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University of Groningen Experimental investigations into the semantics of distributive marking Bosnić, Ana

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Academic year: 2021

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University of Groningen

Experimental investigations into the semantics of distributive marking

Bosnić, Ana

DOI:

10.33612/diss.171644158

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Publisher's PDF, also known as Version of record

Publication date: 2021

Link to publication in University of Groningen/UMCG research database

Citation for published version (APA):

Bosnić, A. (2021). Experimental investigations into the semantics of distributive marking: Data from Serbian, Korean and Dutch. University of Groningen. https://doi.org/10.33612/diss.171644158

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(2)

S

Résumé

Cette thèse porte principalement sur les différentes interprétations du marquage distributif en serbe, en coréen et en néerlandais, et se propose de vérifier expérimentalement les prédictions faites par des analyses sé-mantiques opposées qui ont été proposées pour un sous-ensemble de marqueurs distributifs en serbe et coréen.

Notre compréhension des marqueurs distributifs à travers les langues, bien que soigneusement étudiée, est encore loin d’être complète. A travers les langues, les façons dont on peut exprimer les lectures distributives varient, ce qui constitue un terrain fertile pour la recherche comparative théorique et expérimentale. Par exemple, certaines langues ont des mar-queurs distributifs qui semblent très similaires aux quantifieurs distributifs universels tels que every et each, mais qui se révèlent également avoir des interprétations distributives supplémentaires, souvent identifiées comme des interprétations distributives sur des événements.  Ces marqueurs ont, par ailleurs, des propriétés morpho-syntaxiques différentes de celles des quantifieurs distributifs universels – ils marquent la part distribuée dans une phrase, et sont ainsi souvent appelés marqueurs de la part distribuée. Très généralement, les marqueurs distributifs en question créent une relation entre deux arguments d’une phrase – qu’on appelle clé de tri ou clé distributive (dorénavant CléDist pour ‘DistKey’) et part distribuée (PartDist pour ‘DistShare’). Bien qu’il existe une abondance de données expérimentales sur les quantifieurs distributifs universels (aussi appelés marqueurs de CléDist), en particulier chez les enfants (mais aussi chez les adultes), les études expérimentales sur les marqueurs de PartDist restent rares. Cette thèse cherche à pallier au besoin impératif de données expé-rimentales sur l’interprétation adulte des marqueurs de PartDist en serbe et en coréen, ainsi qu’aux données d’acquisition, en comparant les langues avec (i.e. serbe) et sans (i.e. néerlandais) marqueurs de PartDist. Ainsi, les études menées ici viennent compléter et enrichir les différents fondements théoriques développés sur les marqueurs de PartDist développés au fil des années, et mettent en évidence l’importance de mener des recherches expérimentales sur les différentes propriétés sémantiques de ces marqueurs. La terminologie CléDist/PartDist est (partiellement) adoptée de Choe (1987) et Gil (1995). En quelques mots, l’argument CléDist désigne l’en-semble sur lequel s’effectue la distribution (semblable au restricteur d’un quantifieur), tandis que l’argument PartDist désigne ce qui est distribué (semblable à la portée nucléaire d’un quantifieur). Les marqueurs distribu-tifs s’attachent syntaxiquement à l’argument PartDist, d’où leur nom. Cette propriété rend ces marqueurs (au moins syntaxiquement) différents de ceux qui se rattachent à l’argument CléDist. Ainsi, cette terminologie parti-culière sert directement de distinction typologique et morpho-syntaxique entre deux grands types de marqueurs distributifs.

Illustrons d’abord ce phénomène par un exemple de l’anglais et du serbe en (1) :

(1) a. Each child is holding a present – Anglais chaque.DISTR enfant AUX tient un cadeau.SG

« Chaque enfant tient un cadeau. »

b. Deca drže po jedan poklon. – Serbe

enfants.NOM tient.PL DISTR un cadeau.ACC « Les enfants tiennent (distributivement) un cadeau.

Ici, le quantifieur distributif each se rattache syntaxiquement à l’argument qui désigne ce sur quoi on distribue (i.e. child ‘enfant’). En revanche, en serbe, le marqueur distributif po s’attache à l’argument qui désigne ce qui est distribué (i.e. present ‘cadeau’). De plus, il existe des différences séman-tiques entre ces deux phrases. Outre une lecture de distribution sur les individus désignés par le sujet, dans laquelle il y a un cadeau pour chaque enfant individuel (aussi appelée lecture distributive-individuelle), l’exemple du serbe permet également des lectures distributives-événementielles, dans lesquelles l’argument PartDist peut être distribué sur des localisations/ unités spatiales ou des unités temporelles (auquel cas, il pourrait y avoir, par exemple, plusieurs groupes d’enfants à différents endroits qui tiennent un cadeau ensemble). Il faut noter que tout au long de la thèse, seul le terme de marqueur de la part distribuée (PartDist) sera utilisé, s’agissant de l’expression la plus appropriée pour mettre spécifiquement en évidence les propriétés typologiques et morpho-syntaxiques de ces marqueurs qui nous intéressent.

Cette thèse est composée de six chapitres (incluant l’Introduction et la Conclusion), dont trois d’entre eux prennent la forme d’articles de recherche indépendants traitant chacun d’une question de recherche spécifique. Ces chapitres couvrent la conduite de tâches d’imitation dans le cadre d’une étude sur le développement du langage, des études expérimentales dévelop-pées pour tester les interprétations adultes de phrases avec des marqueurs de PartDist, ainsi qu’une discussion sur les implications théoriques de nos résultats expérimentaux et sur l’établissement d’un terrain propice à de futures recherches. La thèse est organisée comme suit :

Le chapitre 2 présente les données d’une étude sur le langage enfantin réalisée en serbe et en néerlandais. L’objectif de cette étude était de tester de quelle manière les lectures distributives-individuelles diffèrent entre les langues avec et sans marqueurs de PartDist. Au cours de cette étude, nous avons eu recours à une tâche d’imitation pour nous permettre d’ob-tenir davantage d’informations sur le raisonnement des enfants sur les interprétations possibles des phrases en question. Nous avons recueilli les réponses d’enfants âgés de 7 à 9 ans pour déterminer leur compréhen-sion des phrases marquée distributivement et des phrases contenant des numéraux nus, ainsi que leur performance dans la compréhension des lectures distributives. En plus des phrases non marquées distributivement, pour le serbe, nous avons utilisé des phrases comprenant soit le quantifieur universel distributif svaki, soit le marqueur de PartDist po, tandis que pour le néerlandais nous n’avons utilisé que des phrases avec le quantifieur universel distributif elke. Nos résultats montrent que les enfants serbes

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Résumé

Cette thèse porte principalement sur les différentes interprétations du marquage distributif en serbe, en coréen et en néerlandais, et se propose de vérifier expérimentalement les prédictions faites par des analyses sé-mantiques opposées qui ont été proposées pour un sous-ensemble de marqueurs distributifs en serbe et coréen.

Notre compréhension des marqueurs distributifs à travers les langues, bien que soigneusement étudiée, est encore loin d’être complète. A travers les langues, les façons dont on peut exprimer les lectures distributives varient, ce qui constitue un terrain fertile pour la recherche comparative théorique et expérimentale. Par exemple, certaines langues ont des mar-queurs distributifs qui semblent très similaires aux quantifieurs distributifs universels tels que every et each, mais qui se révèlent également avoir des interprétations distributives supplémentaires, souvent identifiées comme des interprétations distributives sur des événements.  Ces marqueurs ont, par ailleurs, des propriétés morpho-syntaxiques différentes de celles des quantifieurs distributifs universels – ils marquent la part distribuée dans une phrase, et sont ainsi souvent appelés marqueurs de la part distribuée.

Très généralement, les marqueurs distributifs en question créent une relation entre deux arguments d’une phrase – qu’on appelle clé de tri ou clé distributive (dorénavant CléDist pour ‘DistKey’) et part distribuée (PartDist pour ‘DistShare’). Bien qu’il existe une abondance de données expérimentales sur les quantifieurs distributifs universels (aussi appelés marqueurs de CléDist), en particulier chez les enfants (mais aussi chez les adultes), les études expérimentales sur les marqueurs de PartDist restent rares. Cette thèse cherche à pallier au besoin impératif de données expé-rimentales sur l’interprétation adulte des marqueurs de PartDist en serbe et en coréen, ainsi qu’aux données d’acquisition, en comparant les langues avec (i.e. serbe) et sans (i.e. néerlandais) marqueurs de PartDist. Ainsi, les études menées ici viennent compléter et enrichir les différents fondements théoriques développés sur les marqueurs de PartDist développés au fil des années, et mettent en évidence l’importance de mener des recherches expérimentales sur les différentes propriétés sémantiques de ces marqueurs. La terminologie CléDist/PartDist est (partiellement) adoptée de Choe (1987) et Gil (1995). En quelques mots, l’argument CléDist désigne l’en-semble sur lequel s’effectue la distribution (semblable au restricteur d’un quantifieur), tandis que l’argument PartDist désigne ce qui est distribué (semblable à la portée nucléaire d’un quantifieur). Les marqueurs distribu-tifs s’attachent syntaxiquement à l’argument PartDist, d’où leur nom. Cette propriété rend ces marqueurs (au moins syntaxiquement) différents de ceux qui se rattachent à l’argument CléDist. Ainsi, cette terminologie parti-culière sert directement de distinction typologique et morpho-syntaxique entre deux grands types de marqueurs distributifs.

Illustrons d’abord ce phénomène par un exemple de l’anglais et du serbe en (1) :

(1) a. Each child is holding a present – Anglais chaque.DISTR enfant AUX tient un cadeau.SG

« Chaque enfant tient un cadeau. »

b. Deca drže po jedan poklon. – Serbe

enfants.NOM tient.PL DISTR un cadeau.ACC « Les enfants tiennent (distributivement) un cadeau.

Ici, le quantifieur distributif each se rattache syntaxiquement à l’argument qui désigne ce sur quoi on distribue (i.e. child ‘enfant’). En revanche, en serbe, le marqueur distributif po s’attache à l’argument qui désigne ce qui est distribué (i.e. present ‘cadeau’). De plus, il existe des différences séman-tiques entre ces deux phrases. Outre une lecture de distribution sur les individus désignés par le sujet, dans laquelle il y a un cadeau pour chaque enfant individuel (aussi appelée lecture distributive-individuelle), l’exemple du serbe permet également des lectures distributives-événementielles, dans lesquelles l’argument PartDist peut être distribué sur des localisations/ unités spatiales ou des unités temporelles (auquel cas, il pourrait y avoir, par exemple, plusieurs groupes d’enfants à différents endroits qui tiennent un cadeau ensemble). Il faut noter que tout au long de la thèse, seul le terme de marqueur de la part distribuée (PartDist) sera utilisé, s’agissant de l’expression la plus appropriée pour mettre spécifiquement en évidence les propriétés typologiques et morpho-syntaxiques de ces marqueurs qui nous intéressent.

Cette thèse est composée de six chapitres (incluant l’Introduction et la Conclusion), dont trois d’entre eux prennent la forme d’articles de recherche indépendants traitant chacun d’une question de recherche spécifique. Ces chapitres couvrent la conduite de tâches d’imitation dans le cadre d’une étude sur le développement du langage, des études expérimentales dévelop-pées pour tester les interprétations adultes de phrases avec des marqueurs de PartDist, ainsi qu’une discussion sur les implications théoriques de nos résultats expérimentaux et sur l’établissement d’un terrain propice à de futures recherches. La thèse est organisée comme suit :

Le chapitre 2 présente les données d’une étude sur le langage enfantin réalisée en serbe et en néerlandais. L’objectif de cette étude était de tester de quelle manière les lectures distributives-individuelles diffèrent entre les langues avec et sans marqueurs de PartDist. Au cours de cette étude, nous avons eu recours à une tâche d’imitation pour nous permettre d’ob-tenir davantage d’informations sur le raisonnement des enfants sur les interprétations possibles des phrases en question. Nous avons recueilli les réponses d’enfants âgés de 7 à 9 ans pour déterminer leur compréhen-sion des phrases marquée distributivement et des phrases contenant des numéraux nus, ainsi que leur performance dans la compréhension des lectures distributives. En plus des phrases non marquées distributivement, pour le serbe, nous avons utilisé des phrases comprenant soit le quantifieur universel distributif svaki, soit le marqueur de PartDist po, tandis que pour le néerlandais nous n’avons utilisé que des phrases avec le quantifieur universel distributif elke. Nos résultats montrent que les enfants serbes

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acquièrent po beaucoup plus tard que le quantifieur svaki – vers l’âge de 9

ou 10 ans. En outre, ils peinent à avoir une compréhension complète du quantifieur universel svaki en comparaison avec leurs pairs néerlandais pour la compréhension du quantifieur elke (qui est déjà maîtrisé vers l’âge de 6 ans). En conduisant une tâche d’imitation, nous avons également pu avoir un aperçu du raisonnement des enfants sur la distributivité et identifier une trajectoire possible d’apprentissage, allant d’une préférence pour les interprétations distributives des phrases non marquées à une compréhension adulte des marqueurs distributifs. Cela a été démontré par la découverte d’une réponse intermédiaire (la réponse cumulative), à mi-chemin entre les réponses collectives et distributives. De plus, nous avons observé des différences pragmatiques entre les schémas de réponse néerlandais et serbes – les adultes néerlandais semblent être influencés par des facteurs pragmatiques (par exemple le type de verbes, ou le naturel des affirmations) lorsqu’ils donnent leurs réponses aux phrases marquées avec un numéral, et pour lesquelles nous observons une grande variété de réponses ; tandis que les adultes serbes ne semblent pas être influencés par des facteurs pragmatiques et suivent rigoureusement le marquage lexical. Enfin, nous avons émis l’hypothèse qu’il existe un troisième compétiteur distributif en serbe (c’est-à-dire svaki+po, pouvant être équivalent à each ‘chaque’ (binominal)) qui affecte potentiellement et indépendamment l’ac-quisition des marqueurs distributifs svaki et po. Ces résultats se montrent pertinents lorsqu’on examine toute la gamme des interprétations permises par po, y compris pour ses différentes significations (par exemple, comme préposition ou comme préfixe verbal), qui peuvent expliquer son acqui-sition très tardive.

Les protocoles expérimentaux du chapitre 3 se sont concentrées sur l’analyse des marqueurs de PartDist, tels que po en serbe et -ssik en coréen, en termes de quantification universelle sur des événements (Zimmermann 2002b, Balusu 2006), par opposition à des marqueurs de pluralité d’événe-ments (pluri-actionnels) (Câble 2014, Knežević 2015) qui eux requièrent simplement une pluralité d’événements, et n’imposent pas les contraintes supplémentaires des quantifieurs universels, notamment une CléDist qui doit être exhaustifiée. Les expériences que nous avons menées étaient toutes des tâches de vérification d’images que nous avons utilisées pour établir les interprétations de base des marqueurs de PartDist en serbe et en coréen, indépendamment des hypothèses théoriques avancées sur la base des données.

Nous avons testé des phrases intransitives dans lesquelles po et -ssik sont attachés au seul argument disponible – le sujet (voir (2)) :

(2) a. Pleš-e [po jedan majmun]. - Serbe

danse DISTR un singe.NOM

b. [Wenswungi-ka han-mali-ssik] chwum-ul chwu-koiss-ta - Coréen singe.NOM un.CLF.DISTR danse.ACC danse.PROG.DEC c. ‘DISTR un singe danse (à différents endroits/chaque endroit).’

Nous avons considéré la contrainte d’exhaustivité sur l’argument Clé-Dist comme la propriété de base qui distingue les quantifieurs universels des marqueurs de pluralité d’événements. Nous avons été les premiers à concevoir un protocole expérimental sur l’exhaustification de l’argument CléDist. Cette expérience pionnière vérifie si l’argument CléDist qui, dans le cas de phrases intransitives, est un argument spatio/temporel silencieux, doit être exhaustifié ou non. Pour encourager les interprétations avec un argument spatial en tant que CléDist, nous avons rendu les arguments spatiaux explicites dans les images en montrant des cages et des grottes dans un zoo. Ces cages/grottes contenaient des triplets d’animaux (comme le montre la figure 3, chapitre 3). Notre hypothèse était la suivante : si les arguments spatiaux doivent être exhaustifiés par plusieurs événements d’un-singe-dansant alors nous disposons de preuves que les marqueurs de PartDist devraient être analysés comme des quantifieurs universels sur des événements. Si ce n’est pas le cas, il ne s’agit alors que d’une question de pluralité verbale/événementielle – et tant qu’il existe au moins deux évé-nements d’un-singe-dansant, la phrase est vraie sous toutes les conditions. En réalité, nous avons identifié une contrainte d’exhaustivité sur les participants non-atomiques (groupes de participants/singes) mais, cru-cialement, pas sur des unités spatiales désignées. Sur les trois CléDists potentielles disponibles avec nos stimuli visuels (les cages, les triplets de singes et les triplets de singes dans les cages), seuls les triplets de singes semblaient fournir la CléDist pertinente. Cette conclusion plaide en faveur d’une analyse en termes de quantification universelle, et nous avons adapté pour ce faire l’analyse de Zimmermann (2002b) des marqueurs de PartDist. Nous supposons donc que les marqueurs de PartDist peuvent distribuer sur des entités-non atomiques, comme le temps et l’espace, mais également sur des entités plus grandes que des atomes, c’est-à-dire des groupes/plu-ralités d’individus atomiques. Cette généralisation suit, par ailleurs, des paramètres proposés par Champollion (2016b) pour les opérateurs de distributivité : granularité et dimension. Plus précisément, le paramètre de granularité peut être configuré pour distribuer sur des atomes (comme c’est le cas avec des quantifieurs tels que each) uniquement, ou bien également sur des dimensions non-atomiques (non-comptables) telles que le temps ou l’espace – et suivant notre proposition, des pluralités non-atomiques.

Le chapitre 4 présente l’étape logique suivante pour tester les interpré-tations de marqueurs de PartDist : une étude en trois parties conçue pour tester les prédictions du chapitre 3 en utilisant des phrases cette fois-ci transitives avec le marqueur de PartDist po attaché à l’argument objet : (3) Majmun-i drž-e po jedan kišobran. - Serbian

singe.PL.NOM tenir.PRS.3PL DISTR un parapluie.ACC ‘Les singes tiennent DISTR un parapluie.’

Ce questionnement est loin d’être trivial car, contrairement aux phrases intransitives où il n’y a qu’un seul argument, les phrases transitives en ont deux, et l’argument pluriel qui n’est pas marqué comme la PartDist (le sujet

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acquièrent po beaucoup plus tard que le quantifieur svaki – vers l’âge de 9

ou 10 ans. En outre, ils peinent à avoir une compréhension complète du quantifieur universel svaki en comparaison avec leurs pairs néerlandais pour la compréhension du quantifieur elke (qui est déjà maîtrisé vers l’âge de 6 ans). En conduisant une tâche d’imitation, nous avons également pu avoir un aperçu du raisonnement des enfants sur la distributivité et identifier une trajectoire possible d’apprentissage, allant d’une préférence pour les interprétations distributives des phrases non marquées à une compréhension adulte des marqueurs distributifs. Cela a été démontré par la découverte d’une réponse intermédiaire (la réponse cumulative), à mi-chemin entre les réponses collectives et distributives. De plus, nous avons observé des différences pragmatiques entre les schémas de réponse néerlandais et serbes – les adultes néerlandais semblent être influencés par des facteurs pragmatiques (par exemple le type de verbes, ou le naturel des affirmations) lorsqu’ils donnent leurs réponses aux phrases marquées avec un numéral, et pour lesquelles nous observons une grande variété de réponses ; tandis que les adultes serbes ne semblent pas être influencés par des facteurs pragmatiques et suivent rigoureusement le marquage lexical. Enfin, nous avons émis l’hypothèse qu’il existe un troisième compétiteur distributif en serbe (c’est-à-dire svaki+po, pouvant être équivalent à each ‘chaque’ (binominal)) qui affecte potentiellement et indépendamment l’ac-quisition des marqueurs distributifs svaki et po. Ces résultats se montrent pertinents lorsqu’on examine toute la gamme des interprétations permises par po, y compris pour ses différentes significations (par exemple, comme préposition ou comme préfixe verbal), qui peuvent expliquer son acqui-sition très tardive.

Les protocoles expérimentaux du chapitre 3 se sont concentrées sur l’analyse des marqueurs de PartDist, tels que po en serbe et -ssik en coréen, en termes de quantification universelle sur des événements (Zimmermann 2002b, Balusu 2006), par opposition à des marqueurs de pluralité d’événe-ments (pluri-actionnels) (Câble 2014, Knežević 2015) qui eux requièrent simplement une pluralité d’événements, et n’imposent pas les contraintes supplémentaires des quantifieurs universels, notamment une CléDist qui doit être exhaustifiée. Les expériences que nous avons menées étaient toutes des tâches de vérification d’images que nous avons utilisées pour établir les interprétations de base des marqueurs de PartDist en serbe et en coréen, indépendamment des hypothèses théoriques avancées sur la base des données.

Nous avons testé des phrases intransitives dans lesquelles po et -ssik sont attachés au seul argument disponible – le sujet (voir (2)) :

(2) a. Pleš-e [po jedan majmun]. - Serbe

danse DISTR un singe.NOM

b. [Wenswungi-ka han-mali-ssik] chwum-ul chwu-koiss-ta - Coréen singe.NOM un.CLF.DISTR danse.ACC danse.PROG.DEC c. ‘DISTR un singe danse (à différents endroits/chaque endroit).’

Nous avons considéré la contrainte d’exhaustivité sur l’argument Clé-Dist comme la propriété de base qui distingue les quantifieurs universels des marqueurs de pluralité d’événements. Nous avons été les premiers à concevoir un protocole expérimental sur l’exhaustification de l’argument CléDist. Cette expérience pionnière vérifie si l’argument CléDist qui, dans le cas de phrases intransitives, est un argument spatio/temporel silencieux, doit être exhaustifié ou non. Pour encourager les interprétations avec un argument spatial en tant que CléDist, nous avons rendu les arguments spatiaux explicites dans les images en montrant des cages et des grottes dans un zoo. Ces cages/grottes contenaient des triplets d’animaux (comme le montre la figure 3, chapitre 3). Notre hypothèse était la suivante : si les arguments spatiaux doivent être exhaustifiés par plusieurs événements d’un-singe-dansant alors nous disposons de preuves que les marqueurs de PartDist devraient être analysés comme des quantifieurs universels sur des événements. Si ce n’est pas le cas, il ne s’agit alors que d’une question de pluralité verbale/événementielle – et tant qu’il existe au moins deux évé-nements d’un-singe-dansant, la phrase est vraie sous toutes les conditions. En réalité, nous avons identifié une contrainte d’exhaustivité sur les participants non-atomiques (groupes de participants/singes) mais, cru-cialement, pas sur des unités spatiales désignées. Sur les trois CléDists potentielles disponibles avec nos stimuli visuels (les cages, les triplets de singes et les triplets de singes dans les cages), seuls les triplets de singes semblaient fournir la CléDist pertinente. Cette conclusion plaide en faveur d’une analyse en termes de quantification universelle, et nous avons adapté pour ce faire l’analyse de Zimmermann (2002b) des marqueurs de PartDist. Nous supposons donc que les marqueurs de PartDist peuvent distribuer sur des entités-non atomiques, comme le temps et l’espace, mais également sur des entités plus grandes que des atomes, c’est-à-dire des groupes/plu-ralités d’individus atomiques. Cette généralisation suit, par ailleurs, des paramètres proposés par Champollion (2016b) pour les opérateurs de distributivité : granularité et dimension. Plus précisément, le paramètre de granularité peut être configuré pour distribuer sur des atomes (comme c’est le cas avec des quantifieurs tels que each) uniquement, ou bien également sur des dimensions non-atomiques (non-comptables) telles que le temps ou l’espace – et suivant notre proposition, des pluralités non-atomiques.

Le chapitre 4 présente l’étape logique suivante pour tester les interpré-tations de marqueurs de PartDist : une étude en trois parties conçue pour tester les prédictions du chapitre 3 en utilisant des phrases cette fois-ci transitives avec le marqueur de PartDist po attaché à l’argument objet : (3) Majmun-i drž-e po jedan kišobran. - Serbian

singe.PL.NOM tenir.PRS.3PL DISTR un parapluie.ACC ‘Les singes tiennent DISTR un parapluie.’

Ce questionnement est loin d’être trivial car, contrairement aux phrases intransitives où il n’y a qu’un seul argument, les phrases transitives en ont deux, et l’argument pluriel qui n’est pas marqué comme la PartDist (le sujet

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en (3)), devient alors un candidat pour fournir une CléDist explicite, en

compétition avec une CléDist implicite (seul candidat possible dans une phrase intransitive comme (2)). Plus précisément, nous voulions examiner si (et dans quelle mesure) les prédictions demeurent valides dans le cas des phrases transitives. Nous avons mené trois expériences (sous la forme de tâches de vérification d’images) et testé des locuteurs adultes serbes pour établir des bases de référence pour les lectures distributives-individuelles versus distributives-événementielles. Or, nous avons trouvé de manière inattendue des preuves de co-occurrence de deux populations de locuteurs – l’une qui semble interpréter po comme un quantifieur universel (sur

des événements) et l’autre qui semble l’interpréter comme un marqueur de pluri-actionnalité, que nous appelons « po non exhaustif », puisqu’il n’a pas montré de contrainte d’exhaustivité. Nous clôturons ce chapitre en spéculant, pour expliquer la co-occurrence de ces deux populations, que po pourrait être sujet à un changement sémantique en cours où, pour certains locuteurs, po aurait perdu sa force de quantification universelle.

Lors de nos trois expériences, le sujet de la phrase fournissait une pluralité explicite pouvant servir de CléDist potentielle pour distribuer l’argument de PartDist. Dans les deux premières expériences, nous avons testé les contraintes d’exhaustivité de la CléDist sous six conditions possibles (images) fondées sur nos conclusions du chapitre 3, à savoir que les indi-vidus non-atomiques peuvent servir de CléDist qui doit être exhaustifiée (par exemple, pour la phrase test Les singes tiennent po un parapluie (voir le chapitre 4, section 3 pour plus de détails sur ces nouvelles conditions expérimentales)). Les résultats de ces deux première expériences suggèrent qu’il pourrait y avoir deux populations de locuteurs, mais à ce stade nous ne savons pas encore si les effets observés proviendraient de contraintes d’exhaustivité déclenchés par les marqueurs en question, ou bien d’effets de maximalité déclenchés par une interprétation définie du sujet pluriel. La troisième expérience a été conçue répondre à cette question en testant les effets d’homogénéité (en s’appuyant sur Križ & Chemla 2015) sur trois types de phrases transitives négatives: avec le marqueur de PartDist po, et avec en position sujet, soit le quantifieur CléDist svaki (tous), soit un pluriel défini. Mais ce qui est le plus important est d’avoir proposé utiliser les effets d’homogénéité comme diagnostic expérimental clé pour faire la distinction entre une contrainte d’exhaustivité imposée par un quantifica-teur universel et les effets de maximalité imposés par l’interprétation définie d’un sujet pluriel (nu). Le test d’homogénéité fait des prédictions claires pour distinguer quantifieurs universels et pluriels définis, qui confirment en fin de compte les résultats des deux premières expériences. En effet, celles-ci avaient révélé puis confirmé qu’il existe deux populations de locuteurs – l’une imposant une contrainte d’exhaustivité sur une CléDist, et l’autre sans une telle contrainte d’exhaustivité. En d’autres termes, la première population semble interpréter l’argument de PartDist comme un quantifieur universel distributif sur des événements, comme prévu ini-tialement, alors que la seconde population les interprète (éventuellement) comme des marqueurs pluri-actionnels. En conclusion, nous émettons

l’hypothèse que po, en tant que quantifieur universel, pourrait avoir subi un affaiblissement sémantique chez certains locuteurs, ce qui expliquerait alors la coexistence de ces deux populations.

Le chapitre 5 développe une analyse théorique plus approfondie des résul-tats obtenus au chapitre 4. Ce chapitre se concentre sur la façon d’analyser sémantiquement po pour le sous-ensemble de la population qui ne le traite pas comme un quantifieur universel dans des contextes transitifs, et qui ne suppose donc pas une CléDist exhaustifiée. Plus précisément, nous explo-rons deux approches possibles qui n’analysent pas ces marqueurs comme des quantifieurs universels. Tout d’abord, nous présentons l’approche déjà couverte aux chapitres précédents, proposée par Knežević (2015) où elle soutient que po est un marqueur de pluralité d’événements, semblable au pluri-actionnels. L’essence même de la proposition de Knežević est que la seule condition nécessaire pour qu’une phrase avec po soit valide est d’avoir au moins deux événements, chacun impliquant l’argument marqué par po-, distribué sur une/des unités spatio-temporelles. Fondamentalement, aucune force de quantification universelle n’est en jeu dans l’interprétation des phrases avec po, sous cette approche. La deuxième proposition analyse les marqueurs de PartDist comme des dispositifs de formation de groupes, qui ne font pas appel non plus à la quantification universelle, mais surtout dont la sémantique ne nécessite pas une pluralité d’événements. Il s’agit de la proposition formulée par McKercher & Kim (1999), basée sur les lectures dites distributives internes à NP (‘NP-internal distributive readings’) de Gil (1990), dans lesquelles le marqueur distribue sur la tête du nom qu’il modifie donnant lieu à une pluralité d’entités désignées par celui-ci, mais non à une pluralité d’événements (c.-à-d. qu’il n’y a pas de distribution d’événements, mais seulement d’entités). Les deux approches diffèrent par le fait que la deuxième proposition permet des scénarios qui impliquent un événement unique, dans lequel la distributivité ne se produit qu’au sein du DP/NP auquel le marqueur se rattache, n’imposant ainsi aucune contrainte de pluralité d’événements. Comme attendu, l’approche en termes de pluralité événementielle (pluri-actionnalité) ne peut rendre compte de ces lectures.

Nous contribuons à cette argumentation en discutant d’abord différents critères pour individualiser et compter des événements (Donazzan & Mül-ler 2015, Lasersohn 1995 et Tunstall 1998) afin de les appliquer directement à des contre-exemples à l’hypothèse selon laquelle po serait un dispositif de formation de groupes (par exemple, John pèse po trois pommes), montrant que les situations décrites par de tels exemples ne peuvent être lues comme collectives – à moins qu’il n’y ait aussi multiplication/distribution d’un instrument implicite (des échelles de mesure dans cet exemple), ce qui n’est pas prédit par cette hypothèse. De plus, en introduisant nos propres exemples critiques/tests, nous démontrons que ce qui est (apparemment) un scénario d’événements unique devrait être en réalité considéré comme impliquant plusieurs événements une fois appliqués les critères de différen-ciation pour compter des événements. Pour illustrer cela, nous démontrons qu’une phrase avec un argument sujet singulier agent d’un seul événement,

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en (3)), devient alors un candidat pour fournir une CléDist explicite, en

compétition avec une CléDist implicite (seul candidat possible dans une phrase intransitive comme (2)). Plus précisément, nous voulions examiner si (et dans quelle mesure) les prédictions demeurent valides dans le cas des phrases transitives. Nous avons mené trois expériences (sous la forme de tâches de vérification d’images) et testé des locuteurs adultes serbes pour établir des bases de référence pour les lectures distributives-individuelles versus distributives-événementielles. Or, nous avons trouvé de manière inattendue des preuves de co-occurrence de deux populations de locuteurs – l’une qui semble interpréter po comme un quantifieur universel (sur

des événements) et l’autre qui semble l’interpréter comme un marqueur de pluri-actionnalité, que nous appelons « po non exhaustif », puisqu’il n’a pas montré de contrainte d’exhaustivité. Nous clôturons ce chapitre en spéculant, pour expliquer la co-occurrence de ces deux populations, que po pourrait être sujet à un changement sémantique en cours où, pour certains locuteurs, po aurait perdu sa force de quantification universelle.

Lors de nos trois expériences, le sujet de la phrase fournissait une pluralité explicite pouvant servir de CléDist potentielle pour distribuer l’argument de PartDist. Dans les deux premières expériences, nous avons testé les contraintes d’exhaustivité de la CléDist sous six conditions possibles (images) fondées sur nos conclusions du chapitre 3, à savoir que les indi-vidus non-atomiques peuvent servir de CléDist qui doit être exhaustifiée (par exemple, pour la phrase test Les singes tiennent po un parapluie (voir le chapitre 4, section 3 pour plus de détails sur ces nouvelles conditions expérimentales)). Les résultats de ces deux première expériences suggèrent qu’il pourrait y avoir deux populations de locuteurs, mais à ce stade nous ne savons pas encore si les effets observés proviendraient de contraintes d’exhaustivité déclenchés par les marqueurs en question, ou bien d’effets de maximalité déclenchés par une interprétation définie du sujet pluriel. La troisième expérience a été conçue répondre à cette question en testant les effets d’homogénéité (en s’appuyant sur Križ & Chemla 2015) sur trois types de phrases transitives négatives: avec le marqueur de PartDist po, et avec en position sujet, soit le quantifieur CléDist svaki (tous), soit un pluriel défini. Mais ce qui est le plus important est d’avoir proposé utiliser les effets d’homogénéité comme diagnostic expérimental clé pour faire la distinction entre une contrainte d’exhaustivité imposée par un quantifica-teur universel et les effets de maximalité imposés par l’interprétation définie d’un sujet pluriel (nu). Le test d’homogénéité fait des prédictions claires pour distinguer quantifieurs universels et pluriels définis, qui confirment en fin de compte les résultats des deux premières expériences. En effet, celles-ci avaient révélé puis confirmé qu’il existe deux populations de locuteurs – l’une imposant une contrainte d’exhaustivité sur une CléDist, et l’autre sans une telle contrainte d’exhaustivité. En d’autres termes, la première population semble interpréter l’argument de PartDist comme un quantifieur universel distributif sur des événements, comme prévu ini-tialement, alors que la seconde population les interprète (éventuellement) comme des marqueurs pluri-actionnels. En conclusion, nous émettons

l’hypothèse que po, en tant que quantifieur universel, pourrait avoir subi un affaiblissement sémantique chez certains locuteurs, ce qui expliquerait alors la coexistence de ces deux populations.

Le chapitre 5 développe une analyse théorique plus approfondie des résul-tats obtenus au chapitre 4. Ce chapitre se concentre sur la façon d’analyser sémantiquement po pour le sous-ensemble de la population qui ne le traite pas comme un quantifieur universel dans des contextes transitifs, et qui ne suppose donc pas une CléDist exhaustifiée. Plus précisément, nous explo-rons deux approches possibles qui n’analysent pas ces marqueurs comme des quantifieurs universels. Tout d’abord, nous présentons l’approche déjà couverte aux chapitres précédents, proposée par Knežević (2015) où elle soutient que po est un marqueur de pluralité d’événements, semblable au pluri-actionnels. L’essence même de la proposition de Knežević est que la seule condition nécessaire pour qu’une phrase avec po soit valide est d’avoir au moins deux événements, chacun impliquant l’argument marqué par po-, distribué sur une/des unités spatio-temporelles. Fondamentalement, aucune force de quantification universelle n’est en jeu dans l’interprétation des phrases avec po, sous cette approche. La deuxième proposition analyse les marqueurs de PartDist comme des dispositifs de formation de groupes, qui ne font pas appel non plus à la quantification universelle, mais surtout dont la sémantique ne nécessite pas une pluralité d’événements. Il s’agit de la proposition formulée par McKercher & Kim (1999), basée sur les lectures dites distributives internes à NP (‘NP-internal distributive readings’) de Gil (1990), dans lesquelles le marqueur distribue sur la tête du nom qu’il modifie donnant lieu à une pluralité d’entités désignées par celui-ci, mais non à une pluralité d’événements (c.-à-d. qu’il n’y a pas de distribution d’événements, mais seulement d’entités). Les deux approches diffèrent par le fait que la deuxième proposition permet des scénarios qui impliquent un événement unique, dans lequel la distributivité ne se produit qu’au sein du DP/NP auquel le marqueur se rattache, n’imposant ainsi aucune contrainte de pluralité d’événements. Comme attendu, l’approche en termes de pluralité événementielle (pluri-actionnalité) ne peut rendre compte de ces lectures.

Nous contribuons à cette argumentation en discutant d’abord différents critères pour individualiser et compter des événements (Donazzan & Mül-ler 2015, Lasersohn 1995 et Tunstall 1998) afin de les appliquer directement à des contre-exemples à l’hypothèse selon laquelle po serait un dispositif de formation de groupes (par exemple, John pèse po trois pommes), montrant que les situations décrites par de tels exemples ne peuvent être lues comme collectives – à moins qu’il n’y ait aussi multiplication/distribution d’un instrument implicite (des échelles de mesure dans cet exemple), ce qui n’est pas prédit par cette hypothèse. De plus, en introduisant nos propres exemples critiques/tests, nous démontrons que ce qui est (apparemment) un scénario d’événements unique devrait être en réalité considéré comme impliquant plusieurs événements une fois appliqués les critères de différen-ciation pour compter des événements. Pour illustrer cela, nous démontrons qu’une phrase avec un argument sujet singulier agent d’un seul événement,

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celui de tirer trois chariots comportant chacun trois valises (la phrase étant : John tire po trois valises) implique trois sous-événements, différenciés sur la dimension spatiale par les trois chariots avec chacun trois valises. Autrement dit, ces trois sous-événements ne partagent pas la même trace

spatiale, mais ils partagent la dimension de participant/rôle thématique ‘agent’, ainsi que la dimension temporelle. Nous affirmons que s’il existe au moins une dimension sur laquelle les événements ne se chevauchent pas, cela compte comme une différenciation minimale entre événements, et nous avons alors à faire à des (sous)événements distincts. En conclusion, nous plaidons en faveur de l’analyse pluri-actionnelle du po non-exhaustif en montrant que nous sommes effectivement confrontés à une pluralité d’événements dans tous ces cas, et pas seulement à une pluralité d’individus/ de groupes.

La thèse se conclue et est résumée au chapitre 6 où nous nous focalisons sur la recherche et les questions ouvertes qui ont émergé au cours des différentes étapes du présent travail. Tout au long de la thèse, nous avons profité de toutes les occasions possibles pour souligner les avantages de l’analyse expérimentale comme moyen de sonder et de confirmer des affirmations théoriques existantes et de mettre en lumière des sujets qui offrent un terrain fertile pour de nouvelles recherches expérimentales. Nous nous sommes plongés dans le territoire largement inexploré des marqueurs de PartDist et nous avons obtenus des résultats passionnants, et, plus important encore, nous avons découvert nombre de chemins et de possibilités pour explorer davantage ce territoire, tant théoriquement qu’expérimentalement. Nous espérons que cette recherche aura suscité un certain intérêt pour conduire ensemble, en tandem, des études expérimen-tales et des études théorique des différents aspects de la quantification et des nombreuses implications qui pourraient s’ensuivre.

T

HESE DE DOCTORAT DE

L'UNIVERSITEDENANTES

ECOLE DOCTORALE N°603

Education, Langages, Interaction, Cognition, Clinique

Spécialité : Science du langage

Experimental investigations into the semantics of distributive marking

Data from Serbian, Korean and Dutch

Thèse présentée et soutenue à Groningen, le 25 juin 2021

Unité de recherche : Laboratoire de Linguistique de Nantes (UMR 6310)

Par

Ana Bosnić

Rapporteurs avant soutenance :

Petra Hendriks Patricia Cabredo-Hofherr

Composition du Jury :

Examinateurs : Petra Hendriks Professor University of Groningen

Irina Sekerina Professor The College of Staten Island / CUNY Patricia Cabredo-Hofherr CR1 – HDR University of Paris – 8 / CNRS Seth Cable Associate Professor University of Massachusetts Marta Donazzan Associate Professor University of Nantes Dir. de thèse : Hamida Demirdache Professor University of Nantes Dir. de thèse : Niels Taatgen Professor University of Groningen Co-encandrant : Jennifer Spenader Assistant Professor University of Groningen

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celui de tirer trois chariots comportant chacun trois valises (la phrase étant : John tire po trois valises) implique trois sous-événements, différenciés sur la dimension spatiale par les trois chariots avec chacun trois valises. Autrement dit, ces trois sous-événements ne partagent pas la même trace

spatiale, mais ils partagent la dimension de participant/rôle thématique ‘agent’, ainsi que la dimension temporelle. Nous affirmons que s’il existe au moins une dimension sur laquelle les événements ne se chevauchent pas, cela compte comme une différenciation minimale entre événements, et nous avons alors à faire à des (sous)événements distincts. En conclusion, nous plaidons en faveur de l’analyse pluri-actionnelle du po non-exhaustif en montrant que nous sommes effectivement confrontés à une pluralité d’événements dans tous ces cas, et pas seulement à une pluralité d’individus/ de groupes.

La thèse se conclue et est résumée au chapitre 6 où nous nous focalisons sur la recherche et les questions ouvertes qui ont émergé au cours des différentes étapes du présent travail. Tout au long de la thèse, nous avons profité de toutes les occasions possibles pour souligner les avantages de l’analyse expérimentale comme moyen de sonder et de confirmer des affirmations théoriques existantes et de mettre en lumière des sujets qui offrent un terrain fertile pour de nouvelles recherches expérimentales. Nous nous sommes plongés dans le territoire largement inexploré des marqueurs de PartDist et nous avons obtenus des résultats passionnants, et, plus important encore, nous avons découvert nombre de chemins et de possibilités pour explorer davantage ce territoire, tant théoriquement qu’expérimentalement. Nous espérons que cette recherche aura suscité un certain intérêt pour conduire ensemble, en tandem, des études expérimen-tales et des études théorique des différents aspects de la quantification et des nombreuses implications qui pourraient s’ensuivre.

T

HESE DE DOCTORAT DE

L'UNIVERSITEDENANTES

ECOLE DOCTORALE N°603

Education, Langages, Interaction, Cognition, Clinique

Spécialité : Science du langage

Experimental investigations into the semantics of distributive marking

Data from Serbian, Korean and Dutch

Thèse présentée et soutenue à Groningen, le 25 juin 2021

Unité de recherche : Laboratoire de Linguistique de Nantes (UMR 6310)

Par

Ana Bosnić

Rapporteurs avant soutenance :

Petra Hendriks Patricia Cabredo-Hofherr

Composition du Jury :

Examinateurs : Petra Hendriks Professor University of Groningen

Irina Sekerina Professor The College of Staten Island / CUNY Patricia Cabredo-Hofherr CR1 – HDR University of Paris – 8 / CNRS Seth Cable Associate Professor University of Massachusetts Marta Donazzan Associate Professor University of Nantes Dir. de thèse : Hamida Demirdache Professor University of Nantes Dir. de thèse : Niels Taatgen Professor University of Groningen Co-encandrant : Jennifer Spenader Assistant Professor University of Groningen

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Titre : Investigations expérimentales sur la sémantique du marquage distributif : Les données du serbe, du coréen et du néerlandais

Mots clés : part distribuée, clé distributive, quantification universelle, pluralité des événements, exhaustivité,

homogénéité, changement sémantique

Résumé : Cette thèse développe de nouveaux

paradigmes expérimentaux pour tester les contraintes sémantiques qu’impose le marquage distributif en serbe, en coréen et en néerlandais. Nous commençons par une tâche d’imitation à destination des enfants, qui cible l’interprétation des marqueurs morphologiques de clé distributive (CléDist) en néerlandais ainsi qu’en serbe, une langue qui possède également des marqueurs de la part distribuée (PartDist). Nous montrons qu’il existe un délai important dans l’acquisition des deux types de marqueurs distributifs en serbe, mais pas en néerlandais. Nous poursuivons ensuite par une étude approfondie de la sémantique des marqueurs de PartDist chez les adultes – d’abord en testant des phrases intransitives avec le po serbe et le -ssik coréen, puis en étendant les résultats aux phrases transitives. La question clé est de savoir si les marqueurs de PartDist doivent être analysés en tant que Quantifieurs Universels (QU) sur des événements imposant une contrainte d’exhaustivité

sur l’argument (implicite) qui sert de CléDist, ou bien en tant que marqueurs de pluralité d’événements sans contrainte d’exhaustivité.

Nous montrons par la suite que les phrases intransitives fournissent des arguments pour l’existence d’une CléDist implicite qui doit être exhaustifiée, suivant l’hypothèse de la quantification universelle. En testant les effets d’homogénéité dans les phrases négatives transitives, afin de distinguer les effets de maximalité, des effets d’exhaustivité, nos résultats révèlent l’existence de deux populations : l’une interprète po comme un QU, tandis que l’autre l’interprète comme un marqueur d’une pluralité d’événements, fournissant ainsi des arguments en faveur d’un changement sémantique de po. Enfin, nous nous concentrons sur les implications théoriques de la sémantique de

po non-QU, en examinant s’il devrait être analysé

comme un marqueur de pluralité d’événements, ou bien comme un dispositif de formation de groupes sans contrainte de pluralité d’événements. Nous concluons finalement que po non-QU est bien un marqueur de pluralité d’événements en montrant que sa sémantique requiert plusieurs événements.

Title : Experimental investigations into the semantics of distributive marking : Data from Serbian, Korean and Dutch

Keywords : distributive share, distributive key, universal quantification, event plurality, exhaustivity,

homogeneity, semantic change

Abstract : The thesis presents novel experimental

paradigms for testing semantic requirements of distributive marking in Serbian, as well as Korean and Dutch. We start with an act-out task for children, focusing on the interpretation of distributive key (DistKey) markers in Dutch, and in Serbian, a language that also has distributive share (DistShare) markers. We uncover a significant acquisition delay of both types of distributive markers in Serbian, but not in Dutch. We then follow with a thorough investigation of the semantics of DistShare markers with adults – first testing intransitive sentences with Serbian po and Korean -ssik, and then extending the results to transitive sentences. The key issue is whether DistShare markers should be analyzed as Universal Quantifiers (UQ) over events showing an exhaustivity requirement over an (implicit) DistKey argument,

or event plurality markers without exhaustivity requirements. We show there is indeed evidence for an implicit DistKey that must be exhausted in intransitives, following the UQ analysis. By testing

homogeneity effects in transitive negative sentences to distinguish maximality effects from exhaustivity,

our findings reveal two populations: one interprets po as a UQ, while the other interprets it as a marker of event plurality, possibly giving evidence for an ongoing semantic change of po. Finally, we focus on theoretical implications of the semantics of non-UQ

po, examining whether it should be analyzed as an

event plurality marker or a group-forming device without the event plurality requirement. We ultimately conclude that non-UQ po is an event plurality marker since its semantics requires multiple events.

Referenties

GERELATEERDE DOCUMENTEN

plus grands consommateurs d’huîtres au monde, ils connaissent peu les problèmes de mortalité de l’huître.. Alexandre Hervé,

The third experiment was designed to test for homogeneity effects (building on Križ & Chemla 2015) across three types of negative transitive sentences: with the DistShare

Confidence level used: 0.95; P value adjustment: tukey method for comparing a family of 6 estimates. Contrast

This thesis contributes to the much needed experimental data on the adult interpretation of DistShare markers in Serbian and Korean, as well as acquisition data comparing

Apart from distributively unmarked sentences, for Serbian, we used sentences with either a distributive universal quantifier svaki, or with a DistShare marker po, while for Dutch

Specifiek hebben we twee mogelijke modellen onderzocht die deze markeerders niet als universele kwantoren analyseren – eerst presenteren we het model dat we in eerdere

Serbian children, unlike Dutch, are significantly slower at arriving at the adult-like stage of interpreting distributive marking. Serbian children, unlike Dutch, arrive faster at

ICk g'loof dat Venus selfs haer Cestum heeft ghegeven, VVant schoon en vvel ter Tael, en daer by vveet te leven, Hy noemt haer nu me Vrou, doch eerst een Borgers VVijf, Een