# ë^-^i^^^^^^^>kï^f^i^^^i^^^j^:^^M^^i^^-<^ ^ CHAPITRE SIXIEME.
Alexis,
adjoint du capitaine Joubert,
Il fait la
guerre.
?^
A
Saint-Louis.—
Alexis, adjoint ducapitaine.—
L'ennemi Katélé.— A
Mpala.—
Mortde son chienStipp.— Une
expé- dition endétresse.—
Revanclie àprendre contreles chasseurs d'esclaves.—
Danse guerrière.—
Sikalind'é a peur et se sauve.—Campagne
contreKipoka.—
Batailleetvictoire:Kipokaesttué.
—
Réquisitionsde chèvres.—
Genre devieàMirumbi.—
LeP.Van
Oost.—
i" janvier 1892.—
Fondationd'Albert- ville.—
Gâteau des Rois.—
Nouvelles de Namur.—
Échec grave desAllemands.—
Succèsde Jacques.—
Genre de vie africaine.— Dernièrelettre.—
FinduyÊ'M^;/^:/d'Alexis Vrahoff.Lettre
XI^ (suite).Saint-Louis de
Mirumbi.
Samedi, 24
octobre.— J'ENTRE donc
enfonctions et jecommence
parremplir l'office demédecin; lacaravanedu
lieutenantLong,
qui doit arriver, vient avec trois médecins; le capitaine tâcherad'en retenirun.Dimanche, 25
octobre.— Le
capitaine Joubert avait pour voisinun ennemi nommé
Katélé, agent des Arabes, qui avait été battu par luiily
a environun
anet demi. Katélé s'étaitinstallé à quatre lieues dechezle capitaine et étaiten train de se construire
un boma, ou maison
fortifiée.Le
capitaine attendait que l'expédition Stairs fût partie pour aller le déloger malgré sabonne
installation;
comme
l'eau est assez éloignéedu boma,
il fallait tout simplement lui couperl'eauet l'affaire était faite.Mais
voilà qu'aujourd'hui nous apprenonsque
Katélé aabandonné
son villageet est partiavec tous ses gens. Plusieurshommes du
capitainedemandent
à s'installer chez Katélé : permission leur est accordée.Katélé a quitté son village par crainted'une attaque ; la famine l'accablait, et s'il a tant tardé à fuir, c'est qu'il attendait
du
renfort.On
a trouvé là deschamps
tout préparés pour la culture.122 ALEXIS VRITHOFF.
Jeudi,
20
octobre.— Le commandant
Jacques arrive à 5 h.du
soir,amenant
une partiedes charges destinées aucapitaine Joubert.Vendredi,
30
octobre.— Le
PèreVan
Oost, de lamission de Mpala, arrive cematin; il vientpour dire la
messe dimanche.
Mon
chien Slipp devient aveugle; jecrains pourses jours, carilrefusede manger.
Dimanche,
1^^ novembre. Toussaint.—
Grâce au P.Van
Oost,un
belge, nous passons ce beau jour de fête dansles exercices de piété.Le
soir,nosparentsmorts ne sont pas oubliés, et la fête nousdonne
occasion de penser à tous nos chers absents.Que
Dieu veuillenous
réunir tousau ciel après cette vie !Lundi,
2
novembre.— Le
PèreVan
Oost m'invite à retourner avec lui à Mpala. J'accepte avec joie, désireuxque
je suis de voirMpala
et le Père supérieur.Nous
devons descendre auMtoto
et de là aller à piedàMpala, carnous
devons aller surune montagne
appelée lesHa-
was, voir s'ily
a de ces grands arbres propres à faire desbarques d'une seule pièce: les indigènes les creusent et n'ontpour cela qu'une petite liache.Nous
partonsdonc
en pirogue à 3 h. y^ de l'après- midi.A
5 h. y2, nousarrivons en face d'un petit villagenommé
Chanza, établiau
borddu
lac.Nous
devons dormir dans la petite baie «Mtoto
», car lelac devientmauvais
etnous
ne pourrions avaîicer avec notre petite barque.—
Arrivés sur la plage,on
préparele dîner qui paraît excellent et quiTesten effet ; ensuiteon
s'installe sur le sable pour y dormir.A
minuit, le Père Pruvot, de Mpala, arrive dans notrebaie. Il change de résidence etse rend àKaréma.
Mardi, 3
novembre.—
Hier,nous avons trouvéauMtoto
une barque venant deKaréma
et conduisant àMpala
des chargesdu
capitaine Jacques.— Comme
le lac n'est pasencore calme ce matin, nous laissons notre pirogue à la baie et prenons la grandebarque. Si nous nepouvons
stopper auxHawas,
nous continuerons notre route vers Mpala. C'est cequi a lieu. Partis deSplit by PDF Splitter Baluba 1
CHAPITRE SIXIEME. I23
Mtoto
à 5 h.du
matin, levent devient violent à 6 h. etun
orage éclateaccompagné
d'une pluie abondante.De temps
en tempson
peut hisserla voile, lorsqu'il y aun bon
vent, et alorson
avancevite. Il est heureux que nous ne soyons pas descendus auxHawas,
car la pluie, plus qu'abondanteque nous avons essuyée, nous auraitempêchés
degravir lamontagne. En
temps de pluie,les sentiers deviennent de véritables torrents.Enfin, à i heure après midi, nous débarquons avec peine
à Mpala, Le
Père Guillemé, supérieur de la mis- sion, vientme
recevoir sur la plage,accompagné
d'unenombreuse
bande degamins
sautant et dansant dans Teau.Le
lacestmagnifique,eton
leregardeenl'admirant.Il paraît qu'à la mission de Kibanga, il
y
aun
Frèrenommé
Etienne Capelle, fils d'un entrepreneur des envi- rons deNamur. Le
capitaine Jacques, qui est en cemoment
chez le capitaineJoubert, retourne aujourd'hui àKaréma.
_Mercredi,
4
novembre.— On
construit àMpala une
nouvelle habitation de genre européen, avec pierres et briques cuites au four ; les places sont dallées en briques et blanchies à la chaux.Beaucoup
de villages se sont établis autour de lamission, qui les protège, ettous ces noirscultiventetdéfrichentpour
avoirdequoi senourrir.Jeudi,
5 novembre
,etjourssuivants.—
Je les ai pas- sés à visiter lesenvirons deMpala
et les bords dela rivièreLufuku,
se jetant dans le lac à deux pas de la mission. J'aiessayé de chasser des hippopotames qui se montrent continuellement près de la mission ;mais
lorsqu'on arriveprès del'endroit,-plusrien !On
attend de Jour en jour le Père Coulbois, de lamission de Kibanga, qui retourne en
Europe pour
motif de santé. J'en profiterai pour lui remettreune
lettre.
Mercredi, 11
novembre.—
Je profitedu
départdu
bateauleLufugu
pourKaréma,
pourretourner chez le capitaine. JequitteMpala
à 6 h.du
soir. J'aiachetéun
petit chien, car je crains de trouver Stipp décédé.
A
I
24 ALEXIS VRITHOFF.
minuit éclate
un
violent orage qui nous force de coucher dans la baie de Mtoto. Les rameursdressent une grande tente surla plage etme
font descendredu
bateau,quiestrudement
secoué.Toute
lanuit, ila plu à torrents, ce qui ne m'a pasempêché
defaireun bon somme.
Jeudi,
12
novembre.—
Départ à 6 h.du
matin et arrivée àSaint-Louis à lo heures.Le
capitaine m'ap- prendlamort
de Stipp, survenue la veille; jeregrette dele perdre maintenant, après avoir
pu
le conserver pen- danttout le voyage.Le
capitaine Joubert m'apprend aussi qu'il est en guerre.Le
g novembre, il a envoyé sonniampara Pon-
déra avec 8ofusils chez Sikalindé pour lui réclamer ses fusils: ils doivent se battre aujourd'hui. Sikalindé habite à 3 joursdu
lac.Vendredi,
13
novembre.— Nous
recevons aujourd'hui les premières nouvelles de l'expédition : elles sontmau-
vaises.
On
dit que leniampara du
capitaine,nommé Pon-
déra, est mort, que le porte-drapeau est blessé à la tête d'une flèche et que dixhommes
sont tués.On
aurait aussi perdu 8 fusils.Le
capitaine envoiedu
renfort etdépêche à
Mpala
d'envoyerdu monde. Le
capitaine envoieencore 22hommes
porteursde fusils: jedemande
à partir aveceux pour prendre
une
revanche, maisilme
dit d'attendre.
Depuis plusieurs jours,
nous
attendons Renier et 'Oocquier, qui doivent venir par deux bateauxavecune
partie des soldats etensuite continuer leur routeà pied vers Mpala.
La
nuit dernière, nousrecevonsun
billetde Renier nousdisantqu'il arriverademain. Ilvient à pied, car son bateau a été jeté surla côteà 3 joursdemarche
de Saint-Louis deMirumbi. A
3 h. après midi, Renier arriveavecses soldats;il croyait retrouverDocquierici;mais,de celui-ci, pas de nouvelles.
Samedi, 14
novembre.—
Pas encore de nouvelles de Docquier.— Nous
apprenons quePondéra
n'est pastué.Bravo!
— A
3 h., nous recevonsun
billet de Docquier,1
Split by PDF Splitter Baluba 1
CHAPITRE SIXIÈME. 125
^-
Rencontre du
capitaineJoubert avecJacques
etsescompagnons
: Renier,Docquier
etVrithoff, surleTanganika.
-^
^ ^
120 ALEXIS VRITIIOFF
nous apprenantqu'il sera icipourle soir.
A
5 h. ^^, on signaleson arrivée, et Jeme
porte à sa rencontre. Il dit avoirdébarqué plusloinque Renier.Dimanche, 15
novembre.—
Aprèsles offices religieux, la jourriée s'est passée avec les camarades.Comme
c'est aujourd'hui la fêtedu
Roi Léopold, nous l'avons fêtédignement en buvant le vin
du commandant
et en prenant quelques verres de vieux Hasselt.On
attend lecommandant
pourun
de ces jours.Le
capitaine a envoyé chercher son
niampara Pondéra
pour avoir desdétails. Il arriveraprobablement la nuit.Lundi, 16
novembre.— Pondéra
arrive le matin ; il dit qu'il serait facile de prendre la revanche, et cette revanche,on
la prendra. J'ai encore insisté auprèsdu
capitaine pourqu'ilme
dise d'accompagner lessoldats,il
m'a
alorspermis de faire ceque
jevoulais.Je partirai
donc demain
matin avec plusieurs soldats, et deshommes
pourmes
bagages ; j'irai rejoindre le reste de la troupe, réclamerles fusils àSikalindé etau besoinl'attaquer.—
Renier et Docquier sont partis ce matinpour
Mpala.Mardi,
17novembre.—
Je parsdonc
lematin vers 7h. 3^25 età 9 h. je m'arrêtedansun
petitvillage àcause d'un orage qui éclate au-dessus de nos têtes.La
foudretombe
plusieurs fois à noscôtés, etàun moment
donné,je
me
crois atteint :j'ai ressentiune
secousse d'unetempe
à l'autre.Le
chefdu
village m'offredu pombé,
et j'endonne
aux Askaris. Jeme
remetsen route à 11 h.J,^, et à 2 h. j'arrive chez Kipili,
où
je couche.Dans
lasoirée,jereçoisune
lettredu
capitaineJoubertme
disantque Kipolia,chasseur
d'esclaves, se trouve dans les environs; ilm'envoieun
supplément demuni-
tionspourles
hommes. Kipoka
a brûlé plusieursvillages àKilambo
et attaquéMkali, qui l'a repoussé, paraît-il.Jefaisdire à
Loukongwé, niampara
de Mpala, de venir nous rejoindredemain
matin, dansun
petitvillage situé à quelques lieues de Kipili. Après quoi, jeme
retire dansma
tente pour dormir.Split by PDF Splitter Baluba 1
CHAPITRE SIXIÈME.
12']Mercredi^ 18
novembre.— Nous
voilà en route à 7 h.,accompagnés
de quelques fusils et de porteurs de lances,qui se sontjoints à nous. Après avoir parcouruune
valléesur les bords d'un ruisseau, nous arrivons à 9 h. dansun
petit village de construction récente et à peine achevé: il ne porte pasmême
denom.
Il était tempsd'arriver, car
un
orage éclate et il pleut àtorrents. C'estici queLoukongwé
doitme
rejoindre,ainsi
que
lessoldatsdu
capitaine Joubert, partis ily
a quelques jours.Loukongwé
estenvoyé de Mpala.A
10 h. celui-ciarrive, et je trouve Joseph,un
enfant dela mission de Mpala.comn»e
interprète. Après la pluie, qui se termine à 11 h.,on
se remet en route et après avoir parcouruun
pays désert,on
arrive à 3 h.après midi, à Msoni, village
abandonné
et entouré d'uneforte enceinte en bois.Nous
resteronscampés
icidemain
pour permettreauxhommies
de se reposer.Nous sommes
à proximité de chez Mkali, chef d'un village queKipoka
a voulu attaquer. Je faismes
effortspour
que
Mkalime donne
quelqueshommes
armés defusils pouraller battre après
demain
Sikalindéet, à cette fin, je lui fais dire de venir aucamp. Mes
envoyés ren- trent le lendemainmatin
avec des chèvresque
Mkali donne, et disentque
celui-ci prétend ne pas avoir letemps de venir chez nous, parce qu'il est occupé à ses cultures.
En un
mot, il neveut pas nous aider.—
Les gens deKabengué
nous accompagnent.Jeudi,
19
novemb7~e.— La
guerre.— Les
Askaris ont dansé et jouédu tambour
toute la journée, et cela afin de se délierles jambespour
lecombat
dedemain
;tous paraissent bien décidés à se battre;
du
reste, jesaurai les
y
contraindre et j'aimenacé
demon
revolver tous ceux qui voudraient fuir. Ils sont encouragés, maintenantque
jeles accompagne, car ilsétaientabattus depuisl'échec de l'autre jour.L'après-midi,
deux
musiciensdu
village deMégabé
donnentun
concert et exécutentune
danse enmon
hon- neur: je les remercieenleurdonnant un morceau
d'étoffe d'une valeur de 5 fr.A
la soirée,on
rassembletous les128 ALEXIS VRITHOFF.
hommes
pourcompter
lenombre
de fusils; j'ai 184 guerriers,plusune
centaine de sauvages armés de lances et deflèches.Nous
voyant assez forts, je décide d'aller attaquerdemain
Sikalindé et, aprèslui, Kipoka. Très tard dansia soirée, Mkali m'envoie encore
une
chèvre et fait dire qu'il noussuivra avec deshommes, mais
je ne croispas à sa parole, car le matin il avait dit qu'il défendrait Sikalindé et que,du
reste, iln'était pasencorel'homme du
capitaine Joubert, puisqu'il n'avait pas encore fait sa soumission.Ce
n'est rien: il la fera, et en retournant, nous passe- rons chez lui et nous le punirons.Vendredi,
20
novembre.— Marche contre
Sika- lindé.A
6 h.du
matin,on
quitte Msoni.A
10 h. yÇ,on
arrive auprèsdu
villagedeSikalindé.On
nevoitque
quelques indigènes sesauvant dans lamontagne. Cepen-
dant on nouscrieque nousserons tous tués aujourd'hui;je réponds: cela n'est pas certain!
Le
village à attaquer se trouve surune montagne,
etpour
y
parvenir, il faut gravir longtemps.Pour
qu'on ne soit pas surpris, je fais former trois groupesmarchant
séparément, et tous à la file. Les trois groupesse mettent enroute, distancés l'unde l'autre de15o mètres environ. Je
me
tiens dans le groupedu
milieu,enme
faisantprécéder des réserves,des munitionsetde
mes
bagages.A
11 h. nousnous
installons chez Sikalindé, qui s'est sauvé avec ses gens dans lesmon-
tagnes.
Victoire tropfacile, car
on
n'aencore tiréaucun coup
de fusil.On
nous crie de loinque Kipoka
doit arriver pour défendre Sikalindé, et que celui-ci refuse de se battre (pourune bonne
raison, il sait bien ce qui lui arrivera) ; nous attendonsKipoka
de pied ferme, et, s'ilne vient pas,j'irai le trouverdans son village, à quelques jours de
marche
d'ici.Donc
en l'attendant, je fais préparermon
déjeuner, quime
paraît excellent:un bon morceau
de viandeavecdu manioc
et des patates,du
pain etde l'eau en quan-Split by PDF Splitter Baluba 1
CHAPITRE SIXIEME. 129
^
LE CAPITAINE JOUBERT,
Chef
desforcesantiesclavagistesà Baudouinville, surleTanganika.
(Gravure extraitedu
Mouvement
anîicsclavagiste)ét:- -i^
AlexisVritboff.
130 ALEXIS
VRITIIOIF.tité, car dans ce pays de montagnes,
on
trouve desruisseaux toutes les cinq minutes.L'eau esttrès limpide;
bonne
affaire pour moi, qui ai toujours soif. Là-dessus,une bonne
pipe pour faciliter la digestion. Il fait trèschaud
aujourd'hui.On
a trouve iciun gamin abandonné
au villageetun
petit chien.
On
tue le chien, et jedonne
l'enfant aux sauvages qui nous accompagnent.A
2 h.,Kipoka
n'est pas encore arrivé ; la rencontre aura probablementlieu demain.Nous
quittons le village etnous nousdirigeons versKifukula en suivantla vallée.Nous y
arrivons à 5 h.Le
villagede Kifukula est aban- donné, bienquelenom du
chefsignifie « celuiqui est le plus fort entre tous ».Samedi, 21
novembre.—
Départ à 6 h.5^du
matin.Nous
parcourons lamontagne
jusque 9 h. j^<. Ensuite,nous nous
installons dansun
village bien fortifié, véri- tableboma, où
nous passeronslanuit.Dans
chaque village,on me
réserve la huttedu
chefoù
se trouveun
petitliten bois; j'étaleune
natteet,dansla crainte d'une surprise, je
me
couche touthabillé en m'enveloppant dema
couverture.Dimanche, 22
novembre.— Combats contre
Ki-poka.
Je décide dequitterle villageaujourd'hui.Comme
le capitaine
me
disait dans sa lettre qu'il m'envoyait des munitions, dans la crainte que je rencontrasseKipoka
chez Mkali;comme Kipoka
a déjà attaqué desgensdu
capitaine dans leMarungu
etque
c'estun
esclavagiste, jedonne
l'ordred'aller l'attaquerchezlui.Mais
voilà qu'à yh. i^,pendantque
nous parcouronsun
vallon, nous apercevons sur le versant de droite, ledrapeiu de Kipi ka, quia pris lescouleurs arabes,rouge
et blanc.
Ce
drapeau est entouré d'une trentaine de soldats qui viennent nous « fairela guerre»,comme on
dit dans le pays. J'envoie
une
poignéed'hommes,
qui lesmettent en fuite sans tirer
un
seulcoup
de fusil.Nous
continuons notreroute à traversles
montagnes
(cardans
ce pays, ce ne sont
que
de hautesmontagnes
alternant avec demagnifiques plaines etdes plateaux sans arbres).Split by PDF Splitter Baluba 1
CHAPITRE SIXIÈME.
I^IA
midi, nous nous installons au village de Jamsinga pour passer la nuit; ce village est encore entouré de montagnes.Notre
campement
n'est pas éloignédu
village deKitendoné
('),un
grand chefaussi.J'ai
demandé
plusieursfemmes du
village, et je lesoccupe à piler
du
maïs. J'envoie cinqAskaris chezKiten-doué pour
lui faire réclamer à Sikalindéles fusilsdu
capitaine,maisil refuse,car ilcraintKipoka. Ilapromis devenir
demain
aucamp
de Jamsinga,où nous
reste- rons pour faire des vivres avant d'aller chez Kipoka, attendu quecelui-ci souffre delafamine.Lundi,
23
novembre.— A
i h. de l'après midi, sans être avertis, nous essuyonsune
attaque de Kipoka.L'avant-garde, portant le drapeau arabe: rouge et blanc, n'est plus qu'à quelques centaines de mètres
du
village. Je m'équipe aussitôt et je lance les Askaris sur les assaillants. Après quelques coups de feu, tirés de partet d'autre, les gens de
Kipoka
se sauvent, toujours poursuivis parmes hommes.
J'auraispu
tirer sur le porte-drapeau, maisje craignais detoucherun
desmiens
qui se trouvait derrière lui. Leshommes
lancés à la poursuite rentrent vers 3ou 4
h.,me
disantqueKipoka
se trouvait
lui-même
au-dessus de lamontagne
avecnombre
de soldats et qu'il avait aussi pris la fuite.Voilà
donc
déjà deux fois qu'il est repoussé, et je ne doute pasdu
tout de pouvoir le battre définitivement chez lui.Le
soir, Kitendoué m'offre d'êtrel'homme du
capitaine ; ilnous
envoie deux chèvresetme
présentemême
dessoldatspour combattreKipoka;
je n'ainulle-ment
confiance dans ceshommes,
et lesniamparas
étantdu même
avis, je les refuse, tout en acceptant les chèvres.On me
ditque
Mkaliest l'alliéde Kipoka.Mardi, 24
novembre.A
6 h.^ du
matin,on
allaitquitter le
camp,
lorsque Kitendoué, qui certainement craint notre voisinage, envoie encoretroischèvres.On
semet
enmarche
à7 h. ^-^; encore desmontagnes,toujoursi. Rappelons qu'en Afriqueon donnegënéralcmei-taux localités lenom
du''lielindigènequi y commande.
132 ALEXIS VRITHOFF.
des montagnes.
Pour
ne pasnous
embarrasser des cinq chèvres, je lesenvoiechezTumbika,afin
deles reprendre en retournant chez le capitaine, maisvoilàqu'une heure après nous apprenons qu'elles ont été prises par Mkali.Les niamparas veulentqu'on se rer\de chez lui, mais je
trouve que pour le
moment,
il vautmieux
attaquerKipoka;
plus tard nous pourrons aller dire bonjour à Mkali.Nous
continuons notreroute.A
9 h. 5+ nous rencon- tronsun
villagequeKipoka
venait deconstruirepourse rapprocherdu
lac;on
trouve là quelques poules: jem'en
paie une pour dîner.A
i h. nous nous instal- lons dansun
village situé sur le versantd'unemontagne,
à quatre kilomètresdu
village qu'habiteKipoka, qu'on attaquera demain.Tout
va bien jusquela nuit,' maison
voit circulci sur lesmontagnes
des bandes de Kipoka.A
minuit,on
tiredeux
coups de feu sur nossoldats qui couchent en plein cir. Aussitôtjeme
lève et saisismon
fusil, prêt à casser la lêteau premierennemi que
je rencontre.Mes
Askaris entrent dansma
hutte,nïempêchant
de sortir, mais j'aivoulu aller voir ce quise passait. C'est encore
Kipoka
quinousattaque,etquelqu'unnouscriequecelui-cinous attend. C'est très bien.Demain nous
irons letrouver, et ilme
faut satête.J'envoie des patrouilles dans les environs
du
village pourprévenir unenouvelle attaque, eton
veille jusqu'au matin.Pour
moi, jeme
recouche tout équipé, mais toutefoissans dormir.Mercredi, 25
novembre.—
Bataille et victoire.C'est
donc
aujourd'hui \cgrand
jour, où Je vaisau feu pour
de bon.En
routeà 6 h.,nous
apercevons à 7 h., après avoir graviune
rude pente, des gens deKipoka
qui nous provoquent; ils prennent la fuite, après que, sorti des rangs, ;e leur ai tiréun coup
de fusil p-îur rire. Ilsn'aiment pas de voir
un Européen
leur faire la guerre;ils en ont la venetted'avance.
Nous
voilàdonc
devant le villagedeKipoka,barricadéSplit by PDF Splitter Baluba 1
CHAPITRE SIXIÈME. 133
etpavoisé à foisonde
nombreux
drapeaux,lesuns rougeset blancs, les autres tout blancs.
On
voit queKipoka
se dispose àla résistance.On
attaque vivement, et aprèsune
demi-heure devive fusillade, je pénètreàl'intérieur,où
lamêlée devient générale.J'en aientendu siffler des balles ! certainement
on
tirait sur moi.
Dans
ce pays, on tire toujours sur les chefs, carl'onsaitquelorsqu'ilssont atteints, lessoldats fichentlecamp.
Jeme
trouvais avecLakongwé, Pondéra
etl'interprètesur une petitehauteur
dominant
levillage, etlà,nousfaisionsle feuà200
mètres environ: Jevisune
dizaine de soldats défendant la porte d'entrée, lesquels, après avoir tiréà boutportant surmes hommes,
se reti- raient pour recharger leurs armes, toutes à baguette, dans des tranchées pratiquées àl'entrée.De
la sorte, ilspouvaient se soustraireaux coups de fusils tirés par
mes hommes
qui étaient aux portes; mais à nos coups defusils, tirés dehautet
du
dedans, ils ne purent se sous- traireet furentexterminés.Au
village, nous trouvonsbeaucoup
de chèvres,4
barils de poudre, des fusils et deux pointes d'ivoire, ainsi que
beaucoup
d'étoffes. Jeme
suis payé2 chèvres et 3 bracelets en ivoire, bracelets que jeconservepour mes
sœurs.La
poudre,lesfusils et l'ivoirereviennentau
capitaine Joubert, tandis que les chèvres et les étoffes reviennent aux Askaris.Kipoka
croyait bien pouvoirnous
battre, puisqu'il a laissé tous ces objets chez lui : ordinaire- ment,on
cache toutcela dans lesenvirons.Kipoka
est tué.-r- Enfinune
vingtaine d'Askaris qui avaient poursuivi les vaincus m'apportent la têtede Kipoka,
endisantqu'il étaittombé, blesséàlajambe
parun
demes hommes
de Saint-Louis. Je félicite celuiqui afaitcecoup
de maître.Tout
lemonde
est joyeux ; ce ne sont quedes cris, des danses, des chantsde triomphe.Nous
avons encoreun
butin de 10 fusils,y
compriscelui de Kipoka.
Décidément, j'ai de la veine d'avoir
pu
faire tuer le chef.Voilà
donc une
bellepierre horsdu chemin
etun
es-134 ALEXIS VRITHOFF.
clavagiste de moins.
— Comme
lecapitaine Joubert sera content en apprenant cette victoire! aujourd'hui ses gens sont vengés de leur échec del'autre jour, caril paraîtquec'est
Kipoka
qui les avait battus, et celui-ci necessaitde dire qu'il était plus fortque lecapitaine Joubert. Aussi- tôt entrés dans le village, nous arrachons les drapeaux,et je fais hisser les nôtres au
sommet
des huttes, le plus haut possible.L'après-midi,
on
a procédéau partagedu
butin : rien que les étoffes, le sel, letabac etautres objets insigni- fiants, puisque,comme
je l'ai dit plus haut, le reste revient au capitaine.Le
reste dela journée,on
a dansé, chanté etjouédu
tambour. Cette journée nenous
coûte que 2 blessés, qui, j'espère, seront bientôt guéris.A
ce que nous avons vu, tout le village était entouré de tran- ciiées.Jeudi,
2G
novciiibre.— Toute
la nuit, nos gens ont encore brûlé de la poudre.Ma
mission est terminéeici; jevais maintenant allervoir ce que Mkali et Kiten-
doué
pensent de tout cela ! Je quitteKipoka
à 7 h.du
matin pour arriver àTumbika
vers i h. après midi.Pendant
presque tout le trajet, nous avons essuyéun
orage etune
forte pluie qui rendait lamarche
difficile et avait changéle sentier enun
véritableruisseau.A Tumbika,
Mkali nous renvoie les 5 chèvres qu'il avait volées, et je luicommande
d'en envoyer 10 autrès à litred'amende. Je suis certain
que
ces 10 chèvres seront ici demain. Jelui ai aussi lait dire qu'il se tienne désormais tranquille et ne se mêle plus d'ennuyer lesgens
du
capitaine.Son
envoyé faisaitune
tête !Vendredi,
27
novembre.—
Hier,on
a faitdemander
à Kitendoué,
comme
tribut de guerre, 10 chèvres et 3 étoffesde couleur,A
6 h.^du
matin,il envoie, par sonfils, n'osant pas venir lui-môme, 4 chèvres et
4 moutons
etdit ne pas avoir d'étoffes de couleur. Il ment, et je lui
réclame 15 chèvres, à raison de 5 chèvres par étoffe.
Comme
je neveux pas attendre ici plus longtemps, je lui faisdire de lesmener
chezlecapitaine Joubert.Mkali s'est empressé de grand matind'envoyer les 10 clièvres demandées.
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CHAPITRE SIXIÈME. ^35
A
7h., jedonne
l'ordredu
départ; jeveux allercoucher chezNando, pour
rentrerdemain
à Saint-Louis deMirumbi.
On
gravitune
hautemontagne,
très rapide. Au-des- sus de ces montagnes,on m'a montré
des cavernesdans lesquelles se cachaientMkali
et ses gens lorsqu'ils étaient attaqués.A
midi,on
arrive au village de Tkali;il Ta
abandonné
etnous
y trouvonsbeaucoup
de poules.Ce
village est situé dansune immense
plaine arrosée par la rivièreLufuku
et d'autres petits ruis-CapitaineJacques.
seaux; cette plaine est très fertile, et le
maïs y
est très abondant, demême que
lemanioc
et les patates.Après
avoir déjeuné, à 3 h.on
se remet en route, età 5 h.on
arrive au village deNando, où
l'on ne trouve pasun
chat. Les indigènes fuient toujours devantune
troupe armée. Je m'installe dans la huttedu
chef: elle est spacieuse. Je suis content de rentrer demain, car nousavonsdéjàbien marché. J'auraifaitenviron 6olieues en 12 jours, et je ne suis pas fatigué. Ces 6o lieues d'Afrique en représentent bien i5o d'Europe.136 ALEXIS
VRITIIOFF.Samedi, 28
novembre.—
J'ai quittéNando
à 6 h.du
matin, et à 9 h. ^^ j'arrive chez Kipili, qui, lui aussi, s'est sauvé.Nous
suivons maintenant la routeque nous
avions prise l'autre jour, en partant en expé- dition.Le
matin, lamarche
a été difficile, à cause de la pluietombée
la nuit dernière.Tous
les villages de la plaineque nous
parcourons, et ily en aune
trentaine, sontabandonnés
pendant notre passage.A
I h., j'envoieun
courrier au capitaine pour le pré-venir de notre retour. Enfin à 2 h. }û, j'arrive chez le capitaine Joubert, qui est très satisfait
du
résultat demon
expédition etme
félicite. Il envoie aucommandant
Jacquesun
courrier pour lui annoncermon
retour.Il m'apprend aussi
que
lecommandant
a passé défini-tivement le lac
pour
se rendre à Mpala, maison
ne sait pas encoreoù
il vase fixer;il a passéicile19 novembre.Le
Père Coulbois est aussipassépendantmon
absence.Lundi,
30
novembre.— Nous
apprenons que lePère supérieur de
Mpala accompagne
lecommandant
Jacques, quiva faire
un
tour àMtowa,
pourtrouver à s'installer. Aujourd'hui,on
paie les gens demon
expé- dition.Jeudi,
3
décembre.—
Mkaliramène
lui-même des chèvresque
nousavionslaissées chez lui etvient se faire présenter au capitaine parManda,
chefqui habite près de nous.On
voitque Mkali a peur.Le
capitaine luiordonne
de réclamer huit fusils à Sikalindé,Dimanche, G
décembre.— Le
capitaine part pour Mpala, d'abordpour s'entreteniravec lecommandant
et ensuite poury
passerla fctedel'Immaculée-Conception.Me
voilàdonc
à la tcte de lamaison
etdu
villagepour quelques jours.Lundi, 7 décembre.
—
Il pleut miaintenant presque tous les jours et presque toute lajournée.Ce
sont des orages qui annoncent la premièrepériodede lamassica.Mardi, 8
décembre.—
C'est la fêtede l'Immaculée- Conception, maiscomment
lacélébrer ici? Je dois sur- veillermon
poste.Split by PDF Splitter Baluba 1
CHAPITRE SIXIÈME. 137
Vendredi,
12
décembre.—
Jeremarque
aujourd'hui au thermomètre 21° à4
h.du
soir. Il est vrai qu'il a plu toute lajournée.On
a environ4 mois
de pluie.Nous
buvons l'eau d'un ruisseau qui coule prèsdu boma;
aux environs, ily
amême
plusieurs ruisseaux qui coulent toute l'année; l'eau est claire et fraîche; detemps
en temps, j'y prendsun
bain.Dimanche, 13
décembre.—
•Le
capitaine est rentré deMpala
au quart avant minuit ; il n'a pas vu lecom- mandant,
qui n'est pas rentré de son voyage deMtowa.
Lundi,
14
décembre.—
Kitendoué envoie les i5 chèvresque jelui avais demandées, lorsque j'étais en expédition.Mardi, 15
décembre.— On me
ditqueMkali
estme-
nacéd'êtrebattu par Sikalindé.Jeudi,
17
décembre.— Nous
recevonsun
courrier deMpala
nous apprenant que lecommandant
est rentré lundi soir. Il a décidéde s'installer chez le chef Kataki, entre la rivièreLukuga
et Mpala. Ily
a làun
poste arabe de Kahenguéré, qui va probablementdéménager
lors de son installation. Il ne peut allerà
Mtowa,
tant ily
ade postes arabes, etilne pourrait habiter làsans être continuellement en guerre, carMtowa
est lepoint de départ de plusieursroutes de caravanes.Samedi,
19
décembre.— Le
capitaine est retourné ce matin à Mpala. J'auraispu
l'accompagner, si je n'avaiseu à soigner les deux blessésdémon
expédition.Dimanche, 20
décembre.— On
attend de jour en jour lebateau de Mpala, quiest allé conduire leP.Coul- bois au suddu
lac, et nous aurons ainsides nouvelles deKaréma
et peut-être des nouvelles d'Europe, car je n'ai encore rien reçu depuisBagamoyo.
Le
capitaine Jacques a acheté le bateau leJiisufu,ou
Saint-Joseph, qui appartenait aux PèresdeKaréma.
Il a aussi une autre barque
nommée
le Slorms. Mkali renvoieun
fusilRemington,
qu'il apu
obtenirde Sika- lindé ; il faitaccompagner
sonenvoi de 5 chèvres.[38 ALEXIS
VRITIÎOFF.=
XII-Lettre
St-Loids de Alirumbi, le 21
décembre
1891.Mes chers Parents,
Je
regrettebeaucoup
de n'avoirpu
profiterdu
passagedu
P. Coulbois, de lamission de Kibanga, chez lecapi- taine Joubert, pour lui remettreune
lettre qui vous auraitdonné
demes
nouvellesbeaucoup
plustôt, et cette lettre vous serait certainement parvenue, car ce Père retourne enEurope
pour motif de santé, tandisque
la présente lettre,Je ne sais si elle parviendra à destination.Je
commencerai
parvousdireque
jeme
porte toujours bien, saufque J'ai attrapé quelques clous, mais ils pas- seront bien vite, car les légumescommencent
à pousser et J'enmangerai beaucoup. Je passe le temps à faireun
peu de menuiserie, et imaginez-vousque
j'enfile des per- les!Comme nous
avons apporté au capitaine Joubertquantitéde belles perles, pour les vendre il faut qu'elles soient enfilées, car les indigènes en font des colliers et desbracelets; ensuite, pour lescompter,c'est plus facile.
On
esten Afrique pourenfilerdesperles!Je
me
suis arrangé une bellechambre,Jel'aiornée d'un Christ, de cartes d'Afrique,etc., et aux fenêtres, j'ai mis des rideaux d'étoffedeBombay.
Je
me
plaistoujours bien, etl'Afriqueme
tente beau-coup
; je ne vais Jamais aussi loinque
je voudrais, etcependant j'ai circulé dans le
Marungu,
à cinq jours demarche
de chez lecapitaine, lorsqueje suis alléenexpé- dition.Ce
quime
plaît surtout, c'est l'indépendance donton
jouit en Afrique:
on
peutalleroù
l'on veut; sion
désire sortir pourchasser,on
n'aque
la peine de prendre sonfusil, tandis qu'en
Europe
il fautun
permis.Dans un
village, si Je veux
une
poule. Jelademande
eton me
ladonne
; si Jedemande
des œufs,on
s'empressedeme
les apporter.La
liberté, le grand air, vous savez que toutI.Cette XII«lettre étaitdestinée à annoncerl'envoidujournal etdevait êtreremiseauP. Coulbois.Nouslaferons suivredelarelationdesderniers événements,quiont eulieudu20décembre1891au20mars1892.
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CHAPITRE SIXIÈME. I39
cela
me
plaîtinfiniment. Jemange beaucoup
plus qu'à lamaison.Le
capitaine abeaucoup
de chèvres et demoutons,
environ 60 à70: tousles jourson
en apporte en cadeau;on
a dequoi senourrir,La
viande de chèvre est excellente, etcomme
je la fournis au cuisinier, j'aisoinde m'arranger convenablement. Ainsi, je fais cuire d'excellents rôtis, je
m'amuse même
à faire des vitolets et je croisque
jerendrais bien des pointsàunecuisinière.— On
ne se fatiguepasdu
tout de cette viande, tandis qu'on serait vite fatigué de la viande debœuf;
celle de porc ne vaut rien pour le climat.Au boma
(village fortifié), il y a aussi des poules et environ 70 pigeons. Jemange
du riz tous les matins, et je le fais faireau laitde chèvre.Nous
avons également debon
pain, assez noir,fabriqué avecdu
froment récolté ici.Le
sel nemanque
pas, les indigènes en ratîolenteten fabriquent beaucoup.
Le
tabac est excellent,et jele préfèreau tabacd'Obourg; il estrécoltépar des sauvages quile vendent àlamission de Kibanga, et cette mission en fournit àMpala, au capitaine Joubert et àKaréma,
en cadeau, bien entendu. Icice qui fait plaisir, c'estque l'argent n'a pas cours, les échanges se font aumoyen
d'étoffes.
Il
y
a plusieurs ruisseaux prèsdu
borna; l'eau est ex- cellente, et j'y prends des bains.Maintenant que j'ai écrit
un
peu tout ce quime
pas- sait par la tête,je vais continuermon
journal,mais sans entrer dans les petits détails, car, àmon
retour en Eu- rope, je n'aurais plus rien à raconter, et puisma
lettre serait absolument trop longue.Mercredi,
23
décembre.— Le
capitaineJoubert rentre ce matin deMpala
à 11 h.^.
Ilm'apprend
que le capitaine Jacquescompte
partir pour sa nou\elle rési-dence le jour de la Noël. Docquier a eu la fièvre, de
même
que Renier, celui-ci pendant tout son séjour à Mpala.Un
Père deMpala
viendradire la messele jourdu
nouvel an.Mardi, 29
décembre.— Le
bateau deMpala
est de retour. 11 apporte au capitaine une partiedes fusils qui140 ALEXIS
VRITIIOFF.sont arrivésde Quilimane. Il y en a 16caisses,
que Mgr
Lechaptois a amenées de Kiluta. C'est déjà
un com- mencement
; espérons quele reste suivra bientôt avec tout ceque le capitaine Joubert ademandé.
Il doit arriver 100 fusils Gras, 100Remington
et 100 à baguette.Avec
les porteurs de fusils Gras, je vais formerune
compagnie, leurapprendre l'exercice, et les fairemarcher comme
de véritables soldats.Ce
sera une nouveauté pour le pays, et jevais faire concurrenceaux soldatsdu commandant
Jacques.Une
partiede ces fusils sont déjà arrivés; j'en ai prisun
etme
suis fabriqué des cartouches.Pour ma com-
pagnie,je choisirai les meilleurs tireurs.
Le
bateau n'apportepasde courrier pour nous,maisily en a
un
pour lecommandant
Jacques. Il est probableque mes
lettres sont dans le paquet; je les recevrai dans quelques jours.On annonce
deKaréma
lamort du
P.Pruvot, arrivée le 29
novembre
dernier. C'est le Père que j'avaisrencontré enallant à Mpala.Mercredi, 30
décembre.— Le
P.Van
Oost arrive deMpala
l'après-midi,mais à pied, avecles enfantsqui ont été baptisésle jourde Noël.Jeudi,
SI
décembre.—
Voicidonc
la fin del'an de grâce 1891! Je regrette de ne pouvoir passer la soirée àNamur
pourenterrer 1891.— Ce
n'est rien, les amis l'enterreront pour moi,comme
je le fais ici.Vendredi, 1'^'^janvier 1802.
—
Après la messe, nous noussommes
fait nos souhaits : au capitaineJoubert,pour
l'heureuse naissance d'un fils.Nous buvons
unebonne
bouteille à cetteoccasion et quelques verres de Hasselt.Comme
cela, nous mettons l'année 1892 encirculation.
Des
gensdu Marungu amènent
6 chèvres, endeman-
dant des soldats pour les aider à faire laguerre à des voisins; nous lesenvoyons
se promener.Ce
pays deMarungu
ne renferme que desgens qui cherchent à semanger
entre eux.Tous
les jours il yade ces histoires.Ila plu toute la journée : joli