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Mayi ! De l’eau

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(1)

Consolidons la paix !

& co

L E M A G A Z I N E D E L A C O O P É R A T I O N B E L G E E N R E P U B L I Q U E D É M O C R A T I Q U E D U C O N G O N°1

E D I T I O N S P É C I A L E 3è m e R É P U B L I Q U E & R E C O N S T R U C T I O N D U P A Y S

D O S S I E R | 6

Assainir Kinshasa

P A R T E N A I R E S | 6

Développement participatif

P A R T E N A I R E S | 6

Mayi ! De l’eau

S U P P L É M E N T

Carte CTB en RDC

(2)

, voilà une expression étonnante mais qui me semble bien choisie, pour intituler ce magazine de la Coopération belge en République Démocratique du Congo : «

&CO

» comme COmpagnie, COngo, COopération…

J’ai coutume de dire, et je vais encore le répé- ter ici tant cela me paraît essentiel, que les relations belgo-congolaises sont empreintes de solidarité, certes, mais surtout de COmplicité et de COnvivialité.

Deux peuples qui partagent bien des choses, au-delà d’un moment d’histoire commune : une certaine vision de la vie, une capacité d’autodé- rision et la volonté d’aller de l’avant.

Deux peuples qui ont des choses à s’apprendre mutuellement car, si la Belgique vit encore une période de relative prospérité, le Congo et les Congolais lui ont montré une capacité de mobi- lisation et d’enthousiasme citoyen qui, à l’occa- sion, pourrait servir d’exemple chez nous.

En effet, si la Belgique s’est engagée, depuis 1999, au et pour le Congo afin qu’il puisse sor- tir du conflit, entrer en transition et, enfin, abou- tir à des élections saluées par le monde entier comme de très bonne facture, elle l’a fait dans le but de consolider la paix, élément essentiel pour la démocratie et le développement socio- économique.

Il s’agit maintenant de bâtir sur ces acquis tout en les renforçant encore, par exemple en com- plétant le processus électoral par l’organisation rapide des élections municipales.

Il s’agit aussi de montrer, concrètement, que la Belgique reste aux côtés des Congolais au-delà de cette belle aventure des élections. Les divi- dendes de la démocratie et de la dignité retrou- vée, doivent être perçues d’emblée. C’est le sens du programme d’urgence post-électoral qui non seulement met en œuvre des chantiers qui ont un impact direct et concret sur le quotidien de la population de quelques villes du pays mais, aussi, pour ne pas dire surtout, vise à mettre un nombre important de personnes au travail, un travail rémunéré et utile à la communauté.

Ensemble, là aussi, est le maître-mot. Pas question de substitution mais bien d’encoura-

gement, de soutien à la prise en mains des Congolais par eux-mêmes. Dans ce cadre et dans cet esprit, je puis vous assurer de la volonté des autorités et des forces vives belges de poursuivre l’effort.

Certains diront que c’est le devoir de la Belgique de le faire. Peut-être. Je leur préfère celles et ceux, Congolais et Belges, qui voient cela comme une ambition partagée de bâtir une œuvre commune, signe tangible de la soli- darité entre les peuples, en l’occurrence, entre deux peuples qui se connaissent, qui s’appré- cient et valorisent leur apport mutuel.

Ce Congo nouveau, et des relations belgo- congolaises empreintes de convivialité, de res- ponsabilité et d’engouement, c’est tout l’esprit de ce premier numéro d’«

&CO

»

congolais et l’action publique. Il veut élargir le dialogue à tous les acteurs de la société, en dif- fusant des informations et en facilitant la com- préhension des enjeux du développement. Le premier numéro aborde les programmes mis en œuvre par la Coopération Technique Belge (CTB), l’agence chargée par l’Etat belge de l’exécution de toutes les prestations de services de coopération bilatérale directe en RDC.

Outre les interventions dans de nombreux sec- teurs (santé, infrastructures de base, éduca- tion, gouvernance …) la Belgique a tenu sa pro- messe à l’égard des Congolais dès le lendemain du premier tour des élections présidentielles.

Le 4 août 2006, fut inauguré le Programme d’urgence post-électoral dont le premier volet mit près de 1.300 jeunes de Kinshasa au travail pour l’assainissement de leur ville. Ils arbo- raient le slogan « ensemble construisons la RD Congo », illustrant ainsi leur confiance dans le futur. L’ensemble du programme vise un impact rapide auprès des populations les plus nécessiteuses des grands centres urbains tels que Kinshasa, Lubumbashi et Mbuji-Mayi.

Ainsi se matérialisent les dividendes de la paix et de la démocratie. La participation des béné- ficiaires est intensive et courageuse grâce à l’utilisation de la méthode des travaux HIMO (haute intensité de main d’œuvre.) Ce numéro du nouveau magazine «

&CO

», se consacre principalement au premier volet du programme post-électoral d’urgence à Kinshasa. Le dossier central aborde la problématique de la gestion urbaine des déchets. Les numéros suivants développeront les volets déployés dans les autres zones du pays.

BONNE LECTURE

...

A

près une difficile période de transition clôturée par le succès d’un processus électoral dont bien peu imaginaient la réussite, 2007 ouvre une période pleine d’es- poir pour la RDC.

La Belgique a soutenu fermement la RDC durant ces moments laborieux. Signe de cet engagement, notre coopération bilatérale directe redémarrée en 1999 est passée de 1,7 millions d’euros en 2000 à plus de 25 millions d’euros en 2006.

L’heure est maintenant venue de participer dura- blement à la reconstruction et au développement de la RDC. Les deux gouvernements amis concluront dans les prochains mois un Pro-

gramme Indicatif de Coopération pour la période 2008-2010 et, dès 2007, la Belgique engagera non moins de cinquante millions d’euros.

La Belgique entend garder le rôle moteur qu’elle a joué jusqu’ici pour entraîner la com- munauté internationale dans le redressement de la RDC tout en promouvant les principes de la Déclaration de Paris sur l’harmonisation et l’alignement de l’aide.

Les circonstances sont propices pour com- muniquer avec la population congolaise et favoriser une appropriation nationale de la coopération belgo-congolaise. De là l’idée d’un magazine, destiné à un public large, qui dépasse les seuls spécialistes du « monde du développement». Ce magazine s’adresse à tou- tes les forces vives de la société congolaise : acteurs étatiques ou non-étatiques, parlemen- taires, médias, forces économiques, ONGD, étudiants et simples citoyens. L’information par- ticipe à la transparence sur les programmes, un facteur essentiel pour l’émergence d’une citoyenneté responsable et impliquée. Cet outil de communication veut contribuer au renouvel- lement du contrat social entre les citoyens

AVA N T- P R O P O S

J o h a n S W I N N E N

Ambassadeur de Belgique en RDC

Le Ministre belge de la coopération au développement, Armand De Decker, en visite sur le site des travaux de nettoyage du canal Bitchaku-Tchaku.

E D I T O R I A L

M a n o l o D E M E U R E

Représentant Résident Coopération Technique Belge

P a u l C A R T I E R

Ministre-Conseiller à la Coopération au Développement Les brigades communales s’activent au nettoyage des collecteurs

et des caniveaux de Kinshasa depuis le mois d’août 2006.

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, voilà une expression étonnante mais qui me semble bien choisie, pour intituler ce magazine de la Coopération belge en République Démocratique du Congo : «

&CO

» comme COmpagnie, COngo, COopération…

J’ai coutume de dire, et je vais encore le répé- ter ici tant cela me paraît essentiel, que les relations belgo-congolaises sont empreintes de solidarité, certes, mais surtout de COmplicité et de COnvivialité.

Deux peuples qui partagent bien des choses, au-delà d’un moment d’histoire commune : une certaine vision de la vie, une capacité d’autodé- rision et la volonté d’aller de l’avant.

Deux peuples qui ont des choses à s’apprendre mutuellement car, si la Belgique vit encore une période de relative prospérité, le Congo et les Congolais lui ont montré une capacité de mobi- lisation et d’enthousiasme citoyen qui, à l’occa- sion, pourrait servir d’exemple chez nous.

En effet, si la Belgique s’est engagée, depuis 1999, au et pour le Congo afin qu’il puisse sor- tir du conflit, entrer en transition et, enfin, abou- tir à des élections saluées par le monde entier comme de très bonne facture, elle l’a fait dans le but de consolider la paix, élément essentiel pour la démocratie et le développement socio- économique.

Il s’agit maintenant de bâtir sur ces acquis tout en les renforçant encore, par exemple en com- plétant le processus électoral par l’organisation rapide des élections municipales.

Il s’agit aussi de montrer, concrètement, que la Belgique reste aux côtés des Congolais au-delà de cette belle aventure des élections. Les divi- dendes de la démocratie et de la dignité retrou- vée, doivent être perçues d’emblée. C’est le sens du programme d’urgence post-électoral qui non seulement met en œuvre des chantiers qui ont un impact direct et concret sur le quotidien de la population de quelques villes du pays mais, aussi, pour ne pas dire surtout, vise à mettre un nombre important de personnes au travail, un travail rémunéré et utile à la communauté.

Ensemble, là aussi, est le maître-mot. Pas question de substitution mais bien d’encoura-

gement, de soutien à la prise en mains des Congolais par eux-mêmes. Dans ce cadre et dans cet esprit, je puis vous assurer de la volonté des autorités et des forces vives belges de poursuivre l’effort.

Certains diront que c’est le devoir de la Belgique de le faire. Peut-être. Je leur préfère celles et ceux, Congolais et Belges, qui voient cela comme une ambition partagée de bâtir une œuvre commune, signe tangible de la soli- darité entre les peuples, en l’occurrence, entre deux peuples qui se connaissent, qui s’appré- cient et valorisent leur apport mutuel.

Ce Congo nouveau, et des relations belgo- congolaises empreintes de convivialité, de res- ponsabilité et d’engouement, c’est tout l’esprit de ce premier numéro d’«

&CO

»

congolais et l’action publique. Il veut élargir le dialogue à tous les acteurs de la société, en dif- fusant des informations et en facilitant la com- préhension des enjeux du développement. Le premier numéro aborde les programmes mis en œuvre par la Coopération Technique Belge (CTB), l’agence chargée par l’Etat belge de l’exécution de toutes les prestations de services de coopération bilatérale directe en RDC.

Outre les interventions dans de nombreux sec- teurs (santé, infrastructures de base, éduca- tion, gouvernance …) la Belgique a tenu sa pro- messe à l’égard des Congolais dès le lendemain du premier tour des élections présidentielles.

Le 4 août 2006, fut inauguré le Programme d’urgence post-électoral dont le premier volet mit près de 1.300 jeunes de Kinshasa au travail pour l’assainissement de leur ville. Ils arbo- raient le slogan « ensemble construisons la RD Congo », illustrant ainsi leur confiance dans le futur. L’ensemble du programme vise un impact rapide auprès des populations les plus nécessiteuses des grands centres urbains tels que Kinshasa, Lubumbashi et Mbuji-Mayi.

Ainsi se matérialisent les dividendes de la paix et de la démocratie. La participation des béné- ficiaires est intensive et courageuse grâce à l’utilisation de la méthode des travaux HIMO (haute intensité de main d’œuvre.) Ce numéro du nouveau magazine «

&CO

», se consacre principalement au premier volet du programme post-électoral d’urgence à Kinshasa. Le dossier central aborde la problématique de la gestion urbaine des déchets. Les numéros suivants développeront les volets déployés dans les autres zones du pays.

BONNE LECTURE

...

A

près une difficile période de transition clôturée par le succès d’un processus électoral dont bien peu imaginaient la réussite, 2007 ouvre une période pleine d’es- poir pour la RDC.

La Belgique a soutenu fermement la RDC durant ces moments laborieux. Signe de cet engagement, notre coopération bilatérale directe redémarrée en 1999 est passée de 1,7 millions d’euros en 2000 à plus de 25 millions d’euros en 2006.

L’heure est maintenant venue de participer dura- blement à la reconstruction et au développement de la RDC. Les deux gouvernements amis concluront dans les prochains mois un Pro-

gramme Indicatif de Coopération pour la période 2008-2010 et, dès 2007, la Belgique engagera non moins de cinquante millions d’euros.

La Belgique entend garder le rôle moteur qu’elle a joué jusqu’ici pour entraîner la com- munauté internationale dans le redressement de la RDC tout en promouvant les principes de la Déclaration de Paris sur l’harmonisation et l’alignement de l’aide.

Les circonstances sont propices pour com- muniquer avec la population congolaise et favoriser une appropriation nationale de la coopération belgo-congolaise. De là l’idée d’un magazine, destiné à un public large, qui dépasse les seuls spécialistes du « monde du développement». Ce magazine s’adresse à tou- tes les forces vives de la société congolaise : acteurs étatiques ou non-étatiques, parlemen- taires, médias, forces économiques, ONGD, étudiants et simples citoyens. L’information par- ticipe à la transparence sur les programmes, un facteur essentiel pour l’émergence d’une citoyenneté responsable et impliquée. Cet outil de communication veut contribuer au renouvel- lement du contrat social entre les citoyens

AVA N T- P R O P O S

J o h a n S W I N N E N

Ambassadeur de Belgique en RDC

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Le Ministre belge de la coopération au développement, Armand De Decker, en visite sur le site des travaux de nettoyage du canal Bitchaku-Tchaku.

E D I T O R I A L

M a n o l o D E M E U R E

Représentant Résident Coopération Technique Belge

P a u l C A R T I E R

Ministre-Conseiller à la Coopération au Développement Les brigades communales s’activent au nettoyage des collecteurs

et des caniveaux de Kinshasa depuis le mois d’août 2006.

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manière isolée mais comme faisant partie d’une stratégie globale de reconstruction de l’Etat congolais, qui doit intégrer le besoin fondamen- tal d’attention aux questions de sécurité et à la mise en place d’institutions de gouvernance démocratique.

Le programme d’urgence post-électoral prévu sur deux ans, s’articule autour de huit volets.

A savoir l’assainissement, l’accès à l’eau potable à Kinshasa, Mbuji-Mayi et Lubumbashi, le désensablement du port de Kalémie (Haut- Tanganyika), la construction de routes au Congo-Central et à Kinshasa, la réhabilitation de bacs à moteurs en zones rurales, ainsi que la livraison de bus pour le transport des étudiants vers l’université de Kinshasa. Avec une enveloppe de 25 millions d’euros, il vise l’amélioration des conditions de vie des populations pauvres. La création massive d’emplois via la stratégie HIMO (Haute Intensité de Main d’Oeuvre) constitue l’un des principes direc- teurs du programme.

Un programme d’urgence pour consolider la paix

L

a guerre qui a ravagé la République Démocratique du Congo durant près d’une décennie, est venue saper un Etat déjà fragilisé par des années de mal gou- vernance. Aujourd’hui, la plupart des observa- teurs internationaux considèrent que la restau- ration de l’Etat constitue l’un des défis majeurs de l’Afrique centrale en général et de la RDC en particulier. Le redressement du pays passera par la construction d’un Etat capable d’assumer ses fonctions de services publics (notamment dans le secteur de la santé, de l’éducation et de

la justice). Ce qui suppose au moins trois dimensions : la sécurité, la reconstitution de la légitimité et l’efficacité de l’action publique.

Si les élections, par ailleurs remarquablement réussies, sont une étape importante vers la pacification et la construction de la démocratie, la RDC n’en est pas pour autant sortie de la crise. Les risques de résurgence des tensions restent bien présentes. Dans ce type de contexte instable, il est important d’agir rapide- ment (ce qui ne veut pas dire dans la précipita-

tion) et de montrer à la population que l’Etat prend les choses en main. La fourniture rapide, et visible, de services aux populations participe au rétablissement de la confiance et de la légi- timité. C’est un des objectifs du programme d’urgence. Il veut témoigner de la volonté du gouvernement nouvellement élu de répondre aux besoins et aux demandes des citoyens sans trop attendre.

La fourniture de services publics est directe- ment liée à la légitimation de l’Etat ; les citoyens ont tendance à retirer leur soutien au

gouvernement qui ne veut (ou ne peut) fournir les services publics de base et les opportunités de dévelop- pement économique. L’incapacité ou le manque de volonté tangible d’un Etat, à améliorer les services, couplés aux tensions ethniques constituent des sources potentielles d’échecs qui peuvent mener à la résurgence des conflits. Au-delà d’une réponse aux besoins des populations, la légitima- tion de l’Etat constitue donc l’un des objectifs sous-jacents du programme d’urgence post-électoral. Celui-ci ne peut cependant se concevoir de J e a n - C h r i s t o p h e C H A R L I E R – E x p e r t G o u v e r n a n c e

MINISTÈRES IMPLIQUÉS :

Ministère du Plan

Coordination intersectorielle

Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation Ministère de tutelle des provinces, villes et communes

Ministère des Travaux Publics Cellule Infrastructures

Ministère de l’Energie

Direction de l’Eau et de l’Hydrologie

Les gros bacs bimoteurs permettent aux camions de gros tonnage de franchir le fleuve Congo et les rivières en zones rurales. La réhabilitation de plusieurs bacs permettra de désenclaver des populations entières à l’intérieur du pays. Cela devrait contribuer à la réunification du pays et favoriser la reprise des activités économiques.

L’ensablement du port de Kalémie (sur le lac Tanganyka) contraint les bateaux à débarquer en pleine mer, à bords de petites unités flottantes.

Une situation dangereuse et peu pratique, qui grève sérieusement l’expansion économique du port.

Les femmes sont employées au même titre que les hommes via des activités légères telles que le sarclage, le désherbage, le nettoyage des berges ou le transport de fardeaux.

BUDGET 25.000.000€

Voiries et assainissement à Kinshasa 11 .017.295€

Eau et assainissement à Lubumbashi 1. 800.000€

Voiries et assainissement à Mbuji-Mayi 2.000.134€

Réhabilitation de bacs en zones rurales 2.200.000€

Réhabilitation de la route Boma – Tshela 1.800.000€

Désensablement du port de Kalémie 1.400.000€

Approvisionnement en eau potable à Kinshasa 2.005.100€

Achat de bus pour l’Université de Kinshasa 300.000€

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manière isolée mais comme faisant partie d’une stratégie globale de reconstruction de l’Etat congolais, qui doit intégrer le besoin fondamen- tal d’attention aux questions de sécurité et à la mise en place d’institutions de gouvernance démocratique.

Le programme d’urgence post-électoral prévu sur deux ans, s’articule autour de huit volets.

A savoir l’assainissement, l’accès à l’eau potable à Kinshasa, Mbuji-Mayi et Lubumbashi, le désensablement du port de Kalémie (Haut- Tanganyika), la construction de routes au Congo-Central et à Kinshasa, la réhabilitation de bacs à moteurs en zones rurales, ainsi que la livraison de bus pour le transport des étudiants vers l’université de Kinshasa. Avec une enveloppe de 25 millions d’euros, il vise l’amélioration des conditions de vie des populations pauvres. La création massive d’emplois via la stratégie HIMO (Haute Intensité de Main d’Oeuvre) constitue l’un des principes direc- teurs du programme.

Un programme d’urgence pour consolider la paix

L

a guerre qui a ravagé la République Démocratique du Congo durant près d’une décennie, est venue saper un Etat déjà fragilisé par des années de mal gou- vernance. Aujourd’hui, la plupart des observa- teurs internationaux considèrent que la restau- ration de l’Etat constitue l’un des défis majeurs de l’Afrique centrale en général et de la RDC en particulier. Le redressement du pays passera par la construction d’un Etat capable d’assumer ses fonctions de services publics (notamment dans le secteur de la santé, de l’éducation et de

la justice). Ce qui suppose au moins trois dimensions : la sécurité, la reconstitution de la légitimité et l’efficacité de l’action publique.

Si les élections, par ailleurs remarquablement réussies, sont une étape importante vers la pacification et la construction de la démocratie, la RDC n’en est pas pour autant sortie de la crise. Les risques de résurgence des tensions restent bien présentes. Dans ce type de contexte instable, il est important d’agir rapide- ment (ce qui ne veut pas dire dans la précipita-

tion) et de montrer à la population que l’Etat prend les choses en main. La fourniture rapide, et visible, de services aux populations participe au rétablissement de la confiance et de la légi- timité. C’est un des objectifs du programme d’urgence. Il veut témoigner de la volonté du gouvernement nouvellement élu de répondre aux besoins et aux demandes des citoyens sans trop attendre.

La fourniture de services publics est directe- ment liée à la légitimation de l’Etat ; les citoyens ont tendance à retirer leur soutien au

gouvernement qui ne veut (ou ne peut) fournir les services publics de base et les opportunités de dévelop- pement économique. L’incapacité ou le manque de volonté tangible d’un Etat, à améliorer les services, couplés aux tensions ethniques constituent des sources potentielles d’échecs qui peuvent mener à la résurgence des conflits. Au-delà d’une réponse aux besoins des populations, la légitima- tion de l’Etat constitue donc l’un des objectifs sous-jacents du programme d’urgence post-électoral. Celui-ci ne peut cependant se concevoir de

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A c t u a l i t é > 5

J e a n - C h r i s t o p h e C H A R L I E R – E x p e r t G o u v e r n a n c e

MINISTÈRES IMPLIQUÉS :

Ministère du Plan

Coordination intersectorielle

Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation Ministère de tutelle des provinces, villes et communes

Ministère des Travaux Publics Cellule Infrastructures

Ministère de l’Energie

Direction de l’Eau et de l’Hydrologie

Les gros bacs bimoteurs permettent aux camions de gros tonnage de franchir le fleuve Congo et les rivières en zones rurales. La réhabilitation de plusieurs bacs permettra de désenclaver des populations entières à l’intérieur du pays. Cela devrait contribuer à la réunification du pays et favoriser la reprise des activités économiques.

L’ensablement du port de Kalémie (sur le lac Tanganyka) contraint les bateaux à débarquer en pleine mer, à bords de petites unités flottantes.

Une situation dangereuse et peu pratique, qui grève sérieusement l’expansion économique du port.

Les femmes sont employées au même titre que les hommes via des activités légères telles que le sarclage, le désherbage, le nettoyage des berges ou le transport de fardeaux.

BUDGET 25.000.000€

Voiries et assainissement à Kinshasa 11 .017.295€

Eau et assainissement à Lubumbashi 1. 800.000€

Voiries et assainissement à Mbuji-Mayi 2.000.134€

Réhabilitation de bacs en zones rurales 2.200.000€

Réhabilitation de la route Boma – Tshela 1.800.000€

Désensablement du port de Kalémie 1.400.000€

Approvisionnement en eau potable à Kinshasa 2.005.100€

Achat de bus pour l’Université de Kinshasa 300.000€

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accentue encore la crise dans laquelle il est alors plongé. Les ruraux, confrontés à la néces- sité d’étoffer leurs moyens de subsistance, migrent toujours plus nombreux vers Kinshasa, improbable Eldorado. Mais leurs espoirs de vie meilleure s’estompent dès l’entame des années 90. En 1991 et 1992, les « pillages » achèvent de ruiner l’économie du Congo.

Enfin, la guerre survenue en 1998, entraîne vers la capitale un flot considérable de réfugiés et de déplacés issus de toutes les provinces.

On a presque de la peine à imaginer que Kinshasa ne compte que 400 000 habitants lors de l'indépendance en 1960. A partir de ce moment, la population croît de façon expo- nentielle. Les recensements connus dénom- brent 3 millions de Kinois en 1984 et près de 5 millions en 1995. Aujourd'hui, sur base des résultats des opérations d’enrôlement pour les récentes élections, on estime que 6 200 000 personnes peuplent la province urbaine de

Kinshasa, soit 10 % du total de la population congolaise. Rien qu’en ville, ils sont un peu moins de 6 millions à s’entasser sur une sur- face habitable de seulement 280 km2, ce qui donne une densité moyenne de population affolante, de l’ordre de 22.000 habitants au km2, les autres occupant la proche zone rurale. De plus, cette urbanisation galopante ne devrait pas s’arrêter là. La plupart des pro- jections tablent en effet sur un dépassement du seuil des 10 millions de citadins à l’horizon 2015. Ce qui fera entrer Kinshasa, actuelle- ment la deuxième agglomération d’Afrique noire derrière Lagos, dans le top 30 des méga- cités de la planète.

Une ville tentaculaire

24 communes administratives, elles-mêmes subdivisées en 310 quartiers, composent Kinshasa. Au Nord et à l’Est, la plaine qui suit la courbe du fleuve abrite la ville basse et ses anciennes communes, lesquelles ont bénéficié

d’une urbanisation moderne assortie d’aména- gements en eau et électricité. A cela, sont venues s’ajouter de nouvelles communes, dans lesquelles les infrastructures publiques demeurent rares, voire inexistantes. En l’absence de normes urbanistiques, certains quartiers se sont même étendus dans les zones inondables et érosives.

En 1960, l’indépendance marque la fin d’une politique d’aménagement du territoire. Les autorités congolaises de l’époque, assistent sans réagir à l’urbanisation anarchique de la ville. Les quelques initiatives visant à juguler le phénomène n’aboutissent jamais : Kinshasa s’étend comme une tache d’huile dans toutes les directions. Par ailleurs, les tentatives desti- nées à produire un habitat social, public ou privé, n’existent qu’à l’état embryonnaire. Dès lors, des communes entières voient le jour spon- tanément dans de vastes zones d’extension.

>>

Kinshasa

ville géante à assainir

AVEC PLUS DE 6 MILLIONS D’HABITANTS, KINSHASA FIGURE SUR LA LISTE DES 50 MÉGAPOLES LES PLUS PEUPLÉES AU MONDE. IL A FALLU À PEINE UN SIÈCLE, POUR QU’UNE POUSSÉE DÉMOGRAPHIQUE AHURISSANTE

TRANSFORME L’ANCIENNE PETITE BOURGADE DE 10.000 ÂMES EN CITÉ MAMMOUTH. SOUS L’EFFET DE CETTE

EXPLOSION URBAINE, L’INSALUBRITÉ EST ALLÉE CROISSANTE AU POINT DE MÉTAMORPHOSER « KIN-LA-BELLE ».

À

raison de 5.000 m3de déchets pro- duits journellement, ce sont de véri- tables montagnes d’immondices qui barrent à présent l’horizon des Kinois ! La capi- tale pâtit en outre de sa situation géographique particulière : amphithéâtre naturel construit sur un sol argilo - sableux, le site est aux prises avec des problèmes d’inondations au niveau de la ville basse qui borde le fleuve, et se trouve en même temps confronté à un important phé- nomène d’érosion, à l’origine de glissements de terrains dans les collines où s’est développée la ville haute. Qui plus est, certains facteurs tels que le déboisement, la pluviométrie, la détério- ration du système d’égouttage ou encore l’urba- nisation anarchique, aggravent la crise de l’en- vironnement face à laquelle les pouvoirs publics, affaiblis et dépourvus de moyens, se montrent impuissants.

C’est après l’indépendance, entre 1960 et 1970, que la croissance démographique de Kinshasa s’est accélérée, sous la pression de l’exode rural provoqué par la guerre civile. Kinshasa accueille à cette époque des «réfugiés» en masse, fuyant l’insécurité des provinces en proie aux troubles. Leur installation en ville et aux abords de celle-ci est du reste, favorisée par les leaders politiques, qui y voient le moyen de gonfler leur électorat kinois suite à la création de nombreux partis à connotation tribale.

A partir des années 70, le flux de population vers la capitale continue de s’intensifier à mesure que se paupérisent les campagnes, fortement touchées par la politique de

« Zaïrianisation » de l’économie nationale.

Entre 1980 et 1990, le programme d’ajuste- ment structurel imposé au pays par le FMI

(7)

accentue encore la crise dans laquelle il est alors plongé. Les ruraux, confrontés à la néces- sité d’étoffer leurs moyens de subsistance, migrent toujours plus nombreux vers Kinshasa, improbable Eldorado. Mais leurs espoirs de vie meilleure s’estompent dès l’entame des années 90. En 1991 et 1992, les « pillages » achèvent de ruiner l’économie du Congo.

Enfin, la guerre survenue en 1998, entraîne vers la capitale un flot considérable de réfugiés et de déplacés issus de toutes les provinces.

On a presque de la peine à imaginer que Kinshasa ne compte que 400 000 habitants lors de l'indépendance en 1960. A partir de ce moment, la population croît de façon expo- nentielle. Les recensements connus dénom- brent 3 millions de Kinois en 1984 et près de 5 millions en 1995. Aujourd'hui, sur base des résultats des opérations d’enrôlement pour les récentes élections, on estime que 6 200 000 personnes peuplent la province urbaine de

Kinshasa, soit 10 % du total de la population congolaise. Rien qu’en ville, ils sont un peu moins de 6 millions à s’entasser sur une sur- face habitable de seulement 280 km2, ce qui donne une densité moyenne de population affolante, de l’ordre de 22.000 habitants au km2, les autres occupant la proche zone rurale. De plus, cette urbanisation galopante ne devrait pas s’arrêter là. La plupart des pro- jections tablent en effet sur un dépassement du seuil des 10 millions de citadins à l’horizon 2015. Ce qui fera entrer Kinshasa, actuelle- ment la deuxième agglomération d’Afrique noire derrière Lagos, dans le top 30 des méga- cités de la planète.

Une ville tentaculaire

24 communes administratives, elles-mêmes subdivisées en 310 quartiers, composent Kinshasa. Au Nord et à l’Est, la plaine qui suit la courbe du fleuve abrite la ville basse et ses anciennes communes, lesquelles ont bénéficié

d’une urbanisation moderne assortie d’aména- gements en eau et électricité. A cela, sont venues s’ajouter de nouvelles communes, dans lesquelles les infrastructures publiques demeurent rares, voire inexistantes. En l’absence de normes urbanistiques, certains quartiers se sont même étendus dans les zones inondables et érosives.

En 1960, l’indépendance marque la fin d’une politique d’aménagement du territoire. Les autorités congolaises de l’époque, assistent sans réagir à l’urbanisation anarchique de la ville. Les quelques initiatives visant à juguler le phénomène n’aboutissent jamais : Kinshasa s’étend comme une tache d’huile dans toutes les directions. Par ailleurs, les tentatives desti- nées à produire un habitat social, public ou privé, n’existent qu’à l’état embryonnaire. Dès lors, des communes entières voient le jour spon- tanément dans de vastes zones d’extension.

>>

Kinshasa

ville géante à assainir

AVEC PLUS DE 6 MILLIONS D’HABITANTS, KINSHASA FIGURE SUR LA LISTE DES 50 MÉGAPOLES LES PLUS PEUPLÉES AU MONDE. IL A FALLU À PEINE UN SIÈCLE, POUR QU’UNE POUSSÉE DÉMOGRAPHIQUE AHURISSANTE

TRANSFORME L’ANCIENNE PETITE BOURGADE DE 10.000 ÂMES EN CITÉ MAMMOUTH. SOUS L’EFFET DE CETTE

EXPLOSION URBAINE, L’INSALUBRITÉ EST ALLÉE CROISSANTE AU POINT DE MÉTAMORPHOSER « KIN-LA-BELLE ».

6

F É V R I E R 0 7 | N°1

D o s s i e r > 7

À

raison de 5.000 m3de déchets pro- duits journellement, ce sont de véri- tables montagnes d’immondices qui barrent à présent l’horizon des Kinois ! La capi- tale pâtit en outre de sa situation géographique particulière : amphithéâtre naturel construit sur un sol argilo - sableux, le site est aux prises avec des problèmes d’inondations au niveau de la ville basse qui borde le fleuve, et se trouve en même temps confronté à un important phé- nomène d’érosion, à l’origine de glissements de terrains dans les collines où s’est développée la ville haute. Qui plus est, certains facteurs tels que le déboisement, la pluviométrie, la détério- ration du système d’égouttage ou encore l’urba- nisation anarchique, aggravent la crise de l’en- vironnement face à laquelle les pouvoirs publics, affaiblis et dépourvus de moyens, se montrent impuissants.

C’est après l’indépendance, entre 1960 et 1970, que la croissance démographique de Kinshasa s’est accélérée, sous la pression de l’exode rural provoqué par la guerre civile. Kinshasa accueille à cette époque des «réfugiés» en masse, fuyant l’insécurité des provinces en proie aux troubles. Leur installation en ville et aux abords de celle-ci est du reste, favorisée par les leaders politiques, qui y voient le moyen de gonfler leur électorat kinois suite à la création de nombreux partis à connotation tribale.

A partir des années 70, le flux de population vers la capitale continue de s’intensifier à mesure que se paupérisent les campagnes, fortement touchées par la politique de

« Zaïrianisation » de l’économie nationale.

Entre 1980 et 1990, le programme d’ajuste- ment structurel imposé au pays par le FMI

(8)

Aujourd’hui, les Masina, Bumbu, Kisenso, Kimbanseke, Selembao, Makala, Ndijli et autre Ngaba, recèlent une importante population très précarisée. Globalement, la phy- sionomie de l’habitat de Kinshasa s’analyse au travers de ses différents quartiers. Outre ceux d’extension dont nous venons de dire un mot, voici ce qu’on trouve :

Les quartiers résidentiels

Ils sont implantés dans les communes de Lemba (Righini), Gombe, Limete et Ngaliema (Mbinza Ma campagne et Mbinza IPN). Ces quartiers de standing bénéficient d’un plan d’urbanisation et sont dotés de véritables infrastructu- res (routes bitumées, canalisation des eaux de ruisselle- ment, etc.). La densité de population y est faible et l’écono- mie informelle peu visible. Aisés, la plupart des résidents effectuent leurs déplacements à l’aide de leurs véhicules.

C’est là que l’on trouve les belles villas, les piscines, les ter- rains de golf et de tennis, les nombreux bars, hôtels et res- taurants chics.

Les quartiers des anciennes cités

Ils se situent dans les communes de Kinshasa, Lingwala, Barumbu et Kintambo. Les vieilles habitations qui s’y trou- vent se sont pour la plupart transformées en taudis. Les routes sont dégradées, les canalisations d’eau complète- ment bouchées et les chaussées piétonnières toujours en attente d’être aménagées. De ce fait, l’assainissement constitue un sérieux problème : de nombreux cas de cho- léra y sont recensés. D’une densité très forte et de classe moyenne, la population développe de nombreuses activités informelles dans ces parages.

Les quartiers des cités planifiées

On les trouve dans les communes de Lemba, Matete, Ndijli (quartiers 1 à 7), Kalamu et Bandalungwa. Elles disposent d’infrastructures et de commodités, mais sont néanmoins vétustes et inadaptées. Les habitations, conçues à l’origine pour un couple avec 2 enfants, en abritent aujourd’hui 7 en moyenne, dans des parcelles qui ne dépassent pas 300 m2. Egalement de niveau moyen, les très nombreux habitants se débattent avec un système de canalisation des eaux ménagères inexistant ou hors d’usage.

Les quartiers semi-ruraux

Installés sur le territoire des communes de Maluku, Nsele, Mont-Ngafula. Peu habitées, ces communes constituent la banlieue agricole et industrielle (sidérurgie de Maluku) de Kinshasa. Cités dortoirs (Mpasa), elles accueillent égale- ment des activités récréatives (Kinkole) et maraîchères (Mont-Ngafula).

Un nouveau souffle pour la Plate-Forme

Assainissement de Kinshasa

«Kin la poubelle» doit redevenir «Kin la belle».

C’est le défi à la réussite duquel contribue cette fameuse plate-forme en faveur de l’assainissement de Kinshasa. Créée en mars 2006, sous l’initiative du programme d’appui aux services de base

de la SNV (organisation néérlandaise de développement), elle a vocation de fédérer les compétences et les moyens d’action disponibles

sur place, aux fins de proposer une approche globale et intégrée de la problématique des déchets.

La SNV était motivée par le constat que la dispersion des interventions empêchait la mise

en route d’un plan de lutte contre l’insalubrité réellement efficace, et que vu l’ampleur de la tâche, aucun acteur n’était en mesure d’agir seul.

En décembre dernier, les efforts du programme d’urgence post-électoral de la Coopération Technique Belge et de la SNV se sont conjugués pour donner une nouvelle impulsion à la plate- forme d’assainissement. La première étape de cette collaboration entre la SNV et la CTB, sera l’organisation en février 2007, à Kinshasa,

d’un séminaire sur la problématique de l’assainissement. Il s’agira de dresser le bilan de la situation pour proposer un schéma directeur de développement futur de la ville.

La plate-forme rassemble toute une série d’acteurs parmi lesquels on retrouve : les autorités municipales, des opérateurs privés, des ONG locales

et internationales, de grands bailleurs de fonds (Union européenne, Banque mondiale), sans oublier les Kinois eux-mêmes (via la société civile) très désireux de rendre un souffle nouveau à leur ville. Dans le cadre de la décentralisation, la plate-forme ambitionne de devenir un interlocu-

teur incontournable aux niveaux du futur Conseil Communal de développement et de la province de Kinshasa. Cette initiative s’inscrit dans le pur esprit de la Déclaration de Paris. C’est à dire une quête d’efficacité, et d’harmonie dans les méthodes de travail, avec un alignement sur les initiatives du gouvernorat, en matière d’assainissement.

Le curage du collecteur Isangi à Lingwala, éliminera les eaux stagnantes qui nuisent à la santé, en provoquant des maladies hydriques. La prolifération de nombreux insectes et animaux, vecteurs de maladies mortelles notamment (malaria, typhoïde, diarrhée, choléra) est directement liée aux problèmes d’assainissement.

O

n l’a vu, à Kinshasa, l’augmentation démographique vertigineuse des der- nières décennies, associée à la fai- blesse des interventions de l’Etat (ramassage de déchets, entretien des caniveaux, gestion des lieux publics, etc.), ont provoqué une dété- rioration de l’environnement absolument sans précédent. Au point que la splendeur dont se parait la capitale dans les années 50, n’est plus qu’un lointain souvenir effacé par l’image de

« ville poubelle ».

Cette problématique de gestion des déchets, se situe cependant au cœur des enjeux du

développement. Elle a une incidence directe sur la bonne gouvernance des centres urbains, de même qu’elle interpelle chacun dans son rapport à la chose et à l’espace public. Doivent donc se sentir étroitement concernés, aussi bien l’Etat et ses représentants, que les citoyens pris séparément ou dans leur ensemble, ainsi que tous les acteurs de la vie économique et sociale. Seulement voilà : les moyens dont dis- pose la municipalité de Kinshasa sont dérisoi- res en regard de l’ampleur de la tâche. D’après l’étude susmentionnée sur la pauvreté urbaine;

en 2004, l’entreprise publique PNA (Programme National d’Assainissement), en charge de l’éva- cuation des ordures, disposait pour tout maté- riel d’une pelle, de 2 camions porte-containers, de 2 camions bennes et de 160 bacs dispersés en ville. Soit : de quoi enlever quotidiennement 600 m3de déchets, pour une production plus de huit fois supérieures dans le même laps de temps ! Si l’on déduit de ce volume monstrueux la partie organique - en partie récupérée par les maraîchers pour en faire du compost - ce sont 4 000 m3d’immondices qui se déversent cha- que jour dans Kinshasa, la rendant toujours plus insalubre. A défaut de pouvoir organiser efficacement la collecte, le transport, la valorisa- tion et le traitement de ce gigantesque rebut ; la plupart des opérations de nettoyage massif initiées par la municipalité n’ont jamais donné aucun résultat probant.

Le programme d’urgence post-électoral mis en place par la Belgique propose une réponse immédiate à une situation critique, en s’atta- quant au curage de quelques grands collec- teurs d’eaux de pluie et à des caniveaux.

Toutefois, des solutions durables ne sont envi- sageables qu’à la condition de poursuivre les efforts déjà entrepris. Partant, toutes les parties en présence, tant les acteurs privés et étatiques que les forces vives de la société civile, doivent prendre leurs responsabilités en vue de régler la grave crise environnementale que traverse Kinshasa. A cet égard, la relance de la Plate- Forme des Acteurs de l’Assainissement de la Ville est sans doute un premier pas dans la bonne direction.

Un défi

pour les pouvoirs publics et les citoyens

« Mégacité aux mégaproblèmes» .

C’EST DE CETTE MANIÈRE QUE CLAUDINE TSHIMANGA MBUYI ET FRANCIS LELO NZUZI, APPRÉHENDENT LA QUESTION DE LA « PAUVRETÉ URBAINE À KINSHASA » À LAQUELLE ILS ONT CONSACRÉ UNE ÉTUDE TRÈS FOUILLÉE *.

ENTRE AUTRES MÉGAPROBLÈMES POSÉS PAR LES CITÉS

MASTODONTES AFRICAINES, CELUI DE LA GESTION

DES DÉCHETS S’AVÈRE PARTICULIÈREMENT ÉPINEUX.

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Aujourd’hui, les Masina, Bumbu, Kisenso, Kimbanseke, Selembao, Makala, Ndijli et autre Ngaba, recèlent une importante population très précarisée. Globalement, la phy- sionomie de l’habitat de Kinshasa s’analyse au travers de ses différents quartiers. Outre ceux d’extension dont nous venons de dire un mot, voici ce qu’on trouve :

Les quartiers résidentiels

Ils sont implantés dans les communes de Lemba (Righini), Gombe, Limete et Ngaliema (Mbinza Ma campagne et Mbinza IPN). Ces quartiers de standing bénéficient d’un plan d’urbanisation et sont dotés de véritables infrastructu- res (routes bitumées, canalisation des eaux de ruisselle- ment, etc.). La densité de population y est faible et l’écono- mie informelle peu visible. Aisés, la plupart des résidents effectuent leurs déplacements à l’aide de leurs véhicules.

C’est là que l’on trouve les belles villas, les piscines, les ter- rains de golf et de tennis, les nombreux bars, hôtels et res- taurants chics.

Les quartiers des anciennes cités

Ils se situent dans les communes de Kinshasa, Lingwala, Barumbu et Kintambo. Les vieilles habitations qui s’y trou- vent se sont pour la plupart transformées en taudis. Les routes sont dégradées, les canalisations d’eau complète- ment bouchées et les chaussées piétonnières toujours en attente d’être aménagées. De ce fait, l’assainissement constitue un sérieux problème : de nombreux cas de cho- léra y sont recensés. D’une densité très forte et de classe moyenne, la population développe de nombreuses activités informelles dans ces parages.

Les quartiers des cités planifiées

On les trouve dans les communes de Lemba, Matete, Ndijli (quartiers 1 à 7), Kalamu et Bandalungwa. Elles disposent d’infrastructures et de commodités, mais sont néanmoins vétustes et inadaptées. Les habitations, conçues à l’origine pour un couple avec 2 enfants, en abritent aujourd’hui 7 en moyenne, dans des parcelles qui ne dépassent pas 300 m2. Egalement de niveau moyen, les très nombreux habitants se débattent avec un système de canalisation des eaux ménagères inexistant ou hors d’usage.

Les quartiers semi-ruraux

Installés sur le territoire des communes de Maluku, Nsele, Mont-Ngafula. Peu habitées, ces communes constituent la banlieue agricole et industrielle (sidérurgie de Maluku) de Kinshasa. Cités dortoirs (Mpasa), elles accueillent égale- ment des activités récréatives (Kinkole) et maraîchères (Mont-Ngafula).

Un nouveau souffle pour la Plate-Forme

Assainissement de Kinshasa

«Kin la poubelle» doit redevenir «Kin la belle».

C’est le défi à la réussite duquel contribue cette fameuse plate-forme en faveur de l’assainissement de Kinshasa. Créée en mars 2006, sous l’initiative du programme d’appui aux services de base

de la SNV (organisation néérlandaise de développement), elle a vocation de fédérer les compétences et les moyens d’action disponibles

sur place, aux fins de proposer une approche globale et intégrée de la problématique des déchets.

La SNV était motivée par le constat que la dispersion des interventions empêchait la mise

en route d’un plan de lutte contre l’insalubrité réellement efficace, et que vu l’ampleur de la tâche, aucun acteur n’était en mesure d’agir seul.

En décembre dernier, les efforts du programme d’urgence post-électoral de la Coopération Technique Belge et de la SNV se sont conjugués pour donner une nouvelle impulsion à la plate- forme d’assainissement. La première étape de cette collaboration entre la SNV et la CTB, sera l’organisation en février 2007, à Kinshasa,

d’un séminaire sur la problématique de l’assainissement. Il s’agira de dresser le bilan de la situation pour proposer un schéma directeur de développement futur de la ville.

La plate-forme rassemble toute une série d’acteurs parmi lesquels on retrouve : les autorités municipales, des opérateurs privés, des ONG locales

et internationales, de grands bailleurs de fonds (Union européenne, Banque mondiale), sans oublier les Kinois eux-mêmes (via la société civile) très désireux de rendre un souffle nouveau à leur ville. Dans le cadre de la décentralisation, la plate-forme ambitionne de devenir un interlocu-

teur incontournable aux niveaux du futur Conseil Communal de développement et de la province de Kinshasa. Cette initiative s’inscrit dans le pur esprit de la Déclaration de Paris. C’est à dire une quête d’efficacité, et d’harmonie dans les méthodes de travail, avec un alignement sur les initiatives du gouvernorat, en matière d’assainissement.

Le curage du collecteur Isangi à Lingwala, éliminera les eaux stagnantes qui nuisent à la santé, en provoquant des maladies hydriques. La prolifération de nombreux insectes et animaux, vecteurs de maladies mortelles notamment (malaria, typhoïde, diarrhée, choléra) est directement liée aux problèmes d’assainissement.

O

n l’a vu, à Kinshasa, l’augmentation démographique vertigineuse des der- nières décennies, associée à la fai- blesse des interventions de l’Etat (ramassage de déchets, entretien des caniveaux, gestion des lieux publics, etc.), ont provoqué une dété- rioration de l’environnement absolument sans précédent. Au point que la splendeur dont se parait la capitale dans les années 50, n’est plus qu’un lointain souvenir effacé par l’image de

« ville poubelle ».

Cette problématique de gestion des déchets, se situe cependant au cœur des enjeux du

développement. Elle a une incidence directe sur la bonne gouvernance des centres urbains, de même qu’elle interpelle chacun dans son rapport à la chose et à l’espace public. Doivent donc se sentir étroitement concernés, aussi bien l’Etat et ses représentants, que les citoyens pris séparément ou dans leur ensemble, ainsi que tous les acteurs de la vie économique et sociale. Seulement voilà : les moyens dont dis- pose la municipalité de Kinshasa sont dérisoi- res en regard de l’ampleur de la tâche. D’après l’étude susmentionnée sur la pauvreté urbaine;

en 2004, l’entreprise publique PNA (Programme National d’Assainissement), en charge de l’éva- cuation des ordures, disposait pour tout maté- riel d’une pelle, de 2 camions porte-containers, de 2 camions bennes et de 160 bacs dispersés en ville. Soit : de quoi enlever quotidiennement 600 m3de déchets, pour une production plus de huit fois supérieures dans le même laps de temps ! Si l’on déduit de ce volume monstrueux la partie organique - en partie récupérée par les maraîchers pour en faire du compost - ce sont 4 000 m3d’immondices qui se déversent cha- que jour dans Kinshasa, la rendant toujours plus insalubre. A défaut de pouvoir organiser efficacement la collecte, le transport, la valorisa- tion et le traitement de ce gigantesque rebut ; la plupart des opérations de nettoyage massif initiées par la municipalité n’ont jamais donné aucun résultat probant.

Le programme d’urgence post-électoral mis en place par la Belgique propose une réponse immédiate à une situation critique, en s’atta- quant au curage de quelques grands collec- teurs d’eaux de pluie et à des caniveaux.

Toutefois, des solutions durables ne sont envi- sageables qu’à la condition de poursuivre les efforts déjà entrepris. Partant, toutes les parties en présence, tant les acteurs privés et étatiques que les forces vives de la société civile, doivent prendre leurs responsabilités en vue de régler la grave crise environnementale que traverse Kinshasa. A cet égard, la relance de la Plate- Forme des Acteurs de l’Assainissement de la Ville est sans doute un premier pas dans la bonne direction.

Un défi

pour les pouvoirs publics et les citoyens

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« Mégacité aux mégaproblèmes» .

C’EST DE CETTE MANIÈRE QUE CLAUDINE TSHIMANGA MBUYI ET FRANCIS LELO NZUZI, APPRÉHENDENT LA QUESTION DE LA « PAUVRETÉ URBAINE À KINSHASA » À LAQUELLE ILS ONT CONSACRÉ UNE ÉTUDE TRÈS FOUILLÉE *.

ENTRE AUTRES MÉGAPROBLÈMES POSÉS PAR LES CITÉS

MASTODONTES AFRICAINES, CELUI DE LA GESTION

DES DÉCHETS S’AVÈRE PARTICULIÈREMENT ÉPINEUX.

(10)

L

es deux grands collecteurs d’évacua- tion des eaux de pluie vers le fleuve nommés « Okapi et Bitchaku –Tchaku » ainsi que leurs affluents, seront nettoyés et curés. C’est une étape préliminaire indispensa- ble avant la mise au point d’un système global d’élimination des déchets solides. Cela permettra de diminuer la fréquence et la violence des inondations. Les activités de réhabilitation des routes portent sur Ngaliema et Kimbanseke. La construction de caniveaux (drainage) concerne surtout Masina et Lingwala. La lutte anti-érosive se concentre sur Kimbanseke ainsi que partout où la population exerce une pression sur l’environnement.

NSELE

KIMBANSEKE MASINA

NDIJLI LIMETE

KISENSO LEMBA

MATETE BUMBU

NGIRI-NGIRI

KINTAMBO KASA-VUBU

LINGWALA KINSHASA

GOMBE

BANDALUNGWA

KALAMU

MAKALA NGABA

MONT

-

NGAFULA SELEMBAO NGALIEMA

BARUMBU

Voirie

PHOTO 3 > Pour désenclaver les quartiers ouest de Kinshasa, la route bétonnée de Mama Yemo sera réhabilitée. Au total une dizaine de km seront construits ou réhabilités.

Lutte anti-érosive

PHOTO 1 > Pour lutter contre l’érosion, l’amé- nagement de digues en sacs de terre est privi- légié. Selon le principe du terrassement, ces sacs diminuent les pentes et ralentissent ainsi les eaux de pluie.

PHOTO 6 > Nettoyage du collecteur OKAPI.

Suite à l’érosion, ce canal charrie les eaux chargées de sable de Kimbanseke. Ajouté aux tonnes de plastiques et de déchets solides, ce magma provoque des obstructions énormes.

Le curage de cet ouvrage permettra de diminuer les inondations qui déferlent réguliè- rement sur Masina..

Kin, fais-toi

belle!

Construction de caniveaux ou drainage

PHOTO 4 > La commune de Lingwala est sou- mise aux inondations chroniques. Ces ouvriers enlèvent les déchets et sédiments qui bloquent les eaux du collecteur Isangi. Des constructions en dur seront nécessaires pour éviter les ébou- lements des caniveaux en terre.

PHOTO 2 > Caniveaux bouchés près de l’ave- nue Mokali. Les riverains ont placé des sacs de terre afin de protéger leurs habitations. Pour assainir Kimbanseke, des activités de curage et de drainage sont en cours le long des trois artères principales de la commune.

PHOTO 7 > Le ruisseau naturel « Hindou », à l’Est de Masina, fait des ravages à chaque sai- son des pluies. Selon les riverains, « un enfant a été emporté par les eaux lors des dernières inondations ». Des caniveaux en dur seront construits sur plusieurs kilomètres, pour accé- lérer l’évacuation des eaux de pluie.

Curage

PHOTO 5 > Nettoyage du grand collecteur Bitchaku-Tchaku. Les résultats sont visibles, ces deux bouches qui mènent au fleuve, étaient complètement obstruées avant les travaux.

L’enlèvement des déchets, diminue la résistance hydraulique, facilite l’écoulement des eaux (ce qui réduit le risque d’inondations) et augmente la capacité de réserve des bassins de rétention.

1 3

2 4

5 6

7

Fleuve Congo

LES ACTIVITÉS DU PROGRAMME D’URGENCE POST- ELECTORAL A KINSHASA SE REPARTISSENT

SUR SIX COMMUNES : KIMBANSEKE, MASINA,

BARUMBU, KINSHASA, LINGWALA ET NGALIEMA.

Communes couvertes par le programme d’urgence post-électoral

(11)

L

es deux grands collecteurs d’évacua- tion des eaux de pluie vers le fleuve nommés « Okapi et Bitchaku –Tchaku » ainsi que leurs affluents, seront nettoyés et curés. C’est une étape préliminaire indispensa- ble avant la mise au point d’un système global d’élimination des déchets solides. Cela permettra de diminuer la fréquence et la violence des inondations. Les activités de réhabilitation des routes portent sur Ngaliema et Kimbanseke. La construction de caniveaux (drainage) concerne surtout Masina et Lingwala. La lutte anti-érosive se concentre sur Kimbanseke ainsi que partout où la population exerce une pression sur l’environnement.

NSELE

KIMBANSEKE MASINA

NDIJLI LIMETE

KISENSO LEMBA

MATETE BUMBU

NGIRI-NGIRI

KINTAMBO KASA-VUBU

LINGWALA KINSHASA

GOMBE

BANDALUNGWA

KALAMU

MAKALA NGABA

MONT

-

NGAFULA SELEMBAO NGALIEMA

BARUMBU

Voirie

PHOTO 3 > Pour désenclaver les quartiers ouest de Kinshasa, la route bétonnée de Mama Yemo sera réhabilitée. Au total une dizaine de km seront construits ou réhabilités.

Lutte anti-érosive

PHOTO 1 > Pour lutter contre l’érosion, l’amé- nagement de digues en sacs de terre est privi- légié. Selon le principe du terrassement, ces sacs diminuent les pentes et ralentissent ainsi les eaux de pluie.

PHOTO 6 > Nettoyage du collecteur OKAPI.

Suite à l’érosion, ce canal charrie les eaux chargées de sable de Kimbanseke. Ajouté aux tonnes de plastiques et de déchets solides, ce magma provoque des obstructions énormes.

Le curage de cet ouvrage permettra de diminuer les inondations qui déferlent réguliè- rement sur Masina..

Kin, fais-toi

belle!

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F É V R I E R 0 7 | N°1

D o s s i e r > 11

Construction de caniveaux ou drainage

PHOTO 4 > La commune de Lingwala est sou- mise aux inondations chroniques. Ces ouvriers enlèvent les déchets et sédiments qui bloquent les eaux du collecteur Isangi. Des constructions en dur seront nécessaires pour éviter les ébou- lements des caniveaux en terre.

PHOTO 2 > Caniveaux bouchés près de l’ave- nue Mokali. Les riverains ont placé des sacs de terre afin de protéger leurs habitations. Pour assainir Kimbanseke, des activités de curage et de drainage sont en cours le long des trois artères principales de la commune.

PHOTO 7 > Le ruisseau naturel « Hindou », à l’Est de Masina, fait des ravages à chaque sai- son des pluies. Selon les riverains, « un enfant a été emporté par les eaux lors des dernières inondations ». Des caniveaux en dur seront construits sur plusieurs kilomètres, pour accé- lérer l’évacuation des eaux de pluie.

Curage

PHOTO 5 > Nettoyage du grand collecteur Bitchaku-Tchaku. Les résultats sont visibles, ces deux bouches qui mènent au fleuve, étaient complètement obstruées avant les travaux.

L’enlèvement des déchets, diminue la résistance hydraulique, facilite l’écoulement des eaux (ce qui réduit le risque d’inondations) et augmente la capacité de réserve des bassins de rétention.

1 3

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5 6

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Fleuve Congo

LES ACTIVITÉS DU PROGRAMME D’URGENCE POST- ELECTORAL A KINSHASA SE REPARTISSENT

SUR SIX COMMUNES : KIMBANSEKE, MASINA,

BARUMBU, KINSHASA, LINGWALA ET NGALIEMA.

Communes couvertes par le programme d’urgence post-électoral

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Sam Izemoke

< 2

24 ans, célibataire, sans enfants

L’ouvrier du chantier

J’

habite dans les environs du collecteur Okapi qui est situé dans le quartier Pascal à Masina. Je travaille comme ouvrier pour le projet de la CTB avec mes deux cent vingt-six autres collègues. Dans l’exécution de notre tâche, nous nous butons souvent aux pro- blèmes de constructions anarchiques que nous rencontrons sur le tracé du collecteur. En le curant de fond en comble, nous touchons par- fois à certaines parties des habitations ; ce qui nous attire des menaces et des attaques des personnes concernées. En outre, notre travail dans des eaux insalubres nécessiterait que ces eaux soient préalablement désinfectées car ce n’est pas agréable de travailler en supportant ces odeurs nauséabondes.

Paul Makola

< 4

71 ans, ajusteur de profession, marié, père de 7 enfants

Le riverain menacé d’expropriation

J

e vis ici depuis plusieurs années. Le travail de curage de ce collecteur piloté par la CTB mérite d’être salué, car il permet d’éviter de nombreux sinistres à notre quartier. Jadis, quand il pleuvait, il fallait se faire transporter dans des chariots pour sortir de chez soi telle- ment les parcelles étaient souvent inondées du fait du débordement des eaux. Aujourd’hui, nous ne vivons plus ce scénario catastrophe.

Thérèse Mwanga

< 3

44 ans, mariée, mère de 7 enfants

La « maman », moteur économique de son foyer

M

aman Thérèse a été engagée début octobre 2006 pour le chantier piloté par la CTB à Masina. Elle habite tout près du chantier, sur l’avenue Solidarité. « Nous sommes une trentaine de femmes à travailler aux côtés des cantonniers sur le chantier du collecteur Okapi. Notre tâche consiste à dégager les monceaux de terre sur les abords des

caniveaux pour empêcher qu’ils retombent.

Puis, nous trions les déchets qui ne sont pas biodégradables des autres. Nous les amassons en vue de leur ramassage par les évacuateurs qui les acheminent ensuite vers les décharges publiques. Enfin, nous plantons du gazon sur les aires ainsi amé- nagées. La plupart d’entre nous habitent le même quartier. Je tiens à préciser que nous sommes bien traitées et que nous ne fai- sons l’objet d’aucune discrimination, ni au regard de notre sexe, ni pour les tâches à effectuer et encore moins pour notre rému- nération », explique maman Thérèse.

Pour son travail, elle touche 2000 francs congolais par jour soir 12.000 francs par semaine (environ 24 dollars). « J’en suis comblée, précise Thérèse Mwanga. Au début, nous étions la risée de tous.

Aujourd’hui, notre travail impose le respect et attire parfois la convoitise des autres. Il est vrai que ce que nous gagnons ne couvre pas tous nos besoins. Mais pour moi, c’est une aubaine étant donné que mon activité antérieure se limitait à distiller de la boisson alcoolisée pour des revenus dérisoires. Je vendais toujours à tempérament, car la plu- part de mes clients étaient des personnes vraiment démunies. Ce que je gagne aujourd’hui me permet d’assurer le paie-

ment de quelques frais de scolarité de mes enfants, l’approvisionnement de mon foyer sans devoir nécessairement attendre le – maigre – salaire de mon mari.

C’est pour moi un motif de fierté de contribuer, en tant que femme, à l’améliora- tion du niveau de vie de ma famille et des conditions de vie des habitants de mon quartier ».

Si maman Thérèse estime que ce travail est un réel « plus » pour sa personne, elle aimerait toutefois recevoir une ration journalière de lait « vu les conditions d’insalubrité dans lesquelles nous devons travailler », conclut-elle.

O

mer Kikala est chef de la brigade « assai- nissement » de la commune de Masina.

Il dirige une équipe de 227 personnes. C’est lui qui supervise les travaux au collecteur Okapi.

« Je n’habite pas ici mais au quartier Mikondo, dans la commune de la N’sele. J’avais déjà été chef de service adjoint au service de l’Urbanisme de la même commune. La CTB avait organisé une formation à notre intention et j’ai la chance de travailler sur ce chantier depuis le mois de septembre 2006 », com- mente Omer Kikala qui précise que les gens qui travaillent sur le chantier sont en priorité recru- tés parmi les riverains victimes des inondations.

« Avant notre arrivée, chaque fois qu’il pleuvait, le boulevard Lumumba était inondé à ce niveau.

Il y avait toujours des dégâts matériels considé- rables et, parfois, des pertes en vies humaines.

Depuis que nous sommes là, la situation est maîtrisée, le secteur est bien assaini ».

Fonctionnaire communal, Omer Kikala explique en quoi consiste son travail. « Nous curons d’abord les caniveaux, puis, nous excavons les détritus qui viennent des communes de

Kimbanseke et de N’Djili, des déchets solides qui sont évacués du Marché de la Liberté, de l’Hôpital Mutombo Dikembe ainsi que de l’Hôpital Roi Baudouin et qui sont versés dans le collecteur. Nous sommes tenus de les exca- ver et de les déposer chaque fois sur les berges de manière à ce qu’une fois entassés, un éva- cuateur puisse les ramasser et les déposer sur l’une des décharges publiques déterminées par l’Hôtel de Ville ».

Mais ce n’est pas tout… « Ensuite, nous inter- venons pour décourager les inondations là où le problème se pose. Concrètement, forts de la science acquise lors de la formation dont nous avons bénéficié, particulièrement avec la défini- tion des tâches, l’évaluation du rendement des tâcherons, le travail en hauteur, en profondeur et en largeur, tout cela nous permet de faire des ouvrages de qualité en un temps record », explique fièrement Omer Kikala. « Ces travaux empêchent les eaux en furie de se répandre et de causer des dégâts. Nous devons faire en sorte qu’elles coulent de manière tout à fait normale ».

Paul Kambombo

49 ans, marié et père de 6 enfants

Le bourgmestre de Kimbanseke

J

e peux dire que ma juridiction est plutôt bénéficiaire de la convention de prestation de service signée avec la Coopération Technique Belge. Dans ce cadre, un comité communal de développement, émanation des différents comités locaux élus, a été mis en place. Ces comités représentent toutes les couches de la population. Pour ma part, j’ai contribué à l’identification des problèmes qui se posent dans ma circonscription ».

Trois programmes de la CTB sont en cours dans la commune de Paul Kambombo : le Paideco (Programme d’appui institutionnel pour le développement communautaire), le PPU (Programme post-électoral d’urgence) et le programme d’adduction d’eau.

« Quand nous lançons un appel d’offre, l’ONG qui décroche le marché en toute transparence signe individuellement le contrat avec la CTB;

qui en informe ensuite la commune. Ma tâche consiste à veiller à l’utilisation rationnelle des matériaux et à l’exécution des travaux dans les délais impartis. Je ne suis pas impliqué dans la gestion des fonds alloués au projet. Je suis l’in- termédiaire entre la CTB et ses partenaires locaux », précise Paul Kambombo.

« Je suis impatient de voir la fin de tous ces pro- jets. Car, pour l’heure, seul le Paideco est déjà opérationnel. Les actions à mettre en œuvre consistent, entre autres, à la réhabilitation et à la construction des collecteurs et caniveaux, le curage des rivières et des caniveaux ainsi qu’à l’assainissement du milieu de vie. La commune seule ne sait pas faire face à tous ces problèmes ; au grand dam de la population qui vit dans la crasse et qui se plaint d’être abandonnée face aux sinistres à répétition qu’elle doit subir », conclut le bourgmestre de Kimbanseke.

Sheila Kabamba

25 ans, ménagère, mariée, mère d’un enfant

La riveraine

embarrassée par les travaux

L

e travail de l’ouvrage, tel qu’il se fait, ren- contre l’assentiment de nous tous dans le quartier, déclare Sheila Kabamba. Mais c’est la manière dont ce travail est réalisé qui nous cause du tort. Le mur de ma maison s’est écroulé, tellement on a creusé jusqu’au-delà de la limite des fondations de ma maison. J’ai perdu des biens dans cette infortune. J’attends maintenant que l’autorité publique m’indemnise.

Quand le collecteur sera construit, j’attends qu’on reconstruise le mur de ma maison.

Parole

aux acteurs

Omer Ngalema Kikala

< 1

56 ans, marié, père de 8 enfants

Le fonctionnaire communal

1

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3 4

J e a n n e M B A N G A

Referenties

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