constaté

"un nombre de points positifs" pour les relations bilatérales parfois tendues entre la Belgique et le Rwanda, dont l'octroi plus rapide de visas par les autorités de Kigali pour les Belges désireux de se rendre au pays des Milles Collines. "Le président (Paul) Kagame a été très clair (sur l'octroi de visas) sur des délais plus courts", a-t-il affirmé à quelques journalistes à l'issue d'un entretien de deux heures avec le chef de l'État rwandais, au dernier jour d'une visite d'une semaine en Afrique centrale qui l'a aussi conduit en République démocratique du Congo (RDC voisine).

Les autorités rwandaises ont imposé l'an dernier un délai de 21 jours pour la délivrance d'un visa aux - relativement nombreux - Belges qui veulent se rendre au Rwanda pour y faire du tourisme, des affaires ou participer à des projets de développement. Le Rwanda est en effet, après la RDC et avant le Burundi, le deuxième bénéficiaire de l'aide publique au développement. La Belgique y est le troisième donateur, après les Etats-Unis et le Royaume Uni.

Selon M. Reynders, des investissements belges plus importants sont aussi envisageables au Rwanda, notamment dans les secteurs de l'énergie et de l'assainissement de l'eau. Il a ainsi suggéré à M. Kagame l'envoi d'une délégation économique à Bruxelles pour étudier davantage les possibilités.

La Belgique envisage également de financer une extension du mémorial de Gisozi, près de Kigali, érigé en mémoire des victimes du génocide de 1994 au Rwanda, qui a fait quelque 800.000 morts selon l'Onu, principalement des Tutsis. Un projet d'extension en vue du 20ème anniversaire du génocide, en 2014, est à l'étude et la Belgique pourrait y contribuer financièrement, comme elle l'avait fait pour la construction, a souligné le ministre.

La francophonie et le difficile désapprentissage Mbelu Babanya Kabudi – 27 08 12

« Il est dans bien des cas plus difficile de désapprendre que d’apprendre »

Il arrive que la réalité nous soumette à un difficile désapprentissage auxquels résistent des cœurs et des esprits « mangés » par certains dogmes et esclaves des

« missionnaires » du capitalisme sauvage. Dans un monde de plus en plus polycentré, la résistance de l’ancien bloc de l’Ouest contre le multilatéralisme peut se cacher sous la rhétorique sur la francophonie, la défense des « valeurs démocratiques » et les droits de

l’homme. Vigilance oblige !

Au mois de juin 2012, nous publiions un article intitulé « La RD Congo et la francophonie. La France d’un François à un autre ». Cet article commentait, entre autres, un extrait d’une interview de l’épouse de François Mitterrand accordée à Hernando Calvo Ospina, un journaliste colombien réfugié en France, le 28 octobre 2008. Dans cette interview intitulée « Danielle Mitterrand : La démocratie

(14)

n’existe ni aux USA, ni en France », l’épouse de François Mitterrand confie ceci au journaliste : « Mai 1981 fut un mois de grande activité, car c’était la préparation de l’arrivée au pouvoir de François. J’essayais d’apporter tout ce qu’il y a de meilleur en moi, pour que ces rêves d’avoir une société socialiste, quoique à l’européenne, deviennent réalité. Mais bien vite, j’ai commencé à voir que cette France juste et équitable ne pouvait pas s’établir. Alors je lui demandais à François : Pourquoi maintenant que tu en as le pouvoir ne fais-tu pas ce que tu avais offert ? Il me répondait qu’il n’avait pas le pouvoir d’affronter la Banque mondiale, le capitalisme, le néolibéralisme. Qu’il avait gagné un gouvernement mais non pas le pouvoir. » Et voici ce que Danielle Mitterrand a appris du passage de son époux à la présidence française : « J’appris ainsi, dit-elle, que d’être le gouvernement, être président ne sert pas à grand-chose dans ces sociétés sujettes, soumises au capitalisme. » Dans notre article susmentionné, nous défendions l’hypothèse selon laquelle, d’un François Mitterrand à François Hollande, rien ou presque rien n’avait changé.

Notre hypothèse partait des faits de l’expérience quotidienne et de deux sources suffisamment documentées historiquement. Il s’agissait du livre de Christophe Deloire et Christophe Dubois intitulé « Circus politicus » (Paris, Albin Michel, 2012) et de celui du philosophe français Alain Badiou intitulé « Sarkozy : pire que prévu. Les autres : prévoir le pire » (Paris, Lignes, 2012). (De plus en plus, les Français déchantent après l’élection du « président normal ». Il va bientôt signer le traiter européen sur l’équilibre budgétaire. Il ne saura rien faire contre la troïka (la Banque centrele européenne, la Commission européenne et le FMI.)

Certains compatriotes ayant écouté le discours de campagne de François Hollande à l’élection présidentielle doivent avoir cru qu’une fois aux affaires, « le président normal » aura et le pouvoir et le gouvernement. Ainsi pourra-t-il défendre, à travers le monde, la démocratie et les droits de l’homme. Il pourra, chez nous, avant d’accepter que le sommet de la francophonie se tienne, exiger et obtenir que le procès de Chebeya soit mené de manière équitable et que la Commission Electorale Indépendante soit revue de fond en comble de façon que la suite du processus électoral se poursuive sans anicroche.

Il y a, dans cette façon de réfléchir, une bonne dose d’aliénation et une invitation à une violation flagrante du principe d’autonomie propre aux Etats souverains. Cette façon de réfléchir peut être un témoignage des dégâts causés dans les esprits de plusieurs d’entre nous par leur foi dans « les valeurs » dont « les vieilles démocraties occidentales » seraient les garantes. Ces compatriotes seraient, comme bien des occidentaux, victimes du « dogme de l’infaillibilité démocratique ». Ils seraient aveugles face à

« l’instrumentalisation par l’Occident du terrorisme islamique à l’origine du chaos politique, économique, social et humanitaire » dans les pays comme la Lybie et la Syrie. « D’après ce dogme, la démocratie occidentale ne peut jamais mal agir. Toutes ces actions sont empruntes d’une sorte de grâce qui transforme un crime en acte héroïque, une guerre de conquête des ressources naturelles d’un pays en une épopée pour la liberté, l’asservissement de population au libéralisme le plus dur en libération des peuples opprimés, un vote contrôlé en expression de la volonté populaire (Irak, Soudan, Lybie). » (G. DE ROUVILLE, Le dogme de l’infaillibilité démocratique, danswww.le grandsoir.info, du 07 août 2012)

Le poids de l’ignorance et de l’hégémonie culturelle occidentale a fini par « manger » plusieurs cœurs et plusieurs esprits chez nous (comme en Occident) au point de les rendre esclaves de ce dogme (et de ses missionnaires) avec toutes les conséquences qui en découlent, dont l’incapacité de se laisser questionner par les faits de la réalité quotidienne.

En bon « missionnaire » du dogme de l’infaillibilité démocratique et en bonne « petite main du capital », François Hollande ira au Congo malgré le chaos qui y sévit. Pourquoi ? Parce que lui et ses alliés participent de la montée du capitalisme du désastre et ils ont intérêt à lui trouver des marchés dans les pays à Etat affaibli comme le Congo dit abusivement démocratique. « En effet, écrit Amar Djerrad, dans les désordres économiques et moraux actuels que traverse le monde et, plus particulièrement le Grand Capital, avec ses crises structurelles dues à la rapine et à la spéculation comme devant

(15)

l’impasse à trouver des solutions adéquates (…), on croit avoir trouver une issue en faisant supporter ses crises, récurrentes et sauvages, aux pays faibles militairement mais riches en matières premières en s’employant à les spolier par la force des armes sinon en suscitant le désordre pour mieux recomposer et asseoir son hégémonie. » (A.

DJERRAD, La Syrie, théâtre ‘décisif’ de lutte des Grands. Vers le fin de l’unilatéralisme par l’échec du stratagème « Nouveau Moyen-Orient » ?, danswww.legrandsoir.info du 07 août 2012)

Le sommet de la francophonie aura lieu à Kinshasa à une période très critique de notre histoire collective : l’infiltration de nos structures et institutions étatiques par les membres du réseau transnational de prédation les a terriblement affaiblies. Nous avons un besoin urgent de refonder l’Etat dans un espace vital où les rapports de force nous sont défavorables. La question de l’organisation de nos minorités pensantes et agissantes, de nos différents fronts de lutte et de résistance mérite une attention particulière. Tout comme celle de nous situer efficacement géopolitiquement et géostratégiquement. Des mémos à François Hollande et/ou à Barack Obama ne changeront rien à la dure réalité que nous connaissons. Nous sommes en plein dans un processus violent de recolonisation de l’Afrique par l’ancien bloc de l’Ouest dans un monde devenu polycentré. Nous pouvons travailler sur le temps et séduire la chance afin qu’avec d’autres pays africains, nous puissions opérer des ruptures salvatrices pour nos populations. Et les grandes ruptures adviennent au bout d’âpres et persévérantes luttes au cours desquelles coulent les larmes et le sang .

Sommet de la Francophonie : qu'attendre de François Hollande ? Gaspard-Hubert Lonsi Koko - RDPC - Jolpress - 28/08/2012

Le président de la République française, François Hollande, a longtemps maintenu le suspens avant d’annoncer, lors du discours de politique étrangère inaugurant la XXème conférence des ambassadeurs, sa participation au sommet de la Francophonie prévu à Kinshasa du 12 au 14 octobre. Si la politique a horreur du vide, il est évident que

les affaires d’État ne se gèrent pas sur la base des sentiments. Les intérêts de la France et le courage politique ne pouvaient que conduire François Hollande, n’en déplaise aux

participants du boycott dudit sommet, à prendre une telle décision. Mais le président français saura-t-il redonner espoir, à cette occasion, aux millions de Congolais sans pour

autant cautionner un pouvoir non accepté par la grande majorité d’entre eux ?

François Hollande, président de la République française. Photo : Présidence de la République.

Le sommet de Kinshasa devra en principe constituer le cadre idéal, pour le président français, en vue de faire des propositions concernant un nouveau partenariat avec les pays francophones d’Afrique. Après le discours de Dakar[1], François Hollande devra

(16)

chausser les bottes à la fois du général de Gaulle et de François Mitterrand, car une allocution fondatrice des relations constructives avec les pays du Sud, après celles de Phnom Penh[2] et de La Baule[3], est plus que jamais nécessaire.

Le courage politique et les intérêts de la France

En dépit de moult prises de position préconisant le boycott du sommet de Kinshasa, il faut reconnaître le courage politique de François Hollande dont l’absence dans la capitale congolaise aurait pu avoir plusieurs conséquences. Cela aurait fragilisé davantage la République Démocratique du Congo, le plus grand bastion francophone, au point de l’exposer aux menaces du Rwandais Paul Kagamé et de l’Ougandais Yoweri Museveni dont les parrains anglophones jouent un rôle important dans la crise humanitaire en cours dans la région des grands lacs. Cela aurait aussi porté préjudice aux velléités des entreprises françaises, intéressées par les énormes potentialités économiques de ce pays, au profit de sociétés chinoises et d’autres puissances indifférentes aux droits fondamentaux de la personne humaine que la France a toujours défendus avec « force et vigueur ». Si François Hollande a affiché les ambitions françaises sur le plan européen dès son élection, il ne pouvait pas ignorer la géopolitique planétaire dans laquelle l’Afrique représentera un enjeu considérable[4].

Ainsi était-il contraint de tenir compte de la realpolitik.

Faire oublier l’ambiguïté mitterrandienne

Le discours de Cancún prononcé le 20 octobre 1981 à Mexico avait marqué les orientations progressistes que le président François Mitterrand entendait donner à la politique extérieure de la France : plus précisément une attention accrue aux problèmes des pays en développement. Saluant les humiliés, les émigrés, les exilés sur leur propre terre, les personnes bâillonnées, persécutées ou torturées, séquestrées, disparues et assassinées, les prêtres brutalisés, les syndicalistes emprisonnés, les chômeurs vendant leur sang pour survivre, les travailleurs sans droits, les paysans, les résistantssans armes qui voulaient seulement vivre et vivre libres, il leur avait promis la victoire de la liberté.

Lors du XVIème Sommet des chefs d’État d’Afrique et de France qui s’est tenu en 1990 à La Baule, François Mitterrand avait osé dire à ses paires qu’« il [fallait] parler de démocratie […] un principe universel [apparu] aux peuples d’Europe centrale et orientale comme une évidence absolue, au point qu’en l’espace de quelques semaines les régimesconsidérés comme les plus forts [avaient] été bouleversés. » À Kinshasa, François Hollande devra avoir le courage de confirmer sespropos de campagne, tout en évitant d’apparaître comme un donneur de leçon, s’agissant de sa vision et de son attitude par rapport à la Françafrique. De plus, tout propos ambigu serait préjudiciable à celui qui a toujours été considéré comme « l’homme de la synthèse ».

La guerre dans la région du Kivu

Dans le discours de Cancún, François Mitterrand avait évoqué le droit d’ingérence humanitaire, ayant qualifié la non-assistance aux peuples en danger de « faute morale et politique

» qu’il ne faudrait en aucun cas accepter de commettre. De plus, celle-ci « [avait] déjà coûtétrop de morts et trop de douleurs à trop de peuples abandonnés […] pour que [la France n’accepte, à [son] tour, de la commettre ».

(17)

François Hollande ne peut nullement rester indifférent à la tragédie humaine qui se déroule dans la région du Kivu, dans la mesure où la France porte la responsabilité morale dans la mise en place de l’opération Turquoise[5], indépendamment du fait que la tenue régulière des sommets franco-africains et le flux continu de contacts bilatéraux ont donné naissance – avant, avec et après Mitterrand – à plusieurs initiatives prometteuses, tel le processus de réconciliationen République Démocratique du Congo consacré plus tard par les accords de Lusaka[6] signés le 10 juillet 1999 dans la capitale zambienne. Ainsi l’occasion serait-il donnée à l’actuel président de redorer le blason de la France aux yeux du peuple congolais.

Une nouvelle vision francophone

On peut affirmer que, dans l’ensemble, les bonnes intentions des discours de Cancún et de La Baule ne sont pas venues à bout des pesanteurs historiques et étatiques dues à un long passé mûri et reproduit de manière tacite, après les indépendances, par la coopération. Tant que les hommes et les femmes politiques, en France, agiront toujours de connivence avec les pouvoirs pétrolier et militaire, les bons sentiments montreront leurs limites – consacrant l’immobilisme tant décrié dans les relations franco- africaines. Dans l’intérêt du maintien de la France en Afrique, il fallait instaurer lessommets de la Francophonie en alternance avec les sommets France-Afrique et multiplier les rencontres pour consolider davantage les liens. François Mitterrand n’avait-il pas proposé à ses compatriotes, à cet effet, « d’être avec [lui] les inventeurs d’une culture […], d’un modèle français de civilisation »[7], tout en arguant que : « le socialisme de la liberté [était] avant tout un projet culturel, un choix de civilisation. »[8] ? Avec un socialiste à l’Élysée en 1981, la Francophonie avait fini par servir d’outil au néocolonialisme afin de malmener encore plus les droits élémentaires des Africains contrairement aux principes du Parti Socialiste relatifs aux valeurs humanistes.

Il est certain que François Mitterrand n’a pas essayé d’innover les relations franco-africaines.

Indépendamment du fait que ses rapports avec certains chefs d’État africains n’étaient pas toujours au beau fixe, il n’a pas du tout hésité à remettre en selle le maréchal Mobutu Sese Seko grâce à l’opération Turquoise. François Hollande devra à tout prix condamner ce système opaque en faveur d’un nouveau partenariat sur les plans politique, économique et culturel.

Le discours de Kinshasa

Dans l’allocution qu’il prononcera devant ses pairs francophones, on espère que François Hollande affichera un vibrant soutien aux peuples du tiers-monde. Ainsi endossera-t-il le double héritage de l’Internationale socialiste et de la mondialisation à visage humain, primordial à la réduction de l’écart entre le Nord et le Sud. Il ne faudra surtout pas que le discours de

Kinshasa soit un malentendu – l’objectif étant d’éviter les incompréhensions possibles sur la volonté politique de son auteur [9]. La tâche de François Hollande au regard des pays en développement consistera, dans l’absolue, à matérialiser les bonnes intentions de son prédécesseur socialiste qui sont restées lettre morte. Voilà ce que le peuple congolais attend réellement du président français.

Quant aux Africains en général, ils espèrent que François Hollande manifestera le souhait de voir la novation supplanter l’immobilisme dans les relations entre les pays francophones. Ils attendent une vraie rupture. Ils ne veulent plus du tout que les

Referenties

GERELATEERDE DOCUMENTEN

close reading reveals that, in particular, the first t o t pes of VQBTBNQBEÁ are essential for understanding the peculiar ordering of the narratives throughout the .BIÁWBTUV, and

Bien que les patients avec IMC bas restent le groupe des patients les plus vulnérables nécessitant une prise en charge thérapeutique rapide et un accompagnement

Album des Manif et de la

Parmi les 120 jeunes ayant répondu au questionnaire une invitation avait été remis à 75 jeunes pour leur participation à une des sessions dans les trois villes ciblées.. Africa

Le 2 août 1998, l’armée rwandaise a attaqué la RDC mais pour tromper le monde, Kagame créa, 10 jours après, le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD / Goma) une soit

*L’Association pour la promotion de la démocratie et le développement de la République démocratique du Congo (l’APRODEC asbl) est une association de droit belge qui a pour

Ce programme a facilité une approche qui favorise le processus de transformation convenable à une reforme de police tout en permettant le développement du partenariat entre

Ce dernier, après avoir esquissé une synthèse de monitoring des violations des droits humains dans cette zone orientale de notre pays en 2009, il met en évidence