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Année 2012, n° 7 – Sommaire

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Pauvres, mais honnêtes, nous paraissons quand nous pouvons, et notamment le Pauvres, mais honnêtes, nous paraissons quand nous pouvons, et notamment le Pauvres, mais honnêtes, nous paraissons quand nous pouvons, et notamment le

Pauvres, mais honnêtes, nous paraissons quand nous pouvons, et notamment le samedi 14 avril 2012samedi 14 avril 2012samedi 14 avril 2012samedi 14 avril 2012

Année 2012, n° 7 – Sommaire

RDC RDC RDC RDC

Partis partisans et élus contestataires Partis partisans et élus contestataires Partis partisans et élus contestataires

Partis partisans et élus contestataires … page 1 Mali

MaliMali Mali

Nicolas au Sahara… page 5 Rwanda

Rwanda Rwanda

Rwanda / Burundi / Burundi / Burundi / Burundi

Attentat du 6 avril: une version burundaise à verser au dossier … page 8 AlgéAlgéAlgé

Algérierierierie

Lettre ouverte à la SENATRICE BARIZA KHIARI… page 12 Belgique

Belgique Belgique Belgique

Pourquoi les patrons flamands n'aiment pas Di Rupo… … … page 15 … Monde

MondeMonde Monde

Alain Badiou :« Le communisme est le nom de l’alternative » … … … page 19 … SYRIE

SYRIE SYRIE SYRIE

L’opposition syrienne: laïcs contre islamistes?... page 23 R

RR

Rwandawandawandawanda

Les menus propos de Théogène Rudasingwa ... page 25

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RDC

Partis partisans et élus contestataires

Par Guy De Boeck

Aubin Minaku, cadre du PPRD, a été élu nouveau président de l'Assemblée nationale en République démocratique du Congo (RDC). Il s'agit du premier changement institutionnel en RDC depuis les élections1 contestées de novembre 2011. L'opposition a boycotté le vote.

Pour l'élection du bureau de l'Assemblée nationale, l'opposition a dénoncé "des tricheries" et accuse la majorité de s'être "ingérée dans les affaires de l'opposition" en imposant ses propres candidats d'opposition (très différents de ceux proposés par les partis).

L'UDPS et le MLC avaient en effet désigné d'autres candidats que ceux proposé et élu au

1 Les élections du 28/11/11, organisées dans des conditions invraisemblables, ont donné des résultats qui, en réalité, sont encore inconnus. Comme il est certain que les fraudes les plus importantes ont eu lieu au niveau des centres de compilation, on ne pourrait se rapprocher de la « vérité des urnes » qu’en se référant aux PV des bureaux de vote, dernière opération à avoir été publique et vérifiée par des témoins. Les chiffres publiés par la CENI ne s’accompagnaient pas de ces PV, l’Eglise n’a jamais publié les résultats constatés par ses observateurs, parce qu’ils étaient partiels et les chiffres publiés par l’UDPS ne s’accompagnaient pas non plus de ces PV. On ne possède donc que des résultats dont la crédibilité est nulle. Les législatives ont été dignes de la présidentielle, sinon pires. La CSJ a cependant entériné les résultats de la présidentielle et est en train de faire de même avec les contentieux des législatives. Le temps s’est écoulé, la pluie tropicale est tombée sur les bulletins abandonnés en plein air. Tout ce que l’on peut dire, c’est que les résultats des élections demeureront à jamais inconnus. Toute autorité prétendue ne relève plus que de la force, de l’intimidation, d’un coup d’état de fait. Le principal ressort de ce coup d’état consiste à progresser, comme si de rien n’était, dans les tâches qui suivent normalement une élection et à mettre le pays et le monde devant le fait accompli.

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poste de 2e vice-président et de rapporteur adjoint (des postes réservés à l'opposition). Pour protester contre cette "sélection" des opposants par la majorité, les députés du MLC et de l'UDPS ont quitté la salle au moment du vote.

Le leader de l'UDPS, Etienne Tshisekedi, avait promis de radier les députés de son parti qui siégeraient à l'Assemblée nationale... c'est chose faite depuis le 10 avril. Etienne Tshisekedi, qui ne reconnaît pas les résultats des dernières élections présidentielle et législatives, avait opté pour le boycott de l'Assemblée au risque d'isoler son parti de la scène politique congolaise. 33 députés de l'UDPS ont décidé de siéger et se retrouvent désormais sans étiquette politique.

Etienne Tshisekedi a donc mis ses menaces à exécution : 33 députés du parti d'opposition ont été "auto-exclus" par les instances de l'UDPS. Les 33 fautifs n'avaient pas respecté la règle de boycott imposée par Etienne Tshisekedi. Candidat malheureux à l'élection présidentielle de République démocratique du Congo (RDC) en novembre 2011. Alors que les autres partis d'opposition ont tous décidé de siéger à l'Assemblée, Etienne Tshisekedi est resté campé sur sa position : le boycott de toutes les institutions issues des élections "frauduleuses".

Cette décision passe mal auprès de nombreux cadres de l'UDPS qui craignent d'être marginalisés et inaudibles dans l'espace politique congolais.

Pour la majorité des députés élus de ce parti, il n’est pas nécessaire de pratiquer la politique de la chaise vide car le vrai combat politique doit se faire au sein de l’assemblée nationale afin de faire valoir les grandes idées du changement. Selon eux, la stratégie du boycott (maintes fois utilisée par Tshisekedi) "n'a jamais payé par le passé".

Pour ceux qui constituent la branche dure de l’Udps, les résultats des élections, tels que procamés, ne traduisent pas la vérité des urnes, expression du peuple qui a massivement élu monsieur Etienne Tshisekedi au poste de président de la république (affurmation qui n’est pas davantage prouvée que la « victoire » de Kabila). La plupart des députés ont été nommé par les services de la Ceni. Face à cette réalité, accepter de siéger dans un parlement qui ne traduit pas la volonté populaire est une trahison au peuple congolais qui a déjà fait son choix.

Divisée, l'UDPS risque l'éclatement, comme après chacune de ses défaites électorales.

Lassés par l'irrédentisme d'Etienne Tshisekedi, certains cadres ont déjà rejoint d'autres formations politiques, comme l'UNC de Vital Kamerhe. Des départs pour l'instant marginaux.

Préférant parler "d'auto-exclusion constatée" plutôt que de radiation, l'UDPS a communiqué la liste des 33 radiés, le 10 avril dernier.

Tout ceci remet en mémoire une question qui est récurrente dans tous les régimes parlementaires, mais qui semble singulièrement récurrente en RDC : le rapport qui unit un mandataire à son parti. Celui-ci est-il en droit de lui imposer des consignes de vote ? De le sanctionner, voire de l’exclure à propos de la façon dont il exerce son mandat ?2

Il faut tout d’abord savoir que l’existence de partis, au sens moderne et organisé du mot, est plus récente que la fonction de « représentant du peuple ». Ils n’ont commencé à jouer un rôle important que vers la fin du XIX° siècle, avec l’avènement progressif du Suffrage Universel, qui a rendu nécessaire une identification nette des candidats, à l’usage des électeurs illettrés ou eu instruits. Aux yeux de la loi, le parti n’existait tout simplement pas. Et

2 Il est bien évident que nous supposons ici qu’il n’y a en cause que des actes politiques. Nous n’envisageons pas ici le cas du député commettant des faits répréhensibles en droit commun, p. ex. s’il se servait du prestige de sa fonction pour commettre ne escroquerie.

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ce n’est qu’assez récemment qu’en Belgique, par exemple, son nom s’est mis à figurer sur les bulletins de vote. Avant cela, n’y étaient mentionnés que les numéros.

Il n’existe donc légalement qu’une seule relation : celle du représentant avec les électeurs qui l’ont élu, et ceux-ci ne peuvent le sanctionner que d’une seule manière : en ne le réélisant pas à l’élection suivante. Tout au plus peuvent-ils, s’il commet des actes qui leur déplaisent, faire pression sur lui pour l’amener à démissionner.

Au fur et à mesure que les partis se sont taillé une place croissante dans la vie politique, ils ont tendu à imposer un certain nombre de choses à leurs élus. Cela se faisait d’autant plus facilement et discrètement que ceux-ci sont en général des membres influents du parti et que ci qui bénéficie à celui-ci n’est en général pas dépourvu d’intérêt pour eux. Les exigences des partis se justifiaient généralement par deux ordres de considérations.

Politiquement, dans un régime gouverné par des assemblées, les décisions se prennent par vote, et il faut donc faire nombre. Tout ce qui s’éparpille, dans un tel système, court au- devant de sa perte. Les élus d’un même parti, dans un tel contexte, comptent sur l’appui les uns des autres. En particulier, la majorité gouvernementale compte sur les votes de tous ses membres, considérant d’ailleurs à juste titre que ce n’est là que l’application du « congrès de participation » par lequel la base du parti a accepté d’entrer dans cette coalition et d’en appliquer le programme. Le gouvernement peut d’ailleurs toujours faire appel à la discipline de parti en « posant la question de confiance », c'est-à-dire en annonçant qu’il démissionnera en cas de vote négatif. D’autre part, les partis laissent habituellement à leurs élus une certaine marge, les autorisant à s’abstenir ou à voter suivant leurs convictions personnelles sur des questions perçues comme secondaire ou, au contraire, philosophiques. (Ce fut, par exemple, le cas en Belgique pour es questions dites « éthiques » : avortement, euthanasie…)

Matériellement, l’élu et son parti se rendent mutuellement service. L’élu bénéficie de services et dépenses du parti, mais celui-ci profite également de la notoriété, et même des revenus de l’élu, habituellement tenu de reverser au moins une partie de sa rémunération au parti. Cet échange de services mutuels est bien sûr assez harmonieux quand tout va bien, mais remis en cause quand les relations entre les deux parties se gâtent. Le parti mettra alors en avant les frais considérables investis dans la campagne électorale de l’élu. Celui-ci ne manquera pas de rétorquer qu’on a peut-être loué a salle, mais que c’est son éloquence qui a convaincu les électeurs. La polémique est sans fin et reprend rigueur, si pas à chaque fois qe l’on évoque le vote de discipline, au moins à chaque fois qu’un élu, en « délicatesse » avec son parti, envisage de le quitter, mais veut en même temps garder son siège, ce qui lui est toujours possible, puisque la loi ne connaît que l’élu, non le parti.

Tout cela est valable aussi en Afrique et en RDC, mais il faut prendre en compte ce qui est spécifique à cette dernière : la vie intermittente des partis et la personnalisation bien plus grande de la politique.

Même les partis qui sont quelque peu actifs entre les élections - et ils ne sont pas nombreux – sont avant tout des machines électorales qui ne tournent à plein régime qu’à l’approche des élections et en campagne électorale. Beaucoup sont carrément dépourvus de ce que nous mettons spontanément derrière le mot « parti politique » : un bâtiment et un personnel permanent qui y travaille.

De plus, infiniment davantage que sous d’autres latitudes, le parti est intimement lié à la personne de son leader. Le parti est son instrument de propagande. Il est pratiquement sa

« chose ». Quasiment partout, la parole du Président fait loi et, si l’une ou l’autre décision est

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prise de façon apparemment collective, le « collectif » qui la prend est composé en majorité de délégués choisis pour leur fidélité au leader et prêts à voter « oui » mécaniquement à toute suggestion du Grand Homme.

Il faut faire la part des choses : ce comportement est en partie culturel. Il y a dans la tradition bantoue une tendance à la sacralisation du Chef. Et trente ans d’adulation obligatoire du Père de la Nation n’ont pu que laisser des traces. Malheureusement, il faut bien constater qu’à côté de ces faits, il y en a d’autres qui manifestent une volonté de voir cette situation, peut-être au départ accidentelle, perdurer.

On trouve pour ainsi dire toujours dans les mécanismes de fonctionnement des partis congolais une institution-clé, dont le nom le plus fréquent est « Collège des Fondateurs ». Cet organe concentre tous les pouvoirs et comporte essentiellement le leader, sa parentèle et des hommes-liges qui lui sont liés depuis longtemps par de solides liens d’intérêt. Autant dire qu’entre ce « Collège » ou « Directoire » ou quel qu’en soit le nom, et le leader lui-même, la différence est plus mince encore qu’une feuille de papier à cigarette. Dans les faits, la plupart des présidents de parti s’arrogent, quoi qu’en dise le prescrit des textes, une sorte de droit d’anathème ou d’excommunication.

Comme, en outre, les hommes politiques congolais ont rarement la sagesse de Nyerere ou de Mandela et se cramponnent au pouvoir, fût-il simplement sur un parti, avec une énergie féroce jusqu’à leur dernier souffle, on peut imaginer les pires scénarii. Il n’y a pas tellement longtemps, Gizenga étant premier ministre, le bruit avait couru que G. Mayobo, titulaire du poste de « Ministre auprès du premier ministre », avait entièrement isolé Gizenga, devenu complètement sénile, et le manipulait comme une marionnette, le gâteux Premier ministre n’écoutant plus que lui. Ce qui est inquiétant, ce n’est pas tellement que de tels bruits courent (on n’empêchera jamais les gens de jaser) mais que, si l’on y réfléchit, de telles choses seraient au moins possibles.

En fait, dans la plupart des cas, au Congo, lorsque l’on prétend que « le parti » a déclaré ceci ou décidé cela, il s’agit d’un artifice de langage pour présenter comme collective, voire comme démocratique, une décision qui est, dans les faits, prise par un seul homme.

Même si, juridiquement, les partis n’existent pas et que le mandataire n’est responsable que devant ses électeurs, on peut quand même trouver que, dans certains cas, l’intervention, voire la sanction d’un parti peut encore, tout de même et dans une certaine mesure, être fondée. Elle l’est dans la mesure où le parti correspond à ce qui devrait en être la définition : « un groupe d'hommes et de femmes qui s'organisent pour exercer le pouvoir en vue de réaliser une société conforme à leurs idéaux. Les partis ont pour fonction : d'élaborer un projet politique proposant des réponses aux problèmes de la société ; de présenter au suffrage des citoyens des candidats qui veulent défendre et réaliser ce programme ; de conclure des alliances et négocier des programmes d'exécutif ; de contrôler et critiquer le pouvoir exécutif ; d'offrir des possibilités de formation et de participation à la vie publique”. Il va de soi que ces objectifs n’incluent nullement

“ de servir aveuglément les ambitions d’un seul”.

Les élections de 2011 n’ont jusqu’ici amené qu’un seul résultat que l’on puisse réellement considérer comme positif : l’UDPS, qui depuis des années se trouvait en marge des institutions de la RDC, dans le rôle assez stérile « d’opposition extraparlementaire » a retrouvé en partie sa place légitime au sein des institutions. Faut-il qu’il gaspille ce qui lui revient de drot et paye ainsi l’incapacité d’un leader qui n’avait prévu aucune parade contre le fait, pourtant prévisible, que Kabila ne céderait jamais sa place de son plein gré ?

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Mali

Nicolas au Sahara

par Jean-François Bayart

Le Mali allait à vau-l’eau avec un pouvoir central en mal d’autorité, malmené par la guerre dans la Sahara et miné par une mauvaise gouvernance. Il a suffit que Sarkozy fasse le reste avec sa désastreuse politique africaine pour ruiner une des rares démocraties qui se

construisait en Afrique.

A quelques semaines des élections présidentielles tant maliennes que françaises, le renversement par la soldatesque de Amadou Toumani Touré, dit ATT, confirme le caractère erratique de la politique africaine de Nicolas Sarkozy. Inauguré, au sud du Sahara, par le calamiteux discours de Dakar, le mandat de ce dernier se clôt sur la destruction de l’une des rares démocraties africaines qui étaient parvenues à s’institutionnaliser à l’issue de la grande vague de mobilisation de 1990. Un retournement que n’éclipse pas l’éclat de l’alternance au Sénégal, au moins du point de vue français puisque Nicolas Sarkozy avait cru bon d’adouber Karim Wade lors du sommet du G 8 à Deauville, en 2011, au grand embarras de Barak Obama.

Bien sûr, la responsabilité de ce triste dénouement revient au premier chef aux Maliens eux- mêmes. Et notamment aux mutins qui semblent ne point savoir que faire de ce pouvoir dont ils se sont emparés à la pointe de leurs fusils et qui sont bien en peine d’imposer à leurs troupes un minimum de discipline, à défaut de pouvoir coopter des personnalités politiques susceptibles de blanchir leur entreprise et de leur donner les moyens de gouverner. De notoriété publique, la démocratie malienne était malade, le pouvoir central n’était plus en mesure d’exercer son autorité dans le Nord saharien en proie à de multiples trafics, et le pays

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allait à vau-l’eau. Il n’empêche que la politique de Nicolas Sarkozy, depuis cinq ans, non seulement n’a été d’aucune aide, mais encore a contribué au pourrissement de la situation.

D’emblée, le nouveau locataire de l’Elysée, qui avait déjà des relations difficiles avec Amadou Toumani Touré lorsqu’il occupait la Place Beauvau, a mis sous pression celui-ci afin de lui faire accepter un accord de réadmission des migrants sans papiers en provenance du Mali. Pour des raisons de politique intérieure, ATT ne pouvait que refuser cette demande, pour insistante qu’elle fût. Ce premier contentieux envenimera les relations entre Paris et Bamako de façon irréversible, compte tenu de l’entêtement de Nicolas Sarkozy et de ses ministres de l’Intérieur successifs. Et ce d’autant plus que la politique africaine de l’Elysée se limitait désormais à la seule problématique des migrations, du fait de l’amenuisement dramatique de l’aide publique au développement de la France3

Lorsqu’une nouvelle thématique vint se greffer sur l’enjeu migratoire –celle de la lutte anti- terroriste, à la suite de la multiplication des prises d’otage dans le Sahara– Paris ne trouva pas à Bamako des interlocuteurs plus accommodants. Amadou Toumani Touré était hostile à la militarisation aveugle de la question, dont il voyait les dangers et le coût pour son pays. Il s’est alors trouvé sous les feux de critiques croissantes de la part des autorités françaises et de leurs supplétifs mauritaniens, qui sont moins prompts à s’interroger sur le jeu très trouble de l’Algérie dans cette partie du monde. Le piège s’est alors refermé sur ATT.

D’une part, la France et la Mauritanie ont commencé à guerroyer contre AQMI sur le territoire du Mali sans s’embarrasser de respecter sa souveraineté. Le passage au tout militaire n’a évidemment rien résolu, et créé de nouveaux problèmes en désorganisant la maigre vie économique de la région et en provoquant des déplacements de population. En outre, l’intervention étrangère a affaibli davantage encore un Etat sur la débilité duquel on versait déjà des larmes de crocodile. D’autre part, Nicolas Sarkozy, soucieux de se refaire une virginité démocratique après le camouflet du renversement de Ben Ali en Tunisie et de Moubarak en Egypte, s’est lancé tête baissée dans l’aventure libyenne sans s’interroger sur l’après-Kadhafi. Le résultat ne s’est pas fait attendre: les combattants touaregs que ce dernier avait recrutés s’en sont retournés chez eux, le commerce transsaharien d’armes a explosé à la faveur de la guerre civile libyenne, le flux des investissements et des remises (remittances) des migrants en provenance de Tripoli s’est tari. Dans ce contexte, la rébellion touarègue a repris dans le Nord et a infligé des défaites cruelles à l’armée malienne. Aujourd’hui, la ville de Kidal est encerclée et sur le point d’être prise, tout comme le fut la base de Tessalit.

Les historiens diront ultérieurement si le pouvoir de ATT est tombé comme un fruit mûr, de manière contingente, sous le vent d’une simple mutinerie de militaires humiliés, ou si leur putsch avait pour but de court-circuiter une autre entreprise séditieuse qu’aurait préparée le ministre des Affaires étrangères, Boubey Maiga, avec, disent certains, l’appui d’intérêts français. L’extrême mollesse de la réaction de Paris, laissée à un ministre de la Coopération dont la chronique a du mal à retenir le nom, n’est pas faite pour dissiper le soupçon.

L’essentiel, pour l’instant, n’est pas là, mais dans le paysage politique de désolation auquel est désormais confronté Nicolas Sarkozy et qu’il a contribué à dessiner : à savoir un Etat clef du Sahel, dont le régime était respectable, et qui est maintenant livré à une poignée d’officiers incompétents dont les performances gouvernementales seront selon toute vraisemblance aussi convaincantes que le furent celles de leurs homologues guinéens ou sierra léonais.

3 Jean-François Bayart, « L’hypo-politique africaine d’un hyperprésident », Savoir/Agir, 5, septembre 2008, pp.

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Désastre annoncé, et dont il faut rappeler les ingrédients, constitutifs de la politique africaine de l’hôte de l’Elyséee4: liquidation de l’aide publique au développement de la France;

prohibition forcenée de l’immigration et des narcotiques qui construit une double rente formidable pour les passeurs d’êtres humains et de stupéfiants et transforme le Sahara en haut lieu de la criminalité organisée, en liaison avec les cartels latino-américains et la Mafia, la

‘Ndrangheta et la Camorra italiennes; érection des groupuscules d’AQMI en adversaire principal de la France, au risque de leur conférer une légitimité politique hors de proportion avec leur base sociale ; déversement de rançons pour libérer les otages, dont le montant peut dépasser le coût d’une campagne électorale présidentielle au Sahel et dont la circulation engraisse des intermédiaires aussi véreux que nombreux ; interventionnisme militaire au mépris de la souveraineté des Etats ; bombardement de la Libye sous prétexte de sauver une Benghazi que les troupes de Kadhafi n’avaient pas les moyens de reconquérir au dire des meilleurs experts militaires du pays, et au prix d’une guerre civile qui a plongé celui-ci, au mieux, dans le désordre des milices, au pis, dans le djihad si l’on se fie aux états de service de certains des nouveaux responsables politiques ; indifférence à l’égard de l’impératif démocratique, qu’avaient immédiatement scellée le soutien indécent apporté au même Kadhafi en 2007 et le sauvetage de Idriss Deby au Tchad en 2008, qu’avait confirmée l’appui tacite consenti à Mamadou Tandja au Niger, moyennant un plat d’uranium, lorsque celui-ci avait modifié la Constitution pour s’éterniser au pouvoir, en 2009, et que n’a pas démentie le coup de pouce aérien, trop intéressé pour être honnête, donné à Alassane Ouattara, en Côte d’Ivoire, en 2011.

C’est bien l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest qui se voit déstabilisée, pour une période indéterminée, par des politiques publiques mal pensées et vouées à l’échec, quel que soit le gros bon sens avec lequel on les vend à l’électorat français. Qui, en effet, peut se satisfaire de l’immigration sauvage, de la jeunesse droguée, des attentats ou des prises d’otage islamistes?

Certes pas Madame Michu, surtout si on ne lui explique pas que les politiques qu’elle entérine dans les urnes fabriquent ce qu’elles prétendent combattre : des clandestins, des trafiquants, des djihadistes.

Malheureusement, le débat, à l’approche du 22 avril, n’a toujours pas porté sur le bilan de la politique étrangère de Nicolas Sarkozy. En Afrique, dans les pays arabes, en Turquie, en Afghanistan, celui-ci est particulièrement sombre. Et ce qui est parfois présenté comme ses rares succès –la Libye, malgré les évidences de l’après-Kadhafi ; la Géorgie, en dépit de l’acceptation de l’occupation d’une partie de son territoire par l’armée russe grâce à la médiation d’un président trop pressé de regagner l’Elysée ; l’Iran, nonobstant l’incapacité des sanctions à faire plier Téhéran et leur coût pour l’économie française – prête en réalité à discussion, pour le moins. Ce qui s’est passé à Bamako résume les limites d’une méthode diplomatique et l’incapacité dont a fait preuve la France, ces dernières années, à concevoir une politique étrangère globale, anticipatrice et réaliste à l’aune de ses intérêts. En l’occurrence, l’hôte de l’Elysée, quel qu’il soit au soir du 6 mai, devra d’urgence remettre à plat le dossier sahélo-saharien s’il ne veut pas que celui-ci dégénère en métastase.

4 Je me permets de renvoyer à mes précédents billets: Le piège de la lutte anti-terroriste en Afrique de l’Ouest (28 juillet 2010); Quelle politique africaine pour la France? (25 octobre 2010) et L’Afrique de l’Ouest deviendra- t-elle à la France ce que l’Amérique centrale est aux Etats-Unis? (1er juillet 2011)

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Rwanda / Burundi

Attentat du 6 avril: une version burundaise à verser au dossier

Blog de Colette Braeckman

Selon Deo Ngendahayo, la réunion de Dar es Salaam qui précéda la mort du président Habyarimana était consacrée… au Burundi

« On lui avait dit qu’il ne ferait pas plus d’un mois au pouvoir… A la veille de son départ pour Dar es Salaam, le président burundais Cyprien Ntariyamira avait fait remarquer à ses collaborateurs qu’il y avait déjà trois mois qu’il avait succédé à Melchior Ndadaye, assassiné en novembre 1993. Vingt quatre heures plus tard, il trouvait la mort dans le Falcon 50 qui ramenait à Kigali le président rwandais Habyarimana… »

Depuis 17 ans, la polémique concernant l’attentat contre l’avion du président rwandais enflamme l’opinion car ce crash est généralement décrit comme l’élément déclencheur du génocide qui emporta un million de Tutsis et d’opposants hutus.

Le fait que, dans l’avion présidentiel se trouvait aussi le jeune chef d’Etat du Burundi est de plus en plus versé dans les oubliettes de l’histoire. Peut-être parce qu’à l’inverse du Rwanda, le Burundi n’a pas explosé, peut-être aussi parce que l’infortuné Ntariyamira, embarqué en dernière minute, fut en quelque sorte une victime collatérale de cet attentat qui ne le visait pas.

Déo Ngendahayo, lui, n’a rien oublié de ces heures tragiques. Et pour cause : administrateur général de la sécurité burundaise et très proche du président, il aurait du embarquer dans le Falcon et n’accepta qu’en dernière minute de céder sa place à Bernard Ciyza, le ministre de l’Information, qui voulait profiter du vol pour relire un communiqué de presse avec le chef de l’Etat.

Dix-huit ans plus tard, Déo Ngendahayo ne se souvient pas seulement d’être rentré à Bujumbura à bord du Beechcraft présidentiel, beaucoup plus lent, mais il se rappelle surtout le contexte de l’époque et le déroulement du sommet de Dar es Salaam qui s’était tenu le 6 avril.

Assis juste derrière le chef de l’ Etat burundais, il ne perdit pas une miette de la rencontre et aujourd’hui encore, il se pose des questions.

« A l’époque, le sort du Rwanda et du Burundi étaient étroitement liés : au Rwanda, le Front patriotique rwandais exigeait le retour des réfugiés et la participation à un gouvernement de transition ainsi que la fusion des armées. Au Burundi, le président Buyoya se présentait aux élections avec sérénité, persuadé de l’emporter devant son rival Melchior Ndadaye, à la tête du Frodebu. Lorsqu’en juin, contre toute attente, c’est Melchior Ndadaye qui remporta les élections démocratiques, Buyoya s’inclina. Si au Burundi, les vainqueurs se gardèrent de tout triomphalisme, c’est au Rwanda que cette victoire électorale d’un candidat hutu fut célébrée dans la liesse : Habyarimana y voyait un scenario de solution à la crise rwandaise ! Il se disait que, même si des concessions étaient faites au cours des négociations de paix, les élections générales, supervisées par la communauté internationale, allaient inévitablement amener au pouvoir un président hutu.

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Le Front patriotique, pour sa part, craignait évidemment des élections générales et, avec ses mentors, il avait intérêt à ce qu’échoue l’expérience démocratique du Burundi… »

Pour Déo Ngendayaho en effet, le FPR n’était pas seul : « il était soutenu par le président ougandais Museveni, et aussi, à l’arrière plan, par les Etats Unis qui voulaient changer la donne dans la région, installer des pouvoirs forts capables de barrer la route à la poussée de l’Islam…Dans cette optique, Habyarimana devait céder la place. Quant à Mobutu, leur vieil allié, les Américains savaient déjà qu’il était atteint du cancer et que son temps était compté. » Le début des années 90, c’était le temps de la démocratisation, à marche forcées s’il le fallait, et les puissances occidentales ne craignaient pas de bousculer les chefs d’Etat africains. Notre interlocuteur se souvient du sommet de la francophonie, qui s’était tenu à l’île Maurice en octobre 1993 : « en présence de Melchior Ndadaye, le président Mitterrand avait sérieusement tancé Mobutu et Habyarimana, leur enjoignant de démocratiser au plus vite. A tel point que le jeune président burundais s’était porté au secours de ses deux aînés, demandant qu’on les traite avec respect… »

Ce sommet devait être sa dernière intervention publique car dès son retour à Bujumbura, Ndadaye fut attaqué par des militaires, emmené dans une caserne vers 2 heures du matin, torturé, malmené et finalement mis à mort à 10 heures.

A l’époque, les Français, sur injonction du président Mitterrand, auquel Habyarimana avait téléphoné durant la nuit, proposérent même d’envoyer un commando tenter de le libérer, mais ils en auraient été dissuadés par les Américains. Alors que les Belges fermaient portes et fenètres et que l’ambassadeur refusait d’accueillir des cadres du Frodebu menaçés par les militaires, plusieurs membres du gouvernement ainsi que des membres du Frodebu furent protégés par l’ambassade de France et mis en sécurité à l’hôtel du Lac.

L’assassinat de Ndadaye plongea le Burundi dans l’horreur car les partisans du Frodebu se vengèrent sur les civils tutsis, l’armée se lança dans une violente répression et l’on décompta bientôt plus de 100.000 morts. Au Rwanda voisin, la mise à mort d’un président hutu démocratiquement élu donna des arguments aux extrémistes du « Hutu power » qui s’employèrent à torpiller la mise en œuvre des accords conclus en août 1993 à Arusha.

Pour Deo Ngendahayo, « assassiner Ndadaye, c’était torpiller le principe « un homme une voix », rendre inapplicables les accords d’Arusha pour le Rwanda. Indirectement cela maintenait au pouvoir Habyarimana. Et, pour le FPR, cela posait l’équation suivante :

« comment arriver au pouvoir sans passer par les élections, tout en bénéficiant malgré tout de la légitimité internationale ? »

En mars 1993, la crise burundaise occupait encore le devant de la scène et le sommet de Dar es Salaam y fut essentiellement consacré. Les souvenirs de l’ancien chargé de la sécurité présidentielle sont nets et précis : « nous savions alors que le président Mobutu, déjà très malade, ne comptait pas faire le voyage. C’est pourquoi à la veille du sommet, il reçut ses homologues rwandais et burundais à Gbadolite. Je le vois encore accueillir ses homologues et apostropher, dans un grand rire, les deux délégations qui n’assistèrent pas aux entretiens « ah c’est vous, les collaborateurs des deux présidents ? » J’ignore ce qui fut dit au cours du tête à tête entre les trois présidents, mais ce qui est certain c’est que la rencontre de Dar es Salaam fut essentiellement organisée pour débattre de la situation au Burundi. »

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Le Burundi en effet était paralysé par les opérations Ville Morte, il était question d’y envoyer des troupes étrangères, la Tanzanie était prête à dépêcher 5000 hommes, l’armée burundaise s’ opposait absolument à ce déploiement et prévoyait même d’aligner des fûts d’essence sur les pistes pour empêcher tout atterrissage forcé…

Lorsqu’il arriva à Dar es Salaam avec la délégation burundaise, Deo Ngendahayo, qui ne quittait pas son président d’une semelle, eut l’impression d’une certaine improvisation, sentiment qui se confirma au cours de la réunion des chefs d’Etat : « on savait déjà que Mobutu ne viendrait pas, le président Arap Moi ronflait durant la rencontre, comme s’il n’était qu’un figurant. Habyarimana ne prit la parole que durant deux minutes pour évoquer le litige du moment, la participation du CDR (parti extrémiste hutu) au gouvernement de transition, violemment contestée par le FPR et il se contenta de dire que cette question là était réglée. A aucun moment, il ne donna l’impression d’avoir cédé à quoi que ce soit. Les plus actifs furent les présidents Mwinyi de Tanzanie et Museveni d’Ouganda. Alors que la réunion ne devait durer qu’une journée, le premier la fit commencer en retard puis l’interrompit par un repas qui me parut interminable et dura de deux à trois heures. Le second, Museveni, se lança dans des blagues, des digressions comme il sait si bien le faire. Quant à Salim Saleh, le secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine, il récapitula la crise burundaise dans un discours qui n’en finissait pas. Quant à moi, j’étais assis à côté du docteur Akingeneye, le médecin personnel d’Habyarimana, qui rigolait et me glissa « on finira par me reprocher de l’avoir gardé en bonne santé… »

Vers 18 heures, alors que le soir tombait, la réunion se termina enfin, sans déboucher sur un résultat concret. C’est alors que Cyprien Ntariyamira, pour gagner du temps, demanda au président rwandais s’il pouvait l’accompagner sur Kigali, en proposant que le Falcon, plus rapide que son Beechcraft, le dépose ensuite à Bujumbura.

« J’étais préoccupé » se souvient Déo « je n’aimais pas me séparer du président, car je portais la mallette de sécurité, mais j’ai fini par céder ma place au ministre de l’information.

A 18 heures 30, après un certain remue ménage, car on se bousculait pour monter dans l’appareil des deux chefs d’Etat, l’embarquement a finalement eu lieu. Le chef d’ état major rwandais, le général Nsabimana a embarqué à son tour, et contrairement à ce qui a été dit par la suite, il ne paraissait pas particulièrement inquiet.

C’est alors que je vis le président tanzanien Mwinyi, qui venait de prendre congé congé de ses deux homologues : il avait le visage décomposé, comme s’il savait quelque chose, comme s’il se doutait que partait vers la mort une victime inattendue, le président du Burundi…

Par la suite, je me suis rappelé que les deux présidents avaient tenu à voyager ensemble vers Gbadolite, comme si la présence de deux chefs d’Etat pouvait les prémunir contre un éventuel attentat. Et je me suis demandé si le sommet de Dar es Salaam n’avait pas été organisé uniquement pour fournir une occasion… »…

Obligé de voyager à bord du Beechcraft burundais, l’administrateur général de la sûreté s’efforcait cependant de ne pas perdre son président de vue : « j’ai fait appeler la tour de contrôle de Kigali pour demander si « november-november » (c’était le code du Falcon) était en vue, mais une voix me dit que l’avion ne répondait pas… Quelques instants plus tard, j’appris qu’on avait coupé le courant sur l’aéroport de Kigali et un peu plus tard, une autre voix encore, très claire et très calme, me déclara : « November vient de s’écraser au sol,

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poursuivez votre route… » Dans le Beechcraft burundais, les membres de la délégation se sont alors mis à hurler… »

Regagnant Bujumbura, Deo Ngendahayo et ses compagnons retrouvèrent des hôtes qui s’étaient installés à l’aéroport depuis plusieurs jours, une compagnie de militaires américains arrivée là en se contentant d’informer le président burundais d’alors, Sylvestre Ntibantunganya, mais sans solliciter la moindre autorisation. « Ils sont arrivés avant le 6 avril, ils sont repartis environ deux semaines plus tard, sans être intervenus dans la situation au Rwanda. Nous n’avons jamais su ce qu’ils étaient venus faire… »

Rwandais et Burundais se demandèrent longtemps si cette compagnie américaine n’était pas venue en appui d’une opération très spéciale, qui se serait déroulée dans la soirée du 6 avril, mais jamais aucune réponse ne fut donnée à cette question…

paysage au Burundi

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Algérie

Lettre ouverte à la SENATRICE BARIZA KHIARI

( Vice-présidente du Sénat )

Ecrit par un berbère à une berbère*

Lettre ouverte à la sénatrice socialiste Bariza Khiari, qui ose parler d’un bon islam

Tout d’abord, excusez mon audace, car j’ai beaucoup hésité avant de vous écrire, pour soulever le problème de l’Islam et pour répondre aux déclarations que vous avez faites sur la chaine de télévision parlementaire.

En effet, vous avez dit qu’il y a une grande différence entre votre Islam et celui qui fait débat actuellement à travers le monde.

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Sachez Madame la Sénatrice, que je ne partage pas vôtre point de vue.

Je crois savoir, si mes sources sont fiables, que vous avez les mêmes origines que moi : berbères. Eh bien, ouvrons les manuels d’histoire.

>

L’Islam s’est propagé en Afrique du nord par l’épée et il a soumis nos ancêtres communs par la terreur, en appliquant à la lettre le Djihad.

Sinon comment m’expliquer que Okba le conquérant était devenu le libérateur et Koceyla, le patriote, était devenu l’ennemi de son propre pays, passant aux oubliettes de l’histoire ? Qui se souvient du

prince Koceyla en Algérie ? Personne, parce qu’il était Chrétien ! Mais une ville du sud algérien porte le nom d’Okba pour le glorifier.

Qui dit mieux ?

Ce ‘valeureux’ chef musulman Okba, pour mieux humilier et rabaisser plus bas que terre nos ancêtres amazighs, à son retour dans son pays,

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emmena dans ses bagages 25.000 adolescentes berbères comme butin de guerre, séquestrées au cours de ses razzias qui furent vendues comme

esclaves sexuelles sur les marchés de Damas. Et j’en passe mais sans oublier la diabolisation bien orchestrée de la Reine Kahina, par les

envahisseurs de la Numidie qui perdure jusqu’à nos jours.

Quant au Coran, c’est l’auberge espagnole, on peut y faire le marché à la carte, suivant le goût et l’odeur du moment. La religion islamique

est une vraie lessiveuse des esprits…

Madame la Sénatrice, et avec votre permission, évoquons le sort réservé à la femme en Islam. Et commençons par Mahomet, lui-même, ne

s’est-il pas marié avec Aïcha, la gamine de neuf ans, alors qu’il en avait cinquante deux ou cinquante trois ? N’avait-il pas pris comme

épouse Zineb, la femme de son fils adoptif Zaïd, après l’avoir contraint à se séparer d’elle, par un verset coranique ? Et combien

d’épouses et de femmes esclaves, avait-il possédé durant sa vie ? C’est une question que je me pose et que je vous pose et j’attendrai votre réponse pour aérer mon esprit embrouillé. Quant au statut de la

femme, l’Islam a scellé son sort depuis 14 siècles. Il n’y a qu’à voir ce que les versets coraniques ordonnent en ce qui concerne le témoignage, l’héritage, la polygamie, le mariage, le divorce à son

sujet…. N’est-il pas écrit dans le Coran : « les hommes sont supérieurs aux femmes parce que Allah leur a octroyé la supériorité sur elles. Par conséquent, il donne aux hommes le double de ce qu’il donne aux femmes. Les maris qui souffriront de la désobéissance de leurs femmes, peuvent les châtier : abandonner leur lit et même les frapper. Il n’a pas été légué à l’homme pire calamité que la femme. »

>

Arrêtons de nous voiler la face et de radoter que c’est un complot ourdi par nos ennemis que nous avons appris à ânonner haut et fort pour dédouaner l’Islam de la situation d’infériorité qu’il a infligé à

nos mères, à nos épouses, à nos sœurs, et à nos filles depuis 14 siècles. Mais pour ma part, je crois que nous parlons de l’ Islam sans

connaître sa matrice, la bédouinité.

Je pourrai soulever d’ autres questions qui fâchent, à l’ exemple de l’ esclavage qui est codifié par l’ Islam, le sort des juifs et des chrétiens qui deviennent des dhimmis. Quant au sort du renégat, il est vite expédié, car il est du devoir de chaque musulman de lui couper la tête. On devient musulman par héritage et pour l’éternité… Où sont passés les droits de l’homme et où est passée la liberté de conscience, de

confession en territoires islamiques dont se gargarisent les intellectuels musulmans confortablement installés en Occident, terre

par excellence des Infidèles, qui squattent à longueur d’année certains plateaux de chaînes de télévisions avec la complicité des

journalistes en quête d’audimat ?

Mais moi, j’ ai des trous de mémoire, excusez-moi, j’ ai oublié qu’ il y a une vraie douceur de vivre en terre Chrétienne mille fois mieux qu’ à la Mecque. Alors de grâce, ces censeurs de conscience qui croient dur

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comme fer que l ’Islam est humaniste, pourquoi s’ accrochent-ils contre vents et marrées à demeurer en Occident alors qu’ ils seraient mieux lotis en terre d’ Islam pour adorer Allah en toute quiétude sans qu’ ils soient gênés par le comportement immoral des Occidentaux comme ils ne

cessent de le radoter, aux pays du porc et du vin? Quant à moi, je les invite à me rejoindre dans l’ enfer de l’arabo-catastrophisme, je les y

attendrai avec du lait et des dattes tout en leur souhaitant la bienvenue au club des damnés de la terre, car de Tanger jusqu’ à

Djakarta, je n’ aperçois qu’ aliénation culturelle, haine, sous-développement, misère et désolation.

>

J’ arrête de divaguer mais pas avant de vous avoir dit, Madame la Sénatrice, que la femme n’ a pas le droit de fouler le paradis où elle sera remplacée par les houris. Heureux le musulman qui accédera au

ferdaous, le jour du jugement dernier, car il aura à sa disposition soixante douze houris et des rivières de vin ( verset coranique).

Et je vous défie de m’apporter les arguments contraires. Arrêtez de faire de la manipulation, car tôt ou tard la vérité éclatera et les Français de gauche découvriront le vrai visage de cette religion basée sur les mensonges, l’exclusion et la barbarie quand ils seront devenus

des dhimmis mais ce jour-là, il sera trop tard.

Veuillez agréer, Madame la Sénatrice, l’expression de ma haute considération.

Hamdane Ammar

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Belgique

Pourquoi les patrons flamands n'aiment pas Di Rupo

Par Guy Legrand

Les critiques exprimées en Flandre à l'égard du Premier ministre et de son gouvernement peuvent induire en erreur sur la cible qu'elles visent. D'autant qu'elles ne sont pas dénuées d'un brin de myopie et d'un fifrelin de mauvaise foi.

Quelques sorties fracassantes et commentaires peu amènes peuvent donner l'impression que la Flandre déteste Elio Di Rupo, aujourd'hui en tant que Premier ministre, comme l'an dernier en tant que négociateur. L'homme est-il vraiment en cause ? Ou bien vise-t-on plutôt le gouvernement qui porte son nom ? Ou encore, au-delà de ces éminences, est-ce l'image du PS qui rebute le nord du pays ? Diverses déclarations nuancent l'impression générale, tandis que les explications données par le monde des affaires du côté francophone, souvent à titre personnel et anonyme, apportent un éclairage bienvenu sur une réalité forcément assez complexe.

L'homme n'est pas en cause...

«J'ai rencontré Elio Di Rupo à plusieurs reprises, surtout lors des négociations pour la formation du gouvernement, confie Luc De Bruyckere, président du Voka, le 'réseau flamand des entreprises'. C'était au siège du PS. Nous y avons discuté pendant des heures. C'est un homme charmant et intelligent. Très prudent aussi», ajoute-t-il sur un ton un peu plus critique. «L'empathie sincère avec laquelle il a exprimé les sentiments de la population après l'accident de Sierre a été accueillie très positivement en Flandre», ajoute le président du Voka. Ceci a corrigé le fait que son néerlandais paraît un peu artificiel et ses interventions à la télévision flamande plutôt difficiles, complète-t-il.

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La réussite des négociations et la formation d'un gouvernement restent à son actif. «J'exprime mon appréciation pour le fait qu'il a réalisé un accord, y compris sur la scission de BHV, sans quoi rien n'était possible», poursuit Luc De Bruyckere. Même opinion de la part de Rik Van Cauwelaert, directeur de l'hebdomadaire Knack : «Il a montré qu'il osait prendre des risques.» On le sait par ailleurs peu régionaliste, contrairement à Guy Spitaels. «Du reste, le communautaire ne l'intéresse pas», ajoute Rik Van Cauwelaert. L'homme lui-même ne susciterait donc pas d'urticaire dans les milieux d'affaires du nord du pays, comme le confirment d'autres interlocuteurs. «Contrairement à Edmond Leburton», précise l'un d'eux, l'éphémère Premier ministre socialiste francophone des années 1973-74.

On tire pourtant à boulets rouges sur Di Rupo I ! Pour plusieurs raisons, assez diverses au demeurant. La première, structurelle en quelque sorte, est le fait que le gouvernement dispose d'une large majorité au niveau national (93 sièges sur 150 à la Chambre), mais pas au niveau de la Flandre, avec 43 sièges sur 88. «La Flandre a voté à droite et elle a un gouvernement de gauche, avec un socialiste à sa tête. Cela n'amuse pas du tout les gens qui y vivent», avait résumé fin février Léopold Lippens, bourgmestre de Knokke, dans une interview au Soir, en introduisant ce jugement par un «Le système est pourri» fort tranché ! «Avec un peu de mauvaise volonté, on pourrait comparer la Flandre à la Hongrie de l'après-guerre», illustrait le Tijd en décembre dernier : le pays s'est retrouvé dirigé par des communistes sortis minoritaires des élections, mais arrivés au pouvoir avec un appui externe, celui de l'Union soviétique. La comparaison peut paraître absurde et provocante, concède le quotidien économique, «mais si l'on considère la Belgique constituée de deux démocraties voisines, toutes proportions gardées, elle est logique».

«Que le gouvernement n'ait pas de majorité en Flandre est une situation un peu difficile à expliquer et à justifier dans le nord du pays, confirme Rik Van Cauwelaert, d'autant que la N- VA est le premier parti de Flandre, mais aussi de Belgique. Quand le PS a dépassé la barre des 40 % en Wallonie grâce notamment au score énorme de José Happart, le formateur Jean- Luc Dehaene a compris que le gouvernement - finalement dirigé par Wilfried Martens - ne pouvait pas exclure les socialistes».

... mais bien l'image de l'Etat-PS

Politologue à la KUL, Marc Hooghe rappelle toutefois que la situation actuelle n'est pas nouvelle : ce fut déjà le cas du gouvernement... Leterme. Cela n'a pas amputé sa légitimité, observe-t-il. Et le professeur de se demander s'il n'y aurait pas deux poids, deux mesures, dans le jugement porté par la Flandre sur Elio Di Rupo. Peut-être y a-t-il plus précisément deux visions : «Au-delà de l'homme, c'est de son parti que la Flandre se méfie», rectifie Rik Van Cauwelaert. Si elle a une bête noire parmi les éminences socialistes, précise-t-il, ce n'est du reste pas Elio Di Rupo mais Laurette Onkelinx, symbole du PS vieux jeu.» Car c'est bien le PS qui est en cause, parti qui a clairement une image exécrable dans le nord du pays. «Soyons clairs : pour l'entrepreneur flamand, le PS, ce ne sont pas seulement les divers scandales des dernières années, explique un proche des milieux patronaux. C'est d'abord l'Etat-PS, celui qui entretient trop de fonctionnaires, trop d'entreprises publiques et... trop de chômeurs professionnels.» «C'est aussi la colonisation des administrations, que j'estime à 80 % dans le sud du pays, ajoute un autre interlocuteur, sans oublier l'inflation des intercommunales. Cela étant, il ne faudrait quand même pas oublier que le CVP n'agissait pas de manière fort différente quand il détenait le pouvoir en Flandre, ajoute-t-il. N'évoquait-on pas, à cette époque, l'Etat-CVP ?»

Au-delà de cette vision caricaturale, voire poujadiste, une réalité s'impose : «La Flandre demande un changement, alors que les partis francophones promettent la stabilité», résume Luc De Bruyckere. Ce fossé culturel est apparu avec éclat au cours des négociations de l'an

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dernier. Plus précisément le 11 avril 2011, lorsque les présidents de parti francophones ont rencontré les patrons flamands du Voka au Warande, le cercle d'affaires flamand de Bruxelles. Car il ne faut pas s'y tromper : la N-VA ne revendique pas seulement davantage d'autonomie pour la Flandre. Elle plaide aussi pour des mesures fortes en matière de compétitivité, en ce compris la modification ou suppression de l'indexation des salaires, et de climat favorable à l'entrepreneuriat. Et cette position est plus ou moins largement partagée par deux des trois partis flamands présents au gouvernement, soit l'Open VLD et le CD&V.

«Cette vision est partagée par 75 % de l'électorat flamand», confirme Luc De Bruyckere. La Flandre, poursuit-il, est aujourd'hui préoccupée par le remodelage de l'économie mondiale, l'environnement, la concurrence économique entre régions et Etats, ainsi que par le coût trop élevé du travail en Europe, qui hypothèque son avenir. Cela implique «des pouvoirs publics moins chers, plus performants, et au service du pays». Moins d'Etat donc, pour le dire clairement, et moins d'initiatives publiques. Tout le contraire de l'approche socialiste wallonne, à tout le moins dans la vision qu'en a la Flandre !

Le silence du Sud...

Le fossé est donc profond entre le Sud et le Nord, entre Elio Di Rupo, symbole de l'Etat-PS, et les milieux d'affaires flamands. Mais pourquoi ce silence, ou à tout le moins cette fameuse sourdine, du côté des entrepreneurs wallons ? Ce qui renforce évidemment l'hostilité perçue dans le nord du pays. On a bien relevé, en milieu de semaine dernière, la sortie du Syndicat neutre pour Indépendants (SNI) dénonçant la «politique hostile face aux entrepreneurs menée par le gouvernement Di Rupo», pour reprendre les termes de sa présidente Christine Mattheuws. Encore faut-il se rappeler que le SNI est une institution bilingue, comme sa présidente.

Si la «base» wallonne n'est pas sur la même longueur d'onde que l'opinion publique flamande, les entrepreneurs, eux, ne devraient-ils pas partager la même vision économique ? Oui, et c'est le cas. Quand Bart De Wever s'exprime devant des hommes d'affaires francophones, comme il l'a encore fait récemment à la tribune de l'antenne bruxelloise de la World Trade Center Association, on s'aperçoit qu'il y a une large convergence des vues sur le plan économique, comme le signalent plusieurs interlocuteurs, flamands comme francophones. Il semble y avoir deux raisons à l'absence des patrons francophones dans l'arène, l'une culturelle, l'autre plutôt structurelle.

Cette dernière est rarement évoquée et pourtant essentielle, souligne un observateur attentif du monde des entreprises. «La Wallonie compte finalement peu de grosses PME comparativement à la Flandre. On y compte par contre davantage de petits indépendants. Or, le gouvernement Di Rupo a pris des mesures favorables à ce 'prolétariat du monde entrepreneurial' ( sic) en matière de pension et de sécurité sociale». Pour cet interlocuteur, la chasse à l'optimisation fiscale lancée par le gouvernement Di Rupo touche donc fort naturellement les entrepreneurs flamands bien plus que leurs homologues wallons. «Encore heureux que John Crombez, le fer de lance de cette offensive, qui n'a d'ailleurs rien d'un excité rabique, soit un socialiste flamand, ajoute ironiquement cet observateur. Vous imaginez l'incendie si ce rôle avait été tenu par Laurette Onkelinx ?»

La raison culturelle s'observe sur le terrain. «Patrons wallons, il faut sortir du bois», avait proclamé Luc De Bruyckere l'an dernier. Le président du Voka a été administrateur de l'Union wallonne des entreprises (UWE) pendant six ans ; il est donc bien placé pour évoquer la question. « C'est dans l'ADN en Wallonie : le monde des affaires s'inscrit dans la ligne tracée par le politique. Quand un ministre s'adresse aux patrons dans le cadre de l'UWE, on l'écoute et on ne le critique pas. En Flandre, on n'hésite pas à le contester. Et on pratique un lobbying actif.»

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... et la méprise du Nord

«Facile à dire, rétorque un proche du patronat wallon. A supposer toutefois que ce ne soit pas faux, n'y a-t-il pas une certaine confusion dans le jugement porté par le Nord sur le Sud ? La Flandre juge en effet le PS avant tout sur la base de ce qu'il fait au niveau fédéral, ce qui est logique. Là, il se montre fort intransigeant, c'est vrai, en matière de sécurité sociale tout particulièrement. Il existe toutefois un autre PS, souligne notre interlocuteur : au niveau régional, et par-delà sa mainmise sur les institutions, il est beaucoup plus pragmatique et franchement favorable à l'esprit d'entreprise. Même si les résistances sont nombreuses et diverses dans son camp. D'ailleurs, le plan Marshall a été plus d'une fois salué en Flandre comme un modèle du genre.»

Dans la critique que la Flandre émet à l'égard du gouvernement Di Rupo, on observe un décalage un peu surprenant, note un observateur politique, qui procède sans doute à la fois d'un raccourci, d'un abus de langage et d'un brin de mauvaise foi. «Ce sont les socialistes flamands qui détiennent les maroquins de l'Economie (Johan Vande Lanotte) et de la Lutte contre la fraude. Et c'est le secrétaire d'Etat en charge de cette compétence, John Crombez, qui a lancé la chasse à l'optimisation fiscale jugée abusive. Mais Elio essuie davantage les critiques que John.»

Elio Di Rupo n'est au total décidément pas la bête noire de la Flandre, loin s'en faut. Mais un gouvernement porte le nom de son Premier ministre et quand ce dernier voit la vie en rouge, il devient la cible symbolique, synthétique et obligée de ceux qui la vivent en jaune !

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Monde

Alain Badiou :« Le communisme est le nom de l’alternative »

"La philosophie que je désire faire est une philosophie qui a une pertinence pour les révolutionnaires. Une philosophie qui non seulement ne contrarie pas mais les aide à changer le monde. » Le ton est donné. Rencontre avec un jeune homme de 85 ans.

Par Jonathan Lefèvre, Axel Bernard

En 2012, faire une conférence sur le désir de Révolution, n’est-ce pas anachronique     ? Alain Badiou. D’une certaine manière, ce mot est toujours anachronique parce qu’en fin de compte, ce qui caractérise les révolutions, c’est en général que personne ne les a attendues, ni prévues. Ce sont des ruptures. La difficulté, c’est que ce mot a beaucoup de sens finalement.

Ce que je crois, c’est que si on entend par « révolution », un événement collectif produisant une rupture dans l’ordre établi et entraînant des conséquences qui portent sur l’organisation de la collectivité, il n’y a pas de raison de penser que ce mot soit moins approprié ou moins à l’ordre du jour qu’auparavant. On en voit aujourd’hui des sortes de symptômes. Je pense que les révolutions arabes du printemps, le mouvement des Indignés, les petits groupes qui tentent de faire quelque chose sur les questions de régularisation des sans-papiers ou les tentatives au niveau étatique en Amérique latine indiquent qu’il n’y a aucune raison d’être désespéré.

Les libéraux présentent la démocratie et le libre-marché comme allant de pair…

Alain Badiou. Je ne suis pas du tout d’accord avec ça et cela met en cause la définition que l’on donne de la démocratie. Apparemment, la démocratie au sens de l’État représentatif, avec un gouvernement élu, fonctionne plutôt dans le contexte de l’économie libérale. C’est un fait.

Mais c’est une définition très restreinte. La démocratie veut dire « pouvoir au peuple ». Est-ce que dans notre société le peuple a un grand pouvoir politique  ? On peut en douter. On a même l’impression que c’est un très petit groupe de gens qui a le pouvoir politique. Et dans ce groupe, certains sont élus, mais pas tous. Ou, alors, par des conseils d’administration. Et il y a ceux qui ont assez de pouvoir financier pour être de toute façon influents. Il y a ceux qui achètent la presse. Aucun des médias n’est indépendant, ils dépendent tous de groupes influents.

Ma thèse radicale, c’est que nous ne sommes pas en démocratie, mais dans une « oligarchie modérée ». Elle n’a pas besoin d’exercer une terreur visible. Mais c’est un groupe restreint qui détient le pouvoir, les moyens d’information. Après, il y a une représentation politique de tout cela. Donc il est tout à fait faux que l’économie libérale de marché et la démocratie vont ensemble si on prend le mot « démocratie » au sérieux. Ce qui va ensemble, c’est « économie

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de marché » et « régime oligarchique modéré ». Cette connexion repose sur le consensus qui ne remet pas en question ce dispositif économique et politique que j’appelle « capitalo- parlementarisme ».

Une autre « thèse radicale », c’est que le capitalisme est un système fini. Pouvez-vous illustrer cela de manière concrète     ?

Alain Badiou. Quand on dit « fini », ça peut se comprendre en deux sens. Il est « à la fin », et il est « limité ». La fin de quelque chose de cette amplitude peut durer longtemps. Je ne suis pas en train d’annoncer la fin du capitalisme pour demain. Je pense qu’il a épuisé ses ressources de créativité propre, et qu’il est en train d’aller jusqu’au bout de lui-même. Selon d’ailleurs les prédictions marxistes les plus rigoureuses. Rendons-nous compte que Marx parlait du marché mondial en 1850. Qu’est-ce que c’était le marché mondial à cette époque par rapport à aujourd’hui  ?

La thèse que l’idéologie dominante est l’idéologie de la classe dominante est bien vraie.

Mais une classe dominante est une classe qui, quand même, dans sa phase ascendante, produit une culture qui a une certaine universalité. Marx lui-même reconnaissait que nous sommes encore intéressés par les tragédies grecques, le grand roman français, etc. Je pense que cette capacité créatrice de la classe dominante est aujourd’hui épuisée. C’est une classe très cynique, très occupée de son business propre, à mon avis de plus en plus autoritaire parce que précisément le cadre parlementaire lui-même peut la gêner. C’est le signe que du point de vue intellectuel, politique, idéologique, et économique, la grande domination impériale ne peut plus que conquérir des choses déjà existantes mais pas en créer de nouvelles. Et cela va tourner au pire : dévastation de la planète, contradictions incontrôlables, désastre financier et guerre, à la fin.

En terme d’espoirs, le communisme est-il encore une alternative     ?

Alain Badiou. Je vais le dire en sens inverse : le communisme est le nom que je donne à l’alternative. La question de savoir ce qu’est le communisme est compliquée. Le communisme signifie le nom générique d’une alternative au capitalisme, au moment même de sa constitution. Il y avait les communistes utopiques, les marxistes, des courants mêmes anarchistes. Cela veut dire quoi le communisme  ? Cela veut dire qu’il est possible et nécessaire d’organiser la société sur une autre base que la propriété privée des moyens de production, l’égoïsme de classe, la concurrence et la guerre internationale. Voilà.

Je pense qu’il faut revenir à cela en faisant le bilan de cet espèce de pas de côté qu’a été l’expérience du 20e siècle, pas de côté qui, je pense, a été lié à l’obsession de la victoire insurrectionnelle. Il y a eu une militarisation de l’idée communiste, une militarisation de l’idée organisationnelle. On voit très bien pourquoi : il y a eu l’écrasement de la Commune de Paris qui a eu un effet qu’on ne peut imaginer. Cela a amené à l’idée que, faute d’être bien organisé, on se faisait écraser et éliminer.

Il faut repartir et faire un pas en arrière vers la signification profonde de l’idée communiste et voir ce qu’on peut en faire politiquement dans les situations concrètes d’aujourd’hui. Voilà pourquoi je défends ce mot. Ce vieux mot. L’abandonner ne serait pas bon. Si quelqu’un en invente un autre aussi formidable, je me rallierai.

Comment voyez-vous le fait qu’un philosophe, Bernard-Henri Lévy, arrive à amener un pays à se lancer dans la guerre en Libye     ?

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Alain Badiou. Cela n’a marché que parce que Nicolas Sarkozy voulait s’engager dans cette guerre. Mais c’est inquiétant. BHL a un rôle d’idéologue réactionnaire en chef. Il a d’ailleurs pris ses galons il y a longtemps. Il a derrière lui plus de trente ans d’exercice de ce genre là.

Mais je voudrais vous dire au passage qu’au-delà de l’action personnelle de BHL, il y a eu une approbation très large en France à cette expédition militaire. Cela a été jusqu’à Jean-Luc Mélenchon, qui s’est rattrapé un peu après. Mais je suis obligé de constater que, dans les premiers jours, il se déclarait pour. Je me suis senti très isolé. J’ai été surpris moi-même d’être à ce point à contre-courant. J’ai écrit pratiquement tout de suite que le résultat inévitable de cette intervention serait la destruction de la Libye. Purement et simplement. Un pays défait, livré à la guerre civile, à la rapine des forces armées. Un pays anéanti. Pour l’instant, on peut soutenir la thèse que toute intervention militaire occidentale dans ce genre de situations détruit le pays. L’Irak a été détruit aussi. Si on pousse la guerre civile en Syrie, la Syrie sera détruite et pour longtemps. Et après  ? Les pétroliers s’en foutent pourvu qu’ils puissent sécuriser les régions pétrolières. C’est ce qui va se passer en Libye. Les Occidentaux vont sécuriser les régions pétrolières. Ils vont négocier avec les bandes armées différentes et comme il n’y aura pas d’État, on sera bien plus tranquille.

En Belgique, nous avons un Premier ministre socialiste. Est-ce que la social-démocratie a encore une raison d’être, une utilité     ?

Alain Badiou. Le parlementarisme ne peut pas fonctionner sans qu’il y ait un principe de différentiel minimal. En fin de compte, tendanciellement, ça s’aligne sur le genre d’opposition qu’il y a entre les Républicains et les Démocrates aux États-Unis.

Mais je pense que la social-démocratie ne représente plus grand chose. Ils pourraient s’appeler Parti démocrate et je pense que cette différence va se maintenir tout en restant très affaiblie. Dans l’action réelle, la différence est très faible. On l’a vu avec Zapatero, avec Papandréou, comme on l’avait vu avec Tony Blair, qui était le premier, que non seulement ces partis ne sont pas fondamentalement différents des autres, mais que même ils font avaler des choses que les autres n’arriveraient pas à faire avaler.

Comment voyez-vous les écologistes, français, belges ou européens, qui rêvent d’une économie verte tout en restant dans le capitalisme     ? Vous y croyez     ?

Alain Badiou. Pas le moins du monde. C’est la raison pour laquelle je n’ai aucune sympathie véritable pour le mouvement écologiste organisé. Je suis convaincu que la capacité de dévastation du capitalisme existe. La loi du profit est impitoyable. Si l’industrie pharmaceutique continue à vendre un médicament nuisible parce qu’il rapporte beaucoup, elle le fera. Elle arrivera à corrompre qui il faut. À la fin des fins, c’est quand même des gens qui vont essayer de vous vendre du poison si ça leur rapporte, qui vont armer des bandes criminelles en Afrique avec des armes lourdes, etc. pour des gens qui vont tuer et violer, simplement parce que c’est le business, ou parce qu’ils veulent sécuriser une région où il y a du minerai. Donc je ne nie pas que le capitalisme déchaîné fasse peser sur l’écologie une menace gravissime, mais je pense qu’il faut s’en prendre à la racine de la chose. Et donc à la mythologie d’un capitalisme modéré, aimable.

L’écologie a deux avantages pour le capitalisme. Premièrement, si on veut faire de l’énergie renouvelable à grande échelle, ça va ouvrir des marchés colossaux, et l’État va financer ça. Et, d’autre part, du point de vue des rivalités entre capitalistes, ça ralentit le processus de développement des pays émergents, parce qu’on essaie de les contraindre à respecter des règles que, nous, nous n’avons pas respectées. Et, donc, on va les emmerder avec ça, en fixant des normes, etc. Ça contribue à l’inégalité dans le monde. Les écologistes ne sont que les sociaux-démocrates de la nouvelle génération. C’est le vieux débat « un capitalisme régulé,

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