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Des Italiens au Congo aux Italiens du Congo

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Des Italiens au Congo

aux Italiens du Congo

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Mémoires lieux de savoir – Archive congolaise

Collection fondée par Bogumil Jewsiewicki (Université Laval, Québec – Canada) dirigée par Rosario Giordano (Università della Calabria – Italie)

Comité scientifique

Donatien Dibwe dia Mwembu (Univ. de Lubumbashi – RD Congo) Erik Kennes

(Fondation Carter, Lubumbashi – RD Congo) Edoardo Quaretta

(Univ.della Calabria – Italie) Patricia Van Schuylenbergh

(Musée royal de l’Afrique centrale, Tervuren – Belgique)

En attendant la renaissance de l’industrie du livre au Congo, la collection s’ef- force de contribuer à la meilleure connaissance de ces formes de savoirs que construisent les mémoires urbaines partagées à l’échelle du pays. En Répu- blique démocratique du Congo, comme dans l’ex-Zaïre, les savoirs pratiques, inlassablement remis à jour par une mémoire que la rumeur irrigue, guident les actions de la population et les décisions des acteurs politiques. Au cœur de la tourmente qui secoue le pays de fond en comble, c’est la Mémoire qui sug- gère comment établir une relation significative entre l’événement qui vient de se produire et ceux que le souvenir rappelle à l’attention des acteurs sociaux.

La Mémoire (une temporalité, un espace et des lieux de mémoire qu’ont en commun les mémoires urbaines) propose une continuité qui semble actuelle- ment plus crédible que celle enseignée hier par l’Histoire.

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Sous la direction de

Daniele Comberiati, Rosaria Iounes-Vona et Pierre Halen

Des Italiens au Congo aux Italiens du Congo

Aspects d’une glocalité

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Ce livre est constitué de versions revues et complétées de communications présentées dans le cadre du colloque « Des Italiens au Congo aux Italiens du Congo : images, écrits, œuvres d’une Italie glocale (du 19e siècle à nos jours) », qui s’est tenu à Metz du 16 au 18 octobre 2014. Cette manifestation était organisée par l’EA 3943 ÉCRITURES et en particulier par : Elisabetta Bevilacqua, Daniele Comberiati, Pierre Halen, Rosaria Iounes-Vona et Domi- nique Ranaivoson.

La présente édition a été rendue possible par le soutien de l’Université de Lor- raine.

Comité de lecture de cet ouvrage : Daniele Comberiati (Université de Mont- pellier 3), Rosario Giordano (Università della Calabria), Rosaria Iounes-Vona (Université de Lorraine), Pierre Halen (Université de Lorraine), Nancy Rose Hunt (Université du Michigan), Silvia Riva (Università di Milano), Elsa Cha- raani-Lesourd (Université de Lorraine)

© L’Harmattan, 2020

5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-19072-3

EAN :9782343190723

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L’I

TALIE RÉPUBLICAINE

,

LA CRISE DU

C

ONGO ET L

HÉRITAGE DU COLONIALISME

Antonio M. MORONE1

Università degli Studi di Pavia

L’année 1960 est restée dans l’histoire comme celle de l’Afrique, en hom- mage à l’indépendance obtenue par environ 17 anciennes colonies.

L’événement marqua en principe la fin de la domination coloniale qui avait été imposée sur le continent à la fin du 19e siècle par une poignée de puissances européennes. Le 1er juillet de cette même année 1960 s’achevait aussi le man- dat exercé par l’Italie sur son ancienne colonie somalienne (l’Amministrazione fiduciaria italiana della Somalia – A.F.I.S.), et l’indépendance du pays se fai- sait en même temps que sa réunion avec les territoires du British Somaliland.

Cette unique décolonisation italienne, qui conduisit à la naissance de la Répu- blique de Somalie, devait témoigner, dans le projet politique de l’ancienne puissance coloniale, de la contribution de la nouvelle Italie postfasciste au nouvel ordre international d’après-guerre, promu par les Nations-Unies qui, le 14 décembre de la même année 1960, approuvèrent en Assemblée Générale la résolution 1514 en faveur de l’autodétermination des pays et des peuples colonisés.

Le 30 juin 1960 fut aussi le jour de l’indépendance du Congo et de la crise internationale, politique et militaire qui s’en suivit, et qui demeura sans solu- tion jusqu’en 1964. La crise de l’ancienne colonie belge mit en cause l’existence même de l’État tel qu’il était sorti d’une décolonisation un peu improvisée et représenta un très difficile banc d’essai pour les Nations-Unies et leur capacité même à défendre cet ordre international qu’elles prétendaient promouvoir. Avec l’ONU paralysée par les interférences des camps adverses sur le champ international, les différentes politiques d’influence des deux blocs qui avaient pris la place des vieux empires coloniaux (dont ils perpé- tuaient plus d’un aspect) se manifestèrent avec évidence lors de la crise congolaise. La conclusion du bref siècle bref du colonialisme ne correspondit pas, dans les faits, à une émancipation substantielle des populations coloni- sées, alors même que les nouvelles politiques de ce qu’on appela coopération ou aide au développement renouvelèrent les mécanismes de dépendance qui constituèrent un trait saillant de la compétition bipolaire dans les zones grises du tiers-monde.

1 URL : http://www.unipv.it/webdsps/it/docente.php?id=morone

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L’Italie participa activement à la mission internationale de paix de l’Or- ganisation des Nations-Unies au Congo (ONUC). Elle poursuivait divers objectifs : affirmer son rôle international, contribuer à l’œuvre de paix et de coopération des Nations-Unies – institution dans laquelle l’Italie était entrée en 1955 –, et surtout consolider sa propre stratégie, à la fois dans le cadre de l’Alliance atlantique et avec l’intention d’instaurer des relations privilégiées avec les nouveaux pays issus des indépendances africaines. En se manifestant de nouveau en Afrique après la perte de son empire, la nouvelle Italie républi- caine utilisa la signature des documents qui mettaient fin à son mandat sur la Somalie comme un acte qui serait jugé méritoire et pourrait favoriser son rayonnement les pays d’Afrique et d’Asie : c’est ici qu’on trouve un rapport, peu apparent, mais réel, entre l’engagement de l’Italie pour l’indépendance de la Somalie et celle du Congo. S’il est vrai que l’Italie « a joué un rôle marginal dans la crise » du Congo2, sa participation à l’ONUC eut toutefois une impor- tance considérable pour consolider ses nouvelles relations avec les dirigeants africains des pays indépendants, en marge des oppositions rigides entre l’Est et Ouest. L’Italie ne suivit pas tant cette politique parce que qu’elle aurait pris une nette prise de distance à l’égard de son passé colonial, mais, un peu para- doxalement, parce que son histoire coloniale s’était achevée sans débat ni discussion interne, du seul fait de la défaite, sur son propre sol, de la puissance coloniale, et parce qu’ensuite la réorganisation de ses anciennes colonies, y compris le mandat international sur la Somalie, avaient été décidés à l’échelon supérieur, celui des Puissances alliées. Les vieilles et les nouvelles politiques finirent ainsi par coexister et se superposer de manière fonctionnelle et cohé- rente. Toutefois, le meurtre, à Kindu, de 13 aviateurs italiens mit à dure épreuve la participation italienne à la mission de paix internationale au Congo et, au-delà de son caractère tragique, il révéla les contradictions d’une poli- tique qui cherchait à poursuivre trop d’objectifs au moins en partie inconciliables.

La crise du Congo et la politique internationale

L’indépendance du Congo arriva de manière inattendue sous bien des as- pects le 30 juin 1960 et elle avait certainement été peu préparée, si l’on considère qu’en 1956 encore, un « plan de trente ans » imaginé pour préparer cette indépendance avait été jugé irréaliste. Les élections qui se tinrent peu avant l’indépendance enregistrèrent la victoire du Mouvement National Con- golais (MNC) fondé en 1958 et dirigé par Patrice Lumumba. Le résultat électoral fut différent dans la seule riche région minière du Katanga, où la

2 ROGNONI (Maria Stella), « L’Italie et la crise congolaise au début des années 1960 », in : Guerres mondiales et conflits contemporains, T. 245, n°1 (L'Italie et les guerres des autres), 2012, p. 79-94 ; p. 80.

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victoire fut remportée par la Confédération des Associations tribales du Ka- tanga (CONAKAT), de Moïse Tshombé, qui promouvait les intérêts des Lundas et d’autres ethnies de la province, en opposition à ceux des Lubas, dont beau- coup en revanche soutenaient le MNC. La confrontation entre les groupes prit un caractère ethnique à travers la dichotomie entre autochtones et allochtones : les « indigènes » furent opposés aux « immigrés » lubas. La construction des identités ethniques respectives fut traduite en termes politiques concurrents, et le parti dominant de Tshombé obtint en outre le soutien de l’Union Minière du Haut-Katanga, société constituée en 1906 avec un capital mixte anglo- belge. Tel fut le préambule politique qui permit au nouvel élu chef du gouver- nement local de la riche province minière du Katanga, Moïse Tshombé, de prendre prétexte des désordres et des violences qui avaient éclaté dans tout le pays suite à la mutinerie d’une partie de l’armée, pour proclamer la sécession du Katanga dans la nuit du 9 au 10 juillet. Ce qu’on appelait déjà la « crise congolaise » prit ainsi une nouvelle configuration et devint une crise interna- tionale. Le gouvernement belge, sans reconnaître d’indépendance du Katanga, lui prêta néanmoins main-forte, de manière à garantir ce qui demeurait de ses intérêts dans l’ancienne colonie, allant jusqu’à manipuler les lois constitution- nelles relatives aux autonomies locales, de manière à augmenter les pouvoirs de Tshombé et de la CONAKAT. On en vint à parler d’« un coup d’État légal »3. Tandis que le parti de gouvernement central traversait une grave crise in- terne avec la destitution réciproque du premier ministre Patrice Lumumba et du président de la République Kasa-Vubu, ce fut le courant lumumbiste du MNC qui s’opposa vaillamment à la sécession du Katanga. Des unités de l’ar- mée demeurées fidèles à Lumumba intervinrent dans la région sécessionniste, tandis que l’armée belge finit par protéger les forces de Tshombé en opérant officiellement pour la protection des colons européens et de leur propriété. Le pays se trouva ainsi divisé en trois et en proie à la guerre civile : dans la région centre-orientale se concentrèrent les forces fidèles à Lumumba et à son gou- vernement qui, réuni à Stanleyville (aujourd’hui Kisangani) fut reconnu par l’Union Soviétique et par ses alliés ; le gouvernement de Kasa-Vubu à Léo- poldville (aujourd’hui Kinshasa) pouvait en revanche compter sur l’appui de l’Occident et des Nations-Unies, tandis que le gouvernement de Tshombé à Élisabethville (aujourd’hui Lubumbashi) poursuivit la politique sécession- niste, fort de l’appui belge et des autres gouvernements blancs de la région.

Ce qui prenait corps en effet dans l’Afrique australe, c’était ce projet de per- pétuer le vieil ordre colonial au-delà de la fin-même du colonialisme, au moyen d’une alliance inédite entre la dernière puissance coloniale, le Portugal, qui détenait encore les colonies de l’Angola et du Mozambique, en plus de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert, et les directions blanches des deux Rhodésies

3 DE WITTE (Ludo), The Assassination of Lumumba. Translated by Ann Wright and Renée Fenby. London ; New York : Verso, 2001, XXIV-226 p. ; p. 6.

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et de l’Afrique du Sud qui occupait illégalement l’ancienne Afrique allemande du Sud-Ouest.

L’appel de Lumumba aux Nations-Unies en faveur de l’intégrité territo- riale du pays et contre la sécession du Katanga fut précisément ce qui interna- nationalisa la crise. Mais l’incapacité des Nations-Unies à mettre fin à la cession amena ensuite Lumumba à faire directement appel à l’Union Sovié- tique ; le gouvernement états-unien avec ses alliés occidentaux se convainquit alors de la nécessité de trouver une alternative au leader nationaliste congolais, considéré comme « dangereux parce qu’il était soumis à l’influence commu- niste interne et externe »4. Lumumba fut capturé par les troupes fidèles au gouvernement de Léopoldville alors qu’il tentait de rejoindre le gouvernement à Stanleyville. Puis, il fut remis à Tshombé à Élisabethville, où il fut tué le 17 janvier 1961 avec la complicité des Belges et de la CIA américaine. Quelques mois plus tard, le 18 septembre, ce fut le Secrétaire général de l’ONU, le Sué- dois Dag Hammarskjöld, qui perdit la vie dans un accident d’avion aux causes jamais définitivement clarifiées, alors qu’il essayait de faire sortir les Nations- Unies de l’impasse politique et diplomatique dans laquelle elles se trouvaient.

La déclaration de sécession du Katanga fut finalement révoquée en 1963, parce que l’assassinat du leader nationaliste congolais avait fait disparaître le soutien extérieur à la cause sécessionniste. Après l’échec de l’intervention cu- baine, décidée pour renforcer les dernières forces lumumbistes, le général Mobutu prit le pouvoir en 1965 par un coup d’État qui mit fin au gouverne- ment de Moïse Tshombé (entre-temps rappelé de son exil pour devenir Premier Ministre), en instaurant un régime autocratique qui resta au pouvoir jusqu’en 1997.

L’engagement de l’Italie pour le Congo : entre continuité et changement Dans le cadre complexe de la crise congolaise, la participation à l’ONUC représentait pour l’Italie – qui, en 1960, siégeait au Conseil de Sécurité comme membre non permanent – une combinaison d’idéaux et de perspectives d’in- fluence politique et économique. Dans la vision d’Amintore Fanfani, alors président du Conseil, « la fin du colonialisme [était] un élargissement positif de l’espace de la liberté... avec une Italie prête à représenter un Occident post- colonial, ouvert au monde des pays neufs »5. Cette conception de la politique extérieure, semblable à celle du leader de la Démocratie Chrétienne (DC), avait transité par Dossetti pour aboutir vers la fin des années 50 à des positions

4 ROGNONI (M.S.), « La première crise congolaise : histoire, mémoire et identité », in : CARBONE (C.) et GIORDANO (R.), Afrique et Occident : mémoires et identités dans la région des Grands Lacs. Paris : L’Harmattan, coll. Région des Grands lacs africains / Passé et pré- sent, 2011, 168 p. ; p. 160.

5 RICCARDI (Andrea), « Radici storiche e prospettive ideali di una politica estera », in : GIOVAGNOLI (A.) ; TOSI (L.),dir., Amintore Fanfani e la politica estera italiana : atti del Convegno di studi tenuto a Roma il 3 e 4 febbraio 2009. Venezia : Marsilio, coll. I libri della Fondazione Amintore Fanfani ; Saggi, 2010, p. 36, 527 p. ; p. 36.

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proches de la pensée du maire de Florence, Giorgio La Pira, et de cette « po- litique d’attraction » envers les pays nouvellement indépendants qui se cons- truisait à travers le dialogue, l’influence culturelle et la promesse d’un déve- loppement futur. Le fait que l’Italie souscrive à cet esprit de « collaboration internationale » cultivé par les Nations-Unies était du reste une manière d’ex- périmenter une politique plus autonome dans le cadre de l’alliance atlantique : il s’agissait de donner « plus de crédit aux précédents historiques et aux inté- rêts commerciaux et culturels de l’Italie dans le monde arabe en faisant pencher le “néo-atlantisme” vers une sorte de “néo-méditerranéisme” »6. Les indépendances africaines se situèrent en effet chronologiquement au milieu de cette période qui, de 1958 à 1962, consttitua un tournant dans la relation des gouvernements démocrates-chrétiens avec la Méditerranée, l’Afrique et le Tiers-Monde. Ce fut enfin très probablement « la confrontation avec la réalité qui redimensionna progressivement les ambitions et les projets » de Fanfani7.

La réalisation des objectifs formels du mandat italien en Somalie en 1960 fut interprétée par l’Italie comme une contribution fondamentale à la politique de collaboration internationale des Nations-Unies : en effet, cet événement favorisa « la perception de l’Italie par les pays africains, comme un point de repère important, moins compromis avec les politiques coloniales »8. Indis- cutablement, « l’Italie n’a pas tourné la page de sa politique africaine » avec la fin de son mandat en Somalie, dit au Parlement Giuseppe Maria Bettiol pour la Démocratie Chrétienne, « mais elle l’a approfondie [au nom d’]une colla- boration de fait [afin qu’] un avenir meilleur puisse être réalisé demain pour notre bien et pour celui de nos frères africains »9. Le crédit alors acquis à tort ou à raison par l’Italie pour ce qu’elle avait réalisé en Somalie pouvait être mis à profit aussi au Congo, ou, pour mieux dire, il semblait que, pour Fanfani,

« le défi d’un nouveau rôle italien ne se jouât ni dans les anciennes colonies ni en Somalie, mais dans la confrontation avec un processus qui allait investir le continent africain tout entier », un continent auquel on est prêt à reconnaître un « rôle de premier plan »10. Le fait que la nouvelle Italie se soit libérée avec désinvolture de son passé colonial, en rejetant toutes les fautes sur le fascisme et en présentant sa domination en Afrique sous le signe de la générosité, con- tribuait à renforcer une pareille perspective.

À l’idée de conserver de possibles espaces d’influence politique dans les nouvelles nations africaines s’associait celle de cultiver, en même temps, des

6 CALCHI NOVATI (Gian Paolo), « Il Politico », in : Mediterraneo. Asimmetrie Nord-Sud, T. 228, n°3, 2011, p. 257.

7 GIOVAGNOLI (A.), « L’impegno internazionale di Fanfani », in : ID. e TOSI (L.), dir., Amin- tore Fanfani e la politica estera italiana, op. cit., p. 47.

8 BORRUSO (Paolo), « Fanfani e i rapporti italo-africani », in : Storia e problemi contempora- nei, (Bologna : CLUEB), T. 51 (Fanfani et la politica estera), mai 2009, p. 59-66 ; p. 59.

9 Atti parlamentari, Camera dei Deputati, III législature, (Roma : Tipografia della Camera dei Deputati), le 24 juin 1960, p. 15306-7.

10 BORRUSO (P.), « Fanfani e i rapporti italo-africani », art. cit., p. 61.

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relations commerciales et économiques qui, d’un côté, devaient soutenir l’en- trepreneuriat italien et, de l’autre, faisaient partie de ce qu’on commença à définir comme des politiques – d’aucuns diraient des conditionnements – d’aide au développement. Depuis 1955, l’Italie avait regardé le Congo belge comme « l’un des pays africains les plus intéressants sous le profil des possi- bilités de pénétration économique », comme le notait alors le sous-secrétaire d’état aux Affaires Étrangères, Vittorio Badini Confalonieri, en conclusion d’une visite officielle dans le pays. Dans cette perspective, la communauté historique d’origine italienne pouvait « prédisposer à une atmosphère favora- ble à l’accroissement des relations économiques » entre l’Italie et le Congo, puisqu’elle pourrait assurer une sorte de médiation entre les entreprises ita- liennes et les possibles commandes congolaises11. Les résidents italiens, plus de deux mille personnes, dont beaucoup vivaient et travaillaient dans la riche région du Katanga, constituaient la troisième communauté européenne dans le pays12. Il s’agissait de techniciens, d’entrepreneurs et de personnes exerçant des professions libérales, qui avaient rejoint le Congo dans le contexte des décennies précédentes, le plus souvent pour leur compte, mais attirés parfois aussi par des contrats de travail relativement bien rémunérés.

Ce fut l’adjoint au vice-gouverneur général du Congo qui présenta à Ba- dini Confalonieri l’idée d’une nouvelle émigration de techniciens spécialisés et d’entrepreneurs italiens vers le Congo, comme ce pouvait être le cas par exemple des « constructeurs de routes italiens très appréciés dans l’Afrique entière »13. La politique belge visait en effet à décourager une immigration généralisée d’Européens. Dans l’horizon politique et social des résidents belges, l’idée était – sur la base de l’interprétation faite par la diplomatie ita- lienne – de poursuivre l’instauration d’une communauté belgo-congolaise sur le modèle de l’« Union française »14. Du côté italien – cette fois à l’occasion de la visite au Congo en 1957 de l’ambassadeur italien à Bruxelles –, on s’ac- cordait sur l’opportunité d’encourager une émigration fortement spécialisée15 et on accueillit en revanche tièdement ces projets adressés à l’ambassade ita- lienne de Bruxelles de la part de la Fédération Congolaise des Classes

11 Archivio Storico-Diplomatico del Ministero degli Affari Esteri (ASDMAE), AP, 1948-60, b. 42, rapport confidentiel de Vittorio Badini Confalonieri à Gaetano Martino, le 4 avril 1955.

12 Les Belges (59 987), les Portugais (3991), les Italiens (2370), les Grecs (2336), les Anglais (2052), les Français (1260), les Américains (1139), les Néerlandais (1024) ; ASDMAE, AP, 1948-60, b. 42, rapport sur le Congo Belge par la Direzione Generale Affari Politici (DGAP), le 31 janvier 1955.

13 ASDMAE, AP, 1948-60, b. 42, rapport confidentiel de Vittorio Badini Confalonieri à Gae- tano Martino, le 4 avril 1955.

14 ASDMAE, AP, 1948-60, b. 43, lettre de l’ambassadeur de l’Italie en Belgique, Michele Scammacca del Murgo, au Président du Conseil des Ministres, Amintore Fanfani, le 20 oc- tobre 1958.

15 ASDMAE, AP, 1948-60, b. 42, rapport sur le Congo par l’ambassadeur de l’Italie en Bel- gique, Michele Scammacca del Murgo, le 15 août 1957.

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Moyennes – union de différentes associations régionales de colons belges – qui programmaient un flux important de colons italiens, mais aussi allemands et néerlandais, vers le Congo. Une pareille politique contrastait à la fois avec la politique officielle du gouvernement belge, avec les intérêts d’influence in- directe et aussi avec les « principes de l’ONU »16. Elle fut finalement écartée, mais seulement après une longue confrontation avec la Direction générale pour l’Émigration du Ministère des Affaires étrangères qui continuait à soute- nir qu’on pouvait opérer éventuellement sur « un plan privé »17.

Le contraste entre les alternatives politiques possibles apparaissait en der- nière analyse dans la différence entre, d’un côté, la colonisation et, de l’autre, la coopération économique et l’aide au développement. Il était évident que, dans la perspective d’une rapide évolution de la situation politique non seule- ment dans le Congo, mais sur tout le continent africain, le transfert des colons européens renvoyait directement au colonialisme et se présentait comme une politique fortement conservatrice, sinon vraiment réactionnaire. Non sans am- biguïté, le gouvernement italien décida de favoriser la coopération économique, qui tenait compte cependant de la communauté historique d’ori- gine italienne au Congo. En 1958, la colonie belge fut incluse parmi « les aires stratégiques de pénétration et d’exploitation commerciale » pour l’allocation de fonds de financement au commerce extérieur18. La perspective finale était désormais postcoloniale et, en effet, « la fin du monopole belge allait ouvrir de nouvelles possibilités d’investissement », et permettre des opérations où l’ENI d’Enrico Mattei se tailla la plus belle part19. Si les Italiens du Congo n’étaient certes pas comparables en tout et pour tout aux coloniaux belges, il n’y a pas de doute qu’ils furent, quoi qu’il en soit, intégrés au système colonial belge et qu’ils en tirèrent en définitive une grande partie de leurs avantages économiques et leur statut social, au point que les autorités belges au Congo exprimèrent elles-mêmes aux représentants italiens en visite comment « ils tenaient en grande estime les Italiens résidents », dont plusieurs avaient même trouvé du travail comme fonctionnaires du gouvernement colonial20. Pour les nationalistes congolais proches de Lumumba, il ne pouvait donc y avoir une grande différence entre les Belges et les Italiens qui, pour finir, faisaient fonc- tion d’intermédiaires du gouvernement colonial belge, et souvent parlaient français pour avoir développé une culture mixte italo-belgo-congolaise. La preuve en fut qu’après l’indépendance, les Italiens du Congo furent l’objet de violences au même titre que les Belges et les autres Européens résidents dans la région. C’est dans ce cadre que le vice-consul italien, Tito Spoglia, perdit

16 ASDMAE, AP, 1948-60, b. 42, note par la Secrétairerie générale, le 27 janvier 1958.

17 ASDMAE, AP, 1948-60, b. 42, note par la DG Emigrazione, le 12 février 1958.

18 Atti parlamentari, op. cit., 23 octobre 1958, p. 3191.

19 ROGNONI (M.L.), « L’Italie et la Crise congolaise au début des années 1960 », art. cit., p. 81- 82. Voir la contribution de Vincent Genin dans ce volume (NdE).

20 ASDMAE, AP, 1948-60, b. 42, rapport confidentiel de Vittorio Badini Confalonieri à Gae- tano Martino, le 4 avril 1955.

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lui aussi la vie le11 juillet 1960, alors qu’il était en mission précisément pour essayer d’assurer la protection des Italiens au Katanga21.

Le massacre de Kindu et son impact sur la politique italienne

La prise de conscience d’une réalité congolaise bien plus complexe que ce que la politique italienne avait été disposée à reconnaître se fit dans les se- maines qui suivirent ce qu’on appela le Massacre de Kindu. Le 11 novembre 1961, 13 aviateurs italiens en service auprès de l’ONUC, transportant par voie aérienne quelques blindés légers en renfort pour le contingent local de casques bleus, furent attaqués à l’intérieur de la zone d’intervention gérée par les forces internationales de l’ONU aux environs de la ville de Kindu, dans la région du Kivu. La garnison des Nations-Unies était constituée d’un contin- gent de soldats malais qui ne fut pas en mesure d’intervenir pour défendre les Italiens, lesquels furent la proie des troupes sous le commandement – selon les reconstructions postérieures – du lieutenant Michel Orera et du colonel Mpakasa, liés au gouvernement de Stanleyville d’Antoine Gizenga, ancien vice-premier ministre du gouvernement Lumumba et cofondateur du MNC.

Au mois de septembre précédent, le conflit s’était étendu à toute la province du Katanga entre les troupes de Tshombé et le contingent international, après que le gouvernement de Kasa-Vubu avait renouvelé son engagement à pour- suivre l’expulsion du Katanga de « tous les éléments non-congolais », soldats belges, mercenaires blancs et résidents européens22. Les négociations pour un cessez-le-feu durant lesquelles le secrétaire général de l’ONU, Dag Ham- marskjöld, perdit la vie le 18 septembre, connurent un résultat positif le 20 novembre. La trêve toutefois ne tint pas et au début de novembre, de nouveaux combats, cette fois entre les troupes de Kasa-Vubu et les lumumbistes, impli- quèrent aussi les régions limitrophes. Ce fut dans ce contexte compliqué que plusieurs garnisons de l’ONUC, comme celle de Kindu, furent attaquées par des détachements de l’armée congolaise passés aux lumumbistes. Ils es- sayaient de promouvoir dans le Kivu une lutte armée opposée à celle du Katanga aussi bien qu’au gouvernement central.

Les premières nouvelles du meurtre des aviateurs n’arrivèrent en Italie qu’entre le 14 et le 15 novembre, suscitant une grande émotion parmi les Ita- liens qui vivaient dans la péninsule et parmi ceux qui résidaient au Congo, comme le « vrai Abruzzese et très italien », interviewé par Rosario Giordano,

21 La Stampa, 12 juillet 1960.

22 BOWETT (Derek W.) et alii, United Nations forces : a legal study [1964]. Clark (NJ) : Law- book Exchange, coll. Foundations of the laws of war, 2008, XIII-XXIV-579 p. ; p. 169-170.

Voir aussi UN Report on the implementation of SC Res. 21st February 1961, S/4940, 14th September 1961.

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qui se souvient d’avoir « pleuré comme si c’étaient mes enfants »23. Dans les premiers comptes rendus journalistiques, la responsabilité du « massacre » fut attribuée à la lâcheté des soldats malais qui « n’avaient pas même essayé d’empêcher l’enlèvement » des Italiens, et aux troupes lumumbistes qui,

« dans un désordre extrême et l’illégalité », avaient renvoyé à l’expéditeur toute tentative de médiation annoncée par le gouvernement de Léopoldville24. Au cours de ces journées, le chef du gouvernement italien avait en effet fait confiance à ceux qui, au Congo, se référaient aux tentatives de médiation me- nées par les Nations-Unies et par le gouvernement congolais de Kasa-Vubu.

Mais il reconnaissait avec regret la « peut-être trop grande »25 prudence, et par conséquent la « faiblesse manifeste » des négociateurs26. C’est seulement plus tard qu’on en vint à apprendre que les aviateurs italiens avaient été, selon toute probabilité, tués aussitôt après leur capture. Face à ce qu’il s’était pro- duit, remarquait Fanfani, il fallait réfléchir aux « décisions à prendre pour les victimes, leurs familles, la sécurité de nos contingents au Congo et la punition des coupables »27. Ce fut en effet en suivant cette ligne de conduite que le gouvernement italien commença à réagir, obtenant que l’un de ses représen- tants participe à la commission d’enquête internationale des Nations-Unies ; cependant, il semblait que « la malchance nous poursuivait », ajoutait Fanfani, en commentant la nouvelle d’un avion italien qui, le 18 novembre, avait été contraint d’accomplir un atterrissage d’urgence à quelques kilomètres de la frontière avec le Tanganika, aujourd’hui Tanzanie, accident dans lequel mou- rurent quatre aviateurs italiens28.

Après des semaines d’enquête qui n’impliquèrent que partiellement et non sans difficulté différents interlocuteurs congolais, le colonel Mpakasa fut ar- rêté en janvier 1962, avant d’être ensuite relâché sur la base du rapport publié par la commission d’enquête internationale elle-même29. Mpakasa fut finale- ment assassiné au Caire en 1965 par un extrémiste congolais30. À la suite de ces tragiques événements, la presse valida la version, dictée par l’émotion,

23 Entretien avec Renato Di Pietro, dans GIORDANO (Rosario), Belges et italiens du Congo- Kinshasa : récits de vie et après l’indépendance. Préface d’Élisabeth Mudimbe-Boyi. Paris : L'Harmattan, coll. Mémoires lieux de savoir, 2008, 232 p. ; p. 99.

24 « Angosciosa incertezza per gli aviatori italiani », in : La Stampa, 15 novembre 1961. Pour un examen attentif des principaux articles dans la presse, voir : LENCI (Marco), « Il mondo politico e la stampa italiani di fronte all’eccidio di Kindu (11 novembre 1961) », in : Africa, T. 43, n°2, 1988, p. 108-125.

25 Mardi, 14 novembre, in : FANFANI (Amintore), Diari, 4 : 1960-1963. Soveria Mannelli : Rubettino, coll. Storia e documenti : Archivio storico del Senato della Repubblica, 2012, 717 p. ; p. 319.

26 Mercredi, 15 novembre, in : FANFANI (A.), Diari, 4 : 1960-1963, op. cit., p. 319.

27 Jeudi, 16 novembre, in : FANFANI (A.), Diari, 4 : 1960-1963, op. cit., p. 319.

28 Samedi, 18 novembre, in : FANFANI (A.), Diari, 4 : 1960-1963, op. cit., p. 320.

29 « Liberato il massacratore dei tredici italiani a Kindu », in : La Stampa, 2 septembre 1962.

30 « Ucciso al Cairo il col. Pakassa che trucidò a Kindu i 13 italiani », in : La Stampa, 7 sep- tembre 1965.

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selon laquelle les Italiens avaient été attaqués par les lumumbistes « par pure et simple haine raciale », tandis que l’enquête officielle menée par les Nations- Unies, conjointement au gouvernement italien, conclut que les aviateurs avaient été attaqués parce qu’ils avaient été pris pour des mercenaires blancs, voire des soldats belges, intervenus en soutien aux sécessionnistes du Ka- tanga31. Ce fut en 1990 que l’enquête conduite par le juge vénitien Carlo Mastelloni émit l’hypothèse que l’attaque était liée à un trafic illégal d’armes, en partie au moins de fabrication italienne, et peut-être à l’insu des pilotes des avions32. L’attaque aurait de ce fait été lancée non par erreur ou sur la base d’une confusion, mais en « représailles » à ce qui avait été perçu comme une interférence illégitime et potentiellement favorable à la cause sécessionniste du Katanga33.

Le gouvernement rapporta à la Chambre ce qu’il s’était produit à Kindu le 16 novembre et un débat parlementaire enflammé occupa aussi toute la jour- née du lendemain. Pendant deux jours, le gouvernement soutint que la politique menée au Congo était essentiellement généreuse et, en conséquence, qu’il était nécessaire de la poursuivre ; il insista d’abord « sur le sacrifice » des aviateurs qui devaient « servir la cause de la paix et de la liberté de tous les peuples du monde »34, puis sur l’importance « d’appuyer l’action entre- prise par les Nations-Unies pour assurer l’ordre et la paix au Congo »35. Dans les différentes positions prises à droite et à gauche du gouvernement, on put observer le chevauchement des tensions politiques nationales et internatio- nales, et la mémoire du passé colonial italien fut invoquée à plusieurs reprises.

La droite néofasciste se positionna sur une ligne de totale fermeture envers la politique du gouvernement, en prenant pour argument la « barbarie » des Afri- cains, plus encore que les objectifs politiques concrets poursuivis au Congo.

Pour le député du Mouvement social italien (MSI), Giulio Caradonna, les forces lumumbistes étaient « des subversifs », en fonction d’une grille d’inter- prétation qui comparait la politique de Lumumba à une sorte de dégradation et d’ensauvagement de la civilisation que le colonialisme avait été supposé apporter, de « notre civilisation qui ne [devait] pas être contaminée par la pré- dication et par la victoire des méthodes de haine et de violence, des méthodes du communisme »36. Un autre député du MSI, Giovanni Roberti, renchéris- sait :

31 « Venticinque anni fa a Kindu ribelli congolesi massacrarono 13 italiani in missione di pace », in : La Stampa, 10 novembre 1986.

32 « Kindu, Il mistero dell’eccidio », in : La Repubblica, 22 mars 1990.

33 « Dal Congo ‘61 alla Somalia ’93 : tanti sacrifici italiani nel dopoguerra », in : Corriere della Sera, 13 novembre 2003.

34 Atti parlamentari, op. cit., 16 novembre 1961, p. 26106.

35 Atti parlamentari, op. cit., 17 novembre 1961, p. 26144.

36 Atti parlamentari, op. cit., 17 novembre 1961, p. 26147.

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Les sécessionnistes de Gizenga, si on peut parler de sécessionnistes pour des chefs de tribu, n’ont aucun des attributs de la civilisation humaine, pour ne rien dire de la civili- sation politique... On s’étonne d’entendre parler encore aujourd’hui de civilisation du Congo qui aurait été blessée par ce triste épisode, du moment que ceux qui auront porté atteinte à la civilisation sont des cannibales notoires, demeurés dans cet état, comme le prouve le supplice infligé aux pauvres restes de nos aviateurs 37.

Les premières versions des faits qui trouvèrent place jusque dans les actualités cinématographiques et dans la presse quotidienne avaient en effet accrédité la version que les restes humains des « soldats de la paix », après avoir été mis en morceaux, avaient fait l’objet de cannibalisme, par ceux qui devaient être encore « portés vers la civilisation »38. Cette version fut démentie par la suite, lorsqu’on retrouvera dans une fosse commune des restes des corps des avia- teurs italiens qui purent ainsi être rapatriés et enterrés en Italie. Dans les circonstances du moment, le renvoi à l’aspect non civilisé et sauvage des Con- golais fut utilisé par le Movimento Sociale Italiano (MSI), parti politique d’inspiration néo-fasciste, pour demander le « retrait de la participation [ita- lienne] à cette expédition qui s’efforce de réprimer une lutte entre des canni- bales »39. Les réactions de l’extrême-droite furent particulièrement fortes au Parlement et en-dehors, comme le notait Fanfani dans son journal : « À Rome des groupes d’exaltés “ennuient” des étrangers de couleur »40.

Si la répétition d’une vision stéréotypée et colonialiste du rapport avec l’Afrique ne surprit pas de la part d’un parti comme le MSI, en revanche les déclarations provenant d’une partie des gauches étaient plus inattendues. Si elles ne remettaient pas au goût du jour des idées et des pratiques coloniales, elles reprenaient cette idée d’une tutelle sur l’Afrique pour laquelle le mandat italien sur la Somalie qui venait de s’achever constituait le premier point de référence. Le député socialiste Corrado Bonfantini avait demandé un plus grand engagement de l’ONU au Congo, mais à l’instant où il reconnaissait

« les horreurs et les erreurs du colonialisme occidental, des gibets de Gra- ziani41 aux tortures d’Algérie, aux massacres de l’Angola », il ne faisait pas l’économie de cette attitude paternaliste selon laquelle « le Congo n’était pas mûr pour obtenir rapidement l’indépendance » et qui en définitive était aussi mal vue des nationalistes congolais que le colonialisme au sens propre42. La demande explicite de placer l’ancienne colonie belge « sous administration mandataire » provint en revanche du secrétaire du Parti National Monar- chique, Alfredo Covelli : le souhait était de « ramener le Congo à la nécessaire

37 Atti parlamentari, op. cit., 17 novembre 1961, p. 26152.

38 « Furia Nera », in : Settimana Incom, Istituto Luce, 24 novembre 1961.

39 Atti parlamentari, op. cit., 17 novembre 1961, p. 26155.

40 Dimanche, 19 novembre, in : FANFANI (A.), Diari, 4 : 1960-1963, op. cit., p. 321.

41 Maréchal italien (1882-1955). Protagoniste des guerres et crimes coloniaux italiens en Libye, il est promu maréchal et vice-roi d'Éthiopie pendant les années 1936 et 1937. En 1943, il devient ministre de la Guerre du gouvernement républicain de Mussolini. Condamné à vingt ans de réclusion en 1945, il sera libéré en 1950 et militera dans le MSI.

42 Atti parlamentari, op. cit., 17 novembre 1961, p. 26150.

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sérénité que seule une administration mandataire peut apporter et quand le temps sera venu, comme nous l’avons fait bien sûr dans d’autres zones de l’Afrique, nous serons les derniers à garantir la liberté, l’unité et l’indépen- dance de ce pays »43. Un paradigme positif du rôle de l’Italie en Afrique ap- raît, qui ne tenait toutefois pas compte de la réalité des faits en Somalie ni de l’opposition que les nationalistes somaliens avaient élevée par principe contre toute forme de tutelle, même quand ils furent contraints de collaborer avec les autorités mandataires italiennes44.

Le Parti communiste italien (PCI) condamna en revanche sans appel toute ingérence coloniale ou para-coloniale. Le député communiste Giuliano Pajetta rappela le racisme et les violences du colonialisme italien, soutenant que les causes profondes de la crise congolaise tenaient justement dans cette préten- due œuvre de civilisation par le colonialisme, qui était, à l’inverse, à la base de la « faiblesse » d’un pays où « les civils belges vos alliés [dans le Traité de l’Atlantique Nord] s’étaient efforcés de faire en sorte que personne n’ait un niveau d’instruction, je ne dis pas supérieur, mais même simplement techni- que ou secondaire »45. Les positions du Parti communiste italien (PCI) étaient opposées à une intervention des Nations-Unies qui tendait à mettre sous tutelle les dirigeants congolais et le Congo en s’ingérant dans le conflit et en prenant parti pour Kasa-Vubu : c’est pourquoi le souhait était celui d’« avoir les cor- rections nécessaires et opportunes » de la ligne politique de la mission internationale afin que les Congolais « puissent s’autogouverner et aller de l’avant », ce qui était un soutien indirect aux positions lumumbistes 46. Il n’y a guère à s’étonner pourtant d’une réponse comme celle de Flavio Orlandi pour le Parti socialiste démocratique italien, qui dénonçait « la lutte [en cours sur la question du Congo] entre le vieux colonialisme qui s’éteint et le nouveau colonialisme qui essaie de prendre sa place », accusant des positions comme celle de Pajetta de taire le lien de « sympathie » entre l’Union Soviétique et les massacreurs des treize aviateurs italiens 47.

Les deux jours de débat parlementaire s’achevèrent sur la déclaration du président du Conseil en faveur de la continuation de la participation italienne à la mission internationale au Congo ; elle voulait ainsi rendre justice « à nos aviateurs, tombés non comme des blancs qui oppriment, mais comme des blancs qui meurent généreusement pour la liberté et la sécurité des autres peuples »48. Fanfani remarqua, toujours en privé, que l’Italie avait « le devoir de ne pas renoncer à l’assistance aux nouveaux peuples », mais aussi celui de

43 Atti parlamentari, op. cit., 17 novembre 1961, p. 23158.

44 Cf. MORONE (Antonio M.), L’Ultima colonia : come l’Italia è tornata in Africa 1950-1960.

Roma ; Bari : Laterza, coll. Quadrante Laterza, 170, 2011, XIX-211 p.

45 Atti parlamentari, op. cit., 17 novembre 1961, p. 26149.

46 Atti parlamentari, op. cit., 17 novembre 1961, p. 26149-50

47 Atti parlamentari, op. cit., 17 novembre 1961, p. 26160.

48 Atti parlamentari, op. cit., 17 novembre 1961, p. 26164.

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« demander à l’ONU et au Congo des conditions de sécurité » 49. Fanfani, d’accord avec Giulio Andreotti, alors ministre de la défense, savait bien que

« la décision de poursuivre les opérations au Congo devait être évaluée prin- cipalement sur la base de considérations d’opportunité politique sur le plan national et international » et il agit dans ce sens50. Le Président du Conseil répétait ainsi à travers le cas spécifique du Congo cette considération plus gé- nérale envers les Nations-Unies qui, comme dans d’autres cas, était conçue

« non seulement comme moyen, mais aussi comme fin » politique dans l’op- tique d’une « avancée de la démocratie sur le plan international qui voulait démentir les méfiances anti-occidentales »51. En plus de l’engagement italien pour l’ONU, entrèrent aussi en ligne de compte la volonté de ne pas laisser aux communistes toute latitude pour porter le drapeau de la libération de peuples colonisés, et celle d’offrir à l’Italie le plus grand espace possible dans la perspective des politiques de coopération économique et d’aide au dévelop- pement. Si c’était vraisemblablement la perspective idéale de l’action poli- tique du chef du gouvernement, il est indéniable que la mission internationale a lourdement été conditionnée par les vetos croisés des différents acteurs en jeu.

Pour le bloc occidental et le Secrétaire général, la mission devait avoir pour but de « rétablir l’ordre interne », tandis que l’Union Soviétique et ses alliés entendaient par ce biais « contrecarrer ce qui était considérée comme une agression de la part de la Belgique » 52. D’autre part, l’incapacité de faire obstacle efficacement aux intérêts occidentaux et l’échec du soutien au gou- vernement lumumbiste contre la sécession du Katanga « obligèrent l’URSS à redimensionner ses ambitions militaires et son idée-même d’exporter la ré- volution puisqu’elle risquait d’aggraver les relations à l’intérieur de l’Afrique »53. Bien que le dessein politique du gouvernement démocrate-chré- tien ait été de parvenir à travers les Nations-Unies et l’engagement au Congo à une plus grande autonomie dans le cadre de l’alliance atlantique, la conflic- tualité croissante finit au contraire par ramener l’action politique italienne à l’inévitable devoir de respecter les traités avec ses alliés. Bien avant les évé- nements de Kindu, l’Italie alterna entre le vote favorable sur les résolutions de l’ONU des 14 et 22 juillet 1960, qui permirent la mise en place de l’ONUC, et l’abstention – avec la France – sur la résolution du 9 août 1960 qui imposait le retrait immédiat des forces militaires belges du pays. Les États-Unis, en fait,

« comptaient sur le fait que l’intervention belge pourrait être légalisée sous la

49 Vendredi, 17 novembre, in : FANFANI (A.), Diari, 4 : 1960-1963, op. cit., p. 320.

50 Archivio Centrale dello Stato (ACS), Presidenza del Consiglio dei Ministri (PCM), 1965- 67, 15/3, f. 44100, rappel pour le Président du Conseil, signée par Andreotti, 21 janvier 1962.

51 GIOVAGNOLI (A.), L’impegno internazionale di Fanfani, op. cit., p. 47.

52 PALLOTTI (Arrigo) ; ZAMPONI (Mario), L’Africa sub-sahariana nella politica internazionale.

Firenze : Le Monnier, coll. Quaderni di Storia, 2010, XII-348, p. 19.

53 BORRUSO (Paolo), Il PCI e l’Africa indipendente : apogeo e crisi di un’utopia socialista (1956-1989). Firenze : Le Monnier, coll. Quaderni di Storia, 2009, IX-302 p. ; p. 25.

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couverture des Nations-Unies », à la différence de ceux qui, au Congo, en exigeaient le retrait54.

L’Italie de son côté, « fut parfaitement consciente du risque de perdre, au nom de sa solidarité avec la Belgique, sa crédibilité aux yeux des pays ayant récemment acquis leur indépendance »55, mais elle ne pouvait évidemment faire autrement. L’aspiration italienne à poursuivre, dans le même temps, une politique différente et plus autonome diminua donc de manière directement proportionnelle à l’augmentation du caractère conflictuel entre les différentes parties et les différents points de repère internationaux. Le massacre de Kindu avait ainsi tragiquement révélé combien l’Italie était perçue, à tort ou à raison, comme alignée sur la Belgique, malgré toutes ses tentatives pour poursuivre une politique différente, c’est-à-dire pour afficher une neutralité internationale présumée, reposant sur une vision édulcorée du passé colonial et, par consé- quent, de son rapport avec les nouvelles indépendances africaines. La réaction des forces politiques aux événements de Kindu avait donné la mesure de ce qu’était la réelle portée de la subjectivité politique et culturelle qu’on était disposé à reconnaître à l’Afrique et aux Africains. Même avec quelques nuan- ces entre les tendances, il était certes évident que par rapport au panorama politique de l’immédiat après-guerre, une partie de la gauche était désormais acquise à une vision critique du colonialisme en général, et du colonialisme italien en particulier, comme à toute nouvelle proposition de formes para-co- loniales de domination. Il était en revanche non moins clair que, pour le reste des partis politiques, même s’il y avait là aussi des nuances, l’héritage colonial était surtout un modèle d’ordre et de civilisation, encore ennobli par l’expé- rience du mandat exercé en Somalie, auquel on devait se référer en dernière instance face à la crise au Congo.

***

54 PALLOTTI (A.) et ZAMPONI (M.), L’Africa sub-sahariana nella politica internazionale, op.

cit., p. 19.

55 ROGNONI (M.S.), « L’Italie et la crise congolaise au début des années 1960 », art. cit., p. 91

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Index personarum

Abo, Léonie, 240 Abouet, Marguerite, 218 Acerbi, Libero, 20, 42 Acunzoli, Giuliano, 9 Al’Mata, 214, 215

ALBANESE,CAMILLO, 103 Albert Ier de Monaco, 103 Albert, Odile, 252

Aldrich, Robert, 43 Allende, Salvadore, 242 Allovio, Stefano, 117, 127 Alunno, Laura, 339 Alvaro, Corrado, 224 Amendola, Giovanni, 26 Amendolagine, Nicola, 24 Amenumey, D.E.K., 138 Amicucci, Ermanno, 225

Amuri Mpala-Lutebele, Maurice, 247, 252

André, Géraldine, 157 Andreotti, Giulio, 205 Anelli, Luigi, 73

Antippas, Georges, 265, 268 Antonibon, Achille, 105 Ara, Lt, 20

Ardinghi, A., 65, 66, 67 Ardisson, George, 242 Arendt, Hannah, 36 Arens, William E., 39, 40 Armani, Luigi, 22, 76 Armendàriz, Pedro, 235 Armstrong, William, 32

Arnaldi (Dr), 227

Arrigoni, Giuseppe, 183, 184, 187, 188

Asimba Bathy, 213, 214 Atzei, Patrizia, 316

Audouin-Dubreuil, Ariane, 103, 111

Audouin-Dubreuil, Louis, 111 Austin, Dennis, 138

Avezza, Carlo, 73

Baccari, Eduardo, 12, 17, 18, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 63, 64, 75, 76, 121

Bach, Johan Sebastian, 312, 322 Bach, Johann Sebastian, 314 Bachelli, Riccardo, 224 Badini Confalonieri, Vittorio,

198, 199

Baggio (Cardinal -), 161 Bagnato Bruna, 170 Bahizi, Gervais, 171 Bakia, 67, 69

Bakolo Ngoi, Paul, 14, 337 Balandier, Georges, 38 Ballarin, Lino, 188, 189 Bamala, Louis, 341 Baragli, Nino, 306 Barbieri, Daniele, 210 Barbieri, Felice, 73 Barks, 220

Barly Baruti, 214 Barth, Heinrich, 89

(21)

Barthes, Roland, 36, 45 Bartolotta, Giuseppe, 170 Barzini, Luigi, 228, 230, 237 Basagoitia Dazza, Gladis, 329 Bassani, Giorgio, 306, 308 Batairwa, Paulin, 186, 187 Baudelaire, Charles, 302 Beceherle, Elisa, 57 Bellotti, Felice, 9

Belmonte, Patrizia, 88, 89 Benardelli, 175

Beneduce, Roberto, 34, 38 Benglia, Habib, 236 Benjamin, Walter, 36 Bennett, Compton, 234 Benot, Yves, 311 Berthou, Benoît, 211

Bertolucci, Giuseppe, 306, 307, 308, 318, 324

Bertuzzi, Luca, 209 Besati, C., 141 Besson, Rémy, 241 Bettati, Pier Giorgio, 180 Betti, Laura, 309

Bettiol, Giuseppe Maria, 197 Bevilacqua, Elisabetta, 6, 293 Bhabha, Homi, 335

Bianco, Enzo, 152, 154 Biasutti, Renato, 95 Bicocchi, Clemente, 44 Birnbaum, Martin, 127, 128 Blasettti, Alessandro, 224 Blixen, Karen, 295, 299, 302 Bloom, Peter J., 111

Blu, D., 252, 261 Boahen, A. Adu, 137 Bocca, G., 135 Bocca, Giorgio, 321 Bocolo, 39

Bodio, 23, 24

Boelaert, Edmond, 14, 341 Bokungu, 37

Boldrini, Marcello, 170 Bolengo, 38

Bolumbo, 38

Bomboko, Justin, 242, 243 Bon, Renzo, 187

Bona, Luigi F., 209 Bonelli, Gian Luigi, 207 Bonfantini, Corrado, 203 Bongioanni, Marco, 152 Bontempelli, Massimo, 224 Bonzi, Leonardo, 236 Borelli, Lorenzo, 117, 120 Borgna, Gianni, 283, 285, 286,

287, 289

Borruso, Paolo, 197, 205 Borsotto, Édouard, 227

Bosco, Gennaro, 12, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 41

Bosco, Giovanni, 147, 148, 149, 150, 151, 152, 153, 154, 155, 156, 157, 161, 162

Bosworth, Richard, 166 Bouchane, Mohamed, 329 Bouessé, Marcel, 53 Bourdieu, Pierre, 328

Bouvier, Paule, 138, 139, 143 Bove, Giacomo, 9

Boyau, Denis, 215, 217 Boyo, 38

Braeckman, Ch., 32 Braeckman, Colette, 264 Bragaglia, Giulio Anton, 224 Braido, Pietro, 151

Brambilla, Alberto, 209

Brancato, Sabrina, 327, 328, 330 Brazza, 49

Brecht, Berthold, 279 Brezault, Alain, 215 Brion, René, 264

Brivio, Alessandra, 133, 140 Brosio, Manlio, 171

Brun-Moschetti, Charline, 106, 108

Burbridge, Ben, 110

Burroughs, Edgar Rice, 209, 210

(22)

Burroughs, Robert, 37 Cadle, C. Ernest, 104

Calchi Novati, Gian Paolo, 165, 197

Callas, Maria, 284, 293 Camaso, Claudio, 242 Caminati, Luca, 310 Camon, Ferdinando, 310 Camorani, Lorenzo, 183 Campagnolo, Marco, 180, 188,

190, 191

Cantele, Giambattista Primo, 21 Capelli, Vittorio, 71, 72, 74 Capellini, Lorenzo, 294, 295 Caprinelli, Tiziana, 330 Caradonna, Giulio, 202 Carbone, Carlo, 196 Carboni, Michele, 11 Carmichael, Stokely, 289 Carrara, Luigi, 183, 185, 188 Casalini, Olindo, 73

Casas, Benoit, 316 Casati, Gaetano, 9

Casement, Roger, 18, 22, 29, 30, 31, 32, 33, 35, 36, 41

Caso, Enrico, 170

Cassiau-Haurie, Christophe, 211, 212, 215, 218

Castagné, Nathalie, 283 Casti, Emmanuela, 29 Castronovo, Valerio, 134 Castryck, Geert, 27 Cavalli, Camillo, 20 Caviglioli, David, 218 Céline, Louis-Ferdinand, 299 Chapin, James, 128, 129, 130 Charaani-Lesourd, Elsa, 6 Charuty, Giordana, 148, 152 Chavance, Louis, 233 Chiellino, Carmine, 332 Chiellino, Gino Voir Chiellino,

Carmine

Chiesi, Roberto, 307, 309, 316 Chiodi, V., 76

Chiozzi, Paolo, 104

Ciancinino, Francesco, 170 Cipolla, Arnaldo, 21, 42, 108, 228 Cipriani, Lidio, 102, 104, 105,

106, 107, 108, 116 Cloche, Maurice, 236 Collart, Yves, 165 Collodi, Carlo, 149 Colomb, Christophe, 8 Comazzi, Mauro, 135, 140 Comberiati, Daniele, 6, 7, 119,

134, 226, 265, 343

Comuzzi, Alberto, 179, 184, 185, 188

Conforti, Guido Maria, 179 Conforti, Rosario, 71 Conrad (Joseph), 300

Conrad, Joseph, 9, 225, 295, 296, 323, 331

Cooper, Frederick, 137, 138, 148, 149, 162

Cordella, Ernesto, 21 Corti, Bruno, 9

Corvaisier, Laurent, 337 Covelli, Alfredo, 203 Crainz, Guido, 174 Crestani, Giuseppe, 231 Crestani, Marco, 231 Crestani, Mario, 231

Crookshank d’Aguilar, S., 139 Crozier, Anna, 71

Cucciola, Riccardo, 242 Cunningham, Hugh, 150 Curie, Marie, 225 d’Alberto, Agostino, 135 D’Alberto, Remo, 143

d’Alberto, Tina, 135, 136, 137 d’Aspremont Lynden, Harold,

175, 176

d’Orléans, Hélène, 103 Da Prà (Cdt -), 58, 61, 69 Dainelli, Giotto, 92

Dal Fabbro, Antoine, 58, 59 Dall’Osta, 125

(23)

Dart, Raymond, 105 De Agostini, Alberto, 119 De Agostini, Giovanni, 119 de Andrade, Mario, 306, 312 De Angelis, Vanna, 337

de Ceccatty, René, 283, 298, 302 de Chambrun, Thérèse, 50, 52 De Franchis, 173, 175

De Gasperi, Alcide, 318, 319, 322 De Girolamo, Carla, 329

de Haulleville, Alphonse, 118 de Hemptinne, Jean, 168 De Herdt, Tom, 157 De Laude, Silvia, 321 de Leonardis, Massimo, 166 de Montaignac (Amiral -), 49, 52 De Pascale, Gaia, 47

De Pieri, Erika, 51, 52 De Pieri, Stefano, 51 De Rycke, Jean-Pierre, 111 de Sakhnoffsky, Alexis, 112 de Savoie, Luigi Amedeo, 119,

125

de Schrijver, August, 176 de Schumacher,Édouard, 20 de Vergennes, Simone, 295 De Witte, Ludo, 195

De Zen, Francesco, 179, 185 Defoe, Daniel, 225

Dei, Fabio, 41

Del Boca, Angelo, 26, 165, 259 Del Grande, Nino, 108

Denaro, Domenico, 210 Deplano, Valeria, 71 Deriks (RP -), 69

Deschamps, Étienne, 166 Desramaut, Francis, 151 Destro, Adriana, 118 Di Biagi, Flaminio, 9 di Carlo, Carlo, 306

Di Carmine, Roberta, 105, 107 Di Pietro, Renato, 172, 201 Diana, Pasquale, 20, 22, 29, 73,

124, 125, 141, 166

Diantantu, Serge, 215, 216 Didonè, Giovanni, 179, 183, 184,

185, 186, 187 Diop, Papa Samba, 328 Divenié, 233

Djemba Djeis, 215 Donny, Albert, 56 Dore, Giani, 104 Dorner, Marco, 248 Dosogne, José, 63 Douhet, Léon, 23 Drum, Henri, 10 Duflot, Jean, 276, 306 Dujardin, Vincent, 102 Dumont, René, 301 Dumontet, Danielle, 329

Dumoulin, Michel, 102, 166, 169 Duprat, Frédéric, 208

Eco, Umberto, 219 Egbuna, Obi, 289 Eiland, Howard, 36 Einstein, Carl, 94

Elia, Giovanni, 21, 22, 25 Elsen, Marie-Claude, 26 Éluard, Paul, 318 Emily, 67, 69 Ennius, 312

Epondo, 32, 33, 34, 35, 36 Erikson (Cdt -), 66 Ermisse, Gérard, 148 Eschyle, 276, 277, 279, 280 EsseGesse, 211

Ette, Otmar, 329 Euripide, 277

Evans-Pritchard, Edward E., 118 Fabre, Michel, 247, 248

Faccin, Vittorio, 182, 183, 184, 185

Faeti, Antonio, 216

Fanfani, Amintore, 176, 196, 197, 198, 201, 203, 204, 205 Fanon, Frantz, 289

Favier, Olivier, 226, 265 Fazio, Cosimo, 346

(24)

Federici, Sandra, 207, 211 Fenby, Renée, 195

Fenoaltea, Sergio, 171, 172, 173, 174, 175, 176

Ferranti, Gastone, 308

Ferrara, Giuseppe, 239, 240, 241, 242, 243, 245

Ferrari, Franco, 192 Ferrari, Giulio Cesare, 78 Ferretti, Gian Carlo, 308 Ferretti, Milesi, 171 Ferro, Ermanno, 180 Ferro, Marc, 241, 244

Fieldhouse, David Kenneth, 138 Fileppi, Roberta, 139, 140 Filesi, Cesira, 167

Finch, Peter, 12 Flaherty, Robert, 309 Flécheux, Laurence, 252 Fonkoua, Romuald, 221 Fortini, Franco, 285, 311 Fortunato, Mario, 329 Foucault, Michel, 34 Franca, Piero, 172 Franck, Louis, 58, 59 Franco-Hasson, Elisa, 10 François (Cdt -), 66 François II, 154 Frankel, Paul, 169 Franzeri, Carlo, 104 Fuilu, Alix, 213, 214, 215 Gado, 217

Gagarine, Youri, 323, 324 Galleppini, Aurelio, 207 Galles (Prince de -), 110 Gangbo, Jadelin Mabiala, 327,

328, 330, 331, 336 Garnier, Xavier, 92 Gatti, Anna Maria, 102 Gatti, Annibale, 103

Gatti, Attilio, 9, 12, 101, 102, 103, 104, 105, 107, 108, 109, 110, 111, 112, 113, 114, 115, 116

Gatti, Ellen, 9, 102, 108, 109, 110, 114, 115

Gaumer, Patrick, 209 Gavan-Duffy, Thomas, 112 Geertz, Clifford, 310 Gehrmann, Susanne, 42 Geller, Max A., 115

Genin, Vincent, 13, 165, 166, 175, 177

Gentile, Giovanni, 91

Gentiloni Silveri, Umberto, 171 Ghinzelli, A., 20, 42

Gide, André, 295, 299, 300 Giocoli, Nicola, 170

Giordano, Rosario, 6, 8, 18, 20, 28, 29, 119, 134, 135, 142, 172, 173, 196, 201, 263, 265, 268, 271

Giorgi, Chiara, 26

Giovagnoli, Agostino, 196, 197 Giovannini, Giovanni, 143 Girault, René, 165

Girola, Carlo, 180 Giudi, José, 317 Gizenga, Antoine, 200 Glissant, Édouard, 291 Glover, Thomas A., 104 Gnisci, Amando, 290, 329 Gordon, Robert, 104 Gramsci, Antonio, 311 Graziani, 203

Grazzi, 172

Greenaway, Peter, 333, 334 Greimas, Algirdas, 14 Grenade, Iwan, 37, 39 Grigis, Evasio, 185, 186 Grilli, Matteo, 133, 139, 140 Groensteen, Thierry, 211 Gronchi, Giovanni, 172 Grossule, Carlo, 55, 58 Grossule, Marcellino, 57, 58 Grossule, Virgilio, 12, 18, 20, 55,

56, 59, 63, 64, 65, 66, 67, 68, 69, 70, 73, 74, 75, 79, 80

(25)

Gruzinski, Serge, 180

Gualinetti, Rosy, 134, 135, 136, 141, 142, 143, 144

Guareschi, Giovanni, 308, 309 Guevara, Ernesto (dit Che -), 242 Guggisberg, Frederick Gordon,

137

Guidi, José, 283, 305 Guillaume II, 64 Guillen, Pierre, 166 Gulinucci, Michele, 309 Guttuso, Renato, 306, 308 Guzzon, Dario, 211

Haardt, Georges-Marie, 103, 111 Hadjidakis, Manos, 242

Haffner, Pierre, 212

Halen, Pierre, 6, 7, 92, 102, 106, 210, 212, 219, 221, 228, 247, 252, 258, 328, 329

Hammarskjöld, Dag, 200 Hannerz, Ulf, 220 Hanolet, Léon, 63 Harris, Alice, 38

Harris, John, 32, 37, 39, 41 Helman, Édouard = Benot, 311 Hemingway, Ernest, 225, 226,

295, 299, 301, 302 Hergé, 217

Herlitzka, Roberto, 289

Hochschild, Adam, 26, 27, 29, 30, 34, 37

Hofer, André, 48, 50 Hoffman, Regis, 112, 115 Hogart, Burne, 209, 210 Hosselet, Zéphirin, 59 Hoyet, Marie-José, 223, 228 Hulme, Kathryn, 12

Hulstaert, Gustave, 14

Hunt, Nancy Rose, 6, 30, 35, 215 Husserl, Edmund, 45

Huston, John, 234

Hutereau, Armand, 117, 118 Huygen, 67

Hymer, Stephen, 140

Ikabo, 32, 35 Iléo, Joseph, 176 Inglese, Salvatore, 71 Ingold, Tim, 132

Iounes-Vona, Rosaria, 6, 7 Ipsen, Carl, 149

Jackson, Will, 71 Jacoboni, Attilio, 170 Jacopetti, Gualtieri, 10 Jacquemin, Jean-Pierre, 214 Jacques (Lt), 227

Jambenga, 64

Janssens, Edmond, 20, 41 Jeanmougin, Christian, 148 Jenks, Chris, 151

Jésus-Christ, 308

Jewsiewicki, Bogumil, 36 Jorissen, J., 57

Joubert, Athanase, 183

Joubert-Laurencin, Hervé, 275, 281

Juang, Richard M., 104 Kabila, Laurent-Désiré, 266 Kadima-Nzuji, Mukala, 212 Kanza, Bob, 214, 220

Kasa-Vubu, Joseph, 176, 195, 200, 201, 204, 242

Kay, George B., 140 Keim, Curtis A., 118, 128 Kelengo, 33

Kennedy, Valerie, 54 Keno Don Rosa, 220 Kerima, 235

Khouma, Pap, 329, 336 Kiangu Sindani, 245 Kimbangu, Simon, 228 Kimble, David, 138 King, Clyde N., 112 Kinoki Previati, Alice, 51 Kipling, Rudyard, 225, 299 Kizobo O’bweng-Okwess,

Boniface, 14, 239

Klieman, Kaïm A., 166, 169 Kwame Ture, 289

(26)

Kyenge, Cécile, 14, 343, 346 La Pira, Giorgio, 197

Labanca, Nicola, 18 Lacassin, Francis, 210 Lacoste, Yves, 92 Lancisi, Mario, 346

Lang, Herbert, 128, 129, 130, 131 Lanneau, Catherine, 30

Lanslots, Inge, 43

Laugrand, Frédéric, 180, 192 Lavagnino, Angelo F., 235 Le Bris, Michel, 331 Le Goff, Jacques, 244

Le Gouez, Brigitte, 328, 330, 331 Leclercq, Nicole, 252

Leduc-Grimaldi, Mathilde, 111 Lehaen, Pierre Frans, 157 Lenci, Marco, 201 Léon XIII, 152

Leonetti, Francesco, 285, 321 Leopardi, Giacomo, 301 Léopold (Prince, futur Léopold

III), 109

Léopold II, 8, 17, 19, 20, 27, 29, 30, 44, 52, 64, 65, 88, 97, 128, 156, 158, 264

Lepri, L., 225 Lévai, C., 27

Levi Bianchini, Marco, 12, 71, 72, 73, 74, 75, 77, 78, 79, 80, 81, 82

Levi-Montalcini, Rita, 88 Li Vigni, Benito, 169 Liberatore, Stefania, 230 Likuangola, 69

Liprandi, Vittorio, 21

Livingstone, David, 44, 89, 154 Lo Stocco, 188

Lods, Pierre, 53

Longtain, Albert, 31, 39, 40 Loppens, 233

Louis, William Roger, 30 Lovato, 65

Lualdi, Maner, 236

Lucrèce, 301

Lugard, Frederick, 137 Lugaro, Ernesto, 74

Lumumba, Patrice, 172, 176, 243, 245, 309, 317, 321, 322, 323 Lüsebrink, Hans-Jürgen, 328 Luya Muzuka, Bruno, 213, 216 Mabanckou, Alain, 218

Mackenzie, John M., 105 Magistrati, 167

Magnani, Anna, 286 Magrini, Luciano, 22 Maigron, Maryline, 284 Makoko, 49

Mancini, Bruno, 275 Mangano, Silvana, 235 Manicardi, Edmeo, 188 Mantegazza, Paolo, 75 Manusardi, Virginia, 103 Maraini, Dacia, 284, 293, 294,

295, 302, 303 Marchal, Jules, 19, 30 Maréchal, Philippe, 27 Markham, Charles, 112 Martelli, Evelina, 176

Martens, Ludo, 240, 242, 245 Martin, Lynn, 138

Martin-Granel,Nicolas, 43 Martini, Ferdinando, 91

Martini, Vittorio, 185, 186, 187, 188

Martino, Gaetano, 198, 199 Martone, Maria, 225 Masanga, Abedi, 183

Mascia, Vittorio, 172, 173, 175 Masioni, Pat, 217

Massoni, Adolfo, 120 Mastelloni, Carlo, 202 Mastroianni, Marcello, 235 Matard-Bonucci, Marie-Anne,

107

Mattei, Enrico, 13, 165, 168 Mattioli, Fabio, 338

Mbembe, Achille, 34, 41

(27)

McKinney, Mark, 218, 219 McLaughlin, Kevin, 36 McMillan, Margaret, 150 Melato, Mariangela, 242

Menduni, Enrico, 283, 285, 286, 287, 289

Menghini, Mario, 91 Merli, Adalberto Maria, 242 Merlier, Michel, 156, 158 Methani, Salah, 329 Meurice, Francine, 73 Mfumu’eto, Papa, 213 Miccione, Daniele, 329 Michel, Thierry, 264, 266 Micheletti Micheletti, Velia, 135,

140

Micheletti, Daniele, 140 Micheletti, Davide, 136 Micheletti, Ferruccio, 134, 135 Micheletti, Guido, 142

Micheletti, Velia, 140 Micheletti, Virgilio, 141 Mieli, Paolo, 168 Milani, Mino, 338

Minelli, Massimiliano, 147 Mineo, Mario, 236

Mobutu, Joseph-Désiré, 10, 144, 196, 239, 240, 241, 242, 243, 244, 245, 265, 266, 344 Mochi, Aldobrandini, 104 Moggi Cecchi, Jacopo, 104, 106 Mombili, Pat, 216

Mondaini, Gennaro, 92 Mondello, Giacomo, 29 Mongita, Albert, 215, 236 Mongo Sisé, 215

Monroe, Marilyn, 322 Morales, Alberto, 191

Moravia, Alberto, 10, 47, 224, 273, 284, 293, 294, 295, 296, 297, 298, 299, 300, 301, 302, 303, 346

Moreau, Jean-Louis, 264

Morel, Edmund Dene, 18, 19, 20, 29, 30

Moretti, Luigi, 170 Morgan, J.P., 32, 112 Mori, Attilio, 92, 93 Mori, Elisabetta, 47 Moro, Aldo, 241

Morone, Antonio M., 133, 193, 204

Morrissette, Noelle Anne, 104 Mpakasa (colonel -), 200, 201 Mpombo, 38, 39

Mudimbe, Valentin-Yves, 34 Mudimbe-Boyi, Élisabeth, 8, 119,

134, 172, 201, 263

Mulele, Pierre, 239, 240, 241, 242, 243, 244, 245

Müller, 233

Munari, Tiberio, 184, 185 Munza, 127, 128, 129, 130, 131,

132

Muratori, Antonio, 20, 65 Mussolini, Benito, 88, 91, 103,

226, 230, 307 Mwangi, Antony, 217 N’Sondé, Wilfried, 331 Nadar, Félix, 45 Naldini, Nico, 321

Napolitano, Gian Gaspare, 12, 223, 224, 225, 226, 227, 228, 229, 230, 231, 232, 233, 234, 235, 236, 237

Napolitano, Giovanna, 223 Napolitano, Niccolò, 225 Nasser, Gamal Abdel, 169 Nayigiziki, Saverio, 13

Ndaywel è Nziem, Isidore, 264, 270

Nenzima, 131 Nepoti, Roberto, 309

Neri, Mario Corinno, 117, 120, 125

Ney,Napoléon, 46 Ngana, Ndjock, 329

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