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Une minière néolithique à silex au Camp-à-Cayaux de Spiennes

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ARCHAEOLOGIA

BELG ICA

210

F. HUBERT

UNE MINIERE NEOLITHIQUE A SILEX

AU CAMP-A-CAYAUX DE SPIENNES

BRUXELLES

1978

(2)

UNE MINIERE EOLITHIQUE A SILEX AU CAMP-A-CAYAUX DE SPIEN ES

(3)

ARCHAEOLOGIA BELGICA Dir. Dr. H. Roosens

Etudes et rapports édités par le Service national des Fouilles

Pare du Cinquantenaire 1 1040 Bruxelles

Studies en verslagen uitgegeven door de Nationale Dienst voor Opgravingen

Jubelpark 1 1040 Brussel

© Service national des F ouilles Dj1978j0405/13

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ARCHAEOLOGIA

BELG ICA

210

F. HUBERT

UNE MINIERE NEOLITHIQUE A SILEX

AU CAMP-A-CA Y AUX DE SPIENNES

BRUXELLES 1978

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INTRODUCTION

Spiennes, maintenant englobé dans la nouvelle entité communale de Mans, se trouve à 6 km de l'hötel de ville, sur la route de Mans à Beau-mant (fig. 1).

Fig. r. Plan hypsométrique de situation. Le paysage est façonné par la Trouille qui a découpé en deux plateaux une cuesta de craie. Les zones hachurées correspondent à des eentres d'exploitation par minières.

Ce haut lieu de la préhistoire, dont la découverte remonte à 125 ans, a été l'objet de maintes fouilles qui n'ont pas taujours connu la publi-cation qu' elles méritaient. Le but de eet artiele consiste à réparer eet état à propos de la vidange de deux puits de mines à silex, entamée de 1912 à 1914 par L. Cavens, sur la parcelle 3 3 de la section A du cadastre (fig. 3). En plus de ces puits, une galerie fut forcée à travers les remblais qui obstruaient la minière, pour relier les deux bures. Si nous en con-naissons la longueur, aucun renseignement n'est parvenu sur la surface

(6)

6 INTRODUCTION

Fig. 2. Dégagement despuitsen 1914· Leplus rapproché est le n° 2. (Photo d'E. Rahir, Archives I.R.P.A.).

qu'elie couvrait. Taujours est-il que 1.500 objets en silex y furent trouvés dont la majorité est constituée de pies. A la base d'un puits, on récolta des tessons qui, réunis, constituent le quart d'un grand vase à provisions que nous pouvons qualifier de michelsberg. Aucun plan ne fut relevé. Seule une coupe de 1' ensemble fut publiée a vee un bref rapport en 1925 (de Loë).

L'endroit appartenait à la familie de Loë; il fut acquis par l'Etat en 1926. En 1931, on y érigea un bátiment pour abriter ces deux puits choisis comme témoins. Le no 1 dut être sacrifié en 1947 pour instalier une conciergerie (fig. 2).

L'exploration du sous-sol reprit de 1948 à 1953 sous la direction de

J.

Breuer alors Directeur du Service des Fouilles de l'Etat. Le déga-gement épisodique des galeries amena la récolte d'un matériel lithique et osseux qui fut remis en dépöt au musée d'archéologie de la Ville de Mons. L'archéologie nationale disposait ainsi de quelque deux ares de minière dégagés des déblais. Ce champ d'observation, réduit si l'on songe aux cent hectares que couvre l'exploitation de silex, fut analysé trop succinctement, et le rapport qui en l:1Uivit pêche par trop d' à-peu-près et par manque de diffusion (Houzeau de Lehaie, 1949. Lefort, 1954).

A 1' ex ception du relevé effectué en 1956 par une équipe du Musée de la mine de Bochum (Allemagne), dont les dessins furent englobés

(7)

INTRODUCTION 7

(8)

8 INTRODUCTION

dans la maquette lors de sa réalisation, sans qu'on en fît une copie, rien de précis ne fut entrepris. En 1976, nous pûmes relever un plan de tout ce qui avait été dégagé ainsi que de nombreuses coupes des salles, aidé par deux préparateurs du Service. Les observations faites durant les quinze jours passés sous terre et la quasi-certitude de pouvoir attribuer au groupe miehelsberg ce secteur des minières justifient cette monogra-phie.

LA GEOLOGIE

Le lieu occupe, sur Ie Camp-à-Cayaux, la courbe des 67 m, Ie long de la rue d'Harmignies. Cette altitude Ie situe à mi-pente d'un vaste plateau dont Ie point culminant est 93 m plus à l'est. Le point Ie plus bas est la courbe des 40 m, au nord-ouest, Ie long de la Trouille.

La géologie du site est connue par divers sondages, dont notre puits néolithique qui porte Ie l l0 435 aux Archives du Service géologique de

Belgique. Les cinq premiers mètres du terrain sont constitués par les limons nivéo-éoliens et par un faible niveau tertiaire de sable vert du Landeuien inférieur. Entre les deux, s' étire un cailloutis mince de terrasse, à ossements et industries lithiques. Sous Ie niveau tertiaire, on trouve la Craie de Spiennes (M1a) du Maestrichtien, blanche et rugueuse, riche en rognons plus ou moins volumineux de silex brun-noir qui, étagés dans la roche encaissante, forment, à 15 m de profondeur, deux filons presque continus, épais chacun de 30 cm. La M1a se termine, suivant nos observations, vers 17 m de profondeur, donnant ainsi une épaisseur d'environ 11 m. (')

Deux sondages situés à 2000 m vers l'est, les no 403 et 404, situent la M1a à moins 11,30 m et 10,50 m. L'épaisseur de la couche de craie de Spiennes s'y rnaintient à circa 9,50 m, puis elle s'amenuise à 0,50 m, 1400 m plus à l'est, au sondage no 406 (Marlière, 1967). Par contre, Ie manteau limoneux augmente plus on monte sur Ie plateau: d'environ 4 m au puits néolithique, il atteint 10 m au sondage 403 qui a été pratiqué sur Ie sommet du plateau.

Le pendage des couches est également intéressant à observer. Si l'on se réfère à la Carte du socle paléozoïque de la Belgique (Legrand, 1951 ), on constate que Ie sommet du crétacé suit une pente d'environ 3

%

,

orientée vers Ie nord-ouest. Par contre en profondeur, les filons de silex

(') Voir aussi ladescription d'une coupe relevée en 1885, lors de !'ouverture d'un puits à la cote 65. A eet endroit Ie tertiaire manque (DE PAuw, 1886 ; DELVAUX, 1886).

(9)

INTRODUCTION 9

piongent plus rapidement (12 %) suivant la même orientation. Cette différence d'allure n'a rien de contradictoire si l'on sait que R. Legrand a choisi le Montien inférieur comme sommet du crétacé et que la trans-gression danienne a modifié les sommets. Les coupes de R. Marlière (1967) indiquent des pentes de 8 à 10

% pour la Craie de Spiennes,

suivant la flexure du bassin de Mons. Le piongement plus rapide encore des bancs de silex du Camp-à-Cayaux s'expliquerait par les nombreuses failles radiales et antithétiques qui s'étirent de Cuesmes à Harmignies. Ces affaissements ont provoqué la rupture sans dislocation des grands rognons de silex qui sont traversés de cassures transversales au pendage. Des sels de fer amenés par les eaux d'infiltration s'y sont déposés et dessinent sur le silex le réseau de ses fractures.

Ces phénomènes expliquent l'allure des galeries d'exploitation et la technique suivie par les mineurs pour tirer le silex.

(10)

11

LES STRUCTURES ET LA METHODE D'EXPLOITATION

Les deux puits fouillés en 1912 ont été brièvement décrits dans les

articles de A. de Loë (1913 et 1925), qui furent complétés par E. Rahir

(1925). Ils s'ouvraient en entonnoir irrégulier ou avant-puits de 2 m sur 3 m, profond d'environ 3 m. Les puits proprement dits, de forme

cir-N.

0

Fig. 4· Coupe du puits n° I selon A. de Loë.

I I I I I I I I I I I

@

5m 5.

(11)

N.-o. s.-E. f25no.

-~2%

0 2m

(12)

12 LES STRUCTURES ET LA METHODE D'EXPLOITATION

culaire, descendaient verticalement selon un diamètre de 1 m pour le sujet no 1 (fig. 4), et « inférieur à 1 m n pour le sujet no 2. Nos propres observations infirment cette dernière mesure; la section du puits 2 est supérieure au mètre, (fig. 5). A leur base, ils s'élargissaient à nouveau en une chambre à << voûte encorbellée >>. La profondeur totale varie de l'un à l'autre: « 16 m n pour le puits 1, «plus de 14 m n pour le puits 2

qui mesure en fait 15,20 m.

Leur remplissage est hétérogène. Dans le puits no 1, A. de Loë a noté treize couches différentes composées de rognons et de déchets de silex, de craie, d'humus, d'argile jaune, de sable vert, de charbon de bois et d'ossements. Ces deux derniers composants ne se rencontraient que dans les couches hautes, 2 et 3, sous l'humus. Dans le puits no 2, le fouilleur n'a compté que cinq niveaux de remblais.

Ces bures ont traversé une quinzaine de lits de petit.s rognons de silex dont le plus volumineux atteint la grosseur d'une tête d'homme. Ils sembleraient avoir été négligés par les néolithiques uniquement guidés par la découverte des bancs jumeaux à 15 m de profondeur.

E. Rahir (1925) avait constaté dans la paroi du puits no 2 « des en-tailles se faisant vis-à-vis pour recevoir des pièces de bois fixées hori-zontalement au travers du puit<> n. Ces pièces, qui n' étaient pas disposées parallèlement, lui faisaient penser à « un primitif escalier tournant n. A l'heure actuelle, il est difficile de retrouver dans le puits les « entailles n de Rahir. On voit en effet des trous dans la paroi, mais ils sont produits par le déchaussement de petits rognons de silex et de cubes de craie (fig. 6). Aucune trace d'outil n'y indique un travail humain d'aménage-ment. Toutefois à 11,40 m de profondeur, deux niches rectangulaires et verticales creusent le mur du puitset se font vis-à-vis suivant un diamètre orienté plus ou moins N.-O. - 8.-E. (fig. 5). Le sommet de la cavité sud-est est à 11,45 m de l'orifice du puits; sa base à 11,77 m: soit une hauteur de 0,32 m. La cavité nord-ouest, haute de 0,22 m, s'ouvre à moins 11,40 m et s'arrête à 11,62 m. Toutes deux épousent- une forme plus ou moins cubique de quelque 0,10 m de largeur et de 0,15 m de profondeur, avec des angles mousses. Elles ont été taillées au pic dont les coups sont toujours marqués dans la craie. Pour aménager le trou N.-O., il a même fallu briser un petit rognon.

Leur fonction fut certainement de recevoir une poutre transversale à la bure, qui, si elle était bloquée dans l'ope 8.-E. par une semelle, pren-drait alors une position proche de !'horizontale. Le röle de cette poutre ne pouvait être que temporaire car le puits devait être libre pour la montée des matériaux extraits de la mine.

Un mètre sous ces cavités artificielles, à moins 12,50 m, le puits s'évase pour atteindre un diamètre maximum de 1,85 m. Ace niveau, on

(13)

LES STRUCTURES ET LA METHODE D'EXPLOITATION 13

Fig. 6. Le puits n° 2 vu d'en bas. (Photo Union Minière).

constate le passage d'un premier filon double de petits rognons qui ex-pliquerait eet élargissement. Les mineurs ont sans doute été trompés par cette rencontre et se sont crus arrivés à pied d' reuvre. Après avoir commencé l'évasement de la base du puits, ils se sont rendu compte de la faiblesse du banc et de leur erreur et ils ont forcé le puits plus bas selon un diamètre moindre jusqu'aux grands rognons tabulaires qui apparaissent à moins 13,70 m.

C'est peut-être à ce moment que la poutre entre en jeu. Ne disposant que d'un espace circulaire large de 1,50 m pour forer la première dalle,

(14)

14 LES STRUCTURES ET LA METHODE D'EXPLOITATION

les mineurs devaient établir un niveau de manreuvre au-dessus d'elle, à partir duquel il leur était loisible de la fracasser. Ce travail ne pouvait se faire que par percussion quoiqu'il eût pu être mené à bien en employant le feu comme dans les mines de silex de l'Ohio (de Loë et de Munck, 1891), mais à Spiennes, on n'a jamais trouvé trace de feu dans un puits. Le rognon tabulaire, épais de 0,30 m, qui bouchait toute la surface de la bure comme le montrent ses vestiges restés dans la paroi, ne pouvait céder qu' à force de coups violents ct répétés donnés à sa surface supérieure jusqu' à le disloquer selon ses fissures naturelles. On peut imaginer des mineurs, deux au maximum, juchés sur la poutre et laissant tomher et retorober sur le silex un mouton fait d'un tronc d'arbre. La méthode, si elle est tout hypothétique, semble être la meilleure car elle permet de surveiller la progression du travail et de déblayer le chantier quand il s'encombre d'éclats. Une autre, qui aurait consisté à lacher de la surface des masses pondéreuses n' est pas pratique, car ces masses auraient heurté les parois du puits en les ruinant; elles auraient perdu de leur force en rebondissant, et leur remontée aurait été lente. De plus le chantier du fond se serait eneombré constamment empêchant une percussion efficace. Logiquement, on ne peut retenir que la première solution qui pourrait être vérifiée par la fouille d'un autre puits qui aurait eu à franchir une dalle ininterrompue de silex. La même méthode aura servi à vaincre aussi la seconde dalle sous-jacente pour passer en dessous.

Alors commençait l'exploitation du silex par les deux bancs à la fois, dans un mouvement rayonnant jusqu' à environ deux mètres de la base du puits (fig. 7). Ce dégagement réalisé, on avait une salie irrégulière dont le plafond en cloche présente !'aspect d'un faux encorbellement donné par l'étagement naturel des couches de craie fissurée. Cette première exploitation du puits no 2 n'a pas été portée sur le plan (fig. 24), car elle a été remaniée pour la construction de piliers et de linteaux en briques et béton qui assurent la stabilité de !'ensemble. Par contre, aux puits 5 et 6, le front de taille du premier banc abandonné est indiqué par des flèches indexées par la lettre A. Tous les secteurs A appartiennent à une de ces salles de base de puits ou chambres de recette et annoncent le dé-bouché d'une bure. A ces endroits, le plafond se relève à 1,60 m de hauteur. Le sol y est variable, plat, concave ou biscornu. Sous le puits 1, on a trouvé un sol concave comme sous le puits 5. Au point 2, il est droit et incliné suivant le pendage de la roche. Par contre au point 6, la base du puits est surélevée de 0,40 m par rapport au plancher de la salie qui le sépare du puits 1. Ce socle s'incline vers l'est, et se relie à une zone non explorée. Un promontoire semblable se rencontre à !'est du point Y; (fig. 8) il correspond à une autre bure que M. Lefort a notée (1954), mais qui a disparu derrière des remblais déplacés lors de ses travaux. Tout porte

(15)

LES STRUCTURES ET LA METHODE D'EXPLOITATION 15

Fig. 7· Salle de recette à la base du puits n° 1. Au-delà des piliers qui la cement,

com-mencent les salles d'exploitation. Le premier banc ménagé comme toit de la minière est bien visible ainsi que Ie faux-toit de craie. (Photo d'E. Rahir, 1914, archives I.R.P.A.).

Fig. 8. Grande salle à !'est du point Y. A !'avant-plan, un sol surélevé marque un

autre chantier. L'arrière-plan est éclairé par Ie puits 2. A droite, un autre changement de niveau conduit au point Y. (Photo Union Minière).

(16)

16 LES STRUCTURES ET LA METHODE D'EXPLOITATION

à croire que ces sols bossués indiquaiem la direction des chantiers

d'ex-ploitation opposés aux zones épuisées, car il est très .malaisé de se glisser

à travers le passage laissé entre la base du puits et le haut de son plancher,

qui n'a pas 0,50 m de hauteur. D'après ces socles et leur orientation, on pourrait suivre la marche des travaux néolithiques et établir leur

chrono-logie relative. Ainsi le puits 6 serait postérieur aux autres bures dont le

sol est de plain-pied.

Les chambres de recette établies à la base des puits pouvaient

rece-voir cinq à six mineurs qui allaient se mettre à l'reuvre uniquement

éclairés par la lumière du jour se réfléchissant sur la craie blanche. Aucune trace de lampe n'a encore été découverte. Leur but était d'abattre le banc sous-jacent et de laisser en place le premier qui sert encore de toit

à toute la minière, avec un faux-toit de craie suspendue dont l'épaisseur

varie (fig. 7). On y voit une multitude de traces de coups de pies seulement

interrompues par les négatifs des rognons qui ont été descellés de leur gîte (fig. 9). Par endroits, la dessiccation a ruiné ce faux-toit, et des plaques en sont tombées, mantrant le premier banc de pierre qui reste

heureuse-ment calé dans la roche encaissante.

Certains secteurs des galeries ont encore, logés dans leurs murs, des

fragments du gîte exploité (fig. 10). Ce sont les endroits marqués d'un B

Fig. 9· Un soupirail de o,6o m de largeur, au sud du point 6. Au plafond, Ie négatif

(17)

LES STRUCTURES ET LA METHODE D'EXPLOITATION 17

sur le plan d'ensemble. D'après ces rares vestiges on peut recomposer la méthode de travail. Les mineurs opéraient par havage de la craie en dessous du silex et à cöté. Le havage par en dessous, ou cavage, constituait la galerie d'avancement qui ne dépassait jamais les cinquante centimètres de hauteur. C'est-à-dire qu'à l'aide d'un pic en silex, certainement em-manché, ils attaquaient la craie, couchés sur le cöté; ils reuvraient à « col

tordu », créant une taille chassante qui avançait suivant une ligne

hori-zontale dans le plan de la couche des rognons.

La facilité de l'abattage dépend de la dureté des roehes; elle dépend aussi des cassures et des plans de moindre résistance préexistants ou créés du fait de l'exploitation. La craie, roche tendre, ne présentait aucune difficulté à des pies en silex, et nous savons que les grandes dalles du gîte étaient naturellement fissurées. Cette méthode d'attaque en sous-reuvre est dite par foudroyage. Son caractère repose sur l'effondrement opportun du gîte lorsqu'on estime que l'exploitation est suffisamment avancée. Tout effondrement prématuré entraîne un accident fatal au piqueur resté sous le rognon de silex. Pour prévenir ce genre d'accident, les néo-lithiques devaient employer des étançons en bois. Lorsque le travail était jugé suffisamment avancé, ce qui se marquait par le caineement des bois sous le poids du silex dépendu, ils pratiquaient systématiquement le déboisage, ce qui provoquait la chute du silex.

Bien que toute trace de bois ait disparu, on peut retenir cette hypo-thèse par le fait que plusieurs piqueurs travaillaient en même temps au même mur ainsi que le montrent des fronts de taille jointifs qui dessi-nent des logettes à l'ouest et au norcl-est du puits no 2, comme dans la paroi à l'est du point Z. Seul un travail coordonné pouvait les mettre à l'abri d'un accident dont la cause, encore aujourd'hui dans nos mines

modernes, est la mise en défaut du soutènement qui provogue 50

%

des

cas mortels sous éboulements ou chute~ de bloes. Les néolithiques ont

dû résou.dre ce problème, tout au moins pour les rognons de silex qu'ils abattaient car la roche encaissante est assez ferme pour se passer de tout

soutènement sur des largeurs allant jusqu' à cinq mètres et au-delà.

On peut dire qu' à Spiennes, les mineurs ont suivi le silex sur tout son gîte, n'interrompant leur ouvrage qu'aux endroits stériles. En effet, les murs des salles ne présentent quasiment plus de silex en place si ce n' est des bouts de rognom isolés qui ne valaient pas la peine du travail. Il en résulte de longs murs de craie chantournés et des piliers irréguliers, massifs ou grêles, épargnés çà et là dans la craie, sans ordre précis, comme si leur signification n' était pas un soutènement mais une économie du travail laissant en place les zones stériles (fig. 11 ).

Creusant les murs, façonnant les piliers, les fronts de taille ont laissé des petites crêtes au sol des galeries, ressemblant à des murets ne dépassant

(18)

'

Fig. 10. Front de taille B à l'extrème est du plan.

(19)

LES STRUCTURES ET LA METHODE D'EXPLOITATION 19

Fig. 12. Secteur Y dans Ie sens est-ouest. A !'avant-plan, un ressaut de craie au sol sépare deux fronts de taille, hauteur

±

I m.

jamais les vingt centimètres de hauteur (fig. 12). Ils ont été représentés sur le plan par des triangles opposés par leur base. Leur röle a peut-être été celui de semelle aux étais de bois retenant les rognons. Ce n'est pas là les seules inégalités de ce sol biscornu. Comme on a déjà les socles de craie à la base de certains puits, il existe encore d'autres inégalités très marquées, indiquées par des triangles plus ou moins longs, qui corres-pondent à des changements de chantier commandé par d'autres puits. Ainsi dans le secteur du point Y (fig. 12), on peut brusquement se tenir à genoux après avoir descendu une marche de quelque soixante centimètres (fig. 22). Cet endroit, desservi par les puits 1 et 4, permet des déplacements aisés grace à un abaissement du plancher comme dans la salle à l'est du point X (fig. 13). Cette salle est en quelque sorte un cul-de-sac si l'on tient compte qu'il faut partout franchir des pertuis à ras de plafond pour en sortir, au socle du puits 6 (fig. 14), au sud de ce point (fig. 9) et à l'est. Ces soupiraux communiquent de plain-pied avec le réseau avoisinant (fig. 15). Cet important déblai par rapport au secteur du puits 2 ou la

faible hauteur de plafond (moins de 0,80 m) oblige la progression lpar

reptation ou à quatre pattes, indique un chantier mené distinctement

!

de ceux commandés par les puits 2 et 6 et peut-être aussi par les puits

(20)

20 LES STRUCTURES ET LA METHODE D'EXPLOITATION

Fig. 13. Fond de la salle à l'est du point X, commandée par le puits I. Dans le fond, un soupirail donne accès à un chantier surélevé. (Photo Union Minière).

Fig. 14. Base du puits 6 vue par le soupirail qui la sépare de la salle en contre bas commandée par le puits I. A gauche, le « meurtiat >> qui retient les remblais. Hauteur du soupirail,

±

o,so m.

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LES STRUCTURES ET LA METHODE D'EXPLOITATION 21

Fig. 15. L'envers du soupirail de la fig. 14, hauteur

±

0,40 m. (Photo Union Minière). D'autres endroits en déblai marquent certains fronts de taille, comme la petite salie à l'ouest de l'axe V-W, ou un rognon est abandonné d'ex-ploitation au-dessus d'une cuvette juste assez grande pour tenir un mineur de petite taille. A l'opposé, de l'autre cöté de l'axe V-W, une cuvette plus large aboutit à deux logettes épuisées. Ce sol irrégulier a de quoi surprendre quand on pense que les rognons abattus devaient être roulés vers la base des puits pour être montés vers les ateliers de surface. Les mineurs avaient à coltiner des bloes cubiques d'environ 20 à 50 kg sur des distauces de cinq à six mètres. Si certains murets conduisent à la base des puits d'autres au contraire en interdisent l'accès comme celui qui est situé à l'est du puits 5. Il faudrait voir dans eet illogisme un signe de la brièveté de l'ex-ploitation qui n' exigeait pas des aménagements raffinés. En effet la faible lumière diffusée par la réverbération de la lumière du jour sur la blancheur de la craie limitait beaucoup le rayon d'exploitation. Au-delà de huit mètres de la base d'un puits, l'obscurité totale obligeait l'abandon du chantier et lepercement d'une nouvelle bure. Aussi la plupart des chantiers ont à peine quatre mètres de longueur, et certains puits sont parfois à 4 m

(22)

22 LES STRUCTURES ET LA METHODE D'EXPLOITATION

de distance de centre à centre. Dans ces conditions, l'épuisement était vite réalisé et les mineurs n'utilisaient plus jamais les anciens passages qui servaient de dépotoir aux déblais.

L'exploitation par foudroyage tout en menant des galeries de fond, c'est-à-dire des galeries taillées à la fois dans la roche encaissante et dans le gîte de silex donne beaucoup de stérile dont le mineur devait se débarras-ser. Au début de !'ouverture d'un chantier, tout le mort-terrain produit par le forage du puits et des premières salles, était remonté au jour et déversé dans des puits désaffectés. Mais au fur et à mesure que la mine s' étendait au fond, les stériles de craie et les fragments de silex jugés trop fins ou de mauvaise qualité étaient refoulés dans les chantiers abandonnés. Actuellement, on les retrouve encombrant les réseaux de salles jusqu' à 10 à 20 cm du plafond. Il se peut que les néolithiques les aient chassés jusqu'au toit des galeries et que ces vides se soient créés par tasserneut des éléments fins entre les plus gros.

Ce remblayage des zones finies d'exploiter répond à une économie du travail et sans doute aussi à un souci de sécurité. Il semblerait que, dans ce même souci, les puits aient été rebouchés avant les salles car M. Lefort (1954 ), dans ses travaux, a remarqué plusieurs fois que la re-cette des puits était ceinturée d'un mur ,monté en bloes de craie. Ce ,mur de soutènement des remblais, que l'on norome « meurtiat n en laugage

de mine, empêchait l'éparpillement des matériaux versés de la surface, et accélérait le bouchage des puits qui étaient un perpétuel danger. Au cours du dégagement des chantiers, on n'a pas trouvé de ces meurtiats dans les galeries ou les remblais serobient être jetés pêle-mêle, sans or-ganisation visible.

Aucun vestige ne raconte la façon dont les mineurs néolithiques des-cendaient et remontaient dans leurs puits ni comment ils tiraient le silex en surf ace. Seules des cordes pouvaient être utilisées. L' étroitesse des puits et les inégalités dans la craie permettent de s'aider des pieds appuyés sur la paroi. On peut voir dans le fond, le long de certains angles de ,murs des encoches creusées par un filin. Sont-ce là les traces des cordes néoli-thiques comme dans la minière de Mur-de-Barrez (Boule, 1887) ou plus prosaïquement celles du cordon de la balladeuse électrique ? Les rognons aussi étaient remontés au bout d'une corde, halée à la main ou déjà par un treuil, du genre bourriquet. L'hypothèse n'est pas à rejeter car des roues plus élaborées qu'un simple cylindre tournant sur un axe étaient connues à la fin du troisième millénaire aux Pays-Bas et au Danemark (Rostholm, 1977). (1)

(1) On a signalé à plusieurs reprises la découverte de gros bloes de craie rainurés, dans les ateliers et les puits. (VERHEYLEWEGHEN et DE BECKER, 1957) Il s'agirait peut-être de contrepoids aidant la remontée par bourriquet.

(23)

TYPOLOGIE ET ANALYSE DU MATERIEL

Durant les premières fouilles, entre 1912 et 1914, on n'a pas cru intéressant de séparer les déchets industriels rejetés dans les puits du matériel d'exploitation, usé, cassé ou perdu, qui accompagnait la craie des galeries abandonnées. Ainsi les 1.500 objets de silex découverts par de Loë et ses ouvriers, doivent-ils être relégués au rayon des curiosités car ils peuvent représenter un mélange de diverses époques.

Nous nous limitons au matériel exhumé en fond de minière par M. Lefort, soir 122 objets parmi lesquels les pies en silex dominent par 96

%,

soit 117 unités. L'os n'est représenté que par une omoplate de cerf (0,8

%).

Il n'y a aucun bois de cerf inventorié. En grès, on a découvert trois percuteurs (2,45 %) et une endurne sur un fragment de polissoir. Cet ensemble est entreposé au Musée de préhistoire deMons auquel il fut confié par ordre de

J.

Breuer. On peut croire de M. Lefort qu'il a effectivement remis la totalité de ses trouvailles au conservateur de Mons, alors

J.

Houzeau de Lehaie. Et si quelques pies se sont égarés, offerts aux amis en visite, leur départ ne faussera pas la statistique car la psy-chologie du conservateur veut que ce ne soit jamais la pièce rare que l'on offre maïs celle dont la série est la mieux représentée.

Dans sa publication, M. Lefort (1954) ne dresse aucun inventaire de ses découvertes. On ne peut clone se rendre compte de ce qui manque au Musée ou aucun catalogue ne répertorie les objets en vitrines et en tiroirs. Il y a trois ans, une première mise en ordre des collections a été tentée par M.

J.

Charlier. A partir de vagues indications au crayon, déjà fort effacées, il a regrou pé en sacs les objets par origine et par date de trouvaille. C'est à partir de son travail que nous avons recherché le matériel de la minièrc, devant souvent le trier d'objets plus anciens dans le musée, marqués pour tout repère d'une épaisse couche de poussière grasse. Comme nos objets n'ont pas reçu de numéro individuel, il est inutile d'en faire une description pièce par pièce. Nous nous bornerons à donner un aspect synthétique de nos fiches.

Tout le matériel a été fabriqué avec la roche locale qui, fraîche, est gris-noir, enrobée d'une gangue crayeuse et siliceuse blanche. Les pies recueillis au fond ont subi l'action de l'air et de la dessiccation qui a fait pälir le ton primitif et quasi uniforme du silex en une gamme très étendue de gris, allant du gris foncé au gris pede clair. La même pièce présente plusieurs tons répartis par taches ou par nuages, et plus rarement par bandes parallèles. Ce dernier cas de coloration est toujours dû à une

(24)

24 TYPOLOGIE ET ANALYSE DU MATERIEL

inclusion de craie ou de fossile au sein de la matière. Parfois un objet a gardé une face incrustée de sel de fer déposé dans une fissure géologique du rognon. Jamais on ne trouve les pies couverts de croûtes de carbonate de chaux; c'est là un phénomène qui ne se rencontre que sur les objets sortant d'ateliers ou des puits, et jamais dans les minières ou l'eau d'in-filtration n'a eu aucun effet.

D'aspect mat, le silex est doux au toucher sans être lisse. Plus fon-cé est-il, plus fine est sa texture, mais elle n'égale jamais celle de l'in-comparable silex noir d'Obourg.

Déjà en 1969 et en 197 4, nous avons essayé de définir certains types de pies. Nous renvoyons le lecteur à la nomendature faite à partir du matériel de Jandrain (Hubert, 1974 ). C' est elle qui a servi i ei, complétée de nouveaux types et de remarques particulières au matériel de Spiennes. Les choses ne sont pas totalement comparables à Jandrain ou les outils sont beaucoup mieux venus qu' à Spiennes, comme si les tailleurs du Camp-à-Cayaux n'avaient cherché, avant toute considération esthétique qu' à fabriquer vite un outil rentable.

PICS FUSELES TYPIQUES

Au nombre de quarante-cinq sur un total de cent dix-sept pies, ils représentent 38

%

des pies, et près de 37

%

de !'ensemble du matériel étudié.

Ce sont des pièces allongées et épaisses, aux cötés convexes, dont la plus grande largeur se situe au milieu du grand axe, et qui doit être com-prise au moins trois fois dans la longueur, soit un indice longueur-largeur égal ou inférieur à 33. La largeur doit être supérieure à l'épaisseur, soit un indice largeur-épaisseur inférieur à 100 (fig. 16, 1-4 et fig. 19, 1).

Ces indices se calculent comme suit : Largeur X 100

longueur et

épaisseur x 100 largeur

Leur section est très variable, surtout triangulaire à cötés égaux (29 %), parfois convexes, ou encore triangulaire et aplatie. Dans ce cas, le plus petit cöté forme comme un dos abattu opposé à une arête plus ou moins tranebante (26 %). Les sections ovales (15 %), trapézoïdales (15 %), losangiques et lenticulaires, respectivement 9 et 6

%,

sont plus rares. La pointe agissante est trièdre ( 45 %) ou plate (29 %). Beaucoup d' entre elles ne sont pas identifiables à cause des cassures. Souvent ces pies ont été brisés en bout, par flexion, en écharpe ou en outrepassé. Ces deux dernières cassures ont été provoquées par des chocs violents à la pointe, sans do u te en rencontrant le banc de silex. Sur 1' ensemble,

(25)

TYPOLOGIE ET ANALYSE DU MATERIEL 25

4

7

5 6

Fig. 16. 1-4, pies fuselés typiques. Les pointes sont dirigées vers le bas sauf pour le n° 4· s-8, pies en foliole de marronnier. Les n° 5,6 et 8 sont dits inversés. Le n° 7 a un talon en tranehant de haehe. Eeh. : I/3·

(26)

26 TYPOLOGIE ET ANALYSE DU MATERIEL

une seule de ces cassures a été retaillée; toutes les au tres ont provoqué

le rejet du pic. 23

%

des pointes ont été simplement émoussées ou

ébrè-chées au travail. 16

%

des pies fuselés paraissent intacts, comme n'ayant

. .

.

Jamais serv1.

Tous ces objets présentent, à l'opposé de la pointe, un talon sans fonction précise, dont la forme est très variée. N ous en avons compté jusqu' à neuf variantes, depuis la pointe mousse jusqu' à celle de plan de

frappe du nucléus à larnes qui a été remployé (20 %) pour les fabriquer.

Le plus souvent, ils ont été taillés par éclats (68

%

).

On trouve aussi

une taille mixte, paréclatset par larnes (32 %). Si souvent ces enlèvements

de larnes proviennent du fait que les pies ont été sculptés sur d'anciens nucléus, d'autres enlèvements ont servi à réduire soit l'épaisseur, soit la largeur du pic. A cöté des nucléus remployés, bon no.mbre de pies ont été taillés sur des ébauches de haches mal venues. Ces cas sont indiscer-nables sauf quand ils ont conservé, au talon, le tranchant de la hache

( 4,5

%

)

.

On pourrait toutefois leur attribuer les sections lenticulaires

et ovales (21 %) mais sans certitude.

Les indices largeur-épaisseur les plus fréquents sont compris entre

100 et 70 (63 %) et parmi eux la tranche de 80 à 70 est la plus forte (34 %).

Ces pourcentages élevés traduisent bien le caractère épais des pies fuselés. Les indices longueur-largeur, qui montrent la plus ou moins grande sveltesse des pies, n'ont pas pu être calculés pour tous. Sur 27 sujets,

62

%

des indices se situent entre 33 et 30; 18

%

entre 30 et 25; 3,7

%

entre 25 et 20. Ce qui signifie qu'il y a peu de pies allongés; ils ont même

tendance à être trapus. 5

%

d'entre eux ont un indice supérieur à 33 avec

une montée à 45. Ce sont là des pies usés jusqu'à la « corde », mais dont

la longueur est rarement inférieure à 140 mm. PICS FUSELES EN FOLIOLEDE MARRONNIER

Ils ont les mêmes caractéristiques que les premiers, mais leur plus grande largeur se situe au tiers supérieur de l'objet, ce qui lui donne la silhouette de la foliole du marronnier d'Inde (fig. 16 et fig. 19). Il arrive que la plus grande largeur soit située vers la pointe; dans ces cas on dira :

« foliole de marronnier inversée ». Souvent co.mprise moins de trois fois

dans la longueur, la largeur est toujours supérieure à l'épaisseur.

On en dénombre dix-sept ,soit 14,4

%

du total des pies. Trois

appar-tiennent au type inversé. Un seul est manifestement taillé à partir d'un nucléus à larnes (fig. 16, 8); un autre, sur ébauche de hache. Leur section varie beaucoup. Les plus fréquentes sont ovales, triangulaires et

lenti-culaires (23,5

%

dans chaque cas ). Puis ée sont les sections triangulaires

équilatérales qui, avec les trapézoïdales, représentent chacune 12

%

.

(27)

TYPOLOGIE ET ANALYSE DU MATERIEL 27

Les pointes sont trièdres à 70,5

%

;

les autres sont plates. Dans ce

type, quatre pointes ont été retaillées après un pre.mier bris (23,5 %) soit

par abattage d'un « coup de burin » ou d'un enlèvement en écharpe soit

par petits éclats. 18

%

présentent un émoussage sans retaille alors que la

longueur des pies le permettait. 30

%

ont gardé la pointe intacte. Le

reste est brisé le plus souvent en bout (28,5 %).

Les talons sont très variés. Toutefois on remarque un fort

pourcenta-ge de talons en méplat, ressemblant à un plan de frappe lisse et incliné

(44

%

).

La taille de ces pies est réalisée par enlèvements d'éclats à 81

%

-

Le

reste appartient à la taille mixte qui suscite les mêmes remarques que précédemment à propos des pies fuselés.

Les indices longueur-largeur montrent une allure plus trapue que

celle des pies fuselés. 73

%

des indices s'échelonnent entre 39 et 44;

27

%

entre 33 et 26. Les indices largeur-épaisseur traduisent, moitié

pour moitié, le caractère épais ou plus ou moins aplati : soit 50

%

pour

les indices de 100 à 60 avec une montée de 37,5

%

pour les valeurs

com-prises ent re 80 et 60; 50

%

pour les indices de 60 à 30 a vee une égale

montée de 37,5

%

pour les valeurs comprises entre 60 et 50.

PICS EN FEUILLE DE LAURIER

Ces outils sont larges et souvent plats, à bords convexes et

conver-geant vers une pointe souvent plate et un talon étroit parfois taillé

égale-ment en pointe. Leur section est lenticulaire, rareégale-ment triangulaire ou ovale. Pour établir les décomptes de ce type, on excluera les pies trop usés

ou retaillés qui auraient pu à !'origine être classés dans un genre plus

élancé comme les pies en foliole de marronnier (fig. 17 et fig. 19).

L'indice longueur-largeur doit être supérieur à 33,33, ce qui signifie que la plus grande largeur est comprise moins de trois fois dans la longueur.

Au nombre de treize, les pies en feuille de laurier représentent 11

%

du total des pies. Trois ont été taillés à partir de nucléus à larnes (23

%).

Ce sont les seuls à présenter une taille mixte. Les autres, aménagés

unique-ment par enlèveunique-ments d' éclats sur les deux fa ces, ne témoignent cependant pas d'un remploi systématique d'ébauches.

Leur section est surtout lenticulaire (61

%

).

Ce caractère ainsi que

les sections triangulaires basses ont provoqué la taille de pointes plates

(77

%

).

Deux pointes sont coniques (15

%

)

et une seule est trièdre; elles

correspondent à des sections ovales et triangulaires.

Ces pointes sont leplus souvent cassées en bout (54 %) et deux

seule-ment sont intactes. Dans leur aménageseule-ment, le tailleur n'a pas toujours cherché la symétrie; ainsi les pointes plates sont souvent dégagées par la taille d'un cran latéral qui rejette la pointe dans !'alignement d'une arête.

(28)

28 TYPOLOGIE ET ANALYSE DU MATERIEL

11 12

0

13 14

Fig. 17. 9 et 11, pies en feuille de laurier. 10 et 12, pies à bords droits. 13, pic court à pointe à cran latéral. 14, pic atypique sur nucléus, à pointe à cran latéral. 15, pic à dos. 16, pic atypique. Ech. :

1/3.

(29)

TYPOLOGIE ET ANALYSE DU MATERIEL 29

Cette remarque vaut pour les autres types de pies dont la section est apiatie à la pointe.

Parmi les talons, on n'en trouve que deux taillés en pointe. Trois

autres dessinent une pointe obtuse (23

%).

Les autres talons sont

rectili-gnes et étroits, droits ou obliques (61,5 %).

L'allure générale de ces pies est trapue, ce qui se traduit par des indices longueur-largeur toujours supérieurs à 33,3 et dont les valeurs

oscillent surtout entre 36 et 40 (46 %) et 41-45 (15 %). Ils sont résistants

à laflexion mais plus minces que les pies fuselés en foliole de marronnier.

lei, les indices largeur-épaisseur les plus fréquents sont inférieurs à 50,

soit sept cas ou 53,8

%

compris entre 45 et 50, opposés à quatre cas entre

51 et 55 (30,7

%).

Deux autres ont une tendance à l'épaississement avec

des indices de 73 et 61.

PICS A BORDS DROITS

Ce sont des pièces allongées dont les bords rectilignes convergent d'un talon étroit vers une pointe souvent massive ou plate et obtuse. Parfois taillés dans un nucléus à larnes ou dans une ébauche de hache, ils peuvent être aussi le résultat d'un appointage d'une grosse et grande lame

à trois cötés (fig. 17 et 19).

Ils sont rares; on n'en relève que cinq soit 4

%

de !'outillage. Un seul

présente une section triangulaire; deux ont une section ovale et deux au tres, trapézoïdale. Dans ce dernier cas, le pic quoiqu'en silex, ressemble beau-coup aux pies en grès du Montmorencien (Tarrete, 1977).

Trois pointes sont massives; parmi elles, deux sont trièdres, la der-nière dessine un tétraèdre (pl. 17, 10). Deux autres extrémités sont pla-tes et larges comme le tranchant d'une houe étroite (fig. 17, 12). Toupla-tes ces pointes ont été cassées en bout.

La taille a été menée par éclats dans trois cas; les deux au tres

mou-trent une taille mixte provenant sans doute du remploi de nucléus à larnes

dont le plan de frappe rétréci sert de talon. Un talon en tranchant de hache marque peut-être la reprise d'une ébauche.

Ces pies ont un profil élancé dont les indices longueur-largeur se situent entre 25 et 32. Leur épaisseur est forte : les indices largeur-épaisseur varient entre 97 et 62; un seul cas atteint 140. Il est donc plus épais que large.

PICS A DOS

Ce sont généralement des pièces élancées à deux pointes trièdres,

dont la section triangulaire symétrique ou ogivale tend à être aussi haute

(30)

30 TYPOLOGIE ET ANALYSE DU MATERIEL

plan de cassure formant un dos opposé à une arête sineuse, légèrement arquée, taillée par enlèvements alternés d' éclats.

Cette forme évolue vers celle du pic en aiguille (Hubert, 1974, pl. XI,

1) puis vers celle du pic arqué ou de Commercy quand l'augmentation de l'épaisseur provoque un cintrage important de l'arête médiane (idem, pl. I, 3).

Au nombre de quatre, ces pies représentent 3,2

%

de !'ensemble du matériel. Tous ont une section triangulaire dont un cöté est abattu dans deux cas, en plan de cassure dans un cas. Le quatrième est taillé par enlèvements longitudinaux lamellaires.

Le plus long de ces pies à dos (fig. 17 et 19) a un indice longueur-largeur de 25. Son indice longueur-largeur-épaisseur atteint 100. Les trois autres ont une pointe brisée trop haut pour pouvoir reconstituer leur longueur. Leur indice L.jl. ne peut être calculé. Quant à l'indice largeur-épaisseur, il varie entre 67, 68 et 77. Ils sont clone moins hauts que larges.

PICS COURTS

Ces pièces ont les cötés convexes et leur plus grande largeur se situe au milieu du grand axe comme dans le type des pies fuselés. Maïs leurs proportions diffèrent. lei, la largeur est nettement supérieure au tiers de la longueur, avec des indices longueur-largeur supérieurs à 40. Ces pies sont robustes, épais pour leur largeur. Les indices de ce rapport s' échelonnent entre 60 et 70.

S'agit-il de pies usés, de pies en foliole de marronnier cassés et retaillés, ou d'un type conçu suivant un objectif déterminé ? Le doute est possible, car ce n' est pas sur des observations établies à partir de cinq spécimens que l'on peut définir un type. On constate que leur pointe est émoussée ou retaillée (fig. 17, fig. 18 et fig. 19). Leur préparation est aussi soignée que celle des autres pies. Leur indice largeur-épaisseur est sensible.ment le même en moyenne (68) que celui des pies en foliole de marronnier. Le plus petit mesure 128 mm; le plus long, 147 mm. Pour tous deux, l'indice longueur-largeur vaut 42,8. S'il s'agit de grands pies brisés, on remarquera que la largeur la plus faible a provoqué un bris plus près du talon.

PICS ATYPIQUES

Sous cette rubrique, nous groupons trois pies qui, par leur forme exceptionnelle, ne peuvent entrer dans aucune classification ni composer

à eux seuls un type.

Deux pies ont été préparés à partir de bloes accidentellement losan-giques, courts et plats, choisis pour leur forme dans les rebuts d'un

(31)

TYPOLOGIE ET ANALYSE DU MATERIEL 31

lier. Des retouches par éclats les amincissent aux pointes qui ne sont sculptées que par la taille d'un cran latéral. Un de ces pies n'est travaillé que sur une face, l'autre étant un plan de cassure du silex (fig. 17). Ce sont là des objets occasionnels qui ne semblent pas avoir été employés à cause de leur longueur trop faible (150 mm).

Le troisième, très plat lui aussi, a été aménagé sur un nucléus à la-mes dont le dos à été aminci par enlèvements d' éclats à partir d'une arête qui en est devenue tranchante. La pointe asymétrique a été dégagée par la taille d'un cran latéral dans l'arête tranebante (Fig. 17 et 23). La pointe a été cassée en écharpe et montre une retaille par petits éclats.

LES FRAGMENTS DE PICS

Nous n'avons trouvé aucun fragment mésial de ptcs. Il semblerait qu'ils se soient toujours cassés en deux.

Quinze cassures ont emporté la pointe, soit 12

%

du matériel. Ces fragments distaux présentent treize sections en triangle. Un cas a une section ovale; un autre a une section plate lenticulaire. Douze cas moutrent les traces d'une fracture par flexion, selon la description de L. Siret (1928). Une autre cassure a été provoquée par un choc latéral. La quin-zième a été produite par l'éclatement d'un coup de burin qui, outrepassé, a recoupé le pic et emporté la pointe.

Toutes les pointes sont fortement ébréchées. On y voit des éclats, des flexions, des écharpes et des coups de burin. La longueur de ces pointes varie entre 144 mm et 90 mm. On ne peut définir si elles ont été abandonnées après leur casse.

Cinq fragments proximaux ( 4 %) ont été recueillis. Ce faible pour-centage provient certainement du tri subjectif des fouilleurs qui ont élimi-né ces fragments de silex peu représentatifs. Quatre moutrent des cassu-res par flexion. Un a été brisé par l'enlèvement outrepassé de la partie distale.

Parmi ces fragments, nous n'avons pu en rappraeher que deux qui reconstituent un pic en foliole de marronnier inversée (fig. 16, n 6). La cassure par flexion est intervenue à un endroit de moindre résistance et assez töt dans l'utilisation de la pièce car la pointe peut être considérée comme intacte.

EBAUCIIES DE PICS

Six pièces sont des pies en voie d' élaboration, <;oit près de 5

%

du matériel. On y trouve une ébauche de hache reprise et cassée et un nucléus à larnes qui s'est brisé sous un coup destiné à réduire sa largeur. Une troisième a cédé suivant une vacuole dans le silex. Deux autres ont été

(32)

32 TYPOLOGIE ET ANALYSE DU MATERIEL

rejetées parce q ue le silex était trop dur. L'une a la pointe non terminée (Fig. 18, no 18); l'autre peut passer pour une ébauche de pic fuselé (Fig. 18,

no 19 et fig. 19, 4). La sixième est aménagée à partir d'une plaque de silex

taillée sur les deux faces parallèles. La pointe n'est pas dégagée (Fig. 18, n° 20).

o a o

17

19

Fig. 18. 17, pic court repris comme retouchoir. 18, ébauche dont la pointe n'a pu être amincie. 19, ébauche arrêtée par la dureté du silex. 20, ébauche sur plaquette. Ech. : 1/3. BLOCS DE SILEX

Parmi les objets recueillis par M. Lefort, nous avons trouvé trois bloes de silex qui, par leur forme, peuvent passer pour des réserves de matière propre à fabriquer des pies. Deux sont des plaques éclatées d'un rognon. Leur allure parallélipipédique et leurs dimensions réponderaient

à eet usage. L'une mesure 212

x

101

x

35 mm. Le troisième est un éclat

allongé à section triangulaire, terminé par une pointe naturelle. Quoique sa forme soit proche de cellede la foliolede marronnier, on n'y voit aucune retaille.

Les déblais de craie sont mélangés en très faible proportion à des

éclats et des petits bloes de silex. Ceux qui ont été rencontrés par les fouilleurs n' ont pas été con<>ervés, mais la minière en est encore remplie. Ce sont des fragments tombés des rognons au moment de leur abattage et

(33)

TYPOLOGIE ET ANALYSE DU MATERIEL 33 des petits éclats de taille qui proviennent de l'usage des pies, voire de leur retaille. Leur nombre ne permet pas d'envisager le débitage du silex au fond de la mine.

3

6 7

Fig. 19. 1, pic fuselé (fig. r6,r). z, pic en foliolede marronnier (fig. 16,8). 3, pic atypique (fig. 17, 14). 4, ébauche de pic (fig. 18, 19). 5, pic à bords droits (fig. 17, 10). 6, pic court (fig. 17, 13). 7, pic en feuille de laurier (fig. 17, u). 8, pic à dos (fig. 17, 15). Ech.: 1/3.

(34)

34 TYPOLOGIE ET ANALYSE DU MATERIEL

RETOUCHOIRS

Ce sont des objets usagés de forme8 diverses, présentant des traces d'écrasement sur les arêtes. Ces fines écaillures qui marquent et parfois creusent les arêtes, sont dues selon toute vraisemblance à des pressions répétées contre d'autres objets en silex dans le but de les retoucher.

Deux pies ont servi à eet usage. L'un est un ancien nucléus à larnes

appointé et aménagé en pic fuselé assez long dont les indices sont

respec-tivement 38 et 97. L'autre reprend un pic court ou usé au même indice

longueur-largeur de 38 (fig. 18, 0° 17).

LE MATERIEL EN GRES

Trois percuteurs en grès landeuien ont été retrouvés dans les remblais. Deux sont sphériques, très employés. Le troisième est un cube aux arêtes

arrondies par les chocs. Leur diamètre est sensiblement le même : 68,

69 et 78 mm.

Une endurne en grès landenien, gros bloc cubique, dormant, de

143

x

150

x

140 mm, a d'abord été un polissoir utilisé à la surface comme

le prouvent les tons brun-rouge qui marbrent cinq de ses faces intactes.

Une surface de polissage large de 150 mm correspond à la largeur de

l'enclume. Son épaisseur, 140 mm, est restée celle du polissoir. Seule la

longueur a subi un raccourcissement dû à l'écrasement d'une face qui

s' est arrondie.

La présence de percuteurs en grès et de retouchoirs pourrait surpren-dre au sein du matériel d'un fond de minière, mais on a constaté que

certains pies - une minorité en face des pointes cassées abandonnées

-avaient été retaillés. Les quelques ébauches laisseraient penser aussi à une

taille occasionnelle pratiquée par les mineurs à leur front d'abattage. Dans son rapport de 1954, M. Lefort signale à plusieurs reprises la

découverte de pies intacts et même p. 7 : << une série de pies que je croirais

avoir été placés intentionnellement dans cette sorte de niche n. Ces pies

non employés, dont la longueur dépassent parfois les vingt centimètres,

perdus dans la pénombre, ont échappé à l'attenticn des mineurs chargés

de remblayer les salles. Ils attendaient d'être emmanchés à moins qu'ils

ne soient les vestiges d'une quelconque superstition comme il en existe

tant dans ce monde mystérieux des gens de la mine.

I1 est certain que les mineurs travaillaient aux pies à manche, exac-tement comme nos piqueurs avant l'invention des marteaux pneumatiques. Ce manche, fait sans doute d'une branche coudée, présentait la pointe de silex au front de taille suivant un angle assez aigu pour éviter le clouage de l'outil dans la craie. Il éraflait la roche en de longues griffures toujours orientées dans le même sens commandé par la position couchée de

(35)

l'ou-TYPOLOGIE ET ANALYSE DU MATERIEL 35

Fig. zo. Traces de coups de pic en silex dans la craie. On remarquera leur disposition

en gerbe.

vrier et Ie balancement du manche (fig. 20). Toutes les traces de coups montrent bien ce travail qui ne peut pas s'obtenir avec une pierre tenue directement en main. Une prise manuelle ne peut marquer la craie que par des traces de poinçonnements courts. En couchant plus l'outil, Ie piqueur se serait ouvert Ie dos des phalanges. Sur Ie matériel de Jandrain (1974, p. 41 ), nous avions relevé des traces de lustre que nous attribuions au frottement de la craie sur Ie silex. A Spiennes, ce lustre n' est pas visible. Et I' expérience nous a montré notre erreur. La craie ne produit pas d'usure visible sur la silice. Pour retrouver ce phénomène, il faut employer les pies dans Ie sable comme il en existe aux faux-toits de Jandrain. Une preuve analogique de l'emmanchement peut encore être avancée en évoquant les pies en bois de ce1 f qui tous présentent un manche, le merrain, et une partie agissante, l'andouiller. Et s'il existe des andouillers isolés ceux-ci sont perforés (Destexhe- J amotte, 194 7).

LE MATERIEL OSSEUX

Un seul outil en os, une pelle, a été retrouvé; il s'agit d'une omoplate de cerf. Usée sur Ie bord inférieur de la face postérieure, son épine a été volontairement brisée puis usée au contact de la craie (fig. 21). La face

(36)

36 TYPOLOGIE ET ANALYSE OU MATERIEL

Fig. 21. Pelle à craie faite d'une omoplate de cerf. En haut.la face postérieure. Longueur

de la pièce: 310 mm.

antérieure est striée, et au bord inférieur, elle présente des traits dus à

l'écorchage au silex. La partie large très amincie a été fortement ruinée et reconstituée. A l'opposé, la cavité glénoïde n'est pas perforée. Cette pelle n'a clone jamais reçu de manche.

(37)

Fig. 22. Coupes suivant les axes Z-X et V-W avec une contre-coupe d'est en ouest passant par le point Z du plan général.

(38)

38 TYPOLOGIE ET ANALYSE DU MATERIEL

LA CERAMIQUE

Aucune note de M. Lefort ne laisse supposer la découverte de terre

cuite lors de ses travaux. 11 faut avoir recours à un ouvrage de A. de Loë

(s.d.) pour trouver la description de tessons recueillis en 1913, << à peu

de distance de la base d'un puits non déblayé voisin du no 1 ». « La päte,

noire et fortement mêlée de très fins éclats de silex, est enduite à 1' extérieur

d'un engobe brun rougeätre soigneusement lissé ». Ces fragments venus

avec les premiers remblais du puits, ont donné « à peu près le quart

d'un grand vase caliciforme remarquable par la minceur de ses parois >>.

A n'en pas douter, ce sont les restes d'un vase à provisions que l'on peut

attribuer à la culture du Michelsberg. Sa position au fond de la minière en fait un fossile directeur sûr pour situer cultureHement ces quelques ares de minières et leur matériel (fig. 23 ).

---

___ J __ _

Fig. 23. Vase tulipiforme du type 5 de J. Lüning (1967) appartenant au Michels-berg III. Le fond est une reconstitution. Ech. : I/3·

(39)

CONCLUSION

C'est sans présomption que nous pouvons dire qu'un nouveau pas est franchi dans la dissection du problème de Spiennes qui n'est sans doute pas près de connaître sa pleine explication.

Du matériel lithique employé par les gens de Miehelsberg a pu être isolé et étudié ainsi que les vestiges de leur industrie minière qui, sur cette petite surface, ne semblent pas avoir été perturbés par une autre civilisation. L'étroitesse du champ de nos observations en est une garantie. Dans l'étude du matériel, nous avons rejeté les 1.500 objets ramassés dans les puits 1 et 2 et mélangés à ceux des galeries en 1914 parce que ces puits, s'ils ont été remblayés au fur et à mesure de leur abandon, ont quand même subi des tassements comme on le constate encore de nos jours. Ces trous ont connu d'autres remblais postérieurs à ceux de leurs auteurs, venant de nouveaux exploitants du silex. Ainsi pour preuve : près du puits l l0 1, A. de Loë (1925) signaleun «fond de cabarre » qui pour-rait être attribué aux gens du Miehelsberg par sa position géographique, mais qui a en réalité reçu du matériel de la Seine-Oise-Marne et des tes-sons des äges des métaux.

La rentabilité de cette minière peut être calèulée approximativement. Nous savons en effet que la craie stérile est restée en place sous forme de murs naturels et de piliers. Tous les vides peuvent être cubés et ré-partis en craie et silex. Pour s'éclairer à la lueur du jour, les mineurs du Miehelsberg se sont astreints à un travail improductif dans le forage d'un puits tous les six mètres en moyenne. Ces forages devaient obérer la rentabilité, mais les néolithiques, liés à une seule matière première pour la confection de leurs outils tranchants, pouvaient-ils raisonner en économiste moderne ? Pour eux mettre dans la terre un peu moins d' effort qu'ils n'en tiraient de silex, était déjà suffisant comme le montrent les 8 à 9

%

de production des minières de Jandrain (Hubert, 1974). Mais à Spiennes, les calculs donnent des chiffres d'une rentabilité étonnante. Creuser un puits de 16 m rapportait environ 11

%

de silex sur la masse remuée, sans tenir compte des petits rognons extraits avant d'atteindre les barres jumeaux. Quant à la production des galeries, elle avoisinait 23

%

.

Cette extraordinaire richesse explique pourquoi le site fut si largement exploité dans 1' espace et dans le temps (Hubert, 1978).

La vie de ces mineurs était moins rude que ce que l'on a voulu dé-peindre en la comparant à celle des mineurs du charbon. Si la technique d'abattage était celle que nous avons suggérée, il y avait peu de sourees

(40)

I

40 CONCLUSION

d'accident car la roche encaissante est très stable. La faible profandeur des chantiers mettait le mineur à l'abri des coups d'eau et de la chaleur due aux pressions du sol. Etait-ce un << vrai travail d'esclave >> comme

dit E. Mariën (1952, p. 78)? Nous avons séjourné trois semaines au fond

de la minière à en relever le plan, et nous pouvons mieux en juger. La

température y est constante. La craie humide produit peu de poussière

et cette poussière de carbonate de chaux n'est pas trop nocive aux pou-mons. Nous n'en dirons pas autant de la poussière de silex qui déchire

les voies respiratoires. Elle conduisait au tombeau à trente-cinq ou

qua-rante ans les tailleurs de pierres à fusil du 18• siècle. C'est pourquoi

la taille s' est taujours faite en surf ace, en plein vent. Les mineurs devaient travailler couchés certes, mais cela peut avoir son charme si l'on n'est

pas astreint à des cadences de plans quinquennaux. De plus l'extraction

n'avait pas lieu tous les jours de l'année. Seules y étaient réservées les

journées claires avec assez de lumière pour éclairer les tailles.

Ces remarques n' ont pas pour but de minimiser 1' entreprise de ces

mineurs, mais veulent estamper l'atmosphère de paupérisme que l'on a créée autour de ce premier génie industriel qui devait donner aux gens du Michelsberg, richesse et hégémonie.

(41)

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(43)

INTRODUCTION

La géologie

TABLE DES MATIERES

LES STRUCTURES ET LA METHODE D'EXPLOITATION TYPOLOGIE ET ANALYSE DU MATERIEL

Pies fuselés typiques

Pies fuselés en foliole de marronnier Pies en feuille de laurier

Pies à bords droits .

Pies à dos

Pies courts Pies atypiques

Les fragments de pies Ebauches de pies Bloes de silex Retouchoirs . Le matériel en grès. Le matériel osseux . La céramique CONCLUSION • BIBLIOGRAPHIE 5 8 10 23 24

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29

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Referenties

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