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L'église Saint-Jacques à Fosse-sur-Salm

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ARCHAEOLOGIA

BELGICA

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J. MERTENSet F. BOURGEOIS

L'EGLISE DE SAINT-JACQUES A FOSSE-SUR-SALM

Extrait du Bulletin de la Société d'A•rt et d'Histoire du Diocèse de Liège Tome XLV, 1965, pp. 17 à 50.

BRUXELLES

(2)
(3)

ARCHAEOLOGIA BELGICA

Etudes et rapports édités par le

Service national des Fouilles,

1, Pare du Cinquantenaire, Bruxelles 4

ARCHAEOLOGIA BELGICA

Studies en verslagen uitgegeven door de Nationale Dienst voor Opgravingen,

Jubelpark, 1

Brussel 4

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J. MERTENS et F. BOURGEOIS

L'EGLISE DE SAINT-JACQUES A FOSSE-SUR-SALM

Extrait du Bulletin de la Société d'A•rt et d'Histoire du Diocèse de Liège

Tome XLV, 1965, pp. 17 à 50. BRUXELLES 1965

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-L'ÉGLISE DE

SAINT~JACQUES

A

FOSSE~SUR~SALM

L' église de Sain t-Jacques à F osse-sur -Salm près de T rois Ponts fut gravement touchée par les bombes durant l'offen-sive des Ardennes en décembre 1944; sa reconstruction, plusieurs fois retardée, fut décidée enfin pour rg6z. Avant de passer à la démolition totale des ruines, il était utile de procéder à un examen archéologique ra pide du lieu, justement réputé par une foire plusieurs fois séculaire. Il était possible que cette église isolée, dont la paroisse est composée de différents hameaux, ait quelque chose à apprendre à ceux qui s'intéressent aux anciennes foires, aux vieux chemins de pèlerinage vers Saint-Jacques de Compostelle, à l'histoire des confins de 1' Ardenne liégeoise.

M. Léon Marquet, professeur à l'Athénée de Spa, attira l'attention sur l'intérêt que présenterait une reconnaissance archéologique de 1' édifice.

I1 y avait en outre un site historique à revaloriser. Site admiré par le poète Eugène Du Bois, par Eugène Gens en r876 (r) par le docteur Thiry, historien de la seigneurie d' AywailJe, par le comte Carton de Wïart encore, après

1' offensive de von Rundstedt.

Le Service des F ouilles décida de procéder à des recherches avant que ne cammencent les travaux de reconstruction (z).

Nous tenons à remercier Monsieur l'abbé S. Hardy, curé

de Fosse, et Monsieur Marquet, professeur à Spa, pour la

(1) Nouvetles et Souvenirs, t. II, p. 212-213.

(z) Campagne du 14 au 23 novembre 1961; cfr Les Cahiers Ardennais, t. XXXI p. 13-15. Spa, 1961.

(6)

documentation historique et iconographique qu'ils nous fournirent, ainsi que Monsieur Gysembergh, entrepreneur à Stavelot, qui nous laissa le champ libre pour les recherches archéologiques.

I. SOURCES HISTORIQUES ET ICONOGRAPHIQUES

Les sourees historiques concernant l'église de Fosse ne sont pas très abondantes.

Les seuls ouvrages qui en fassent état sont:

J.

HALKIN et C. G. RoLAND, Recueil des Chartes del' abbaye de Stavelot-Malmédy, t. I, Bruxelles, 1909.

D. GUILLEAUME, L'archidiaconé d'Ardenne dans l'ancien diocèse de Liège, dans le Bulletin de la Société d' art et d' histoire du diocèse de Liège, t. XX, Liège, 1913.

Dans l'un comme dans l'autre il ne s'agit généralement que de simples citations.

Les archives de l'abbaye de Stavelot-Malmédy et les autres documents que nous avons consultés aux dépöts de l'État à Liège, à l'Évêché, à la commune et à la cure de Fosse, nous renseignent surtout pour la période moderne.

La mauvaise tenue des registres de visites, !'absence de procès avec les gros décimateurs sont la principale cause d'un silence difficile à percer.

Notons quelques repères :

- Vers 1131: L'église de Fosse figure dans la liste de

celles qui paient une redevanee à l'abbaye de Stavelot (1).

- 3 mai 1140: Bulle du pape Innocent II confirmant

les biens du monastère de Stavelot: Fosse est cité (2).

(1) HALKIN ET ROLAND, o.c., t. I, pp. 309-310. (2) IBID., p. 353·

(7)

- 1 9

--- 11 août 1244: Frédéric, abbé de Stavelot-Malmédy,

pour remédier à l'insuffisance des revenus de l'église paroissiale de Wanne lui unit l'église de Fosse: << Nostre subsidio ecclesiamin honorem sancti

Jacobi prope F os se constructam >> (I).

- 20 fuin 1708: Le procès-verbal de la visite de l'archi-diacre d'Ardenne note que l'église de Fosse a le droit d'administrer tous les sacrements, sauf le mariage ( z).

- 1750-1752: Réparation de la tour gràce au produit

des tailles assises de I747 à I749 (3).

- 1756: Réparation de la muraille du cimetière (4).

- 1758-1759: Réparation à la toiture de l'église (5).

- 1837 : Le gouvernement et la province aceordent

chacun un subside de r.zso frs pour la réparation et l'agrandissement de l'église (6). La tour est la partie la plus défectueuse.

- 1841: La partie de l'église que l'on voulait laisser subsister menace ruïne (7).

- 1843: << L' église est trop peu spacieuse et pas assez

décente >>. (Déclaration de l'évêque de Liège en visite épiscopale). << L' église dans son état de vétusté doit être reconstruite à neuf >> (8).

- 1840-4 mars : La toiture est complètement

défec-tueuse. Par ordonnance du 8 février, l'évêque de Liège a interdit la célébration d'offices religieux dans l'église.

(r) IBID., t. U, p. 43·

(2) Archives Évêché de Liège, Reg. de visites, n° 51 bis, fo 8-g.

(3) Archives de l'État de Liège : Cour de ]ustice de Fosse, n°26; tailles, administra-tion, etc.

(4) Ibid. n° 27. (5) Ibid.

(6) Archives communales de Fosse : Registre des délibérations du Conseil municipal (r837-r852).

(7) IBID.

(8)

- 1850-juillet : Après les réparations indispensables à la toiture et à la voûte, l'interdit est levé.

- 1852-12 juillet: Le conseil communal décide que les travaux de restauratien consisterent en:

r) construction d'une tour avec l'entrée à l'inté-neur;

2) agrandissement de l'édifice du cóté de la tour d'une longueur d' environ 5 m ;

~) construction d'une sacristie dans le chreur ; 4) huit fenêtres avec chàssis en pierres de taille. - 1852-16 décembre: A cette fin un nouveau plan a été

dressé (approbation de la Commission Royale des Monuments et des Sites le rg avril) et le devis approximatif des travaux, s'élevant à 14.272 frs est admis (r).

- 1856-14 février: Adjudication des travaux.

- 1856- 8 juin: Le commissaire voyer du canton en

est nommé directeur.

- 1856-30 octobre: Le Directeur informe le conseil

communal qu'il n' a pas osé faire pereer les murailles de l'église St-Jacques pour placer les fenêtres, à cause de l' état de défectuosité dans lequel il les a

trouvées.

Les travaux effectués jusqu'alors consistent en 1' édifica ti on d 'une nouvelle tour et quelques parties

attenantes qui sont isolées et ne pourront être reliées

avec le corps de l' église.

Le rapport de !'architecte Noppins confirme

que <<la partie restante de l'édifice est impropre à

soutfrir aucune espèce de réparation >>.

- 1858: Nouveau plan dressé par !'architecte

provin-cial.

(9)

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- 2!

-- 1859-10 octobre: Projet accepté par la Commission Royale desmonumentset travaux confiés à !'entre-preneur N oville.

- 1861-avril: Décision d'ajouter un porche à l'église. - 1861-30 sept. : Procès verbal de réception provisoire

des travaux par !'architecte provincial.

- 1862-1er sept. : Les travaux d'agrandissement sont terminés; la tour doit être recrépie (1).

- 1898 : L' église commence à se délabrer. La coupole qui couvrait la tour doit être restaurée. L'archi-tecte M. Nicolas de Trois-Ponts propose de la remplacer par une tour octogonale (z).

- 1900: Le dóme est remplacé par une petite toiture d'ardoises à quatre pans égaux (3).

- 1944-1945: Du z6 décembre au 8 janvier l'église,

qui constitue un véritable observatoire, reçoit de nombreuses bombes.

- 1961-novembre : Démolition des ruines de 1' église

de I86z, pour faire place au nouvel édifice selon les plans de M. Geenen, architecte à Spa.

Une intéressante série d'articles sous lc titre L' église Saint-Jacques de Fosse a paru dans le Journal des Ardennes,

du 17 septembre 1961 au 14 janvier 1962, rédigée par le

professeur L. Marquet.

Outre la carte de Cabinet, dressée par Ferraris et donnant un aperçu de la situation existante en 1777, les documents iconographiques les plus importants sont deux plans, datés de 1837 et conservés aux Archives de l'État à Liège, Cartes

et Plans, z8o bis ; nous y retrouvons un plan de l'édifice existant ainsi qu'un projet de reconstruction (pl. I et II).

(r) Archives communales de Fosse.

(2) Dossier de l'Église de Fosse à Ja Commission Royale des Monuments et Sites (Bruxelles).

(10)

IL L'EXAMEN ARCHÉOLOGIQUE

L'église Saint-Jacques à Fosse s'élève, solitaire, sur le versant septentrional du plateau (cote 420) s'étendant entre les vallées de la Salm et celle du Baleur ( ou misseau de Bodeux), affluent de la Salm (r) ; entourée de quelques fermes et d'un cimetière pittoresque, elle dessert plusieurs

FIG. r. - Situation de Fosse.

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villages assez distants : Fosse et Mont-de-Fosse. Située sur un ancien chemin de pèlerinage, menant de Stavelot à Saint-Hubert et les grands eentres méridionaux, elle conserve, dans la foire annuelle du

25

juillet, le souvenir de sa gloire rl'antan. Le batiment, démoli en rg6r, était un édifice banal, con-struit vers r86o et refiétant les conceptions << esthétiques >>

de l'époque: il était composé d'une nef, d'un grand chreur

(r) Voir C. GASPAR, Les lieux-dits de la commune de Fosse, Mém. de la Commission

(11)

2 3

-se terminant par une sacristie récente et précédé

a

1' ouest par un transept et une tour porche coiffée d'un petit cloche-ton ; !'ensemble présentait un aspect plutot hétéroclite,

FrG. 2. - Les environs de Fosse-Saint-Jacques.

dont le pittoresque fut cependant racheté par la belle couleur du grès local et les magnifi.ques chênes séculaires qui l'entou-rent (pl. III). La longueur totale de l'édifi.ce était de 42,50 m, la nef mesurant 14 sur n m, le transept r8,25 sur 6,25 m.

(12)

L'examen archéologique s'est borné à l'étude du sous-sol de la nef et du chreur et ce au moyen de huit tranchées creu-sées dans l'axe du bàtiment ou perpendiculaire à celui-ei (fig. 3); partout le sondage fut poussé jusqu'au sol vierge, constitué par un schiste verdàtre et de l'argile; nous avons constaté que la pente naturelle du terrain deseend sensible-ment vers l'ouest.

D

FIG. 3· - Disposition des tranchées de la fouille.

TRANCHÉE I : tracée dans 1' axe de 1' église, qui est bi en orientée,

cette tranchée nous permit de recouper plusieurs murs d'époque différente (voir plan A).

Commençant par l'ouest, nous reecupons d'abord un amas de décombres 2c (r) composé d'un remblai de schiste et de mortier, jusqu'à une proiondeur de plus de rso cm (z) ; ce remblai se termine d'une façon assez nette vers l'est ou il a recoupé un ancien niveau d'occupation, 2a, marqué par une trace d'incendie et sis à -73 j:-67, constitué par une couche de mortier grisàtre, identique à celui des murs 12 et 14 ; en 2a et 2d, le schiste argileux se trouve à -80 ;

(r) Les chiffres en caractères gras renvoient aux numéros figurant sur les plans. (2) Toutes les cotes de niveau citées dans le texte ou figurant sur les plans se r ap-portent au repère 0, constitué par le niveau du pavement de la nef existante.

(13)

2 5

-le niveau 2a fut recouvert, à une époque postérieure, par un amas de maçonnerie 2, formée de dalles plates et large de r,ro m; aucun mortier ne relie les pierres.

Plus vers l'est, un mur 1, négligeamment maçonné avec moellans et ardoises noyés dans un mortier jaunàtre, barre toute l'église; conservé de

+

r6 à -4, il a une largeur de II3 cm et s'appuye sur un remblai schisteux; il s'agit ici de l'assise soutenant les marches du chceur de l'église du XIXe siècle. Plus loin, nous retrouvons des débris de démolition, jusqu'à une profandeur de

50

cm, et recoupons le massif 21, restes d'un au tel construit en schiste et large de r,20 m, ainsi qu'un mur 14, formant

jadis le chevet du chceur. Ce mur a une largeur de rog cm; il est construit sans parement apparent, en moellans et mortier rosàtre; il correspond aux murs 12 et 16.

TRANCHÉE II : cette tranchée nous permit d'examiner le

sectem nord-est de la nef et nord-ouest du chceur; outre les tombes, elle nous livra les substructions de l'église primitive 3 ; ces substructions sont constituées par des gros moellons, noyés dans l'argile et posés à même le schiste à -62; maçonnerie soignée présentant, surtout aux angles, des pierres taillées.

Le mur 3 est antérieur à la maçonnerie 1 et est relié au mur 17, formant la paroi nord de la nef et s'appuyant, lui aussi, sur le schiste sous-jacent ; ce mur 17 fut recouvert, après coup, par une nouvelle maçonnerie 16, large de 85 cm et dont la technique est identique à celle du chevet 14.

Les fondations de l'église actuelle furent posées contre et parhellement sur ce mur 16 ; le ressaut de la fandation se trouve à -6, niveau ou commence l'élévation (bien marquée sur 10) ; dans le chceur ce niveau remonte à

+

32.

(14)

TRANCHÉE III : celle-ci nous livra l'angle nord-ouest de

l'église, démolie en 1837; eet angle, le mur 15, présente une construction soignée, faite de moellans réguliers, reliés par un mortier rosàtre; sa largeur varie de 85 à ro8 cm; il est conservé de -9 à -83 et est recouvert, sur la face sud, d'un plàtras à mortier jaune, allant jusqu'à -47, ce qui semble marquer le niveau de cette église; à -35, le mur s'élargit de 18 cm; à -83, il s'appuye sur une maçon-nerie sous-ja een te 19 , posée partiellemen t sur d u rem blai.

Les deux murs 15 et 19 ont été complètement détruits au moment de la démolition de l'ancienne tour, dont les débris furent recoupés déjà dans la tranchée I, 2c et 2b.

TRANCHÉE IV: secteur sud-est de la nef. Le mur 22, conservé

de -26 à -53 forme le pendant de 3 ; même technique de construction quoique moins profond, le niveau du sous-sol remontant sensiblement en eet endroit; le mur 22

est relié à la trace 26, tranchée de fandation creusée à quelques centimètres seulement dans l'argile vierge et partiellement déuuite par 25 ; tout comme 26, 25 est un

<< mur négatif >> c'est-à-dire une maçonnerie complètement

récupérée et dont la trace est marquée par un remblai de terre, éclats de pierres, débris de plàtras, etc. ; largeur: 120, profandeur: -83; quelques tombes furent recoupées au moment de la démolition de 25. Entre 25 et 23, façade sud de la nef actuelle, s'étend un remblai humeux, 24, terrain de l'ancien cimetière, recoupé par la tranchée de fandation de 23.

TRANCHÉE V: élargissement de la tranchée I, dans le chceur;

le mur 14 a été repéré sur toute la largeur du chceur; traces de parement plus ou moins régulier vers l'extérieur, conservé sur une hauteur de 40 cm; les angles intérieurs du chevet ont pu être précisés .

(15)

2 7

-TRANCHÉE VI: quelques moellans épars de 2. couvrant d'anciennes tombes; un amas de gros moellans 27, com -parables à ceux des murs 3 et 22, semble farmer un angle, quoique le tracé en soit peu précis; détruit par des tombes plus récentes, il n'a conservé que les assises inférieures, de -rr6 à -rz8. Plus au sud nous retrouvons la trace 28, continuation de 25 et les murs de la nef actuelle.

TRANCHÉES VII ET VIII: zone nord de la nef ; dans le son-dage VII, nous avons retrouvé les murs des trois nefs successives, le premier 18, appartenant au bä.timent pri-mitif 17 /3 ; le second, 12, reprenant le mur 16 (Tranchée II) et renforcé à un certain moment par un alignement de pierres 13, large de r8 cm ; eet élargissement, est constitué par une seule assise de moellons, sise à -r8 et posée sur une couche de débris et de mortier qui est la couche de construction de 12.

La tranchée VIII a livré les restes fragmentaires du stade situé entre 1' édifi.ce primitif et la construction dé-truite en r837. Il s'agit du mur 30, mur maçonné en moel-lans et schiste, assez différent de 16 ou de 15 ; il s'appuye sur l'argile à -roz et est maçonné jusqu'au fond, ce qui le distingue des substructions primitives, jointes à l'argile; il s'agit ici d'une reprise dans un ancien mur démoli, reprise plus solide et que nous retrouvons en 19 dans la tranchée III. Nous constatons ici que la nef primitive a été prolongée, après démolition de la façade occidentale; la trace de cette façade subsiste d'ailleurs en 31, large de 65 cm et profonde de rrs.

Les quelques dalles de 29 appartiennent au mur 2. Les sépultures

Plusieurs tombes furent repérées au cours des fouilles; leur nombre est cependant assez réduit, comparé aux

(16)

Tombe 7: sise dans le chreur, le défunt avait la tête à l'est,

l~s bras repliés ; il a vai t été déposé dans un cercueil en

bois, partiellement engagé sous l'autel 5 ; les pieds étaient

chaussés de mules en cuir; dans le remblai petite pièce de

monnaie en bronze de Erard de la Marck (1506-1538)

probablement frappée entre 1525 t 1527 (1).

Tombe 8: recouverte parhellement par 1 ; protondeur -97;

traces de cercueil en bois ; le défunt avait la face vers

l'est.

Tombe 9: prof. -120; face vers l'ouest; le cercueil en bois

était assez bien conservé.

Tombe 20: creusé dans le schiste à -80.

*

* *

Sur la base de ces diverses constatations, il est possible

d'esquisser le développement architectural de l'église de

Fosse.

Phase A (Fig. 4)

Les traces les plus anciennes rencontrées à !'emplacement

de l'église Saint-Jacques sont celles d'un petit édifice à plan

très simple : il est composé d'une nef carrée (murs 2, 17,

31' 27' 26 et 22) mesurant 5,90 m sur 5,go (mesures in ternes)

et pourvue à l'est d'un chreur minuscule, large de 2,50 m;

sa longueur ne peut être précisée, toute substruction du

che-vet ayant disparu; vu la présence de débris sous 5 et 7

l'on peut supposer une longueur d'environ 4 m; le chreur

avait probablement un chevet plat. Le niveau de cette chapelle est à -50/52.

Les murs de l'édifice ne sont pas très larges ; les fondations (trace 31) ont à peine 65 cm et l'on pourrait admettre une {I) J. DE CHESTRET DE HANEFFE, Numismatique de la Principauté de Liège, 1890,

(17)

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(18)

superstructure en bois et torchis (r). Les fondations, faites de moellons assez gros, sont reliées à l'argile. Ce sanctuaire était une de ces petites cellae, dont plusieurs exemples sont connus en Ardenne; les dimensions réduites de la nef et du chreur correspondent à celles des églises primitives rencontrées à Nivelles et remontant au

vrre

siècle (2). Voir ei-dessous p. 37·

Phase B

Le développement de la paroisse nécessita l'agrandissement du sanctuaire primitif : la nef, tout en gardant la même lar-geur, fut prolongée de 2,60 m (murs 30, 19) et c'est proba-biement à cette époque que la tour fut érigée; comme toute cette partie occidentale fut complètement démolie en 1856, il n'est pas possible de préciser si cette tour est contemporaine à l'agrandissement de la nef ou s'il s'agit d'une ajoute posté -rieure; d'après le plan de 1837 (pl. I) la tour présentait un plan carré d'environ 4,50 m sur 4,50 (mesures externes) avec porte étroite donnant sur la nef; les murs étaient très massifs, d'une largeur de près de r,6o m. Cette phase pourrait dater

du XIe OU XIIe siècle (voir ei-deSSOUS p. 40).

Phase C

Cette phase vit une reconstruction complète de l'église,

à part la tour : aux murs de celle-ci est accrochée une grande nef unique avec un chreur ayant la même largeur et se terminant par un chevet polygonal (murs 15, 16, 14, 25

et 28). La longueur de la nef est maintenant de r6,85 m; la largeur de 6,80 m, le niveau est à -47. L'état des lieux dressé en 1837 par !'architecte

J. J.

Fontaine fournit tous

les détails au sujet du plan et de l'élévation de eet édifice

(1) L'épaisseur des murs n'est cependant pas un argument décisif; à Saint-Mard,

plusieurs constructions d'époque romaine avaient des fondations de 6o à 70 cm et

la superstructure était pourtant en pierre, jointe à l'argile.

(2) J. MERTENS, Recherches archéologiques dans l'abbaye mérovingienne de Nivelles, Miscellanea]. Breuer, 1962, p. 106.

(19)

3 1

-(pl. I) ; nous y voyons la petite tour romane, bloc massif,

rehaussé probablement au moment de la constructiOn de

la nouvelle nef et coiffé alors d'un petit doeher pointu.

Un seul toit couvre nef et chreur, éclairés par deux fenêtres

seulement; l'entrée se trouve au sud. A l'intérieur deux autels

latéraux marquent l'entrée du chreur; le maître-autel

(base 21) se dressait au centre du chreur et séparait cedernier de la petite sacristie aménagée derrière.

11 y eut, à une certaine époque, un petit jubé, supporté par

des colonnes, s'appuyant sur une légère fandation: mur 2 ;

en même temps le niveau de l'église fut surélevé de -47 à

-r8. Pour la date, voir ei-dessous, p. 41.

Phase D

Après des pourparlers qui durèrent de r837 à r856 une

nouvelle église remplaça la précédente. Plusieurs plans et

projets se succédèrent.

Le premier, daté de r837 (pl. II) prévoit le remplacement de la tour par une tour-porche plus spacieuse et un

prolon-gement de la nef. 11 ne fut jamais réalisé. C'est le nouveau

plan, dressé en r8sz qui fut finalement réalisé ; cette

réali-sation se fit en plusieurs phases :

D r = construction de la tour et d'un transept occidental

(r856) ;

D z = remplacement de la nef existante par une nef

plus large et un chreur agrandi, pourvu d'une

sacristie (r85g) ;

D 3 = ajoute d'un porche (r86r).

C'est dans eet état que l'église subsista jusqu'en rg6r

(pl. III, IV).

Phase E

Une nouvelle église est érigée en rg6z, d'après les plans

de !'architecte M. Geenen, de Spa (pl. VI, b.). La première

pierre fut placée le z8 octobre rg6z par Mgr Malmendier,

(20)

l

NOTICE COMPLÉMENTAIRE A. Le Mobilier ancien

r° Chronologiquement c'est la cuve baptismale que nous devons citer

en premier lieu. C'est une sorte de colonne d'aspect assez fruste dont le

centre est éyjdé jusqu'à une certaine profondeur. Elle est en arkose et ne

porte aucun ornement, contrairement à celle découverte dans l'épaisseur du latéral nord de l'église de Tenneville, lors des fouilles de 1957. Celie-ei porte, sur sa face antérieure des traits ondulés, sorte de stylisation de l'eau baptismale qui s'échappe de la cuve. On pourrait ranger l'une et l'autre dans la catégorie du type <<mortier».

Comme ce genre- pensons-nous- n'a pas encore été étudié jusqu'ici, il est difficile d'en déterminer l'äge: pré-roman paraît hasardeux; roman

archaïque serait peut-être plus juste.

Ces anciens fonts, expulsés de l'église au siècle dernier, ont été d'abord utilisés pour ficher la croix d'un calvaire, aujourd'hui ils gisent misérable-ment sur le cimetière.

zo Anciennement, au dessus de la porte d'entrée, une petite niche

con-tenait une statuette de Saint-Jacques le Majeur en tenue de pélerin : pane-tière, baton, coquille, chapeau. Il porte un livre de la main gauche (haut.

65 cm). On la date généralement de la fin du

xrve

siècle. Comme il s'agit

d'une reuvre d'artisanat régional, nous pensons devoir la rajeunir quelque peu: copie ou imitation d'une reuvre authentique elle n'en n'est pas moins intéressante. Il est regrettable qu'une restauration maladroite lui ait enlevé

son caractère de vétusté (conservée au presbytère).

3° Nous mentionnons ailleurs la part active que prit le vicaire Léonard

à la restauration de l'église; il voulut aussi enrichir le sanctuaire d'un beau mobilier et d'reuvres d'art. Bon administrateur, il note lui-même, dans ses

régistres paroissiaux, toutes les dépenses que cela occasionne. Nous lisons par exemple: << L'an 1747 (l'église n'était pas encore réparée) legrand autel

» a été fait à Saint-]acques par Joannes Becker de Malmedy pour prix de

» 75 écus argent bon. Payé en partie par la communauté et en partie de l'argent

)) de l'église, la peinture à part» (r).

D'autre part, en 1753, la Cour du ban de Fosse déclare << qu'il est de leur

connaissance que le conseiller F aymonville a employé le produit de la hausse de

la Heid de Croha et les 60 florins qu'il reçut de François Trois Fonts, avec ce

qui a été fourni par les mambours de l' église, à la construction de l' autel de

Saint-]acques )) (z).

(r) Archives paroiss. Saint-Jacques, Registre B (1742-18og), fo 122. (2) Arch. État Lg., Cour de Fosse, N° 27, Tailles et Comptes 1700-1784.

(21)

3 3

-L'autel, dérnonté le r6 novernbre rg6r, portait, peinte en gris au revers

d'une des consoles du couronnernent, l'inscription: 1764-Fécherolle. S'agit-il

d'une polychromie ou d'une restauration ?

Le tableau du retable, conservé, n'est pas sans rnérite.

Statues. (( Le 24 fuillet 1755, les figures de Saint-Jacques et de Sainte

Anne ont été posées et achevées par Mt. Nollomont, bourgeois de Malmédy

pour prix de 20 écus, donnés hors de la fa brique de Saint-Jacques n (r) ;

on retrouve dans ces statues, peintes uniformément en blanc, la facture

de l'école de Del Cour. Elles ne rnanquent pas d'allure (actuellement) à la chapelle provisoire) (z).

5° Les autels latéraux et la chaire de V érité étaient d'un travail asscz

ordinaire avec minces sculptures appliquées mais voulant ((faire ensemble n

avec le maître autel. Quoique de ligne Louis XIV ces meubles n'étaient pas

d'époque. Travaux de série du XIXe siècle.

B. Quelques tombes

Le cimetière qui entoure l'église Saint-Jacques conserve une partie de

son pittoresque; il est peuplé de vieilles tombes qui voisinent avec des pierres tombales modernes.

C'est, pourrait-on dire, une rétrospective du monument funéraire du

xvrre

siècle à nos jours.

La plus ancienne croix date de r6rz : elle est courte et épaisse, taillée

dans une pierre d'importation; en son temps, elle dut faire impression

parmi les croix de bois qui étaient les plus communes mais qui ont toutes disparu.

Deux dalles tumulaires (( égarées sur le cimetière )) proviennent

vraisem-blablement du pavement de l'église démolie en 1859 ou elles devaient couvrir

des sépultures; exposées aux intempéries, elles ont beaucoup souffert depuis

un siècle ; elles sont armoriées et appartenaient à des notables.

Afin de conserver leur souvenir, tant qu'il en est temps encore, notons les inscriptions que nous avons pu lire.

(1) Arch. Paroiss. Saint-Jacques- Registre B, fo 34 et 123 v0 •

(2) J oannes Becker et J .P. Nolomont de Malmédy sont connus. lis sont les auteurs avec Ét. Grégoire d'Andrifosse, du maitre autel de l'église de Robertville, daté de 1743 (Cfr ]. BASTIN, Notice historique sur la paroisse de Robertville, dans l'Almanach Wallon 1913). 73- Cfr aussi H. REINERS, Die Kurstdenkmäler van Eupen-Malmédv,

(22)

La première est surmontée des biasons jumelés des défunts : ICY. REPOSE. EN. DIEV. H-NNOTB. JAC QVE. COLLET DY MONT. EN. SON. VIVANT LIEVTE ANT. MA YEVR. ECHEVIN. ET CAPITAINE. DV. BAN. DE. FOSSE. DECE

DEE. LE ( ) DE ( ) L'AN. 16

ET. HONNOREE. JEANNE. TROIS PONT

SO. ESPEVSE. DECEDEE. LE DE

L'AN PRIEZ. DIEV. POVR. LEVRS

AMES.

La seconde est encore plus détériorée car elle est employée comme seuil à

une tombe plus récente.

Sous un seul grand blason central, lui-même sous une _croix, on déchiffre à

peine:

- - - MATHIEV GOFFIN

E DE DAIROMONT

CEM M E. LE

- E 1699 PRIEZ

DIEV POUR SON AME AMEN

Les croix en schiste bleu sont de loin les plus nombreuses. Elles ont une

forme assez particulière, elles s'échelonnent de la fin du xvnre siècle au

milieu du XIXeet plusieurs sont ornées de bas-reliefs représentant un Christ,

des anges ou quelques autres motifs ; certaines sont signées ou portent leur

marque d'origine qui nous fait connaître !'atelier d'ou elles sont sorties:

Piette à Ottré.

Il en est de très artistiques qui font honneur à ces tombiers villageais

formant une véritable dynastie.

A I' inverse des dalles « égarées n sur le cimetière, une de ces croix de schiste

a eu, par accident et hasard, un sort tout particulier : brisée, elle a été

réemployée comme couvrement d'un mur de chaînage à l'entrée du chreur

construit en r86o.

Cela n'offrirait rien de particulier s'il s'agissait d'une autre inscription

que celle gravée dans la partie supérieure de cette croix :

La voici: ICY REPOSENTEN DIEU ANDRE PIERRE ANDRE DE FOSSE DECEDE

(23)

3 5 -L'AN I787 REQUIES-AND IN PACE AMEN

C'est le nom de Pierre André qui mit les habitants de Saint-Jacques en émoi lorsque cette pierre revit le jour au cours des fouilles de novembre rg6r. Pierre André avait, croyait-on, été inhumé dans l'église! Or ce personnage, né à Fosse, jouit dans la région d'une réputation qui frise la célébrité; depuis, surtout, que quelques années avant la guerre, Henri Pierre Faffin s'est fait son biographe en écrivant-d'une façon assez fantaisiste - l a vie de eet original << rebouteux n: Pîre André, le Guêrisseur (r).

Ce n'est cependant pas un être imaginaire et quelques recherches dans les registres paroissiaux nous éclairent sur son existence: d'abord Ie défunt dont le nom est gravé sur la tombe est pariaitement identifié. C'est un culti-va.teur de Fosse, décédé exactement Ie IS décembre I787 à 7 heures du soir (z). Quant au guérisseur il est introuvabie dans les registres si l'on s'en tient aux dates données par H. P. Faffin qui Ie fait naître en 1776, de Pierre André et de Bébête Devillette. En réalité Ie guérisseur est né le 26 juillet I767 et il est bien le fils de Pierre André et d'Élisabeth Devilette (3). Nous avons aussi trouvé son actede décès, à J'äge de 65 ans, Ie 24 mars 1832 (4).

La croix retrouvée appartient à un oncle du « Guérisseur >> dont la mémoire

s'est conservée. Il n'y a aucun mystère dans sa présence dans un mur de chaînage de r86o pour supporter les marches du chreur.

*

* *

Nous savons que les vieilles croix de schiste prudemment déménagées avant la démolition de rg6r, reprendront leur place. S'il nous était permis d'exprimer un vreu, ce serait que les souvenirs les plus évocateurs des anciennes églises de Saint-Jacques soient précieusement conservés et mis judicieusement en valeur. C'est la meilleure façon de « donner des racines n au nouveau sanctuaire et de relier Ie présent au passé. C'est aussi Ie moyen de conserver notre patrimoine d'art campagnard et de Ie mettre à la portée de tous.

(r) Aux Éd. Rex, Louvain, s.d., petit 8° de 224 pp. Dans un article, Sur le Carnaval de Malmédy, paru dans La vie Wallonne, XXXVII, 1963, p 6, M. É. Legros signale qu'à Malmédy, plusieurs ~ röles >> (pièces carnavalesques) furent consacrés au célèbre

guérisseur (par ex. en r849 et en r889) ; nous remercions M. L. Marquet de nous avoir fourni eet intéressant renseignement.

(z) Registres Paroissiaux Saint-]acques, Reg. D à la date. (3) IBID., Registre C, fo s6.

(4) IBID., Registre D à la date. Nous remercions M. !'abbé Hardy, curé de Fosse, d'avoir misses archives paroissiales à notre disposition.

(24)

La paroisse Saint-Jacques de Fosse-sur-Salm (on dit aussi

Fosse-lez-Stavelot) est certainement très ancienne.

Camment expliquer la présence d'une église solitaire sur

ce plateau désert ? Solitaire, elle le resta longtemps. Les

quelques fermes qui l'entourent aujourd'hui n'existaient pas

au XVIIIc siècle (r). Une lettre du Conseil Communal adressée

au Conseil provindalle z8 juin r85o précise !'origine du

ha-meau: << Trois families qui se sont établies à l'entrée de

l'église depuis environ trente ans >>. (A. C. F., Registre des

Délibérations du Conseil communal, r837-r85z). La demeure

du desservant était, elle-même à Bergival et ce hameau

formait avec Fosse, Mont, Troisponts, Brume, Moulin et

Dairomont (z) une grande et unique paroisse rurale.

C' est une de ces églises régionales dont 1' origine reste

souvent inconnue.

Le docteur Lomry y voyait, comme à Saint-Martin de

Bovigny, un endroit de culte païen qui aurait été christianisé.

A cette fin, il évoque la forêt primitive, !'abondance des

eaux et l'antiquité de la foire qui subsiste eneare (3). Mais

cette dernière peut très bien tenir son existence de 1' église

elle-même.

Si, selon les documents conservés et la tradition, l'abbaye

de Stavelot, fondée au

vue

siècle par saint Remacle, fait

figure de premier centre chrétien dans la région cela n'exclut

pas une évangélisation parallèle sur laquelle les textes restent

muets.

(r) A l"époque, Saint-Jacques ne tigure pas eneare comme hameau dans la répartition des tailles (Arch. État., Lg. Fonds Sta.-Mal., ze partie N° 467, Cour et Communauté

de Fosse).

(2) Ce dernier, pour Ie ei vil, relevait du comté deSalm et actuellement de la province

de Luxembourg.

(3) Cultes païens et foires anciennes, dans Jes Ann. Inst Arch. Lux., LVXII, 1936, pp. 331-341.

(25)

3 7

-Elle aurait disparu par un retour au pagamsme, faute

peut-être de clergé permanent ?

Que savons-nous, en effet de tant de petites cellae dispersées sur notre terri toire : cella de la F orêt d' Aniier, de Mousta viet (On), du Thiers des Celles (Jemelle), de Basècle (Aye), Ie

Vi Mousty (entre Melreux et Hotton), etc. (1) ? Rien n'est

resté de leur histoire, seule l'archéologie nous a révélé leur existence.

La réorganisation paroissiale carolingienne en a fait disparaître ; seules les << maintenues )) ont continué leur vie et

certaines sont devenues florissantes, parce que la population

s'est groupée à leurs pieds; or, remarquons-le, toutes se

trouvaient dans des endroits déserts.

Dès lors pourquoi n'y aurait-il pas une petite cella à

l'ori-gine de 1' église Saint-Jacques ? Le premier édifice découvert au cours des fouilles (phase A) pourrait bien être une de ces constructions primitives.

Il faut cependant attendre Ie premier tiers du XIIe siècle pour trouver des documents qui fassent mention du domaine

de Fosse et d'une église en ce lieu. A ce sujet nous devons

ouvrir une parenthèse pour écarter des doutes qui pourraient

naître.

On est surpris, en effet, de trouver dans un ancien

car-tulaire de l'abbaye de Stavelot, parmi les actes se rapportant

à notre paroisse, la transcription d'une charte intitulée :

<< Fostias sive Fosse. Donatio quorundam bonorem in loco

de Fosse 824 )) (z).

A première vue, c'est une erreur grossière: ces biens sont

situés à Foisches, dans le comté de Lomme. Comme l'ont

fait judicieusement remarquer les auteurs de la pubheation

du cartulaire deStavelot-Malmédy(3), la date de ce document

est fa.utive, même si on Ia rajeunissait d'nn siècle en

(1) Travail en préparation (F. Bourgeois).

(2) Arch. État. Lg., Fonds Sta.-Mal. N° 323, Cart. B, 53 (lil) 24, p. 73· (3) HALKIN-ROLAND, o.c., I, p. 139. Charte sS.

(26)

VIII<') année du règne de Henri l'Oiseleur en Lotharingie, cette dorration se situe dans les années 930-93r. On serait tenté de croire qu'une raison secrète est à la base d'une erreur de ce genre et il n' est pas impossible qu'une pareille confusion cache une intention qui nous échappe encore. On se demande pourquoi les auteurs ne se sont pas expliqués sur ce fait! Quoi qu'il en soit, sous l'abbé Poppon II (rros-rrrg) les localités de Stavelot, Osnes (qui est Wanne), Roanne et Fosse sont des domaines distincts (r).

Par ailleurs un démembrement des biens de l'abbaye de II30-IIJI, précise que celle-ci possède << XXIJIJ menses

à Osnes et seulement XII à Fosse >> (z). Des mêmes années

date un dénombrement des églises, à la collation de l'ab-baye (3) : celle d'Osnes (Wanne) y figure; celle de Fosse n'y paraît pas. D'autre part, dans l'acte de dorration de l'abbé Erlebald à ses moines, des églises paroissiales de Stavelot

et de Roanne (zr mars rr8z) Ie prêtre <' Alexis investit~ts de Ones >> figure parmi les témoins (4).

Ces deux éléments ont permis à D. Guilleaume d'écrire que << la paroisse de Wanne démembrée de bonne heure de

l' église-mère de Stavelot possédait dès le XI Je siècle une cha-pelle à Fosse >> (5). Pour cette dernière l'auteur se réfère à un

relevé des églises payant une redevanee à l'abbaye et auquel

J.

Halkin et C. G. Roland assignent une date vers IIJI (6). On ne voit pas bien une aussi jeune paroisse que celle de Wanne essaimer si vite; nous croyons plutOt à une origine différente de l'église de Fosse. Si cette dernière, en effet,

(1) ID., p. 286, Charte 14r. Une fois pour toutes disons qu'il y a identité entre Osnes et Wanne. I ous employons surtout cette dernière graphie car c'est elle qui a prévalu.

(2) HALKIN-ROLAND, o.c., I, p. 302-303, Charte 150.

(3) IBID., p. 305, Charte N° 152. (4) IBID., p. 513, Charte N° 272.

(5) L'Archidiaconé d'Andenne dans l'ancien diocèse de Liège, Bull. Soc. Art. Hist.

Dioc. Liège. XXX, 1913 ; cfr Wanne et Fosse.

(27)

-

39-eût été une :filiale de Wanne la décision prise par Frédéric de la Pierre, abbé de Stavelot-Malmédy, d'unir 1' église (et non la chapelle) de Fosse à sa <<mère>> semblerait bien inutile.

Cet acte du I I août 1244 - soit un peu plus d'un siècle

après la création de << l'annexe >> de Fosse- est très

signi-:ficatif à ce sujet. Pour remédier, dit l'abbé, à l'insuffisance

des re venus de 1' église paroissiale de Wanne ( ecclesiam

paro-chialem sancte M ariae M agdalenae) nous y incorporons 1' église de Fosse ( nostre subsidio ecclesiam in honorem sancti Jacobi

prope Fosse constructam modo reetare viduatam). C'est toute-fois, à condition que le curé de Wanne, et ses successeurs, y assurent le service divin et administrent les sacrements dans

cette localité ( r).

C'est le premier texte citant les titulaires des deux églises.

Celle de Saint-Jacques n'est pas dans le hameau de Fosse.

La clause d'administrer les sacrements <<dans la localité >>

paraît être une sorte de rappel de la distinction qui avait subsisté jusque-là. Le << vestis >> s'intitulera désormais << curé

de Wanne et de Fosse >>. Cela fera croire plus tard que

Saint-Jacques avait taujours été une :filiale de Wanne (z). Les paroissiens de Fosse ne s'y trompaient pas et ils conservèrent longtemps le souvenir d'une certaine autonomie. On le vit

bien en r694 lorsque le curé de Wanne et de Fosse voulut les

contraindre à << festoyer le jour de la feste St

Marie-Magde-leine >> sous prétexte que c'était la patronne de la paroisse. (1) IBID., II, p. 43-44, Charte 328.

(z) Une liste des églises à la collation de I' abbé de Stavelot, du XVIIJc siècle actera: Wanne, quaria Capella ... Fosse Capella dependius (Arch. État. Lg., Fonds Sta.-Mal., Farde 75) ; il en sera de même dans certains documents et ... bien des historiens suivront. Le sommaire des papiers concernant les bans de la Posteileric de Stavelot, ms. du XVIII• siècle, contientune copie du ReeHeil des avis de droit qui, lui aussi, présente Saint-Jacques-de-Fosse comme un appendice de la cure de Wanne (A.E.Lg., St

a.-Mal. la partie No 30, livre relié cuir, pp. 177). 11 spécifi.e toutefois que Ie collateur est

l'abbé de Stavelot.

C'est peut-être ce passage qui fit écrire à Arsène de Noué (Études Historiques sur l'ancien pays de Stavelot et Malmédy, Liège, 1848, 8°, p. 314) « L'église de Fosse dépend toujours du monastère mais est unie à Wanne>>; c'est une rare vérité dans un concours

d'erreurs.

:

'

\

(28)

l

IJ

I

I

Ce fut une énergique protestation des habitants de tous les

hameaux dépendant de Saint-Jacques. Ils n'hésitèrent pas

d'adresser une requête au vicaire général de Liège avec

l'intention de ne pas obtempérer (r).

Quelques années plus tard, le zo juin 1708, lors de la visite

à Saint-Jacques, l'archidiacre notera que cette <<annexe>> avait le droit d'administrer tous les sacrements sauf le mariage ( z).

Il semble cependant que l'incorporation de Saint-Jacques

à la paroisse de Wanne fut défavorable au bon entretien de

l'édifice, puisque les ressources d'autrefois prenaient le

chemin de la mère-église imposée.

Si une belle tour romane figure encore sur le plan conservé

de r837, on peut dire qu'elle est antérieure à IZ44· Elle

date-rait peut-être du temps, ou un recteur résidait à

Saint-Jacques. L'acte de II3I qui fait allusion aux redevances et

à l'indemnité des custodes ferait supposer qu'elle serait de cette époque; la tour constituait une défense et un allon-gement de l'édifice primitif (phase B). Aucun procès entre décimateurs et habitants ne permet par la suite de nous indiquer une construction de ce genre aux cours des siècles suivants.

Il est bien difficile de préciser 1' époque de 1' église qui

subsistait encore en r837 : elle avait remplacé l'édifice du

xne

(?) sièc1e, tout en conservant la tour (phase C).

Aucun document ne nous éclaire sur le temps de cette

construction: alors qu'en rs6r une demande est adressée

au chapitre pour restaurer l'église de Rahier, qu'en r630

la nef de l'église de Chevron doit être renouvelée et exige

des réparations en r648, de même que les édifices du culte

de Bodeux et de Bra-sur-Lienne (3), c'est presque le silence

pour 1' église Sain t-Jacques.

(1) Arch. État. Lg., Cour de justicede Fosse, N° 18 acte réalisé les 22/23 juillet 1694.

(2) Arch. Évêché Lg., Visites 51bis fo 8-g.

(29)

4 1

-Une note brève indique que Fosse fut pillé par la cavalerie du Comte de Nassau en I574· Il semble que l'église eut à en souffrir. Le curé de Wanne était alors Gilles Rosier. Sans doute s'emploie-t-il à panser les blessures de son église paroissiale. Très àgé, après un pasterat de 55 ans, il meurt en r637; sa négligence envers l'église Saint-Jacques de Fosse est du coup stigmatisée par deux actes: le r6 mai de cette année un certain sire Porree Bra promet, en cas ou l'abbé de Stavelot le pourvoirait de la cure de Wanne, de constituer un chapelain qui résidera à Fosse pour exercer les fonctions pastorales ; il lui donnera un gage suffisant. Nous n'avons pas trouvé les lettres de nomination, mais il y eut un vicaire à Fosse; celui-ei introduit une requête auprès du receveur de la table abbatiale pour obtenir la réparation de Saint-Jacques et des ornements (r).

C'est peut-être alors que l'église démolie au milieu du XIXe siècle fut construite (phase C). On est assez tenté de le croire à l'examen du plan: plus spacieux que l'édifice précédent celui-ei n'en avait cependant pas toute la robus-tesse. Un siècle plus tard d'importantes réparations s'impo-saient, d'autant plus qu'on avait conservé la vieille tour romane. Celle-ci, gräce au produit des tailles assises en 1747-1748 et 1749. et à la vente des << petits bois croissants>> consentie par l'abbé de Stavelot le 5 mai 1749, fut réparée dans les années 1750-!752 (2).

A en juger par 1' exposition des comptes faites par le conseiller Faymonville, ces réparations sont importantes: maçons, charpentiers, couvreurs interviennent.

Tout le monde est, semble-t-il, dans les meilleurs dispositions: l'abbé de Stavelot, la communauté, le curé de Wanne et Fosse qui se nomme

J.

Gaspar; maïs l'àme de la

(r) IBID., 178 et suiv. Bodeux devra attendre longtemps. En revanche, convention est passée Ie 24 juillet 1716 pour la construction d'une nouvelle église- (Arch. État Lg. Fonds Sta.-Mal.- Rg., N° 323, pp. 170 et suiv.).

(30)

restauration est incontestablement le vicaire Léonard Maréchal qui est aussi notaire impérial (r).

C'est que le projet de sire Porree Bra de placer à Saint-J acques un vicaire résident put enfin se réaliser. Les succes-seurs à la cure de Wanne, jaloux de leurs droits, s'y étaient opposés jusqu'ici. Aussi la construction d'une maison vica-riale est elle décidée. Elle sera à Bergival et le cantrat des ouvrages à faire est passé le 8 décembre 1750 (z). Avec le vicaire Maréchal, c' est une vraie renaissance qui s' opère à Saint-Jacques; nous avons déjà remarqué son activité en ce qui touche le mobilier et les ornements de l'église ; en 1756, c'est la muraille du cimetière qui est réparée (3) ; la toiture de l'église est entretenue avec soins ; durant les années 1758-59 mille deux cent cinquante ardoises sont nécessaires ; en 1763 c'est zooo grandes ardoises qui sont achetées et le couvreur travaille les printemps de 1766 et 1768 (4). Car exposé comme il l'est sur le haut plateau, ce batiment isolé souffre beaucoup des intempéries et du dur elimat d' Ardenne. Pour le protéger on avait même, aupa-ravant, planté des chênes sur le cimetière. Un jour, on voulut en tirer profit en oubliant leur röle utilitaire, mais quelqu'un veillait au grain: le 17 mars 1784 les échevins de la Cour et Justice du ban de Fosse écrivaient: << Étant informé que >> M essieu1·s nos révérends curé et vicaire et membres de l' église

>> Saint-] acques, se seraient présumés de vendre et aliéner

>> plusieurs chênes croissant dans l' enceinte du cimetière de

>> la prédite église et lui servant d' abri, de façon qu'un pareil >> fait attentatoire à nos droits et à ceux de la communauté, ou >> il existe dans son principe de grands murmures, procurerait

>> par sa consommation, si point le dépérissement de cette

>> église, au moins matière à des continuelles et frayeuses

(1) Arch. État. Lg., Cour de ]ustice de Fosse N° 18 : L. Maréchal déjà vicaire en 1741, !'est encore en 1759.

(2) IBID., Farde 26.

(3) IBID., Farde 27.

(31)

4 3

->> ( coûteuses) réparations, pour à quoi obvier avons jugé

>> nécessaire de requérir notaire de faire défense de toucher

>> en manière quelconque à aucun des chênes croissant dans

>> l 'enceinte du dit cimetière >> ( r).

Comme toutes celles de la région, l'église de Fosse eut à souffrir durant la période révolutionnaire, plus<< visée >> qu'une

autre de par sa situation dominante.

En très mauvais état en 1837, le gouvernement et la pro-vinee accordèrent chacun un subside de r.zso frs pour la réparation et l'agrandissement.

Le plan établi à ce moment par !'architecte Fontaine ne fut pas réalisé, mais il avait aussi levé celui de l'église exis-tante alors. C'est un précieux document iconographique

(pl. I) qui fixe les idées sur 1' église qui précéda celle érigée en r86o (z). Mieux qu'une description, il nous renseigne sur tout ce que l'on pourrait dire sur cette église.

La partie du bàtiment que l'on voulait conserver (chceur et nef) était réellement trop défectueuse. C' était une recons-truction totale qui s'imposait. Dire toutes les polémiques que cette mesure suscita est réellement fastidieux. Les plans se succèdent, les intérêts des hameaux paroissiens jouent, les élections surviennent et la politique s'en mêle, certains désirent le déplacement à Mont-de-Fosse, l'évêque - en visite- doit émettre son avis et ... les années passent ... avec leurs hivers et la neige. La ruine s'est tellement accen-tuée que l'évêque de Liège, par ordonnance du 8 février r85o, interdit la célébration << d' aucun office religieux dans la dite

éghse >> (3). Grosse émotion, des réparations d'urgence sont

entreprises sur l'ordre du commissaire d'arrondissement; l'interdit est levé au mois de juillet.

Il faut cependant attendre eneare 5 ans avant que les travaux d'agrandissement commencent. En octobre r856

(r) A rch. État. Lg., Cottr de ]ustice de Fosse, N° 26 (liasse).

(2) !BID., Cartes et plans: Fosse 200 bis.

(3) Cfr Arch. Comm. Fosse, Registre au.Y délibérations du Conseil communal (r83

(32)

I )

-

44-la nouvelle tour est terminée ; coût : 12.000 frs, maïs 44-la partie que l'on désirait conserver par économie, est trop vétuste maintenant. Nouveau plan qui commence à être réalisé en r85g. Deux ans plus tard, on décide d'ajouter un porche à la tour. Ce n'est que Ie rer septembre r862 que les travaux sont complètement terminés. Une discussion de 25 ans ... pour aboutir à cette église de forme compliquée qui fut sans doute unique en :=;on genre sur un plateau d'Ardenne. Une consécration a lieu le 13 octobre r888, par Mgr Doutreloux, évêque de Liège.

Pour comble encore, jusqu'en r8g8 un döme couvrait la tour (r) ! Naturellement il n'a pas résisté et le délabrement s'annonçait déjà. En rgoo, fort sagement, on est revenu à une petite toiture à quatre pans égaux, pas prétentieuse, cadrant mieux dans le pa ysage et infinimen t plus résistan te ( 2) . Telleest la longue histoire, selon les textes qui nous restent de cette curieuse église Saint-Jacques, touchée par les bombes en 1944 et profondément blessée; ses blessures que l'on ne panse pas pendant 17 ans deviennent inguérissables.

C'est pourquoi celle-ci, comme la précédente, dut dispa-raître en novembre rg6r. Elle fait place à une nouvelle qui,

quoique d'allure très xxe siècle, paraît conçue d'une façon plus raisonnable en fondion du elimat et de sa situation géographique (3).

Histoire et archéologie ont fait revivre quelques moments de la vie de ce centre paraissial : la terre, les vieux murs ont tant de confidences à faire à ceux qui savent les regarder et les aimer.

J.

MERTENS et F. BOURGEOIS.

(1) Dossier de l'église de Fosse conscrvé à la Commission Royale des Monuments et Sites, à Bruxelles.

(2) A .P.St.]., Liber archivalis, fo 68.

(33)

PL. I

(34)
(35)
(36)

a) L'église vue du sud (novembre rg6r).

(37)
(38)

PL. VI

a) La maquette de la nouvelle église (Geenen, Spa).

(39)

s

J

Salm

---

FOSSE

Ecci.S. JACOBI

19 61

Plan A : plan général de la fouille ; I : tombeJ 2 : fondations des murs existants, 3 : déblais, 4: murs de l'église ·ve, 5 : sol vierge.

Referenties

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