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La Peur Change de Camp en Territoire d’Uvira au Sud-Kivu

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CIRESKI Note d’information extraordinaire/ 113/CR-SK/Dir./2013

La Peur Change de Camp en

Territoire d’Uvira au Sud-Kivu

Cette note d’information revient sur les événements qui ont précédé les opérations de traque du seigneur de guerre « général autoproclamé» Bede RUSAGARA qui ést actif avec sa milice Mai-Mai sous la dénomination du MCC : Mouvement Congolais pour le Changement.

Il sera aussi question d’évoquer l’aggravation des conflits entre les deux communautés (Barundi et Bafuliru) qui vivent dans la Chefferie de la Plaine de la Ruzizi, eu égard à la confusion qui règne sur le statut et qualité des assaillants qui ont perpétré le

« massacre » endeuillant ainsi plus de quatre familles (Bafuliru) de la localité de Mutarule/Katekama.

3 Septembre 2013

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2 A. Introduction général

Dans le Kivu, on assiste ces jours à la prolifération des groupes et/ou nébuleuses armées dont certains responsables contactés n’arrivaient même pas à fournir une réelle raison qui les pousse à choisir la voie de la violence. Basé sur des différents contacts et études effectués auprès des plus de sept groupes armés (GA) et milices d’autodéfense populaire, voici un tableau qui reprend en grandes lignes quelques raisons avancées par les responsables contactés lors de notre travail d’analyse :

Certains seigneurs de guerre avancent comme raison le fait pour le gouvernement Congolais de considérer seulement les Rwandophones comme les vrais officiers au sein de l’armée, d’autres réclament l’érection de la Chefferie de la plaine de la Ruzizi en secteur, d’autres encore estiment avoir pris les armes pour défendre les membres de leurs familles contre les évasions des groupes armés étrangers, et quelques-uns ont mentionné l’embauchage des jeunes Bafuliru à la SUKI (Sucrerie de Kiliba). Plusieurs parmi eux aussi affirment vouloir défendre l’État congolais contre la balkanisation et par conséquent, il faudra se faire entendre à travers les armes, d’autres, enfin, se disent très préoccupés par la vie des membres de leurs communautés qui vivent en refuge dans les pays voisins, d’où ils reprennent les armes non seulement pour défendre les autres qui sont restés au pays mais aussi et surtout pour faire une pression au gouvernement pour obtenir le rapatriement des éléments réfugiés.

De toutes ses raisons fournies ci-haut, le CIRESKI estime que certaines d’entre elles reste peu convaincantes étant donné qu’il existe différents services étatiques qui s’occupent de chaque question sectorielle avec l’appui de la communauté internationale, comme on le démontre ici :

 Quant au rapatriement : le « UNHCR » et la CNR sont à Uvira et Fizi depuis 2004 et ont eu à rapatrier plusieurs milliers de congolais depuis la Tanzanie et le Burundi.1 Le gros des réfugiés congolais qui se trouvent dans les camps des différents pays voisins expriment leurs craintes de retourner du moment que les hostilités créées par les groupes armés s’accroissent.

 Quant à la non-reconnaissance des grades des responsables des GA, on doit signaler que l’on a remarqué une souplesse dans la réintégration des combattants Banyamulenge par rapport à ceux d’autres communautés qui trainent toujours les pieds2. Certains analystes contactés à ce sujet, indiquent qu’il y a lieu de trouver des réponses à cet aspect au niveau de la présence du Général Masunzu à la tête des FARDC

1 A lire les deux accords tripartites signés en Tanzanie en 2005 et au Burundi en 2006

2 Notamment l’ intégration des hommes de Bisogo et Makanika sous FRF en 2011, et plus récemment la présence du Col. Tawimbi au sein de l’État-Major à Kinshasa. Il faut aussi ajouter la reddition des officiers Subisutsa, Senanda et Ndayoberwa en avril 2013, tous issues du groupe de Nkingi Muhima, qui ont transité à Runingu avant d’aller à Bukavu.

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au Sud-Kivu. Certains leaders Banyamulenge interviewés par nos chercheurs indiquent qu’il existe une forte mobilisation au sein de la communauté pour sensibiliser les jeunes et autres porteurs d’armes en vue de divorcer avec la voie des armes pour faire passer leurs revendications.3 C’est ainsi qu’on doit soutenir cette démarche des Banyamulenge tout en sollicitant aux membres d’autres communautés de rejoindre cette initiative qui augure la paix.

 Quant à l’existence des auto-défenses populaires, on doit signaler que cette initiative qui, aux jours avenirs, constitue une bombe à retardement, est l’un des principaux mécanismes développés par les chefs coutumiers pour asseoir leur autorité. Néanmoins, assurer la sécurité de la population est au premier lieu la tâche des forces régulières, qui devraient avoir le monopole de la violence.

Pour tenter de trouver une solution face à l’épineux problème des GA, les autorités congolaises ont, à travers un appel du chef de l’État, sollicité tous les GA nationaux d’intégrer les FARDC, un processus dont les modalités sont définies par les autorités de la Province du Sud-Kivu et le commandement de la 10ème Région Militaire. Cette démarche qui n’arrive pas à son but visé a, depuis plus de trois mois, engendré beaucoup de conséquences dans le chef de la population de la région d’Uvira. 4

B. Tentative des solutions aux problèmes

a. Les opérations Kamilisha Usalama

Dans le souci de mettre fin au phénomène des Mai-Mai réfractaires, une résolution a été conjointement adoptée par le pouvoir congolais et la MONUSCO (Mission Onusienne en RDC). C’est ainsi qu’au mois de juillet 2013 on va lire un communiqué qui stipule : « … bientôt les opérations Kamilisha Usalama5 vont être lancées contre les forces négatives et certains Mai-Mai qui récidivent dans les comportements belliqueux… ». Il sied de relever que ces opérations, qui dureront quarante-cinq jours, devraient être menées par les FARDC avec le soutien logistique des casques bleus de la MONUSCO.

Dans le cadre de savoir si les affrontements qui se déroulent dans la plaine de la Ruzizi rentrent dans le cadre des opérations Kamilisha Usalama, nous avons rencontré certains officiers des FARDC du 104ème secteur opérations/Uvira qui ont affirmé bel et bien le déclanchement de ces opérations avec la non-participation de la MONUSCO comme

3 Le propos du président de la mutualité des Banayamulenge.

4 Périodique sur la problématique de regroupement des groupes armés nationaux.

5 Qui veut dire « la restauration de la sécurité » en Swahili.

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initialement convenu. Ce n’est que le 18 août, que la MONUSCO va annoncer le démarrage de ces opérations conjoints. 6

b. De la situation dans la plaine de la Ruzizi

La situation sécuritaire reste toujours précaire dans la plaine de la Ruzizi.

En date du 15 août 2013 aux environs de 20H45’’, la localité de Mutarule a été attaquée par un commando en armes qui a investi cette localité à partir du Sud-Est et s’est dirigé vers le Nord de la même localité où ils ont pris le large après avoir abattu sauvagement 8 personnes en raisons de 4 enfants (une fille et 3 garçons dont leurs âges varient entrent 12 à 14 ans) et 4 adultes (une femme et trois hommes). A cette même occasion, les assaillants ont incendié trois maisons d’habitation avant de tuer 3 porcs. Selon certains rescapés contactés ce 17 aout 2013, lors de cette attaque et au regard de certains signes distinctifs dans les dialectes, les assaillants s’exprimaient en Kirundi et Kinyarwanda. Un autre rescapé dont sa maison a été mise en feu a indiqué qu’il était déjà au lit quand il a

entendu le coup de feu. Il s’est réveillé pour suivre l’évolution et par la suite, il a entendu les cris et beaucoup de bruits dont certains gens criaient et d’autres s’appelaient en disant : « Sengiyunva we, garukagaruka, reka tugende sha … » c’est-à-dire, l’un des assaillants appelait Sengiyunva et on lui disait de cesser de tirer, partons.

D’autres sources ont indiqué que les assaillants ont commencé à tuer les gens au moyen des armes blanches en décapitant, éventrant et poignardant les victimes, mais c’est après que certains rescapés aient poussé des cris de détresse qu’ils ont tiré pour non seulement faire peur aux potentielles interventions mais aussi pour tuer les rescapés qui fouillaient dans la brousse, a signalé une autre rescapée dont son mari et ces deux fils étaient tués.

6 Une confusion a régné au sujet des affrontements qui se déroulent dans la plaine de la Ruzizi et aussi sur l’absence des soldats de la MONUSCO, en particulier le PAKBAT (militaires pakistanais), responsable pour la sécurité de cette zone. Nous avons contacté les responsables de certains systèmes de Nations Unies qui, à leurs tours, ont exprimé le désarroi en émettant beaucoup de doutes sur ce point. Néanmoins, la MONUSCO va déclarer plus tard le démarrage des opérations conjointes dans la presse:

http://reliefweb.int/report/democratic-republic-congo/sud-kivu-mouvements-de-population-dans-la-plaine-de-la- ruzizi

Figure 1: Les corps de Quatre enfants sauvagement tués ce 16/08/2013 à Mutarule.

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5 c. Constat et analyse du CIRESKI.

Comme ci-haut signalé, la réserve de la MONUSCO amène chaque acteur à pousser le raisonnement très loin dans la mesure où, certains habitants de Mutarule disent que ces assaillants seraient des éléments des FARDC car dans cette localité il y a le Quartier-Général (QG) d’une compagnie de la force régulière dont ses soldats n’ont pas intervenu. C’est dans ce sens que ces habitants arrivent à conclure qu’il s’agirait d’un « guet- apens » bien planifié par certaines autorités.

Cette dimension va être développée d’une autre façon par un député national, élu d’Uvira, qui a déclaré lors des oraisons funèbres: « … Les Mai-Mai ne sont pas des ennemis aux FARDC ; par contre ils constituent un complément à celles-ci… » il a, par ailleurs ajouté : « … qui ignore que n’eut été des Mai-Mai ces pays serait déjà balkanisé ? Je trouve illusoire leurs traques qui, au lieu de les encadrer et de répondre à leur désidératas, ont commencé à attenter à leurs vies depuis Sange puis Mutarule aujourd’hui, et ce sont des civiles et enfants, innocents qui sont lâchement massacrés… ». Cette récupération politicienne de la situation augure, par notre analyse, un positionnement aux futures législatures. En fondant son argumentaire sur les propos du gouverneur de la province du Sud-Kivu, Mr Marcelin CISHAMBO, lors de la mission du ministre national de l’intérieur Mr Richard MUYEJE à Uvira, le CIRESKI pense que ce député a fait que tout Mai-Mai qui veut intégrer les FARDC n’a qu’à opérer le choix entre la carrière militaire et politique, comme son cahier de charge est déjà7 réclamé comme manifeste politique… !

On doit également signaler le propos du ministre national de l’intérieur qui, devant des attitudes d’une frange des gens de la Nouvelle Société Civile, a réagit avec force en disant : « … L’État ne reculera pas et ne cédera jamais aux caprices des certains gens qui violent les lois du pays en instituant un secteur en lieu et place de la chefferie de la plaine de la Ruzizi au mépris des dispositions légales en vigueur en RDC… » Il a ensuite interpelé les consciences de tous les participants à la réunion qu’il a présidé ce 15/08/2013 à Uvira, en indiquant au regard de la guerre qui sévit au Nord-Kivu: « … Cette attitude n’est autre que le début de la balkanisation car dans une entité légalement instituée par les lois du pays, un

7 Le gouverneur a lancé un appel aux Mai-Mai qui veulent faire la politique de déposer les armes et de s’affronter la classe politique au lieu de cumuler les deux à la fois. C’est là que réside la difficulté pour les Mai-Mai de faire mouvement vers le processus d’intégration au sein des FARDC.

Figure 2: 8 cercueils des victimes de massacre longés par terre en attente d’enterrement

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groupe d’individus s’arroge le pouvoir d’en créer une autre. Il faut savoir que nous avons le seul ennemi qui est le M23… ».

En analysant tous ces discours, on notera que l’une de plus grandes causes des conflits en territoire d’Uvira c’est l’ignorance des lois qui découle, non seulement du fanatisme et de la protection liés à l’identité culturelle à laquelle appartient un seigneur de guerre, mais également à la confiance et la solidarité négative dont celui-ci bénéficie du fait d’être à coté des membres de sa communauté en créant un système de la gestion avec des terreurs aux autres habitants qui ne sont pas de sa famille élargie. C’est à cause de cette dimension socioculturelle qu’on assiste dans la plaine à un seigneur de guerre qui se comporte comme un petit Roi en infligeant des souffrances aux autres citoyens vivant dans le territoire d’Uvira.8 Ce dernier a semé une confusion dans la gestion de la chose publique jusqu’à démontrer qu’il jouirait de certaines prérogatives qui supplanteraient celles de l’État. Ceci montre que les différents seigneurs des guerres bénéficient de la confiance de la part des membres de leurs communautés respectives en dépit de leurs méconduites sociales.9

C. De la confusion au sujet de massacre à Mutarule

Il y a lieu, ici de s’interroger si le rendez-vous manqué de Sange avec l’attaque contre Bede ce 13 aout 2013 à 17h ‘’ et le massacre de paisibles civiles à Mutarule du 16 aout 2013 auraient une relation avec les opérations Kamilisha Usalama?

Beaucoup d’informations divergent au sujet de ces attaques. C’est pourquoi avant d’en dégager de tentatives d’y mettre la lumière, le CIRESKI donne, à cette occasion, les différentes versions récoltées ça et là dans la zone :

1. Selon des jeunes Bafuliru trouvés à Mutarule ce 17/08/2013 lors des obsèques, tout serait parti d’une parade militaire qui a eu lieu l’après-midi à Kabunambo (Q.G du 1011ème Rgt). Aux environs de 20h’’ un convoie des jeeps militaires en partance pour Bukavu se serait stoppé juste à l’entrée, à partir du sud de la localité, avant de continuer et traverser Mutarule. Une bonne quinzaine de minutes après le passage de ces véhicules les coups de feu ont crépité. Les même sources indiquent encore que le capitaine Muzito des FARDC, étant à la tête d’une compagnie basée à Mutarule, aurait

8 Les organisations internationales et nationales ne devraient rien faire comme activité dans la plaine sans que leurs représentants ne puissent présenter leurs civilités par devant lui et son staff et ce au grand mépris de l’autorité légalement établie.

9 Malgré qu’un seigneur de guerre tue, pille, viol et commet d’autres crimes, aussi longtemps qu’il est dans son milieu, il constitue un garde-fou pour les membres de sa communauté et l’aide à faire de terreurs aux autres.

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demandé, par téléphone, à BEDE qui était déjà en cavale dans la brousse si ce serait lui qui tirerait sur Mutarule ? Et BEDE aurait dit au capitaine : « mon fief est attaqué » Quelques gens de la localité auraient demandé au capitaine des FARDC pourquoi n’est- il pas intervenu ? Et celui-ci leur aurait répondu qu’il aurait reçu l’ordre de l’hiérarchie militaire de ne pas s’impliquer dans cette affaire.

2. Une autre version indique qu’il s’agirait là d’un règlement de compte qu’on infligerait à BEDE et sa communauté, les gens du M23 seraient impliqués dans ce massacre étant donné qu’ils sont déçus par BEDE qui, après leur avoir bouffé beaucoup d’argent, n’arrive pas à concrétiser ses promesses de déclencher la guerre au sud de la province comme il prétendait le faire.

3. La dernière version enfin parle également d’un règlement de compte, cette fois-ci du peuple Barundi qui se serait vengé de la mort de leur chef coutumier lâchement assassiné en mai 2012. Les auteurs de cette version ont exhibé même de tracts ramassés dont le contenu démontre la revendication de l’attaque comme une troisième action après la toute dernière tragédie qui a eu lieu en juillet 2013 à l’occasion de laquelle 4 membres d’une même famille avaient péris toujours dans la même localité de Mutarule.

Après avoir décortiqué toutes ces trois différentes versions ; il convient de signaler qu’il est encore tôt de confirmer l’une ou l’autre version fournie par nos différents interlocuteurs.

La position du CIRESKI se justifie par d’autres informations récoltées sur le terrain après cette tragédie :

 Pour la première version, nos démarches pour contacter le capitaine étaient vaines mais on a contacté un major de la PNC/LNI de la place qui a démenti cette information au sujet du capitaine.

 Pour la seconde version, il est difficile de prendre en considération cet aspect d’autant plus que le M23 ne dispose, pour le moment, pas de beaucoup d’influences sur la partie sud de la province après le démantèlement du mouvement ALEC l’année passée.

 Pour la dernière version, le CIRESKI émeut des doutes sur la capacité de nuisance dont disposeraient les Barundi de Mutarule. Les chercheurs du CIRESKI ont pu contacter les leaders Barundi et Banyamulenge de Mutarule à ce point. Ces derniers ont tout d’abord présenté leur hommage avant de donner quelques précisions. Ils ont en gros, signalé que les Barundi étaient très consternés depuis qu’ils ont appris l’attaque contre BEDE à Sange. Ils ont aussi condamné le gouvernement sur le retard dans la réponse aux préalables soulèves par tous les Mai-Mai.

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Pour plus d’informations le CIRESKI a pu contacter un leader Fuliru de Mutarule et deux autres rescapés au sujet du nombre ou effectif estimé des assaillants. Ces personnes ont fourni un chiffre d’une dizaine d’hommes armés. Dans le cadre de suivi de l’évolution de la situation, le CIRESKI a aussi enregistré la capture par les FARDC des quatorze rebelles du FNL burundais dans les hauteurs de NGENDO à + 6 Km à l’est de Mutarule le 18/08/2013, cette capture a eu lieu lors des affrontements entre FARDC et d’autres combattants de Bede de cet axe avec BIGAYA à la tête comme commandant.

Sur le plan stratégique, on peut se demander pourqui ces combattants de FNL étaient présents dans cette partie du territoire, eux qui sont toujours actifs dans les Moyens Plateaux de Kiliba et Muhungu au sud-ouest de Kiliba à + 40km de Mutarule. En dehors de toute indépendance de la justice, et la commission d’enquête qui a été mis sur pied par le gouvernement du Sud Kivu10, à qui nous devons laisser la latitude des enquêtes à ce sujet, nous osons croire que c’est cet aspect qui doit servir des premières réflexions à ce sujet.

Impliqués ou non, ces combattants FNL ont certainement profité de la débandade du BEDE et ses hommes et la confusion qui a caractérisé ce massacre, qui a distrait les forces de sécurité de la RDC qui envisageaient déjà leur traque.11

Figure 3: Un rescapé rencontré à Mutarule devant sa maison incendiée la nuit du drame

D. Des vaches à la base d’autres troubles en territoire d’Uvira

Pendant que l’attention du commun des mortels reste focalisée aux hostilités dans la plaine de la Ruzizi et ses conséquences, des échauffourées ont opposé ce 18/08/2013 les FARDC et les

10 Voir « Meurtres à Mutarule : le gouvernement du Sud Kivu met sur pied une commission d’enquête », Radio Okapi 17 aout 2013, http://radiookapi.net/actualite/2013/08/17/sud-kivu-la-tension-persiste-apres-des-meurtres- dans-une-communaute-uvira/

11 Selon l’ésprit de la lettre du communiqué du lancement des opérations « kamilisha usalama »

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combattants Mai-Mai du Mr. Kashilogozi en regroupement à Makobola 1 dans la chefferie des Bavira. Selon les témoins rencontrés à Kasenya en groupement de Makobola/Kamba, tout est parti du partage inéquitable de l’argent que les bergers et éleveurs des vaches avaient donné séparément aux deux factions. Pour mémoire, c’est depuis l’instauration de la mesure du gouvernement Tanzanien de refouler tout sujet Rwandais de son territoire national que les troupeaux des cheptels ont commencé à traverser la frontière congolaise via le Burundi (Province de Cankuzo, Muranvia). Ces Rwandais habitaient les Provinces de Musemo et Bukoba en Tanzanie.

Ces vaches ont provoqué une crise entre les deux factions causant ainsi un bilan qui se résume comme suit :

- Trois personnes blessées par balles dont un « colonel » Mai-Mai et deux civiles (une femme et une fille de 5 ans)

- On a, par la suite enregistré un énorme déplacement de la population pris par la panique vers Kigongo et Katongo dont le chiffre du 20/08/2013 font état de +300 ménages

- Les biens de valeurs ont été soit pillés soit volés par des hommes armés et d’autres gens de mauvaises volonté

Selon les leaders de la société civile d’Uvira, ces vaches qui traversent par la frontière de Vugizo/Kiliba seraient conduites par des sujets Rwandais qui se seraient déguisés en Banyamulenge en obtenant ainsi les attestations des pertes des pièces auprès des autorités de la cité de Kiliba à 18km au nord d‘Uvira. Cette thèse a été bien éclairée par une femme leader de la société civile de la communauté Banyamulenge qui a dit : « Ne vous laissez pas tromper par des informations récoltées à tort et à travers, aucun Munyamulenge ne s’est jamais installé en Tanzanie, la présence du congolais de cette communauté dans ce pays voisin de la RDC se justifierait seulement par son passage en transit vers l’Europe ou l’Amérique. Ces vaches sont conduites par des Burundais (du Burundi), des Bafuliru sollicités à partir du Burundi et quelques Rwandais propriétaires ».

Figure 4: Les vaches des Rwandais expulsés en Tanzanie retourner par les autorités de Makobola

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Toutefois, il y a lieu d’affirmer que le pouvoir de Kigali ne veut plus des vaches de la race non améliorée dans toute l’entendue de son territoire national, les autorités Rwandaises procèdent depuis plus de 4 ans à l’expertise des vaches laitières hollandaisesen vue de réformer l’élevage au Rwanda.

E. Conséquences

En dehors du bilan fourni, tous ces hostilités ont engendré beaucoup de conséquences dans la vie humaine. Comme explicite le titre du présent rapport la peur vient de changer de camp.

Cette phrase trouve sa raison d’être au tour de notre réflexion sur ce que pense le commun des mortels au regard de la situation qui prévale dans le territoire d’Uvira, car il y a une tournure rapide dans l’opinion envers certains Mai-Mai qui se méconduisent. Le retranchement de BEDE et sa troupe dans la brousse peut avoir des conséquences que personne ne peut s’imaginer pour l’instant. Il convient de signaler que si cette situation perdure, on risque aussi d’assister aux multiples exactions, incursions et autres formes d’attaque conte les véhicules de transports dans la route national n°5 (Uvira-Bukavu), effectués par ces Mai Mai. Quant aux autres conséquences, on peut signaler ceci :

 Sur le plan humanitaire

La population des localités de Mutarule, Nyakabere et quelques de Luberizi se sont déplacées vers Sange, Lemera, Rubanga, Luvungi, Kiliba et Uvira. Et d’autres encore se sont vus obligés de traverser la frontière Burundaise pour trouver refuge dans ce pays voisin à la RDC.

Le tout dernier rapport des agences humanitaires fait été de 7-8000 personnes déplacées internes12 et 1500 autres réfugiés enregistrés par la Croix Rouge du Burundi dans le camp de transit de Cishemere en province de Cibitoke.13

 Sur le plan de la protection (Droits Humains)

On note des arrestations à grand échelle qui sont opérées dans la plaine par les FARDC contre toute personne qui a une quelconque relation avec BEDE ou ses combattants.

12 Voir aussi, « Sud Kivu, 7000 déplacés de Mutarule vivent dans le dénuement à Sange», Radio Okapi,

http://radiookapi.net/actualite/2013/09/02/sud-kivu-7-000-deplaces-de-mutarule-vivent-dans-le-denuement/

13Le HCR condamne le meurtre de civils dans l'est de la RDC ; nouveaux déplacements vers le Burundi, 27 aout 2013, http://reliefweb.int/report/burundi/le-hcr-condamne-le-meurtre-de-civils-dans-lest-de-la-rdc-nouveaux- d%C3%A9placements-vers

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11 Dans les Moyens Plateaux de Lemera, le même scenario se développe dans cette région où les dissidents des FALL (Forces d’Autodéfense Locales et Légitimes) de MOLIERE qui ont fait défection en ralliant BEDE sont en insécurité et par voie des conséquences, ils vivent en toute clandestinité.

 Sur le plan de l’opinion publique

Le 18/08/2013 lors de notre descente sur terrain, la jeunesse de Mutarule scandaient des slogans hostiles aux autorités politico-militaires14 (voire photos) tout en barricadant la route. La population de Mutarule réclame surtout le départ du Général-Major Masunzu Pacifique et du gouverneur Cishambo Marcelin à la tête respectifs de l’armée et de l’administration de la province du Sud-Kivu et qu’une action judiciaire soit enclenchée. La population exigeait aussi que les corps des compatriotes massacrés ne devraient pas être mis en terres après que les autorités provinciales puissent s’exprimer à ce sujet.

F. Conclusion

La confusion continue à régner autour des auteurs du massacre de Mutarule, les circonstances qui ont entouré cet événement, et les actes même de ces massacres, ce qui engendre une grande stupeur dans le chef de tout acteur de la paix et de la population d’Uvira.

Il faut conclure que les opérations militaires connues dans le territoire d’Uvira ne contribuent jusque-là rien à la restauration de l’autorité de l’Etat dans la mesure où elles se terminent sans complètement mettre hors état de nuire la cible concernée, ce qui risque de provoquer des représailles. Aussi elles semblent détourner la

14 Alors que 4 députés (3 nationaux et 1 provincial) étaient aux obsèques, les jeunes en colère, ont pris en otage les gens qui sont venus d’ailleurs

Figure 5 Les revendications des manifestants de Mutarule couchées sur un tableau noir

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mission en engendrant des arrestations et autres formes des violations des droits humaines.

D’où les autorités doivent prendre toutes les mesures possibles pour éviter que ces erreurs ne puissent plus revenir.

G. Recommandations

 Avec la nouvelle escalade de la crise dans la plaine de la Ruzizi, les autorités et acteurs de la société civile doivent déployer tous leurs efforts en vue de restaurer la cohésion communautaire entre les diverses structures sociales de la région

 Des actions de sensibilisation doivent accompagner les efforts du gouvernement et des députés du territoire qui concourent à leurs tours, à l’apaisement de la tension et aux plaidoyers auprès des décideurs en vue d’obtenir une trêve

 Il est urgent de recadrer les opérations en cours avec l’implication des soldats des Nations Unies qui peuvent servir d’observateur à tout dérapage qui surviendrait au cours des ces actions militaires

 Les organisations humanitaires doivent accélérer leurs actions d’assistance aux déplaces internes et jouer un plus grand rôle dans la pacification de la zone en vue de permettre aux réfugiées congolais se trouvant déjà au Burundi de se rapatrier le plus tôt possible

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Tél : +243 990570501, +243813376223,+243853799144 cireskisk@yahoo.fr

184ème, AV. des Pionniers, Q. Kimanga Cité d’Uvira Sud Kivu

le CIRESKI rend son Hommage aux victimes des MASSACRES et à toute la population de la chefferie de la plaine de la ruzizi

qui ne cesse pas de pleurer les leurs qui, dans des conditions tragiques, trouvent la morts.

Le CIRESKI lance un appel à toute personne éprise du souci de trouver la vérité d’aider l’appareil judiciaire et chaque autre organisation qui va enquêter sur ce macabre crime

contre l’humanité.

cireskisk@yahoo.fr

Referenties

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