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Fête du travail : la grogne s’inviteLes travailleurs du monde en-tier ont célébré le vendredi 1

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Sommaire

Jean-Bosco Puna : «Jusqu’à ce jour, aucun budget n’a été appliqué en faveur des enseignants»...P. 2

Jana Frey : «Nous donnons à la population l’opportunité de réaliser des projets d’intérêt communautaire»...P. 3

Les villageois de l’Est de la République Démocratique du Congo apprennent la bonne gouvernance...P. 4

Les mentalités changent en matière de succession dans la ville de Bandundu...P. 4

JDC Journal-école n°22 - Semaine du 04 au 10 mai 2009

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Fête du travail : la grogne s’invite

Les travailleurs du monde en- tier ont célébré le vendredi 1er mai 2009, la Journée internationale du travail. A Kinshasa, ceux qui oeuvrent dans les secteurs pu- blic, privé et même dans l’infor- mel, ont participé à un défilé orga- nisé sur le boulevard Triomphal, dans la commune de Kinshasa.

En provinces toutefois, plusieurs travailleurs ont refusé de prendre part aux défilés. A Lubumbashi (Katanga), la majorité des agents du secteur public ont boycotté le défilé à la suite du mot d’ordre de l’Intersyndicale.

A

l’affiche lors du défilé, plusieurs travailleurs congolais n’étaient pas aux anges. Bien qu’heureux de célébrer cette fête, ils ne cessaient de déplorer leurs conditions de tra- vail. Les agents de l’Hôtel de ville ont défilé avec un calicot géant sur lequel ils réclamaient l’amélioration de leurs conditions socio-professionnelles, font remarquer nos confrères de Ra- dio Okapi. Sur d’autres calicots, on pouvait lire les messages exigeant la mise en œuvre de la commission d’évaluation du Salaire minimum in- termédiaire garanti (SMIG).

En dépit de la canicule vécue en ce jour du 1er mai 2009 à Kinshasa, l’ambiance était certes à la fête. Tou- tefois, selon des sources proches des organisateurs, la manifestation n’a pas connu d’engouement habi- tuel. La plupart des travailleurs ren-

contrés sur le lieu du défilé pensaient au maigre salaire qu’ils perçoivent et à la précarité de leurs conditions de travail, note la radio onusienne.

Cri du cœur des travailleurs des provinces

A l’intérieur du pays, cette journée était diversement vécue. Dans cer- taines villes, rapportent nos confrères de la radio onusienne, les travailleurs, principalement les employés de l’Ad- ministration publique ont pris la réso- lution de bouder les festivités.

A Matadi, chef-lieu de la province du Bas-Congo, un seul message re- venait souvent sur les banderoles :

«Pour une politique de la protection de l’emploi et l’application du SMIG».

Pour leur part, les fonctionnaires de cette partie du pays ont juré «d’aller jusqu’au bout pour obtenir le barème salarial de Mbudi». De leur côté, les femmes travailleuses de Matadi ont

refusé de se taire. Elles se disent déterminées à défendre leurs condi- tions de travail.

«C’est à travers cette journée que les travailleurs de notre province veulent faire entendre leurs voix», a expliqué le secrétaire syndical des travailleurs du Bas-Congo.

La grogne des fonctionnaires au Katanga

Poumon de l’économie congolaise dans les années 80, le Katanga est touché de plein fouet par la crise éco- nomique mondiale. Selon des statis- tiques, 300.000 emplois devraient être supprimés dans la province.

Face à cette situation de désespoir, l’Intersyndical du secteur public avait lancé, dès le 28 avril 2009, l’appel du boycott des festivités du 1er mai.

Ainsi, dans une note circulaire rendue publique, cette organisation a justifié ce boycott, notamment, par

les conditions salariales qu’elle juge mauvaises pour les travailleurs des provinces en particulier.

Eric Nonga Malunda, président de l’Intersyndical, a justifié la position adoptée par son mouvement en ces termes : «Organiser un défilé signi- fie qu’il y a fête. Doit-on fêter avec des miettes que nous avons ? Est- ce qu’on doit fêter avec les 25.000 francs congolais (plus ou moins 25

$US) pour un chef de division, et les 20.000 (plus ou moins 22 $US) pour un huissier ? Au moment où à Kins- hasa, ils sont dans le double de nos salaires. Non, on ne peut défiler dans ces conditions. Et la base a décidé de surseoir, jusqu’à ce qu’on va ap- pliquer ce que le président de la Ré- publique a décidé au mois de février:

la suppression des zones salariales.

Kinshasa doit toucher au même mo- ment que nous autres, afin qu’on puisse tous réclamer Mbudi. Toutes les autorités sont en possession de cette note circulaire. Nous suspen- dons notre participation aux festivités du 1er mai. On ne défile pas, nous fonctionnaires de l’Etat. Qu’on laisse peut-être aux privés de défiler».

Sur place à Lubumbashi, radio Okapi a constaté que le mot d’ordre de l’Intersyndical a été largement suivi. La majorité des agents et fonc- tionnaires de l’Etat n’ont pas participé au défilé. Seulement, quatre divisions sur une cinquantaine que compte l’In- tersyndical y ont pris part.

Rombaut KASONGO

I

l n’y a pas mieux comme statut du personnel de carrière des services publics de l’Etat et règlements d’administration en Afrique que celui dont dispose la RDC», confie un cadre de l’Administration publique, debout sur la place «Golgotha», siège de la Fonction publique à Kinshasa. «Au Gabon, en Côte d’Ivoire, au Congo-Brazzavile ou au Cameroun, quand quelqu’un réussit son concours d’entrée dans la Fonction publique, c’est tout son vil- lage qui fête parce qu’il vient de s’arracher son ticket pour une carrière honorable de fonctionnaire de l’Administration publique», commente cet agent de l’Etat.

En matière de recrutement, de promotion, des avantages, des primes de diplômes, explique un autre agent trouvé devant le bâtiment du ministère de la Fonction publique, le fonctionnaire congolais n’envierait rien à un autre travailleur si l’Etat mettait en application les textes du statut du personnel de carrière des services publics du 15 août 2004. Dans ce texte, il est reconnu à l’agent de l’Etat une rémunération qui comprend des primes et le traite- ment initial attaché au grade dont l’agent est revêtu. «Si la rémunération est taxable, les avantages sociaux de nature pécuniaire sont exempts de toute imposition fiscale», indique la loi.

En plus, la loi garantit à l’agent de l’Etat, la gratuité du transport pour ses déplacements de service qui se traduirait par la mise à sa disposition d’un titre ou d’un moyen de transport, soit par l’octroi d’une indemnité compen- satoire.

En pratique, les agents et fonctionnaires de l’Etat congolais ne bénéfi- cient pas de cette disposition de la loi. Sur terrain, ils sont obligés d’exhiber leur carte de service aux receveurs qui les taxent de «faux tête».

L’empiétement de la politique sur la Fonction publique

«L’Administration publique, comme épine dorsale de la République, souffre des chevauchements politiques et de l’usurpation des tâches de la part des politiques», ont avoué plusieurs agents de l’Etat qui ont requis l’anonymat.

Dans les cabinets ministériels, a révélé un agent, il existe des postes qui reviennent à l’Administration publique, mais qui sont occupés, malheu- reusement, par les membres de famille de leurs «Excellences». «L’homme politique sert les intérêts de son parti politique, alors que l’agent tiré de l’Ad- ministration publique place les intérêts du pays au premier plan», souligne un autre agent de l’Etat qui avoue assisté impuissant à la clochardisation des fonctionnaires congolais par l’Etat, son employeur.

Persévérance NDEGHEY

Les fonctionnaires déplorent leur clochardisation

Secteur informel : la loi du plus fort

A

près les pillages de 1991 et 1993, la plupart de travailleurs congolais ont été renvoyés au chômage. Nombreux sont aujourd’hui les Congolais qui oeuvrent dans l’informel. Dans ce sec- teur, le Code du travail qui réglemente les rapports entre l’employé et l’em- ployeur est rarement pris en compte.

En RDC, le domaine de l’informel domine sur celui de l’administration publique. Cette situation date de la deuxième République. Universitaire ou non y œuvre sans réclamer la signa- ture d’un contrat de travail. L’essentiel est de percevoir son salaire à la fin du mois.

«Graduée de l’Institut supérieur de commerce (ISC), je travaille dans un magasin tenu par des sujets libanais.

Sans avoir signé un contrat, je continue à travailler malgré mon maigre salaire, regrette Eugénie, habitant la commune de Lemba. Mère de famille, je ne per- çois pas des allocations familiales».

Eugénie n’est pas la seule à vivre ce calvaire. Junior Jey, vendeur dans un dépôt de boisson depuis deux ans, af- firme n’avoir jamais signé un contrat de travail écrit avec son employeur, bien qu’il soit rémunéré mensuellement.

«Je travaille chaque jour 24 heures sur 24, mais on ne me paie pas les heures supplémentaires, explique-t-il. Certes, j’ai droit aux frais de transport et aux soins, mais je travaille sans prendre de pause».

Contrat verbal

Dans le secteur de transport en commun, les chauffeurs et leurs pa- trons sont liés par des contrats tacites (verbaux). Chauffeur d’un taxi-bus, Ise- kia Mwanambua pense que la signa- ture d’un contrat entre les deux parties

n’est pas nécessaire dans ce métier.

«L’absence d’un contrat écrit me permet de partir quand je veux», se justifie-t-il.

A l’échelon inférieur, leurs receveurs sont, à leur tour, à la merci des conduc- teurs. «Mon chauffeur me paie à la fin de chaque journée selon sa volonté. Il n’y a aucune assurance santé et je n’ai pas de temps de repos», avoue Prince Molongo, receveur d’un taxi-bus qui dessert la ligne Victoire-Selembao.

La situation est presque identique au niveau des entreprises privées. Dans ce secteur, la quasi-totalité des employeurs ne disposent pas des contrats de travail.

Journaliste dans une chaîne privée de la place, Judith M. raconte à qui veut l’entendre le calvaire qu’elle vit. «Depuis que je travaille, je n’ai jamais vu un con- trat de travail. Je ne sais même pas à quoi il ressemble. Le salaire, je ne l’ai jamais touché», commente-t-elle.

La mise en application du Code du travail dans les milieux professionnels kinois dépend d’une entreprise à une autre. Travailleur à la Banque Interna- tionale pour l’Afrique au Congo (BIAC), Serge Mapendo affirme que son en- treprise lui a fait signer un contrat. «Je bénéficie des frais de transport et des soins de santé ; la scolarité de mes en- fants est assurée, et à la fin de chaque année, la banque me paie ce que l’on appelle communément le 13ème mois», se réjouit Serge Mapendo.

Pour sa part, Bébé Nyma Wanza, responsable de la Papeterie Beni, si- tuée dans la commune de la Gombe, refuse de faire signer des contrats à ses travailleurs. «Mon entreprise ne dispose pas encore des moyens conséquents pour faire face aux desiderata des tra- vailleurs», tranche-t-elle.

Isabelle KIBUNGU, Judith NIMY et Giscard ABETY

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JDC Journal-école n°22 - Semaine du 04 au 10 mai 2009

Journal du Citoyen A l’affi che

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tionnaires de carrière des services publics de l’Etat régis par des statuts particuliers. Sont aussi concernés par cette disposition, les éléments de For- ces armées congolaises, de la Police nationale, ainsi que ceux du Service national.

Droit et devoir

«Le travail est pour chacun un droit et un devoir, mentionne l’article 2 du Code. Il constitue une obligation mo- rale pour tous ceux qui n’en sont pas empêchés par l’âge ou l’inaptitude du travail constatée par un médecin».

«Le travail forcé ou obligatoire est interdit», souligne l’alinéa 2 de l’article précité. Tombe également sous le coup de l’interdiction, tout travail ou service exigé d’un individu sous menace d’une peine quelconque et pour lequel ledit individu ne s’est pas offert de plein gré (alinéa 3).

En son article 6, le Code du travail stipule qu’«une personne âgée de 15 ans ne peut être engagée ou main- tenue en service que moyennant dé- rogation expresse de l’Inspecteur du travail et de l’autorité parentale ou tu- télaire ».

Défi nitions des termes-clefs Le Code du travail congolais défi nit le travailleur comme toute personne physique en âge de contracter, quels Le Code du travail est un recueil

organisé des textes législatif et ré- glementaire applicables en matière de droit. Il concerne essentiellement les salariés sous contrat de travail.

Le Code du travail en vigueur en Ré- publique Démocratique du Congo compte 334 articles. Il contient plu- sieurs chapitres qui traitent divers problèmes ayant trait au travail.

L

e Code du travail est applicable à tous les travailleurs et employeurs (article 1er). Il s’agit notamment de ceux des entreprises publiques exerçant leur activité professionnelle en RDC, quels que soient la race, le sexe, l’état civil, la religion, l’opinion politique, l’origine sociale et la nationalité des parties. Il s’applique également aux travailleurs des services publics de l’Etat engagés par contrat de travail.

Il ne s’applique aux marins et bate- liers de navigation intérieure que dans le silence des règlements particuliers qui les concernent ou lorsque ces rè- glements s’y réfèrent expressément, complète l’alinéa 2 du même article.

L’alinéa suivant donne des préci- sions sur les catégories de personnes qui sont exclues du champ d’appli- cation du présent Code. Il s’agit des magistrats, des agents de carrière des services publics de l’Etat régis par le statut général et des agents et fonc-

Code du travail : les grandes orientations

que soient son sexe, son état civil et sa nationalité. C’est cette personne qui s’est engagée à mettre son activi- té professionnelle, moyennant rému- nération, sous la direction et l’autorité d’une personne physique ou morale, publique ou privée, dans les liens d’un contrat de travail (article 7, point a).

Le contrat est défi ni par la loi comme toute convention, écrite ou verbale, par laquelle une personne, le travailleur, s’engage à fournir à une autre personne, l’employeur, un travail manuel ou autre sous la direction et l’autorité directe ou indirecte de celui- ci et moyennant rémunération (article 7, point b).

Les travailleurs sont protégés par la loi, et cela trouve une grande impor- tance, s’ils signent un contrat de tra- vail qui peut être oral ou écrit. Ce der- nier ne peut déroger aux dispositions d’ordre public défi nit par la législation et la réglementation en vigueur, avec l’employeur. Et si le contrat accorde au travailleur des avantages inférieurs à ceux prescrits par le Code, les clau- ses s’avèrent nulles.

Travail des femmes

La loi congolaise accorde l’accès au travail à tous sans discrimination.

Les femmes, qui jadis étaient seu- lement bon pour le ménage, s’y re- trouvent aussi dans le monde profes-

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sionnel. Elles sont protégées et l’Etat défi nit la nature de travaux qui leur sont interdits.

Il en est de même pour les enfants et personnes vivant avec handicap. Ils sont dispensés du travail de nuit dans les établissements industriels publics ou privés, exécuté entre 19 heures et 5 heures…

Pour sa part, la femme est proté- gée par l’Etat pendant sa grossesse, son accouchement et même l’allaite- ment (articles 128, 129 ,130 et 132).

Les avantages

Signalons cependant que les avan- tages du contrat sont partagés, du fait qu’ils établissent les obligations du tra- vailleur (articles 50, 51, 52, 53, 54) et les obligations de l’employeur (articles 55 et 56) du Code du travail.

Il est reconnu à une entreprise ou établissement, indiquent les articles 161 et 163, le droit d’assurer la sur- veillance médicale et sanitaire, d’or- ganiser un service spécial de sécu- rité d’hygiène et d’embellissement des lieux de travail.

L’employeur est tenu d’accorder au travailleur un congé annuel et ce der- nier ne peut renoncer à cela. Pendant sa période de congé, le travailleur et sa famille ont droit aux soins de santé, même si ce dernier se trouve en de- hors du pays ou de son emploi.

Gethou PUMBA META

Focus

comptent parmi ceux-là qui doivent protéger le fonds public, notre tâche devient délicate, très diffi cile, parce que la corruption se pratique à gran- de échelle. Il n’est un secret pour personne : ce sont des dirigeants qui se rendent coupables de ces détournements de fonds. Il est diffi - cile à notre niveau de faire quoi que ce soit. Toutefois, nous sommes de corps ou de cœur avec le ministère de l’Enseignement, primaire, secon- daire et professionnel (EPSP) si un dialogue social et sincère s’instaure.

Nous sommes prêts à collaborer avec le ministère, par exemple, pour l’acheminement des salaires des en- seignants à l’intérieur du pays. Le Synecat dispose des représentants à travers le pays. En clair, si le mi- nistère de l’EPSP nous associe dans la paie des enseignants, nous som- mes convaincus qu’on n’assistera plus au détournement des salaires, comme c’est le cas aujourd’hui. Vue la situation qui prévaut sur terrain, nous avons l’impression, au niveau de notre syndicat, que nos diri- geants font de l’enseignant, le cadet de leurs soucis. Conséquence : être enseignant en République Démo- cratique du Congo est devenu une honte. Nous exhortons les députés provinciaux et nationaux, issus de la base et parmi lesquels fi gurent plusieurs enseignants, à amorcer une lutte sans merci pour combat- tre la corruption dans le secteur de l’enseignement en particulier, et en général dans tous les secteurs de la vie nationale. Bref, une politique générale de lutte contre la corruption doit être instaurée en RDC. Dans le secteur public, nous n’atteignons pas encore le chiffre de 1.000.000 de salariés. Je crois qu’avec une po- litique orthodoxe, avec une gestion transparente, le gouvernement peut être en mesure de payer le fameux palier de Mbudi que nous réclamons jusqu’à ce jour.

Interview réalisée par Huguette WEMBO

Jean-Bosco Puna : «Jusqu’à ce jour, aucun budget n’a été appliqué en faveur des enseignants»

Réélu à la tête du Syndicat na- tional des enseignants des écoles conventionnées catholiques, en qualité de secrétaire général le 15 avril 2009, Jean-Bosco Puna dé- plore la précarité dans laquelle vi- vent les enseignants congolais.

Quel type d’activités votre syndi- cat mène-t-il en RDC ?

Le Synecat est un syndicat pro- fessionnel qui évolue dans le sec- teur de l’enseignement. Il mène des activités traditionnelles propres à tout syndicat. Il remplit notamment la mission de l’éducation ouvrière. Il organise également des séances de formation au profi t de ses membres.

Notre syndicat excelle aussi dans la mission primaire reconnue à tout syndicat : revendiquer. Le Synecat a entre autres missions de défendre ses enseignants, de les représenter à travers le pays. Notre mission est celle de porter les revendications des affi liés auprès du gouvernement qui est notre partenaire principal.

L’enseignant congolais bénéfi cie- t-il des droits qui lui sont reconnus par les textes en vigueur?

D’emblée, je dirai non. Le droit des enseignants sont systématique- ment ignorés par l’employeur. Les enseignants ne bénéfi cient pas d’un salaire décent qui est, pourtant, un droit fondamental. Ils ont droit à un salaire équitable, qui tient compte de la justice distributive, conformément à la Constitution de la République.

Mal payés, ils ne perçoivent pas leurs salaires régulièrement. Leurs droits sont foulés aux pieds par les dirigeants de notre pays. En plus, les enseignants congolais ne bénéfi cient point du droit à la retraite, du droit de scolariser leurs enfants… On consta- te, par exemple, que l’enseignant qui travaille à la Gombe est incapable de scolariser ses enfants dans la même école où il preste. C’est pour défen- dre tous ces droits que le Synecat se bat chaque jour. Cette tâche ne s’avère pas facile dans la mesure où nous assistons au débauchage de nos membres pour affaiblir l’action syndicale. Jusqu’à ce jour, nous te- nons encore le coup. Ce n’est qu’une partie remise, mais il y a beaucoup d’autres droits qui sont violés.

Que faites-vous pour vulgariser le code du travail dans les milieux professionnels ?

Bien qu’évoluant dans le secteur de l’enseignement, nous sommes considérés comme des fonctionnai- res de l’Etat. Nous travaillons direc- tement avec le statut de personnel de carrière des services publics.

Nous ne sommes pas régis directe- ment par le Code du travail, quoique ce dernier document soit globalisant.

Néanmoins, malgré nos maigres moyens, nous vulgarisons le Code du travail. J’ai évoqué un peu plus haut que notre syndicat poursuit aus- si une mission ouvrière. Sur ce point, nous organisons régulièrement des cercles d’études pour renforcer les capacités de nos différents comités ou organes. Nous nous appesan-

tissons beaucoup plus sur les ins- truments juridiques internationaux, notamment les Conventions 087 et 098 qui doivent être compris par nos pairs, les dirigeants des syndicats au niveau des structures intermé- diaires. Nous avons également des statuts du personnel des carrières des services publics qui nous gè- rent. Nous avons, en outre, ce qu’on appelle «la convention des écoles conventionnées catholiques». Ce sont des instruments auxquels nous recourrons directement. Le Code du travail, nous en faisons la vulgari- sation. Mais il faut dire que ce n’est pas assez, parce que le syndicat n’ a pas suffi sament des moyens. Nous ne vivons que de nos petites cotisa- tions qui arrivent diffi cilement. Si par exemple, c’est un retard que nous sommes entrain d’accuser, il est dif- fi cile de pouvoir réunir toutes les co- tisations et mieux faire le travail.

Que suggérez-vous pour mettre un terme aux grèves répétées dans le secteur de l’enseignement?

Cette question doit être adressée au pouvoir organisateur de l’ensei- gnement, l’Etat congolais. En réa- lité, en tant qu’enseignants et édu- cateurs, mais surtout en tant que parents, les grèves déclenchées au début de chaque année scolaire, ne nous contentent pas. C’est l’Etat con- golais qui nous place dans l’impos- sibilité d’amorcer la rentrée scolaire dans la quiétude. Au Synecat, notre souhait est de voir le gouvernement prendre en compte les revendica- tions des enseignants. Jusqu’à ce jour, aucun budget n’a été appliqué en faveur des enseignants. Nous de- mandons que l’Etat puisse assumer ces prérogatives régaliennes.

Comment comptez-vous vous im- pliquer pour assurer la gestion transparente des ressources pu- bliques?

Il faut d’abord se poser une question: qui sont les auteurs de ce détournement de fonds ? S’ils se

«Nos dirigeants font du problème de l’enseignant le cadet de leur souci», regrette Jean-Bosco Puna.

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Journal du Citoyen

Libre expression

3 JDC Journal-école n°22 - Semaine du 04 au 10 mai 2009

sionnel. Elles sont protégées et l’Etat défi nit la nature de travaux qui leur sont interdits.

Il en est de même pour les enfants et personnes vivant avec handicap. Ils sont dispensés du travail de nuit dans les établissements industriels publics ou privés, exécuté entre 19 heures et 5 heures…

Pour sa part, la femme est proté- gée par l’Etat pendant sa grossesse, son accouchement et même l’allaite- ment (articles 128, 129 ,130 et 132).

Les avantages

Signalons cependant que les avan- tages du contrat sont partagés, du fait qu’ils établissent les obligations du tra- vailleur (articles 50, 51, 52, 53, 54) et les obligations de l’employeur (articles 55 et 56) du Code du travail.

Il est reconnu à une entreprise ou établissement, indiquent les articles 161 et 163, le droit d’assurer la sur- veillance médicale et sanitaire, d’or- ganiser un service spécial de sécu- rité d’hygiène et d’embellissement des lieux de travail.

L’employeur est tenu d’accorder au travailleur un congé annuel et ce der- nier ne peut renoncer à cela. Pendant sa période de congé, le travailleur et sa famille ont droit aux soins de santé, même si ce dernier se trouve en de- hors du pays ou de son emploi.

Gethou PUMBA META

Comment la population s’implique-t-elle dans les travaux communautaires ? Micro baladeur

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«Avec Tuungane, notre population apprend à se prendre en charge»

Il n’est pas facile d’intégrer au sein de notre population la culture de parti- cipation citoyenne, nécessaire pour le développement de notre programme.

Cette approche toute nouvelle n’est pas toujours facile à communiquer au

début. Mais, IRC essaye de bien for- mer les membres des communautés sur la gsetion des fonds, la résolution des confl its, et plus encore, notre population apprend maintenant à se prendre en charge et à gérer le fonds des projets d’utilité publique qu’elle a elle-même conçus 

«Aujourd’hui, la population s’implique dans la réfection des infrastructures»

Dans nos milieux ruraux, on re- trouve souvent des écoles sans banc, sans tableau, sans bureau... Nos en- fants sont contraints de s’asseoir par terre. Nous avions jadis un pont fragi- le en bois où les enfants qui tentaient de traverser la rivière en empruntant cette voie glissaient et se blessaient.

Dans cette édition, le «Journal du citoyen» focalise son attention sur les Congolais qui vivent dans les milieux ruraux. Ils se prononcent ici sur leur implication dans les travaux d’intérêt communautaire pour avoir accès à l’eau potable, réhabiliter des écoles, des routes, des ponts... et pouvoir ainsi jouir de leurs droits.

«Grâce à notre implication, nos villages ont de l’eau potable»

Trois grands villages de notre con- trée bénéfi cient aujourd’hui de l’appro- visionnement en eau potable. La pom- pe est accessible à certaines heures de la journée. Avant l’installation de ce réservoir, des gens, pour la plupart des femmes et des enfants, faisaient des kilomètres à pied pour chercher de l’eau. Il leur fallait parfois plus de cinq heures de parcours avant de retourner à domicile. Aujourd’hui, ils poussent un ouf de soulagement 

«Ce qui me marque, c’est la mobilisation des femmes»

Ce qui me marque, c’est la mobi- lisation des femmes. Active dans une association locale, j’ai pris contact avec des communautés de villages environ- nants pour ériger ensemble un projet de fourniture d’eau potable dans notre contrée. Nous avons lancé des mes- sages dans les églises, dans les quar- tiers et à la radio pour une mobilisation générale un vendredi. Au rendez-vous, plusieurs femmes se sont joints aux hommes en portant deux, trois, voire cinq briques pour ériger la fontaine.

Nous avons compris que nous, les femmes, nous sommes aussi capables de faire le travail des hommes 

Propos recueillis par Gisèle LUKUSA Bahoya Mushengezi Victor,

president CDC, Ngando-Kaziba, Sud-Kivu Juvenal Burume, agent communautaire,

Nyangezi, Sud-Kivu

Nenette Neema, agent communautaire, Nyangezi, Sud-Kivu

Aujourd’hui, avec l’initiative «Tuunga- ne», la population s’implique dans la réfection des infrastructures : routes, ponts, salles de classe, salles de réu- nion communautaire… 

Amana Bairiki, secrétaire de l’Association Ushirika, Kaziba, Sud-Kivu de contrôle auquel recourt la popula- tion, ce sont les relais de salubrité. Ce sont ces agents qui doivent assurer une collaboration étroite avec les auto- rités locales pour veiller sur la gestion quotidienne des ressources confi ées au comité.

Quelles sont les diffi cultés que vous avez rencontrées dans votre par- cours?

L’une des diffi cultés, c’est la distan- ce, le problème d’accessibilité aux lieux où nous opérons. On travaille dans des communautés éloignées les unes des autres. Il faut deux à trois jours de voyage pour atteindre ces milieux quand on vient de la capitale provincia- le. Nous œuvrons dans des coins où plusieurs ONG n’arrivent plus. Ca nous crée des sérieuses diffi cultés. Ce n’est pas, par exemple, facile là-bas de reti- rer des fonds dans les coopératives ou agences de transfert. Il se pose aussi des problèmes logistiques qui entra- vent la continuité de certains projets.

La population a besoin de construire des écoles, des bâtiments… Mais, elle a de la peine à s’approvisionner en ci- ment, en tôles, etc.

Comment la population accueille-t- elle vos interventions là-bas ?

Au départ, elle était réticente, mé- fi ante, hésitante. Les gens se disaient qu’ils avaient vu défi ler beaucoup d’ONG qui leur faisaient beaucoup de promesses sans pouvoir les réaliser.

Mais, ils ont commencé à nous faire confi ance lorsque nous leur avons fourni, au début, le fonds promis pour fi nancer certains projets. C’est ainsi qu’ils ont de plus en plus du respect pour nous. Les autorités locales aussi apprécient de nous voir à l’œuvre dans ces milieux reculés. Nous comptons renforcer davantage notre collabora- tion avec elles, car nous voulons les initier à un mode de gestion rigoureuse et transparente de la chose publique.

Propos recueillis par Yves KALIKAT

Jana Frey : «Nous donnons à la population l’opportunité de réaliser des projets d’intérêt communautaire»

De nationalité allemande, Jana Frey est active à l’Est de la Répu- blique Démocratique du Congo où elle pilote un projet qui promeut la bonne gouvernance. Installée à Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu, la directrice du projet «Tuungane»

donne des éclaircissements sur cette initiative.

En quoi consiste le projet «Tuun- gane»?

C’est une initiative dont le but est de promouvoir la bonne gouvernance.

Nous renforçons la participation ci- toyenne pour assurer le développe- ment des milieux ruraux. Inspiré du mot swahili «Tuungane» (Unissons-Nous), ce projet fi nancé par le Gouvernement britannique et mis en œuvre par In- ternational Rescue Comittee (IRC) en partenariat avec CARE, s’inscrit dans le cadre de la reconstruction du pays.

Démarré en avril 2007, il est actuelle- ment en cours de réalisation dans trois provinces de l’est de la RDC jusqu’en novembre 2010. Ce projet vise à sta- biliser les zones post-confl it à travers trois objectifs principaux : l’améliora- tion des conditions socio-économi- ques, l’amélioration de la cohésion so- ciale et une meilleure compréhension des principes de bonne gouvernance.

Pour atteindre ces objectifs, «Tuunga- ne» utilise une approche participative : le programme encourage l’appropria- tion des projets de développement par les communautés et met l’accent sur une gestion transparente des fonds mis à leur disposition. Cette vision est concrétisée par l’élection démocrati- que des représentants du programme au niveau du village et de la commu- nauté. L’autre particularité de cette ini- tiative, c’est aussi la sélection, la ges- tion et la mise en œuvre des projets par les bénéfi ciaires eux-mêmes.

Dans quelles provinces de la RDC êtes-vous actifs ?

Nous sommes au Sud-Kivu, au Maniema et dans le Katanga où nous opérons dans deux districts : le Tanga- nyika et le Haut Katanga. Notre choix n’est pas seulement motivé par le fait qu’il s’agit de zones post-confl it, mais il est surtout lié à l’expérience antérieure de nos parrains: IRC et Care. On avait nos bureaux et bien d’autres program- mes là-bas. C’est donc plus facile de continuer là où on a de l’expérience que de se présenter dans d’autres mi- lieux.

Que faites-vous concrètement ? Nous travaillons avec les habitants des villages. Nous leur donnons des fonds en leur offrant l’opportunité de réaliser des projets qu’ils ont eux-mê- mes conçus en fonction de leur prio- rité. Pour le moment, nous appuyons 1200 villages. Mais, au départ, l’IRC s’apprêtait à travailler avec 1400 villa- ges pour atteindre environ 1,8 million de personnes. On a dû réduire l’effectif avec le temps. On travaille à deux ni- veaux. Chaque village a droit à 3.000 dollars. Et lorsque cinq villages s’as- semblent pour élaborer un projet com- mun, ils forment ce que nous appelons communautés. Il y en a, au total, 280 dans notre aire d’intervention. Pour chaque communauté, nous mettons à leur disposition un montant qui oscille entre 50.000 à 70.000 dollars Us.

Quelles sont les réalisations opé- rées jusque-là ?

Il y a, bien sûr, toute l’infrastructure qui a été construite. Pour le moment, plus de 1.000 projets sont en cours : la réhabilitation des écoles, la cons- truction des salles de classe, l’aména- gement des sources d’eau… Un autre type de réalisation et non de moindre, c’est la formation à la gestion de la cho- se publique. Il y a, dans chaque village

«Nous appuyons 1.200 villages à l’Est de la RDC», rassure Jana Frey.

(Photo JDC)

ou communauté, un comité formé qui représente toute la population. Ce co- mité est chargé de gérer le fonds que nous leur donnons pour la réalisation de différents projets. Et ces gérants sont contrôlés par la population. Cette pratique permet de diminuer sensible- ment la possibilité de mégestion.

Y a-t-il un mécanisme de contrôle pour veiller à la gestion saine des ressources ?

Dans chaque contrée, la population s’organise pour constituer un comité de développement du village, chargé de gérer le budget. Avant d’exécuter un des projets jugés prioritaires, ce comité le soumet à la population qui doit, au préalable, l’approuver. Les membres de ce comité convoquent, à cet effet, une assemblée générale où assistent 20 à 40 % de la population active. Ils présentent un rapport dé- taillé pour que toute l’assistance puis- se comprendre et vérifi er comment le fonds public a été géré. L’autre mode comptent parmi ceux-là qui doivent

protéger le fonds public, notre tâche devient délicate, très diffi cile, parce que la corruption se pratique à gran- de échelle. Il n’est un secret pour personne : ce sont des dirigeants qui se rendent coupables de ces détournements de fonds. Il est diffi - cile à notre niveau de faire quoi que ce soit. Toutefois, nous sommes de corps ou de cœur avec le ministère de l’Enseignement, primaire, secon- daire et professionnel (EPSP) si un dialogue social et sincère s’instaure.

Nous sommes prêts à collaborer avec le ministère, par exemple, pour l’acheminement des salaires des en- seignants à l’intérieur du pays. Le Synecat dispose des représentants à travers le pays. En clair, si le mi- nistère de l’EPSP nous associe dans la paie des enseignants, nous som- mes convaincus qu’on n’assistera plus au détournement des salaires, comme c’est le cas aujourd’hui. Vue la situation qui prévaut sur terrain, nous avons l’impression, au niveau de notre syndicat, que nos diri- geants font de l’enseignant, le cadet de leurs soucis. Conséquence : être enseignant en République Démo- cratique du Congo est devenu une honte. Nous exhortons les députés provinciaux et nationaux, issus de la base et parmi lesquels fi gurent plusieurs enseignants, à amorcer une lutte sans merci pour combat- tre la corruption dans le secteur de l’enseignement en particulier, et en général dans tous les secteurs de la vie nationale. Bref, une politique générale de lutte contre la corruption doit être instaurée en RDC. Dans le secteur public, nous n’atteignons pas encore le chiffre de 1.000.000 de salariés. Je crois qu’avec une po- litique orthodoxe, avec une gestion transparente, le gouvernement peut être en mesure de payer le fameux palier de Mbudi que nous réclamons jusqu’à ce jour.

Interview réalisée par Huguette WEMBO

A coeur ouvert

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JDC Journal-école n°22 - Semaine du 04 au 10 mai 2009

Journal du Citoyen Congo profond

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Congo profond Congo profond Congo profond Congo profond Congo profond Congo profond Congo profond Congo profond

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Théâtre des affrontements ar- més, l’Est de la République dé- mocratique du Congo hume peu à peu l’air de la paix. Paupérisés, coincés dans des zones encla- vées, les autochtones attendent le développement de leur contrée avec impatience. De temps en temps, ils reçoivent le secours de quelques ONG qui viennent à leur rescousse.

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epuis avril 2007, trois provinces de la région sur les onze du pays bénéfi cient de l’assistance de deux organisations internationales: Initiati- ve Rescue Comittee (IRC) et CARE.

Au Katanga, au Sud-Kivu tout comme au Maniema, les agents de ces ONG mobilisent les villageois pour les mo- tiver à s’impliquer dans des actions de développement communautaire.

C’est dans cette optique qu’est né le projet «Tuungane» (Unissons- nous, en swahili), destinés à rassem- bler les villageois autour d’un objectif salutaire pour leur contrée. 1.200 vil- lages sont ciblés dans cette initiative où la population est conviée à inté- grer le concept de Reconstruction Di- rigée par la Communauté (CDR).

«Cette approche exige un en- gagement de longue durée des bailleurs de fonds, des partenaires et de la communauté bénéfi ciaire», re- connait un responsable de l’IRC.

3.000 dollars pour chaque village Chaque village bénéfi cie d’un fonds d’une valeur de 3.000 dollars US destinés à fi nancer un projet prio- ritaire initié par la population. Et pour gérer ce fonds, la population procède à une élection démocratique des Co- mités de Développement du Village (CDVs).

Unis, les populations des villages environnants ont aussi l’occasion

d’initier des projets d’intérêt commu- nautaire, à l’instar de la construction des écoles, des hôpitaux, des routes, des ponts… Après débats et délibé- rations, ils soumettent ces projets aux cadres de l’IRC pour obtenir des fi nancements qui peuvent atteindre 70.000 dollars.

Ici aussi, pour la gestion transpa- rente de ces ressources, une élec- tion des gestionnaires est organi- sée. Hommes et femmes participent à «cette élection démocratique» à l’issue de laquelle les membres des Comités de Développement des Communautés (CDCs) sont révélés au grand public et soumis à leur con- trôle. Ils sont même tenus de rendre compte de la gestion de fonds mis à leur disposition au terme du projet.

Une pratique toute nouvelle dans les villages ciblés.

L’apport de la femme Depuis quelques années, le gou- vernement congolais a fait des ef- forts pour inclure les femmes dans le processus politique et tâche de faire respecter leurs droits. Pour renfor- cer ces changements, l’IRC inclue la question genre dans toutes leurs formations communautaires.

De plus, pour étudier comment ce changement infl uence le proces-

Les villageois de l’Est du pays apprennent la bonne gouvernance

sus de démocratisation, le projet a été conçu de sorte à assurer la pa- rité dans la moitié des comités. Dans l’autre moitié, le choix du nombre de femmes est laissé entièrement à la communauté.

Sifa Kalimbi a été élue en tant que coprésidente du CDC de sa commu- nauté. Son rôle est unique dans le milieu rural où la population continue d’élire, pour la plupart, des hommes aux positions d’autorité. «Ici à Mu- chingwa (Sud-Kivu), nous avions un problème chronique d’accès à l’eau, raconte-t-elle. Dans le passé, on était contraint de marcher de longues distances, quelquefois quatre à cinq heures pour chercher de l’eau».

«Avec Tuungane, reconnait Sifa Kalimbi, nous avons identifi é les problèmes auxquels on faisait face et nous avons opté pour un projet de réservoir d’eau, une des priori- tés fi xées par la communauté. Nous sommes venus ensemble pour élire des gens qui nous devraient nous aider à exécuter ce travail. Grâce à la mobilisation de la communauté, nous avons transporté du sable, des pierres, du ciment et bien d’autres matériaux pour aménager un site où nous pouvons désormais nous ap- provisionner en eau potable».

«Bien que d’autres projets simi- laires ont déjà été mis en œuvre par l’IRC dans d’autres pays post-confl its, y compris l’Afghanistan, le Rwanda et le Libéria, le projet Tuungane en RDC est unique par son étendue, commentent les initiateurs de ce pro- jet. Il cible un total de 1,78 millions de bénéfi ciaires dans les trois provin- ces du pays et 11 territoires. Un tel projet demande beaucoup de temps, de personnel et de ressources. Mais il offre également l’opportunité d’étu- dier en détail l’approche, les leçons apprises et l’impact de Tuungane».

Guérir les séquelles de la guerre

Au commencement du projet, l’IRC en collaboration avec Columbia University (New York) et deux univer- sités locales – ISTM/Bukavu et l’Uni- versité de Lubumbashi – ont effectué un sondage et mis en place une stra- tégie d’évaluation du projet.

L’étude initiale a recueilli des infor- mations concernant le climat social, politique, géographique, et économi- que des communautés. Elle a révélé que les effets du confl it avaient été considérables dans les régions vi- sées par Tuungane, et avaient chan- gé substantivement les conditions socio-économiques de la population.

Lors de l’exécution du projet, l’équipe a veillé sur l’amélioration des conditions socio-économiques, afi n d’ajuster le programme en réponse aux défi s identifi és. Une nouvelle étude sera menée par les partenai- res académiques de l’IRC pour me- surer l’impact réel du projet sur les populations bénéfi ciaires. Les leçons apprises vont servir de modèles aux autres programmes CDR à travers le monde.

Le Journal du citoyen

Pigistes (provinces)

Correspondants de Syfi a/InterCongo média et de Panos Paris

Dessin Patou BOMENGA Lay-out et mise en page

ASIMBA BATHY Diffusion Jean KIALA Hebdomadaire indépendant

d’éducation civique Avenue Colonel Ebeya n°101

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 Réalisé avec l’appui fi nancier du Projet franco-britannique d’appui aux médias, en partenariat avec l’Institut Panos Paris

et l’Institut Facultaire des Sciences de l’Information et de la Communication

(IFASIC)

Le «JDC» est envoyé en provinces avec l’appui logistique de la MONUC

Directeur de rédaction Yves KALIKAT Secrétaire de rédaction Rombaut KASONGO Gestion et Comptabilité Sylvie KOKOKANI Délégué de l’IFASIC Georges WAWA MOZANIMU

Rédaction (Kinshasa) Giscard ABETY (IFASIC) Ricky KAPIAMBA (IFASIC) Isabelle KIBUNGU (IFASIC) Gisèle LUKUSA (IFASIC)

Judith NIMY (IFASIC) Gethou PUMBA META (IFASIC) Persévérance NDEGHEY (IFASIC) Huguette WEMBO (IFASIC)

L

ors du partage des biens laissés par un père qui vient de mourir, testament ou pas, priorité doit être accordée aux enfants. Ce sont eux qui prennent souvent leurs parents en charge lors de leur vieillesse», déclare ainsi Fernand Lelenge Muyamuna, un notable de la ville de Bandundu, chef-lieu de la pro- vince qui porte le même nom. Et de poursuivre : «Pour mettre fi n aux querelles, la fi lle aînée doit être reconnue héritière. Tout pa- rent doit assurer l’avenir de sa pro- géniture et ne jamais compter sur les efforts des autres».

La position du notable apparaît comme une vraie évolution dans cette province où prédomine le sys- tème matrilinéaire et où beaucoup de veuves ainsi que les enfants se voyaient chasser de la maison à la mort du chef de la famille. Même les plus conservateurs évoluent eux aussi.

Zacharie Benda Minzoto, chef de groupement, déclare qu’à la mort du père, «certains biens doi- vent revenir aux frères et sœurs du défunt ainsi qu’à ses parents. Une autre partie et la plus importante doit être remise aux enfants».

Les mentalités changent en matière de succession dans la ville de Bandundu

Habitué à trancher des confl its, le chef coutumier affi rme que «la loi congolaise va de pair avec la coutume. C’est ce que nous ren- controns dans des jugements ren- dus par le tribunal de paix dans notre secteur».

Au sujet de la veuve, il soutient que si elle peut jouir de certains avantages, «c’est seulement sous couvert des enfants. En règle gé- nérale, la veuve ne se contente que des ustensiles de cuisine».

La coutume est appelée à évoluer

Les biens de succession posent toujours beaucoup de problèmes entre les enfants et les autres mem- bres de famille. Généralement, s’il y a un seul bien en confl it, il faut qu’un liquidateur, avec l’accord des autres cohéritiers, arrive à enclen- cher une procédure judiciaire.

Josée Kingelezi, victime et or- pheline de père, fustige la coutume rétrograde qui chasse les enfants de la parcelle et confi sque tous les biens.

Pour elle, les enfants reconnus doivent jouir de leurs droits. Elle vit paisiblement avec ses sœurs,

frères et mère dans sa parcelle lui léguée par son père.

Christophe Mwamba Dibwe, un notable de la ville pense que la cou- tume extrémiste doit devenir tendre envers les orphelins et les veuves.

«Dans un système matriarcal ou patriarcal la succession des biens doit être automatique, c’est-à-dire du père aux fi ls. La veuve perdra ses avantages si elle se remarie.

Dans une union sans enfant, les biens doivent être partagés entre la veuve et la famille du défunt.

La coutume doit évoluer au même rythme que le monde», soutient-il.

Christian Kimvunza, juge à la Cour d’Appel de Bandundu, confi r- me l’existence des confl its liés à la succession. «Dans ce cas, affi rme- t-il, on se réfère à l’article 755 du Code de la famille qui tranche que le bien du défunt appartient aux hé- ritiers selon leur catégorie».

Avocat à la Cour d’Appel, Me Bibi Mina plaide pour que les en- fants nés dans ou hors mariage soient reconnus par leur père avant sa mort.

Désiré TANKUY InterCongo Media

Bandundu

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