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L’après-élections en RDC: les grands défis pour le Maniema Nord-Kivu: Au coeur des funèbres

Bulletin d’information de la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République Démocratique du Congo

MONUC BULLETIN

N°137 du 5 septembre 2006

Initiative d’apaisement à Mweka

Page 8

Page 11 Page 9

Bruits de bottes après le vote, Bruits de bottes après le vote,

la diplomatie pour vaincre les armes

la diplomatie pour vaincre les armes

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SOMMAIRE

A la Une:

Bruits de bottes après le vote, la diplomatie pour vaincre les armes (p.3)

Kasaï Occidental :

- Initiative de paix à Mweka (p.8)

- Le projet d’électrifi cation aux chutes de Katende tarde à se réaliser (p.14)

Nord-Kivu: Au coeur des funèbres (p.9)

Maniema : L’après élections en RDC: les grands défi s pour le Maniema (p.11)

Kinshasa:

-Don des Casques bleus canadiens à un orphelinat de Kintambo (p.16) - Clôture des Jeux de la paix (p.24)

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Les Congolais s’étaient massivement rendus aux urnes le 30 juillet 2006, pour élire leur président et leurs députés. Ils étaient aussi nombreux à attendre les résultats du scrutin, le 20 août 2006. Mais les armes ont parlé ce jour-là. Et grâce aux efforts diplomatiques de la Communauté internationale, elles se sont tues.

Bruits de bottes après le vote, la diplomatie pour vaincre les armes

Par Mathy Mupapa / Jean-René Bompolonga/Adèle Lukoki Le récit des événements

de Kinshasa

Dimanche 20 août 2006. C’est le jour J, tant attendu pour la proclamation des résultats provisoires du premier tour de l’élection présidentielle. C’est un jour presque aussi historique que celui du 30 juillet 2006 où les Congolais se sont massivement rendus aux urnes pour élire librement, démocratiquement et dans la transparence leur président et leurs députés, ce pour la première fois depuis l’accession du pays à l’indépendance.

Sur les antennes de la Radio Télévision Nationale Congolaise (RTNC), une boucle défi le au bas de l’écran et annonce la publication des résultats pour 20h. Mais en fi n d’après-midi, l’attente paisible des résultats qui régnait à Kinshasa, est brusquement perturbée par des tirs nourris qui éclatent dans la commune de la Gombe.

Des coups de feu sont également entendus dans d’autres quartiers de la capitale. La situation est confuse. Les affrontements ont lieu dans le périmètre

du siège du Mouvement de Libération du Congo (MLC) et opposent les unités chargées de la garde rapprochée du chef de l’Etat, Joseph Kabila, et du vice-président de la République, Jean- Pierre Bemba. Six personnes dont quatre policiers, sont tuées. Le calme revient dans la soirée.

Plusieurs blindés de la MONUC se déploient devant le siège de la Commission Electorale Indépendante (CEI) pour y assurer la sécurité. La soirée électorale prévue au centre de presse de la CEI, situé dans l’enceinte de la paroisse Sainte-Anne de la Gombe, est annulée. Le président de la CEI, l’abbé Apollinaire Malu Malu, et les membres de son bureau se rendent alors à la RTNC sous bonne escorte de la MONUC, afi n de pouvoir annoncer les résultats de l’élection présidentielle.

Aucun des candidats n’a la majorité absolue. Sur les 33 candidats, les deux premiers sur la liste, Joseph Kabila, le chef de l’Etat sortant, avec 44,81%

des voix et Jean-Pierre Bemba, un des Les balles ont crépité le 20 août 2006 (Photo Christophe Boulierac/MONUC)

Les affrontements ont été violents (Photo Christophe Boulierac/MONUC)

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quatre vice-présidents sortant, avec 20,03% des voix, s’affronteront au 2e tour, prévu pour le 29 octobre, selon le calendrier électoral.

Le matin du lundi 21 octobre, Kinshasa est calme. Des véhicules blindés de la MONUC et de la force européenne, EUFOR/RDC, patrouillent dans le centre-ville de Kinshasa. Le Comité International d’Accompagnement de la Transition (CIAT), décide de rencontrer séparément les deux protagonistes pour tenter de résoudre le différend qui les oppose. Alors que le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la RDC, William Lacy Swing, et les 13 autres membres du CIAT se trouvent, aux environs de 16h, chez le vice-président Bemba, dans la commune de la Gombe, des tirs violents à l’arme automatique puis à l’arme lourde commencent à retentir autour de la résidence de Jean-Pierre Bemba. La garde de Joseph Kabila et celle de Jean-Pierre Bemba s’affrontent de nouveau. L’hélicoptère du vice- président est détruit. Les ambassadeurs du CIAT et le chef de la MONUC sont conduits en lieu sûr. Plusieurs véhicules blindés de la MONUC et de l’EUFOR ainsi qu’une centaine de soldats sont

aussitôt mobilisés pour une double opération conjointe de sécurisation et d’évacuation de la délégation du CIAT. Le commandant de la Force de la MONUC, le général Babacar Gaye

dirige les opérations sur place. A ses côtés, le commandant de l’EUFOR, le général Christian Damey, ainsi que le chef d’état-major des Forces Armées

de la République Démocratiques du Congo, le Général Kisempia Sungilanga, rapidement arrivé sur les lieux. Le général Gaye demande au général Kisempia d’ordonner aux

éléments de la Garde Républicaine d’arrêter de tirer « car cette affaire n’a pas de sens ». L’ordre est obéi. Le commandant de la Force de la MONUC Le boulevard du 30 juin déserté par les Kinois. Seule présence....(Photo Christophe Boulierac)

...celle des hommes en arme (Photo Christophe Boulierac/

MONUC

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se rend ensuite personnellement auprès des membres de la sécurité du vice- président Bemba, pour leur demander également d’arrêter et ils le font. Ce qui permet à la MONUC et à l’EUFOR de s’interposer et d’extraire sans

diffi cultés les membres du CIAT de la résidence de Jean-Pierre Bemba et de les ramener sains et saufs au siège de la MONUC.

Des tirs sporadiques continuent de se faire entendre dans la soirée. Les efforts de la Communauté internationale se multiplient. Les diplomates poursuivent leur médiation entre les parties jusqu’au lendemain. Le mardi 22 août, le CIAT rencontre le chef de l’Etat, Joseph Kabila, au Palais de la Nation.

Les réactions ne se sont pas faites

attendre

Préoccupé par les incidents violents de Kinshasa, le Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, appelle les parties à « mettre immédiatement fi n

aux combats et à retirer leurs forces des rues de Kinshasa ». Il rappelle la responsabilité du président Joseph Kabila et du vice-président Jean- Pierre Bemba dans la résolution de la situation à travers le dialogue et les moyens pacifi ques, avant de leur demander de se rencontrer aussi vite que possible pour mettre fi n aux tensions.

Les membres du Conseil de Sécurité expriment aussi leur profonde préoccupation face aux violents affrontements et appellent les dirigeants

congolais « à ne pas permettre que les progrès accomplis par le peuple de la RDC soient entravés à ce stade».

« Il n’y a pas de solution militaire aux problèmes politiques de la RDC», affi rme le président du Conseil de sécurité pour le mois d’août, le représentant du Ghana Nana Effah- Apenteng.

Quant au président de l’Union africaine, Denis Sassou Nguesso, il condamne fermement tous les actes de violence, invite le peuple « à prendre la mesure des efforts consentis et exhorte les uns et les autres à privilégier le dialogue, en vue de la poursuite du processus électoral avec le second tour du scrutin présidentiel ».

Pour sa part, la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO, par le biais de son président Laurent Monsengwo Pasinya, Archevêque de Kisangani, appelle instamment les autorités politiques et militaires

nationales, à faire preuve de retenue et de modération, pour l’intérêt supérieur de la nation. La CENCO invite le peuple congolais à démontrer sa maturité et à ne pas céder aux appels et à tout sentiment de nature régionaliste et ethnique ainsi qu’à prier pour que Dieu protège le pays et préserve la paix.

Enfi n, la Voix des Sans Voix pour les droits de l’homme (VSV) recommande la démilitarisation de la ville de Kinshasa, le désarmement et Patrouilles de la MONUC...(Photo Myriam

Asmani/MONUC

...et de l’EUFOR dans les rues de la Gombe à Kinshasa (Photo Deluc Ecpad/EUFOR)

Des blindés des Nations Unies ont été déployés dans les rues (Photo Christophe Boulierac/MONUC)

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le cantonnement de toutes les troupes acquises à la cause des ex-belligérants sur toute l’étendue de la république.

Cette ONG réclame aussi la gestion du gouvernement pendant la campagne, par des animateurs neutres et indépendants, la gestion transparente de la Commission Electorale Indépendante (CEI) et la prise en compte de tous les dérapages relevés au premier tour afi n d’y apporter les correctifs nécessaires et urgents. La VSV appelle aussi à l’équilibre au niveau des médias dans le traitement des informations relatives à la campagne électorale des deux candidats, à la liberté de mouvements et à la sécurité de tous les acteurs politiques désireux d’accorder leur soutien aux deux compétiteurs.

Les efforts de la diplomatie pour calmer les esprits

A l’issue des rencontres du CIAT avec le président Kabila et avec le vice- président Bemba, un groupe de travail est mis en place, le 22 août, avec pour objectif la normalisation de la situation dans les meilleurs délais. Ce groupe de travail est composé du ministre de la Défense, du chef d’état-major des FARDC, de l’Inspecteur général

de la Police Nationale Congolaise (PNC), du commandant de la Garde Républicaine, du conseiller militaire du Président de la République, des offi ciers de la garde du vice-président Bemba, de l’EUFOR, de l’EUPOL et de la MONUC. Le groupe de travail se réunit immédiatement au siège de la MONUC. Il décide de consigner toutes les troupes des FARDC déployées dans la capitale à leurs positions initiales en vue du rétablissement du statu quo ante.

Deux équipes mixtes de vérifi cation sont mises en place en vue de s’assurer de la mise en oeuvre de cette consigne par toutes les unités. La PNC chargée, seule, de l’ordre public, doit reprendre dès le mardi soir, ses patrouilles en ville aux côtés de la MONUC, de l’EUFOR et de l’EUPOL. Chacune des deux parties s’est engagée à respecter scrupuleusement ces mesures.

Pour contribuer à améliorer la situation, le 26 août 2006, la Radio Télévision Nationale Congolaise (RTNC), et cinq chaînes privées Digital Congo, Canal Congo Télévision (CCTV), Canal Kin Télévisoin (CKTV), Radio Lisanga Télévision (RLTV) et Molière Télévision, s’engagent à « respecter les règles d'éthique et de déontologie du journalisme après les dérapages dans les médias pendant le processus électoral ». La cérémonie de signature de cet acte d’engagement des médias a lieu sous le regard attentif de la Haute Autorité des Médias (HAM), et des ambassadeurs du CIAT.

A travers cet acte d’engagement, les responsables de ces médias auxquels se sont joints, le 30 août, plusieurs autres organes de presse congolais, s’engagent à proscrire de leurs programmes la diffusion de messages de fanatisme et d’incitation à la haine tribale ou Réunion du groupe de travail au quartier général de la MONUC

(Photo Myriam Asmani/MONUC)

Les soldats de Jean-Pierre Bemba et de Joseph Kabila, après une réunion à la MONUC (Photo Myriam Asmani/MONUC)

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ethnique. En outre, cet acte demande aux médias de s’abstenir de produire des

« débats politiques » avec un seul invité ou plusieurs intervenants appartenant à une seule tendance politique. Enfi n, il conseille aux journalistes de produire des journaux télévisés ou journaux parlés respectant le principe d’équilibre de l’information et de ne verser dans l’apologie d’un quelconque courant ou acteur politique.

Le mardi 29 août, sous les auspices de la MONUC, une Commission mixte est mise sur pied pour établir les faits sur les événements du 20 au 22 août à Kinshasa. Elle démarre ses travaux au siège de la MONUC.

Cette commission comprend les délégations des états-majors politiques des deux candidats au second tour de l’élection présidentielle. La première rencontre se déroule dans un climat constructif. Les parties décident de la création de deux sous-commissions.

L’une est chargée d’établir les faits sur les combats survenus entre la garde de M. Kabila et celle de M. Bemba. L’autre s’attèle à défi nir les règles de conduite afi n que la campagne électorale pour le second tour de l’élection présidentielle et la période post-électorale se déroulent dans le calme, conformément à la volonté des Congolais qui se sont

Le communiqué fi nal de la première réunion a été lu à la presse par le Représentant spécial du Secrétaire général (Photo Myriam Asmani/MONUC)

massivement déplacés le 30 juillet pour voter.

Les sous- commissions se mettent au travail dès le mercredi 30 août.

Les deux parties promettent pleine collaboration à la sous- commission d’enquête indépendante et s’engagent à œuvrer pour la poursuite du processus électoral, conformément à l’Accord global et inclusif.

Chaque partie a trois délégués. Le

Les ambassadeurs réunis pour débattre de la crise et proposer des solutions pacifi ques (Photo Myriam Asmani/MONUC)

camp présidentiel est représenté par deux délégués, le conseiller spécial du chef de l’Etat en matière de sécurité, le professeur Samba Kaputo, et le conseiller militaire du chef de l’Etat, le général Kalume Numbi. La délégation du vice- président Bemba est composée du François Mwamba, secrétaire général du Mouvement de Libération du Congo (MLC) et ministre du Budget, Thomas Luhaka, membre du même parti et président de l’Assemblée nationale, et Delly Sesanga, ministre du Plan.

Avec toutes ces tractations la MONUC et la communauté internationale dans son ensemble, apportent une fois de plus la preuve qu’elles sont bel et bien l’église placée au milieu du village. Il reste aux acteurs politiques congolais de jouer franc jeu pour décrisper la situation politique actuelle, non seulement dans la capitale, mais partout à travers le pays. Le souhait profond de tous les Congolais est de voir s’instaurer un climat de paix durant cette période électorale et ce jusqu’après la proclamation des résultats du deuxième tour. La vie de la nation en dépend.

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Le 30 août 2006, un mois jour pour jour après la tenue des élections présidentielle et législatives, des candidats aux élections législatives se sont retrouvés à Mweka, leur circonscription électorale, au nord- ouest de Kananga, à l’initiative de la MONUC. Il était question de donner un signal fort d’apaisement, après les tensions résultant du déroulement des opérations de vote, en prévision des futures échéances, mais aussi et surtout pour réinstaurer la quiétude dans toute la contrée de manière durable.

Initiative d'apaisement à Mweka

Par Jean Mbayo

Créé en 1908, Mweka se trouve dans le royaume des Bakuba, dont le centre spirituel et le siège du pouvoir traditionnel sont à Mushenge. Avec la construction du chemin de fer, le colonisateur, en accord avec les chefs, avait décidé de déplacer la capitale de Mushenge à Mweka. Aujourd’hui, Mweka est l’un des territoires du district du Kasaï. Il se situe à 245 kilomètres au nord-ouest de Kananga

et couvre une superfi cie de 20.115 km2.

Ce territoire, pourtant bien connu pour son calme, a été le théâtre d’incidents qui ont entraîné le report de la consultation électorale du 30 juillet.

De lourds soupçons de fraude ont pesé sur certains candidats, si bien que leurs partis ont été accusés d’avoir tenté de vouloir falsifi er les résultats, de connivence avec le bureau de liaison de la CEI. La tension montera d’un cran au point de déboucher sur la mise à sac de plusieurs bureaux de vote. La CEI se verra dans l’obligation de reporter la tenue du scrutin au lendemain, dans un climat de suspicion persistant.

Pour éviter que de telles tensions ne se reproduisent avant et lors des prochains scrutins, la MONUC, de concert avec la CEI, a tenu à lancer une dynamique de paix dans cette région, en y impliquant les candidats eux-mêmes, ainsi que le pouvoir traditionnel, les

autorités administratives, les membres du clergé et les forces de l’ordre. Le schéma est simple : les protagonistes se retrouvent à Mweka et y rencontrent ensemble la population. C’est ainsi que ce 30 août, la population de Mweka qui s’était rassemblée sur la grande place publique a été rassurée de voir les

« frères ennemis » ensemble, entourés du grand chef Kuba, Nyimi Kwete Bokashanga, de l’évêque de Mweka,

Mgr Mulumba Kalemba, et du chef du bureau de la MONUC au Kasaï Occidental, Jean Victor Nkolo. Même si la paix ne se fait pas en un jour, un jalon important pouvant y conduire aura été posé à Mweka ce jour-là.

La rencontre de Mweka, pour un signal fort d’apaisement entre les parties (Photo Marie- Chantal Lumba/MONUC)

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Après une série de faits et de témoignages mettant à jour des manquements graves en matière de respect des droits de l’Homme en territoire de Masisi dans le Nord-Kivu, une délégation de l’ONU s’est rendue dans la localité de Ngungu pour enquêter sur la situation sécuritaire, et éventuellement établir une corrélation entre ces agissements et la présence dans cette région de la 81e Brigade non brassée.

Nord-Kivu: Au coeur des funèbres

Par Eric Estrivier

Goma, le 24 août 2006. Située à 63 km du chef-lieu de la province du Nord-Kivu, mais accessible après 3 heures de chemins chaotiques au prix d’efforts démesurés, la localité de Ngungu, perdue au cœur du Kivu et perchée à fl anc d’une colline, mérite probablement le nom de « ville poussière ». Les particules de terre extrêmement volatiles qui se soulèvent au moindre coup de vent, et qui agissent en véritable écran de fumée, limitent la vitesse des véhicules à 25 km/heure.

C’est donc en milieu de journée que l’équipe chargée de l’enquête, composée de représentants des droits de l’Homme, de la Protection de l’Enfant, du Haut Commissariat des Nations Unies aux Réfugiés, des Affaires Humanitaires, ainsi que de l’Information Publique, ont atteint la localité de Ngungu, où elle commence par la visite du petit cachot du sous commissariat de Police.

Anarchie au commissariat Jouxtant des échafaudages fi gurant le squelette du futur commissariat,

le petit cachot — conglomérat de tôles ondulées et de panneaux de contreplaqué s’enfonçant à 1 mètre sous le sol —, accueille dans un espace de 4 m2, six détenus dont trois femmes et deux mineurs. Interrogé sur la raison

de sa détention, l’enfant âgé de 14 ans, accompagné d’un pygmée prétendant avoir approximativement le même âge, affi rme avoir été arrêté à la suite du vol d’une carte d’électeur. Ces deux mineurs sont toutefois remis en liberté à la fi n de l’entretien, à la demande des représentants de la MONUC.

Deux femmes détenues portant au dos des enfants en bas âge rejoignent ensuite le groupe. Elles se présentent comme les coépouses d’un homme, accusé d’avoir battu à mort la concubine d’un autre, et expliquent devoir purger la peine à la place de leur mari, aujourd’hui introuvable. Parmi les autres affaires civiles, celle d’un individu emprisonné depuis le 17 août pour avoir répudié sa femme, à la suite d’un constat d’adultère impliquant un militaire qui l’a passé à tabac avec d’autres soldats. Tout cela illustre le climat d’impunité qui prévaut dans la région.

le cachot de Ngungu (Photo Erci Estrivier/MONUC)

L’enfant d’une prisonnière (Photo Eric Estrivier/MONUC)

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Des policiers écartent une foule de curieux visiblement peu habitués aux visiteurs, pendant que le commissaire en second, accompagné d’un agent des services de renseignements (ANR), accueille la mission dans une tente faisant offi ce de bureau provisoire.

Les différents cas de détention sont discutés. Selon le commissaire, « si les deux coépouses sont ici c’est pour leur protection, autrement elles auraient été soit tuées, soit maltraitées. On avait d’ailleurs déjà ligoté leurs enfants ».

Il précise que « les militaires du 813e bataillon ont tenu à confi er ces deux femmes à la police ». Aucune explication n’a cependant été donnée par l’agent de l’ANR sur la détention d’un homme qui a contracté une dette de 21 $, et à l’arrestation duquel il a personnellement participé. Enfi n, d’autres questions liées au contexte de sécurité sont aussi posées au représentant de l’ordre, qui affi rme que « sur le plan général, si vous demandez à un simple citoyen, il vous dira que la sécurité est totale depuis que le 813e bataillon venu de Masisi est ici ».

Mort vivant

Une rencontre âprement négociée avec un offi cier du 813e bataillon est fi nalement tenue dans un endroit discret sur une colline, sous la

surveillance de jeunes soldats. Devant les demandes d’explications concernant l’assassinat le 26 juillet d’un membre de l’ONG UPADERI travaillant sur la démobilisation, et imputé à des éléments du 813e bataillon, l’offi cier affi rme « détenir le responsable, et avoir amené personnellement le corps de la victime auprès de sa famille pour

l’enterrement ». Il ajoute cependant être prêt à « tuer toute personne qui tenterait d’encourager la démobilisation volontaire des membres de son bataillon, car elle serait considérée comme ennemie ». Celui qui se décrit Elle est détenue au cachot de Ngungu (Photo Eric Estrivier/

MONUC)

lui-même comme un « mort-vivant » affi rme toutefois qu’il est prêt à rejoindre le processus de brassage si son supérieur lui en donne l’ordre.

La question du recrutement de mineurs au sein du 813e bataillon a également été soulevée. L’offi cier tient à préciser

« qu’il ne compte aucun mineur dans ses rangs, et que pour s’en assurer, il suffi t d’interroger les habitants de la région ». Ceux-ci, obligés de livrer des denrées aux militaires les jours de marché restent cependant muets là- dessus, par peur évidente de représailles, suite à l’assassinat du responsable de l’ONG UPADERI, ce qui rend toute confi rmation diffi cile.

Dans ce groupement hors-la-loi, la crainte de la mise à mal de la réunifi cation du pays par le morcellement de certaines zones reste donc d’actualité, dans un contexte électoral qui cristallise encore tous les espoirs. Compte tenu des fortes présomptions sur les menaces d’exécution d’éventuels déserteurs et sensibilisateurs, il est légitime de douter de la volonté de la 81e Brigade de participer au brassage. Un signe d’autonomie de commandement est

d’ailleurs perceptible dans l’attribution de nouveaux grades aux militaires qui la composent, et tout laisse à penser que ces hommes ne répondent plus directement de la 8e Région Militaire.

La mission onusienne, en compagnie des autorités locales (Photo Eric Estrivier/MONUC)

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Avec ses 232.000 km2 de superficie, la province du Maniema, est de loin plus vaste que beaucoup de pays africains (Bénin, 112.600 km2 ; Togo, 56.600 km2 ; Gambie, 11.300 km2). Elle demeure aussi une des provinces les plus enclavées , et les plus déshéritées de la République Démocratique du Congo.

Au lendemain des élections présidentielle et législatives du 30 juillet, et à la veille des provinciales, le Maniema est plus que jamais à l’heure de la reconstruction, un grand défi pour ses nouveaux élus…

L'après- élections en RDC: les grands défis pour les élus du Maniema

Par Abou Mouhilou Seidou

Il est très diffi cile de collecter des indicateurs de développement économique, ou même des statistiques sur cette province voisine des deux Kivu, et dont les populations vivent dans des conditions, on ne peut plus précaires. Pour cause de longues années de guerre, la province du Maniema est encore en piteux état avec ses édifi ces délabrés et des infrastructures publiques déjà insuffi santes même avant la guerre.

Terres riches, populations pauvres: la contradiction congolaise L’or, le diamant, le cuivre, la bauxite, le coltan, l’uranium, la cassitérite, le saphir et autres ressources minières existent en abondance sur les terres du Maniema mais ne servent qu’à une infi me frange de la population. Tout ou presque est à refaire dans cette province où le niveau de vie des populations est à la limite de l’extrême pauvreté. Les problèmes quotidiens des populations

sont énormes et touchent tous les secteurs de leur vie.

Un taux d’illétrisme inquiétant Les populations du Maniema sont en grande majorité illétrées. On l’a observé lors des élections du 30 juillet dernier, où la plupart de électeurs ont éprouvé d’énormes diffi cultés à repérer la position de leurs candidats sur les bulletins de vote. Cela s’explique par l’insuffi sance des infrastructures scolaires. Et quand il y en a, elles sont inaccessibles, de par leurs coûts élevés pour des populations dont le niveau de vie est déjà très bas. Beaucoup d’enfants sont obligés d’abandonner les bancs de l’école pour se livrer à la rue impitoyable, au péril de leur avenir.

Pourtant, l’éducation est le premier facteur de développement et un droit pour tout être humain.

Les défi s du Maniema sont nombreux

Les quelques rares routes existantes offrent un spectacle désastreux entrainant nombre d’accidents mortels ou graves. Les pistes de dessertes rurales sont en très mauvais état, ce qui rend diffi cile, sinon impossible le transport des produits vivriers vers les centres urbains.

Pour se rendre de Kindu, le chef-lieu, à Kalima situé à 130 km par exemple, il faut près de trois heures de route en voiture, et presque le triple, sinon plus, à moto.

Diffi cile accès aux soins de santé primaire

L’hôpital général de référence de Kindu, le plus grand, ne cesse d’enregistrer au quotidien son lot de décès dus au manque de médicaments ou de matériels adéquats. Beaucoup Intenses activités chaque jour au bord du fl euve Congo (Photo Abou Mouhilou Seidou/MONUC)

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de ces hôpitaux sont devenus des

«mouroirs publics».

L’accès à l’eau potable est diffi cile et constitue à coup sûr l’une des grandes causes des épidémies recurentes.

L’électricité ? Elle fait cruellement défaut au Maniema. A part une vingtaine de localités situées dans la collectivité de Beia, territoire de Pangi, qui ont la chance d’en bénéfi cier, grâce à la présence d’une société minière, la Société Aurifère Kivu Maniema, (ex SOMINKI), tout le reste de la province est plongé dans une totale obscurité.

Les populations doivent se mettre au travail

Il faut remettre les populations au travail. Et les secteurs prioritaires, devraient être l’agriculture, l’élevage et la pêche. Car on comprend mal qu’on parle d’insuffi sance alimentaire ou de cherté de la vie, dans une province où il pleut presque toute l’année, et où on trouve un cours d’eau permanent presque à tous les coins de rues.

L’appui au secteur agricole devrait commencer par être la première réponse au problème de pauvreté. Organiser les jeunes et les femmes en coopératives pour développer les cultures vivrières, l’élevage et la pêche, pourrait en être la seconde.

La bonne gouvernance: un facteur incontournable

Il faut promouvoir la bonne gouvernance. Ce qui revient à dire que

non seulement les autorités provinciales doivent donner le bon exemple mais qu’elles doivent aussi veiller au partage rationnel des revenus et ressources disponibles.

Les Maniemais ont joué leur partition en élisant leurs représentants au Parlement, et vont élire dans un proche avenir ceux qui vont siéger sur dans les assemblées provinciales et locales. La balle est désormais dans le camp de ces derniers.

La plupart des routes de Kindu sont impraticables (Photo Abou Mouhilou Seidou/MONUC)

L’eau potable, une denrée rare à Kindu (Photo Abou Mouhilou Seidou/MONUC)

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Une délégation conjointe MONUC - Consulat général de la République sud-africaine s’est dernièrement rendue aux chutes de Katende, site naturel se trouvant à plus de 60 km de Kananga, chef-lieu de la province du Kasaï Occidental. C’était pour se rendre compte de l’état d’avancement des travaux d’érection d’un barrage hydroélectrique.

Kasaï occidental : le projet d’électrification aux chutes de Katende tarde à se réaliser

Par Jean Mbayo

La MONUC accompagnait le Consul général sud-africain, Isaac Kekana, venu palper du doigt la réalité du terrain, notamment l’avancement des travaux exécutés par une entreprise sud-africaine d’ingénierie. Le barrage en construction depuis trois ans, est en passe de devenir un rêve lointain pour les populations de la province qui attendent d’être servies en énergie électrique.

Le problème de fourniture d’énergie électrique est le premier handicap à l’essor économique et partant, au développement du Kasaï Occidental et par extension de son voisin, le Kasaï Oriental. Ici et là, le manque d’approvisionnement régulier en courant électrique constitue un frein aux activités socio-économiques.

Difficile pour les populations de consommer une eau potable, quand on sait que la REGIDESO a besoin

d’énergie électrique pour faire fonctionner ses stations de pompage.

D’autres activités économiques allant de l’artisanat à l’industrie paient les frais de cette absence d’électricité.

Au chef-lieu de la province, par exemple, les stations radios et télévisions locales émettent sporadiquement par manque d’énergie. A la tombée de la nuit, des quartiers entiers sont plongés Le projet Katende, un rêve qui tarde à devenir réalité (Photo Elie Katende/MONUC)

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dans l’obscurité totale, mis à part quelques « îlots » de lumière produite par les générateurs de quelques nantis.

La situation a tellement excédé les filles et les fils des deux Kasaï qu’ils avaient initié un projet de production d’énergie électrique à partir des chutes de Katende, lesquelles présentent des atouts majeurs pour cette fin. le site possède deux bassins naturels de rétention d’eau qui, selon des techniciens, devraient grandement simplifier la tâche à la société retenue pour l’exécution du projet.

Malgré ces données favorables, les travaux d’érection du barrage sont à l’arrêt. Le constat fait par le consul général Isaac Kekana qui a pour circonscription le Katanga et les deux Kasaï est decevant. Mise à part la présence de quelques bâtiments sommaires, de deux vieux camions et d’une niveleuse d’un autre âge, rien ne semble témoigner de l’exécution réelle des travaux.

Même la piste d’aviation tracée en son temps, semble n’avoir plus servi il y a belle lurette. De surcroît, sur les lieux, on ne remarque aucune présence de responsables de cette

société sud-africaine. La ligne Inga du Katanga traverse le Kasaï occidental sans desservir Katende 3 (Photo Elie Katende/MONUC)

Le Consul général sud-africain, venant de Lubumbashi, était tellement déçu de la prestation de la société originaire de son pays, qu’il a promis aux populations de la province du Kasaï Occidental de faire suivre cette affaire par les autorités compétentes à Pretoria. Le même sentiment est partagé par les habitants des villages environnants et l’ensemble des populations des deux Kasaï qui n’ y voient qu’une arnaque de mauvais goût. Cette promesse les habitants des deux Kasaï la retiennent. Ils espèrent encore voir un jour leurs provinces...

enfin « éclairées ».

Ces vieux engins au site de Katende ne servent plus à rien (Photo Elie Katende/MONUC

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Par Jean-René Bompolonga

Kinshasa: Don des Casques bleus canadiens à un orphelinat de Kintambo

Les militaires de la MONUC continuent, en dehors de leurs activités militaires, à s’approcher de la population congolaise en lui apportant assistance. La dernière en date est celle des Canadiens qui ont, le jeudi 24 août 2006, fait un don à l’orphelinat « Foyer des enfants Bienheureuse Marie de la Passion », situé dans l’enceinte du complexe scolaire catholique Bolingani, dans la commune de Kintambo à Kinshasa.

Estimé à 5.000 dollars, ce don est constitué de 60 matelas, 60 couvertures, 50 moustiquaires imprégnées, 30 chaises et 8 tables en plastique. Ce don est un complément à ce qu’ils avaient déjà remis, notamment un congélateur, une machine à coudre, une machine à laver et un ordinateur.

Selon le commandant des Casques bleus canadiens, le lieutenant- colonel Sandy Robertson, ce don est le fruit de leur contribution et de celle de leurs amis.

L’orphelinat « Foyer des enfants Bienheureuse Marie de la Passion » héberge pour le moment 17 enfants (10 fi lles et 7 garçons) dont l’âge varie de 5 à 13 ans. Avec les travaux en cours, Cet orphelinat héberge 17 enfants (Photo Ado Abdou/MONUC)

a déclaré la responsable intérimaire de l’orphelinat, Sœur Claudine Mbele, sa capacité d’accueil sera de 50 enfants.

Tous ces enfants, a-t-elle souligné, étudient. Les moins âgés sont à la maternelle, les autres, notamment les fi lles à l’école primaire Bolingani et les garçons à l’école primaire Saint François de Sales, toujours dans la commune de Kintambo.

Pour la Sœur Claudine, ce don est l’expression de la solidarité de la MONUC envers ces enfants.

Les militaires canadiens ne vont pas s’arrêter là. Ils pensent déjà à apporter leur secours aux veuves des militaires, et à un champ des cacao à

Kisangani, dans la province Orientale, a dit le major Csaba Antal, porte- parole des militaires canadiens. Les Canadiens comprennent les besoins de la population et vont aider dans la mesure de leurs possibilités, a-t-il souligné.

Quelques orphelins en compagnie des militaires canadiens (Photo Ado Abdou/MONUC)

Chaises et tables ont été offertes à l’orphelinat (Photo Ado Abdou/MONUC)

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Par Jean René Bompolonga

Kinshasa: Les Jeux de la paix se terminent en beauté au stade Tata Raphaël

Organisés par le Comité international olympique, sous le haut patronage du conseiller spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour le sport au service du développement et de la paix, avec l’appui de la MONUC, en coopération avec l’Hôtel de ville de Kinshasa et l’Institut des Hautes Etudes en Administration Publique (IDHEAP), les premiers Jeux de la paix de la ville de Kinshasa se sont achevés le samedi 19 août, au stade Tata Raphaël, dans la commune de Kalamu.

Présidée par le gouverneur de la ville de Kinshasa, Kimbembe Mazunga, en présence de Roger Bimwala, président du comité d’organisation, la cérémonie de clôture a été marquée par la finale du tournoi de football organisé entre les équipes des communes de Kinshasa et celle de la MONUC et la remise des médailles et des prix aux vainqueurs.

La finale du tournoi de football a été remportée par l’équipe de la commune de Maluku qui a marché sur celle de Limete par le score de 3 buts contre un.

Dans son mot de clôture, la vice- présidente du comité d’organisation, Marie Jacqueline Mbuyi Tshituya, a remercié tous ceux qui ont contribué à la réussite de ces jeux, les ligues qui ont encadré leurs athlètes et les sportifs qui y ont pris part.

La fanfare de la Police Nationale Congolaise a agrémenté la cérémonie dans une ambiance de fête au stade, où les jeunes de Maluku sont venus nombreux assister au match malgré la distance qui sépare leur commune du quartier Matonge, en plein centre de la capitale. Satisfaits de leur victoire, ils ont beaucoup dansé sur la pelouse de ce stade.

Les communes de Kinshasa et Maluku ont joué le match de la fi nale du tournoi de football des Jeux de la paix (Photo Ado Abdou/MONUC)

La coupe a été remportée...(Photo Ado Abdou/MONUC

...par la commune de Maluku (Photo Ado Abdou/MONUC

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Contact MONUC BULLETIN : Mathy Mupapa

Information Publique /MONUC Tel: 00 243 818906388

001 212 963 0103 (extension 6388) E-mail: mupapa@un.org

Kinshasa/République Démocratique du Congo

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