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L'économie de la gestion des risques en zone semi-aride

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Elevage et gestion de parcours au Sahel, implications pour le developpement E. Tielkes, E. Schlecht et P. Hiernaux (Editeurs)

© 2001 Verlag Ulrich E. Grauer, Beuren, Stuttgart /Allemagne

L'economie de la gestion des risques en zone semi-aride

Han vanDijk

Centre d'Etudes africaines, BP 9555, 2300 RB Leiden, Pays-Bas

RESUME

Les risques emanant des dynamiques ecologiques et les fluctuations economiques qui en resultent constituent les conditions de base dans la zone semi-aride sahelienne. Toute forme de gestion ou d'amenagement des ressources fourrageres commence obligatoirement par !'appreciation d'un nombre de variables et notamment leur variabilite dans l'espace et le temps. Cette variabilite est en fait la source d'une grande gamme de risques au Sahel. Le probleme de leur gestion ne reside pas dans le faible taux de la pluviosite ou Ia basse productivite de paturages qui en resulte, mais dans Ieur variabilite d'une annee

a

l'autre et d'un endroit

a

I'autre. L'accommodation continue

a

cette variabilite et Ia competition pour les ressources entre les divers (groupes d') utilisateurs qui en resultent est la force motrice pour un nombre d'autres phenomenes. Toute evaluation des possibilites economiques ou toute decision de gestion doit etre basee sur une analyse approfondie de ces risques.

Dans cette communication il est demontre comment Jes risques forment le canevas des strategies d'utilisation et de gestion des paturages et meme des modes d'appropriation et des droits d'acces. Les interventions exterieures dans !es strategies d'utilisation et la gestion des paturages peuvent non seulement avoir un grand impact sur la profitabilite des strategies des eleveurs, mais aussi sur les modes d'appropriation et les droits d'acces. Les sujets suivants seront traites: Ia production pastoraie; Jes strategies d'investissement; !'evaluation de resultats; la prise de decision; et les droits d'acces aux parcours. Dans la conclusion quelques consequences pour Jes interventions exterieures seront discutees.

Mots cles : ressources pastorales, variabilite, risque, droits d'acces, Sahel ABSTRACT

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Comptes-rendus ,.Elevage et gestion de parcours au Sahel, implications pour le developpement" adaptation to this variability and the resultant competition for resources between various (groups of) users is at the origin of a number of other phenomena. Every evaluation of economic possibilities and all management decisions must be based on an in-depth analysis of these risks.

This article illustrates how risks form the background for strategies of utilisation and management of pastures and even of forms of appropriation and access rights. The external interventions in strategies of utilisation and management of pastures can not only have a great impact on the profitability of strategies of livestock managers but also on modes of appropriation and access rights. The following subjects are treated: pastoral production; investment strategies; evaluation of results; decision-making and access rights to pastures. In the conclusion some consequences of external interventions are discussed.

Key words: pastoral resources, variability, risk, access rights, Sahel RISQUE ET LA PRODUCTION PASTORALE

Dans la litterature scientifique, le risque est traite comme une variable stochastique. Dans une conception technique, le risque est le produit du hasard de la chance et le magnitude des consequences (Kasperson 1992). L'analyse de la prise de decisions economiques des individus et des collectivites est faite avec !'aide des modeles de simulation qui sont lineaires. Ces modeles sont bases sur la theorie de choix rationnels. Ils sont bases sur la supposition que les acteurs sont orientes vers l' optimalisation de leur benefice ou la minimalisation des risques et qu'ils connaissent le hasard et la magnitude des consequences. Cette conception ignore le role moteur du risque dans

l' economie pastorale. Cependant chaque evenement a sa propre dynamique et mene

a

des reponses differentes des acteurs (individuels ou collectifs). Les evenements du risque sont lies

a

d'autres processus psychologiques, economiques, institutionnels et ci:dturels. Les interactions entre ces evenements et ces domaines societaux au niveau de l'individu ont

a

leur tour des consequences aux niveaux des collectivites (Kasperson 1992). Done, le risque est a la base de la structuration des societes dans lesquelles il intervient.

Le pastoralisme pur peut e1re deimi comme une activite basee sur l'exploitation des generations successives des animaux domestiques. L'accumulation du capital betail et la mobilite des troupeaux sont les elementS' des d'ans cette entreprise afin de gerer la variabilite dans !es environnements arides et semi-arides oil! cette ac:ttivite prend place. Pour accumuler le capital betail, le gestionnaire du troupeau (disons un berger avec sa farnille), doit le proteger contre des fleaux de nature diverse, (fauves, maladies contagieuses, manque d'eau et de paturage; Ingold 1980). Certains fleaux peuvent aneantir (une grande partie de) son capital dans peu de temps. Par consequent, !'accumulation d'un grand nombre d'animaux n'est pas une strategie irrationnelle ou de prestige, mais une strategie d'assurance. Si 10% des animaux survivent une grande secheresse, le berger qui avait 100 tetes pourra en conserver IO et celui qui avait I 0 tetes en pourra sauver qu'une. Une telle strategie est une strategie d'opportunite pJutot qu'une strategie d'optimalisation (Horowitz 1986).

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-Van Dijk: L 'economie de la gestion des risques en zone semi-aride

collectif. Les interventions de tous les gestionnaires du troupeau (la protection qu'ils donnent aux animaux contre les fauves et les maladies, et manque de l' eau et nourriture) permettent a la survie d'un nombre plus grand des animaux places dans des conditions naturelles defavorables. Cette condition de base rend le total plus vulnerable aux conditions nefastes, comme les maladies contagieuses et le manque de l'eau et de paturages. On peut prevoir que des desastres correctifs se produiront en fonction de la variabilite du climat, avec des effets plus severes que dans des conditions naturelles (Ingold 1980).

La maniere la plus efficace de faire face a ce genre de risques est d'opter pour de petites unites de production. A cause du fait que tout le monde est assujetti aux memes conditions il est plus rationnel de s'investir dans sa propre entreprise. II n'est pas possible de maintenir des reseaux elabores de soutiens mutuels. Et dans les situations de crise, le cercle de la solidarite a tendance de se limiter aux parents tres proches (Spittler 1993) jusqu'au demiere refuge, le foyer, c'est-a- dire la mere avec ses enfants (De Bruijn 1997). La chance d'etre aide par les autres en cas de besoin devient negligeable, parce qu'ils sont soumis aux memes conditions. Par consequent les possibilites pour un soutien mutuel sont tres limitees en cas de desastre climatique 01 an Dijk 1994). Voila la raison de base de !'organisation fragmentee de la majorite des societes pastorales. Done, les consequences et les reponses aux risques concement toute la societe, et pas seulement les responsables des troupeaux et des paturages, parce que la survie de l 'unite de production en depend. Dans le Sahel Ia necessite des reponses au risque est toujours presente, parce que les fluctuations du climat se produisent partout et toujours, au gre des variations de la pluviosite dans le temps et l' espace. Done i1 y a toujours cette pression sur la societe humaine au Sahel.

L'influence du risque n'est pas difficile a demontrer dans la vie quotidienne. Tout le monde connait les consequences graves des secheresses des annees 70 et 80 au Sahel. Mais i1 est moins connu que la gestion du risque persiste dans des annees dites "normales". Par exemple, il a ete observe que la variabilite dans la production agricole et des paturages des zones semi-arides ait le meme niveau que pendant les secheresses (voir De Steenhuijsen-Piters 1995; De Bruijn et Van Dijk 1995; Gandah 1999). Meme dans ces conditions, des calamites peuvent toucher des producteurs individuels.

II en va de meme pour les indicateurs demographiques. La pression des conditions ecologiques est telle (en !'absence d'une couverture suffisante des services de sante dans Jes regions faiblement peuplees), que Jes indicateurs demographiques ne montrent pas de reponse aux secheresses. Parmi les populations pastorales du Sahel le taux de la mortalite des enfants est tres eleve, pour atteindre parfois pres de 50%. « La survie des menages depend de la chance emanant de la distribution irreguliere et imprevisible de la pluviometrie et la mortalite du betail des membres cles de la famille ». Pendant les secheresses des annees 70 et 80 il n 'y a pas eu de mortalite exceptionnelle panni ces populations. « Les taux de mortalite sont extremement eleves avec des esperances de vie parmi les couches de populations « isolees dans la campagne » de 30 a 35 ans » (Hill 1991 : 178). Cela veut dire que le risque et la pression ecologiques sont toujours tres eleves, dans les annees <lites "normales" et pas seulement dans les mauvaises annees.

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Comptes-rendus .,Elevage et gestion de parcours au Sahel, implications pour le developpement" RISQUE ET INVESTISSEMENT, DEUX STRATEGIES

Quelles options peut-on distinguer pour accommoder ce risque ? La strategie la plus rationnelle et Ia plus pratiquee est Ia mobilite ou au moins la potentialite de mobilite. Tout eleveur est pret de deplacer son troupeau d'une zone a l'autre si les conditions de paturage sont meilleures dans la seconde. Cette mobilite prend des formes diverses, du deplacement du seul berger avec le troupeau jusqu' au fractions entieres qui pratiquent la transhumance de fa;:on organisee. Cette strategie permet de jouir toujours les meilleures conditions possibles pour Jes animaux dont depend la survie de la famille.

II est clair que cette tendance ou cette potentialite de mobilite a des consequences pour I' organisation de la societe : I' organisation sociale, la regulation de I' acces aux ressources, les communications entre Jes communautes et l' organisation de l' economie domestique. Tout cela doit etre structure en fonction de la fa9on de gerer Jes risques et la mobilite.

Si !es eleveurs ne se deplacent pas, done en absence de mobilite, la seule option possible est d'investir dans Ies ressources fourrageres qui permettent aux animaux de survivre les periodes <lures. Cependant, etant donne la productivite fa1ble de l'environnement agro­ ecologique, Jes couts seront enormes par rapports aux rendements qu'on peut esperer. Aux couts s'ajoutent les efforts necessaires pour sauvegarder les acqms sous forme des paturages ameliores OU amenages. En general les surfaces sont enormes. C'est pour cela

que l'acces aux paturages est presque toujours libre

a

ceux qui ont du betail pendant Jes periodes sans contramtes d'exploitation.

Une autre option est d'investir dans les etres humains afin d'amoindrir le risque pour le groupe. Si on peut acquerir une position sociale, en tant qu'indtvidu ou groupe, oil on peut repercuter les consequences des risques sur d'autres, on est mieux place. Les hierarchies politiques d'autrefois forment un hon exemple de ce mecanisme. La mise en captivite des esclaves dans l'epoque pre-coloniale assurait Ia surv1e des elites politiques pastorales au Sahel. Les populations depourvus de betail fonnaient un reservoir de main d'reuvre moms chere et des clients politiques dans les societes pastorates Ouest­ africaines (Ihffe 1987 : 65-68). Dans la societe Tamasheq, les captifs faisa1ent tous les travaux de l' elevage et de la culture en donnant une grande partie des fruits de leur travail aux nobles et aux proprietaires de Ia terre (Bemus 1990: 154). Des populations devenues pauvres a cause de calamites naturelles formaient un apport pennanent a ces couches defavorisees. Les hierarchies sociales qui etaient basees sur des idees sur I'inegalite des horn.mes et des statuts differents, fournissaient des modeles d'orgamsation sociale qui permettaient d'incorporer ses populations sinistrees. Leur existence ne formait pas un probleme de Ieg1timation pour les elites politiques, parce que ses populations avaient une place reconnue clans ces hierarchies (Iliffe 1987: 42-47).

L'EVALUATION DES RESULTATS DES INVESTISSEMENTS

Etant donne que les conditions ecologiques, comme la repartition de la pluVtosite dans l'espace et dans le temps, sont tres variables ii est impossible de determiner avec exactitude les rendements des investissements dans une zone semi-aride. L 'effet d 'un investissement dans la fertilite du sol pour ameliorer la productivite des paturages ou des cultures peut etre completement annihile par le climat capricieux. Pendant Jes

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-•

Van Dgk: L 'konomie de la gestion des risques en zone semi-aride annees 50 et 60 des eleveurs peuls au Mali central ont developpe des systemes de culture bases sur la fertilisation des sols avec la fumure organique. Ils utilisent par exemple les terres de leurs campements de fayon itinerante afin d'exploiter toute la fumure possible. Ces champs temporaires etaient reconnus pour leurs rendements exceptionnels. Avec les secheresses ils etaient obliges d'abandonner ce systeme, parce que les cultures etaient briiles en mi-saison par manque d'eau et exces fumure. Ils hesitent egalement de mettre beaucoup de fumure sur les champs normaux, parce que la reussite de cet investissement n'est pas assuree.

Le meme probleme se pose pour des investissements dans les infrastructures anti­ erosives ou hydrauliques ou pour la protection des paturages. Meme si les agro-eleveurs ont des possib1lites de s'investir dans des paturages dont ils peuvent se reserver l'ut1hsation, ils ne le font pas. Pourquoi ? La raison princ1pale pour ne pas investir dans les ressources est la variabilite du climat. A cause de ce facteur il est presque impossible de determiner le rapport exact d'un tel mvestissement. Pire, le manque de pluie peut masquer et meme annihiler tout effet et rendre l'investissement inutile. De plus les cot1ts en termes de main d'reuvre ou capital sont tellement eleves que ces investissements ne sont possibles qu'avec des apports exterieurs. Au contrrure, lorsque les rendements sont augmentes suite

a

la mise en place de nouvelles infrastructures, la cause peut en etre l'ameliorat10n des conditions climatiques. Done, la croissance de la productivite ne peut pas etre automatiquement attribuee aux nouvelles infrastructures.

C'est pour cela que la grande majorite des investissements dans ce milieu est dirigee vers des infrastructures qui facilitent !'exploitation des ressources ou qui hmitent l'acces a celles-ci. Par exemple, Ia creation d'un point d'eau n'est pas un investissement dans la production, mais un moyen pour mieux exploiter les paturages. La creation des perimetres fermes ou des pare-feux n'est pas un investissement dans la production meme, ma1s dans Ia protection des ressources contre les autres eleveurs et le feu. De meme un mvestJ.ssement dans la sante animale n'est qu'un moyen pour mieux exploiter Ies paturages dispombles.

Pour profiter de ces investissements, le controle sur Ies ressources et les moyens pour les exploiter est le facteur cle pour accommoder les risques en absence du controle sur la production meme. La seule maniere efficace pour se proteger contre le risque est de se mettre dans une position politique qui permette de repercuter !es consequences des risques sur les autres ou pour etre bien place pour recuperer les benefices des mvestissements.

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Comptes-rendus ,.Elevage et gestion de parcours au Sahel, implzcations pour le developpement" Pour mobiliser des moyens, pour investir et pour proteger et rentabiliser ces investissements, il faut acquerir un pouvoir politique.

Du cote des autorites politiques et des agences intemationales de developpement ce genre de projets et investissements est souvent vu comme un out1l pour mieux controler Jes mouvements et le nombre de troupeaux (Hogg 1988). Toute la problematique du risque et de la variabilite des conditions climatiques est reduite

a

une pretendue mauvaise gestion de la part des eleveurs. La solution proposee est l'1mposition d'un controle politique par la voie des institutions <lites participatives (voir De Bruijn et Van Dijk 1999, mais aussi Ribot 1999 pour le domaine forestier).

LES RISQUES ET LA PRISE DE DECISIONS

Nous avons demontre maintenant que le risque doit etre place au centre de l'economie et la gestion des paturages et que, en parlant des investissements et de la gestion meme, ii y a des ramifications importantes dans I'economie politique et l'ecologie politique des hierarchies sociales locales, regionales, nationales et meme intemationales. Le probleme qui se pose maintenant est de clarifier les actions des operateurs economiques au niveau local. Ce que nous interesse ici sont les decisions pnses par les unites de production et les mecanismes qui regissent la prise de ces decisions de gest10n du troupeau et de choix des paturages.

Ic1 tous Jes facteurs et risques ecolog1ques, economiques, mais auss1 politiques, Juridiques et sociaux, ainsi que Jes dispositions emanant de la situation domestique ( capitaux, mam d' reuvre, genre, rapports sociaux), se joignent et sont consideres ensembles par les decideurs. Tous ces facteurs sont lies d'une fa1;:on ou une autre. Pour une bonne appreciation de la prise de decision dans ce grand cadre, il faut analyser la dynamique de la prise de decisions de tous les acteurs.

Etant donne la multitude de facteurs

a

prendre en compte pour assurer la survie de l'indiv1du, de la famille ou du groupe, il est clair qu'une telle analyse de la gestion de paturages ne peut pas se limiter aux facteurs ecologiques. Toutes les decisions sont prises, a notre avis, en vue de la continuite de l'unite de production et non de la durabilite ecologique, de la maximalisation de benefice, et de la reduction du risque. Mais ces trois derniers objectifs peuvent etre des moyens pour atteindre l'objectif final de la continuite. Les effets composes des decisions et actions des operateurs au niveau local ont a leur tour une influence sur les decisions des acteurs intervenant aux niveaux superieurs et vice versa.

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Van Dijk: L 'economie de la gestion des risques en zone semi-aride specifiques d'un decideur

a

l'autre. Comment attaquer cette complexite pour une analyse de la prise de decisions ?

Dans le cadre d'un projet de recherche sur les reponses des populations saheliennes

a

la variabilite climatique, un modele a ete developpe pour mieux analyser ces reponses (De Bruijn et Van Dijk 2001). Les facteurs divers peuvent y etre consideres plus ou moins en detail en fonction des besoins de la recherche ou I' action de developpement. Une telle analyse de prise de decisions des beneficiaires des actions de developpement peut donner des informations en avance sur la pertinence d'une intervention.

Cependant ce modele ne contient pas de suppositions sur la logique des decideurs. Normalement on attribue une logique lineaire aux decideurs, ainsi que des strategies bien definies et rationnelles. Etant donnee la dynamique des conditions de production, une te!Ie demarche n'est pas adaptee

a

la realite des zones semi-arides. Les suppositions concemant le comportement des decideurs, qui gerent les troupeaux et prennent les decisions de choix de paturages sont les suivantes

a) L'environnement des decideurs est fondamentalement instable;

b) En analysant la prise de decision une grande variete de facteurs de risque doivent etre pris en consideration ;

c) Les decideurs progressent pas

a

pas. La prise de decisions dans les environnements

a

haut risque est un processus iteratif. Par consequent, les decisions et leurs resultats n'ont pas necessairement un caractere planifie ou rationnel, et ne suivent pas forcement un ordre logique. II en resulte que le choix d'un itineraire entraine la fermeture des autres itineraires possibles.

d) Les variations dans les decisions ne sont pas necessairement basees sur les caracteristiques actuelles du decideur, mais peuvent egalement emaner de l'histoire de vie du decideur ;

e) Done on suppose qu'en prenant des decisions, un decideur suit son propre itineraire. Les decisions prises dans le passe sont, par consequent, pertinentes pour la comprehension des decisions d'aujourd'hui, parce qu'elles font partie du meme itineraire ;

f) Les autres decideurs sont des facteurs extemes pour le decideur. En prenant leur comportement en compte, les decideurs coordonnent leurs decisions explicitement et implicitement.

Done, pour bien comprendre les decisions economiques d'amenagement et de choix des paturages, toute une gamme de facteurs doit etre prise en compte. De plus, ces decisions doivent etre suivies dans le temps pour en saisir la logique fondamentale.

Il s'en suit un nombre d'imperatifs pour la methodologie de recherche. Une approche qui veut s' orienter sur les rapports dynamiques entre les conditions ecologiques et les reponses des decideurs est necessairement rigoureusement empirique. Cela veut dire que les decideurs doivent etre suivis de pres pour bien apprecier la logique de leurs decisions et les facteurs ( et leur variabilite) qui ont mene a ces decisions.

INVESTISSEMENTS ET DROITS D' ACCES

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Comptes-rendus .,Elevage et gestion de parcours au Sahel, implications pour le developpement" droits d'acces sont formules de fa�on tres souple et imprecise. En fait, ils doivent etre renegocies constamment en fonction de la dynamique ecologique. Ce ne sont pas Jes regles juridiques et les systemes reglementaires, mais Jes caracteristiques emanant de la prise de decisions des individus qui tentent d'avoir acces aux ressources dont ils ont besoin pour survivre. II est possible de demontrer par une reconstruction historique, que les pratiques de gestion des ressources et les regimes fonciers sont !es resultats des adaptations cumulatives aux conditions ecologiques fluctuantes et des changements dans les environnements institutionnels et politiques qui influencent la gestion des ressources naturelles (Van Dijk 1996). Une notion de propriete ou meme de propriete commune avec des droits fixes et un groupe d'adherents stable, qui est tres populaire dans la litterature anglophone est tres Join de la realite quotidienne. Les intervenants de l'exterieur doivent aussi etre tres prudent en jugeant les possibilites d'ameliorer l'amenagement de ces parcours par des investissements dans la productivite ou Jes infrastructures qui facilitent leur exploitation. Ces intervenants ont tendance a sous­ estimer le role des aleas climatiques dans !'appreciation de la rentabilite de ces mvestissements.

Premierement, pour investir dans les ressources ii faut avoir une certaine garantie de profiter de ces investissements. Done, on peut constater une preference pour l'investissement dans des infrastructures qm procurent des droits exclusifs

a

I'utilisateur, telles que Ies points d'eau, qui garantissent l'acces exclusif aux ressources pendant la saison seche. Sans apport exterieur ces investissements ne depassent guere le niveau du puisard. Les grands investissements ne sont faits qu'avec !'aide des bailleurs. Les investissements dans la qualite des paturages ne sont pas faits parce que Jes rendements ne sont pas sfrrs, et parce qu'on ne peut pas reclamer un droit exclusif

a

leur utilisation.

Deuxiemement, il y a un probleme d'ordre social. L'investissement et Ia delimitation d'acces aux ressources sont indesirables du point de vue social et ecologique. D'abord parce que 1'exclus10n conceme dans 100% des cas Jes couches defavorisees de la population pastorale, c'est-a-dire !es affranchis, Jes depossedes, !es femmes, et cetera. En plus, l'exclusion et la delimitation d'acces impliquent 1'introduct1on de frontieres, de blocages dans l'espace. Ces blocages Iimitent Ia mobilite qui est

a

la base de toute strategie pastorale d'adaptation aux risques. L'immobilisation des hommes et des troupeaux peut entrainer des grands risques non seulement pour !es pasteurs concernes, mais aussi pour la viabilite de tout le secteur de l'elevage nomadisant. Toute politique dans ce domaine doit done avoir pour objectif final de lever !es blocages et liberer la mobilite du betail et de promouvoir des mecanismes de negociation et de mediation pour regler les problemes d'acces aux paturages. Un sujet qui est souvent neglige dans ce cadre sont Jes rapports entre les divers groupes d'utilisateurs. On a tendance a voir ces interactions surtout en vue de conflits d'interets, tandis que dans le passe, et dans beaucoup d'instances

a

l'heure actuelle ces divers groupes sont des co-gestionnaires des ressources (De Bruijn et Van Dijk 1997). Done, Ies ordres sociaux dans lesquels l'amenagement des ressources prend place doivent etre re-etudies dans ce sens et impliques autrement dans !es processus de planification et negociation.

II est clair que les divergences d'interets et Jes conflits entre agriculteurs et pasteurs augrnentent. La survie de ces demiers est en jeu vu la croissance enorme de la population et celle des superficies cultivees. Des solutions doivent etre trouvees, qui

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I

I

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I

Van Dyk L 'economze de la gestzon des nsques en zone sem1-ande preservent la flex1bd1te des pasteurs en vue de leur adaptation contmue

a

des nouvelles exigences qm leur sont 1mposees par les cond1t1ons ecolog1ques, mats qm sont auss1 dans l'mteret des populations sedentatres On do1t done promouv01r des systemes d'expl01tat10n qm favonsent les mteractions econom1ques, agro-ecologiques et soc1ales et creent des mterdependances qm benefic1ent

a

tous les (groupes d') ut1bsateurs. CONCLUSION

Les divers aspects du nsque dans le cadre de la gest1on de paturages ont ete tra1tes Le role cle du nsque dans la gestlon des paturages ains1 que dans l'orgamsation de la societe pastorate et Ies transformations des regles et dr01ts d'acces a ete demontre. Il semble que la plupart des efforts actuels des agences de developpement, etatiques ou non-etattques, est en confl1t avec la logique pastorale de la gestton du nsque, parce que les exigences de l'amenagement modeme sont d'un autre ordre. Ce confl1t fondamental entre l'absence d'equ1hbre ecologique dans les zones andes et la logique lmeaire de l'amenagement est lom d'etre resolu. L'echec des partena1res de developpement

a

mtegrer les le9ons du non-eqmhbre ecologique

a

leurs mterventtons sur le terram peut y etre attribue En fa1t, tout effort de plamfication est onente vers la reduction des nsques par le controle des conditions de production ou des gestionna1res des ressources fourrageres Pour le moment les outtls techmques et financiers qm permettra1ent d'achever une telle tache ne sont pas dispombles

Cependant, les en3eux pohtiques autour Ia gestion des parcours, amsi que la competition entre les divers groupes d'ut1hsateurs, (agnculteurs, eleveurs, nobles, vassaux, affranch1s, operateur pobtiques modemes, eleveurs modemes, propnetaires absenteistes, agents de developpement etc ) pour le controle de cette gestion conttnue. Le defi pour les annees

a

vemr est done de ne plus chercher un modele unique de gestton durable et rattonnelle, mats de chercher des procedures et des outtls d'accommodatton qm donnent

a

tous les acteurs, et surtout aux couches defavonsees, la plus grande hberte possible de su1vre leur propre 1tmera1re de gestton des nsques.

Entre temps, 11 est md1spensable de mieux comprendre les 1tmeraires smv1s par les acteurs La comprehension de la pnse de decision des eleveurs, mats aussi celle des agnculteurs et agropasteurs en reponse aux cond1ttons de nsque nous pennettra de mieux detennmer les parametres des mtervent1ons dans la gestion de parcours et d'1dent1fier les pomts ou on peut promouvmr des hens de collaboration entre tous les partenrures let tl me semble qu'une me11leure collaborat10n et commun1cat1on entre les partenaires de developpement, les populations concemees et les chercheurs est la premiere exigence

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