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X I - 1940 - 2

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(1)

Institut Royal Colonial Beige

B U L L E T I N DES S É A N C E S

Koninklijk

Belgisch Koloniaal Instituut

BULLETI JN DER ZITTINGEN

X I - 1940 - 2

B R U X E L L E S

Librairie Falk fils,

GEORGES VAN CAMPENHOUT, Successeur, 22, rue des Paroissiens, 22.

B R U S S E L

Boekhandel Falk zoon, GEORGES VAN CAMPENHOUT, Opvolger,

22, P arochianenstraat, 22.

1941

(2)

B U L L E T I N DE L’I N S T I T U T ROYAL COLONIAL BELGE

BELGIQUE CONGO BELGE UNION POSTALE U N IV ER SELLE

A b o n n e m e n t a n n u e l

P r i x p a r f a s c i c u l e

f r . 6 0 . —

f r . 2 5 . —

f r . 7 0 . -

f r . 3 0 . —

f r . 7 5 . — ( 1 5 B e l g a s )

f r . 3 0 . — ( 6 B e l g a s )

BULLETIJN VAN HET KONINKLIJK BELGISCH KOLONIAAL INSTITUUT

BELGIE BELGISCH-CONGO WERELOPOSTVEREENiGING

J a a r l i j k s c h a b o n n e m e n t f r . 6 0 . — f r . 7 0 . — f r . 7 5 . — ( 1 5 B e lg a s )

P r i j s p e r a f l e v e r i n g f r . 2 5 . — f r . 3 0 — f r . 3 0 . — ( 6 B e l g a s )

(3)

S E C T IO N DES S C IE N C E S M O R A L E S E T P O L IT IQ U E S

S E C T IE DER M O R E E L E EN P O L IT IE K E W E T E N S C H A P P E N

BULL. INST. R O Y A L COLONIAL BELGE. 21

(4)

Séance du 15 avril 19+0.

La séance est ouverte à 17 heures, sous la présidence du R. F. Lotar, directeur.

Sont présents : M. Bertrand, le R. I’. Charles, MM. De Jonghe, Moeller, Solder, Vanderkerken, membres titu­

laires; MM. De Cleene, Dellicour, de Mùelenaere, Gelders.

Heyse, Lande et Léonard, membres associés.

Absents et excusés : MM. Louwers, Wauters, Engels et Marzorati.

Le R. P. Lotar félicite le Secrétaire général qui a été élu

« Honorary Fellow » du « Royal Anthropological Institute of Great Britain and Ireland ». M. De Jonghe remercie.

Vers une m e ille u re com préhension de la m e n ta lité p rim itiv e .

M. l)e Cleene donne lecture d’une note intitulée : Vers une meilleure compréhension de la mentalité primitive.

Il analyse une étude de M. .1. Maritain, parue en 1939.

sous le titre : Signe et Symbole. Il en examine les thèmes fondamentaux et insiste sur la distinction entre le signe logique et le signe magique, qui n’est pas une réelle oppo­

sition. Cette distinction est appelée à dissiper bien des malentendus, provoqués par les théories de Lévy-Brüld.

connues sous le nom de « prélogisme ». (Voir p. 324.) IJn échange de \ ties suit cette communication; MM. lier- trand, De jonghe, Sohier et Vanderkerken y prennent pari.

Un d alla g e cyclopéen près d ’Api.

Le R. F. Lotar et M. De Jonghe présentent des extraits d’un journal de route de feu le R. F. Van den Mas, relatif à un dallage fait de blocs de limonite, mesurant de 0,7 à lm ’. Le dallage, orienté de l’Est à l’Ouest, formait

(5)

Zittiniî van 15 April 19+0.

L)c zitting wordt geopend te 17 uur, onder voorzitter­

schap \ a il K. P. Lotar, bestuurder.

/ijn aanwezig : de heer Bertrand, E. P. Charles, de heeren De .longlie, Moeller, Solder, Vanderkerken, gewoon leden; de heeren De Cleene, Dellieour, de Müele- naere, Gelders, Heyse, Lande en Léonard, buitengewoon leden.

Hebben hun afwezigheid verontschuldigd : de heeren Louwers, Wautcrs, Engels en Marzorati.

E. P. Lotar feliciteert den heer Secretaris-Generaal die door liet « Royal Anthropological Institute of Great Britain and Ireland » tot « Honorary Fellow » werd gekozen. De heer De Jonghe dankt.

N a a r een k la a rd e r in z ic h t in de p rim itie v e m e n ta lite it.

De heer De Cleene leest een nota getiteld : Vers une meilleure compréhension de la mentalité primitive. Hij ontleedt een in 1939 versehenen studie van .1. Maritain, waarvan de titel luidde : Signe et Symbole. Ilij onder­

zoek! de grondthema’s ervan en drukt op het onderscheid tusschen het logisch en het magisch teeken. Dit onder­

scheid stelt geen ware tegenstelling daar. Hel zal menig misverstand uil den weg ruimen waarvan hel ontstaan te wijten is aan de onder den naam « prélogisme » bekende theoriën van Lévy-Brühl. (Zie blz. 324.)

Een gedachtenwisseling volgt waaraan de heeren Ber­

trand, De Jonghe, Sohier en Vanderkerken deelnemen.

Een cyclopische b evlo erin g n ab ij Api.

E. P. Lotar en de heer De Jonghe leggen uittreksels voor uit liet dagboek van wijlen Pater Van den l)las,

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— 322 —

un rectangle d’environ 40 mètres sur 10. La plus grande partie des blocs, plus ou moins régulièrement taillés, avaient, lors de la visite du R. P. Van den Plas en 1920, été enlevés et utilisés pour la construction du m ur du kraal pour éléphants à Api. On se perd en conjectures sur la destination de cet ouvrage, qui fait songer aux construc­

tions mégalithiques.

A son tour, M. Bertrand présente à la section les résul­

tats des recherches de Mme Tercafs sur les mêmes ouvrages et sur des vestiges mégalithiques qui se trouvent dans cette région. La région d’Api est d’un très grand intérêt au point de vue archéologique. Il faut souhaiter que des recherches systématiques et méthodiques soient organi­

sées dans cette région et que des mesures conservatoires soient prises, notamment en ce qui concerne le dallage cyclopéen d’Api. (Voir p. 335.)

Un échange de vues se produit auquel prennent part, notamment, M. Vanderkerken, les RR. PP. Charles, Lotar.

MM. Bertrand et De Jnnghe.

Concours an n u e l p ou r 1942.

La Section décide de poser les deux questions suivantes au concours annuel pour 1942 :

1. On demande une étude approfondie exposant ce que sont, selon le droit coutumier d’une peuplade déterminée, les droits exercés sur le sol et les eaux par les indigènes de cette peuplade.

2. On demande une étude sur la musique indigène chez une peuplade congolaise.

La séance est levée à 18 h. 30.

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- 323 —

betreffende een bevloering bestaande uit blokken limo- niet van 0,7 tot 1 m3. De van Oost naar West georien- tcerde bevloering stelde een rechthoek daar van ongeveer 40 m. op 10. Het grootste deel der min of meer regelma­

tig gebouwde blokken was bij het bezoek van Pater Van den Plas in 1920 reeds weggenomen en gebruikt bij den bouw van een m uur van den olifantenkraal, te Api.

Men oppert velerhande gissingen nopens de bestemming van dit bouwwerk dat aan den megalitischen bouwtrant doet denken.

Zijnerzijds refereert de heer Bertrand over de uitslagen van het onderzoek van Mevrouw Tercafs betreffende hetzelfde bouwwerk en over megalitische overblijfsels in dezelfde streek. De streek rond Api is zeer belangrijk voor de archaeologie. Het ware te wenschen dat systematische en methodische onderzoekingen in deze streek zouden worden ingericht en dat beschermende maatregelen zou­

den worden getroffen namelijk betreffende de cyclo­

pische bevloering van Api. (Zie blz. 335.)

Een gedachtenwisseling ontstaat waaraan de heer Van- derkerken, EE. PP. Charles. Lotar, de beeren Bertrand en De Jonghe deelnemen.

J a a rlijk s c h e w e d s trijd van 1942.

De Sectie besluit tot het stellen van volgende twee vra­

gen voor den jaarlijkschen wedstrijd van 1942.

1. Een grondige studie wordt gevraagd over de rechten ivelke de inlanders van een bepaalden stam volgens hun gewoonterecht op bodem en wateren doen gelden.

2. Een studie wordt gevraagd over de inheemsche muziek bij een Kongoleeschen volkstam.

De zilling eindigt te 18 ii. 30.

(8)

M . De Cleene. Vers une m eilleure compréhension de la « m entalité p rim itiv e ».

On sail la place importante qu’occupe dans l’étude do la psychologie des peuples dits primitifs l’œuvre de M. Lévy-Brühl. Quelle que soit la portée doctrinale précise que l’auteur ait voulu donner à sa théorie, quelles que soient les applications pratiques que certains aient cru pouvoir en faire dans le domaine de la colonisation, il est incontestable qu’elle s’appuie sur des faits concrets qui invitent à la réflexion. Et cela d’autant plus (pie les observations ethnographiques ne font qu’allonger la série d’exemples où l’indigène — semblant ignorer les principes d’identité et de contradiction — se montre d’un illogisme parfois effarant.

Sans doute, les observateurs les plus perspicaces n’ont pas tardé à voir qu’il serait faux de caractériser la vie mentale des dits primitifs uniquement par un manque de raisonnement logique. Il n’en est pas moins vrai que bien des associations d’images et d’idées qui leur sont familières nous restent étranges.

Considérée sous ce dernier aspect, l’étude de la menta­

lité primitive a donné naissance à une littérature déjà

t r è s étendue. Il n’entre pas dans nos intentions de nous y arrêter. Notre but est simplement d’attirer l’attention sur un travail relativement récent qui, par la façon nou­

velle de poser le problème, semble appelé à dissiper bien de malentendus. 11 s’agit de l’essai de M. Jacques Mari- tain, intitulé : Signe et Symbole (*). Les pages que nous lui consacrons n’en relèvent que les thèmes fondamen-

(*) Jacques Makitaix, Quatre essais sur l’esprit ilaiis sa condition char­

nelle (Paris, Desclée-De Brouwer et O , 1939, pp. xiv, 266; Signe et Sym ­ bole, pp. 61-127).

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— 3“25 —

taux, que par souci de fidélité nous résumons en emprun­

tant le plus souvent à l’auteur lui-même l’expression de sa pensée.

* **

M. Maritain esquisse d’abord une théorie philosophique du signe.

Pour le thomisme contemporain, dont l’auteur repré­

sente la tendance la plus strictement traditionnaliste, le signe est ce qui rend présent à la connaissance quelque chose d’autre que soi. Le signe manifeste ou fait con­

naître; et il manifeste ou fait connaître quelque chose de distinct de soi dont il tient la place et à l’égard de quoi il exerce une fonction ministérielle, et dont il dépend comme de sa mesure.

Les anciens distinguaient le signe naturel et le signe conventionnel. Tout signe pour eux est constitué comme tel par la relation typique de notification d’autre chose, à titre de substitut de celle-ci. Prise comme telle cette relation n’appartient pas à la classe de la relation transcendantale, mais à celle de la relation comme entité spéciale. Et dans le cas du signe naturel c’est une relation réelle, non une relation purement idéale n’existant comme telle que dans la pensée. Cette relation réelle toutefois n’est pas une relation d’efficience. Tout se tient ici dans l’ordre de la causalité objective ou causalité for­

melle de connaissance, non de la causalité efficiente ou productive.

L(! signe, souligne aussi l’auteur, est lié à toute con­

naissance, même animale. L’animal, cependant, use de signes sans percevoir la relation de signification. Perce­

voir la relation de signification c’est avoir une idée, un signe spirituel. La naissance de l’idée, et donc de la vie intellectuelle en nous, semble liée à la découverte de la valeur de signification d’un signe.

Les anciens divisaient encore le signe en signe spéeu-

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— 326 —

latif et signe pratique, en raison de la division fondamen­

tale des fonctions de l’intellect en fonctions spéculatives et fonctions pratiques. Pour qu’il y ait signe pratique, il faut qu’il y ait manifestation d’une intention de l’intelli­

gence et de la volonté. Il en est ainsi des signes naturels tels que gestes de supplication ou de commandement, sourires, regards chargés de telle ou telle intention. Il en est ainsi également des signes conventionnels comme le sont par exemple les signaux employés pour la circulation ou la navigation, les gestes et formules de serment, les insignes militaires, les rites religieux et autres. Signalons encore que pour être pratique le signe n’a pas besoin d’être tiré hors de ses limites propres de signe et de deve­

nir cause efficiente; c’est en restant dans le genre propre du signe qu’il exerce une fonction pratique et mérite le nom de signe pratique : comme manifestant donc, non pas précisément une chose, mais une intention et une direction de l’intellect pratique.

Parvenu à ce terme de son exposé, et en connexion avec les problèmes concernant le signe pratique, M. Maritain introduit, une nouvelle distinction d’importance capitale pour le sujet qui nous occupe. Il distingue notamment le signe logique et le signe magique.

Il appelle signe logique le signe lorsqu’il est placé dans un certain état fonctionnel, où il est signe pour l’intel­

ligence (spéculative ou pratique) prise comme dominante du régime psychique ou du régime de culture. Que le signe en lui-même soit sensible ou intelligible, il est dit alors, en définitive, à l’intelligence; il se réfère en der­

nière instance à un régime psychique dominé par l’intelligence.

11 appelle signe magique le signe lorsqu’il est placé dans un autre état fonctionnel, où il est signe pour l'ima­

gination prise comme régulatrice suprême ou dominante de toute la vie psychique ou de toute la vie de culture.

Que le signe en lui-même soit sensible ou intelligible, il

(11)

— 327 —

est dit alors, en définitive, aux puissances d’imagination;

il se réfère en dernière instance à un régime psychique immergé dans l’imagination.

M. Maritain reconnaît ainsi l’existence de deux régimes psychiques de culture. Il établit notamment une distinc­

tion profonde entre l’état de nos cultures évoluées, mar­

quées par la prédominance de l’intelligence, et un autre état, celui des ditsi primitifs, où, pour toute la vie psy­

chique et culturelle, la dernière instance appartient à l’imagination, où la loi de l’imagination est la loi suprême.

Qu’on n’en déduise point cependant que chez les pri­

mitifs l’intelligence serait absente. L’auteur souligne net­

tement que celle-ci y est avec ses principes, sa logique, ses curiosités, ses virtualités,, ses intuitions, ses grandes inclinations primordiales — la même intelligence que la nôtre — mais elle s’y applique à l’ouvrage d’une tout autre façon et selon un style entièrement différent, parce qu’elle n’est pas là chez elle, mais chez l’imagination, dans le monde fluide, immense et fécond de l’imagination dont elle subit la loi. Et il conclut qu’il n’y a pas de différence de nature entre l’intelligence du primitif et la nôtre, mais uniquement une fondamentale différence d'état, enten­

dant par là les conditions d’existence dans lesquelles l’intelligence s’exerce.

Que le x'égime mental du primitif se tienne sous le primat de l’imagination est une thèse qui, comme telle, ne présente rien de particulièrement nouveau. Nombreux sont les) auteurs — philosophes, psychologues et ethno­

logues — qui, ayant étudié de près les populations pri­

mitives, ont souligné cet aspect particulier de la vie men­

tale des indigènes. Il est intéressant toutefois de constater que l’analyse et la transposition philosophiques que M. Maritain en a faites ont permis à M. Lévy-Brühl lui- même de marquer son accord.

Dans une lettre datée du 8 mai 1938, et que M. Maritain

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— 328 —

publie en note dans la préface tie son ouvrage, il s’est exprimé dans les termes précis que voici :

<( ... tout différents que soient les plans où vous et moi nous nous plaçons, nous tombons d’accord sur un assez grand nombre de points — et non pas seulement de points tie détail.

» Comme vous le dites très justement, la mentalité pri- mitivo est un état de la mentalité humaine, et je puis accepter les caractères par où vous la définissez.

» Je l’ai étudiée chez les primitifs parce qu’elle y paraît plus facile à décrire et à analyser que chez nous, et cette description, cette analyse m ’ont fait opposer cette menta­

lité à la nôtre. Mais je n’ai jamais dit ni pensé qu elles se rencontrât uniquement chez les primitifs. J’ai même dit le contraire tlès les Fonctions mentales. Il faut croire que je m ’\ suis mal pris et que j ’ai trop insisté sur l’oppo­

sition .

» Quand M. Olivier Leroy est venu causer avec moi, comme vous le lui avez aimablement conseillé, je l’ai assuré que ses plus vives critiques ne m’avaient pas atteint. Le « prélogisme » (quel affreux mot) qu’il pour­

fend, je n’en ai pas eu l’idée. Je pense seidement que cet état, décrit et analysé sous le nom de « mentalité prim i­

tive » a ses caractères propres, sans pour cela supposer que ces esprits sont bâtis autrement que les nôtres. Et, comme vous encore, j ’ai indiqué plus d’une fois qu’il ne fallait pas donner à ce terme un sens péjoratif par définition (*). » * **

S’il nous a paru opportun de citer cette lettre, qui sans doute mettra fin à une longue querelle, il nous a semblé cependant beaucoup plus important d’attirer l'attention

(*) V o ir supra, p. xi.

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sur les caractéristiques mentales de ce que M. Maritain appelle le signe magique.

El tout d’abord, il insiste sur la déformation que le signe pratique en tant même que signe subit, en passant du régime où prédomine l’intelligence dans le régime où prédomine l’imagination. Nous avons vu que le signe est constitué comme tel par la relation typique de notifi­

cation d’autre chose, à titre de substitut de celle-ci. Gela même est un piège pour l’imagination du primitif. La présence de connaissance du signifié dans le signe devient pour lui une présence de réalité, une interchangeabilité physique, une fusion physique et une équivalence phy­

sique du signe et du signifié.

Il n’est guère difficile de trouver dans les sociétés con­

golaises des cas concrets qui paraissent concluants pour la première caractéristique ici analysée.

11 y a quelques années le R. P. Bittremieux publia un ouvrage intitulé : Mayombsche Namen (1), qui est à cet égard particulièrement significatif. Il \ fait ressortir - en passant en revue une longue série de noms indi­

gènes — que dans la mentalité des Bavombe, le nom n’est pas qu’une étiquette, qu’un signe, — simple notification de l’individu à titre de substitut de celui-ci, — mais bien une réalité. Le nom au Mayombe est intimement lié à la manière d’être de l’individu, fait partie intégrante de la personnalité, se confond avec elle. Ceci ressort très nette­

ment des noms suma (2) que les mères désolées donnent à leurs enfants pour les protéger contre les sorciers.

Ceux-ci, par essence malfaiteurs, troublent l’existence de l’homme, le rendent malade et bien souvent finissent par le manger. Pour détourner de son enfant les bandoki- mangeurs d’hommes, la mère vombe l’appellera, par

') I.. Bit t r e m ie u x, Mayombsche Xamen (I.euven, Drukkerij der HH.

Harten, 1932, biz. 191).

2) Voir supra, pp. 19-32.

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— 330 —

exemple, Ndudi, qui veut dire amer; Mbuku-ndudi : médecine amère; Yimbu : poison; Mvumbi : cadavre, et d’autres noms encore qui facilement se passent de tout commentaire.

Que le nom chez les Bakongo se présente comme l’expression de la personnalité découle encore d’obser­

vations faites, tant dans la société secrète des Bakliimba (') au Mayombe que dans la secte secrète du Kimpasi (2) chez les Bakongo orientaux. De part et d’autre on constate l’imposition d’un nouveau nom au néophyte. C’est que l’initiation, par l’ensemble de ses cérémonies, est censé réaliser un changement substantiel de la personnalité.

L’initié, avant et après son séjour au camp, n’est plus le même individu. Mort un moment, puis ressuscité, il a acquis une personnalité nouvelle. Et à cette personnalité nouvelle, un nouveau nom doit correspondre. 11 en est de même lors des rites de la puberté. Le jeune homme qui passe par le longo (3) reçoit un nom nouveau, exprimant les qualités et la manière d’être du candidat appelé à le porter.

Cette identification du nom et de la personne — en d’au­

tres termes, l’équivalence physique du signe et du signi­

fié — trouve une application courante dans les pratiques magiques. Disposer du nom, c’est disposer de la personne;

c’est pouvoir l’évoquer, lui porter atteinte, l’ensorceler.

Un jour, au Mayombe, le supérieur de la Mission de Kangu nous raconta, qu’en passant aux alentours des écoles il avait grondé quatre filles qui se disputaient parce que l’une d’entre elles avait écrit sur un bout de papier le nom des trois autres. Pris am dépourvu, il ne

(!) L. Bittremieux, L a Société secrcle des Bakhimba (Bruxelles, Libr.

Falk Fils, 1936, pp. 63-79).

(2) J. Van Wing, R elig ion et Magie. Études Bakongo. I I (Bruxelles, Libr.

Falk Fils, 1938, pp. 232-236).

{3) J. Van Wing, Nzo Longo ou les rites de la puberté chez les Bakongo

( Uevue Congo, mars 1921, pp. 373-377).

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— 331 -

comprit pas tout d’abord le fond de la palabre. Il leur prêcha sur le ton de l’indulgence, du pardon, de l’amour du prochain. Et de fait, il réussit à les accorder... super­

ficiellement tout au moins. Car le problème s’éclaircit, lorsqu’au moment psychologique de la réconciliation, une des trois s’écria à l’adresse de la quatrième : « Soit..., mais si je deviens malade, je sais à qui est la faute. » Réaction ultime de la crainte qu’elle éprouvait de se savoir éventuellement livrée, par l’intervention de sa compagne, à la malveillance des sorciers.

La seconde caractéristique du signe magique, c’est qu’en lui un glissement s’est produit de la causalité for- melle-objective à la causalité efficiente. Le signe ne fait connaître qu’en tant qu’il tient dans la faculté cognitive la place de l’objet et le rend ainsi présent à cette faculté.

11 fait entrer l’homme au cœur des choses pour les con­

naître. Dans un régime à dominante imaginative, le pri­

mitif pense que le signe le fait entrer au cœur des choses pour agir physiquement sur elles, pour les lui soumettre physiquement, pour lui procurer une union réelle et phy­

sique avec elles. Le signe ici ne fait donc pas seulement connaître, il fait être, il est cause par lui-même.

Pour illustrer ce second aspect du signe magique, les exemples également abondent.

En kyombe, tamba, signifie attraper, prendre dans un piège. L’expression tamba t’angu veut dire prendre le soleil ou la lune dans un lacet 0). Certains féticheurs ont ce pouvoir et y font appel, en voyage, pour profiter plus longtemps de la lumière. Il s’agit ici évidemment du météore connu sous le nom de « halo ». Comment ces féticheurs opèrent-ils ? Ils dessinent sur le dos de la main un cercle en terre rouge et sur la paume de la main un autre cercle de même dimension en terre blanche. Cette

0) L. BittremiEUx, Mayombsch Id ioticon (Gent, Drukkerij Erasmus, 1923, deel II, biz. 629).

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main ils la tendent en la moil I ran t à la lune; au même instant les deux cercles se reflètent dans le ciel et encer­

clent l’astre de la nuit (')• Le signe ici est devenu signe opérant.

Il en est de même des divers ingrédients qui entrent dans la composition du nkisi. Tous ces produits divers provenant des trois règnes de la nature — règne minéral, règne végétal, règne animal — n’ont pas pour l’indigène une valeur purement symbolique; ils ne sont pas pour lui que des signes-images. Ils agissent. Un exemple très clair est fourni, nous semble-t-il, par le nkisi Rapiangu (2), universellement redouté chez les Bakongo pour la poursuite et la recherche des voleurs et des fau­

teurs de maléfices. Parmi les composants végétaux enfermés dans le ventre de ce fétiche, on remarque des éléments qui, eu égard à leur activité spécifique, sont caractéristiques. La graminée dilata, qui pique ceux qui la saisissent, fait que Kapiangu piquera partout où il ira.

L’écorce dite dititi, de l’arbre ntiti, réalise la force de Kapiangu : il fera trembler, mais lui ne tremblera jamais.

La plante adhésive kikala assure la constance que Kapiangu mettra à poursuivre son ennemi. La plante kitundihila, dont le propre est de conserver toujours ses feuilles, entre au même titre dans la constitution de Kapiangu, car lui non plus ne lâche jamais rien. Les plumes et les becs d’oiseaux et de coqs, représentant le règne animal, donnent à Kapiangu la rapidité et la force.

Dans le même ordre d’idées on constate (3) que si le nkisi doit produire la fécondité ou des effets en connexion avec elle, il contiendra des ingrédients tels que graines de plantes très prolifiques, sang des menstrues, parties

(») L. Uittremieux, La société secrète des Uakhimba (Bruxelles, I.ibr.

Falk Fils, 19-23, pp. 179-180).

(2) J. Vax Wing, R elig ion et Magie. Études Bakongo. I l (Bruxelles, I.ibr.

Falk Fils, 1938, pp. 12(1-128).

(s) Voir supra, p. 277.

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- 333 —

génitales de I»êtes. Le signe de fécondité ici devient cause de fécondité.

Knfin, comme troisième caractéristique, VI. Vlaritain souligne que chez le primitif le signe malgré tout reste signe. Il serait beaucoup trop sommaire de dire que chez lui il \ a simplement identité entre le signe et le signifié, entre la causalité formelle objective et la causalité effi­

ciente. L’intelligence est toujours là, quoique immergée dans les puissances imaginatives. La conséquence en est que l’imagination oscillera constamment de l’une à l'autre manière de penser le signe.

On peut s’en rendre compte d’une façon très nette dans tout ce qui se rapporte à la mort et à la résurrection dans la société secrète des Bakhimba (*) et de la secte secrète du Kimpasi (2). Ce serait une erreur de penser que les céré­

monies se rapportant à la mort et. à la résurrection des initiés n’auraient pour les noirs aucun sens de réalité.

Il est typique à cet égard d’observer, qu’au retour dans le village à la fin du Kimpasi, les nouveaux initiés ne semblent reconnaître personne, ni père, ni mère. Ils se permettent d’ailleurs certaines libertés, regardent avec mépris les plus jeunes qu’eux et les non-initiés de leur Age, exigent réparation de celui qui leur donnerait leur ancien nom et non pas celui du Kimpasi. Les gens du village prennent patience. « Laissez-les faire, disent-ils.

ils ont été morts, ils sont ressuscités, ils ne connaissent plus nos affaires. » Cet état se prolonge ainsi durant quelques semaines. Petit à petit la nouveauté perd soii attrait... Les souvenirs du Kimpasi s’effacent... Bientôt le nom du Kimpasi seul subsistera (3).

Le R. P. V an Wing, recherchant le sens exact des termes cl expressions indigènes qui se rapportent dans le Kim-

(!) f.. B ittre m ie u x , op. cit., pp. 43-63.

(2) J. Van W ing, op. cit., pp. ]93-210.

(*) J. Van Wing, op. cit., pp. 223-225.

(18)

— 334 —

pasi à la mort et à la résurrection, s’exprime en ces termes : « On pourrait croire que ces mots ne sont pour les Bakongo qu’une manière imagée de s’exprimer, ou un langage conventionnel pour tromper les non-initiés.

Quelque ridicules et puériles que puissent nous paraître toutes ces cérémonies du Kimpasi, elles ont pour les noirs une signification très réelle. Pour eux le candidat meurt et ressuscite vraiment. » Et en concordance avec la troisième caractéristique que nous venons d’exposer, il ajoute : « Ils savent sans doute que le candidat ne meurt pas dans le Kimpasi de mort ordinaire, mais ils sont aussi profondément convaincus qu’il meurt et ressuscite dans une autre sphère, dans ce monde magique des esprits qui leur est familier mais que nous, avec notre mentalité, nous ne pouvons nous imaginer (1). »

Nous estimons que l’étude de M. Maritain est précisé­

ment une introduction à ce monde magique dont parle ici l’auteur. Certes, elle est loin d’élucider toute la com­

plexité du problème. Nous sommes tentés toutefois de croire qu’elle contient des réflexions très judicieuses et suggestives qui méritent d’être méditées, au grand profil d’une meilleure compréhension de la mentalité primitive

(!) J. Van Wing, op. cit., pp. 209-210.

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R. P. Lotar et M . De Jonghe. — Un dallage m égalithique près d ’Api.

Dans le fascicule de décembre 1935 (‘), la revue Congo a publié une notice bibliographique de feu M. Colette au sujet d’un article de M. Wilmet, paru dans un périodique belge, Le Progrès, sous le titre « Préhistoire du Congo » (2).

Nous y lisons : « L’auteur signale (et c’est la partie la plus intéressante de son article) la trouvaille qu’il a faite de vestiges de travaux d’art (temple? mausolée? ou pyra­

mide?) à 5 km. au N.-E. d’Api, sur le sommet d’un pro­

montoire dans une boucle de l’Uéré ».

L’existence d’un dallage mégalithique près d’Api nous était connue depuis une vingtaine d’années, à la suite d’une conversation avec le R. P. Yan den Plas. Après la mort de celui-ci, je réussis à obtenir du T. R. P. Rolin, Provincial des Dominicains, la reproduction de huit pho­

tos prises à Api et environs par le R. P. Yan den Plas O ; un extrait du journal de route de ce missionnaire me fut communiqué par le R. P. Lotar.

C’eût été le moment de publier ces documents.

Malheureusement, le temps m ’a fait défaut pour me livrer aux recherches qui me paraissaient indispensables pour la présentation de ces documents, et leur interpré­

tation.

L’attention étant attirée aujourd’hui sur ces monuments archéologiques, nous croyons ne plus pouvoir retarder la

t1) Congo, revue générale de la colonie du Congo belge, XVI, t. II, fasc. 5.

(2) Je ne suis pas parvenu à me procurer cet article, dont la référence bibliographique porte 1935, p. 20, p. 136, p. 138, ou peut-être 1935, n» 20, pp. 136-138.

(3) Ces photos étaient en assez mauvais état. Elles ne sont plus en notre possession en ce moment et les clichés n ’ont pas pu être retrouvés.

BULL. INST. R O Y AL COLONIAL BEI.CE. 22

(20)

— 336 —

publication des notes du R. P. Van den Plas. Il importe que les emplacements visés soient placés dans la catégorie des sites protégés par la Colonie et que des recherches méthodiques soient entreprises pour établir la situation exacte et mettre à jour les éléments qui permettront peul- ètre d’interpréter scientifiquement la découverte.

Nous reproduisons donc les extraits du journal du R. P. Van den Pias du 22 mai au 2 juin 1920, et une lettre de M. Magnette relative au dallage d '\p i.

A . — E X T R A IT DU JO U R N A L DE R O U T E DU R. P. VAN DEN P L A S .

Bambili, le 22 mai 1920.

P. 81. — Magnette et Laplume ont découvert (quand?) à Api, dans la savane, un pavement en grosses pierres carrées ou plu­

tôt cubiques, à face intérieure brute à peine dégrossie. Ils extraient cela pour faire un mur pour le kraal à éléphants. Ils ont trouvé à quelques kilomètres de là la carrière d’où provien­

nent ces pierres. II semble certain que c’est là quelque chose de fait par les habitants anciens. Qui? Sont-ce les graveurs rupestres ou leurs ancêtres? Hypothèse. Des Hamites venus du N.-E. à peine arrivés ont voulu bâtir; une ou deux générations se sont passées à faire ce dallage. La troisième ne connaissait plus rien de ce que leurs ancêtres avaient fait dans leur pays d’origine et minés par le climat n’ont pas continué. Api est dans la zone des collines, habitat des graveurs rupestres, selon de Galonné, ancêtres de nos Momvu, Medje..., des Mangbe- tuisés.

Le 23 mai.

P. 83. — M. Wilmet fait des instances pour que j’aille voir le fameux pavement à Api. Il veut mettre des porteurs à ma disposition. Finalement, je me décide. Il y a quatre étapes nor­

males et quatre étapes d’Api à Titule. Bonnes routes.

Le 29 mai.

(Un peu avant l’arrivée à Api) nous arrivons aux pierres. On y travaille; malgré tout, je suis encore fort désappointé. Elles sont loin d’être aussi régulières que me l’avaient fait croire les dires de M. Wilmet.

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— 337 —

Mercredi 2 juin 1920.

Je suis enfin allé aux pierres, ce matin, et j’ai pu tout exa­

miner à mon aise.

D’après ce qu’il en reste encore dans le sol, d’après les expli­

cations du capita et des travailleurs, ils ont abordé ce dallage au N.-E., à 1/4 de la longueur totale, avant d’arriver au coin N.-E. Ils avaient trouvé près de la route d’abord des blocs erratiques, puis, à un moment donné, sont tombés sur ces blocs réguliers. On a extrait d’abord des blocs erratiques en A. Puis,

pour la facilité d’accès, on a commencé en B et l’on a travaillé dans le sens de la flèche pour arriver aux blocs réguliers.

Ceux-ci couvraient un emplacement assez régulier orienté net­

tement Est vers Ouest, d’environ 50 à 50 m. de long sur 10 à 11 de large.

Certains des blocs déchaussés, mais non encore enlevés en E sont, d’après le capita et les travailleurs, la limite des blocs réguliers. Du reste, immédiatement vers l’Ouest on tombe dans des blocs erratiques encore in situ. En C, d’après M. Magnette, il y avait un bloc rectangulaire ressortant de terre d’environ ßO centimètres. On n’a pu me montrer quel était ce bloc parmi tous ceux qui se trouvaient déjà prêts à être transportés.

En D quelques blocs réguliers, encore in situ et que j’ai photographiés de deux points différents. Nous avons exploré

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— 338 —

le bosquet vers A; près de l’emplacement où se trouvait le bloc C se trouvent quelques blocs, in situ, équarris, mais non placés, et quelques blocs erratiques non encore équarris. Le reste du bosquet ne présente que des blocs erratiques.

Plan en surface.

Rn K une jointure grossière où avait pris racine un arbre (le 15 cm. d’épaisseur de tronc.

Nous avons exploré le bosquet qui se trouve à l’Est, sans trouver môme un seul bloc erratique. Nous sommes partis dans la direction Ouest en suivant la ligne centrale du pavement Est-Ouest. On descend par une pente douce

(23)

— 339 —

vers l’Api. Nous avons rencontré à 200 m. environ au bas des blocs erratiques G un autre amas de blocs erratiques (en H) et deux ou trois dalles, mais d’aspect tout naturel.

Nous avons continué encore 300 à 400 m. pour tomber sur la route Bambili-Api, sans plus rencontrer rien de neuf.

En partant de B et suivant la direction de la flèche, on monte en pente douce. La montée se poursuit, mais plus faiblement, vers le bosquet à l’Est. Depuis l’extrémité Est (Est vers G et 11) on descend en pente douce vers l'Api.

Il y a lieu de noter la présence du bloc C, qui était placé intentionnellement, ou bien qui n’était pas encore placé définitivement, mais amené seulement. La présence des blocs taillés, mais en positions diverses et non régulières, semble l’indiquer et milite pour la seconde hypothèse.

11 est à noter que tous les blocs encore in situ (et surtout les ensembles de blocs, tel l’ensemble D) accusent une régularité générale des lignes d’Est en Ouest et de Nord au Sud.

La photo que j ’ai prise l’indique suffisamment.

J’ai encore photographié deux autres blocs assez régu­

liers entre lesquels j ’ai mis Victor Wedele, puis quelques vues générales du chantier.

Donc, avec ces données-là on ne voit pas encore bien clair. Rien de spécial n’a été trouvé : ni outil, ni rien.

Evidemment, des fouilles faites très prudemment dans les environs pourraient peut-être faire découvrir des traces

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— H 40 —

de foyer (??), el encore, avec les intempéries de l’air, cela est très peu probable, car nous sommes à niveau de la couche inférieure (si tant est qu’elle ne devait pas rester unique dans la pensée de leurs auteurs).

Dans la direction du Sud il y a la carrière. Vers le Nord rien, idem vers l’Est et l’Ouest.

Temple, mausolée, pyramide entamée et non achevée?

qui le dira?

Vue de haut.

I,o pointillé marque la forme probable des blocs enlevés.

Ligne de la racine Ligne

du sol actuelle _____fS-________________________________________ _________j- Kntoncement de la racine Vue horizü|ltak,_

11 faut noter aussi que le dallage était recouvert presque partout d’une couche d’humus de quelques centimètres d’épaisseur. En outre, tout près du point E direction Sud, un arbre a poussé ses racines d’une façon curieuse. On pouvait voir encore parfaitement la racine tordue à angles droits et presque droits et courant le lon<>- du sol, cl un peu au-dessus (les blocs ayant été enlevés).

B. — L E T T R E DE M . M A G N E T T E .

Hampteau, le 13 avril 1940.

Voici ce dont je me souviens sur le pavement d’Api (ayant perdu mes carnets de notes).

A l’E.-N.-E. d’Api, sur la route d’Api-Ango (ancien camp du Nord), nous avons trouvé, au sommet du plateau, une carrière

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— 341 —

de limonite avec une centaine de blocs, dont certains taillés, d’autres à moitié taillés et le restant vierge.

Certains de ces blocs avaient environ un mètre de longueur.

Tout à fait au sommet du plateau, un pavement était com­

mencé et pouvait avoir une trentaine de mètres de long sur 20 de large. Ce pavement était orienté E.-O.

Ces pierres ont servi à construire une zériba pour éléphants.

Je ne me rappelle plus la date exacte, seulement la zériba était terminée lorsque le R. P. Van den Plas est passé par Api pour

rentrer en Europe, à la fin de son deuxième, terme (je crois).

Dans la carrière, nous avons trouvé deux haches en oligiste.

Les plus anciens indigènes de la région n’ont pu me donner de renseignements à ce sujet. Ils n’avaient jamais entendu parler de cela. Sur le plateau, il y avait des centaines, peut-être des milliers de blocs de limonite à fleur de sol...

\

(26)

M . Bertrand. — A propos du même dallage cyclopéen d ’Api et des mégalithes de la région.

Pour des motifs qui ressortiront de mon exposé, je n’avais pas l’intention d’aborder devant l’institut la matière dont vient de nous entretenir notre collègue M. De Jonghe.

En 1986, au cours d ’une randonnée occasionnelle, le sculpteur Joanna Tercafs remarqua aux environs immé­

diats d’Api, et ailleurs, des blocs de pierre dont la forme et la disposition ne lui parurent pas compréhensibles en dehors d’une intervention humaine calculée. C’étaient des dallages réguliers, des apparences d’escaliers presque cyclopéens, des excavations dans des rochers in situ, laissant l’impression d’avoir été creusées de main d’homme. Aucune trace d’ornement architectural ne fut relevée. D’autant plus convaincue que ces restes étaient connus et classés qu’ils avaient été et étaient encore par­

fois exploités comme de vulgaires carrières de pierre par les services de l’administration, elle ne crut pas nécessaire d’en faire une description détaillée. Détrompée lors de son retour, elle se promit d’aller revoir les choses de près au cours d’un nouveau voyage en projet. D’une conversation avec elle, Jean Garnier, auteur d’une monographie sur l’artiste (l), a retenu et rappelé une déclaration : « Je visitai les régions d’Api, Ango, Azapateba, Bondo, territoire des conquérants Azande, où se trouvent de nombreux ves-

liges religieux. »

Repartie en octobre dernier, elle se rendit d’abord à Api, d’où, par trains successifs, elle envoya le compte rendu de ses recherches. H ne faut pas attendre de ces documents toutes les précisions que réclameraient un architecte et un topographe (plans de situation, cartes,

(>) Bruxelles, 1939, Editions de la Phalange.

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Fig. 1. — Mégalithe sur trois piliers.

A gauche, un homme accroupi a l’apparence du quatrième pilier,

Fig. 2. — Mégalithe à base inclinée sur deux pieds.

(28)

Fig. 3. — Croix vue de son extrémité Ouest.

Au premier plan, le travailleur de droite dissimule en partie une des pierres à face supérieure oblique. Le travailleur de gauche tient la main sur la pierre taillée de même façon qui fait face à la première.

Fig. 4. — Vue du dallage. La tête d’un travailleur dépasse la tranchée creusée à l’extrémité Est de la croix.

(29)

Fig. 5. — Autre vue d’une partie de la croix.

Une des pierres est creusée d'un des trous paraissant avoir été creusés intentionnellement.

Fig. 6. — Faux-cotonnier dont l’effort des racines a disloqué une partie du dallage.

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— 343 —

profils, métrés, etc.). Le lecteur se trouve fréquemment devant des impressions, devant des hypothèses, dont, quel qu’en soit l’intérêt, ce n’est pas mon rôle de faire état.

Le moment venu elles prendront place dans l’étude ethno­

graphique d ’ensemble qui est envisagée. Estimant toute­

fois que le silence sur les restes découverts les exposait à une destruction totale, puisqu’elle était déjà largement entamée, je ne crus pas pouvoir ne pas en entretenir le Ministre des Colonies. Pour lui laisser toute liberté d’agir ainsi qu’il lui semblerait bon, c’est à titre personnel que je lui remis une note accompagnée de quelque belles photographies.

Notre collègue M. De Jonghe, ayant eu connaissance de ma démarche, se souvint d’une autre note, ayant même objet, rédigée par le R. F. Prêcheur Van den Plas vers 1911, je crois, et envoyée au Ministère en 1922 par les soins d’un autre de nos collègues, le R. P. Lotar, après qu’il eut pris connaissance des documents trouvés dans la succession. En 1912, 1913, j ’ai connu le R. P. Van den Plas, mort une dizaine d’années après. De chacune de nos rencontres, j ’ai conservé le souvenir de son esprit exceptionnellement clair, précis et observateur. M. De Jonghe m ’entretint de cette circonstance dont aucun écho ne m ’avait jamais atteint et me proposa de m ’associer à lui pour vous exposer l’état de la question. L’idée me parut heureuse. L’accord d ’observateurs séparés par toute leur formation, par un intervalle d’une trentaine d’an­

nées, donne un poids considérable à des conclusions dont les dernières sont toid à fait indépendantes des premières.

Ci-après le résumé des découvertes de Joanna Tercafs.

Dans mon interprétation consciencieuse de ses notes, des erreurs, des omissions peuvent s’être glissées. J’en serai seul responsable.

A Api, sur l’Uéré ou Api, s’étend un dallage dont la partie encore intacte, de forme irrégulière, couvre quel­

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— 344 —

que 60 n r. Il est impossible d’en déterminer les limites primitives, parce qu’une partie en a été enlevée pour la construction et les aménagements de la station d’élevage d ’éléphants qui fut établie dans sa proximité, parce que d’autres blocs tout à fait analogues couvrant des parcelles de terrain voisines ont été déplacés et disloqués par l’ef­

fort des racines d’arbres ayant crû dans les interstices;

aussi parce que des alluvions recouvrent peut-être encore des dallages restés ignorés La matière de ces blocs est une latérite tendre, donc altérée. Leurs dimensions varient par séries régulières entre 40 et 120 cm. dans les dimensions horizontales. Ils sont disposés de telle façon que l'alignement dans les deux sens est assuré. Les faces

« ____ lm4o-

_4-,moo.u______________________J

verticales sont emboîtées les unes dans les autres; d’où une grosse difficulté d’en extraire un sans déplacer ses voisins.

Entre certains blocs des trous permettent de supposer qu’ils étaient prévus pour la plantation de pieux ou l’érec­

tion de mâts.

Vers le milieu du restant du dallage, un dispositif par­

ticulier dessine une espèce de croix à un niveau inférieur de 25 cm. Orienté de l’Est à l’Ouest, il mesure 4 m. dans sa grande dimension, 2"“40 dans l’autre. Ses éléments se présentent dans un appareil très différent de celui qui

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345

l'encadre. Les hlucs des bras et le dernier des deux blocs do tète ont été taillés obliquement à leur face supérieure (parties hachurées du croquis), de façon à relier les deux niveaux par un plan incliné. Le creux était dissimulé sous des alluvions.

D’après les renseignements d’un très vieil indigène, qui l’a encore vue dans son enfance, une tour de pierre d’en­

viron 10 m. de haut s’élevait en cet endroit. Aucuns débris n'en subsiste. Elle était circulaire, sans toit et percée à sa base d’une ouverture très basse, en forme de porte, que personne ne franchissait jamais.

Le terrain, que rejoint l’extrémité orientale de la croix, était, d’après les indigènes, couvert par la plus belle par­

tie du dallage, lors de l’établissement des Européens.

11 est donc possible qu’à cette époque le dispositif en creux était plus étendu que ce qui est à présent visible. C’est là

<(iie fut creusée une tranchée qui fit apparaître comme une poche presque entièrement remplie de terre différente de celle qui l’entoure. S’agit-il d’un creux intentionnel ou naturel, envahi par des infiltrations? Des fouilles plus complètes mettraient peut-être au jour des fondations ou d’autres vestiges en profondeur.

Si, malgré de laborieuses recherches, Joanna Tercafs ne retrouva pas les ruines d’escaliers, ni les pierres qu’elle avaient considérées comme des tables de sacrifice remar­

quées antérieurement, elle découvrit d’autres traces d’un travail humain.

Dans la chefferie Yahura, au S.-O. d’Api, au sommet d’une colline très surbaissée de granit dénudé, deux méga­

lithes se trouvent, à quelque 20 mètres l’un de l’autre.

Le premier, dont la base horizontale est posée sur trois piliers de 60 cm., élève son sommet à environ 3“50 du sol.

Le second repose d’un côté sur le sol, de l’autre sur deux pieds. Il est moins imposant, n’atteignant que 2 mètres.

Dans sa face supérieure il est creusé d’une espèce de

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— 346 —

vasque munie d’une rigole d ’écoulement. Peut-être a-l-il été utilisé comme table de sacrifice à une époque qui n’est pas nécessairement contemporaine de son érection.

A ma connaissance, il n’a pas encore été signalé de monu­

ment de l’espèce au Sud de l’Afrique méditerranéenne.

Dans la chefferie Gilima, à quelque 14 km. au Sud d’Api, d’autres objets méritent d’être étudiés. Une pierre de l m80 de haut sur 2m10 et l m60 est creusée de la même figure que le mégalithe d’Yahura. Sur certaines collines se trouvent des pierres levées, les unes encore debout, d’autres couchées et parfois brisées. Leur forme paraît voulue : une base parfaitement plane et horizontale si elle est en place (lm40 sur l m20), une hauteur de 2 m., la partie supérieure étant appointée. Il est regrettable que les photographies qui en furent prises sont manquées.

Sur les mêmes collines, des excavations pisciformes dans la roche donnent l’impression d’avoir été creusées au moyen d’outils. En un endroit, un alignement de pierres à parois verticales, chacune de 2 m. de long, rappelle singulièrement des monuments connus ailleurs. Enfoui dans une brousse presque impénétrable, il se dérobe à un examen qui fut nécessairement hâtif.

Plusieurs grottes et abris sous roche furent explorés, mais très superficiellement, pour ne pas compromettre le succès de fouilles futures. Furent mis à jour : des tessons, des restes de foyer, des scories de fer, une fois un bracelet de cuivre peu travaillé. Tout cela peut être récent.

Les photographies que j’ai reçues ne sont pas toutes également probantes. On se trouve en pays de monga.

Une monga est une formation de latérite scoriacée, à fleur de sol, horizontale ou un peu inclinée à flanc de coteau.

Elle s’étend en longueur parfois sur des kilomètres, sous la forme de monolithes largement fissurés, dénudés ou recou­

verts par parties d’alluvions modernes. La roche peut être plus ou moins altérée et creusée d’excavations imperméa-

(34)

— 347 —

bles peu profondes où se développe une flore très particu­

lière clans l’alternance régulière de l’eau stagnante de l’hi­

vernage et de la sécheresse torride de l’été. Tout s’étalant sur le plan horizontal, sans autre accident saillant pour le dallage que les joints et la dénivellation peu marquée de la croix, les images obtenues rendent souvent difficile la discrimination entre les blocs in situ et les autres dis­

posés de main d’homme. J’ai négligé les photographies peu évocatrices, sauf une : celle du grand faux-cotonnier.

Le texte dit qu’il a cxû sur un dallage que le travail de racines a bouleversé et disloqué. Mais le IL P. Van den Plas fait la même remarque en la commentant et l’illu­

strant d ’un croquis sommaire explicatif. Or, il n’est pas douteux que les deux observateurs aient vu le même arbre.

La région d’Api se présente comme un centre d’une civilisation antique très spéciale, caractérisée par de nom­

breuses gravures rupcstres, dont J. Tercafs a relevé quelques formes nouvelles, par des cupules isolées ou groupées, par des pédiformes, tout cela connu depuis une trentaine d ’années. Ces vestiges nous reportent sans doute vers les années 1500, 1600, à une époque où le fer se sub­

stituait à la pierre dans l’outillage des habitants. Dans cette même région, depuis lors, se sont succédés les Mamvu encore néolithiques, les Makèrè-Mayogo (du groupe appelé Mangbètu), des Bantous, des Soudanais. Depuis des siècles elle agit comme un centre d’attraction et de dispersion, tandis que des traînards se retrouvent encore sur place.

Peut-être ne parvenons-nous à saisir que la fin d’un mou­

vement dont les origines ne seraient pas sans relation avec les vestiges qu’a signalés le IL P. Van den Plas et qu’après vingt années d’oubli, J. Tercafs remet en lumière avec un complément important de découvertes mégalithiques. On ne peut douter que la matière mérite une prospection attentive et éclairée.

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— 348 —

Kn dehors de su matière propre, mon exposé comporte une conclusion indirecte. Avertie depuis une vingtaine d’années que des restes, s'imposant à l’observateur comme les ruines d’une œuvre humaine très antique, étaient uti­

lisés comme un matériau de construction, l’Administra­

tion n ’a pris à leur sujet aucune mesure de protection, ne les a pas fait étudier et a laissé hâter leur destruction par ses services. Ce n’est pas la première fois qu’ici même, j ’ai déploré l’insuffisance en divers domaines du caractère scientifique de notre activité coloniale.

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Séance du 16 septembre 1940

Zitting van 16 September 1940

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Séance du 16 septembre 1940.

La séance est ouverte à 17 heures, sous la présidence de VI. Bertrand, membre titulaire.

Sont présents : MM. Bertrand, de Jonglie, Louwers, membres titulaires; MM. De Cleene, Dellicour, Engels, Gelders, Marzorati, Olbrechts et Smets, membres associés.

Absents et excusés : R. P. Lotar, MM. Solder, Speyer, Laude.

Renseignem ents d ’o rd re a d m in is tra tif.

A la demande d’un certain nombre de membres, les séances seront, dorénavant, fixées à 14 h. 30.

La section tiendra ses séances mensuelles en octobre et novembre. La séance plénière sera remise au mois de décembre.

Quelques aspects de l ’é v olu tio n des colonies en 1938.

M. Gelders donne lecture d’une étude intitulée : Quel­

ques aspects de l’évolution des colonies en 1938. La pre­

mière partie s’occupe de l'évolution économique.

La prospérité remarquable de 1937, suivie immédiate­

ment d’une réaction vive en 1938, mouvement double qui s’est traduit spécialement dans ses répercussions sur les budgets des gouvernements coloniaux, a attiré l’attention partout sur la sensibilité et la faiblesse de l’économie colo­

niale.

Les causes de cette fragilité ont été situées dans : 1° l’absence d’économie intérieure : la solution cher­

chée dans la constitution de marchés locaux ne pourra être atteinte que par voie indirecte et dans un avenir encore relativement éloigné;

(38)

Zitting van 16 September 1940.

De zitting wordt geopend te 17 uur, onder voorzitter­

schap van den heer Bertrand, gewoon lid.

Zijn aanwezig : de heeren Bertrand, De Jonghe, Lou- wers, gewoon leden; de heeren De Cleene, Dellicour, Engels, Gelders, Marzorati, Olbrechts en Smets, buiten­

gewoon leden.

Zijn afwezig en verontschuldigd : E. P. Lotar, de hee­

ren Solder, Speyer, Laude.

$

In lic h tin g e n van b e s tu u rlijk e n a a rd .

Op aanvraag van een aantal leden zullen de zittingen voortaan te 14 u. 30 beginnen.

De sectie zal maandelijks vergaderen in October en November. De algemeene vergadering zal tot December worden verdaagd.

Eenige g ezichtspunten over de o n tw ik k e lin g van de k olo niën in 1938.

De lieer Gelders leest een studie over : Quelques aspects de Vévolution des colonies en 1938. Het eerste deel behan­

delt de economische ontwikkeling.

De merkwaardige voorspoed in 1937, onmiddellijk gevolgd in 1938 door een levendige reactie, dubbele bewe­

ging, die voornamelijk door haar invloed op de begroo- tingen der koloniale regeeringen tot uiting kwam, heeft overal de aandacht gevestigd op de gevoeligheid en de zwakheid van de koloniale economie. Als oorzaken dezer broosheid werden aangeduid :

1° het gemis aan een binnenlandsche economie : de oplossing door inrichting van plaatselijke marken zal slechts onrechtstreeks worden bereikt en in een nog betrekkelijk ver gelegene toekomst;

BULL. INST. R O Y AL COLONIAL BELGE. 23

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— 352 —

2° la sauvegarde contre la domination du commerce extérieur, notamment de la demande américaine, essen­

tiellement inconstante. Les colonies se disputent la clien­

tèle des pays non pourvus de colonies et se concurrencent entre elles;

3° la capacité de production des colonies; celle-ci est très souple et susceptible d’une augmentation rapide; il en résulte des perspectives angoissantes pour leur avenir par suite de l’impossibilité d’accroître parallèlement la capacité d’absorption des marchés extérieurs;

4° l’exportation des capitaux qui entame les forces de résistance et de développement des colonies, en contra­

riant et retardant leur enrichissement.

Toute l’œuvre de colonisation repose sur une vigueur économique croissante. L’une et l’autre doivent être l’ob­

jet de mesures de défense.

Les mesures prises ou envisagées sont principalement : 1° la rétention des capitaux par l’épargne, les emprunts locaux, le développement des institutions locales de cré­

dit et de vente collective;

2° l’industrialisation, c’est-à-dire le développement des entreprises locales de moyenne grandeur, la sauvegarde de l’artisanat indigène et l’introduction d’une discipline des entreprises sous forme de contrôle industriel exercé par voie gouvernementale;

3° l’extension du paysanat et de la colonisation agri­

cole indigènes et leur défense contre les dangers qui résul­

tent des causes de leur faiblesse;

4° la défense fiscale des colonies contre les prélève­

ments métropolitains, la désertion des bénéfices, la part réduite des producteurs indigènes dans les profits.

Une politique de défense du capital colonial s’impose dans tous les pays coloniaux.

Cette première partie de l’exposé donne lieu à un

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— 358 —

2" de beveiliging tegen de heerschappij van den bui- tenlandschen handel namelijk de wezenlijk onstand­

vastig«' \merikaansche bestellingen. De koloniën wedij­

veren onderling om de clienteele te winnen der landen die geen koloniën bezitten ;

3° De voortbrengstmogelijkheden der koloniën; deze zijn zeer lenig en voor een snelle verhooging vatbaar : daaruit spruiten angstwekkende vooruitzichten Avegens de onmogelijkheid in gelijke mate de afzetmogelijkheden op buitenlandsche markten te verhoogen;

4° De kapitalcnuitvoer die de weerstandskracht der koloniën ontzenuwt en hun ontwikkeling stremt door hun verrijking te verhinderen of te vertragen.

Gansch het kolonisatiewerk berust op een stijgenden economischen bloei. Een en ander moeten beschermd worden.

Volgende beschermende maatregelen werden voorna­

melijk getroffen of gepland :

1° het ophouden der kapitalen door het sparen, door locale leeningen en door de ontwikkeling van plaatselijke kredietinstellingen alsmede van collectieve vei koopinrieh- tingen;

2° de industrialisatie, t. t. z. de ontwikkeling van de middelmatige locale ondernemingen, de bescherming van bet inheemsch ambachtswezen en het invoeren van een tuchtregeling betreffende de ondernemingen onder vorm van een van regeeringswege uitgeoefend industrieel toe­

zicht;

3° de uitbreiding van den inheemschen boerenstand, van de landbouwkolonisatie door de inlanders en hun bescherming tegen de gevaren voortvloeiend uit de oor­

zaken hunner zwakheid;

4° de fiscale verdediging der koloniën tegen het afnemen door het moederland van een gedeelte van de opbrengst der belastingen, tegen de voortvluchtige kapi-

Referenties

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