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REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum) Une fois de plus, faire la revue de la presse parue à Kinshasa en ce samedi 21 janvier 2017 revient à constater que les signataires et non-signataires de l’accord du 18 octobre ne s’accordent pas sur le mode de choix du Premier ministre et la répartition des ministères du gouvernement de transition. Les discussions d’hier au Centre interdiocésain entre les deux parties ont été renvoyées à aujourd’hui samedi. Sauf imprévu, la CENCO tient à clôturer, ce même samedi, les travaux sur la mise en œuvre de l’accord du 31 décembre.

Incertitudes et tergiversations sur la date de clôture de ces assises et autour de la fin des missions des bons offices de la Cenco tiennent avant tout à l’absence d’ambitions convergentes entre le Rassemblement et la Majorité. La Majorité présidentielle souhaite que le Rassemblement présente au chef de l’Etat cinq ou sept candidats pour la Primature.

Il reviendra, estime la MP, au président de la République de choisir un seul candidat pour le nommer au poste de Premier ministre. Un schéma que le Rassemblement a réfuté et préfère présenter qu’un seul candidat Premier ministre. Il ne voit pas non plus d’un bon œil la proposition de la Majorité de repartir des postes du prochain gouvernement sur base d’une configuration dite classique des composantes (L’opposition, la majorité présidentielle et la société civile), proposition qui violerait l’accord du 31 décembre, selon le Rassemblement.

C’est autour de ces points de divergences que les évêques de la CENCO tenteront de convaincre les deux parties au cours de la plénière de ce samedi afin de produire un document qui sera l’annexe de l’accord signé en décembre dernier.

L’arrangement particulier toujours particulièrement impossible à arranger

Le Potentiel indique « Arrangement particulier à l’accord du 31 décembre : la Cenco se fixe une date butoir ».

D’après ce journal, la conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) évite à ce que les discussions directes autours de l’arrangement particulier à l’accord du 31 décembre 2016 s’éternisent mais les évêques menacent. Ils se sont d’ailleurs fixé une date butoir pour boucler toutes les discussions autour de ce sujet, souligne-t-il. Ils comptent alors les boucler le week-end prochain, à défaut, la Cenco se dit prête à jeter l’éponge, conclut Le Potentiel

De ce fait, annonce 7/7.cd, « Les évêques agitent de nouveau le plan B ».

« Face aux tergiversations des parties, l’épiscopat congolais menace d’activer son plan B.

Les prélats catholiques refusent l’enlisement des travaux. Depuis un temps, il constate une remise en question de quelques points de l’Accord par l’une des parties. Mais aussi, un durcissement de ton inexpliqué. A la sous-commission chargée de la répartition des responsabilités ministérielles, les violons ne s’accordent pas entre Majorité et Rassemblement. Chaque groupe campe sur sa position. Le pouvoir exige au Rassemblement de proposer cinq noms de primaturables. Il reviendra au chef de l’État de désigner le futur chef du gouvernement en vertu du pouvoir discrétionnaire lui reconnu par la constitution. Sans réfléchir, les délégués du Rassemblement aux Négociations directes ont rejeté la démarche de la famille politique du chef de l’État. Ils dénoncent cette provocation teintée d’une violation intentionnelle de l’Accord. « Refuser cette voie, c’est démontrer la mauvaise foi et chercher le chaos », a rétorqué Atundu qui pense que l’opposition doit être groupée et non séparée. Mais pour l’église catholique, les négociations directes s’arrêtent le samedi ».

(Mais nul ne sait ce que pourrait être ce « plan B », d’autant plus que, de la part des évêques, il ne s’agit vraisemblablement pas de recourir à des moyens révolutionnaires violents… NdlR)

Une nouvelle annoncée par RFI ne va pas contribuer à calmer le jeu. « A l'issue d'une longue journée de médiation avec les chefs d'Etats mauritanien et guinéen ce vendredi, le président sortant de Gambie a finalement déclaré lors d'une allocution à la télévision nationale, en pleine nuit ce 21 janvier, qu'il acceptait de quitter le pouvoir. « Je crois en l’importance du dialogue et en la capacité des Africains à résoudre eux même les défis de

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la démocratie. C'est pourquoi j'ai décidé aujourd'hui de quitter la direction de cette grande nation », a déclaré le président sortant. Dans une allocution à la télévision nationale, Yahya Jammeh a dit qu'il voulait « préserver la vie de ses concitoyens » et qu'il refusait qu'une « seule goutte de sang soit versée ».

(On imagine déjà les commentaires sur la Gambie – en fait des commentaires sur la RDC formulés « par la bande » - que cela va susciter. Yahya Jammeh n’a en réalité pas cédé à de bons et vertueux sentiments, mais à une forte pression – y compris militaire – des états voisins (CEDEAO). Une telle pression est ce qui a toujours manqué en RDC. Pourquoi se soucie-t-on tant de savoir si la fin du « mandat » du « Président » Kabila serait conforme à la Constitution, alors que la Constitution a été non pas violée, mais chiffonnée, jetée à terre et foulée aux pieds pour le maintenir au pouvoir en 2011 après des élections NULLES1. Elles avaient été organisées, tout comme celles de 2006, en faisant voter un « corps électoral inconnu », faute de recensement préalable de la population. Ce fait à lui seul suffirait à en « plomber » gravement la crédibilité. Elles ont, par-dessus le marché, été entachées de fraudes et de manipulations à un point tel qu’elles ont donné des résultats qui, en réalité, sont encore inconnus. Toute autorité prétendue ne relève plus que de la force, de l’intimidation, d’un coup d’état de fait. Le principal ressort de ce coup d’état consiste à progresser, comme si de rien n’était, dans les tâches qui suivent normalement une élection et à mettre le pays et le monde devant le fait accompli. En d’autres termes, il y a en RDC un Président, des ministres, des autorités DE FAIT. Il n’y en a plus aucune qui puisse légitimement se dire « autorité de droit ». La réalité, c’est que l’usurpateur doit s’en aller. Si l’on a l’occasion de le faire partir « en douceur » en lui accordant un délai pour faire ses malles, tant mieux. Sinon, qu’il subisse la violence qu’il a déjà infligée à tant d’autres ! NdlR)

Seulement, les voisins de la RDC – pour la plupart des régimes avec présidents « réélus à répétition » - ne sont pas ceux de la Gambie. La Prospérité titre en manchette« Sassou calme les Evêques ! »

Plusieurs fois annoncée et décalée, la fin des pourparlers directs autour de la CENCO sur l’affaire de l’Arrangement Particulier devrait, si tout va bien, se concrétiser aujourd’hui, samedi 21 janvier 2017, en marge d’une Plénière des plénières, prévue à 13 heures, note ce journal.

La nuit portant, naturellement, conseils, y a-t-il moyen d’imaginer qu’entre le nul des Léopards contre la Côte d’Ivoire et l’ambition, sans cesse réaffirmée dans les Préambules de la Constitution et de l’Accord du 31 décembre 2016, celle de bâtir ensemble, un pays plus beau qu’avant, la Majorité et le Rassemblement ont-ils trouvé des interstices, pour transcender leurs divergences ?, se questionne cette source. A elle-même de réponde : Tout est possible, à moins de sacrifier le destin de la nation sur l’autel des intérêts pervers…

Le Potentiel titre « Primature de la transition : l’Udps a fait son choix, c’est Félix Tshisekedi ».

Alors que l’arrangement particulier du Centre Interdiocésain marque le pas, écrit ce journal, au Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement, une unanimité se dégage autour du choix de Félix Tshisekedi au poste de Premier ministre. En interne, l’Udps a pu gérer les ambitions d’autres prétendants à ce poste, laissant la voie libre au fils du lider maximo pour succéder à Samy Badibanga à la Primature.

1Les fraudes les plus importantes ayant eu lieu au niveau des centres de compilation, on ne pourrait se rapprocher de la « vérité des urnes » qu’en se référant aux PV des bureaux de vote, dernière opération publique et vérifiée par des témoins. Les chiffres de la CENI ne s’accompagnaient pas de ces PV, les chiffres publiés par l’UDPS, non plus. L’Eglise n’a jamais publié les résultats partiels constatés par ses observateurs malgré cette déclaration du Cardinal Laurent Monsengwo, archevêque de Kinshasa : « Les résultats publiés ne sont conformes ni à la justice ni à la vérité “. On n’a donc que des résultats dont la crédibilité est nulle. Les législatives ont été dignes de la présidentielle, sinon pires. Mais la CSJ a entériné les résultats de la présidentielle et des législatives. Le temps s’est écoulé, les résultats des élections demeureront à jamais inconnus. C’est d’autant plus certain que la CENI a fait incinérer tous les documents relatifs aux élections de 2006 et 2013 en octobre 2014, soit, en ce qui concerne les plus récents, après un délai de trois ans seulement, anormalement court pour ce genre d’affaires

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Divers

Radio Okapi annonce que « Le général Olenga invite les ex-M23 à se rendre aux FARDC ».

Selon cette source onusienne, c’est depuis vendredi 20 janvier que le chef de la maison militaire du chef de l’Etat, le général François Olenga séjourne à Goma au Nord-Kivu. Il invite les ex-rebelles M23, en exil en Ouganda, à se rendre aux Forces armées de la République démocratique du Congo.

«Makenga, je lui demande de se rendre dans son pays mais, de ne pas commencer la guerre, sinon, les FARDC vont vous présenter Makenga vivant ou mort ici à Goma. Les ex- rebelles peuvent rentrer chez eux, qu’ils se présentent chez le gouverneur du Nord-Kivu ou chez les forces armées. Mais de ne pas commencer la guerre. Sinon, Makenga, vous le verrez ici prisonnier vivant ou mort », a affirmé cet officier militaire devant la presse, à Goma en présence du gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku.

Le général Olenga a indiqué que l’armée congolaise ne peut pas accepter que la RDC soit de nouveau déstabilisée.

Le Bullletin de l’ACP évoque « La RDC à la 74ème session du comité des droits de l’enfant à Genève ».

D’après cette source officielle, deux membres du gouvernement comprenant les ministres du genre, enfant et famille, Marie-Louise Mwange et Mme Marie-Ange Mushobekwa Likulia, ministre des Droits humains, participent depuis début semaine à la 74ème session du comité des droits de l’enfant à Genève, en Suisse.

Il est dit dans cet article que Marie-Ange Mushobekwa saisira cette opportunité pour présenter le rapport de la RDC au comité de droits de l’enfant des nations unies dans la capitale suisse. La source a rappelé que la RDC enregistre des avancées significatives dans la protection des droits de l’enfant.

Presse et documents étrangers

(Le premier article peut surprendre, en ce qu’il n’y est nulle part question de la RDC, du moins explicitement. Mais, dans cet article étasunien, il est largement parlé d’une question qui préoccupe aussi beaucoup de Congolais, surtout depuis que les pressions et menaces de sanctions américaines interfèrent avec la crise congolaise « Les USA interviendraient- ils dans les élections d’un autre pays ? ». NdlR)

Nous intervenons dans les élections d’autres pays depuis plus d’un siècle Stephen Kinzer2- Boston Globe – 13 janvier 2017

Tout Washington est scandalisé, tandis que les membres du Congrès rivalisent entre eux pour diaboliser la Russie à cause de sa supposée ingérence dans les récentes élections présidentielles américaines. « Toute intervention étrangère dans nos élections est absolument inacceptable », a déclaré Paul Ryan, le Président de la Chambre des représentants. Le comportement des russes, selon d’autres députés, représente une « attaque contre nos principes fondamentaux démocratiques » qui « devrait alarmer tous les Américains », parce qu’ils « frappent au cœur de notre société libre. » Cet éclat de vertueuse indignation serait plus facile à gober si les Etats-Unis n’avaient pas eux-mêmes pris l’habitude chronique d’intervenir dans les élections à l’étranger.

Sur une période d’un peu plus d’un siècle, les leaders américains ont utilisé toute une variété d’outils pour influencer les électeurs dans des pays étrangers. Nous avons choisi des candidats, les avons conseillés, financé leurs partis, conçu leurs campagnes, corrompu les médias pour les soutenir et menacé ou calomnié leurs rivaux.L’une de nos premières opérations pour façonner le résultat d’une élection étrangère s’est déroulée à Cuba. Après que les notre pays ait aidé les rebelles à renverser les Espagnols en 1898, nous avons organisé une élection présidentielle, recruté un candidat pro-américain et empêché d’autres candidats de se lancer contre lui. Deux ans après, après que les Etats-Unis aient

2Stephen Kinzer est un journaliste américain, correspondant en Amérique centrale dans les années 80, responsable du bureau du New York Times à Berlin (1990-1996) puis à Istanbul (1996-2000). Il est membre du Watson Institute for International and Public Affairs de la Brown University (Etats-Unis), et auteur du livre « Le vrai drapeau, Roosevelt, Mark Twain, et la naissance de l’Empire Américain » (publication prochaine). Sur Twitter @stephenkinzer.

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annexé Hawaï, nous avons mis en place un système électoral qui niait le droit de suffrage à la plupart des indigènes Hawaïens, assurant ainsi que seuls des candidats pro-américains pourraient être élus.

Durant la Guerre Froide, influencer les élections étrangères était une des priorités absolues pour la CIA. Une de ces premières opérations majeures a consisté à assurer qu’un parti proche de nous gagne les élections de 1948 en Italie. Il s’agit s’une opération incluant divers stratagèmes comme encourager les italo-américains à envoyer des lettres à leurs familles [en Italie] pour les prévenir qu’il n’y aurait plus d’aide des Etats-Unis si le mauvais parti gagnait les élections. Encouragée par son succès en Italie, la CIA a rapidement commencé à s’occuper d’autres pays.

En 1953, les Etats-Unis ont dégoté un ex-fonctionnaire vietnamien qui avait vécu dans des séminaires catholiques dans notre pays, et se sont arrangé pour le faire arriver à la présidence du Vietnam du Sud, nouvellement créé. Il était supposé rester deux ans à ce poste, le temps que des élections aient lieu, mais quand il devint clair qu’il les perdrait, les élections furent annulées. « Je pense que nous devrions le soutenir sur ce point », dit le Secrétaire d’Etat américain. La CIA mis en place ensuite un plébiscite favorisant notre homme. Il était interdit de faire campagne contre lui, 98.2% des électeurs approuvèrent son gouvernement, l’ambassadeur américain dit du plébiscite que c’était un « succès retentissant ».

En 1955, la CIA a donné 1 million de dollars a un parti pro-américain en Indonésie. Deux ans plus tard, les Etats-Unis ont aidé un homme politique ami de notre pays à devenir président du Liban en finançant les campagnes de ses soutiens pour le Parlement.

« Pendant la période électorale, je me suis rendu régulièrement au palais présidentiel avec un attaché-case rempli de livres libanaises », écrirait plus tard un agent de la CIA. « Le président insistait pour s’occuper de chaque transaction personnellement ».

Notre intervention dans les élections libanaises a provoqué des protestations de la part de ceux qui croyaient que seuls les citoyens Libanais devaient s’occuper du futur de leur pays.

Les Etats-Unis ont envoyé des troupes au Liban pour supprimer ce sursaut de nationalisme.

C’est plus ou moins ce qui se passa en République Dominicaine, qui fut envahie en 1965 après que les électeurs aient choisi un président que nous considérions inacceptable. Notre intervention dans les élections chiliennes de 1964 fut plus discrète ; elle consista à financer clandestinement nos candidats préférés et à payer des journaux et des radios pour déformer les informations de façon à las favoriser.

L’élection chilienne suivante, en 1970, dona lieu à une des interventions américaines les plus poussées. La CIA et d’autres agences gouvernementales ont utilisé une variété de moyens de pressions pour éviter que le Congrès du Chili confirme la victoire d’un candidat présidentiel socialiste. Cette opération inclut l’envoi d’armes à des conspirateurs qui, quelques heures après les avoir reçues, assassinèrent le Commandant de l’armée chilienne, qui avait refusé de mener une révolte contre la démocratie. Son assassinat n’empêcha pas l’accession au pouvoir du candidat auquel nous nous opposions, mais les Etats-Unis punirent continuellement le Chili pendant les trois années suivantes jusqu’à ce les militaires mènent un coup d’Etat mettant ainsi fin à un gouvernement démocratique. Un officier américain affirma que l’intervention au Chili était devenue nécessaire à cause de « la stupidité de son propre peuple », qui avait voté pour un candidat auquel nous nous opposions.

Parmi plusieurs opérations de la CIA orchestrées pour influencer des élections dans le Proche-Orient, une menée en 1975 aida à élire un premier ministre en Israël, dont la politique plaisait aux Etats-Unis. En Amérique centrale, intervenir dans les élections est une habitude encore plus ancienne. En 1984, la CIA a recruté un économiste pro-américain pour l’élection présidentielle du Nicaragua, et quand il devint claire qu’il allait perdre, elle le retira de la campagne tout en se lamentant du manque de liberté démocratique au Nicaragua. En 2009, les Etats-Unis ont encouragé un coup d’Etat des militaires qui éjecta du pouvoir le président du Honduras, et approuva ensuite une nouvelle élection dans laquelle celui-ci n’avait pas le droit de participer.

L’intervention américaine la plus récente dans les affaires politiques d’un pays étranger est certainement celle d’Ukraine. En 2014, alors que les manifestants se rassemblaient pour renverser leur gouvernement, une haute fonctionnaire du Département d’Etat est apparue

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dans la foule pour encourager la révolte. Elle a été surprise alors qu’elle disait à un assistant quel politicien ukrainien était l’homme que les américains avaient choisi pour être le prochain leader, affirmant que les Etats-Unis se chargeraient de provoquer cette situation.

Quelques semaines plus tard, « notre homme » devint le premier ministre, déclenchant une crise qui se termina avec l’intervention militaire russe.

Condamner l’ingérence dans les élections étrangères est parfaitement raisonnable.

Cependant, tous ceux qui hurlent hypocritement contre les Russes à Washington préfèrent fermer les yeux sur certains chapitres de l’histoire.

Des officiers congolais impliqués dans le trafic d’or selon l’ONU Christophe RIGAUD – Afrikarabia – le 15 Jan 2017

Des officiers de l’armée congolaise (FARDC) sont accusés par l’ONU de se livrer au trafic d’or et de protéger les activités frauduleuses d’entreprises minières.

Le commerce illégal de minerais semble toujours florissant en République démocratique du Congo (RDC) à lire le rapport du groupe d’experts de l’ONU sur la situation sécuritaire dans l’Est du pays – à télécharger ici. Toujours en proie à une soixantaine de groupes armés, la région des Kivu reste toujours la plaque tournante de trafics en tout genre : or, étain, tantale, tungstène… Tous les six mois, les experts de l’ONU passent au peigne fin les comportements des groupes armés, mais aussi de l’armée congolaise, qui agit le plus souvent en toute impunité dans les Kivu, à plus de 3.000 km de la capitale Kinshasa. Si l’ONU notent des avancées (timides) dans la volonté de l’armée de mener des enquêtes sur les pratiques illégales de certains de ses officiers, le dernier rapport du groupe d’experts montre que ces trafics perdurent au sein des FARDC.

Des officiers peu ou pas poursuivis

La lutte contre le trafic d’or est d’autant plus importante en RDC, un pays toujours en situation post-conflit, qu’il s’agit « du minerai le plus utilisé pour financer les éléments armés et les réseaux criminels opérant » au Congo. L’essentiel de l’or exporté continue de l’être clandestinement vers Dubaï et les Émirats arabes unis via les pays voisins, Ouganda et Burundi. Si le commerce est censé être réglementé, l’ONU s’inquiète « de ce que le gouvernement congolais n’ait pas encore réalisé l’audit des comptoirs, comme il le lui avait recommandé dans son rapport précédent ». Signe tout de même encourageant : en septembre 2016, les FARDC ont ouvert une enquête sur trois généraux et deux colonels basés au Sud-Kivu, soupçonnés d’être impliqués dans l’exploitation de l’or. Deux des cinq officiers ont été suspendus pour la durée de l’enquête. Mais deux mois plus tard, un officier supérieur des FARDC participant à l’enquête a fait savoir aux experts de l’ONU que « celle- ci était déjà terminée, et qu’il n’y aurait pas de poursuites. »

Des « fuites » au sein de l’armée

Parmi les cas de trafics recensés par le rapport, l’ONU révèle celui du colonel John Unega.

L’officier serait impliqué dans la production d’or sur le site minier de Kpangba en Ituri, en violation des règles de l’armée congolaise et du code minier qui stipule qu’il est « légalement interdit de vendre de l’or produit avec la participation d’éléments de l’armée. » Plusieurs témoignages recueillis par les experts affirment que l’officier congolais « intervenait dans l’exploitation des ressources naturelles. » Ses hommes, ainsi que lui- même, ont été vus plusieurs fois sur le site. John Unega était appelé à comparaître en juin 2016 pour son implication présumée dans l’exploitation de ressources minérales. Mais ironie du sort, selon deux officiers des FARDC, l’information aurait fuitée en interne et permis à l’officier congolais de ne pas être conduit à l’audience.

Une brigade pour protéger un site minier

Dans le collimateur des experts de l’ONU se trouve également une entreprise chinoise, Kimia Mining, qui utilise la technique illégale du dragage pour extraire l’or dans le territoire de Mambasa (Ituri). Selon les experts, la 31ème brigade des FARDC a été déployée sur le site pour « protéger les activités de dragage. » Deux procureurs militaires ont indiqué à l’ONU qu’ils « s’efforçaient de retirer les éléments des FARDC de la zone, mais qu’ils se heurtaient à l’opposition du commandement de la trente et unième brigade. » Quant à

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Kimia Mining, ses activités de dragage ont été suspendues en juillet 2016 par le gouverneur de l’Ituri, mais la société continue en toute impunité d’utiliser des dragues sur le site après le mois de juillet. Ces activités illégales protégées par des militaires de hauts rangs de l’armée régulière doivent cesser, estiment les experts, qui réclament des enquêtes sur les activités de Kimia Mining, mais également concernant la complicité des milliaires congolais.

L’ONU souhaite également que le gouvernement de Kinshasa puisse garantir le respect de la réglementation minière. Malgré les nombreuses recommandations de l’ONU sur le sujet, les progrès restent bien maigres à ce jour.

Où sont passés les ex-combattants du M23, censés provenir d’Ouganda?

RFI – le 16-01-17

Toujours aucune nouvelle ce lundi matin des colonnes des ex-combattants du M23 qui auraient traversé la frontière dimanche depuis l’Ouganda. Le gouverneur de la province du Nord-Kivu avait lancé l’alerte, parlant d’éléments de l’ex-rébellion en route vers la frontière. Le porte-parole du gouvernement congolais avait confirmé et était allé plus loin, en évoquant des combats sur le sol congolais.

Les FARDC ont bien envoyé une expédition à Ishasha pour vérifier ces allégations et à cette heure, l’armée congolaise serait encore en train de sillonner la frontière. Pas de contact, pas d’indice de présence. Tout juste un feu signalé la nuit dernière dans les montagnes entre l’Ouganda, le Rwanda et le Congo. Mais rien de concluant pour le moment, rien d’inquiétant en tout cas, insistent les forces de sécurité congolaises qui n’excluent pas une manipulation.

Ce matin, la police ougandaise a confirmé l’information donnée hier par le gouverneur de la province du Nord-Kivu, à savoir que des armes avaient été saisies à la frontière. Mais la police ougandaise dit soupçonner l’arrivée d’éléments de l’ex-M23 depuis le Congo, et qu’ils essaieraient de se regrouper en Ouganda.

De son côté, le ministre ougandais des Relations extérieures en a remis une couche en disant savoir qu’il y avait des problèmes à Kinshasa, sans expliquer lesquels et « qu’ils ne devraient pas se servir de l’Ouganda comme excuse ».

La veille, RFI avait eu confirmation que des sources au sein de l’armée ougandaise parlaient bien d’une incursion d’ex-M23.

Alerte récurrente

Ce n’est pas la première fois qu’on assiste à une telle alerte. Le 11 novembre dernier sur Twitter, le gouverneur Julien Paluku avait déjà déclaré que Sultani Makenga, le chef d’état- major du M23 en Ouganda, avait fui sa zone de cantonnement pour une destination inconnue.

Ensuite on avait parlé d’un accrochage à la frontière avec une patrouille, confirmé de sources militaires congolaises. Mais quand les renforts de l’armée s’étaient rendus sur place, quelques uniformes avaient été découverts, des documents également, et notamment une liste d’ex-éléments du M23, une feuille de présence, en anglais. C’est ce que disaient ces mêmes sources militaires congolaises. Mais le gouvernement congolais n’avait rien dit à l’époque.

2017, à l'épreuve des défis socio-politiques Muriel Devey Malu-Malu - Le Point Afrique le 17/01/2017

Comme en 2016, le pays de Joseph Kabila entame l'année dans l'incertitude, les contradictions politiques et les défis sociaux. Illustration.

« On a été déçus quand on a appris que Joseph Kabila allait rester au pouvoir encore pendant un an, mais bon, on s'y est fait. On observe les politiques et on verra après », soupire, un tantinet amer, Alain, un habitant de Lemba, une des communes populaires de Kinshasa. À l'évidence, bien des Congolais, à l'instar d'Alain, ont eu du mal à avaler la pilule. Car à la place d'un carton rouge, c'est une prolongation d'un an à la tête du pays qui a été accordée au président Joseph Kabila, dans le cadre de l'accord signé le 31 décembre 2016 entre l'opposition regroupée autour du Rassemblement des Forces politiques et sociales acquises au changement, présidé par Étienne Tshsekedi, et des

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membres de la Majorité présidentielle, sous l'égide de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco). En outre, les dernières négociations de l'accord politique portant sur « les arrangements particuliers » avançant à petits pas, la question de savoir si le Rassemblement aurait dû aller négocier avec le régime de Kabila ou non, reste posée.

« Éteindre le feu et faire passer la pilule »

Sur ce plan, Thierry Nlandu, professeur à l'Université de Kinshasa et consultant, est formel : « On était dans un processus de mobilisation populaire qui allait aboutir et mettre fin à un système. Mais ce mouvement, semblable à celui du Burkina Faso qui a chassé Blaise Compaoré, a fait peur. On a brandi le spectre du chaos et face à cette menace, toutes les forces politiques sont entrées dans le jeu. Mais les Congolais vivent le chaos au quotidien depuis des années. On veut sauver la paix, mais il n'y a pas de paix depuis vingt ans. Dans l'est de la RDC, c'est la guerre avec arme et dans l'ouest, c'est une guerre sans arme. La situation sociale est telle que personne n'est en paix. On a l'impression que l'Église catholique n'a eu pour rôle que d'éteindre le feu et de faire passer la pilule. C'est comme si cette grande puissance ne voulait pas d'un soulèvement populaire qui mettrait fin à un régime comme celui-ci. »

Pour d'autres, l'accord est une victoire de la population, du Rassemblement et de la Cenco.

« C'est la première fois qu'une opposition arrive à faire plier un régime en place en Afrique centrale », relève ce professeur de médecine de l'université de Lubumbashi. Pour Francis, un analyste politique congolais, la négociation était inévitable. « Les intérêts locaux, nationaux et étrangers sont si imbriqués que la seule option qu'il fallait prendre était une solution négociée. À Kinshasa, un mouvement populaire aurait peut-être pu obtenir le départ de Kabila mais rien ne prouve que l'opposition aurait pris le pouvoir. Il est difficile d'évaluer le coût de la violence et de son bénéfice éventuel et de prévoir qui aurait pu gagner dans cette affaire. »

L'opposition choisit finalement la négociation

Pour Jean-Jacques Wondo, un analyste politique congolais, si l'opposition avait pu faire l'économie d'une négociation, elle aurait montré sa position bien avant le 19 décembre 2016. Toutefois, deux problèmes ont, selon lui, fragilisé ces négociations. Primo, ces pourparlers ont débuté trop tôt. « Kabila avait peur de l'échéance du 19 décembre et d'un soulèvement populaire. Il aurait fallu le laisser mariner jusqu'au 31 décembre, tout en sachant qu'on finirait par des négociations. Ce qui aurait permis à l'opposition de négocier en position de force », assure Wondo. Secundo, l'absence de stratégie s'est doublée d'un déficit de communication. Avant le 19 décembre, le Rassemblement a encouragé la population à descendre en masse dans la rue pour indiquer à Kabila que le respect de la Constitution est sacré. Jusqu'à cette date, le ciment entre le Rassemblement et la population était solide. Il a commencé à se lézarder quand l'opposition a pris une autre direction. « Le 19 décembre, jour symbolique, la population s'attendait à ce que les politiciens l'accompagnent dans son mouvement, mais cela n'a pas été le cas. Le Rassemblement a opté pour la négociation, brisant ainsi le « gentleman's agreement » qu'il avait scellé tacitement avec la population et il n'a pas expliqué clairement à cette dernière le pourquoi de sa nouvelle tactique », analyse Wondo. Du coup, la population, désorientée, est dans l'expectative et ne sait plus à quels saints se vouer. « Elle se demande ce qui se passe dans les négociations en cours, et si le respect de la Constitution qui doit aboutir à l'alternance politique est bien toujours au centre des préoccupations des politiques. »

Les défis politiques face aux multiples menaces

Aujourd'hui, le Rassemblement doit relever deux grands défis que sont l'organisation des élections d'ici à décembre 2017 et l'amélioration des conditions de vie. Un pari difficile à tenir pour des raisons financières et politiques. Le budget 2017 s'élève à 4,5 milliards de dollars, soit la moitié de celui de 2016. Autant dire que le gouvernement peinera à mener à bien ces missions et devra compter sur l'aide extérieure pour financer les opérations électorales. En outre, il ne pourra guère compter sur la majorité présidentielle pour appliquer l'accord dans les temps impartis. Ni sur celle de Samy Badibanga, l'actuel Premier ministre, qui n'a pas signé l'accord du 31 décembre et ne semble pas prêt à renoncer à

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son poste, obtenu à la suite du premier accord négocié sous la facilitation du Togolais Edem Kodjo.

Même au sein de l'opposition, les divergences sont également de nature à ralentir le processus. Alors que la Primature revient au Rassemblement, le choix du Premier ministre et la répartition des postes ministériels font l'objet d'âpres discussions. Ce qui fait dire aux Congolais que, « comme d'habitude, les politiques privilégient leur intérêt personnel au détriment de celui de la population ». Il y a également les multiples recettes destinées à déstabiliser le pays et, au passage, à retarder le processus électoral, que ne manqueront pas de concocter les experts en anti-alternance politique. On signale la réapparition dans la province du Nord-Kivu d'éléments du tristement célèbre mouvement rebelle du 23 mars, dit M23, autrefois dirigé par Laurent NKunda et conduit aujourd'hui par Sultani Makenga, un ex-général des Forces armées de RDC.

La société civile prête à exploser

Quelle qu'en soit l'origine, tout ce qui retardera le processus électoral peut être à l'origine d'explosions sociales. « Si les élections n'ont pas lieu dans les délais prévus, ce que l'on saura rapidement, les gens risquent de se rebeller », martèle Alain. Thierry Nlandu abonde dans le même sens : « On ne sait pas aujourd'hui quand sortira le gouvernement. Une fois sorti, ce dernier devra avoir l'aval du Parlement qui est acquis à la Majorité présidentielle et qui peut tergiverser pendant des semaines avant de se prononcer. On arrivera très vite en avril. Combien de temps restera-t-il pour organiser les élections ? Du coup, constatant que rien ne se passe, la population, excédée, risque de se retourner contre Joseph Kabila, toute la classe politique, et même contre l'Église. »

Une analyse partagée par Wondo : « Quand le Rassemblement se retrouvera à la tête d'un gouvernement d'union nationale, le désaveu risque d'être total si les choses ne se passent pas comme prévu. Il portera alors la responsabilité de l'échec. La colère et toute autre manifestation de désespoir peut déboucher sur des actions ciblées contre tout ce qui symbolise le pouvoir, peu importe contre qui, car il n'y aura plus d'opposition puisque tout le monde sera au pouvoir. »

Dans ce contexte, on peut craindre que les mouvements citoyens, dont les plus célèbres sont la Lucha et Filimbi (« sifflet » en langue swahili), qui ont fonctionné jusqu'à présent en tandem avec l'opposition radicale, ne soient amenés à se radicaliser. « Constatant les limites de leurs actions de revendication pacifiques, les jeunes seront tentés d'emprunter d'autres formes de pression plus contraignantes et imprévisibles », souligne Wondo. Et ce n'est pas la menace de la prison qui va les arrêter. Certains militants l'ont prouvé en reprenant la lutte dès leur sortie de prison. Dans ce contexte, une collusion avec la grande muette, les forces armées et des services de sécurité, en partie désarmés par crainte de mutineries, n'est pas à exclure. Dans ses rangs se trouvent des laissés-pour-compte aux conditions de vie difficiles.

L'indéboulonnable Kabila

L'hypothèse d'un coup d'État militaire est peu plausible pour Francis. « Dans la périphérie du régime, il n'y a pas de miliciens d'envergure qui ont la capacité militaire de défaire l'armée congolaise. La sécurité de Kabila est assurée par des armées étrangères (Rwanda, Ouganda et Tanzanie). Au niveau interne, le mode de vie des officiers est fragile, mais il a été amélioré par les cadeaux que leur a faits Kabila en les laissant exploiter des mines et prélever des taxes. Ces officiers n'ont donc pas intérêt à le défaire », note-t-il.

Reste à savoir si les mouvements citoyens peuvent jouer un rôle politique au niveau national. Pour l'heure, ce sont des structures indépendantes, avec un leadership collégial et éclaté, parfois contesté à l'intérieur du mouvement, et qui sont composés de jeunes.

Une tranche d'âge dont on ne sait toutefois plus où elle s'arrête. « Ce n'est plus les 15-25 ans mais les 15-55 ans, car depuis des années, de plus en plus de Congolais ont en commun de n'avoir jamais eu un vrai boulot durable et de vivre encore chez leurs parents après 30 ans. Ils en ont marre », signale Nlandu. C'est d'ailleurs autour des problèmes socio-économiques que les jeunes leaders ont tissé un lien avec la population. Si leurs actions permettent à la population de rester vigilante et de faire pression sur la classe politique, ces mouvements n'ont souvent qu'une assise locale avec un leadership circonscrit. Mais tout porte à croire que de nouvelles dynamiques vont se mettre en place.

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« Loin de rester dans un schéma figé, ces mouvements seront tentés de s'étendre et de coopter des leaders capables de devenir les porte-étendards de leurs revendications sur le plan politique à l'échelle nationale », indique Wondo. Tout dépendra donc de leur capacité à se structurer et à orienter leurs revendications vers des objectifs stratégiques.

Vers une recomposition du paysage politique

La recomposition n'épargnera pas la classe politique dans son ensemble. Du côté de la Majorité présidentielle, les contradictions apparaissent de plus en plus au grand jour. La dernière pomme de discorde est la sortie officielle, le 4 janvier dernier, de l'Union du peuple congolais engagé (UPCE) créée par Jean-Claude Kabila Kyungu, un frère cadet de Joseph Kabila. Une annonce qui fait grincer les dents de certains membres du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD). D'où les inévitables interrogations : qui sera le dauphin de Kabila ? Son frère Zoé ? Si tel est le cas, quid des ténors du PPRD qui pouvaient reprendre le flambeau ? N'y a-t-il pas un risque de transhumance de militants du PPRD vers l'UPCE ? Et d'accaparement des ressources financières disponibles par ce dernier au détriment du PPRD ? Et l'amer constat : à quoi a servi le PPRD qui a permis l'élection de Kabila en 2006 et 2011 ? Si le positionnement de la famille Kabila en tant que dynastie se confirmait, rien n'exclut l'émergence d'une nouvelle dissidence à l'intérieur de la Majorité présidentielle. Autant de recompositions politiques à venir qui pourraient se faire au détriment du processus démocratique.

Le Rassemblement, de son côté, a bien des atouts, notamment celui de fédérer plusieurs leaderships locaux, dont celui de Moïse Katumbi dans l'ex-Katanga et celui d'Olivier Kamitatu dans l'ex-Bandundu, auquel s'ajoute le leadership historique de Tshisekedi, président de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). Ce qui lui donne une couverture nationale. Mais des inconnus demeurent. Actuellement à l'étranger et inculpé pour « atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l'État », l'ex-gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, la bête noire de Kabila, pourra-t-il rentrer au pays et se présenter à la présidentielle ? Si ce n'est pas le cas, quel sera le candidat de l'opposition ? Le principe d'une candidature unique de l'opposition survivra-t-il aux éventuels combats d'ego ? Mais le Rassemblement a aussi de gros défis. Il faut très vite que la population légitime son gouvernement, l'accord signé le 31 décembre 2016 ayant été davantage obtenu sous la pression de la communauté internationale et légitimé par l'extérieur que le résultat d'une demande populaire. Outre les défis liés à la gouvernance, dans un gouvernement d'union nationale où les ministres de la Majorité présidentielle ne lui feront pas de cadeaux, il devra affiner sa stratégie et mieux communiquer sur ses actions et les enjeux.

Changement

Dans cet avenir incertain, aux contours flous, où les acteurs politiques restent peu contrôlables, une certitude demeure. Les principes démocratiques, articulés autour de la lutte pour l'alternance politique et la défense de la Constitution, qui ont fondé les dynamiques socio-politiques autour du Rassemblement, n'ont pas disparu. La population, qui s'est approprié ce processus et ses valeurs, veille au grain. « L'aspiration au changement restera constante même si on peut s'attendre à des phases de flottement », pense Wondo.

Dans ce contexte, la marge de manœuvre de Kabila n'est pas aussi importante qu'on pourrait le croire. Ni celle du Rassemblement. Car les lignes bougent en permanence et la véritable opposition n'est plus incarnée par les partis politiques mais par une jeunesse dont le mécontentement et les aspirations au changement sont immenses. Reste à savoir quelle force ou quelle fédération de forces sera capable de récupérer ses revendications et d'arriver à asseoir l'alternance politique.

D’ex-rebelles du M23 reviennent au Kivu Colette Braeckman – Le Soir - 17 janvier 2017

Alors que la mise en œuvre de l’accord conclu à la veille du nouvel an sous l’égide de la conférence épiscopale tarde à se mettre en œuvre, de nouvelles menaces se profilent à l’Est du Congo : le gouverneur de la province du Nord Kivu, Julien Paluku, a dénoncé une incursion d’anciens rebelles, membres du M23, qui auraient quitté leur cantonnement en

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Ouganda pour pénétrer en territoire congolais, dans la localité d’Ishasha. Selon lui, sept de ces hommes, dotés d’armes légères, des fusils A47, auraient été arrêtés dans la bourgade de Kisoro, en face de la localité de Bunagana en territoire congolais. Ces informations ont été confirmées par le ministre congolais de l’information Lambert Mende qui a rappelé que ces hommes avaient été enregistrés comme réfugiés en Ouganda et que, cantonnés dans le camp de Bihanga, il n’auraient pas dû avoir la possibilité de traverser la frontière.

Les forces armées congolaises, présentes au Nord Kivu, auraient stoppé l’avancée de ces 200 rebelles. Les sources congolaises assurent que ces hommes seraient dirigés entre autres par Sultani Makenga, le chef du M23 en 2013, que l’on disait cependant très malade…

Du côté ougandais, on confirme que des armes auraient été saisies sur la frontière congolaise, mais en assurant que l’Ouganda n’aurait pas autorisé d’opération du M23 au départ de son territoire.

Pour sa part, le ministre congolais des affaires étrangères Léonard Okitundu accuse l’Ouganda « de jouer un jeu dangereux » et rappelle que si de nombreux contacts ont eu lieu entre ces combattants et les autorités de Kinshasa, ces hommes n’ont jamais voulu revenir.

Rappelons que c’est en novembre 2013, à l’issue de la victoire des forces armées congolaises contre les rebelles tutsis du M23 avec l’aide de la Monusco et de la Brigade d’intervention africaine, que 1500 hommes, qui avaient initialement été soutenus par le Rwanda, s’étaient repliés sur l’Ouganda où ils avaient été désarmés et cantonnés. L’accord- cadre d’Addis Abeba, conclu par la suite, avait prévu le retour des réfugiés et l’amnistie des hommes en armes mais ces promesses ne s’étaient pas concrétisées et ces combattants aguerris étaient demeurés une sorte de force de réserve, régulièrement soupçonnée de vouloir s’engager dans l’un ou l’autre des conflits de la région. C’est ainsi que, voici quelques semaines, des membres de l’ancien M23 et des Banyamulenge (Tutsis congolais) avaient été accusés de s’infiltrer au Congo au départ de l’Ouganda, moins pour déstabiliser le pays de Kabila que pour rejoindre, au départ du Sud Kivu, la frontière burundaise afin d’y ouvrir un autre front contre le régime du président burundais Pierre Nkurunziza.

Par ailleurs les incertitudes qui pèsent sur la situation au Congo ravivent toutes les craintes et il est régulièrement question de reprise des combats, par les rebelles hutus rwandais FDLR ou les rebelles ougandais ADF Nalu….

Bruxelles-Kinshasa: le froid persiste Colette Braeckman – Le Soir - 17 janvier 2017

Malgré la conclusion d’un accord politique entre Congolais, salué par la Belgique, les relations sont toujours glaciales entre Bruxelles et Kinshasa, plombées par la méfiance.

Comme en décembre dernier, le Congo vient de refuser que Bruxelles envoie à Lubumbashi une dizaine de militaires, des DAS, chargés de protéger le consulat général.

Rappelons que, découlant de l’accord obtenu par la conférence épiscopale du Congo le 31 décembre dernier, les négociations politiques se poursuivent à Kinshasa, entre autres pour le choix d’un Premier Ministre issu de l’opposition.

Cependant le malaise entre le Congo et ses alliés occidentaux, dont la Belgique, est loin d’être dissipé. En décembre dernier, outre l’annonce de sanctions ciblées contre des proches du président Kabila, la Belgique, la France, les Etats Unis, entre autres, avaient déconseillé à leurs ressortissants de se rendre au Congo ou d’y rester plus que nécessaire.

Cependant, alors que mises en garde sévères sinon ultimatums se succédaient, les diplomates occidentaux furent totalement absents de la « négociation de la dernière chance

» initiée par les évêques congolais avec le soutien du pape François. Dans l’enceinte du centre diocésain, les Congolais se retrouvèrent entre eux. Une fois l’accord conclu, la

«communauté internationale » qui avait été tenue à l’écart des discussions et en ignorait largement le contenu, se contenta de souhaiter que les engagements soient mis en œuvre sans tarder.

Ce satisfecit n’ a toutefois pas réussi à dissiper les inquiétudes des uns, la psychose des

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autres. En effet, les ambassades occidentales ont maintenu, sinon renforcé les mesures de sécurité prises en décembre. C’est ainsi que la Belgique essaie toujours de renvoyer au Congo la dizaine de militaires (des troupes d’élite) qui, chargés de protéger le consulat général à Lubumbashi, avaient déjà été « recalés » fin 2016.

Une nouvelle tentative a eu lieu cette semaine, lorsque les passeports de ces militaires furent introduits dans d’autres dossiers, relevant, eux, du partenariat existant entre la Belgique et le Congo en vue de former la nouvelle armée congolaise, à Kindu entre autres.

Les Congolais avancèrent que les passeports diplomatiques relevaient des Affaires étrangères (en vertu de la Convention de Vienne) et non de la coopération militaire…

Nous expliquant ces réticences, le Ministre de l’Information et porte-parole du gouvernement Lambert Mende devait parler de « nouvelle provocation », ajoutant que « si le consulat de Belgique à Lubumbashi devait être menacé, c’est à la police congolaise qu’il appartiendrait de le sécuriser. Les Belges n’ont pas encore compris que le Congo de Papa, c’est fini… Les procédures doivent être respectées… »

Pour expliquer cette méfiance, le ministre évoqua aussi la méfiance, sinon la psychose qui hante en ce moment les Congolais : « dois-je vous rappeler que c’est dans l’ « interrègne » des présidents américains que tant Patrice Lumumba que Laurent Désiré Kabila ont été assassinés, en janvier 1961 et en janvier 2001, c’est pour cela que lundi et mardi prochain seront des jours fériés, des « journées des martyrs ». Nous croyons qu’un attentat est toujours possible et, à la veille de l’investiture de Donald Trump, nous prenons nos précautions… »

Ambiance…

Les fantômes de l’ex-M23 planent toujours Christophe RIGAUD – Afrikarabia – le 15 Jan 2017

Les autorités congolaises accusent deux colonnes d’anciens rebelles du M23 d’être entrées ce dimanche en RDC. Info ou intox, le retour de la rébellion pourrait servir de prétexte au pouvoir pour retarder le processus électoral, prévient l’opposition.

Comme une mauvaise piqûre de rappel, le risque d’un retour des ex-rebelles du M23 en RDC est régulièrement brandi par les autorités congolaises alors que le pays peine toujours à s’extirper d’une crise politique profonde. Car au Congo, les vieux démons ne sont jamais très loin. Défaite en novembre 2013 après 18 mois de combats contre l’armée congolaise et les casques bleus de l’ONU, la rébellion du M23 avait signé à Nairobi des engagements en vue d’être rapatriée depuis l’Ouganda et le Rwanda, où les hommes de Sultani Makenga avaient trouvé refuge après la débâcle. Depuis, le rapatriement a été bien maigre : environ 200 miliciens sont rentrés en RDC sur les 1.500 réfugiés dans les camps ougandais et rwandais. Mais selon Kinshasa, leurs voisins laissent les ex-rebelles « circuler librement » sur leur territoire alors que les autorités congolaises voudraient bien en juger certains.

Des ex-rebelles « en direction de la RDC »

Régulièrement, depuis trois ans, Kinshasa signale de possibles incursions d’ex-M23 sur son sol. Rarement documentées, ces accusations s’avèrent, pour le moment, toutes fausses.

En novembre 2016, le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku accusait l’ex-commandant du M23, Sultani Makenga, d’être « en fuite ». Des informations aussitôt démenties par Kampala et l’ex-rébellion. Ce dimanche, c’est encore Julien Paluku qui sonne l’alerte. Le gouverneur affirme que « des ex-M23 sont en direction de la RDC depuis l’Ouganda avec armes et munitions pour des attaques généralisées. » Toujours selon Julien Paluku, des témoins auraient été identifiés Sultani Makenga, Jean-Claude Sejinshi, Emmanuel Kabundi, Yusufu Mboneza, Eric Ngabo, Justin Gacheri… autant dire toute la fine fleur des officiers de l’ex-rébellion.

Des accusations « sans fondement » selon l’ex-rébellion

Dans la journée, le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, a confirmé l’information en indiquant que « 200 ex-combattants du M23 regroupés en deux colonnes

» ont franchi dans la nuit de samedi à dimanche la frontière congolaise « en provenance de l’Ouganda, investissant le village d’Ishasha. » Et de s’étonner de la liberté de mouvement dont jouissent les ex-miliciens : « Comment nos voisins ougandais avec qui

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nous avons des engagements très sérieux ont-ils laissé des personnes cantonnées dans des camps de réfugiés pénétrer, armées dans nos frontières ? » Les autorités congolaises ont indiqué qu’il y avait des affrontements entre les ex-miliciens et l’armée régulière dans une zone située à 150 km au nord de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu. Dans la matinée, l’ex-M23 a démenti toute incursion via son compte Twitter, qualifiant les propos de Julien Paluku de « sans fondement. »

Un partage du pouvoir qui aiguise les appétits

La nouvelle d’un possible retour des miliciens de l’ex-M23 intrigue de nombreux observateurs de la vie politique congolaise. Il faut dire que le contexte est particulièrement tendu après la signature d’un accord politique entre le pouvoir et l’opposition pour reporter l’élection présidentielle fin 2017 et autoriser le président Joseph Kabila, arrivé fin mandat, à rester à son poste jusqu’à l’élection d’un nouveau président. L’accord politique a entraîné un subtil partage du pouvoir qui aiguise les appétits. Pour preuve, le retour ce dimanche de Roger Lumbala, un ex-rebelle du RCD-N, réputé proche du M23. De nombreux observateurs voient difficilement un hasard entre l’annonce de l’incursion des ex-M23 (vraie ou fausse) et le retour de Lumbala.

Un prétexte pour retarder les élections ?

D’autres estiment que le chiffon rouge du M23 est agité à chaque fois que le camp présidentiel est en difficulté, comme pour rappeler la menace de chaos qui pèse toujours à l’Est du pays, en instabilité chronique depuis plus de 20 ans. L’opposition accuse le président Kabila d’avoir joué la carte des rebelles comme prétexte pour retarder le processus électoral en 2016. L’actuel chef de l’Etat pourrait en faire de même en 2017 si des bruits de bottes se faisaient de nouveau entendre dans les Kivu. A l’image du député UNC, Juvénal Munubo qui prévient sur son compte Twitter à propos du M23 : « Que les FARDC s’en occupent et que cela ne constitue pas une hypothèque sur les élections de décembre 2017. » Pour éclairer l’affaire, le ministre de la défense congolais a demandé au mécanisme de suivi de l’accord de Nairobi des pays des Grands Lacs (CIRGL) de vérifier la possible incursion des ex-M23. Nous serons donc fixés sur la réalité de cette incursion.

Premiers retards dans l'application de l'accord RFI - le 17-01-2017

C'est demain, mercredi, que les négociations devraient reprendre sur l'arrangement particulier en RDC. En attendant, les discussions informelles se poursuivent entre les parties pour bâtir un consensus autour de deux volets clefs de la mise en œuvre de l'accord signé le 31 décembre : le partage effectif du pouvoir et le chronogramme de mise en application de l'accord. Certaines mesures devaient entrer en application dès la signature, d'autres, quinze jours après, mais les délais ont expiré et rien ou presque ne s'est passé.

Sur les mesures de décrispation, il n’y a pas de calendrier précis sur les libérations et retours d'exil. Mais l'accord avait entériné la libération de l'opposant Moïse Moni Della qui est toujours en prison et l'arrêt des poursuites contre trois exilés politiques. A ce jour, seul Roger Lumbala est rentré. « Rien n'empêche les deux autres de faire de même », assure un officiel. Quelques libérations depuis la signature de l'accord sur plusieurs centaines de cas avancés, ce que dénoncent les organisations de défense des droits de l'homme.

De même, aucun média n’a été rétabli dans ses droits sur la quinzaine répertoriés, c'était pourtant prévu dans les 15 jours. Le porte-parole du gouvernement avait lui-même rappelé ce délai après la signature. Mais ce lundi, personne n'était disponible au sein du ministère de la Communication pour répondre aux questions sur ce retard. « Nous continuons de travailler conformément à la loi », dit-on du côté du CSAC. Aucun membre du Conseil supérieur de l'audiovisuel congolais n'a démissionné alors qu’ils auraient dû être remplacés dans les 14 jours.

Pas de démission non plus du côté de la Commission électorale. L'UDPS et le MLC l'ont tous deux demandé à leur représentant, comme l'accord les y autorise. Les lettres ont bien été reçues, mais la démission est volontaire. « Pendant ce temps, on travaille », rétorque-t- on du côté de la Céni.

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Dans le camp Kabila, ils commencent à sortir du bois Trésor Kibangula – Jeune Afrique le 19 janvier 2017

Maintenant que le président Kabila semble accepter l’idée de passer la main à la fin de l’année, beaucoup dans son camp se verraient bien prendre sa place.

Chercherait-il enfin une sortie honorable ? Au pouvoir depuis seize ans, le président Joseph Kabila, dont le second mandat aurait dû se terminer le 19 décembre 2016, vient de consentir à passer le flambeau « au plus tard en décembre 2017 ». Sur le papier, en tout cas. Et le document signé le 31 décembre lui interdit même de réviser ou de changer la Constitution par voie légale, y compris par référendum. De nouveaux verrous qui hérissent déjà certains caciques de la Majorité présidentielle (MP).

« Comment expliquer qu’à Brazzaville Denis Sassou Nguesso a le droit de consulter son peuple, mais qu’à Kinshasa, juste en face, nous ne sommes pas en mesure de faire passer le même message ! » tonne Tryphon Kin-Kiey Mulumba. L’initiateur du désormais parti Kabila Désir va jusqu’à pointer les ambitieux de la MP, les « Valls, Montebourg et Macron

» (en référence aux multiples candidats de la primaire socialiste française) qui se sont précipités dans la course un peu trop tôt selon lui.

Sans les nommer, il accuse certains de ses camarades engagés dans la lutte interne pour la succession de n’avoir pas « suffisamment soutenu » l’idée du maintien au pouvoir de Kabila.

Dauphins potentiels

Au sein de la famille politique du président, personne n’ose se déclarer candidat pour l’instant, mais beaucoup y pensent. Aubin Minaku, 52 ans, président de l’Assemblée nationale depuis bientôt cinq ans et secrétaire général de la MP, porte bien le costume de

« dauphin autoproclamé », éclipsant au passage Évariste Boshab, son prédécesseur au perchoir.

Mais Matata Ponyo Mapon, 52 ans lui aussi, a également des arguments à faire valoir : il a la confiance du chef de l’État – qui l’a maintenu à la tête du gouvernement quatre ans et six mois – et c’est un élève apprécié des institutions de Bretton Woods. Et que dire de Néhémie Mwilanya Wilondja, le « dircab », de plus en plus présent sur le devant de la scène ?

« Ce n’est pas suffisant pour prétendre au statut du dauphin, juge un observateur avisé des arcanes du pouvoir.Beaucoup de lieutenants de Kabila ne disposent que d’une assise locale au sein de leur tribu, territoire, voire de leur province. » Dans tous les cas, « le moment venu, Kabila choisira une personne à même de le sécuriser », croit savoir un proche du chef de l’État.

Visiblement, à 45 ans, le futur sénateur à vie n’a pas encore dit son dernier mot. « S’il a accepté toutes les clauses de l’accord, c’est parce qu’il est convaincu qu’il en sortira gagnant : il a toujours un scénario de rechange », analyse le politologue Bob Kabamba, qui suit de près les tractations en cours en RD Congo. Traduction : Kabila sait qu’il restera en place tant que l’élection de son successeur n’aura pas lieu. Comme en 2016, le raïs a toujours une carte à jouer.

RD Congo : un nouveau départ ?

Pierre Boisselet – Jeune Afrique - le 19 janvier 2017

Le président Joseph Kabila et les principaux leaders de l’opposition sont parvenus à un accord inédit, mais fragile, pour organiser les élections d’ici à la fin de 2017. Qui ne résout pas tous les problèmes, tant s’en faut.

Annoncé par les évêques catholiques congolais dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier,

« l’accord politique global et inclusif » a été accueilli comme une divine surprise, permettant d’espérer une sortie de crise dans l’année. Le soulagement était tel, après des semaines de tensions, que certains ont voulu y voir, un peu vite, « un miracle de la Saint-Sylvestre ».

Il est vrai que cette bonne nouvelle est la première depuis des mois en RD Congo. Même s’il y a encore des réticences, la quasi-totalité de la classe politique a trouvé un compromis

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pour organiser la présidentielle, qui doit marquer, d’ici à la fin de l’année 2017, la première transition pacifique de l’histoire du pays.

Accalmie

Premier effet bénéfique : l’apaisement des esprits. Depuis que le report de l’élection, initialement prévue en novembre 2016, est devenu inévitable, manifestations, troubles dans les provinces et répression policière allaient crescendo. Les 19 et 20 décembre 2016, date à laquelle expirait le dernier mandat constitutionnel de Joseph Kabila, les heurts avaient encore fait plus de 40 morts selon l’ONU. De quoi susciter la crainte, notamment chez les Occidentaux et dans les pays voisins, que la situation ne dégénère au point d’échapper à tout contrôle.

On ne peut donc que se réjouir des terrains d’entente définis le 31 décembre. Outre la tenue d’un scrutin d’ici à la fin de l’année, le pouvoir s’est engagé à ne pas réviser la Constitution.

Par ailleurs, un partage du pouvoir a été instauré : le Rassemblement de l’opposition, la principale coalition de cette dernière, doit accéder à la primature, mais aussi diriger le Conseil national de suivi de l’accord (CSNA) afin de vérifier la mise en œuvre des engagements – même si ses contours et pouvoirs réels restent à définir. Celui-ci devrait être présidé par l’opposant historique Étienne Tshisekedi, 84 ans.

Un pouvoir stablement installé

Faut-il y voir une victoire de l’opposition ? C’est loin d’être aussi simple. D’abord, la présidence a réussi à traverser la délicate fin de l’année 2016 en restant en place. Ensuite, elle a ainsi fait retomber la pression venue de l’étranger. Les États-Unis et l’Union européenne avaient pris des sanctions progressives contre des cadres du régime ces derniers mois.

Maintenant que le pouvoir semble prêt à donner une chance au processus, Bruxelles et Washington maintiendront-ils leurs positions coercitives ? Enfin, la présidence congolaise garde la main sur des institutions clés, comme les régies financières et l’armée. De quoi lui laisser des arguments dans le rapport de force à venir avec l’opposition.

Car cette cohabitation inédite entre l’ombrageux Tshisekedi et le mystérieux Kabila promet d’être tendue : les deux hommes se sont toujours méprisés. Et l’on se souvient que, dans les années 1990, les tentatives de cohabitation entre Tshisekedi et un régime Mobutu qui n’en finissait pas de s’éteindre ont toujours fait long feu…

Quelques questions brulantes

En outre, l’accord du 31 décembre a laissé en suspens de nombreux sujets hautement inflammables. Il ne tranche pas, par exemple, sur l’avenir de Moïse Katumbi. Depuis son exil, cet opposant populaire, opportunément condamné à trois ans de prison dans une étrange affaire immobilière, a tenté d’obtenir l’annulation de sa peine.

Face au refus de la majorité – qui en a fait une ligne rouge –, il a finalement accepté de remettre son sort entre les mains des médiateurs de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) pour permettre la signature de l’accord. Mais la présidence acceptera-t- elle, demain, ce qu’elle vient de refuser radicalement ?

Viendra alors le dossier le plus périlleux peut-être : l’organisation du vote lui-même. Dans ce vaste pays presque dépourvu d’infrastructures, un scrutin représente toujours un casse- tête logistique – que le couplage avec les élections provinciales (compris dans l’accord) va encore compliquer. Et puis il y a leur coût exorbitant, qui les rend quasi impossibles à organiser sans soutien international. Lequel n’est toujours pas garanti.

Si les cartes sont donc rebattues dans la majorité comme dans l’opposition, ainsi que nous le montrons dans les pages suivantes, le 31 décembre n’a pas signé un aboutissement, mais le coup d’envoi d’un nouveau marathon semé d’embûches.

Accord en RD Congo : qui sont les gagnants et les perdants ? Pierre Boisselet et Trésor Kibangula – Jeune Afrique - le 19 janvier 2017

Si la quasi-totalité des politiques congolais sont tombés d’accord le 31 décembre 2016, tous ne tirent pas les mêmes bénéfices de ce compromis, notamment en vue de la présidentielle.

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Martin Fayulu, bien placé dans la course GAGNANT

Avec Vital Kamerhe, le député de 60 ans s’est longtemps disputé le leadership de la plateforme Dynamique de l’opposition, l’un des principaux regroupements politiques de RD Congo. Mais alors que le premier a boudé le Rassemblement formé autour d’Étienne Tshisekedi et de Moïse Katumbi, lui préférant le dialogue mené par Edem Kodjo jusqu’en octobre, le second a effectué un chemin totalement inverse.

Stratégie gagnante pour le président de l’Engagement pour la citoyenneté et le développement (ECiDé) puisque les résolutions des premières négociations ont fait long feu, au profit de celles issues de « pourparlers directs » entre le camp de Joseph Kabila et le Rassemblement auquel Fayulu appartient. Son nom est aujourd’hui cité parmi ceux des Premiers ministrables. Et, à défaut, l’élu de Kinshasa garde toutes ses chances de devenir ministre ou membre du Conseil national de suivi de l’accord, chargé notamment de veiller à l’aboutissement du processus électoral.

Candidat : déclaré

Atouts : très engagé sur le terrain, il n’hésite pas à se placer devant le cortège des manifestants anti-Kabila

Faiblesses : son assise électorale est limitée dans la ville-province de Kinshasa Moïse Katumbi y croit

NI GAGNANT, NI PERDANT

Bien qu’il n’ait pas bénéficié des mesures de clémence que prévoit l’accord pour d’autres opposants (il est toujours inculpé d’atteinte à la sûreté de l’État dans une rocambolesque affaire de recrutement de mercenaires étrangers et condamné à trois ans de prison sur un dossier concernant des biens immobiliers), l’homme d’affaires de 52 ans a décidé de ne pas bloquer le processus.

L’ex-gouverneur, qui s’est vertement opposé à un éventuel « troisième penalty » de Joseph Kabila, peut se féliciter que ce dernier se soit engagé à ne pas recourir à un référendum pour changer la Constitution et briguer un nouveau mandat.

Autre motif de satisfaction : l’entrée dans le futur gouvernement et au sein du Conseil national de suivi de l’accord (CNSA) des cadres du « G7 » (leaders de sept partis frondeurs de la coalition au pouvoir) et de l’Alternance pour la République (AR), deux plateformes rangées derrière lui. « Pour nous, entrer au gouvernement n’est pas une fin en soi, nous voulons plutôt organiser les élections le plus rapidement possible, d’ici à la fin de 2017, comme prévu », nuance cependant un proche collaborateur de Katumbi.

Candidat : déclaré

Atouts : son expérience et un bilan positif après huit années à la tête du Katanga, sa fortune et ses réseaux

Faiblesses : ses ennuis judiciaires qui risquent de retarder son retour au pays Ève Bazaiba, entre résistance et résignation

NI GAGNANTE, NI PERDANTE

Après plusieurs atermoiements, la secrétaire générale du Mouvement de libération du Congo (MLC) et leader du Front pour le respect de la Constitution (FRC), 50 ans, a finalement signé, le 14 janvier, l’accord conclu à Kinshasa. Et ce, sur instruction de Jean- Pierre Bemba, chef du MLC, actuellement détenu à La Haye. Mais Ève Bazaiba continue de réclamer la direction du Conseil national de suivi de l’accord (CNSA), confiée pour l’heure à Étienne Tshisekedi. « Le Rassemblement ne peut à la fois gérer le gouvernement et suivre le processus : il risque d’être juge et partie », martèle-t-elle.

Le MLC, qui revendique 197 élus provinciaux, peut au moins se féliciter d’avoir bloqué l’une

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des principales ambitions du Rassemblement à l’égard des provinces : faire nommer de nouveaux gouverneurs, en remplacement de ceux qui ont été élus. Ce qui revenait tout simplement à demander le partage du pouvoir entre les signataires et la majorité, excluant de fait le MLC.

Candidate : potentielle

Atouts : son franc-parler et sa stratégie de non-alignement, qui pourraient en faire la première force d’opposition

Faiblesses : sa difficulté à s’affranchir du candidat Jean-Pierre Bemba, pourtant condamné et emprisonné à La Haye

Les Tshisekedi, vainqueurs GAGNANT

L’opposant « historique », Étienne Tshisekedi, est le grand gagnant du 31 décembre.

Assuré de présider le Conseil national de suivi de l’accord, il devrait avoir un droit de regard sur l’action de l’exécutif. Rien ne l’empêche, par ailleurs, de se présenter à la prochaine présidentielle malgré son grand âge, 84 ans.

Aux prises avec la justice, Moïse Katumbi, son allié et néanmoins potentiel concurrent lors de cette future élection, demeure empêché d’y participer à ce stade. Enfin, il n’est pas exclu que Tshisekedi parvienne à placer un membre de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) à la primature – le nom de son fils, Félix, est fréquemment cité.

Cette situation présente toutefois un risque important : à être aussi impliqué dans cette « cohabitation », il pourrait écorner son blason si elle n’obtenait pas les résultats escomptés.

Candidat : probable Atout : sa popularité

Faiblesses : il sortira d’une période de quasi-cohabitation. Son âge avancé Samy Badibanga : un petit tour et puis s’en va

PERDANT

Son passage à la primature aura été de courte durée. Nommé le 17 novembre 2016 – à la surprise quasi générale –, Samy Badibanga a à peine le temps de former son gouvernement qu’il doit préparer ses cartons. L’accord prévoit en effet que son poste revienne à un membre du Rassemblement de l’opposition, dont il ne fait pas partie.

Cet ancien proche d’Étienne Tshisekedi avait fait le choix de participer, en compagnie de Vital Kamerhe, au premier dialogue, conclu en octobre dernier. Or celui-ci, ses accords et ses décisions sont désormais dépassés. Badibanga va devoir se battre pour conserver une place dans le nouveau dispositif.

Les mouvements citoyens font du surplace PERDANT

À la différence des partis politiques, Filimbi et la Lucha (Lutte pour le changement) ont refusé tout accord les associant au pouvoir. Cette stratégie de résistance sans concession face à un pouvoir perçu comme illégitime les isole désormais. La majeure partie de la classe politique a, en effet, fait un choix différent. « Ils ont entériné un putsch de Joseph Kabila

», se désole Floribert Anzuluni, le coordonnateur de Filimbi.

Par ailleurs, certaines de ses figures emblématiques, comme Carbone Beni, militant à Kinshasa, sont toujours détenues. Seule concession du compromis trouvé le 31 décembre : l’arrêt des poursuites contre Anzuluni, qui avait dû s’exiler en Europe. Ce dernier, qui reste prudent, souhaite à terme rentrer à Kinshasa et poursuivre son militantisme sur le terrain.

Léon Kengo wa Dondo, perdant à tous les coups ?

Referenties

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