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Le cavalier aux géants anguipèdes et trois autres statues gallo-romaines de Tongres

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ARCHAEOLOGIA

BELGICA

219

Anne CAHEN-DELHAYE

LE CA V ALlER AUX GÉANTS ANGUIPÈDES

ET TROIS AUTRES STATDES GALLO-ROMAINES DE TONGRES

BRUXELLES 1979

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LE CAVALIER AUX GÉANTS ANGUIPÈDES

ET TROfS AUTRES STATUES GALLO-ROMAINES DE TONGRES

(3)

ARCHAEOLOGIA BELGICA

Dir. Dr. H. Roosens

Etudes et rapports édités par Ie Service national des Fouilles

Pare du Cinquantenaire 1

1

040 Bruxelles

Studies en verslagen uitgegeven door de Nationale Dienst voor Opgravingen

Jubelpark 1 I

040

Brussel

©

Service national des Fouilles

Dl 1979/0405/10

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I

I I I I I I

ARCHAEOLOGIA

BELGICA

219

Anne CAHEN-DELHA YE

LE CA V ALlER AUX GÉANTS ANGUIPÈDES

ET TROIS AUTRES STATUES GALLO-ROMAINES DE TONGRES

BRUXELLES 1979

(5)

INTRODUCTION

11 y a douze ans, on découvrit fortuitement, au creur de la ville de Tongres, quatre sculptures romaines d'une remarquable qualité*.

Les quatre statues Iapidaires furent mises au jour en octobre 1967 lors du creusement d'une tranchée à l'aide d'une pelle mécanique. La tranchée destinée à accueillir une canalisation traversait Ie terrain de l'Ecole Technique de I'Etat situé dans la Keverstraat et dont la construction était alors imminente. Dès qu 'il fut averti de la découverte, Monsieur H. Lenaers, Ie Surveillant des Travaux au Ministère des Travaux Pubiics, alerta Ie Service national des Fouilles qui déiégua surplace M. J. Mertens. Celui-ei entreprit quelques recherches qui permirent de récupérer dans les débiais de u x fragments du cavalier au x anguipèdes cassés par l 'excava-trice. Malheureusement, Ie contexte stratigraphique n 'a pu être précisé compte tenu des circonstances de la trouvaille.

Les statues ont été découvertes dans un vaste complexe cultuel romain situé au nord de l'antique villede Tongres, l'Atuatuca Tungrorum. De 1964 à 1968, Ie Service national des Fouilles y a effectué d'importants sondages dirigés par M. Mertens (1). Le complexe était adossé à la puissante muraille d' enceinte qui protégeait la ville. 11 comportait un temple élevé sur un podium et composé d'une cella quadrangulaire entourée d'un péristyle et précédée d'un pronaos. Le temp Ie, probablement décoré de fresques et de placages de marbre, était entouré d'un vaste portique à galerie auquel des bätiments annexes étaient accolés. Par ailleurs, ce complexe, long de 130 m au moins et large de 77 m, avait été édifié sur une terrasse artificielle vers Ie début du Ile siècle de notre ère. Le matériel archéologique d 'époque flavienne recueilli dans Ie remblai de la terrasse laisse supposer que Ie site avait accueilli un sanctuaire antérieur. Les sculptures auraient été trouvées dansou sous le remblai de cette terrasse artificielle. Le cavalier à l'anguipède n° 1, l'anguipède n° 2 et la base de Mercure no 4 auraient été exhumés en deux endroits distincts, très probablement entre Ie templeet Ie portique(2) (fig. 1). On ignore

* A ma demande, Madame Cahen-De1haye a bien voulu étudier ces sculptures qui étaient

restées trop 1ongtemps inédites. Je remercie Ie personne1 du Service photographique de l'Institut royal du Patrimoine artistique pour la réalisation des pbotos dont Ie copyright appartient à ce même étab1issement. Je remercie également M. Lenaers à qui nous devons la récupération et la sauvegarde de ces reuvres. H.R.

1 J. MERTENS, Een Romeins tempelcomplex te Tongeren, Kölner Jahrbuchfür Vor- und Frühgeschichte, 9, 1967-1968, pp. 101-106, ID., Le cavalier à l'anguipède de Tongres, Revue archéologique, 1972, pp. 173-175, ID., Anoniem Romeins ruiterbeeld te Tongeren, Limburg, LI, 1972, pp. 56-61 et Openbaar Kunstbezit in Vlaanderen, 1971, pp. 25 a et b. 2 Aucun archéo1ogue n'a assisté à la découverte.

(6)

6 INTROOUCfJON

0 20m

I

Fig. 1. Plan du sanctuaire de Tongres (d'après J. Mertens) et situation approximative des statues (en hachuré).

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TNTRODUCTION 7

cependant ou a été découverte la statue de femme drapée n° 3. Ces dépöts évoquent ceux qui étaient habituellement enfouis dans lesfavissae creusées à proximité des sanctuaires romains.

Notons enfin que les recherches archéologiques n 'ont pas livré l'identité de la divinité ou des dieux honorés dans ce sanctuaire.

Les quatre sculptures sont taillées dans un calcaire jurassique qui provient du sommet de 1 'étage bajocien. La pierre serait issue du massif de Longwy qui s 'étend de la Lorraine française au Grand-Duché de Luxembourg(3). Malheureusement, les statues sont fort mutilées et fragmentaires. 11 s' a git d' reuvres d' assez petites dimensions: les persannages sont réduits au moins à la moitié de leur taille réelle. Enfin, ces sculptures sont anépigraphes.

Ces reuvres ont été déposées au Musée provincial gallo-romain de Tongres qui en assure la conservation (4).

3 La détermination de la matière et de sa provenanee nous a été comrnuniquée par les laboratoires de l'Institut royal du Patrimoine artistique que nous remercions.

4 Je remere ie vivement M.J. Smeesters, Directeurdu Musée gallo-romain de Tongres, qui m'a orientée dans mes recherches bibliographiques et M. Vanvinckenroye, pour les renseignements relatifs à la découverte et sa situation.

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LES STATDES

1. Groupe du cavalier aux deux anguipèdes

(fig. 2 à 5)

Inv. n° 69A I. Haut. 75 cm. Dimensions du socle, 50 X 28 cm de cöté sur 4 cm d'ép. Bibliogr. sélective: J. M(ERTENS), Tongeren: Romeins beeldhouwwerk,

Archéologie,

1967, pp. 76-77, pl. IX; ID. Anoniem, Romeins ruiterbeeld te

Tongeren,

Limburg,

51, 1972, pp. 56-61 et fig.; ID., Le cavalier à J'anguipède de Tongres,

Revue archéologique,

1972, 1, p. 175.

Calcaire jurassique blanchätre à légère patine jaune-grisätre, très dur, très coquillé, avec des restes de polypier et quelques oolithes (5). Nombreuses traces de

gradine.

Le cavalier est assez mutilé. Il manque la tête, Ie bras droit, la moitié de l'avant-bras gauche, la jambe gauche et la moitié inférieure de la jambe droite. L'extrémité du manteau ainsi que legenou droit sontendommagés. L'épaule droite et Ie sommet du torse, sectionnés lors de la découverte, ont été recollés.

Le cheval a les pattes et la queue brisées tandis que les oreilles, Ie sommet de la crinière et le museau sont éraflés. La tête de l'animal, brisée lors de la découverte, a été recollée.

Les géants anguipèdes ont le bras gauche sectionné et l' attribut qu 'ils tierment dans la main droite est abîmé. De plus, le géant situé à droite du cavalier a l'extrémité des queues brisées et les genoux éraflés. Le socle est sectionné à l'arrière.

Le groupe comporte un cavalier dressé sur sa monture qui estlancéeau galop et foule aux pieds deux géants anguipèdes figurés dos à dos, presque couchés au sol.

Le cavalier tournait légèrement la tête vers la droite. On distingue sur la nuque les mèches touffues d 'une longue chevelure bouclée à 1' anglaise. Le mouvement de l'épaule et du départ de !'avant-bras droits indique que Ie bras était levé et même légèrement incliné vers l'arrière du corps, dans )'attitude du lancier qui charge. L'avant-bras gauche allongé Ie long du torse laisse supposer que la main devait tenir les rênes de la monture. Les jambes nues et musclées sont accolées aux flancs de l' animal: la gauche est repliée tandis que la droite est tendue à la verticale. La figure équestre est vêtue d'une

lorica segmentata,

une cuirasse à segments hori-zontaux vraisemblablement constituée de lamelles de cuir, pourvue d'un rang de petits ptéryges semi-circulaires et Iisses. A I' emplacement de la taille, on distingue un

cingulum,

ou ceinture, nouée à hauteur de l'ombilic. Par dessus la cuirasse, le

5 ldentification assurée par les laboratoires de I'Institut royal du Patrimoine artistique (D.I. 67/674).

(9)
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11

LES STATUES 11

cavalier porte un longpaludamentum, l'épais manteau militaire, qui est reten u par une fibule sur l'épaule droiteo Le vêtement couvre le sommet du torseet Ie flanc ga uche du guerrier pour venir reposer sur la croupe du cheval; I' étalement du dra pé à l'arrière du corps suggère Ie mouvement rapide de la montureo Le cavalier porte également une tunique assez courte dont on aperçoit les plis creux ouverts sur la cuisse droite. Il a une stature puissante et son attitude est à la fois sereine, assurée et triomphanteo

Le cheval, légèrement cabré, prend appui par Ie ventre sur les queues des géantso Les deux pattes arrières sont étendues tandis que les deux autres devaient être Ievées puisqu'elles ne reposent ni sur les corps des géants, ni sur le socleo La tête assez petite est tournée à gauche; I' épaisse crinière marquée par des mèches ondulées tombe à droite. La bride qui rnaintient Ie mors dans la gueule de I' animal est soigneusement détaillée: notons qu'une phalère apparaît à la jointure dufrontal et des têtières et que les rênes sont tenduso Le cheval est harnaché d'un tapis de selle quadrangulaire fixé par une sangle qui pas se derrière les pattes antérieures et par un large pan d'étoffe tendu sur Ie poitrail et maintenu sur Ie flanc droit par une fibule discoïde; les angles avant du tap is se relèvent et forment quelques plis qui suggèrent l'action du vent. Lapeau souple de ]'anima] est légèrement plisséeau cou et près des patteso Mais dans !'ensemble, Ie modelé de la monture est peu détaillé et plutot mou. Celie-ei présente néanmoins de bonnes proportions et son attitude est bien campéeo

Les deux anguipèdes hippophores sont représentés dans un style totalement différent: leur attitude contorsionnée et leur physionomie tourmentée reflètent une souffrance extrême qui contraste avec la figure majestueuse du cavalier et de sa montureo Les deux monstres sont des hommes nus dont les jambes se transfarment à hauteur des genoux en corps de serpent. Ceux-ci sont enroulés en spirale, amincis vers l'extrémité et terminés chacun par une petite tête sommairement ébauchéeo Chaque monstre tient un gourdin dans la main droite(6)o Tous deux ont une musculature particulièrement puissante: les pectoraux sont larges et très saillants, les bras et les cuisses sont fort épais. Leur tête, enfoncée entre les épaules, a une expression pathétique et douloureuse que traduisent la chevelure formée de grosses mèches ondulées et rassemblées en un épais bandeau autour de la face, de grandes oreilles pointues, un peu bestiales, et un visage angulaire et brutal. Celui-ei est caractérisé par un front court et fuyant qui ex prime Ja bêtise, des arcades sourciliè-res saillantes, des yeux profondément enfoncés dans leur orbite etauregard dirigé

6 L'attribut des anguipèdes a été identifié à une rame qui est I 'emblème des Tritons, autre

monstre à queue serpentiforme, par GOCho PICARO, Imperator Caelestium, Gallia, 35, 1977, pp 0 92-93, note 13 0 Notons cependant que dans la plupart des représentations de ce type, on a reconnu une massue dans la main de I' anguipède: EO EsrERANDIEU, Recueil

général des bas-reliefs, statueset bustes de la Gaule et de laGermanie romaine, Paris,

(12)

12 LES STATUES

vers le haut, un nez épais à la base, des joues plates, une machoire carrée, imberbe et une bouche ouverte sur un cri de douleur.

Le géant situé à droite du cavalier est accroupi, Ie tronc fortement incliné vers le sol, la jambegauche pliée contre le bassin tandis que la droite est allongée vers l'arrière. Lebras gauche est également étendu vers l'arrière tandis que le droit était dirigé vers l'avant. La tête est toumée à droite. L'autre géant est presque couché, le dos chevauchant le sol et l'autre monstre. 11 tentede se relever à l'aide de son bras droit dont la main repose à l'extrémité du socle. Lebras gauche est accolé au corps tandis que les jambes sont relevées. La poitrine est trop proéminente et le visage a une expression plus bestiale que celle de son parent

Fig. 4. Le groupe du cavalier aux anguipèdes n° I, vu de profil.

©

I.R.P.A.

Le cavalier est revêtu du paludamentum, insigne du pouvoir suprême

à

(13)

LES STATUES 13

réservée au x empereurs (1). IJ est en effet anné d 'une cuirasse à segments analogue à celle des simples légionnaires (8). 11 porte la chevelure longue, abondante et bouclée, comme Jupiter. Si I' on en juge par d'autres représentations similaires, le cavalier de Tongres devait tenir dans la main droite une lance ou Ie foudre qui est l'attribut du dieu suprême.

Le groupe du cavalier aux anguipèdes devait couronner un monument reli-gieux bien connu en Gaule et en Germanie et dont la forme et la décoration obéissaient à certaines règles(9). C'était une colonne de dimensions modestes,

supportée par deux piedestaux et couronnée d'un groupe en ronde bosse. Sur un soubassement assez large, s'élevait une base parallélépipédique appelée pierre à quatre dieux. En effet, celie-ei était généralement décorée, sur les quatre faces, de figurations en relief représentant chacune une divinité romaine, généralement Junon, Mercure, Hercule et Minerve. Ensuite un socle intermédiaire octogonal ménageait la transition avec la colonne proprement dite. 11 était d'ordinaire orné des personnifications des sept jours de la semaine en plus desquelles figurait

souvent !'image de Junon. Une dédicace apparaissait parfois sur la pierre à quatre dieux ou sur Ie socle intermédiaire. Elle était toujours vouée à Jupiter Optimus Maximus ou à Juno Regina. La colonne dont la hauteur variait de 2 à 12 m, était

ronde, fuselée et souvent garnie d'imbrications. Elle était coiffée d'un chapiteau corinthien décoré de quatre têtes ou bustes féminins en relief symbolisant les

saisons, les heures du jourou les äges de la vie. C'est ce chapiteau qui soutenait Ie groupe du cavalier dont la monture terrasse Ie géant anguipède. 11 faut soulignee que, panni les très nombreuses représentations de ce groupe, la sculpture de Tongres occupe une place unique par la présence de deux monstres chtoniens au lieu d'un seul (10).

On connaît actuellement quelque 160 colonnes au géant qui ne nous sont

souvent parvenues qu' à I' état fragmentaire. Leurairede diffusion couvre surtout la Germanie supérieure et la partie orientale de laBelgica, mais atteint la Bretagne, Ie

bassin de Ia Loire et cel ui du Bas-Rhin. Le monument de Tongres figure en bordure

7 Ch. DAREMBERT, Edm. DAGLIO, Dictionnaire des antiquités grecques et romaines, Paris,

s. d., IV 1, p. 295, s.v. Paludamentum.

8

e.c.

VERMEULE,HellenisticandRomanCuirassedStatues,Berytus, XIII, 1, 1959,p. 24,

F2, pl. XXI, n° 64.

9 P. LAMBRECHTS, Contributions à l' étude des divinités celtiques, Brug es, 1942, pp. 81-99,

G. BAUCHHENSS, Jupitergigantensaülen, Stuttgart, 1976, p. 7; ID., Zur Entstehung der

Jupitergigantensaülen, Archäologisches Korrespondenzblatt, 4, 1974, p. 359.

10 Il existe en outre d' au tres variantes telle groupe de Stuttgart ou Ie géant est terrassé par

un bi ge: E. EsPERANDIEu,op. cit., Germanie, n° 407; voir aussi, pour les autres différences, G.Ch. PICARD, loc. cit., pp. 90, 92 sqq.

(14)

14 LES STATUES

norct-occidentale de la plus grande concentration des monuments à l'anguipède

localisée dans les bassins du Rhin et de la Moselle (11 ).

Les colonnes de ce type étaient élevées dans des lieux très divers, dans les villes et les campagnes, dans les grands domaines et les fermes, maïs aussi dans les sanctuaires, comme Ie groupe de Tongres, dans les cimetières, aux carrefours et près des cours d 'eau et des sourees (12).

Les quelques inscriptions dédicatoires qui nous sont parvenues nous appren-nent que les donateurs étaient souvent de simples bourgeois dont la plupartont des noms à résonnance celtique(13). Ces mêmes inscriptions foumissent des indica-tions chronologiques précises. Elles attestent que ce type de monument a été élevé entre 170 et 246 de notre ère(14

).

Par Ie style, Ie groupe de Tongres se rattache à la tendance de I' art officie! à Rome, lorsqu'il a assimilé les techniques du répertoire classique hellénistico-ro-main. En effet, la composition savamment équilibrée témoigne d'une grande maîtrise sculpturale. L'reuvre est à la fois marquée par Ie courant classicisant qui apparaît dans nos provinces sous Ie règne des premiers Antonins (15 ) et Ie courant hellénistique de l'école de Pergame. Ainsi, Ie cavalier, par son attitude digne et équilibrée, évoque les guerriers qui figurent sur la colonne trajaneet les reliefs de Trajan incorporés à l'arc de triomphe de Constantin à Rome, de style purement classique. Par contre, les géants sont inspirés par !'art pathétique de la célèbre gigantomachie qui omait Ie Grand Au tel de Zeus à Pergame et ou I' on voit Jupiter et les dieux de l'Olympe combattre les Géants, fils de laTerreet du Chaos, divinités chtoniennes à queue serpentiforme. Le style violent et expressionniste et les représentations de gigantomachies ne furent à la mode dans I 'art aulique qu 'à partir du milieu du Ile siècle de notre ère. Dès lors, nous estimons que Ie groupe de Tongres ne peut pas être antérieur au règne d' Antonin Ie Pieux (138-161), voire de Marc-Aurèle (161-180) ni postérieure au

n

c

siècle(16 ).

Par Ie sens aigu des volumes, la connaissance approfondie de !'anatomie et !'harmonie de la composition, Ie groupe de Tongres se range parmi les meilleures sculptures découvertes dans nos provinces. Il surpasse la majorité des productions de cavalier à I' anguipède dont la réalisation est généralement hiératique ou stylisée,

11 G. BAUCHHENSS, op. cit., pp. 10, 11 et carte.

12 F. BENOîT, Les mythes del' outre-tombe. Le cavalier à l' anguipède et l' écuyère Epona

dans Coll. Latomus, lil, 1950, p. 14.

13 P. LAMBRECHTS, op. cit., pp. 86-89.

14 G. BAUCHHENSS, op. cit., pp. ll-12; G.Ch. PICARO, loc. cit., pp. 91-92.

15 J .J. HAIT, Esquisse d 'une histoire de la sculpture régionale de Gaule romaine, Revue des Etudes anciennes, 59, 1957, pp. 76-107.

16 G.Ch. PICARO, loc. cit., p. 112, R. BIANCHl BANDlNELLl, Rome, le centre du pouvoir,

(15)

Fig. 5. Quelques détails du groupe n° l: le cavalier, la tête du cheval et les physionomies des deux géants anguipèdes.

© I.R.P.A

.

(16)

16 LES STATUES

voire sommaire et gauche. Le sculpteur de Tongres a témoigné d'une étonnante qualité d'assimilation de Ja technique du répertoire hellénistico-romain. Par sa composition savante et équilibrée, cette reuvre peut rivaliser avec Jes meilleures productions provinciales relevant de I' art officie!.

Enfin, l' interprétation de la signification symbolique de ce groupe a intéressé, depuis Je siècle dernier, un grand nombre de chercheurs et suscité de nombreuses

hypothès~s (17). Cette scène fictive figure sûrement une allégorie de type

mani-chéen; en effet, comrne l' anguipède symbolise le monde infernal et que le cavalier porteles insignes du dieu suprême, on a vu dans ce dualisme Ja représentation de la Jutte triomphale de deux forces fondamentalement opposées et qui illustreraient deux idées abstraites. Ainsi, Jes archéologues ont interprété le groupe comme la victoire du bien sur le mal, de la vie sur Ja mort, de la religion sur l'hérésie ou encore de J'ordre sur le chaos, de la civilisation sur )'anarchie et de l'empereur sur les barbares. Il faut encore signaler J'explication deP. Lambrechts qui y voit la figuration d'une conception religieuse celtique et l'interprétation purement funé-raire de F. Benoît(1B).

Enfin, tout récemrnent, deux érudits, MM. Picard et Bauchhenss, ont recon-sidéré séparément !'ensemble des représentations de ce groupe et ont abouti simultanément à une interprétation convergente(19). Ils se basent d'une part sur I' origine de la colonne au géant qui dérive certainement des colonnes supportant une statue de Jupiter trönant et dont l'existence est attestée dès le règne de Néron. Ils se fondent d' autre part sur les quelques inscriptions dédicatoires des colonnes au géant qui nous sont parvenues. Comrne ces monuments sont consacrés

à

Jupiter ou son épouse, Ju non, ils interprètent l' allégorie comme l' exhaltation de la victoire du dieu suprême, incarné par l'empereur, qui terrasse ses ennemis << identifiés aux

démons du mal>>. Dès lors, ce monument serait l' expression de l' idéologie de la propagande officielle, tout comrne les gigantomachies classiques dontiJ s'inspire. Les colonnes au cavalier à l' anguipède représenteraient donc une des formes du culte impérial qui fut à l'honneur dans les provinces gauloises et germaniques.

2. Fragment d'un anguipède

(fig. 6 et 7)

Inv. n° 69A3. Haut. 12,7cm. Long. du socle, 24cm maximum.

Calcaire jurassique blanc cassé à patine jaunätre, tendre. Quelques restes d'engobe blanchätre dans les creux. Traces de gradine.

17 Voit F. DE HERTLEIN, Die Jupitergigantensaülen, Stuttgart, 1910.

18 P. LAMBRECHTS, op. cit., pp. 89-98 et LD., Recherches nouvelles sur la colonne du dieu-cavalier au géant anguipède, Bulletin de l'Académie royale de Belgique, cl. des Lettres, 5e s., 34, 1948, pp. 535-548, F. BENOîT, op. cit., pp. 11-24.

(17)
(18)

Fig. 7. Détails de l'anguipède n° 2: les figures de serpent qui prolongent les cuisses du géant.

©

I.R.P.A.

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LES STATUES 19

11 ne subsiste que la moitié inférieure de l'anguipède: Ie bas du bassin et les cuisses humaines qui se transfarment en corps de serpent. La cuisse droite et une partie du serpent qui la prolonge sont sectionnés.

L'anguipède repose sur un socle épaissi vers l'arrière et dont la forme était probablement quadrangulaire. Il est représenté nu et accroupi, les cuisses écartées, et est doté d'une musculature

à

la fois puissante et massive. Les cuisses sont relativement courtesetIe sexe est esquissé sommairement. Le monstre est assi sur un élément énigmatique, allongé, courbé et assez épais. A hauteur des genoux, chaque jambe se prolonge par un corps de serpent modelé en ha ut relief sur un fond rugueux. Le reptile, au profil triangulaire, longe la base du socle, passe sous les musdes fessiers pour se redresserensuite en s'incurvant; à l'extrémité, on distin-gue Ie cou arrondi et la tête de profil de !'anima!. Celui de gauche a la tête relevée dans Ie prolongement du corps, I' reil globuleux, labouche fermée et une expres-sion sereine. La tête du serpent de droite est, par contre, menaçante: elle est représentée à !'horizontale, I' reil profondément enfoncé et labouche ouverte qui crache trois traits, probablement de feu.

Ce fragment de statue appartient très vraisembl biement à un second groupe du cavalier au géant anguipède, portant à trois Ie nombre des ensembles lapidaires de ce type trouvés dans Ie sol de Tongres(2°). Les dimensions dufragment laissent supposer que Ie groupe dontil est issu s'apparentait par la taille au précédent (n° 1). 11 n'en possède cependant pas les qualités plastiques. La composition en est moins élaborée quoique Ie corps soit assez bien modelé. La musculature tendue suggère bien l'effort du géant qui devait être accroupi, Ie torse incliné vers Ie sol sous le poids du cheval qui devait Ie terrasser. Quelques groupes de cavalier à l' anguipède foumissent d' excellents parallèles: Ie monstre y présente la même position accrou-pie et une inclinaison similaire du tronc(21).

3. Femme drapée acéphale

(fig. 8 et 9) Inv. n° 69A4. Haut. 42 cm.

Calcaire jurassique blanchätre à patine gris cl air, dur et criblé de petits trous dans la masse.

La tête, les deux avant-bras et les pieds manquent, l'attribut est brisé; quelques plis sont éraflés et Ie drapé est endommagé sous Ie bras gauche.

20 J. BREUER, H. VAN OE WEERO, Les fouilles de Tongres, de 1934 et 1935 (Rapport provisoire), L'Antiquité Classique, 4, 1935, pp. 493-495, pl. XXXVlli.

21 C'est l'anguipède de Grand, dans les Vosges, qui offre Ie plus de ressemblances: E. EsPERANorEu, op.cit., n° 4900, voir aussi n° 4768 et G. BAUCHHENSS, op.cit., figg. 24, 25, 29.

(20)
(21)

LES STATUES 21

La figure féminine est représentée debout, dans une attitude légèrement hanchée. Le poids du corps repose sur la jambe gauche, raide, tandis que la jambe droite est un peu fléchie. Lebras droit s'écarte un peu du corps alors que le gauche est accolé au flanc, le coude plié qui indique que !'avant-bras s'avançait à !'hori-zontale. Dans le creux du coude gauche repose l'extrémité d'un attribut dontil ne subsiste qu'un croissant plat et mince prolongé dans le même plan d'un élément discoïde creusé de deux incisions horizontales.

L'effigie est largement drapée dans un

chitón

,

une tunique souple à manches et un

himation

,

un manteau fait d'un tissu plus épais, sans doute en laine. La tunique qui deseend jusqu 'au bas des moliets voile tout Ie corps dont elle souligne les formes amples. Le manteau est accroché au sommet de l'épaule droite et deseend dans le dos d'ou un pan estramené en plis épais et serrés sous le torse, puis remonte sur l'épaule gauche et est rejeté dans le dos. En outre, une découpe triangulaire recouvre le bassin et tombe sur le genou droit. Le drapé au modelé délicat et varié accroche la lumière tout en ménageant des ombres. Le traitement de la draperie, à la fois souple et diversifié, met en valeur le corps au modelé harmonieux et sobre.

Les proportions rigoureuses témoignent d'une connaissance approfondie de !'anatomie. Cette reuvre qui rassemble toutes les qualités plastiques de la sculpture classique, semble dériver d'un prototype grec de la période hellénistique. En effet, plusieurs parallèles existent dans la production de l'école de Rhodes et du sud-ouest de I' Asie Mineure et dont l'original a été daté de la fin du IVe oude la première moitié du Ille siècle avant notre ère(22). Ce prototype est aussi reproduit par la célèbre Uranie du Vatican(23). On y retrouve la même position hanchée ou la jambe gauche est portante, la même attitude des bras et le même agencement des draperies. Le type a été abondamrnent illustré et apparaît encore à l'époque d 'Hadrien (117 -138) sous les traits d 'une Abondance qui ressemble étroitement à la statue de Tongres (24). Des plus, il s'est vulgarisé en Gaule dans la production coroplastique (25).

On peut dès lors supposer que le sculpteur qui a réalisé la statoe de Tongres a été formé dans un atelier officie! imprégné d'esprit hellénistique. Or, la vague d'influences hellénistiques se manifeste en Gaule sous Ie règne des Antonins et

22 M. BIEBER, The Sculpture of the Hellenistic Age, New- York, 1961, fig. 516-518, J. INAN, Roman Sculpture in Side, Ankara, 1975, pl. XLVIII, n° 39, pp. 103-105. 23 G. LrPPOLD, Die Skulpturen des Vaticanischen Museums, Berlin-Leipzig, 1936, lil, 1,

pl. 8, n° 504, pp. 30-33.

24 G. KASCHNITZ-WEINBERG, Scullure del Magazzino del Museo Vaticano, Rome, 1936

-1937, pl. XXVI, n° 97, pp. 56-57.

25 M. RouvrER-1EANLIN,Lesfigurines gallo-romaines en terre cuite au Musée des Antiqui

(22)

I

11

(23)

LES STATUES 23

connut son apogée sous Hadrien (26). Nous sommes dès lors tentée de situer cette statue dans la première moitié du He siècle de notre ère.

La sculpture tigure très vraisemblablement une divinité que l'attribut permet-tait autrefois de désigner. Dans le répertoire romain, ce type de figure féminine porteleplus souvent l'attribut del' Abondanceoude la Portune: la cornupia, une come remplie de fleurs et de fruits, dont la base repose dans le creux du bras gauche(27). Par ailleurs, si la femme drapée était associée à la statue dédiée à

Mercure dont nous avons conservé la base (n° 4), on serait tenté de l'attribuer à la Portune dont le concept est inséparable du négoce (28 ).

4. Base d'une statue de Mercure

(fig.

10)

Inv. n° 69A2. Haut. 20 cm. Dimensions du socle, 20

x

13,8 cm de cöté sur 3 cm d'ép. au bord. Bibliogr.: J. M(ERTENS), Tongeren: Romeins beeldhouwwerk, Archéologie, 1967, p. 77, pl. X.

Calcaire jurassique tendre, blanc cassé, à patine jaunätre. Engobe blanchätre assez épais conservé dans de nombreux creux et sur la face arrière du pilier; restes de peinture ocre sur le coq. Traces de gradine sur Ie pilier et sur Ie socle.

De la statue, il ne subsiste que le socle dont un cöté est brisé et un angle mutilé, un coq acéphale auquel il manque la patte droite, un pilier sectionné et une tortue surlaquellerepose l'extrémité du pied de ladivinité auquel il manque legros orteil.

Nous ne possédons de !'effigie du dieu que la plante et quatre orteils assez allongés du pied gauche chaussé d'une semelle épaisse retenue par une double lanière passantentrele gros orteil et !'index. Le pied droit devait reposer dans la partie brisée du socle. Les dimensions du pied gauche réduites à moitié de la grandeur naturelaissent supposer que la taille de la divinité devait atteindre quelque 80 à 90cm.

Le pied repose sur la carapace d'une tortue juchée au sommet d'un tas de petites piemes. Le reptileest sommairement esquissé: Ja carapace marquéede simples croisillons incisés, la queue un peu longue et les pattes munies de trois ou quatre griffes à peine ébauchées.

La divinité devait s' appuyer au pilier qui se trouvait à sa gauche. Ce support a une section reetangulaire et une base parallélépipédique lisse. Un coq bien campé et élégant y est accolé. 11 est représenté debout, la patte droite en avant. Son plumage est bi en détaillé: 1' aile repliée est divisée en cinq bandes parallèles

26 J.J. HATT, loc. cit., pp. 94-100.

27 Voirparexemple: E. ESPERANDlEU,op.cit., nos 1743,1835,2607, Germanie, n° 687. 28 Ch. DAREMBERT, Edm. SAGuo, op. cit., II, 2 p. 1277, s.v. Fortuna. Je remercie Ie

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(25)

LES STATUES 25

marquées par des incisions obliques et la queue déployée en panache comporte plusieurs palmes striées soulignées d'un épais bourrelet incisé. Les pattes semblent s'enfoneer dans le sol meuble.

Le socle qui était vraisemblablement rectangulaire, s'épaissit vers le centre. Le coq et la tortue permettent d'attribuer avec certitude la statue à Mercure, fils de Jupiter, messager des dieux et divinité tutélaire du commerce, des négo-ciants et des voleurs. La tortue se rapporte à un épisode mythique selon lequel Me reu re aurait inventé la lyre des poètes en creusant une carapace de ce reptile qu 'il aurait dotée de trois cordes. Dans l'iconographie gallo-romaine, la tortue est

généralement représentée entre les pieds de la divinité (29). Par ailleurs, le coq

accompagne très souvent les représentations de Mercure trouvées en Gaule(3°), tout comme le bouc ou le bélier qui a peut-être été figuré dans la partie manquante.

Mercure est le dieu Ie plus répandu de la Gaule romaine, à la fois dans 1 'épigraphie ou son nom apparaît surplus de 400 inscriptions et dans l' iconographie ou il est généralement représenté sous le traits de l'Hermès gréco-romain jeune,

imberbe, drapé dans une chlamyde et coiffé du pétase(31). Habituellement, il a les

chevilles ailées et ti ent le caducée, symbole de la paix, dans la main gauche et la bourse qui représente le profit dans la main droite.

Notons que les représentations animales ont connu une grande faveur dans

!'art romain, tant dans l'iconographie impériale qu'en Gaule. 11 convient de

rappraeher la statue du coq, de figurines gallo-romaines de bron ze et de terre cuite:

!'attitude de I'oiseau et Ie traitement du plumage sont très apparentés(32).

29 Voir par exemple E. EsPERANDlEU, op. cit., n° 1263 et Oermanie n° 108.

30 H. VERTET, Remarques sur !'aspect et les attributs du Mercure gallo-romain populaire

dans Ie Centre de la Gaule, Hommages à Albert Grenier, 1968, III, p. 1612.

31 P. LAMBRECHTS, op. cit., pp. 121 sqq.

32 H. MENZEL, Die römischen Bronzen aus Deutschland ll. Trier, Mayence, 1966, n°5 28,

97, pil. 12-15, 45, G. FAIDER-FEYTMANs,Recueil des bronzes de Bavai dans VIIIe supplé-ment à<< Gallia», Paris, 1957, n° 173, pl. XXIX, M. Rouv!ER-1EANLIN, op.cit., n° 1188, p. 386.

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11 11

SYNTHÈSE

Les circonstances défavorables de la découverte des quatre statues n' ont pas pennis de connaître les conditions de leur enfouissement et nous privent des indications chronologiques qu'aurait pu foumir l'étude stratigraphique du sol. Le groupe du cavalier aux anguipèdes et la statue féminine drapée sont les deux seules pièces scylistiquement datables: les comparaisons ont pennis de les attribuer au Ile siècle de notre ère.

Les sculptures proviennent certainement de différents monuments religieux. Deux d' entre elles couronnaient chacune une colonne au cavalier à I' anguipède tandis que la base de la statue de Mercure et I' effigie de femme drapée sont issues d'un ou deux monuments distincts sans rapport avec les colonnes. Cette trouvaille pourrait suggérer que plusieurs divinités étaient honorées dans Ie sanctuaire de Tongres. On y vénérait sans doute Ie dieu du commerce qui connut une grande faveur en Gaule et l'on y pratiquait aussi Ie culte impérial si l'on admet l'hypothèse que les colonnes au géant étaient dédiées à I'empereur.

Les quatre reuvres sont imprégnées de l'art officie} romain, ce qui laisse supposer l'existence d'un excellent atelier de sculpture à Tongres, du moins sous Ie règne des Antonins. Toutefois, compte tenu de la nature du matériau, on ne peut totalement exclure une origine plus méridionale. Au cours du He siècle, Tongres était déjà devenu un centre florissant gräce aux exploitations agricoles de la riChe Hesbaye et la bourgeoisie devait faire étalage de son faste en érigeant des monu-ments ostentatoires commandés auprès des meilleurs artistes.

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T ABLE DES MA TIÈRES

Introduetion

5

Les statues . . .

. .

. .

.

. .

. .

. . .

8

1.

Groupe du cavalier aux deux anguipèdes

. . .

.

. . .

8

2. Fragment d'un anguipède . . .

16

3. Femme drapée acéphale . . .

19

4. Base d'une statue de Mercure . . .

23

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Imprimé en Belgique par la S.A. lmprimerie Erasmus, Gand

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