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Année 2016 n° 1

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Pauvres, mais honnêtes, nous paraissons quand nous pouvons, et notamment le mercredi 20 janvier 2016

Année 2016 n° 1

Jacques Brel - 1968

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Sommaire

Le « Gorille invisible » est aux aguets… page 2

RDC

L’Entrée en scène du « médiateur » et de son équipe .. page 7

Communiqué conjoint du G7, de la Dynamique et du « Front 2016 « … page 11

Moyen-Orient

Daesh et son pétrole… page 13

Grands Lacs

Alerte rouge au Burundi - Le Glas sonne - L'Avenir de la région des lacs se dessine au Burundi … page 17

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RDC

Le « Gorille invisible » est aux aguets…

Vous avez bien sûr déjà entendu l'expression: "pratiquer la politique de l'autruche". On s'en sert pour décrire quelque chose comme le déni d'une personne, le refus de voir une réalité en face. C'est une métaphore que l'on emploie lorsque la plupart des gens préfèrent ignorer ou nier totalement une réalité déplaisante ou potentiellement nuisible. Mais en fin de compte, la réalité en question se manifeste toujours en créant le chaos autour de ceux qui ont choisi de l'ignorer.

Mais avez-vous déjà entendu parler du Gorille Invisible ?

Le gorille invisible est le nom que des chercheurs en sciences sociales ont attribué à une forme de perception sélective. Les « gorilles invisibles » représentent ce qui échappe à la perception, justement parce qu’elle est sélective.

Autrement dit, nous voyons certains objets et d'autres non, en fonction de notre état d'esprit et de nos a priori. Si nous nous focalisons totalement sur un problème, notre cerveau se

"ferme" à la perception d'autres événements afin de nous fournir la "bande passante mentale"

suffisante qui nous permettra de résoudre le problème. Mais voilà, les choses que nous ne voyons pas sont peut-être plus importantes que celle sur laquelle nous nous focalisons. Et c'est ainsi que nous sommes pris de court par le gorille.

Au cours de l'expérience en question (menée en 1999 par les psychologues Daniel Simons et Christopher Chabris), on a demandé aux personnes testées de regarder une courte vidéo dans laquelle deux équipes se passaient un ballon de basket. L'une des équipes porte des t-shirts blancs et l'autre porte des t-shirts noirs. Les personnes testées doivent compter le nombre de passes effectuées par l'équipe en t-shirt blanc. C'est difficile car les équipes se passent deux ballons en faisant tout un tas de feintes. La vidéo commence et les personnes testées sont totalement concentrées sur les t-shirts blancs (les mouvements de l'équipe en t-shirt noir n'ont aucune importance). A la moitié de la vidéo, un homme déguisé en gorille arpente le terrain de basket, regarde droit vers la caméra, se frappe la poitrine et quitte le terrain. Ce gorille est parfaitement visible pendant 9 secondes.

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A la fin de la vidéo, on demande aux personnes testées combien de fois l'équipe en t- shirt blanc a passé le ballon (la réponse correcte est 15). Et c'est là que cela devient intéressant.

Les organisateurs du test demandent aux personnes testées la chose suivante : "Mais avez-vous remarqué le gorille" ?

C'est surprenant, mais plus de 50% des personnes testées n'ont pas vu ce gorille ! Comment se fait-il que plus de la moitié des personnes ayant visionné cette courte vidéo n'ait pas vu un gorille parfaitement visible sur le terrain de basket ?

La réponse se trouve dans la notion de perception sélective. Les personnes testées se focalisaient totalement sur les t-shirts blancs. Leurs esprits étaient "fermés" à tout ce qui était noir (les joueurs vêtus de t-shirts noirs n'avaient aucune incidence sur le problème qu'ils tentaient de résoudre). Alors puisque leur esprit a nié la couleur noire, cela n'a pas seulement écarté les t-shirts noirs mais également le gorille noir ! Le gorille était "invisible" pour plus de la moitié des personnes testées, alors même qu'il était parfaitement visible sur la vidéo.

C'est intéressant, non ? Mais en quoi cela nous affecte-t-il ? Réponse : la perception sélective ne se limite pas à des vidéos de basketball. Elle est solidement ancrée dans nos cerveaux. Les gorilles invisibles sont partout et les gens ne les voient pas, à moins de faire un gros effort afin de ne pas tenir compte de ce que l’on nous encourage à regarder1. Il leur faut se focaliser sur ce qui compte réellement dans le monde.

Appliquons cette recherche du « gorille invisible » à la RDC. De quoi la presse congolaise – et, derrière elle, la classe politique qui lui fournit ses contenus - invite-t-elle sans cesse ses lecteurs à se soucier ? Du processus électoral, évidemment ! C'est logique, non ? On ne va quand même pas nier l’importance des élections ! Mais à quoi ce flot de papier imprimé nous invite-t-il à nous soucier ? Essentiellement du calendrier, du « glissement » et du « 3°

mandat ».

Est-ce vraiment là l’essentiel ? Est-ce que ce sont réellement là les choses qui comptent le plus ? La date où se tiendraient des élections importe-t-elle quant à leur honnêteté ?

Posons la question plus clairement ! A quoi faut-il donner la préférence : à des élections truquées à la bonne date, ou à des élections honnêtes un peu en retard ? Le choix, me semble-t- il, est évident ! En quoi la fraude sera-t-elle plus efficace si le PPRD/MP est incarné par son

« autorité morale » que s’il est représenté par un autre membre de la Majorité, membre ou non de la famille Kabila ? Même dans des élections aussi cafouilleuse qu’elles le sont en RDC, on n’est pas élu parce qu’on se présente, mais au nombre de voix obtenues (celles des électeurs et celles qu’on a apportées soi-même). Si les victoires électorales de la Majorité sont dues à la fraude, celle-ci marchera tout aussi bien pour Tartempion que pour Kabila.

Voyez l’exemple du Sénégal : Abdoulaye Wade avait réussi ce que JKK, jusqu’ici, a raté. Il avait réussi à faire modifier la Constitution et à briguer un 3° mandat… mais il ne l’a

1Par exemple, dans le domaine économique, les investisseurs ont tendance à être obsédés par les mouvements de yoyo quotidiens du marché actions et par les décisions de politique monétaire prises par les banques centrales.

Wall Street et Washington veulent que nous nous focalisions sur les "t-shirts blancs", en matière d'actions et d'obligations. Que veulent-ils vous empêcher de voir ? Quel est ce Gorille Invisible, sur les marchés internationaux ? C'est l'or.

La réalité, en ce qui concerne l'or, est aussi évidente que le gorille de la vidéo. La production mondiale annuelle d'or est d'environ 2 000 tonnes. La Chine, l'Inde, l'Iran et la Russie à eux seuls en ont acheté environ 3 000 tonnes par an depuis 7 ans. L'industrie de la joaillerie en absorbe environ 1 000 tonnes par an. Des milliers de tonnes supplémentaires sont acquises par des pays autres que les "Big 4", et par des particuliers très futés, en Europe, en Asie et en Amérique Latine. (Les citoyens US ne comprennent pas bien l'or et ne sont pas de gros acheteurs). Cet excès d'acquisitions par rapport à la production signifie que les stocks existants, entreposés dans les chambres fortes de Londres, New York et d'ailleurs se vident rapidement. De véritables ruptures de stock d'or physique et l'impossibilité flagrante de livrer ce dernier guettent les banques et les négociants.

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pas obtenu. Tout simplement parce que le système électoral sénégalais est suffisamment imperméable à la fraude pour que l’on n’ose pas « bourrer » autant qu’il le faudrait.

Il faut certes toujours rappeler que les élections de novembre-décembre 2011 ont donné des résultats qu'une personne avisée, réfléchie, d’esprit libre et critique devrait considérer comme nuls, donc sans gagnant. Mais il faut aussi rappeler que les élections de 2011 avaient été organisées, tout comme celles de 2006, en faisant voter un « corps électoral inconnu », faute de recensement préalable de la population. Ce fait à lui seul suffirait à en « plomber » gravement la crédibilité. Le simple fait que Malumalu, aujourd’hui démissionnaire, qui fut le principal responsable de cette absurdité d’élections sans recensement préalable de la population, ait été remis un temps à la Présidence de la CENI, valait tout un programme pour 2016 ! C’était une promesse de beaux jours pour les fraudeurs !

Grâce à cette absence de recensement qui rendait toutes les fraudes possibles, les élections de 2011 ont, par-dessus le marché, été entachées de fraudes et de manipulations à un point tel qu’elles ont donné des résultats qui, en réalité, sont encore inconnus2. Toute autorité prétendue ne relève plus que de la force, de l’intimidation, d’un coup d’état de fait. Le principal ressort de ce coup d’état consiste à progresser, comme si de rien n’était, dans les tâches qui suivent normalement une élection et à mettre le pays et le monde devant le fait accompli.

Le Gorille Invisible du processus électoral congolais, c’est le recensement de la population. Il est indispensable pour que l’on puisse faire des comparaisons de nature à confirmer ou à infirmer les listes d’électeurs publiées par la CENI. Seule la comparaison de ces listes avec les données fournies par un recensement permettrait de procéder à la seule opération vraiment efficace contre la fraude : la dépollution du fichier électoral.

Car le problème est grave. Voici ce qu’en dit un journaliste congolais : « A propos de fausses cartes d’électeurs, il y a lieu de souligner qu’elles sont en circulation à travers l’ensemble du territoire national depuis les élections de 2006. Elles ont refait surface en 2011.

Leurs foyers de prédilection se trouvent être le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, où l’insécurité est récurrente et où les vols des kits électoraux par des membres des forces négatives, aussi bien congolaises qu’étrangères, sont monnaie courante.

Depuis la fin du processus électoral controversé de 2011, les officines spécialisées dans la fabrication de vraies-fausses cartes d’électeurs sont opérationnelles, aussi bien en territoire congolais qu’en Ouganda et au Rwanda. En RDC même, il a été démontré, plus d’une fois, que d’anciens cadres et agents impayés ou renvoyés de la CENI gardent, par devers eux, des kits électoraux à même de leur permettre de produire et délivrer de fausses cartes d’électeurs. C’est pareil pour les animateurs de plusieurs mouvements rebelles congolais en exil en terres ougandaise, rwandaise et burundaise. Bref, les « laboratoires » de fabrication de cartes d’électeurs sont si nombreux qu’ils sont en mesure d’inonder non seulement l’Est du pays mais aussi le Nord, le Centre, le Sud et l’Ouest.

2Les fraudes les plus importantes ayant eu lieu au niveau des centres de compilation, on ne pourrait se rapprocher de la « vérité des urnes » qu’en se référant aux PV des bureaux de vote, dernière opération publique et vérifiée par des témoins. Les chiffres de la CENI ne s’accompagnaient pas de ces PV, les chiffres publiés par l’UDPS, non plus. L’Eglise n’a jamais publié les résultats partiels constatés par ses observateurs malgré cette déclaration du Cardinal Laurent Monsengwo, archevêque de Kinshasa : « Les résultats publiés ne sont conformes ni à la justice ni à la vérité “. On n’a donc que des résultats dont la crédibilité est nulle. Les législatives ont été dignes de la présidentielle, sinon pires. Mais la CSJ a entériné les résultats de la présidentielle et des législatives. Le temps s’est écoulé, les résultats des élections demeureront à jamais inconnus. C’est d’autant plus certain que la CENI a fait incinérer tous les documents relatifs aux élections de 2006 et 2013 en octobre 2014, soit, en ce qui concerne les plus récents, après un délai de trois ans seulement, anormalement court pour ce genre d’affaires

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Ainsi donc, on peut considérer que le fichier électoral a complètement implosé. Car on y retrouve pêle-mêle des millions de morts, de doublons, d’éléments en uniforme, d’électeurs non congolais, de fictifs, de mineurs d’âge, etc. Par ailleurs, des millions de nouveaux majeurs manquent à l’appel. Bref, au lieu d’un toilettage des listes électorales, la CENI devrait, si un consensus est dégagé autour du calendrier électoral et des fonds conséquents sont libérés en sa faveur par le gouvernement, prioriser de nouvelles opérations d’enrôlement de tous les Congolais et Congolaises en âge de voter.

Si une actualisation globale n’est pas opérée, les Congolais et Congolaises risquent d’aller aux urnes, le moment venu, en compagnie de millions de faux électeurs3».

Non seulement le problème est grave, mais c’est le plus grave qui se pose à la RDC en matière de processus électoral. Tant qu’il n’existera pas un document fiable avec lequel comparer les listes d’électeurs, la fraude demeurera possible.

Il ne faudrait d’ailleurs pas non plus se laisser trop influencer par un foisonnement du vocabulaire (que, sous les latitudes tropicales, on aime fleuri), jusqu’à ne pas voir que souvent de nombreuses expressions différentes recouvrent un même concept. Ainsi, quand des personnes ou des organisations se disent opposée à l’organisation du dialogue, au

« glissement », au troisième mandat de l’actuel Chef de l’Etat, à la révision de la Constitution, ce ne sont que des manières différentes de prononcer « Kabila, dégage ! ». Et toute la thématique qui se rattache à la garantie d’une médiation neutre (onusienne), de la non prolongation des mandats des animateurs actuels des institutions de la RDC et du non partage des postes ministériels ou autres revient à demander que l’on n’oublie pas de donner à la nullité des résultats de 2011 toutes les suites que cela comporte.

La suite aurait dû être l'annulation pure et simple du scrutin, des enquêtes sérieuses pour déterminer les causes et origines des irrégularités, qu’on punisse les responsables, qu’on les écarte définitivement de toute responsabilité électorale et qu’on en tire les conséquences quant aux futures élections. Il aurait dû y avoir une protestation générale des démocrates de tous les partis, car un démocrate ne saurait accepter que son candidat gagne par la fraude, la corruption et le mensonge. Au lieu de quoi on n’a assisté qu’à des élucubrations pour défendre la victoire

« officielle » de JKK, et à d’autres élucubrations pour défendre celle, tout aussi hypothétique, de Tshisekedi.

Dire que la question du recensement est le problème principal des élections congolaises, que ce problème est grave, urgent, gravissime et devrait être considéré comme la priorité des priorités ne signifie pas qu’il soit le seul, nique toutes les autres questions ne soient que

« distraction » comme disent les Congolais, ou « divertissement », comme disait Pascal.

C’est simplement une invitation à prendre les problèmes dans l’ordre, c’est-à-dire : 1. Il faut procéder au recensement de la population. Comment veut-on avoir des résultats

indiscutables tant que l’on sera au « pays des électeurs inconnus ». Contrairement à beaucoup d’assertions, cette opération peut être réalisée en un temps qui se situerait entre six mois et un an.

2. L’organisation matérielle des opérations et du dépouillement doit être confiée à une entité d’où la politique sera totalement exclue. Le personnel de cette entité doit, après les

élections, devenir le corps de fonctionnaires permanents des différents services nationaux, provinciaux et locaux des affaires électorales.

3. Les scrutins de 2006 et 2011, lourdement entachés de fraude, ne méritent rien d’autre que l'annulation pure et simple Il faut des enquêtes sérieuses pour déterminer les causes et

3Jacques Kimpozo, Le Phare du 12 janvier 2016

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origines des irrégularités, qu’on punisse les responsables, qu’on les écarte définitivement de toute responsabilité électorale et qu’on en tire les conséquences quant aux futures élections.

4. Le cas qui risque de se présenter, qu’il n’y ait pas de président élu au moment où le président sortant atteindra la limite de son dernier mandat n’a pas été prévu par la Constitution. On perd donc son temps lorsqu’on discute de la constitutionnalité des solutions possibles. En quoi, d’ailleurs, la Constitution devrait-elle s’appliquer à des gens qui ne détiennent le pouvoir que par la fraude, donc en violation de la Constitution ? Si un « intérimaires » s’avérait nécessaire, il serait souhaitable de prévoir, comme au Burkina Faso, qu’il ne pourra pas être candidat.

5. Les différentes élections devront être organisées, comme cela a été prévu initialement, en allant de la base au sommet ; des locales à la présidentielle. Elles ne pourront jamais être

« couplées ».

6. La RDC aurait urgemment besoin d’un renouvellement de sa classe politique, rompue à la corruption au point que l’on devrait parler d’assuétude. Un moyen simple d’y arriver serait d’exiger une plus grande parité des genres dans les assemblées élues, et ceci dès le dépôt des listes. A l’heure actuelle, nous voyons que les femmes représentent environ 10 % des élus et aussi à peu près 10 % des candidatures. La discrimination sexiste ne se situe donc pas dans le corps électoral, mais au niveau des partis politiques. Si ceux-ci présentaient des listes paritaires, la composition des assemblées élues ferait sans doute sans grands efforts un grand bond en direction de la parité.

7. L’élection à deux tours doit être rétablie, le détenteur du pouvoir suprême devant être élu par la majorité de ses concitoyens.

8. Il faudra considérer sérieusement la nécessité de convoquer une nouvelle Constituante, afin de réformer en profondeur une loi fondamentale qui, actuellement, est bien plus adaptée aux besoins de la France qu’à ceux du Congo. En particulier, devra être examinée l’hypothèse que mieux vaudrait sans doute une présidence faible (souvent dite

« protocolaire »). Est-il d’ailleurs nécessaire d’avoir un Président ?

Il faut bien insister que le fait que cette liste ne constitue pas une carte de restaurant sur laquelle chacun fait son choix. C’est un tout qui doit être pris ou laissé comme tel. Aucune de ces huit propositions ne permettrait, à elle seule, d’assurer des élections acceptables.

Et pour être clairs, rappelons ce que veut dire ici « acceptable ».

Bien sûr, ces propositions relèvent de l’utopie ! Non qu’elles soient déraisonnables ou incohérentes. Elles sont utopiques parce que bien sûr aucune classe politique ne les acceptera.

Elles ne pourraient être mises en vigueur que par un soulèvement populaire. Quand un soulèvement populaire change fondamentalement les choses, il s’appelle une Révolution.

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L’Entrée en scène du « médiateur » et de son équipe

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Edem Kodjo est déjà rejeté par une frange importante de l’Opposition, notamment le G7 et la Dynamique de l’Opposition. Les leaders de ces deux plateformes ont clairement refusé de souscrire à la facilitation proposée par la présidente de la Commission de l’Union africaine dans le cadre dudit dialogue, annonce ce journal qui rend compte des motifs évoqués par les acteurs hostiles au dialogue.

Selon ces opposants, Mme Zuma n’a fait allusion ni à la Constitution de la RDC, ni à

’Accord-cadre d’Addis-Abeba, ni aux Résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU, dans son communiqué de presse, ni aux questions majeures relatives à la démocratie, aux élections et à l’État de droit, pourtant érigées en valeurs absolues par les textes fondamentaux de l’Union Africaine, plus particulièrement par son Acte constitutif, la Charte africaine des droits de l’Homme et des Peuples et par celle de la démocratie, des élections et de la gouvernance.

Il y a plusieurs éléments dans cette désapprobation. Certes, l’UA a publié quelque textes bien édifiants sur les questions majeures relatives à la démocratie, aux élections et à l’État de droit, érigées en valeurs absolues par les textes fondamentaux de l’Union Africaine, plus particulièrement par son Acte constitutif, la Charte africaine des droits de l’Homme et des Peuples et par celle de la démocratie, des élections et de la gouvernance.

Mais l’UA n’a pas perdu pour autant son aspect de « Syndicat des Chefs d’Etats africains ». Il n’y a qu’à voir ses réticences – confinant au refus pur et simple – à livrer Omar al-Bashir, Président du Soudan, à la CPI par ailleurs taxée maintes fois d’âtre anti-africaine, alors que visiblement on ne lui découvre ce défaut que quand elle refuse l’impunité à des criminels chefs d’Etat.

Et la nationalité togolaise de Mr. Kodjo n’arrange rien. Le règne des Gnassingbe présente l’aspect d’une « dynastie présidentielle », établie autrefois par Eyadema en tripotant la Constitution, maintenue en place par un coup de force militaire à la mort d’Eyadema et par

4Sources ; articles de la presse congolaise du 19-01-16 : Le Phare « Dialogue : le G7 et la Dynamique désavouent Edem Kodjo » * La Référence Plus : « Pour garantir le succès du Dialogue : Une équipe choc autour d’Edem Kodjo

! » - La Tempête des Tropiques : « Dialogue : Edem Kodjo déjà à Kinshasa » - Le Potentiel : » « Le G7, la Dynamique et le Front repoussent Edem Kodjo - Rejet catégorique du dialogue convoqué par le président Kabila »

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des élections truquées. Kodjo a beau sembler jouer dans tout cela un rôle positif, être du Togo lui confère une auréole qui est plutôt inquiétante que rassurante. D’autre part, il ne s’agit plus de « parvenir à un compromis » ou de « rapprocher des points de vue diamétralement opposés ». Des élections doivent être impeccables ou nulles, et il n’y a pas de milieu ! Ce que l’on attend d’une médiation internationale, c’est d’imposer cette vérité sans compromis.

Dialogue à tous prix

Arriver à tout prix à organiser un Dialogue inclusif et à éviter à la Rdc le pire, est le pari que s’est lancée la communauté internationale. Pas question que toutes les prophéties de malheur autour de 2016 ne trouvent la moindre réalisation.

La communauté internationale a décidé de jeter tout son poids dans la crise congolaise.

A travers l’Union Africaine, une machine de médiation voulue féroce et efficace a été mise en marche.

Edem Kodjo ne sera pas seul dans la grande bataille du déminage. Le Togolais sera accompagné, dans sa lourde et délicate mission, par Saïd Djinnit pour le compte de l’Onu, Ibrahima Fall pour l’Union Africaine, Thomas Perriello pour les Etats-Unis et Koen Vervaeke pour l’Union Européenne. C’est dire que cette fois ça passe ou ça casse. La Communauté internationale a pris toutes les précautions en vue de prévenir tout échec des pré-consultations autour du Dialogue. Mais, a contrario, faire sortir du bois tant de personnalités de poids à la fois va rendre de plus en plus difficile de parler de ce « Dialogue » comme « librement consenti ».

Vœu difficile

Non sans raisons, une série de pesanteurs qui menacent l‘aboutissement heureux du processus du Dialogue. En effet, une bonne frange de l’Opposition, dont la Dynamique de l’Opposition ainsi que le G7 se sont déjà signalés dans la stigmatisation d’Edem Kodjo, de l’Union Africaine et de la présidente de sa commission.

Ces deux composantes radicales de l’Opposition ont annoncé qu’elles ne rencontreraient pas l’émissaire de l’UA. Difficile dans ce cas de tenir le vœu de la présidente Kosazana Zuma qui veut que tous les acteurs de la crise congolaise se mettent rapidement autour d’une table.

Interpellation

C’est donc une véritable équipe de choc qui doit débarquer à Kinshasa. On peut tout en dire, sauf que sa composition élargie ne donne pas le gage de la crédibilité.

Sauf à vouloir compliquer la situation pour le simple plaisir de l’exercice, donc par cynisme, nul ne peut affirmer que les cinq personnalités envoyées pour baliser la voie du Dialogue ne sont pas toutes crédibles. On peut douter de l’une d’elle, c’est possible. Mais les récuser systématiquement toutes les cinq relèvent de la pure fantaisie. Celui qui se risquerait à ce jeu, va indiscutablement se mettre à dos la communauté internationale.

Cette dernière lance la croisade de la dernière chance. Il ne faut pas prendre le processus ainsi engagé à la légère. Il apparait bien être le fruit d’une étude profonde et conséquente. Voir les grandes composantes de la communauté internationale se mettre en synergie constitue toute une interpellation.

Désigné par la Commission de l’Union Africaine pour mener les consultations en vue de la tenue du Dialogue politique congolais, l’ancien Secrétaire Général de l’Organisation de l’Unité Africaine et membre du Comité de Sages de l’Union Africaine (UA), le Togolais Edem Kodjo est arrivé lundi 18 janvier soir à Kinshasa.

L’émissaire de l’UA a débuté ses consultations ce mercredi 20 janvier 2016 et va devoir se mettre à l’écoute de différentes parties concernées, afin de recueillir leurs points de vue sur

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le Dialogue politique en RDC. La tâche s’annonce difficile pour le Togolais. Surtout quand on sait que chaque camp politique campe sur sa position.

A l’UDPS, parti d’Etienne Tshisekedi, l’heure est à la réflexion. Comme elle a eu à le faire devant les émissaires de la communauté internationale, l’UDPS ne manquera pas sans doute de brandir sa feuille de route pour la sortie de crise, document dans lequel le parti de Limete donne sa position sur le dialogue qui, selon l’UDPS, doit se tenir conformément à l’Accord – Cadre d’Addis-Abeba et les Résolutions 2098; 2211 du Conseil de Sécurité des Nations Unies avec la facilitation d’un médiateur international pour arbitrer ce forum5.

Arbitrer ? Modérer ? Faciliter ?

La définition de ce que le médiateur international devrait faire lors de ce « dialogue » est très clairement la pierre d’achoppement, notamment entre l’UDPS et le Majorité. Il est facile de voir que l’UDPS l’imagine jouant un rôle actif et passablement autoritaire, non pas tellement par goût pour les formules « musclées » que, tout simplement, pour faire contrepoids au poids de la présidence (et des forces de répression) toujours entre les mains de Kabila. Au fond, Tshhisekedi lui ferait volontiers jouer le rôle de Président d’une sorte de cour de justice internationale chargée de juger les responsables des fraudes de 2011. La Majorité, au contraire, y verrait volontiers un personnage ornemental et décoratif, ne jouant qu’un rôle consultatif et n’intervenant que s’il en est prié. Entre le Juge et le garçon de course, il y a une marge qui laisse passer un solide tirage !

Edem Kodjo aura fort à faire pour convaincre l’Opposition dont différentes plates- formes ne jurent que par l’organisation des élections dans le délai constitutionnel. Pour Me Jean-Claude Katende, porte parole du Front Citoyen 2016, une des plaies-formes de l’Opposition, le dialogue est une bonne chose en démocratie, mais dans le contexte Congolais, ce forum n’a plus d’importance. C’est pourquoi il exhorte le chef de l’Etat Joseph Kabila à respecter les règles du jeu et à déclarer publiquement qu’il ne briguera pas un troisième mandat.

Le G7, la Dynamique et le Front repoussent donc en bloc et Edem Kodjo et le dialogue convoqué par le président Kabila

Se tiendra, se tiendra pas ?

La désignation par l’Union africaine d’Edem Kodjo comme facilitateur n’a donc pas dissipé les malentendus.

A peine nommé à ce poste, Edem Kodjo doit faire face à un front qui se dresse contre lui. Dans un communiqué conjoint, signé hier lundi à Kinshasa, le G7 et la Dynamique de l’Opposition réservent une fin de non-recevoir à la démarche de l’Union africaine. « Le Front citoyen 2016 » s’est aussi prononcé sur le contenu du communiqué de Mme Zuma. Cette frange de l’Opposition, farouchement opposée au dialogue, est d’avis que l’UA se fait embarquer par le président Kabila. C’est, susurre-t-on dans les rangs du G7 et de la Dynamique, comme si la

5Le chef de l’UDPS, en convalescence en Belgique depuis plus d’un an, a annoncé son retour prochain au pays : son parti est divisé sur la question du dialogue national, tandis qu’Etienne Tshisekedi lui-même est l’objet d’accusation d’escroquerie et de faux en écriture par 25 dissidents de son parti qui ont porté plainte contre lui. Par ailleurs, le « Front citoyen 2016 » a présenté sa charte qui entend défendre une stricte application de la constitution : le Front, qui a été rejoint par les dissidents de la majorité présidentielle du G7, a désigné deux dirigeants des mouvements Asadho et Filimbi comme coordinateur et porte-parole du Front. Toujours du côté de l’opposition, l’ancien gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, a évoqué des primaires pour la future élection présidentielle pour laquelle il sera candidat selon toute vraisemblance : il a déclaré être en train de faire le tour de toute l’opposition pour tenter d’avoir un candidat unique. Quant au G7, il a demandé à la CENI de ne pas se plier aux injonctions de la majorité présidentielle lorsqu’elle déclare que la publication du calendrier électoral sera subordonnée à la conclusion d’un accord politique dans le cadre du dialogue national. Du côté de la majorité, le parti présidentiel projette une marche pour la paix dans le pays en mémoire de la marche des Chrétiens morts en 1992, tandis que les évêques catholiques ont annulé la leur de crainte qu’elle ne soit récupérée politiquement : le

« Front citoyen 2016 » a décidé quant à lui de célébrer cet évènement.

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déclaration de l’UA était rédigée à Kinshasa. Ces derniers trouvent aberrant que l’Organisation continentale ait déjà dicté un format au dialogue, bradant les limites fixées dans la Constitution, notamment dans l’organisation des élections.

Pour toutes ces raisons, le G7, la Dynamique de l’Opposition et le « Front 2016»

s’inscrivent dans la logique du respect de la Constitution dans ses dispositions les plus pertinentes, notamment celles verrouillant le mandat du président de la République. « Le G7 et la Dynamique de l’Opposition réitèrent leur rejet catégorique du dialogue convoqué par le Président Joseph Kabila, car inopportun et sans objet. Par conséquent, ils ne peuvent souscrire à la facilitation initiée par Mme la Présidente de la Commission de l’Union africaine dans le cadre dudit dialogue », lit-on dans ce communiqué.

En lieu et place d’appeler à un dialogue sans raison politique valable, le G7 et la Dynamique pensent que la communauté internationale et l’UA feraient mieux « de s’investir pour que la RD Congo revienne à la vie d’un Etat normal, de tout mettre en œuvre afin que le Président Kabila, garant de la Constitution, la respecte et libère la démocratie ainsi que le processus électoral, gages de l’unité nationale, de la paix, de la stabilité et du développement durable en République démocratique du Congo ». « La crédibilité et l’image de l’Union Africaine en dépendent », conclut le communiqué.

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Communiqué conjoint du G7, de la Dynamique et du « Front 2016 »

1. Les regroupements de l’opposition politique en République Démocratique du Congo, le G7 et la Dynamique de l’Opposition, ont pris connaissance du communiqué de Madame la Présidente de la Commission de l’Union Africaine (UA), daté du 14, janvier 2016, relatif au dialogue national convoqué par le Président Joseph Kabila.

…..

9. Le G7 et la Dynamique relèvent que ce communiqué ne correspond pas à la réalité de la situation politique actuelle en République Démocratique du Congo et ne reflète pas les aspirations démocratiques du Peuple congolais. Ce communiqué témoigne, en plus, que la Commission de l’UA est soit mal renseignée, soit insuffisamment informée de ce qui se passe en ROC.

10. La Dynamique de l’Opposition et le G7 rappellent à l’intention de la Communauté internationale, en général, et de l’UA, en particulier, que la crise artificielle actuelle en RD Congo a été délibérément créée par le Président Joseph Kabila et sa famille politique, la Majorité présidentielle, qui tiennent à demeurer au pouvoir contre la volonté du Peuple congolais et en violation de la Constitution de la République, pacte fondateur de la Troisième République et socle des valeurs républicaines et démocratiques sur lesquelles reposent la cohésion nationale, la paix civile et la stabilité institutionnelle en République Démocratique du Congo;

11. Afin d’atteindre cet objectif de conservation du pouvoir par la force, le Président Kabila et ses partisans ont mis en œuvre une stratégie planifiée de :

• blocage du processus électoral;

• restriction des libertés fondamentales ;

• violation organisée des droits de l’Homme;

• répression de toute contestation, même pacifique, de leur politique de gestion du pays.

Cela est bien la preuve d’une gouvernance totalitaire qui s’installe dans le pays.

5. Le G7 et la Dynamique de l’Opposition déplorent que le communiqué de presse de Madame la Présidente de la Commission de l’UA ne fasse nullement allusion à la Constitution de la RDC et aux questions majeures soulevées ci-dessus, relatives à la démocratie, aux élections et à l’Etat de droit, pourtant érigées en valeurs absolues par les textes fondamentaux de l’Union Africaine, plus particulièrement par son Acte constitutif, la Charte africaine des droits de l’Homme et des Peuples et par celle de la démocratie, des élections et de la gouvernance. De même, ils s’étonnent de ce que Madame la Présidente ignore totalement les la RDC.

6. Pour la Dynamique de l’Opposition et pour le G7, la position de Madame la Présidente de la Commission exprimée dans ce communiqué n’est pas susceptible de faciliter le déblocage rapide du processus électoral et de consolider la démocratie en RDC. Au contraire, elle va exacerber la tension politique et éloigner davantage toute perspective d’organisation des élections, plus spécialement de la présidentielle et des législatives que les Congolais attendent dans le délai constitutionnel.

7. Plus grave, la position de Madame la Présidente de la Commission de l’UA apparaît comme une caution inacceptable apportée à la tentative du Président Kabila et de sa Majorité, de remettre en cause l’ordre politique et institutionnel démocratique convenu par toutes les forces vives de la Nation congolaise au Dialogue

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inter congolais à Sun City, en Afrique du Sud, sous l’accompagnement conjoint de l’Organisation des Nations Unies (O.N.U), et de l’Union africaine (UA), en 2002;

8. Le G7 et la Dynamique de l’Opposition soulignent qu’à l’heure actuelle, il n’y a pas de crise institutionnelle ou constitutionnelle en République Démocratique du Congo qui puisse justifier la tenue d’un forum national après celui de Sun City qui a permis :

• la conclusion d’un compromis historique consacré par la Constitution du 18 février 2006 adoptée par 85% du Peuple congolais;

• le rétablissement de la paix en RDC et le recouvrement de’ son intégrité territoriale;

9. La Dynamique et le G7 rappellent et réaffirment que la crise actuelle est artificielle. Elle est, en effet, l’expression de la volonté du Président Kabila de tuer la démocratie en RD Congo en se façonnant un nouvel ordre politique et une nouvelle Constitution qui lui garantissent une présidence à vie, ce que les Congolais, déjà meurtris par trente-deux ans de dictature, ne peuvent accepter ni tolérer.

10. Pour le G7 et pour la Dynamique, toute solution à l’impasse actuelle, intentionnellement créée, passe impérativement par:

• le respect de la Constitution de la République;

• l’alternance démocratique conformément à la Constitution;

• l’organisation d’élections libres, pluralistes, transparentes et crédibles, dans le délai constitutionnel.

11. De tout ce qui précède, le G7 et la Dynamique de l’Opposition réitèrent leur rejet catégorique du dialogue convoqué par le Président Joseph Kabila, car inopportun et sans objet. Par conséquent, ils ne peuvent souscrire à la facilitation initiée par Madame la Présidente de la Commission de l’Union africaine dans le cadre dudit dialogue.

12. Enfin, la Dynamique de l’Opposition et le G7 lancent un appel pressant à la Communauté internationale et à l’Union africaine en particulier, qui, par ailleurs, se sont tant investies pour que la RD Congo revienne à la vie d’un Etat normal, de tout mettre en œuvre afin que le Président Kabila, garant de la Constitution, la respecte et libère la démocratie ainsi que le, processus électoral, gages de l’unité nationale, de la paix, de la stabilité et du développement durable en République Démocratique du Congo.

13. La crédibilité et l’image de l’Union Africaine en dépendent.

Fait à Kinshasa, le 18 janvier 2016 Pour le G7

Charles Mwando Simba

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Moyen Orient

Daesh et son pétrole

Avant même les attentats de Paris, la coalition anti-Daesh avait attaqué les infrastructures pétrolières de l'Etat islamique en Syrie. Pourquoi ? Parce que les Occidentaux soupçonnent fortement Daesh de tirer une part non négligeable de ses revenus de l'exploitation pétrolière. Mais pas seulement, comme nous allons le voir.

Comme le rappelait il y a quelques mois Intelligence Stratégique, une des stratégies appliquées par les armées et les services secrets occidentaux contre le terrorisme est de viser là où cela fait mal : au portefeuille. Pour cela, les Occidentaux visent à déstabiliser et déstructurer les réseaux financiers sur lesquels s'appuient ces réseaux terroristes – pas toujours avec le succès escompté – mais aussi de s'attaquer à leurs sources de revenus.

Le pétrole est donc au cœur de la lutte contre le groupe Daesh.

Le brut mithridatisé

Mais avant de nous intéresser aux approvisionnements de Daesh et à ses sources de revenus, revenons un instant sur la réaction du cours du baril aux attentats de Paris.

Il fut un temps où le cours du brut aurait immédiatement réagi à une telle attaque et aux conséquences géopolitiques qu'elle allait forcément entraîner. Une flambée haussière, de forte ampleur mais de courte durée, se serait emparée des cours, comme au moment du déclenchement de la Guerre en Irak en août 1990, où le cours du Brent était passé de 17 $ à 27 $ en un mois.

La Guerre d'Irak (2003-2011) a quant à elle vu le cours du pétrole passer de 29 $ en moyenne en 2003 à plus de 110 $ en 2011. Bien sûr, le conflit irakien était loin d'être la seule cause de cette progression, mais chaque événement géopolitique majeur de ces dernières décennies a fait réagir le pétrole.

Depuis environ deux ans, tout a changé. Le cours du pétrole s'est mithridatisé aux événements géopolitiques. Crise entre l'Ukraine et la Russie, poussée de Daesh, tensions redoublées au Proche et Moyen-Orient... le baril ne semble remarquer ni le sang ni les armes.

Sa seule source de préoccupation, c'est le déséquilibre entre l'offre et la demande. Et tout particulièrement le spectaculaire bond de l'offre.

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Conclusion, le cours du Brent est passé de 43,6 $ vendredi 13 novembre à 44,91 $ le lundi 16. Pour retomber à 44 $ depuis. On ne peut pas dire que le baril frémisse. Et pourtant, comme je vous le disais, les bombardements de la coalition anti-Daesh visent clairement et spécifiquement les infrastructures pétrolières.

L'Etat islamique, et son bas de laine

Selon une étude réalisée par le Think Tank américain Rand Corporation, Daesh dispose d'un revenu journalier (journalier !) dépassant le million de dollars. Une étude de Reuters estime quant à elle que ses revenus annuels atteignent 2,9 milliards de dollars.

Difficile de trouver des chiffres qui se recoupent mais disons que Daesh ne manque pas de ressources financières et que le groupe s'en fait une gloire d’affirmer haut et fort être le groupe terroriste le plus riche de la planète (joli palmarès) avec un trésor de guerre supérieur à 2 000 milliards de dollars (total de ses actifs).

Quelles sont les ressources financières de Daesh ? Malgré le flou qui entoure ses revenus, on peut dégager plusieurs sources d'approvisionnements :

- Et tout d'abord les revenus générés par leurs activités illégales et criminelles : enlèvements, vols, rançons, pillages... Pour rappel, en juin 2014, le groupe s'est ainsi emparé des réserves de la banque centrale de Mossoul, estimées à 425 millions de dollars.

Le groupe a ainsi mis en place, dans les régions qu'il contrôle, un véritable système de prélèvement sur les salaires des fonctionnaires irakiens et syriens (d'après le New York Times, ce prélèvement irait jusqu'à 50%).

Daesh se finance aussi très largement par le racket. La même enquête du New York Times révèle que les commerçants et entreprises sont taxés à environ 20%.

Signalons aussi la vente d'antiquités. Si vous vous intéressez à l'archéologie, vous avez forcément en tête les images de la destruction très médiatisée du site antique de Palmyre en Syrie.

Ces images de propagande cachent une réalité bien plus complexe. Les objets archéologiques de petite taille – ou du moins de taille transportable – font l'objet depuis des mois d'un intense trafic. Les fouilles illégales se sont multipliées et le marché de l'archéologie est inondé d'objets de provenance plus que douteuse.

Paradoxalement, leur valeur marchande est peut-être leur unique chance d'échapper à la destruction...

- Une autre part provient des financements extérieurs. La question est complexe et hautement subversive mais disons que l'Arabie saoudite, le Qatar et d'autres pays sont très fortement "soupçonnés" d'aider, directement ou indirectement, Daesh de manière sonnante et trébuchante.

- Enfin, le pétrole représente une part non négligeable des ressources de Daesh, avec un revenu estimé entre 100 millions et 500 millions de dollars l'année dernière. Soit – et selon les différentes sources et estimations – entre un sixième et un tiers de ses revenus.

Les ressources pétrolières de Daesh

Présent essentiellement en Irak et en Syrie, deux pays producteurs de pétrole, l'Daesh a logiquement mis la main sur certains champs pétroliers mais aussi sur certains réseaux de distribution du brut. Daesh ne contrôle pas forcément les régions les plus riches en puits (comme le sud de l'Irak) mais celles qu'il contrôle suffisent à lui assurer de confortables ressources pétrolières, et ce d'autant plus que le groupe a fortement étendu son "califat" au cours des 12 derniers mois.

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Daesh contrôle ainsi par exemple les champs pétroliers de l'ouest de l'Irak et surtout de l'est de la Syrie, dans la province de Deir ez-Zor. Les estimations de production sont évidemment difficiles à établir mais selon les chiffres du Financial Times, elle approcherait des 48 000 barils par jour. D'autres estimations, datant de l'été 2014, l'estiment à 70 000 barils par jour. Par comparaison, l'Irak produisait en 2014 plus de 3 millions de barils par jour. La Syrie a quant à elle vu sa production s'effondrer depuis 2010, passant de 620 000 barils/jour à, officiellement, à peine plus de 22 000.

Une grande partie de ces ressources sert à alimenter les besoins du groupe lui-même, ainsi que des régions qu'elles contrôlent.

Une autre part est destinée à l'exportation. Et c'est là que cela se complique, du moins sur le papier. Car évidemment, les autorités internationales interdisent l'achat de pétrole made in ISIS et cela ferait vraiment très mauvais effet pour une « major » pétrolière occidentale d'aller se fournir en brut auprès de ces délices de la nature humaine que sont les membres de Daesh.

Autant financer directement ses activités criminelles et terroristes – quoique certains Etats ne s'en privent pas.

La filière pétrolière made in ISIS

Malgré cette interdiction internationale, le groupe terroriste parvient sans trop de problème à écouler sa production. Comment fait-il ? Le Financial Times a mené l'enquête l'été dernier et décrit en détail la filière empruntée par le pétrole extrait sous l'égide de Daesh, des puits de pétrole jusqu'aux circuits permettant à ce pétrole de rejoindre les acheteurs finaux, en passant par les raffineries installées en Irak et en Syrie.

Comme le souligne le FT, Daesh ne contrôle pas forcément toute la chaîne de transformation et de distribution de son pétrole mais peut s'appuyer sur des collaborations locales aussi bien en Syrie qu'en Irak. Le pétrole extrait est raffiné – avec des qualités diverses – dans des raffineries, parfois mobiles, situées essentiellement dans les régions de Deir ez-Zor, de Racca et d'Alep. Certaines de ces raffineries sont directement possédées par Daesh, d'autres collaborent.

Les dérivés du brut sont ensuite acheminés via divers moyens (camions, dos d'âne, etc.) principalement vers la Turquie où ils peuvent ensuite rejoindre des circuits plus ou moins

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officiels. Après tout rien ne distingue un baril de pétrole d'un autre si bien que certains ont pu accuser des « majors » occidentales de vendre du pétrole produit par l'Daesh.

Daesh dispose de deux atouts dans ce commerce. Le premier, c'est sa capacité à casser les prix. Le groupe vend son pétrole entre 10 $ et 30 $ le baril (contre 45 $ environ pour le Brent actuellement).

Le second, et sans aucun doute le plus important, est l'existence d'un marché captif, à savoir le territoire du prétendu califat mais aussi tous les groupes œuvrant dans la région. Ainsi, les groupes armés luttant contre le régime de Bachar el-Assad s'approvisionnent en partie auprès de Daesh.

Le pétrole, talon d'Achille de Daesh ?

Je vous le disais, le pétrole made in Isis est une goutte dans un océan de brut et le groupe terroriste dispose d'autres sources de revenus que le pétrole. En outre, l'aspect mouvant de la filière pétrolière de Daesh lui permet de s'adapter et de se relever rapidement après une frappe.

Malgré tout, cette filière est particulièrement symbolique, et c'est ce qui explique qu'elle soit visée par les bombardements occidentaux.

Daesh accorde une place de choix au pétrole, symbole de sa puissance politique et financière. Le groupe veut s'imposer comme Etat. Il en a pris le nom, a instauré un califat, a frappé monnaie... et essaie d'établir une administration, en particulier sur le pétrole.

Le groupe aimerait ainsi mettre en place une « major » étatique (une compagnie nationale) chargée de contrôler ses ressources en pétrole. Pour cela, le Daesh islamique recrute : ingénieurs, ouvriers, et spécialistes en tout genre de l'industrie pétrolière. Une main-d’œuvre qualifiée dont le groupe a crucialement besoin. D'après les experts, les champs pétroliers de Daesh en Syrie sont vieux, technologiquement dépassés et produisent de moins en moins.

Pour la coalition, outre l'aspect symbolique, les frappes sur les infrastructures pétrolières de Daesh sont une opération de communication. Lutter politiquement et diplomatiquement contre Daesh, mener une cyberguerre ou même s'attaquer à ses réseaux financiers, c'est moins médiatique, cela passe moins bien à l'image que des bombardements d'infrastructures pétrolières. Une raffinerie en feu, c'est plus parlant qu'un compte bancaire bloqué.

Voilà pourquoi les frappes contre le pétrole de Daesh n'ont que peu d'influence sur le marché international du pétrole. Mais elles en ont symboliquement. Le talon d'Achille n'est pas économique, il est symbolique.

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Grands Lacs

ALERTE ROUGE AU BURUNDI - LE GLAS SONNE - L’AVENIR DE LA REGION DES GRANDS LACS SE DESSINE AU BURUNDI

Par Prosper NDUME PELE Nzogu

I. Les faits

Il se passe quelque chose d’historiquement important au Burundi depuis avril-mai 2015, qui découle de l’échec des accords issus des « négociations » ordonnancées dont les bases ont toujours été altérées à partir des officines de l’Occident, et donc l’issue connue à l’avance.

Les très puissants mediasmensonges s’étonnent comme tout le monde de voir la bombe à retardement contenue dans pareils accords éclater dans un pays où, pourtant, tous les ingrédients explosifs étaient si ingénieusement réunis !

La crise burundaise a pour origine la politique coloniale de « diviser pour mieux régner » qui, certes avec plus de répercussions au Rwanda qu’au Burundi, avait instauré le système de prise de pouvoir à visage ethnique sur fond de cocktail politique d’intolérance et d’hypocrisie, érigé en modèle d’accession au pouvoir.

Ce modus operandi pour « arracher » le pouvoir est à la base des crises cycliques au Rwanda depuis 1959, lesquelles ne sont en fait que reprint des scénarii au Burundi à partir de 1961-2, avec la main noire de l’Occident toujours derrière.

L’incurie de la communauté internationale commence par la conception et le financement du conflit interethnique par les superpuissances du Nord, les Américains en tête, qui, pour leurs divers intérêts, arment les Tutsi et déstabilisent les Hutu en vue d’affaiblir la nation burundaise.

Après un macabre bilan des centaines de milliers de morts et autres dégâts matériels immenses, les mêmes Occidentaux imposent aux parties burundaises un dialogue, des négociations, qui accouchent des fameux Accords d’Arusha, d’une rare iniquité, avec une clé de répartition de 50% - 50% entre Hutus et Tutsis pour la

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composition d’une armée d’un pays constitué d’environ 85% de Hutu et 15% de Tutsi !

Le partage de responsabilités d’Etat ayant suivi pratiquement la même logique de disproportionnalité dans les autres institutions, à savoir 60% pour les Hutus et 40% pour les Tutsis, nul ne devrait être surpris par la témérité risquée de Nkurunziza pour un troisième mandat inconstitutionnel.

En fait, comme Patrice Emery Lumumba et Mzee Laurent Désiré Kabila en Rd-Congo, le président burundais croit plutôt à un rêve, une mission, un devoir patriotique de reconstituer les équilibres politiques naturels dans une société burundaise dont 85% de la population ainsi défavorisée, est d’ethnie hutue comme lui.

Le discret travail réalisé dans ce sens autour du président Nkurunziza durant quasi une décennie, celui de rassemblement de toutes les forces combattantes hutu du Burundi et du Rwanda, parmi lesquelles les redoutables Imbonerakure, la jeunesse du parti au pouvoir au Burundi, des éléments des ex Far et autres Interahamwe de triste mémoire, auxquelles il faut ajouter les Mayi-Mayi de la Rd- Congo, constitue le point focal de la crise burundaise.

Il est même la motivation profonde des Hutu burundais dans leur élan spontané de soutenir avec force le maintien de Nkurunziza au pouvoir en violation des Accords d’Arusha et de leur propre Constitution.

Persuadé que l’opinion est dans son essence volonté de majorité, et estimant que plus de 85% de la population du pays sont prêts à exprimer leur choix par toutes les voies démocratiques dont le référendum, une option du reste tout à fait légitime, judicieuse et rationnelle pour le Peuple burundais, mais rejetée par la communauté internationale pour des raisons faciles à deviner, le chef de l’Etat burundais se dit légaliste et démocrate. Et il n’a pas tort sur ce point.

Grâce à la solidité des structures politiques et sécuritaires visibles et invisibles qu’il a pu aménager, et qui lui ont permis de contrôler la situation avant, pendant et après le déclenchement des manifestations d’opposants à sa candidature à un troisième mandat au scrutin présidentiel prévu au 26 juin 2015, le chef de l’Etat burundais, suffisamment informé des velléités putschistes qui se manifestaient au Burundi, s’est permis de quitter Bujumbura en plein feu pour se rendre en Tanzanie où il a pris part au sommet régional consacré à la crise politique de son pays.

II. Les réactions traditionnelles

L’échec de la tentative de coup d’Etat militaire menée par le compagnon d’armes du président burundais, le général Godefroid Niyombare, manipulé par les mêmes souffleurs occidentaux et régionaux, artisans du chaos dans la région des Grands-Lacs, ne pouvait qu’indisposer les géniteurs des accords conflictogènes qui tiennent à la pérennisation d’un système politique atypique, démocratiquement désaxé, favorable à la précieuse minorité tutsie.

C’est pour des raisons évidentes, d’ordre purement ethnique, que les présidents rwandais et ougandais, avec le soutien des mêmes grandes puissances du Nord, craignant la contagion dans leurs pays respectifs, et naturellement en Rd- Congo aussi, ont voulu stopper l’élan de Nkurunziza de reconstituer une puissance politique et militaire hutu dans la région des Grands-Lacs.

Dans son jeu favori d’exploiter le génocide rwandais de 1994 comme fonds de commerce, Paul Kagame qui sait nier tous les faits réels, a aussitôt brandi l’arme

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de menace d’un conflit ethnique. Il s’est référé aux dizaines de milliers de paysans burundais, essentiellement tutsis, qui, fuyant leur pays depuis le début de la crise de peur de revivre les épisodes de guerre civile d’il y a dix ans, s’exilent chaque jour pour la plupart au Rwanda.

Ayant bien perçu ce qui se préparait autour de Nkurunziza, la communauté internationale dont la politique consiste à entretenir le chaos dans la région en

« divisant pour mieux régner », garder la mainmise sur la région et exploiter ses immenses ressources naturelles, a tout tenté pour dissuader le président Nkurunziza et son clan ethnique à taire leurs ambitions pourtant légitimes à tous égards, celles d’enterrer le fameux Accord d’Arusha, inique, source de conflit et explosif pour le pays et l’ensemble de la région.

L’Occident, à travers la Belgique, veut une fois de plus mettre le Burundi et la région des Grands-Lacs à feu et à sang par ses ingérences intempestives visant, comme par le passé, à soutenir les Tutsi et leur conquête sanguinaire du pouvoir perdu depuis l’historique révolution sociale faite avec l’aide des démocrates belges, vers la fin des années cinquante.

A cet effet, la communauté internationale accrédite les mystifications éhontées répandues par les mediasmensonges européens et régionaux pour justifier lesdites ingérences et d’autres morts, comme au Rwanda en 1993-4.

Connaissant par cœur la dimension géostratégique de la guerre que se livrent les superpuissances mondiales dans les Grands-Lacs, les medias menteurs ont jusque-là préféré enfermer la nouvelle crise burundaise dans un carcan politique. Ils se gênent naturellement de la présenter et l’analyser dans sa véritable ampleur ethno- communautaire de peur d’étaler les effets dévastateurs de la vile « politique de deux poids, deux mesures », non conforme aux valeurs et principes de la démocratie, que leurs maîtres prescrivent à travers des accords conflictogènes et détonateurs.

Cette presse de la farce qui ne vibre qu’au rythme des intérêts des superpuissances du Nord, se trouble en parlant de véritables points de friction qui se sont multipliés depuis avril-mai 2015, et se multiplieront encore davantage dans les semaines à venir, entre le Burundi et son voisin rwandais.

Contrairement à ce venin médiatique, les Hutu et les Tutsi burundais ne s’opposent pas à l’aventure de Nkurunziza. On retrouve plutôt des

« Twagiramungu » et des « Bizimungu » dans le camp des Tutsis burundais qui combattent Nkurunziza, et vice versa dans une moindre mesure au sein du pouvoir.

L’ordre a été intimé à cette presse de la mystification de ne pas évoquer les questions relatives au plan d’assassinat du président Nkurunziza, et à l’existence au Rwanda des camps d’entraînement des jeunes burundais et rwandais qui y sont recrutés, formés, et dont nombreux périssent lors des différentes attaques menées contre le Burundi à partir du territoire rwandais.

Les intelligences à rebours, faites d’arrière-pensées, de dénis de droit, d’indécisions, d’incertitudes et de paradoxes, à l’origine du règne de la terreur des pouvoirs des minorités sur les majorités en Afrique centrale, craignent de conclure que les Pierre Nkurunziza, Mzee Laurent Désiré Kabila… sont nombreux dans la région des Grands-Lacs, d’une part, et tuer le président burundais aujourd’hui entraînerait toute la région des Grands Lacs dans un carnage généralisé difficile à maîtriser, d’autre part.

Les mediasmensonges manquent le moindre courage d’évoquer l’excentricité de la posture politique du président rwandais qui s’oppose farouchement au troisième mandat interdit de son ancien allié et homologue burundais Pierre

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Nkurunziza alors qu’il est pleinement engagé lui-même dans le même schéma de glissement, confirmant justement que le problème se situe plutôt ailleurs qu’au niveau du respect des Accords et de la Constitution.

III. L’évidence de la dimension ethnique de la crise burundaise Fondé sur la culture de l’hypocrisie partagée par les uns et les autres, le discours ethnique est encore sous-jacent et la propagande de haine quasi dissimulée au Burundi, par rapport au Rwanda en 1993, mais la crise tourne autour du même conflit politico-ethnique qui a toujours été à l’origine des événements sanglants dans les deux pays depuis les indépendances.

Comme au Rwanda en 1993-4, un groupe hutu burundais au pouvoir se retrouve dans la même logique d’exiger « son droit » et le respect des règles de

« majorité » démocratique lui confisqués par la force et par le sang, ainsi que par des accords qui ne sont conformes ni au droit international ni à la Charte des Nations Unies.

Ce groupe tient à préserver le pouvoir par tous les moyens, y compris la violence et la manipulation de l’ethnicité les plus extrêmes, de la même manière qu’il croit être défavorisé et frustré.

Même ainsi fardé, le discours ethnique est le même qu’au Rwanda, en 1993- 4 : « Le peuple majoritaire a donné le pouvoir au Président », allusion faite à la majorité hutu, tandis que les ennemis, les Tutsi, sont désignés sous le vocable de

« diables ». Culture d’Ubwenge, d’Ugengwe, et croyances religieuses obligent.

Comme les milices et autres gardes présidentielles au Rwanda en 1993-4, la

« Force de protection des institutions » regroupe aujourd’hui au Burundi, et très subtilement, toutes les alliances militaires entre anciens groupes armés à base ethnique qui se sont réactivées autour du discret travail de rassemblement des forces hutu du Burundi, du Rwanda et même du Congo voisin, les conjonctions de la mémoire ethnicisée n’étant jamais permanentes au Rwanda comme au Burundi, et la faute ou la responsabilité une voie à sens unique.

Les structures ethniques de la société et des partis politiques sont restées pratiquement les mêmes au Burundi. Et malgré leur côté cosmétique, les fameux accords conçus en Occident et imposés aux parties signataires se sont avéré inefficaces face aux graves problèmes liés aux clivages séculaires de la société burundaise et rwandaise, entre Hutu et Tutsi.

Le contexte du moment au Burundi est pratiquement le même qu’au Rwanda en 1959 ou 1993, où la manipulation intelligente par des élites extrémistes du fait ethnique réel ou supposé, a permis la constitution du radicalisme distinctif, tandis que la barbarie de l’ignorance qui pousse aux massacres de masse porte les mêmes parafes symptomatiques du génocide, notamment le ciblage ethnique des victimes et des lieux à attaquer, la préméditation extrémiste, l’immensité des tueries.

C’est depuis quatre ans que le pouvoir de Nkurunziza a annoncé son dessein de revisiter la lettre et l’esprit des Accords d’Arusha signés en 2000. Il en est de même de l’Accord Global de cessez-le-feu qu’il avait signé au nom de son mouvement armé, en novembre 2003, avec le gouvernement de transition.

Le Cndd-Fdd confirmait ainsi la caducité de certaines dispositions des dits accords, qui ne devaient plus « servir de référence dans le règlement des différends politiques liés au processus électoral ».

En dépit des artifices qui caractérisent le train des uns et des autres, les dispositions en question se rapportent essentiellement au mode d’élection du

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président de la République pour la période post-transition et aux modalités de répartition des postes de responsabilité à tous les niveaux.

Le pouvoir de Bujumbura n’a jamais fait mystère de son rejet de l’Accord d’Arusha en estimant que le partage du pouvoir tel que rendu obligatoire par l’accord était « contraire à la réalité des urnes ».

En 2004, on a vu resurgir le même ressentiment ethnique lié à :

§ la politique de restitution des terres et propriétés ;

§ des tentatives de changement institutionnel radical ou de révision constitutionnelle ;

§ des divisions profondes de l’Uprona, allié politique institutionnel du Cndd- Fdd, manipulées par les Hutu au pouvoir ;

§ des manifestations de l’opposition suivies de condamnations à perpétuité de ses militants et de l’emprisonnement des défenseurs des droits de l’homme ;

§ tous ces calculs guerriers attribués au pouvoir qui armait les Imbonerakure et consorts.

Comme Juvénal Habyarimana qui traitait les autres Accords d’Arusha, au Rwanda, de « chiffon de papier », Nkurunziza ne mâche pas ses mots non plus : « Les Accords d’Arusha ne m’engagent pas ».

Aux insistances des parrains des dits accords, qui prétendent que ceux-ci constituent « le socle » de paix, de sécurité et de réconciliation sur lequel s’est construit le Burundi au cours de ces 13 dernières années, le Cndd-Fdd répond par une ferme volonté de remanier en profondeur la Constitution de 2005 en :

§ renforçant le poids de l’exécutif ;

§ modifiant le nombre de mandats présidentiels consécutifs ;

§ reconstituant les équilibres politico-ethniques ;

§ supprimant les deux postes de vice-président « ethniquement équilibrés » pour les remplacer par un Premier ministre aux pouvoirs renforcés et un vice- président honorifique ;

§ optant pour le principe de la majorité simple au lieu de la majorité de blocage des 2/3 pour les votes dans un Parlement déjà composé à 60% de Hutu et 40% de Tutsi.

Telles seront les questions majeures à l’ordre du jour des négociations en vue entre les deux parties au conflit.

IV. L’ampleur régionale et internationale

La crise burundaise annonce ainsi clairement l’explosion avec fracas du compteur de l’hypocrisie internationale.

En tant que perpétuel recommencement, mais avec une nouvelle donne, à savoir le soutien de la Chine, la Russie et l’Angola au président Nkurunziza, l’Histoire renvoie les uns et les autres à davantage de circonspection.

La même odeur de changement radical se sent au Rwanda où tous les ingrédients de la pétarade sont bien réunis autour d’une armée contrôlée à 95% par la minorité tutsi dans une population dont elle ne représente qu’environ 10% !

Il en est de même de la Rd-Congo où le problème se pose plutôt en termes de libération du pays de l’occupation étrangère.

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Au moment où le nouvel épisode de la tragédie congolaise est en gestation au Rwanda et en Ouganda, « Joseph Kabila » et le pouvoir d’occupation qu’il incarne en Rd-Congo sont en train de préparer le terrain en assemblant davantage d’assaisonnements à cet effet, notamment la violation de la Constitution et la cannibalisation du processus électoral.

La prochaine attaque du Congo ne devra pas non plus être une surprise, mais les Congolais ont finalement accepté de mourir pour chasser l’imposteur rwandais

« Joseph Kabila » d’ici là. Il a tellement trahi et meurtri la Patrie de Mzee Laurent Désiré Kabila, son père adoptif, que, comme tous les Brutus, la colère de Dieu ne lui épargnera aucune humiliation.

V. Que faire concrètement ? Le glas sonne.

La crise burundaise est, à n’en point douter, l’étincelle qui a mis le feu aux poudres dans la région des Grands-Lacs.

Comme au Rwanda en 1993-4, l’humanité est en train de revivre au Burundi la même psychose du silence diaboliquement concerté, sous l’impulsion de la sainte communauté internationale, toujours partisane et imprédictible.

Le Burundi est confronté au même conflit interethnique séculaire qui resurgit avec force et constitue, en tous les cas, la meilleure expression de la dénégation de la « solution de paix » toujours imposée par la sainte communauté internationale et fondée sur des bases fausses, des agendas étrangers et des accords partiaux.

A l’instar de la tragédie du Burundi en perspective, les maîtres du monde n’ignoraient rien de l’ethnocide qui couvait au pays des mille collines voisin, de la crise politique ayant engendré l’autre périlleux accord d’Arusha à l’impuissance des casques bleus en passant par l’attentat qui couta la vie aux deux Présidents rwandais et burundais, Juvénal Habyarimana et Cyprien Ntaryamina.

Toutes les nations du monde, l’Afrique noire en particulier, doivent cesser d’attendre qu’un miracle se produise au Burundi, comme en Rd-Congo avec ses 10 millions de mort, ou au Rwanda avec l’exode massif des réfugiés et l’intervention controversée de la France, pour pousser l’opinion au réveil, à l’émotion et à l’interrogation.

Tout ce qui convient d’être engagé pour prévenir un nouveau carnage stupide et inutile au Burundi et dans la région en général, doit être fait immédiatement, quand il est temps, au lieu de subir encore ce qui peut être évité et s’amuser plus tard à décrire et rappeler le fatal enchaînement du drame, à chercher à en déformer les origines et le déroulement ou à imposer une thérapeutique inappropriée, scandaleusement coûteuse, incohérente parce que toujours intéressée, et par conséquent inefficace.

Il n’est pas tard de rétablir la Vérité, la Justice, et donc la Paix des esprits et le redressement d’une situation désastreuse qui, au vu et au su de tous, tend vers une nouvelle hécatombe dans la région.

Il convient essentiellement de détruire le virus de division ethnique inoculé par les colonisateurs et les missionnaires à l’époque, et savamment entretenu aujourd’hui par les mêmes impérialistes prédateurs du Nord bien identifiés, lesquels, pour leurs propres intérêts, manipulent bassement et opposent les élites du Rwanda, du Burundi et de l’ensemble de la région.

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