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TUNISIE La république de la débrouille

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(1)

ÉLECTIONS

L’Afrique

progresse-t-elle?

Biométrie, vote électronique, commissions électorales, observateurs, éducation citoyenne… Partout, ou presque, la fraude recule, la transparence progresse et les électeurs retrouvent le chemin des isoloirs. Reste à savoir si les scrutins 2.0 sont synonymes d’alternance au pouvoir.

TUNISIE La république de la débrouille

GRAND FORMAT Guinée : le choc social

Spécial 27 pages

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL NO2982 DU 4 AU 10 MARS 2018

France3,80

.

Alrie290DA

.

Allemagne4,80

.

Autriche4,80

.

Belgique3,80

.

Canada6,50$CAN

.

Espagne4,30€

.

Éthiopie67birrs

.

Grèce4,80

.

Guadeloupe4,60 Guyane5,80

.

Italie4,30

.

Luxembourg4,80

.

Maroc25DH

.

Martinique4,60

.

Mauritanie1200MRO

.

Mayotte4,60

.

Norvège48NK

.

Pays-Bas4,80 Portugalcont.4,30

.

union4,60

.

RDCongo6,10$US

.

Royaume-Uni3,60£

.

Suisse6,50FS

.

Tunisie3,50DT

.

USA6,90$US

.

ZoneCFA2000FCFA

.

ISSN1950-1285

ÉDITIONINTERNATIONALEETAFRIQUESUBSAHARIENNE

CÔTE D’IVOIRE

À QUOI SERVIRA

LE SÉNAT

(2)
(3)

A

r a b i e s a o u d i t e.

L’énorme masse de dollars dont dis- posent ses dirigeants (et leurs coteries) a pour effet que, dans le monde entier, beaucoup rampent devant eux et que la plupart les ménagent.

On n’ose (presque) rien dire de leurs méfaits alors qu’ils sont nombreux et de plus en plus nuisibles.

Ce pays a le même régime depuis près d’un siècle et pèse vraiment depuis que le pétrole est devenu la principale source d’énergie planétaire.

Son influence en Afrique et dans le reste du monde a été discrète et pernicieuse dans la seconde moitié du XX

e

siècle ; elle est en train de devenir patente et dangereuse.

D’où la nécessité dans laquelle je me trouve de vous en parler.

J’estime qu’il est de mon devoir de mettre en garde contre le rôle néfaste que vont jouer les diri- geants actuels de ce pays, assis sur les plus grandes réserves

d’hydrocarbures du monde.

D’abord quelques chiffres : le produit intérieur brut (PIB) de l’Arabie saoudite, le plus impor- tant du Moyen-Orient, était, en 2015, de l’ordre de 670 milliards de dollars, pour une population de 30 millions d’habitants (dont le tiers sont étrangers et 75 % ont moins de 30 ans).

Il y a peu de Saoudiens actifs;

la plupart de ceux qui le sont tra- vaillent pour l’État et ses entre- prises ou, plus exactement, font semblant.

Le pétrole, dont ce pays détient 20 % des réserves mon- diales et dont il exporte plus de 10 millions de barils par jour, représente 90 % des recettes d’exportation et 80 % du budget de l’État.

Ce budget est de 190 milliards de dollars; depuis deux ou trois ans, il accuse un déficit de 15 %.

C’estlàunpourcentagetrèsélevé.

Les dépenses militaires sont, elles aussi, les plus élevées du monde en pourcentage du bud- get: elles en absorbent le tiers.

On évalue le nombre de

« princes » et « princesses » à

20 000, dont 5 000 se disent de

« sang royal », descendants du

« roi » Saoud. Ils tiennent lieu de

« famille régnante ».

Pour mesurer ce que ses immenses réserves apportent à ce pays, quelques comparaisons.

Le PIB de l’Arabie saoudite est le double de celui de l’Égypte, trois fois plus peuplée, et plus de deux fois supérieur à celui du Maghreb central (Tunisie, Algérie et Maroc), qui est égale- ment trois fois plus peuplé.

Il est vingt fois plus élevé que celui de la Côte d’Ivoire et plus de quarante fois celui du Sénégal ou du Mali.

Si l’on compare les budgets de ces pays avec celui de l’Arabie, on retrouve les mêmes proportions.

Fondé sur la doctrine wahha- bite, qui est un concentré d’in- tégrisme islamiste rétrograde, le « royaume » d’Arabie instauré par Saoud a inventé et propagé l’islamisme dans les pays musul- mans. Antidémocratique, miso- gyne et ultraconservateur, il a financé et aidé les islamistes de son obédience et combattu les autres, comme les Frères musul- mans d’Égypte (confrérie créée en 1928), introduisant ainsi une discorde au sein de l’islam.

Aujourd’hui même, il combat l’Iran (chiite), le Qatar (néowah- habite), les Frères musulmans de Tunisie, de Gaza, etc.

Simultanément, il dirige une coalition qui mène depuis trois ans une guerre aveugle et

Samedi 3 mars

La menace saoudienne

Béchir Ben Yahmed

bby@jeuneafrique.com

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Trop de gens connaissent le prix de tout et ne savent la valeur de rien.

Ann Landais

Les trois addictions les plus dangereuses sont l’héroïne, les glucides et un salaire mensuel.

Nassim Nicholas Taleb

Un devoir criblé de fautes d’or- thographe ou de syntaxe, c’est comme un visage abîmé par des verrues.

Bernard Pivot

Si j’avais su que je vivrais aussi longtemps, j’aurais davantage pris soin de moi.

Mickey Mantle

Même assoiffé d’affection, on n’embrasse pas le porc-épic.

Proverbe sénégalais

L’art de la médecine consiste à distraire le malade pendant que la nature le guérit.

Voltaire

J’ai dû payer un surcouf pour les bagages…

Perles de tribunal et de police

Dieu a inculqué dans le cœur des femmes la haine des autres femmes parce qu’il voulait que le genre humain se multiplie.

Milan Kundera

Soyez à vous-même votre propre refuge. Soyez à vous-même votre propre lumière.

Bouddha

meurtrière au Yémen; une deu-

xième coalition conduite par la même Arabie saoudite a entre- pris de détruire l’indépendance du Qatar.

En Syrie, le royaume wahha- bite alimente le feu jihadiste ; en Irak, il projette de soutenir la minorité sunnite orpheline de Saddam Hussein contre la majo- rité chiite qui apprend (depuis quinze ans) à exercer le pouvoir;

au Liban, il manœuvre pour dés- tabiliser le pays.

Sous la (mauvaise) influence des États-Unis, qui le protègent, le régime saoudien a accepté, sans états d’âme et depuis un demi-siècle, qu’Israël détienne l’arme nucléaire, mais se réveille en 2018 pour la réclamer à son tour. Pour contrer Israël ? Non, pour, en alliance secrète avec lui, empêcher l’Iran de la posséder!

L’islamisme saoudien et son allié américain ont, sans le vouloir ni le prévoir, poussé Oussama Ben Laden à la dis- sidence : il a émigré d’Arabie vers le Soudan puis l’Afghanis- tan, réinventé le jihadisme et créé son organisation mère :

Al-Qaïda.

Celle-ci a conçu, élaboré et perpétré, le 11 septembre 2001, contre New York et Washington le plus grand acte terroriste de l’Histoire ; il a été exécuté pour l’essentiel par quinze dissidents saoudiens (sur dix-neuf terro- ristes au total), commandés depuis l’Afghanistan par un chef saoudien: Oussama Ben Laden.

Et, depuis ce jour, nous subis- sons les effets désastreux de « la guerre mondiale contre le ter- rorisme » déclarée dès le 12 sep- tembre 2001 par un certain George W. Bush, alors président des États-Unis.

Le régime saoudien n’est pas directementresponsableduterro- risme islamiste. Mais sans la doc- trine sur laquelle il est fondé, sans ses financements et ses mani- gances, ce terrorisme aurait-il existé ? Aurait-il pris l’ampleur qu’il a prise? Serait-il encore, dix- sept ans après ce fatidique 11 sep- tembre 2001, le fléau qu’il est devenu?

Aujourd’hui,c’estl’Arabiesaou- dite qui est, à mes yeux, la prin- cipale menace pour la paix au Moyen-Orient et dans le monde.

Intronisé il y a trois ans, le vieux roi Salman n’en est plus que le chef nominal, car il a délégué ses pouvoirs à son fils, Mohamed Ibn Salman.

Jeune, inexpérimenté, impé- tueux, ce dernier dispose donc, sans aucun contrepoids, d’une armée suréquipée et mal com- mandée, d’une réserve de plu- sieurs centaines de milliards de dollarsetdel’appuiinconsidéréde l’actuel président des États-Unis.

Une telle concentration de pou- voir et d’argent entre les mains d’un apprenti chef d’État est effrayante.

Aucun autre dictateur de l’époque récente n’a rassemblé autantdemoyensentredesmains aussi inexpérimentées, au cœur d’une région qui est une véritable poudrière.

Le Moyen-Orient et le monde sont donc à la merci d’une nou- velle décision irréfléchie d’un jeunedictateurdontlepouvoirest aussi démesuré et illimité que les moyensfinanciersdontildispose.

Il faudrait un miracle pour nous préserver de la frénésie de cet éléphant dans un magasin de porcelaine qu’est Mohamed Ibn Salman.

Ce que je crois

HUMOUR, SAILLIES ET SAGESSE

Pour vous faire sourire, grincer

des dents – ou réfléchir –, ici,

chaque semaine, une sélection

subjective, la mienne, de ce qui

a été dit ou écrit au cours des

siècles par des hommes et des

femmes qui avaient des choses

intéressantes ou drôles à nous

dire. B.B.Y.

(5)
(6)

D

’élections, il est beaucoup question dans ce numéro.

D’abord, et surtout, dans notre « Enquête » mensuelle, qui, après l’éducation en Afrique, fin janvier, évoque cette fois la fiabilité de nos scrutins et les instruments mis en œuvre, au nord comme au sud du Sahara, pour en améliorer la qualité (lire pp. 24-37). Ensuite, au travers de plusieurs cas particuliers, qu’il s’agisse de consultations pas- sées (lire notre entretien avec George Weah, le nouveau président libérien, pp. 42-43) ou à venir : la présiden- tielle tant attendue en RD Congo (lire pp. 38-41) ou les sénatoriales ivoi- riennes, le 24 mars (lire pp. 44). Sans oublier l’envers parfois peu reluisant du décor : le financement des cam- pagnes électorales, illustré par l’af- faire Lionel Zinsou – lequel, lors de la présidentielle béninoise de 2016, emprunta la bagatelle de 22 millions d’euros à l’homme d’affaires burki- nabè Mahamadou Bonkoungou (son portrait, p. 72). Une somme énorme et jamais remboursée qui pose un problème de fond : comment, dans des pays soucieux de leur indé- pendance, des hommes politiques peuvent-ils contracter à l’étranger des dettes d’un montant aussi verti- gineux ? Qui peut imaginer que, s’il l’avait emporté, Zinsou n’aurait pas renvoyé l’ascenseur à son créancier?

Ou qu’il n’en aurait pas été, d’une manière ou d’une autre, l’otage?

Reste que, a contrario de bien des idées reçues, la démocratie pro- gresse en Afrique. Les élections en sont naturellement une composante importante, le socle sur lequel le reste repose. Elles doivent permettre de porter au pouvoir des candidats légitimes, soutenus par d’impor- tantes forces sociales et capables de mettre en œuvre des politiques profitables au plus grand nombre.

Objectif : travailler sur la base d’un véritable consensus au bien-être de ses concitoyens.

Débat

Se posent alors d’autres questions. Jusqu’à quel âge peut-on raisonna- blement présider aux destinées de son pays?

Combien de mandats doit-on accomplir ? Et de quelle durée ? Bref, à quelles règles nos dirigeants devraient- ils se plier ? Vaste et complexe débat mêlant politique et démocra- tie, légalité, légitimité, moralité et raison.

Certains plaident pour le respect des règles universelles – ou plutôt occidentales – de la démocratie.

D’autres pour de présumés particu- larismes africains. « C’est au peuple de choisir », répondent généralement les autocrates désireux de modifier

une constitution pour se maintenir au pouvoir. On connaît l’antienne ! Depuis les indépendances, com- bien d’hommes politiques ont usé et abusé de cette ficelle?

La vérité est que tout le monde, dirigeants comme opposants, parle à la place du principal intéressé. On invoque le « peuple » chaque fois que la conquête ou la préservation du pouvoir sont en jeu. L’ennui est qu’en Afrique, plus qu’ailleurs, il est bien difficile, en l’absence de sondages d’opinion fiables, de savoir ce que pensent vraiment les citoyens. Les capitales sont souvent frondeuses.

Elles expriment à l’égard des pou- voirs en place un mécontentement que le reste du pays est parfois loin de partager. À l’inverse, les zélotes peuvent manifester bruyamment leur soutien à tel ou tel président en difficulté, cela ne signifie pas que ceux qui se taisent acquiescent. La clé de la démocratie en Afrique ne réside donc pas forcément dans la soumission aux règles constitutionnelles ou morales censées régir les mandats prési- dentiels, mais dans la capacité de savoir – et de respecter – ce que le « peuple » veut vrai- ment. Il n’y a qu’un seul moyen d’y par- venir : l’organisation d’élections libres, transparentes et incon- testables. Alors, mais alors seule- ment, nos présidents seront fondés à dire que le peuple est souverain et que c’est à lui de choisir. Quitte à faire le mauvais choix, puis à se ravi- ser en montrant la sortie à celui qui l’aura déçu.

La clé de la démocratie

La vérité est que tout le monde,

dirigeants comme opposants, parle à la place

du principal intéressé, le peuple.

ÉDITORIAL

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Sommaire

3 Ce que je crois par Béchir Ben Yahmed 6 Éditorial par Marwane Ben Yahmed

PROJECTEURS

8 Confidentiel

12 Les gens Lupita Nyong’o

14 10 choses à savoir sur Bochra Belhaj Hmida

16 Comme le temps passe...

18 Le match

Marie-Madeleine Mborantsuo vs Paulette Missambo 20 Esprits libres

L’ENQUÊTE

24 Élections L’Afrique progresse-t-elle ?

AFRIQUE SUBSAHARIENNE

38 RD Congo Kamerhe ou l’art du rebond 42 Liberia Rencontre avec George Weah 44 Côte d’Ivoire Du bon usage du Sénat 46 Tribune Recherche opposition

désespérément…

47 Cameroun La lionne de Bangangté

MAGHREB & MOYEN-ORIENT

50 Tunisie La république de la débrouille 55 Tunisie Questions à… Simon Slama 56 Maroc Abderrahmane El Youssoufi

et les trois rois

60 Arabie saoudite Hard power et néowahhabisme

63 Tribune Libye : zéro pointé onusien

ÉCONOMIE

64 Industrie Où va Cevital ? 69 Têtes d’affiche

70 Analyse La Sierra Leone est-elle en mesure de se redresser ? 71 Affaires déclassées

72 Réseaux Mahamadou Bonkoungou, l’« ami » des présidents

74 Assurances Moulay M’hamed Elalamy s’affirme

76 Tribune L’entrepreneuriat, un projet politique

CULTURE

78 Cinéma Interview de Nabil Ayouch, réalisateur marocain

82 Musique Enfant béni et mauvais garçon

84 Voyage Fleurs du désert 86 Musique Berger du son

88 Gastronomie Défense des arômes 90 Tendance De si chics réseaux

GRAND FORMAT

91 Guinée Génération impatiente

VOUS & NOUS

137 Le courrier des lecteurs 138 Post-scriptum

Fondateur : Béchir Ben Yahmed, le 17 octobre 1960 à Tunis bby@jeuneafrique.com Édité par SIFIJA Siège social :

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PHOTOS DE COUVERTURE :

ÉDITION INTERNATIONALE ET ASS : CHRISTOPHE CHAUVIN/JA ÉDITION ALGÉRIE : BRUNO LEVY POUR JA

ÉDITION GUINÉE : VINCENT FOURNIER/JA ÉDITION RDC ET BELGIQUE : CAROLINE THIRION

ÉDITION MMO : LUBAIB GAZIR/GETTY IMAGES ; FOTOLIA ; MONTAGE JA

91 Guinée

Génération impatiente

La croissance est forte et soutenue. Les revendications sociales le sont aussi en matière de pouvoir d’achat, d’accès aux services de base et, surtout, d’emploi des jeunes.

Les Guinéens veulent du changement. Et ils le font savoir.

YOURILENQUETTEPOURJA

Journéeinternationale des femmes 8 mars

(8)

TUNISIE

ET SI C’ÉTAIT SANA BEN ACHOUR ?

Le chef de l’État, Béji Caïd Essebsi, a choisi quatre des futurs membres de la Cour constitutionnelle : trois magistrats et, comme l’exige la loi, une personnalité publique.

Pour prendre la présidence de la Cour, il songerait à Sana Ben Achour, juriste et militante des droits des femmes, ce qui serait une première dans le monde arabe. L’Assemblée des représentants du peuple et le Conseil supérieur de la magistrature doivent encore choisir les huit autres membres.

CÔTE D’IVOIRE AMON TANOH CALME LE JEU

Poussé par Alassane Ouattara, Marcel Amon Tanoh, le ministre des Affaires étrangères, s’est résolu à recevoir, le 11 février, Benjamin Niamké Malan, le président de l’Union des diplomates de carrière. Ce dernier demandait une audience depuis juillet 2017… À l’issue de ce discret entretien, Amon Tanoh a promis de verser rapidement leurs allocations d’ameu- blement aux diplomates en poste à l’étranger, suspen- dues depuis octobre 2017.

DR

Abou Walid al-Sahraoui, le chef de l’État islamique au Grand Sahara.

Sahraoui: le récit exclusif MALI

de sa traque

Abou Walid al-Sahraoui, le chef de l’État islamique au Grand Sahara (EIGS), a échappé de peu, le 22 février, à une opération conjointe des soldats français de la force Barkhane, des combattants du Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA) et du Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia) dans la forêt d’Ikadagotane, à une soixantaine de kilomètres au sud- ouest de Ménaka.

Quelques heures plus tôt, un tra- vail de renseignement humain au sol, complété par les détections d’un drone Reaper français, avait permis de locali- ser une base de l’EIGS dans cette forêt.

Une « opération d’opportunité » a alors été déclenchée, impliquant des com- mandos parachutistes français ainsi que des combattants du MSA et du Gatia, appuyés par des hélicoptères Tigre et Gazelle. Selon une source au cœur de cette offensive, un jihadiste présumé fait prisonnier lors des affron- tements a confirmé la présence d’Abou

Walid al-Sahraoui dans la zone. À la nuit tombée, ce dernier aurait réussi à prendre la fuite à pied avec quelques- uns de ses comparses.

L’opération a duré jusqu’à ce que la forêt soit complètement ratissée, « afin de lever les doutes sur une présence possible d’autres éléments du groupe terroriste », explique-t-on à l’état- major français à Paris. Un pick-up, trois motos, de l’armement et des muni- tions ont été récupérés. Cinq autres jihadistes présumés ont été arrêtés et remis aux autorités maliennes. Un cer- tain « Sodji » (également connu sous le nom de « Bouba »), l’un des principaux lieutenants locaux de l’EIGS, auteur de plusieurs attaques dans la zone de Ménaka et au Niger, aurait été tué lors de ces combats. Il était notamment sus- pecté d’avoir participé à l’embuscade de Tongo Tongo, qui, le 4 octobre 2017, coûta la vie à cinq militaires nigériens et à quatre membres des forces spéciales américaines.

PROJECTEURS

CONFIDENTIEL

Politique

(9)

CÔTE D’IVOIRE

REMANIEMENT À VENIR

Annoncé depuis janvier, le remaniement gouvernemental doit intervenir début mai. Alassane Ouattara juge que les incertitudes portant sur l’alliance entre son parti, le RDR, et son allié, le PDCI, seront clarifiées d’ici là. Entre-temps, le chef de l’État maintient la pression sur Henri Konan Bédié. Pour assurer l’intérim de Jean-Claude Brou, l’ex-mi- nistre (PDCI) de l’Industrie et des Mines, il n’a pas choisi un membre de ce parti, mais Souleymane Diarrassouba, un proche du Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly.

CAMEROUN BERNARD MUNA SE BAT

L’ex-bâtonnier Bernard Muna (qui est par ailleurs le frère de l’opposant Akere Muna) assure la défense de 80 détenus anglophones à Yaoundé. Il se rend deux ou trois fois par semaine à la prison, où il apporte parfois de la nourriture. Présent au tribunal de Yaoundé à chaque audience, il a mobilisé les ressources de son cabinet familial, qui travaille à titre gracieux.

GABON

PING RESTE BLOQUÉ

Les avocats de Jean Ping, et en particulier Jean-Rémy Bantsantsa, tentent d’obtenir l’annulation de l’interdic- tion de sortie du territoire gabonais qui vise leur client.

Cette mesure avait été prise le jour de la convocation de l’opposant comme témoin dans l’enquête visant Pascal Oyougou – qui est accusé de

« complot contre l’autorité de l’État ». Ping ne s’était pas présenté en personne et avait

envoyé ses conseils contester cette mesure restrictive de liberté, excessive selon lui dans le cadre d’une simple convocation. Ses avocats ont réclamé la révocation du juge d’instruction, demande qui sera examinée par la cour d’appel de Libreville.

RD CONGO

L’UDPS SURENCHÉRIT

Première force d’opposition en RD Congo, l’UDPS menace de boycotter l’élection

présidentielle prévue le 23 décembre. « Si la confi- guration actuelle ne change pas, ce sera sans nous », confirme Raph Kabengele, conseiller politique de Félix Tshisekedi, qui ajoute que « si les conditions pour la tenue d’élections loyales étaient réunies demain, l’UDPS ne verrait pas la nécessité qu’il y ait un candidat unique de l’opposition ». Une position bien loin de celle défendue par les opposants Vital Kamerhe et Moïse Katumbi.

MALI

MARA EN CAMPAGNE

À Paris, du 26 février au 2 mars, l’ex-Premier ministre Moussa Mara a battu campagne en vue de la prési- dentielle de juillet. Comme à son habitude, le chef du parti Yelema a rendu visite à Étienne Giros, président délégué du Conseil français des investisseurs en Afrique (Cian), à Laurent Bigorgne, directeur de l’Institut Montaigne, et à Rémi Maréchaux, directeur Afrique au Quai d’Orsay.

AFFAIRE ZINSOU

Opération déminage

Avant que Mahamadou Bonkoungou n’assigne en justice Lionel Zinsou en recouvrement d’une créance de 15 milliards de F CFA (23 millions d’eu- ros), plusieurs chefs d’État ont été sollicités en tant que médiateurs. Se sentant sous pression, l’ancien Premier ministre béninois a appelé à son aide Abdou Diouf, l’ancien président sénégalais. Ce dernier est entré en contact avec le Guinéen AlphaCondé,qui est directement intervenu auprès de l’homme d’affaires burkinabè afin qu’il consente à un échelonnement de cette dette, contractée en 2016 lors de la présidentielle au Bénin. Cette somme avait été réceptionnée par ThomasBoniYayi,l’ancien chef de l’État béninois, avant de parvenir à Zinsou. Enfin, le président congolais, Denis Sassou Nguesso, a également été sollicité avant qu’une ultime médiation ne soit menée par son pair burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré.

Lionel Zinsou, l’ancien Premier ministre béninois.

VINCENTFOURNIER/JEUNEAFRIQUE V.FOURNIER/JA

(10)

RWANDA-FRANCE

Le livre qui brise l’omerta

Si Guillaume Ancel n’est pas le premier ex-officier français à avoir consacré un livre à son expérience au Rwanda durant l’opération Turquoise de 1994, il est en revanche le seul à ce jour à y dénoncer « les errements » de cette intervention militaire controversée. Dans Rwanda, la fin du silence, à paraître le 16 mars aux éditions Les Belles Lettres, cet ancien lieute- nant-colonel revient en détail sur le déroulement de sa mission (25 juin-5 août 1994). « Sous le couvert d’une opération huma- nitaire destinée à mettre fin aux massacres, cet officier comprend vite que la France soutient le gou- vernement génocidaire rwan- dais », résume la quatrième de couverture.

Dans ce récit écrit à la pre- mière personne, Ancel revient en outre sur les menaces, voilées ou plus explicites, qu’il a reçues depuis qu’il a rompu l’omerta en 1994 – notamment à travers une interview à JA.com – sur le dos- sier sensible du rôle de la France durant le génocide des Tutsis.

GABON-FRANCE

Histoire

d’un psychodrame

Le 26 février, PierreGattaz, le président du Medef (patronat français) a écrit à EmmanuelIssoze-Ngondet,lePremierministregabonais,pour lui faire part de son « vif étonnement » face à « l’action d’expropriation » visant Veolia, après que Libreville a pris le contrôle, le 16 février, de la Société d’énergie et d’eau du Gabon, filiale à 51 % de ce groupe. Il assure suivre « ces évolutions avec attention, tout comme nous suivrons, après les récentes affaires Bouygues et Sodexo, la santé des entreprises fran- çaises implantées au Gabon ».

Le chef du gouvernement n’a pas encore réagi à ce courrier, mais les responsables gabonais assurent que les intérêts français ne sont nulle- ment menacés. Et ce, en dépit du désengagement de groupes embléma- tiques, comme Total et Bouygues, et du départ probable d’Aegis en juin.

De nouveaux opérateurs français s’installent: Eiffage reconstruira l’aile de l’Assemblée nationale qui avait été incendiée en septembre 2016, tandis que Cofely Airport & Services, une branche du français Engie, pourrait s’associer au singapourien Olam pour la construction du nou- vel aéroport de Libreville (coût estimé: 400 millions d’euros).

MALI-UE

MISSION « SPÉCIAL ÉLECTIONS »

Dans les prochaines semaines, l’UE enverra une mission exploratoire à Bamako afin de se pencher, avec le gouvernement et d’autres acteurs (institutions électorales, partis politiques, société civile, médias…), sur les dispositions envisagées pour l’établissement des listes électorales, la validation des candi- datures, la compilation et la publication des résultats. Cette délégation, dont les travaux permettront de préparer le déploiement d’une mission d’observation pour la prési- dentielle de juillet, se fondera sur le suivi des recommandations qu’elle avait faites en 2013.

RD CONGO

KABILA EN QUÊTE DE SOUTIENS

Quatre chefs d’État – Denis Sassou Nguesso (Congo), João Lourenço (Angola), Ali Bongo Ondimba (Gabon) et Emmerson Mnangagwa (Zimbabwe) – se sont récemment entretenus avec Joseph Kabila.

Ce dernier a rendu visite, à Lusaka, au Zambien Edgar Lungu, et a échangé, le 23 février, avec Leila Zerrougui, chef de la Monusco, à Kinshasa. « Simple coïncidence de calendrier », selon Barnabé Kikaya Bin Karubi, conseiller diplomatique de Kabila, tandis qu’une source onusienne sur place y voit plutôt la volonté de « donner l’image d’un soutien régional, dans l’espoir de faire baisser la pression interne et internationale ».

LISTE NOIRE DE L’UE

VERGIAT PLAIDE POUR TUNIS

Après avoir rencontré à Tunis, le 27 février, le ministre des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui, la Française Marie-Christine Vergiat, députée européenne (Front de gauche), s’est rendue à la Fondation Rosa Luxembourg Stiftung-North Africa. Aux militants d’extrême gauche comme aux fonctionnaires tunisiens, elle a tenu les mêmes propos qu’au Parlement européen fin janvier: la Tunisie n’a pas à figurer sur la liste des pays susceptibles d’être fortement exposés au blanchiment de capitaux ou au financement du terrorisme.

CONFIDENTIEL

Diplomatie & réseaux

PROJECTEURS

(11)

AZIZ AKHANNOUCH

Ministre marocain de l’Agriculture. Président du Rassemblement national des indépendants (RNI). Patron d’Akwa Group. Au sein du gouvernement, cohabite de manière orageuse avec les islamistes. Dès 2000, a ouvert à Fouad Ali El Himma,

le conseiller du roi, son carnet d’adresses, où foisonnent les militants de gauche.

DR;PATRICK@HOCHNER.COM;FACEBOOK

ADIL ZIADY

Président du Groupement des pétroliers du Maroc. Directeur général du pôle carburants et lubrifiants du groupe Akwa, dont l’une des grosses filiales, Afriquia, est une société de distribution de carburants. Les médias locaux le sollicitent souvent sur des questions liées aux prix à la pompe.

FADEL AGOUMI

Diplômé de la business school ISCAE. Rédacteur en chef puis président du directoire de l’hebdomadaire La Vie éco, lié depuis 1997 au groupe de presse Caractères, filiale d’Akwa. A rejoint en 2012 la CGEM, le principal syndicat patronal, dont il est aujourd’hui directeur général délégué.

BRAHIM EL MAZNED

Militant proche de la société civile. Dispose d’un vaste réseau relationnel dans le Souss, dont il est originaire, comme Akhannouch. Ensemble, ils ont lancé en 2004 le Festival Timitar, consacré à la culture amazighe.

SALWA IDRISSI AKHANNOUCH

Épouse de l’homme d’affaires. Fondatrice d’Aksal, premier groupe de produits haut de gamme au Maroc. Fin 2017, a lancé une nouvelle marque de cosmétiques au sein de son propre centre commer- cial, le Morocco Mall de Casablanca – le plus connu du pays.

MOHCINE JAZOULI

Ministre délégué chargé de la coopération africaine. Akhannouch aurait suggéré son nom pour ce poste, créé par le roi en janvier. Le cabinet de conseil Valyans, qu’il présidait jusqu’à cette nomination, a épaulé le ministre de l’Agriculture pour concevoir son Plan Maroc vert.

BRAHIM HAFIDI

Président de la région Souss-Massa-Drâa. Émarge au RNI, où il est devenu un « camarade » en 2016, après qu’Akhannouch en a pris la tête. Ce dernier le côtoie désormais plus souvent que Tariq Kabbage, l’ex-maire socialiste d’Agadir, dont il a longtemps été proche.

Taoufik Bouachrine, directeur de la publication du quotidien Akhbar al-Youm.

MAROC

Balance ton directeur!

Quelques jours avant sa spectacu- laire arrestation à Casablanca, le 23 février, suivie de sa mise en examen pour « agressions sexuelles et viol », Taoufik Bouachrine, directeur de la publication du quotidien marocain Akhbar al-Youm et du site Alyaoum 24, avait publié un éditorial de sou- tien à l’islamologue égypto-suisse Tariq Ramadan, incarcéré en France pour… les mêmes motifs. Une coïn- cidence qui n’est qu’apparente, cet édito étant, selon nos informations, l’une des raisons qui ont décidé ses collaboratrices, Naïma Lahrouri et Khouloud El Jabri, à déposer plainte contre lui. Depuis, plusieurs autres vic- times présumées se sont manifestées, et les enquêteurs auraient saisi une vingtaine de sextapes « compromet- tantes ». Proche du Parti de la justice et du développement (PJD) et plus par- ticulièrement de l’ex-Premier ministre AbdelilahBenkirane, Bouachrine,qui nie les faits, affirme avoir été « piégé » par la police, qui aurait dissimulé des caméras dans son bureau, lieu supposé de ses rendez-vous de début de soirée.

L’ouverture de son procès devant la Cour criminelle de Casablanca est fixée au… 8 mars, Journée internationale des droits des femmes ! Cette fois, il s’agit bien d’une coïncidence.

ABDELHAKSENNA/AFP

CÔTE D’IVOIRE

ADO N’OUBLIE PAS SES MINISTRES

Certains anciens ministres d’Alassane Ouattara seront nommés sénateurs, d’autres ont rejoint des sociétés publiques. Le 28 février, le chef de l’État a installé Rémi Allah Kouadio, son ex-ministre de l’Environnement, au Conseil d’administration du Bureau national d’études techniques et de développement (BNETD). Mathieu Babaud Darret (Eaux et forêts) et son collègue Gaoussou Touré (Transports) ont été respec- tivement nommés présidents de la Société ivoirienne de télédiffusion et du Conseil de surveillance de l’Agence pour le développement de la filière riz (ADERIZ). Quant à Abdourahmane Cissé (Budget), Ibrahim Cissé Bacongo (Fonction publique) et Adama Toungara (Pétrole), ils restent conseillers spéciaux à la présidence.

CONFIDENTIEL

Diplomatie & réseaux

PROJECTEURS

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« Après la France “pays de race blanche”, la délicieuse Nadine Morano me qualifie de “Française de papier”. Il semblerait que cette femme qui a pourtant été ministre de la République ne me considère pas comme une vraie Française. Je me demande bien pourquoi. »

Rokhaya Diallo

Journaliste et militante associative

BRUNOLEVYPOURJA

« Le féminisme doit être porté par les femmes et les hommes. Vous aurez beau apprendre aux filles à être indépendantes et sûres d’elles, elles devront toujours partager le monde avec des hommes qui ne les consi- dèrent pas comme leurs égales. » Chimamanda Ngozi Adichie Romancière nigériane

« Si Dieu voulait que je sois candidate [à la présidentielle américaine], je pense qu’il me l’aurait dit.

Je ne l’ai pas entendu… » Oprah Winfrey Animatrice de télévision

« Une femme doit être capable d’être la meilleure, tout simple- ment. Il faut toujours vouloir être aussi forte que les hommes.

Aujourd’hui, je n’ai peur de rien. » Yemi Alade

Chanteuse nigériane

« Quand on est acteur, on est un soldat. Si on veut avoir son mot à dire, eh bien, on fait son propre film. » Hafsia Herzi

Actrice franco-tunisienne

LÉO PAJON

En janvier, une campagne virale a enflammé Twitter : le

#BlackPantherChallenge. L’idée ? Recueillir des fonds pour permettre à des enfants défavorisés de voir le « blackbuster » de Marvel, qui a pour héros la « superpanthère ». Le 22 février, Lupita Nyong’o, l’une des principales actrices du film, révélait avoir offert des places de cinéma à 600 élèves de Kisumu, la troisième ville du Kenya. « Je voulais que les

enfants de ma ville natale voient les images positives que véhiculent Black Panther et les super-héros dont ils peuvent s’inspirer », a-t-elle expliqué sur son compte Instagram.

Ce geste plein de panache ne sur- prendra pas ceux qui suivent la tra- jectoiredecettestarmexico-kényane de 35 ans engagée sur tous les fronts.

En matière de militantisme, elle a de qui tenir. Son père, Peter Anyang’

Nyong’o,ancienministreetsénateur du comté de Kisumu, est un homme politique d’envergure. Sa mère,

La star mexicano-kényane au Royal Albert Hall, à Londres, le 18 février.

Actrice oscarisée qui triomphe dans Black Panther, militante au grand cœur… À 35 ans, Lupita Nyong’o s’impose comme une Wonder Woman de la fierté noire.

MATTBARON/SHUTTERSTOCK/SIPA

LA FEMME DE LA SEMAINE

Super-héroïne!

Journée internationale

des femmes

8 MARS

LES GENS

PROJECTEURS

(13)

Hors des plateaux, la lutte conti- nue. Devenue l’égérie de la marque de luxe Lancôme, Lupita se dit fière d’incarner l’idée « que la beauté doit être l’expression d’une femme libre face à elle-même ». Première Noire recrutée par la marque, elle contri- bue à favoriser l’acceptation des peaux foncées.

À cet égard, elle a révélé, ce 18 janvier, que son livre pour enfants, Sulwe, paraîtra chez Simon & Schuster en janvier 2019.

L’histoire ? Celle d’une petite Kényane au teint plus sombre que celui des autres membres de sa famille et qui, complexée par cette différence, veut se blanchir la peau.

Le conte se conclut sur un happy end, la fillette comprenant, grâce à l’aide de sa mère, que la beauté s’ac- commode de toutes les nuances.

Cette enfant pourrait être Lupita, elle qui eut du mal à accepter sa couleur de peau à l’adolescence, jusqu’à ce que des man- nequins noirs, comme Alek Wek, changent sa perception. En 2014, le magazine américain People l’a élue plus belle femme du monde…

Loin de se satisfaire de ces victoires, Lupita mènebeaucoupd’autres combats. Ambassadrice de l’associa- tion WildAid pour la préservation des éléphants, elle se bat aussi pour laconservationdemonumentshisto- riques aux États-Unis, est impliquée dans Mother Health International, qui soutient les maternités ougan- daises, promeut l’art dramatique au Kenya.

Et ce n’est pas tout ! En octobre 2017, elle a signé dans le New York Times une tribune dans laquelle elle raconte comment le producteur Harvey Weinstein l’avait harcelée, en 2011, lorsqu’elle était étudiante.

Depuis, elle a bien sûr refusé de tra- vailler avec lui. Et dit préférer évo- luer avec des réalisatrices ou des réalisateurs féministes. Les voilà prévenus.

Dorothy, est l’une des directrices de la Fondation africaine contre le cancer. Opposée au président Daniel arap Moi, la famille a subi la prison, la torture, la perte d’un proche (l’oncle de Lupita, Charles, a été jeté d’un ferry), avant de s’exiler àMexico, oùl’actriceestnée en 1983.

Deretour auKenya, les Nyong’o, vic- times de tentatives d’intimidation, ont dû plusieurs fois déménager avec leurs six enfants.

C’est dans cette ambiance oppres- sante que Lupita s’est forgé un men- tal de battante, avant de connaître une ascension fulgurante. À 14 ans, elle monte sur les planches, au Kenya National Theatre. À 24 ans, elle signe un documentaire, In my Genes, sur le calvaire qu’endurent les albinos du Kenya, qui lui vaut d’être repérée dans les réseaux de festivals. Mieux, elle obtient une reconnaissance inter-

nationale dès sa pre- mière apparition dans un long-métrage. Pour son rôle dans 12 Years a Slave, où elle campe Patsey,esclavedansune plantation de coton en Louisiane, elle obtient l’Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle… et dix-huit autres récompenses.

Égérie de Lancôme

La suite ? Elle est faite de films à gros budgets, souvent issus des stu- dios Disney. Outre deux épisodes de Star Wars, où elle incarne l’alien Maz Kanata, elle apparaît dans Queen of Katwe (l’histoire vraie d’une joueuse d’échecs surdouée, née dans un bidonville ougandais) et dans BlackPanther – deux super- productions qui célèbrent la fierté noireetl’empowermentféminin.Sur cette lancée, elle a confirmé qu’elle adapterait Americanah, le roman à succès de Chimamanda Ngozi Adichie, en mini-série télévisée. Et elle doit jouer dans une adaptation de The Woman King, contant l’his- toire des amazones du Bénin.

Elle a offert des places de cinéma à 600 élèves de Kisumu, sa

ville natale.

IFE ADETUTU ADEMILUYI Le célèbre portrait de la princesse nigériane « Tutu », de l’artiste Ben Enwonwu (1974), a été retrouvé et vendu aux enchères pour 1,36 million d’euros à Londres, soit quatre fois son estimation la plus haute.

DR

TAMADUR BINT YOUSSEF AL-RAMAH Deuxième femme membre d’un gouvernement saoudien (après Nora bint Abdullah al-Fayez en 2009), elle a été nommée ministre adjoint du Travail et du Développement social.

DR

NKOSAZANA DLAMINI-ZUMA L’ex-épouse de Jacob Zuma a été nommée ministre de la Planification par le président Cyril Ramaphosa, à qui elle avait disputé la tête de l’ANC en décembre 2017.

SALVATOREDINOLFI/AP/SIPA

PARK GEUN-HYE Le parquet sud-coréen a requis trente ans de réclusion à l’encontre de l’ex-présidente lors de son procès pour corruption. Elle avait été destituée en 2016, à la suite de manifestations géantes.

MINKWANKIM

DIEZANI

ALISON-MADUEKE Au Nigeria, une juge a ordonné la confiscation de deux appartements de luxe appartenant à l’ancienne ministre du Pétrole, proche de l’ex-président Goodluck Jonathan.

PATSULLIVAN/AP/SIPA

ISABEL DOS SANTOS La justice angolaise a ouvert, le 2 mars, une enquête sur de possibles détournements de fonds à la compagnie pétrolière Sonangol, du temps où elle était dirigée par la fille de l’ex-président.

DR

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DÉTERMINÉE

Elle préside la Commission des libertés individuelles et de l’égalité, rattachée à la présidence de la République, qui ne remettra son rapport qu’après les municipales de mai, afin d’éviter les tensions partisanes. Quand on lui fait remarquer que le combat des Tunisiennes pour l’égalité en matière d’héritage n’est pas gagné d’avance, elle rétorque que « François Mitterrand a bien aboli la peine de mort contre l’avis de la majorité des Français ».

FACÉTIEUSE

Cette native de Zaghouan (Nord-Est) s’est taillé une réputation de farceuse durant ses années de collège.

En prenant l’air le plus sérieux du monde, elle faisait croire à ses camarades que des sorties étaient prévues au grand étonnement de la surveillante générale, qui voyait des classes entières se mettre en rang dans la cour, prêtes à partir.

DU TAC AU TAC

Bien que conservatrice et femme au foyer, sa mère aurait voulu finir ses études et prônait l’indépendance de ses pareilles. « Elle était féministe instinctivement », en dit sa fille, consciente de lui devoir son sens de l’argumentation et de la répartie, dont elle

a usé à l’égard d’un père rigoriste. Le début d’une vocation d’avocate…

SYNDICALISTE

À la faculté de droit, elle rejoint le courant réfor- miste du mouvement syndical et constate que le respect des droits des femmes n’est pas monnaie courante.

Elle rejoint alors le Club Tahar Haddad, matrice du mouvement féministe tunisien des années 1980. Le boute-en- train devient une meneuse.

INDIGNÉE

Avocate de jeunes arrêtés durant les « émeutes du pain » en 1984, elle hurle en pleine salle d’audience quand certains d’entre eux sont condamnés à mort, réclame la tenue d’un procès équitable, alerte l’opinion… et attire l’attention d’Amnesty International, qui lui demandera d’ouvrir sa section Tunisie.

« ACQUITTATOR »

Celle qui a défendu aussi bien des militants islamistes que des activistes de gauche a été marquée par l’affaire d’une femme qui avait dépecé son mari. Malgré la pression de l’opinion et des médias, qui

réclamaient la peine capitale, elle obtient des juges qu’ils reconnaissent la démence de sa cliente. Et obtient aussi, en 2012, la condamnation de policiers qui avaient violé une jeune femme.

CONFIANTE

Le 13 janvier 2011, Zine el-Abidine Ben Ali promet, dans ce qui sera son dernier discours, d’instaurer la démocratie. Sur un plateau télévisé, Bochra Belhaj Hmida estime

que le moment est histo- rique et dit faire confiance au président. Elle assumera sans ciller cette position.

INDÉPENDANTE

Déçue par le parti Ettakatol, qui s’était allié aux islamistes en 2011, elle est élue à l’Assemblée en 2014 sous l’étiquette de Nidaa Tounes, puis quitte cette formation pour divergence de vues.

PASIONARIA

Par deux fois prési- dente de l’Association tunisienne des femmes démocrates, elle met l’accent sur les notions d’égalité et de citoyenneté, indissociables selon elle. À l’Assemblée, elle a défendu bec et ongles la loi contre les violences faites aux femmes, qui interdit à un

violeur d’épouser sa victime pour échapper à la justice.

FÊTARDE

Elle apprécie les tablées où l’on rit et

chante, cultive de nombreuses amitiés dans les rangs des militants des droits de l’homme et étonne ses proches par son intuition.

FRIDA DAHMANI, à Tunis

Égalité, citoyenneté, transmissions successorales… Cette figure du féminisme tunisien dirige une commission chargée d’émettre des propositions dans ces domaines sensibles.

Bochra Belhaj Hmida

ONSABID

Journée internationale

des femmes

8 MARS

LES GENS

PROJECTEURS

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KAH WALLA

Dix ans après les « émeutes de la faim » à Douala, sa voix continue de porter. Leader du Cameroon People’s Party, dont elle a été la candidate lors de la prési- dentielle de 2011, cette activiste de 53 ans ne cesse de dénoncer la répression qui s’abat, selon elle, sur les régions anglophones. Elle mène une campagne citoyenne à travers le pays et assiste au procès des détenus anglophones au Tribunal militaire de Yaoundé. Cette ancienne du Social Democratic Front espère mobiliser la jeunesse autour de deux revendications : le départ de Paul Biya et l’unité du Cameroun pour une meilleure gouvernance.

NICOLASEYIDIPOURJA;VINCENTFOURNIER/JA;OXFORDUNION/SHUTTERSTO/SIPA

ALIZÉTA OUÉDRAOGO

La « belle-mère nationale » a quitté Ouagadougou avec Blaise Compaoré, le

31 octobre 2014. Celle qui a pour gendre François Compaoré, le frère cadet de

l’ancien président burkinabè, vit aujourd’hui entre Niamey, Cotonou

et Abidjan. Après avoir beaucoup perdu avec la chute du régime,

l’ex-présidente de la Chambre de commerce et d’industrie

du Burkina Faso a relancé ses affaires dans l’immo-

bilier et le BTP. Elle réalise actuellement un vaste chantier de construc- tion de routes dans la région de Dosso, dans le sud du Niger, qu’elle avait décroché en 2011.

TAWAKKOL KARMAN

Figure du Printemps arabe enveloppée de voiles fleuris, cette Yéménite n’avait que 32 ans quand elle partagea, en 2011, le Nobel de la paix avec les Libériennes Ellen Johnson Sirleaf et Leymah Gbowee. Militante de la liberté d’expression et engagée

en politique, elle a été suspendue ce 4 février du parti Al-Islah, proche des Frères musulmans, pour avoir durement critiqué l’in- tervention armée saoudienne dans son pays. Un net revirement, alors que la nobélisée s’était longtemps exprimée en sa faveur.

Si l’on en croit le président tanzanien, les femmes de son pays « pleurent tous les jours en raison du manque d’hommes ». Le pays compterait environ 40 millions de Tanzaniennes pour 30 millions de Tanzaniens, et ce déséquilibre pousserait les esseulées à

faire commerce de leur corps.

Il y a quelques jours, à Dar es-Salaam, John Magufuli a donc invité ses

compatriotes mâles à épouser (au moins) deux femmes pour faire

tomber le taux de prostitution.

Elles étaient sur le devant de la scène. Que sont-elles devenues ? Journée internationale

des femmes

8 MARS

LES GENS

PROJECTEURS

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Abidjan

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26-27 MARS 2018

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(18)

À

première vue, Marie-Madeleine Mborantsuo, 63 ans, et Paulette Missambo, 68 ans, ont peu de points communs.

La première préside la Cour constitutionnelle. C’est elle qui proclamera les résultats des législatives, dont le pre- mier tour est prévu le 28 avril. Elle, encore, qui devra tran- cher d’éventuels contentieux postélectoraux.

Missambo, pour sa part, a été ministre d’État avant de passer en 2009 à l’opposition, où elle s’est imposée comme numéro deux de sa principale formation, l’Union nationale (UN). Elle tentera probablement de reconquérir le premier siège de la circonscription de Mulundu, fief auquel elle avait dû renoncer en 2011, l’UN ayant décidé

de boycotter le scrutin.

Les trajectoires de ces deux femmes de pou- voir vont forcément se croiser dans les pro- chaines semaines. L’une et l’autre ont émergé dans un pays où la politique s’apparente à un concours de testostérone. Où l’homme poli- tique se comporte en mâle dominant, mul- tipliant les conquêtes féminines mais peu enclin à leur céder des miettes de pouvoir. Or l’une et l’autre sont parvenues à s’imposer, sans renoncer à leur féminité. Un exploit!

Ainsi Marie-Madeleine Mborantsuo s’est-elle

montrée inflexible, après le décès d’Omar Bongo Ondimba, en 2009, quand il s’est agi de mettre en œuvre les dispo- sitions constitutionnelles régissant la transition. Elle était pourtant cernée par une horde de fauves en quête de pou- voir,prêtsàjaillirdumarigot.Lesvaincusneluiontrienpar- donné et ne lui épargnent guère leurs foudres vengeresses.

Certainsaffublentlahautejuridictionqu’elleprésidedusur- nomdeTourdePise.Sous-entendu:ellepenchetoujoursdu côté du pouvoir. Peusoucieuse de sapopularité, l’intéressée peutsemontrercassantelorsdesaudiencesdelaCour.Avec ce phrasé désormais reconnaissable entre tous, elle remet

à leur place avocats impertinents et justiciables misogynes qui se présentent au prétoire avec l’idée de s’adresser à une juriste qui ne devrait sa place qu’à sa proximité avec l’ancien chef de l’État. Beaucoup ont appris à leurs dépens qu’il n’en était rien.

Entrée dans la magistrature en 1979, cette Obamba de Franceville (Haut-Ogooué) fait un stage à la Cour des comptes à Paris, puis s’inscrit à la Sorbonne. Une expé- rience qui, à son retour au pays en 1983, lui vaut d’être nommée par son mentor, Omar Bongo Ondimba, à la tête de la Chambre des comptes de la Cour suprême. En 1998, elle accède à la présidence de la Cour constitutionnelle.

Visiteurs du soir

Paulette Missambo, elle, est diplômée de lin- guistique de l’université de Lille-III (nord de la France). Proviseur de lycée avant d’entrer en politique à l’orée des années 1990, elle fut rapporteur lors de la Conférence nationale.

Ce qui lui valut d’être nommée ministre de la Fonction publique dans le gouvernement de Casimir Oyé Mba, en 1990. En 1996, elle est promue ministre d’État, et se voit notam- ment attribuer les portefeuilles de l’Éducation nationale et de la Santé. Cette Adouma est pressentie pour prendre la direction du Parti démocratique gabonais lors du Congrès de 2008. Pas de chance: quelques visiteurs du soir poussent Omar Bongo Ondimba à changer d’avis pour en confier la direction à Faustin Boukoubi.

À l’issue du second tour des prochaines législatives, Mborantsuo, tenant la classe politique en haleine, pro- clamera les résultats. Si elle triomphe dans les urnes, Missambo démontrera à celles qui en doutaient encore qu’une femme politique peut exister par elle-même. Quoi qu’il advienne, ces deux fortes personnalités auront mar- qué l’histoire de leur pays.

Marie-Madeleine Mborantsuo Paulette Missambo

Elles se sont imposées

dans un marigot qui déborde de testostérone.

GEORGES DOUGUELI

G A B ON

Journée internationale

des femmes

8 MARS

LES GENS

PROJECTEURS

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Mettre l’immense potentiel en énergies renouvelables du pays au service des Ni- gériens.

Le Niger bénéficie en effet d’un taux d’ensoleillement exceptionnel de 5 à 7 kWh/m2/jour sur 300 jours par an.

Depuis 2015, le Gouvernement du Niger a engagé des reformes substantielles. Un ministère de l’Énergie a été crée et la loi sur le code de l’électricité a été révisée : elle permet aujourd’hui l’entrée en jeu de producteurs d’énergie indépendants.

Le gouvernement a également défini une stratégie d’accès à l’électricité. L’ob- jectif est de se doter, à l’horizon 2035, d’un secteur électrique performant et viable, afin de répondre au rendez-vous du dé- veloppement, de la productivité agricole, de l’accès à la santé, à l’eau potable, à l’éducation et offrir au peuple nigérien une électricité fiable, abordable et respec- tueuse de l’environnement.

Pour y parvenir l’Agence Nigérienne de Promotion de l’Electrification en milieu Rural (ANPER) a été créée en 2013. Elle est chargée de la promotion de l’électri- fication en milieu rural et périurbain en servant d’interface entre les villages, les communes et les opérateurs techniques et financiers. Sa mission consiste aussi à suivre l’exécution des programmes d’élec- trification rurale et de contrôler le déve- loppement de l’activité d’électrification rurale.

le Programme de Renaissance de SEM Issoufou Mahamadou, Président de la République du Niger « électrification de 1000 villages à l’horizon 2021 » qui per- mettra de multiplier par 10 le taux d’accès actuel en milieu rural dans les 5 années à venir.

Projet d’accès aux Services électriques solaires au Niger

Financé par la Banque Mondiale à hauteur de 50 millions de dollars, ce projet s’inscrit dans le Plan de dévelop- pement économique et social qui vise à améliorer le cadre de vie des populations rurales grâce à leur approvisionnement accru en électricité. Ce projet servira de ballon d’essai pour la mise en œuvre de la composante hors réseau de la straté- gie d’accès à l’électricité. Le secteur privé sera partie prenante de ce projet d’élec- trification hors réseau qui bénéficiera aux ménages aussi bien qu’aux installations publiques.

Parallèlement, le gouvernement ap- puie le développement d’un marché com- mercial de kits solaires par la mise en place d’une ligne de crédit de $7 millions à travers des banques commerciales et des institutions de microcrédit pour permettre aux compagnies solaires d’avoir accès au financement et aux ménages d’avoir accès au crédit. L’État a aussi décidé d’exoné- rer les produits solaires certifiées ligh- ting Global des taxes douanières pour les rendre abordables aux populations. À tra- vers le programme d’électrification piloté par l’ANPER, les opérateurs privés de mi- ni-réseaux pourront bénéficier d’une sub- vention à l’investissement de 50 à 80 % et d’un cadre règlementaire protégeant leurs investissements. Les acteurs de l’électrifi- cation rurale sont accompagnés à travers l’incubation des entreprises, la sensibi- lisation, le renforcement de capacité et le contrôle qualité par le Centre national d’énergie solaire (CNES).

Accès aux services électriques solaires, un facteur de développement

L’é lect ricité pour to us

Email: anperniger@anperniger.ne

L’accès des populations rurales aux services énergétiques modernes est un processus

irréversible enclenché par le Programme de Renaissance

de SEM Issoufou Mahamadou, Président de la République du Niger.

Si pour Monsieur Salouhou Hamidine, Directeur Général de l’ANPER le projet est ardu, il est anonciateur

d’un futur lumineux...

L’équipe de l’Anper met tout en œuvre pour le bien des

Nigériens

Agence Nigérienne de Promotion de l’Électrification

en milieu Rural

Mini-réseau de 42 kWc à Amaloul Nomade au Nord de Tahoua

(20)

E

n 2014, alors que la Coupe du monde de football bat son plein, des photos intimes de Nathalie Koah, ex-maîtresse de l’inter- national camerounais Samuel Eto’o, inondent les réseaux sociaux. Si l’ori- gine de la mise en ligne de ces photos faitdébat,unechoseestsûre:Nathalie Koah a été, comme trois femmes connectées sur quatre, victime de cyberviolence fondée sur le genre.

Ce concept désigne un « acte agres- sif, intentionnel, perpétré par un individu ou un groupe au moyen de médiasnumériquesàl’encontred’une ou de plusieurs victimes » en raison de leur genre. Par exemple, envoyer des e-mails et des textos sexuellement explicites et non sollicités ; proférer des menaces physiques ou sexuelles par voie électronique (cyberharcè- lement); divulguer les informations personnelles d’une personne sans son consentement (doxing), ou des pho- tos intimes sur la Toile en représailles d’une rupture mal digérée (revenge porn). La cyberviolence sexiste n’est qu’une des nombreuses formes de violencecommisescontrelesfemmes.

EnAfrique,lesdonnéessurlacyber- violence envers les femmes sont peu récoltées, ce qui rend difficile l’éva- luation de son ampleur. Les raisons en sont multiples. Tout d’abord la culpabilisation des victimes (victim blaming), qui les contraint au silence.

Au niveau mondial, la reconnaissance delacyberviolenceparlesÉtatstardeà venir.Cen’estqu’en2016quelaFrance s’est dotée d’un arsenal juridique pour lutter contre le revenge porn, passible dedeuxansdeprisonetd’uneamende de 60000 euros. Pourtant, des études récentes montrent que les forces de

police minimisent parfois ces formes de violence, notamment parce que, commises au travers d’outils techno- logiques, leur prise en charge n’est pas toujours adaptée.

Un combat mondial

Les conséquences psychologiques d’insultes proférées sur Twitter sont dévastatrices et s’ajoutent aux inégali- tés d’accès à internet. Selon une étude de la Webfoundation d’octobre 2015, les femmes ont entre 30 et 50 % moins de chances d’accéder à internet. Et, selon le Pew Research Center, quand elles y ont accès, elles ont deux fois plus de risques de faire l’expérience de la cyberviolence. Les violences contre les femmes dans le monde réel ont un impact sur l’économie nationale;

cellescommisesenligne génèrentune insécurité qui empêche des millions d’entre elles d’innover

et de créer de la richesse grâce à l’outil numé- rique. C’est un problème qui affecte aussi le déve- loppement, l’éducation etleprogrèsdessociétés.

Cet état des lieux est un mauvais présage pour ce qui est d’at- teindre le cinquième

objectifdedéveloppementdurabledes Nations unies, qui encourage les États àautonomiserlesfemmes.Ilesturgent d’agir.D’abordeninversantlepoidsde la culpabilité: le coupable est évidem- mentl’auteurdelapublication,aucune femme ne doit se sentir honteuse si un amoureux éconduit publie des photos intimes d’elle. Ensuite en formant les organisations de lutte contre les violences faites aux femmes sur cette

question. Enfin, il faut encourager le combat de la société civile en faveur des réformes politiques, juridiques et institutionnellespourassurerunchan- gement durable des mentalités et des pratiques.

C’est un combat mondial. Les socié- tés civiles africaines peuvent s’inspi- rer d’exemples comme le Pakistan, où DigitalRightsFoundationapermisaux femmes ayant vécu cette expérience négative de trouver une écoute et des solutions juridiques à leur problème.

La plupart des pays d’Afrique centrale etd’Afriqueoccidentalesesontrécem- ment dotés de lois pour combattre la cybercriminalité, mais leur contenu fait l’impasse sur la question de la cyberviolence sexiste.

ÀInternetsansfrontières,nousmili- tons au Cameroun pour que les lois relatives à l’accès universel à internet prennent en compte la dimension du genre.

Nous pensons qu’un internet où les femmes sont en sécurité favori- sera l’éclosion d’autres

« Almighty », cette jeune femme qui a pu augmenter significati- vement son chiffre d’af- faires grâce à internet.

Au Kenya, un partenariat entre Facebook,laBanqueafricainededéve- loppement et l’Autorité de régulation des télécommunications permet de former les forces de police au traite- ment des plaintes reçues de victimes de cyberviolence sexiste. L’Afrique doit plus que jamais prendre ce pro- blème au sérieux, sinon elle se privera des effets positifs de l’inclusion des femmes dans le numérique.

Julie Owono

Avocate, directrice exécutive d’Internet sans frontières, camerounaise, @JulieOwono

Pourquoi il faut combattre les cyberviolences sexistes

Les insultes sur Twitter ont des conséquences psychologiques

dévastatrices.

ALEXANDREGOUZOUPOURJEUNEAFRIQUE

Journée internationale

des femmes

8 MARS

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