Pour
les négociations de paix,on a
recoursaux
services deceux
deshommes
qui étaient
mariés avec
desfemmes du
villageennemi.
Si l’on considère la question de la parenté chez les
Bankutu,
il sembleraitque
les enfants sont,
ou au moins
étaient autrefois, regardéscomme
plus apparentés à lamère
qu’au père,malgré
ce fait (pie les enfants légitimes appartiennentau
pèreet
que
la propriété setransmet
en ligne dedescendance
masculine. Cecisemble
êtredû à
lacroyance
qu’ont les indigènesque
l’âme d’unhomme
renaîtdans
lapersonne
de l’un des enfants de sasœur.
Les
enfants illégitimes appartiennentau
grand-père maternel. Il existe, en outre de ces relations de parenté,un
certain rapport entre les individus nés lemême mois
de la
même
année. Ils sontIshoke
lesuns
vis-à-vis des autres ;on
les considèrecomme
frèresou
sœurs, et lorsqu’ils sont de sexes différents ilsne peuvent
semarier
entre eux.Chez
lesBasongo-Meno
existeune
relationanalogue
qui portele
même nom, mais
qui 11e s’appliquequ’aux
enfants nés lemême
jour.La
fraternité d’âge existe chez lesBushongo
de lamême manière que
chez lesBankutu, mais
ici se
nomme Bay.
Les termes employés
par lesBankutu pour
désigner les diverses relations de parenté sont les suivants :Père du
pèrePère
de lamère Père
Frère
du
père Frère de lamère Père
de lafemme
Père du mari
Frère aîné Frère cadetL’aîné des enfants
du
frèredu
père. . .Le
plus jeune des enfantsdu
frèredu
pèreEnfant du
frère de lamère
Frère de la
femme
Frère du mari Enfant
Enfant du
frèreEnfant
de lasœur Mère du
pèreMère
de lamère Mère
Sœur du
pèreSœur
de lamère Mère
de lafemme Mère du mari
Sœur
aînéedui dui papa papa
nyanqopami
bokilu bokilu
marna wankfunji marna wankfunji
icona
nyangopami
bokilu
omi wona wona wona
dui dui
mam
papakaji
guya
bokilu bokilu
marna
172
Sœur
cadette....
Enfant de la
sœur du
père.Enfant
de lasœur
de lamère Sœur
de lafemme
. . . .Sœur du mari
marna
wona nyangopami
Wona nyangopami.
Wadyi.
Bokali.
Un homme
libre doit se marieravec une femme
de sa condition, lesmariages
entre libres et esclaves étant interdits.De même
chez lesBasongo Meno,
lafemme
peut être
ou
ne pas êtredu
village de son mari,mais
doit être envers luidans
des relations de parenté plus éloignées (pie celledu
cousinau
second degré.Nous
rappel- lerons (pie l’exogamie de village à village est pratiquée par lesOlemba, mais
il nesemble
pas (pie cettecoutume
soit suivie par lesBankutu.
11 existe
deux
espèces de mariage, lemariage
précoce et celui entre adultes.Le
premier consistedans
les fiançailles dedeux
jeunes enfants,garçonnet
et fillette,ou
bien est décidé par lesmères
dedeux
tout jeunes enfants.Dans
lemariage
entre adultesl’homme
fait d’abord sa déclarationà
lafemme
et ensuite va parleravec
les parents.A
l’inverse desBankutu-Basongo Meno,
lesBankutu
ne regardent point leconsentement
de lafemme comme
nécessaire etcependant
ceconsentement
est leplus souvent recherché.
Le
prixdu
mariage,généralement
dedeux
Woshele, estpayé au
père de lafemme,
et cette dernière peut alors suivre sonmari dans
son village.Comme
chez lesBatetela et les
Basongo Meno on
n’attacheaucune importance
à la virginité de la fiancée; en fait, autant
que nous avons pu nous
en informer,aucun homme
ne voudrait épouserune
vierge, et en vérité, le faitqu’une femme
a déjà eu des enfantsavant
lemariage
est plutôtune recommandation
qu’autrement. Les rela- tions sexuelles entre lesépoux peuvent
avoir lieu sitôt après lemariage,
mais
le plus souvent ont déjà eu lieu avant.La polygamie
est générale,mais
il est très rare de trouverun homme ayant
plus de troisfemmes Les femmes
ont lerang que
leur assigne l’époque de leurmariage
et la principale est lapremière épousée.
Chaque femme
possèdeune
hutte séparéeoù
elle reçoit la visite de son
mari
lorsqu’elle est mariée,ou
bien de sesamants
lorsqu’ellene
l’est pas.Les femmes ne
sontjamais
ni louées ni prêtées, mais,comme on
l’a vu, celui qui est pris en flagrant délit d’adultèreavec
lafemme
d’un autrehomme
peut offrir à cel
homme
les faveurs de sa proprefemme
encompensation. En
ce quiconcerne
le fait de prêter lesfemmes,
el en général, la polyandrie, il est intéressant de noter
que
Lienque
celle-ci n’existe pas àproprement
parler chez lesBankutu,
le frère d’unhomme
quelconque, aussi bienque
son Ishokcpeuvent
avoir accèsauprès
de safemme,
et, en fait, le font souvent, sansaucune
objection de sa part.Un homme
peut divorcer à son gré, et s’il le faitdurant
lamême
saison,ou
bienFig. 178.
—
Couteau en bois; type Bushongo.avant que
safemme
lui aitdonné un
enfant, il petit exiger la restitutiondu
prix de safemme. La femme
peut aussi quitter sonmari
;i volontémais
doit lui rendre leprix qu’il
a payé pour
elle si ellene
lui a pas encoredonné
d’enfants.Dans
le cas de divorce ordinaire, les enfants restentavec
le pèreauquel
ils sont sensés appar-tenir, bien qu’il n’ait pas le droit de les
vendre
ni de les mettreà
mort. Ainsique nous
l’avons faitremarquer,
les enfants illégitimes appartiennentau
père de la mère.L’adoption existe et les enfants adoptés ont les
mêmes
droitsque
les autres, l esveuves
d’unhomme
deviennentnormalement
lesfemmes
de son héritier avec cette exceptionque
si cet héritier est le filsdu
défunt, samère
qui estparmi
lesveuves
est libre de se
marier à son
gré, et celui qui l’épouse doit restituer à l’héritier le prix qu’elle a été payée. Si les autresfemmes
refusent de devenir les épouses de l’héritier, elles sont libres aussi de semarier
à d’autrespourvu
qu’elles obéissentaux mêmes
règles.
La
position adoptée par lesdeux
sexespendant
l’acte sexuel est lamême que
celle décrite
pour
lesBushongo
(Les Bushongo,
p. 110).La
masturbation, mutuelleou
solitaire, est pratiquée,mais on
ne rencontreaucun
cas d’inversion sexuelled’aucune
espèce.Pour
ce qui est de la religion,nous
n’avons trouvéaucune
trace decroyance
àune
puissance supérieure créatrice, excepté chez les tribusDyungu
près deBolombo,
qui croient en
un
êtresuprême Wina.
Cette appellation est assez curieuse, élantdonné que
le
terme Wynia
estemployé
par les Bateteladu
sud, lesquels n’ont jamais étéen
contactavec
lesBankutu, pour
désigner l’êtresuprême
et aussi le soleil, alors
que
les Bateteladu
nord emploient,pour
le premier, Matetela, etpour
lesecond
Dishashi.Comme
chez lesBasongo Meno
et plusieurs tribus de cette région, lacroyance
àun
prin- cipe malfaisant, qui possède les individus et, par leur intermédiaire, cause lamort
d’autres individus, est tout à fait générale. Les per-sonnes
accusées ainsi de possession démoniacale, sontsoumises
à l’épreuvedu
poisonEfurm,
ainsi
que
cela à été décrit plus haut.La
nature immatérielle del’homme
est considéréecomme composée
dedeux
éléments,une
«âme
-, Eclimo, etune
*ombre
« Jinjingi.Cette
ombre
périt avec le corps,mais
l’âmerenaît
dans
lepremier
enfant, filleou
garçon,que met au monde
lasœur du
défunt, après le décès de celui-ci.Cet enfant est
nommé
d’après lenom du
défunt et considérécomme
sa réin-carnation. Si le défunt n’a pas de
sœur, ou
si celle-ci nemet
pas d enfantsau
monde
après son décès, souEdnnu
devientun
fantôme, 1ungende,
qui erre alentour171
et Irouble les vivants.
Lu mol Edirno
estévidemment
lemême que
lemot Edimu
des
Sungu
etEjimo
des Batetela-Olemba, qui tousdeux
désignent lemême élément
de la nature spirituelle del’homme. Cependant
lesBasongo Meno,
eux, appliquent le
terme Edimo
à l’âme après lamort
(leTungende
des
Bankutu.)
Il
semble que
lesBankutu
considèrent l’existence de l'Edimu
après lamort comme
liéeau
faitque
le corps reçoitune
sépulture, car les esclavesmorts
sontmangés
et jamais enterrés.Et
la raisonque
les indigènesdonnent
de cettecoutume
estque
siun
esclave était enterré, sonâme
pourrait revivre, et revenir tuer son maîtrepour
sevenger
desmauvais
traitements qu’il lui a infligéspendant
sa vie, alors
qu’une
fois l’esclavemangé,
ilne
peut plus être question d’un pareil retour.Parmi
les pratiquesmagiques,
la plus importante est appeléeTongotonyo
; elle précède le début des opérations militaires et est censéesupprimer
l’effet desarmes
de l’ennemi.Pour
cette cérémonie,le coeur d’un des
membres
de la tribuennemie
est indispensable, ou, s’il s’agit d’un Blanc, celui d’un de ses domestiques.Ce cœur
subit de la part
du
féticheurune
préparation secrète et est ensuite distribuéaux
guerriers (pii, en lemangeant,
deviennent invulnérables.Au
sujet de la mort, lemoribond
est assisté de son père, sesfrères, ses
femmes
et ses enfants.Après
la mort, le corps est peintavec du Tukula
, et laissé tel queldans une
position; il est ensuite placé surun
échafaud, etenfumé pendant un ou deux
mois, cetemps
étant proportionné à l’importancedu
défunt.On
rencontre aussi cettecoutume
d’en-fumer
les morts, chez lesBasongo Meno, mais
là, l’opérationne dure que
trois jours.Les
usagesBankutu
et
Basongo-Meno
diffèrentquant
à laforme
de latombe
età
la positionque
le corps adans
cettetombe.
La
tombe, qui est creusée aussitôtque l’enfumage
est complet, est deforme
circulaire et ressemble exacte-ment aux
trappes de chasseque
l’on creusepour
capturer le gibier.Le
corpsdu
défunt, vêtudu costume
qu’il portait
au moment
de la mort, est placédans
la
tombe
par lamère
et les frères (surtout les frères aînés).Le
corps estcouché
sur le dos, la têtedans
la direction de l’ouest, les
genoux remontés
et les plantes des pieds à plat sur le sol, lesmains
sont placéespaume
contrepaume
et reposent sur la poitrine,la tête est Soutenue par U11 bâton placé deSSOUS.
On ne
Manches de javelot Bankutu.Fig. 180.
a, fourchetteeucuivre;
b, épingle en cuivre.
place
dans
latombe
ni armes, ni pots, ni rien. Riennon
plus n’indique l’endroit d'une sépulture, pasune
élévation de terre,aucun monument,
et lacérémonie
estla
même pour
lesdeux
sexes 'l’ont le village observe le deuilpendant un
jour, et les parentspendant un
mois. Lesveuves
se rasent la tête, se peignent la figureavec
de l’argileblanche
et portent des haillons ;
elles conservent leur appareil de deuil pen-
dant deux ou
troismois.
Le mot
habituelemployé comme terme
de salutation estJimu.
Une
différence en- tre lesBankutu
et lesBasongo Meno
estque
chez les premiers n’existent pas de prohi- bitions relatives à lanourriture et qui doi- vent être observées par
les individus des
deux
sexes. Les
hommes
peu-vent
manger,
et en fait ilsmangent
de toutesles sortes de viandes, poissons et volailles.
Parfois, cependant,
quelques-uns sont for- cés de
diminuer un
peu leurconsommation
de viande de crocodile, eton donne
de cela la rai-son
que
cetanimal
n’a pas «un cœur
fort ».Quant aux femmes,
elles n’ont pas
une
sigrande
libertédans
lechoix de leurs aliments,
quelques
animaux
leur sont tout à fait interdits : le léopard,une
petit; antilopeappelée
B
ululai, les chiens, les poules, le coucou, le crocodile, les serpents et lachair
humaine.
Comme
végétaux, les principaux sont lesignames
et le manioc.On
prépare ce der-nier de la
manière
suivante :on
laissetremper
les racines pendan! quatre jours entiersFig. 182.
—
Cicatrisation Bankutu.176
dans
l’eau; le cinquième,on
les retire,on
les sècheau
soleil, eton
les râpe;on
remplit alorsun
pot d’eau et on lemet
sur le feu, puis, sur l’ouverture de ce pot,on
placeune
assezgrande
quantité de cette farine demanioc,
enveloppéedans
des feuilles supportées par de petites tiges disposées en travers de l’ou- verture, etempêchant
ainsiun
contact directavec
l'eaucontenue dans
le vase;on allume
alors le feu, et c’est lavapeur
qui cuit la farine ;on
l’enlève ensuitepour
la servir et lamanger
Cetteméthode
est bien lamême que
celle
employée
par lesBasongo Meno,
à cette exception près,que
ceux-ci ne laissenttremper
les racines
que pendant
trois nuits seulement.Quoique
l’onmange
la viande faisandée,on
la préfère
généralement
fraîche.On
n’en perdrien,
même
si elle est littéralementdécomposée.
On
connaît bien le procédé de conservation de laviande par fumigation,
mais
cetteméthode
est loin detre aussiemployée que
chez lesBasongo Meno. Quelques
per-sonnes
font bouillir cette viandefumée avant
de lamanger,
mais d’autres la fontsimplement
chauffer sur le feu.On mange
le sang, sauf celui des êtreshumains.
Ce
sont lesfemmes
qui font la cuisinedans
des pots, qui ne sont jamais nettoyés; sous ce rapport, lesBankutu
ressemblent,
dans
leurs habitudes, plusaux Basongo Meno
qu’aux
Batetela.Les coutumes concernant
lamanière
demanger
ressemblent plus à celles desOlemba
qu’à celles des autres tribus Batetela, en ce sensque
lafemme mange avec
son mari,souvent même dans
lemême
bol.Quelques hommes
se servent de fourchettes appeléesLulu
(fig. 180a),mais
lesfemmes
n’emploient jamais cet ustensile.La
boisson habituelle est le vin de palme.L’hôte boit et
mange avant
son invité.On
préparedu
sel végétal de la
manière
suivante :on coupe une grande
quantité d’herbes croissantdans
les terrainsmarécageux,
eton
enforme
desmeules
d’environ trois pieds dehaut
; onmet
le feu à ces meules, eton
placeensuite les cendres ainsi obtenues,
dans
des filtres d’osierou
d’écorce;on
fait passer de l’eau sur ces cendres, eton
la recueille à sa sortie,chargée
de matières salines;Fig. 184. - Cicatrisation defemme Bankutu.
on
place cette sorte desaumure dans
des vaisseaux d’écorce (pie l’on présenteau
feu,allumé dans un
trou pratiquédans
le terrain,on
;ijoute de l’eau fraîche àmesure que
celle qui estcontenue dans
le vase s’éva-pore, enfin
on
laisse le tout s’évaporer ; il reste alors,au
fonddu
vase,un
bloc de sel.La méthode
est cellepratiquée par les
Basongo Meno,
quieux
cultivent cepen-dant
la plantedont
ils se serventpour
préparer le sel.On mange
la terre « parceque
c’estbon
*.On
obtientle feu par friction
en
appliquant laméthode
de giration.On fume
le tabac, et la pipe est passée demain
enmain,
demême que
chez lesBasongo Meno
et les Batetela.On
dit bien
que
l’usage defumer
lechanvre
existe,mais on
peut affirmerque
ce produit n’estconsommé que
parceux
desBanku
qui ont été en rapportavec
les Akela.Comme
les Batetela
du
nord,mais à
l’inverse desBasongo Meno,
les
Bankutu
sont cannibales.C’est
une
habitude assez répandue,mais
limitéeaux hommes,
et les victimes sont toujours des esclaves, car lesBankutu
nemangent jamais d’hommes
de lamême
race qu’eux.
Tous
les esclaves sont finalementmangés,
quels
que
soient leur sexe, et la façon dont, ils ont.trouvé la mort.
Car
en fait,aucun
esclave ne peut être enterré, son Fig. iss.
—
Coiffure Bankutu.âme,
prétend-on, en profiteraitpour
revenir tuer
son
maître,comme vengeance
desmauvais
traitements subis sous sa domination.
Lorsqu’un
esclavemeurt,
tous les individusmâles du
villageprennent
partau
festin,même
les toutjeunes
garçons; les villages voisins envoient aussi des leurspour réclamer une
partdu
corps.Les
esclaves tués à la guerre sontmangés
par les habitantsdu
village auquel ils appartenaientauparavant. Un homme
ayant
subiun dommage
par la faute d’autrui, tuera sou-vent un
esclaveappartenant à un
tiers, demanière que
celui-ci vienne exiger
compensation
de la part de son offenseur.Un
esclave désobéissant estdonné aux
habitantsdu
village par son maîtrepour
êtremangé
par eux.Tout
le corps est
mangé, à
l’exceptiondu sang
et de la cheve- lure ;on va
jusqu’à briser les ospour
en sucer la moelle.Au
contraire des Batetela, lesBankutu
destinent des vases spéciauxà
la cuisson de la chairhumaine.
Il existedeux
façons de préparer cette nourriture :on
peutsimplement
la faire bouillir et lamanger
asaisonnée de sel,ou
bienla
saupoudrer
d’abord de sel et de poivre deCayenne,
la rouler et la faire griller.Lorsque
l’onveut
chasser,on
organise des parties encommun, on
dispose des23
17S
filets sur
nue
ligneayant
parfois jusqu’à300 yards
de long, et sous le vent, parrapport à l’endroit
où
l’on supposeque
se trouve le gibier. Les chasseurs s’approchentalors' de leur proie
du
côtédu
vent, et le gibier vientdonner dans
les filets.On
dispose
généralement un
autre filet àune
faible distancedu
filet principal etdans
lemême
alignement, de sorteque
si l’animal voit l’un des filets et se tournepour
l’évi- ter, ilva
se jeterdans
l’autre. Les chasseurs sontarmés
soit d’arcs, soit de javelots,mais
certainshommes vigoureux
portent les deux.La
répartitiondu
produit de lachasse se fait de la
manière
sui- vante :Le
chef reçoit lecœur
et le foie de tous les ani-
maux
tués, ainsi qu’une pattedu
plus gros.
Le
reste est divisé
équitablement
par
un
ancien entre les autres chasseurs.On
prépare,
pour
lesphacochères
et les antilopes, des trappes d’envi- ron sept pieds deprofondeur
et garnies,au
fond, de pointesLes Bankutu
ne se risquent point à attaquerlebuffleou
l’éléphant.Chaque
village possède ses terrains de chasseà
lui, et, ainsique nous
l’avons rapporté déjà, celui qui est prisà
en dépasser les limites est obligé dedonner une
moitié de sa chasseau
propriétairedu
terrain. Celui qui a tuéun animal
redouté par sa force piqueune plume
d’aigledans
sescheveux
et s’enduit le visage de suie.Les Bankutu
sont des pêcheurs plus actifsque
les Bateteladu nord
et sous ce rapport se rapprochent assez desBasongo-Meno. Pour
prendre le poisson,on
creuseun
canal allant de la rivièredans
les terres,mais tournant
demanière
à venir rejoindre la rivièreun peu
plus en aval.A
cetteembouchure, on
disposeune
petite palissade de nervures de feuilles de palmier.Lorsqu’on suppose que
le poisson est entrédans
le canal,on ferme
l’entrée de celui-ci parune
petite digue, puison
épuise l’eaudu
canal et il ne reste plus qu’àramasser
le poisson.Certains javelots
Bankutu
sontemmanchés
d’une sorte de fourche (fig. 181)à
quatreou
cinq dents ; cesarmes
serventà harponner
en quelque sorte legibier
pour
la captureduquel
le chasseur est à l’affût. Ces sortes de javelots sont particuliersaux Bankutu.
Quelquefoison
tire les poissonsavec
des flèchesou
bien encoreon
les stupéfieavec
quelque poison ;deux
poisons de ce genre sonten usage
:on
lesnomme
respectivementWosho
et Ontoko.L’agriculture n’a pas atteint chez les
Bankutu un
degré dedéveloppement
bien considérable.Le
sol est d’abord déblayépar les
hommes pour
préparer la cul- ture, tout le restedu
travail estdévolu aux femmes. On
cultive lemanioc
etdeux
variétés d’ignames, et,dans
le villagemême,
le tabac.On
défricheun nouveau
solpour chaque
nouvelle cul- ture, et lemême
solne
reçoit jamaisdeux
fois de suite lamême
plantation.Les Bankutu
pratiquent la cicatri- sation et leurmarque
de tribu ressembleà celle des
Basongo Meno.
Elle consiste enun groupe
de cercles concentriques surchaque tempe
(fig. 182), et enun groupe
de cicatrices elliptiques disposéesen
ligne sur le front ; ces dernières sontbeaucoup
plus espacéesque
celles desBasongo Meno. Les femmes
portent sur les joues et sur lestempes
degrandes
cicatrices semi-lunaires (fig. 184).Les
esclaveshommes
ne portentaucune
cicatrice,
mais
lesfemmes
de lamême
condition adoptent celles desfemmes
libres.Au
contraire desBasongo Meno
et des Batetela, lesBankutu
ont leurs incisives enlevéesdans
leur jeune âge.Les
individus plus âgés s’arrachent les incisives inférieures, s’ils en ont le courage,mais ceux
qui sontun peu
« douillets « ne consentent pointà
subir cette opération.On
ne porteaucun ornement dans
le nez, les lèvres et les oreilles.La
circoncision est générale, eton
la pratique de trèsbonne heure
; n’importe qui peut faire cette opération, et leprépuce
estsimplement
jeté.La
façon de se peigner estanalogue à
celle qui est,ou
toutau
moins, étaiten
vogue
autrefois chez lesBasongo Meno.
Leshommes
se rasent les cheveux, environdeux
pouces etdemi
en arrièredu
front, et demême,
lelong
de l’occiput suivantune
ligne quiva du sommet
d’une oreille à l’autre.Le
reste descheveux
croît librement, et est tordu
en
petites nattes quipendent
derrière la tête sur lecou
(fig. 185 et 186). Parfoischacune
de ces petites nattes est tordueautour
d’une petite tige d’herbe.En
signe de deuil,on
se rase la tètecomplètement. En temps normal,
la180
moustache
est rasée, et quelques individus portent lu barbe.Les hommes comme
les
femmes
s’arrachent les cils et les sourcils et se rasent les poils des parties intimes.En
ce qui concerne les ornements, les individus desdeux
sexes portentune
quantité de bracelets de fer
aux deux
bras etun anneau
demême
métalà chaque jambe
(fig. 171 et 183). Lesfemmes
portent, en outre, des colliers de perles,autour du
cou etautour
de la taille, juste au-dessus de leur jupe.On
ne rencontre pas chez lesBankutu
l’habitude de porterune
ceinture de perles sous la robe,comme
le font tant de
femmes Bantu. Les
esclavesmâles
nepeuvent
porteraucun ornement.
Les enfants au-dessous de dix ans seuls
vont
nus, les autres individus sont habillés.Les hommes
portentun jupon
d’étoffe de palmier retenupar une
ceinture de peau.On
passe l’ex- trémité supérieuredu
ju-pon dans
la ceinture en avant, eton
la replie versle bas, le pli
ayant
plu- sieurs pouces de largeur.Ainsi drapé, ce vête-
ment pend
jusqu’àun pouce
environdu
genou,et ses
deux
extrémités ne se rejoignent pas, de sorteque
la face latérale de la cuisse droite est laissée à découvert.Dans
laplupart des endroits, le
costume
desfemmes
estanalogue à
celui deshommes, mais
il existe, prèsdu Sankuru, un costume
qui secompose uniquement
d’une ceinture de peau, supportantune
épaisse frange de cordelettes en fibres de palmier, descendantjusqu’aux genoux.
Le
chef (fig. 171),comme nous
l’avons déjàmentionné,
porteun costume
pareildans
l’ensemble à celui de ses sujets,mais avec
cette différenceque
sa robe descend jusqu’aux chevilles. Il aégalement
le privilège de porterune
sorte de calotte en corde tressée, et ornée d'uneplume
d’aigle. Cesplumes peuvent
aussi être portées parceux
(pii ont lueun ennemi
redoutéou un animal
puissant.Les
esclavesmâles
portentun costume
particulier, propre à la tribu desAkela
à laquelle appartiennent la plupart des esclaves. Il estcomposé
dedeux
petitsmorceaux
d’étoffe cousus ensemble, passant entre lesjambes,
relevés et attachés enavant
et en arrière à la ceinture.Ceux
qui portentun costume ou un
insigne qu’ils n’ont pas qualitépour
porter sont punis d’uneamende.
Fig. ISO.
—
Hommes Bankutu.On
enterre lesmorts avec
lesvêtements
qu’ils portaientau moment où
ils sont morts.Les
huttes desBankutu
ressemblentdans
leurs lignes généralesà
celles desBushongo
de l’ouest, c’est-à-dire qu’elles sont rectangulairesavec un
toità pignon
(fig. 192), les
murs
aussi bienque
le toit sont recou- verts de feuilles de palmier.Les
principales différences sont les suivantes :un
fût vertical, fait debandes decorces
disposées verticalement, et s’étendant depuis le sol jusque environaux deux
tiers de lahauteur du mur,
entoure lamaison
; cesmorceaux
d’écorces sontmaintenus
par des baguettes horizontales, fixées exté- rieurement et en haut. L’orientation de lamaison
estaussi différente. L’axe principale de la construction est à angle droit
avec
la rueau
lieu de lui être parallèle.Les
portes sont pratiquéesdans
les plus petits côtésdu
rectangle etdonnent
parconséquent
sur la rue. Lestoits, couverts de feuilles, sont très légers et
on
emploieles
moyens
suivantspour empêcher
qu’ils ne soientemportés
par le vent :on
attache troisou
quatre perches solides par-dessus lechaume comme
chez lesBatetela
du nord
et allant depuis les larmiers jusqu’aufaîte
du
toit. Ces perches sont disposées surchacun
des côtés
du
toit demanière à
s’associerdeux
à deux,elles dépassent de
beaucoup
le faîtedu
toit dechaque
côté.
Chaque femme
adulte,mariée ou non,
possède sa hutte à elle.Les
Bankutu
se servent de canots creusés.Les Bankutu
voisins
du Lukenye
ont des canots creusés etmunis,
dechaque
côté, d’une poutre destinée
à
rétablir l’équilibre de l’embar- cation. Ils ne savent pas nager.Au
point devue
de l’industrie, lesBankutu
ne sont pas très avancés.Les hommes
préparent lespeaux
d’antilopeet de porc, font de la corde en fibre de raphia, et tissent de
l’étoffe de palmier, sur le métier
que
l’on rencontre générale-ment dans
toute cette région de l’Afrique. Lesfemmes
font la poterie.En
ce quiconcerne
la métallurgie, leshommes
travaillent le fer,
mais
il nesemble
pas qu’ils connaissentla fonte de ce
métal
qui leur est apporté brut de chezles Akela.
La, principale
arme
est l’arc. 11 estdu même modèle que
celui
dont
se servent les Bateteladu nord
etque nous avons
décrit plus haut.Un
trouvedeux
espèces de llèches.Les
unes,emmanchées
d’une tête en fer, et d’unmodèle analogue Homme
Bankutu.à
celles des Bateteladu
nord, les autres consistant simple-Fig. 190.
— Homme
Bankutu.I8“2
Fin. 192.
—
Cases Bankutu, village Okitu.dans
sonensemble
laforme
d’une feuille; elle est lisseou avec une nervure médiane, ou
encore avecune
paire de bar- belures arrangées symétrique-ment
dechaque
côté. D’autresmodèles
ont des barbelures ar- rangées alternativement, sur le bois de la flèche.On
se sert aussi de couteaux, à la guerre ;ils ont la
forme
qu’indique la figure 177.Les
lourdspommeaux
defer pleins qui garnissent les
manches
courts de ces cou- teaux sont tout à fait caracté-ment
enun morceau
de nervure de palmier, pointu, et dont des éclatsforment
les barbes ; le bout est en- coché et fendu, etdans
la fenteon
glisse
une
feuille qui fait office d’em-pennage
;une
ligature demince
corde de fibre maintient le tout en place.Ces flèches sont enduites
du même
poi-son
que
celuiemployé par
les Batetela.On
porte les flèchesdans
de petitscarquois cylindriques faits de
peau
dontles poils n’ont pas été enlevés.
Une
partie descombattants
à la guerre estarmée
de javelots qu’ils lancent sur l’ennemi ; ces javelots sontemmanchés d’une
tète de ferayant
Fig. 194.
—
Cases Bankutu.ristiques. Les boucliers étaient autrefois d’un
usage
général,mais
sontcomplètement
délais- sés actuellement.Les
noms
les suivants
1. kochi 2. ejje 3.
ishashu
4. ine
5. itanu
6.
isambanu
des
nombres
sont7. isambili 8.
inane
t). dibicoa 10.
ju
1 1
.
jum
ba kocln12.
jum
epele13.
juin ishashu
30.kakumishashu
50.ko kumitanu
20.
kamipi
40.kakumine
100. loajiIl a été très difficile d'obtenir
quelque
indicationconcernant
lesnombres
plus élevés.L’année
est divisée endeux
saisons, l’une sècheWanyi,
et l’autre,humide, Wobo.
Ilsne
connaissent pas de divisions subséquentes en mois, et ne possèdent pasnon
plus demarchés
périodiques.L’ouest se
nomme
Giri; l’est,Mako
kalushi ; lenord
et le sud n’ont pas denom.
Le
soleil senomme Yanyi,
la luneGondo,
les étoiles Toto.Le mot employé
comme
salutation estJimu.
Fi<i 1*.r>
—
Hommes Bankutu.LES AKELA
Chez
les Akela, legouvernement
est entre lesmains
des chefs de village, dont la principale fonction est de rendre la justice et qui tirent la partie la plus importante de leursrevenus
desamendes
qu’ils infligent à leurs sujets.Cn homme
accusé peut
demander
d’êtresoumis
àune épreuve
C’estune épreuve analogue aux
ordalies enusage
chez lesBasongo Meno.
La
poudre,obtenue
en râpantune
écorce appeléeUkungu,
est introduitedans
lesyeux
de l’accusé et, si celui-ci devientaveugle
après cette épreuve, sa culpabilité est considéréecomme prouvée; au
contraire s’il resteindemne on
le déclare innocent et il peutréclamer
desdommages
considérables à son accusateur.Le meurtre
estun crime
punipar
lapendaison
; ce sont les plus proches parents de la victime qui jouent le rôle d’exécuteurs des hautes-œuvres.Les
autres délits sont punisd’amendes
de valeur variable et ilsemble
bien qu’il existeune
sorte de code chez ces indigènes, carils ont
coutume
d’appliquer lesmêmes amendes pour
punir lesmêmes
délits. Il est de règlepar exemple que
celui qui a, voléun
couteau doitpayer une amende
de quatre poules, c’est-à-dire ledouble de la valeur de l’objet volé ;
dans
les cas d’adultère, lecoupable doit
payer une amende
de trois poules,un
chien etdeux morceaux
de cuivre.Tous
lesmembres
de la tribune
sont pas responsables.Le
père est responsable de ses enfants, et le pro- priétaire d’esclaves, des actions de ses esclaves.Pour
ce qui concerne les questions de la vie sexuelle, lamorale
des
Akela
est très relâchée.Les
personnesnon
mariées son! autorisées d’avoir des relations depuis leur plus jeune âge. Il ne faut pas s’attendreà
trouver, et,en fait,
on
ne trouvejamais
de fiancée qui soitFig. 196.
Fétiche Akela
vierge.
2-1
186
Les lois .|iii régissent la propriété et les successions ressemblent plus à celles
eu vigueur chez les
Lanka!
u qu’a celles auxquelles obéissent lesBasougo Mono.
Seuls, les individus adultes
du
sexemasculin
ont le droit de posséder. Lesmineurs
et les
femmes
tiennent tout ce qu’ils possèdentdu
chef de la famille.On
trouve des esclaves qui sont prisparmi
les prisonniers de guerre.Ceux
qui se prennent d’affectionpour
leursvainqueurs
ont leurs dents arrachées à lamode
Akela, etdemeurent dans
la tribu; les autres sont vendus. LesAkela
en insistantpour que
leurs esclaves prennent la
marque
distinctive de la tribu, diffèrent desBankutu
qui ne permettent
qu’aux hommes
libres de porter les cicatrisations qui sont leur insigne.Un
autre point encoremarque une
différence entre cesdeux
tribus, c’estque
lesAkela
permettent lemariage
entreun homme
libre etune
esclave.De
même que
chez lesBasougo Meno,
les enfantsqu’une
esclavedonne
à sonmari
libre sont libres.Les successions s’établissent
dans
labranche
dedescendance
masculine; l’héritiernormal
esl le premier fils survivant,mais
si le défunt n’a pas de fils, la
propriété passe à l’aîné des frères survivants.
Une coutume inconnue dans
les autres tribus voisines es! celle en vertu de laquelleun
héritierdonne une
partie de son héritage
aux
autres enfants
ou
frèresdu
défunt. Los esclaves et lesveuves du
défunt font partie de la succession,comme
les autres biens. Toutefois, si la
mère
de l’héritier se trouveparmi
les veuves,elle ne devient pas sa
femme, mais
celledu
frèredu
défunt.Comme monnaie on
se sert chez lesAkela
des différents objets suivants : des couteaux,Ihaka
; des pointes de javelots,lhonga
; desanneaux
en cuivrepour
les chevilles,Konga
; enfin, les chiens sont aussi utiliséscomme monnaie;
voici lesvaleurs relatives de ces différents biens :
Fin. 197.
—
Tombeau d’une femme de chef Akela.1
Ihaka
.2 !liant/a
‘)
*> »
1 Ikonga.
1
Konga.
1 chien.
Les aulres valeurs son! :
2
poulets .Un
esclave.Une
esclave1 Ihaka.
Konga.
5
à 7Konga.
1S7
Nous
n’avonspu
lions renseignerexactement
sur le prix d’une épouse, d'abord parceque
ce prix est considérécomme
«une somme
incalculable », mais, plus vraisemblablement, parce qu’il estpayé
parune
série d’acomptes,durant une
trèslongue
période, ce quirend
difficileune
supputation exacte de lasomme
totale.Ainsi
que nous
l’avons indiquédans
le chapitre consacréaux Bankutu,
lesAkela échangent avec
ce peuple leurmonnaie
de cuivre, et reçoivent enéchange du
cuivre brut.On
ne tient pas demarchés.
Les Akela
se servent degongs
de boispour envoyer
des signaux. Les instrumentsque
l’on emploiepour
cetusage
ontune forme
différente deceux que
les Bateteladu
sud affectentau même
service, et ressemblent plutôt àceux employés
par les Okale,et plus particulièrement encore par les Tofoke.
La forme
générale en est cylindrique, ilest constitué
par un
simple tronc d’arbre évidé. Il existe aussiune forme
plus primi- tive degong
qui sert égale-ment à
transmettre desnou-
velles.
Ce gong
est construit de lamanière
suivante :un
trou est pratiqué
dans
le solpour
servir de réson nateur, etdeux
baguettes de bois,donnant,
lorsqu’on les frappe,deux
notes diffé- rentes, sont placées en tra- versdu
trou;on
frappeavec
desmorceaux
de bois unis.Au
point devue du
mariage, lacoutume
laisseplus de latitude
au mari Akela
qu’aumari Bankutu,
en ce qui concerne lenombre
de ses épouses, car la population de son
harem dépend uniquement
de l’étendue de sesmoyens
matériels.De
plus, ilsemble
existerune
liberté plusgrande pour
les unions;lorsqu’un
homme
désireépouser une femme,
il lui fait part de ses intentions, et, si elle est consentante, ill’emmène
vivreavec
lui sans plus de formalités.Le
père de lamariée
se présente alors etréclame
le prix de sa fille, lequel est acquitté parversements
fractionnaires.Ce
prix n’apu
être établi, et d’ailleurs lemode
depayement employé
nepermet
pasaux
indigènes d’en faireun compte
exact.Malgré
cette
grande
libertédont nous venons
de parler,deux
pères arrangent parfois desmariages
entre leurs enfants lorsque ces derniers sont encore tout petits.Chaque femme
possèdeune
hutte séparée, et lemari
passedeux
nuits consécu- tivesavec chacune
de ses épouses à tour de rôle.La
seulecoutume
se rapportant à la naissance etque nous ayons pu
recueilliravec
certitude,pendant
letemps que
l’expédition est restée chez les Akela, estque
lemari
d’unefemme
enceintene
doit paschanger
de vêtements.La
religion desAkela semble
être différente de celle des autres tribus déjà décrites Fk4. 198.—
Tombeau d’une femme de chef Akela.188
Fig. 199.
—
Tombeau Akela.dans
cevolume,
en ce sensque
les indigènes paraissent n’avoiraucune
croyance àun
être
suprême.
Ils reconnaissent bien, en réalité, avoirentendu
lesBaliamba
parler d’une puissance créatrice et destruc- trice,mais
prétendent ne pasla connaître. Ils appellent la partie immatérielle de
l’homme, Dihoho
,un mot
qui paraît n’avoiraucun
rapportavec aucun
des ternies usitésdans
ce sens par les autres tribus, Batetela,Bankutu ou Basongo Meno.
Ils disent ignorer ce qui survient après la mort.Bien que nous
n’ayonspu
rien recueillir de certainconcernant
les croyances reli-gieuses des Akela, ce peuple paraît pratiquer
une
sorte de culte des ancêtres.Non
seule- ment, ils construisent sur lestombes
de leursmorts
des huttes funéraires dont la construction est plus soignéeque
celles des habitations des vivants (fig. 197-201),mais
encore, ils font surles
tombes
des offrandes de nourriture et de boissons.D’une
façon générale,ils
vouent aux morts un
culte plusgrand que
n’importe quelle autre tribuparmi
celles observées par 1expédition.
Nous
nepouvons
rien affirmerquant aux cérémonies
Itinéraires qui sont pratiquées
dans
cette peuplade,mais
voici les caractéristiquesque
présentaient lestombes
qu’ilnous
a étédonné
d’y observer. Au-dessus de latombe
quirenferme
le corpsdu
défunt, est bâtieune
hutte funéraire, plus belle, ainsique nous
l’avons dit déjà,que
n’importe quelle autre habi- tationdu
village.Le
plan de cette construction est rectangu-laire; elle se
compose
d’un toità pignon
fait en feuilles etdu modèle
des habitations des vi- vants, supporté par desmurs
très bas d’environ
un
pied seu-lement
de hauteur, et fait detreillage.
Une
des extrémités dutoit dépasse le
mur
demanière
à formerune
sorte de vérandah,et
dans
lemur
situéimmé-
diatement dessous, est pratiquée
une
entrée rectangulaire par laquelleon
introduit la nourriture et les boissons offertesau
mort.Sous
lavérandah,
sontsuspendus
Fig. 200.
—
Tombeau Akela.des grelots de jonc de
forme
plaie et carréecomme ceux que
l’on rencontre chez les Batetela,ou
bien d’autres en jonc tresséavec
des bouclesformant
anse,analogues
à
ceux
des Batetela et desBasonge; dans
cemême
endroit,on trouve aussi des
morceaux
d’étolïe et des callebasses.
Sur
le sol, des pots, entiers
ou
brisés, de petites tiges ornées de perles, et
un
petitbâton
auquel sont fixées des plumes.Nous avons pu
observerune tombe
sur laquelleon
avait déposéune
botte de chanvre.Autour
de latombe,
sur le sol,on
dispose des poutres debois de
manière à former un
FlG. 201.-
Tombeau Akeia.rectangle;
à
l’intérieur de cerectangle, la terre est pilée et battue fortement de façon à constituer
une
sorte de plate-forme d’environ quatre pouces de hauteur.Chacune
de ces huttes funéraires est enclosedans une
palissade de fascines très hautes.La
seulecoutume
relativeau
deuil,que nous ayons pu
observer, c’estque
lafemme
se rase la tête.Le mot
usuelpour
les salutations estAoko
et
on y répond
par cet autre :Oh
!Au
point devue
des traitements chirurgicaux,nous n’avons
eu d’informationsque
relativement à la saignée qui est opéréeau moyen
d’une incision entre lesdeux
yeux.Le manioc forme
la base de la nourriture des Akeia,mais
ilsmangent
aussi des patatesen grandes
quantités.La méthode
usitée’pour
préparerle
manioc
est lamême que
celleque nous avons
observée chez lesBankutu. D’une manière
générale,on
peut direque
tous les individus sont autorisés demanger
la chair de tous lesanimaux, avec
cette seule exception
que
lesfemmes ne peuvent
jamaismanger
la chair des chiens.On
rencontre bien des individus qui observent des prohibitions relativesà
la chair de certainsanimaux, mais
ellesne leur ont été prescrites
que
par le féticheur,comme
faisant partiedu
traitementque
celui-cileur a
imposé pour
la guérison de quelque maladie.On
appelleOheka
(Batetela, Chishila)une
telle prohibition; elle n’a
cependant aucune connexion avec
des idées de clans, niaucune
base religieuse.yiSUiCi
Fig. 202.