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Pauvres, mais honnêtes, nous paraissons quand nous pouvons, et notamment le vendredi 26 décembre 2014

Année 2014, numéro 24

RDC

Moïse botte au-delà du Rubicon

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Moïse botte au-delà du Rubicon

Lorsqu’un événement « fait un tabac » médiatique,il est toujours difficile de savoir si, dans quelque temps,il continuera à passer pour important et prendra alors peut-être rang parmi les événements historiques, ou s’il retombera comme un soufflé qui refroidit. La « parabole des penaltys » appartient à cette catégorie de faits.

En l’occurrence, il pourrait s’agir du craquement annonçant une fissure de première grandeur dans la « Majorité Présidentielle » congolaise, voire même du passage de Moïse Katumbi dans une certaine opposition, celle à tout le moins qui n’accepte pas l’idée d’une nouvelle prolongation au pouvoir de Joseph Kabila.

A mes yeux, il s’agit moins d’une confrontation entre Majorité et Opposition que d’un affrontement entre les démocrates partisans d’élections honnêtes et ceux qui ne reculent pas devant la fraude pour se maintenir. C’est pourquoi il nous semble nécessaire de rappeler sans cesse que les élections de novembre-décembre 2011 ont été tout simplement NULLES et que toute autorité prétendue ne relève plus que de la force, de l’intimidation, d’un coup d’état de fait, dont le principal ressort consiste à progresser, comme si de rien n’était, dans les tâches qui suivent normalement une élection et à mettre le pays et le monde devant le fait accompli.

Les élections de 2011 ont donné des résultats qu'une personne avisée, réfléchie, d’esprit libre et critique devrait considérer comme nuls, donc sans gagnant. La suite aurait dû être l'annulation pure et simple, des enquêtes sérieuses pour déterminer les causes et origines des irrégularités, qu’on punisse les responsables, qu’on les écarte définitivement de toute responsabilité électorale et qu’on en tire les conséquences quant aux futures élections. Il aurait dû y avoir une protestation générale des démocrates de tous les partis, car un démocrate ne saurait accepter que son candidat gagne par la fraude, la corruption et le mensonge. Au lieu de quoi on n’a assisté qu’à des élucubrations pour défendre la victoire « officielle » de JKK, et à d’autres élucubrations pour défendre celle, tout aussi hypothétique, de Tshisekedi.

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Elles avaient été organisées, tout comme celles de 2006, en faisant voter un « corps électoral inconnu », faute de recensement préalable de la population. Ce fait à lui seul suffirait à en « plomber » gravement la crédibilité. Elles ont, par-dessus le marché, été entachées de fraudes et de manipulations à un point tel qu’elles ont donné des résultats qui, en réalité, sont encore inconnus1. Malumalu, principal responsable de cette absurdité d’élections sans recensement préalable de la population, a été remis à la Présidence de la CENI, ce qui promet encore de beaux jours à l’avenir !

Voici un florilège de différents avis sur tout cela. L’on constatera que ce document est abondamment illustré. Cette abondance de photos n’est pas le signe que DialogueDialogueDialogueDialogue serait passé dans la catégorie des illustrés « people ». Mais, comme les récits congolais abusent souvent de termes comme « marée humaine », foule innombrable », etc…, les images nous ont paru utiles pour permettre au lecteur de se rendre compte de visu des véritables proportions prises par l’évènement.

Bonne lecture !

Guy De Boeck

1 Les fraudes les plus importantes ayant eu lieu au niveau des centres de compilation, on ne pourrait se rapprocher de la « vérité des urnes » qu’en se référant aux PV des bureaux de vote, dernière opération publique et vérifiée par des témoins. Les chiffres de la CENI ne s’accompagnaient pas de ces PV, les chiffres publiés par l’UDPS, non plus. L’Eglise n’a jamais publié les résultats partiels constatés par ses observateurs malgré cette déclaration du Cardinal Laurent Monsengwo, archevêque de Kinshasa : « Les résultats publiés ne sont conformes ni à la justice ni à la vérité “. On n’a donc que des résultats dont la crédibilité est nulle. Les législatives ont été dignes de la présidentielle, sinon pires. Mais la CSJ a entériné les résultats de la présidentielle et des législatives. Le temps s’est écoulé, les résultats des élections demeureront à jamais inconnus. C’est d’autant plus certain que la CENI a fait incinérer tous les documents relatifs aux élections de 2006 et 2013 en octobre 2014, soit, en ce qui concerne les plus récents, après une délai de trois ans

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Les comptes-rendus du 23/12/2014

Forum des As titre « Moïse Katumbi : retour triomphal après trois mois passés à l’étranger.

Plus de trois heures de procession hier de l’aéroport de la Luano à la place de la Poste, précise ce journal pour qui il y aura bien un avant et un après-23 décembre. Il se penche sur le discours prononcé par le gouverneur à la Place de la Poste. Un discours enveloppé dans des énigmes à la katangaise qui donne à penser à un nouveau « Moïse », écrit-il.

Lorsque sur la Place Moïse Tshombe au cœur du centre- ville, Moïse Katumbi Chapwe y va de sa métaphore footballistique pour demander in fine si les Katangais allaient accepter un troisième faux penalty, la foule répond « non ». Lorsqu’ensuite le plus populaire de gouverneurs de provinces constate que la marée humaine venue l’accueillir et l’écouter est plus impressionnante que celle…du Burkina Faso, la ville et le monde ne s’y trompent presque pas : « tel le beaujolais nouveau, le nouveau Moïse est arrivé », commente Forum des As. Cela ne fait pas de doute, il faudra bien compter avec Katumbi dans les joutes politiques qui pointent à l’horizon. Au phénomène « Moïse », poursuit ce journal, s’ajoute l’énigme

« Katumbi ».

Ce retour « triomphal » est également à la une du Potentiel, qui commence son papier avec cette citation de Gabriel Kyungu wa Kumwanza, président de l’assemblée provinciale du Katanga : « Jamais homme politique n’a été accueilli au Katanga comme Moise Katumbi ».

Preuve pour le quotidien que le retour du gouverneur du Katanga au bercail le mardi 23 décembre est un événement majeur et un véritable triomphe pour tous ceux qui croient en son avenir politique.

En réaction au message du « baba » du Katanga, Moïse Katumbi Chapwe a invité la foule à méditer sur une sagesse tirée de la pratique du football : « Est-ce que sur l’aire du jeu,

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une équipe adverse peut accepter que l’arbitre siffle injustement contre son camp deux penalties de manière consécutive et en rajoute ? »

Moise Katumbi n’a pas fait dans la dentelle pour marquer son retour sur les terres du Katanga, constate Le Potentiel.

« De retour hier à Lubumbashi : Katumbi accueilli en véritable Moïse », note La République. D’après ce journal, c’est autour de midi que le jet ramenant le gouverneur du Katanga s’et posé sur le piste de l’aéroport international de la Luano de Lubumbashi. Une véritable procession imposée par la marrée humaine massée à la sortie de l’aéroport.

Donnant la même information, le bihebdomadaire L’Objectif écrit : « Le Katanga échappe à Joseph Kabila ». Pour ce confrère, Joseph Kabila ne fait plus l’unanimité au Katanga. La présidentielle de 2011 ainsi que le climat politique sur terrain le témoigne à suffisance, souligne-t-il. Et d’ajouter : « Au Katanga, d nombreux caciques kabilistes ne sont plus en odeur de sainteté avec le régime en place ».

Le retour de Katumbi a paru, en tous cas, une nouvelle suffisamment importante pour que de longs articles y soient consacrés non seulement dans la presse congolaise, mais aussi dans le presse internationale.

Marie-France Cros publie dans La Libre « Katanga-Kabila: le désamour »

« C’est une foule gigantesque qui est allée accueillir, mardi à la mi-journée, le gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi (notre cliché), de retour d’un mystérieux séjour de près de trois mois en Europe. Trois versions circulent à propos de cette longue absence : le populaire gouverneur a été empoisonné et s’est fait soigner à Londres; il y a soigné les suites

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d’un ancien empoisonnement, datant de 2011; il s’est mis à l’abri d’un projet d’empoisonnement dont il avait été averti.

M. Katumbi appartient à la majorité présidentielle qui soutient Joseph Kabila, mais il est vu par le chef de l’Etat comme un rival en raison de sa popularité, liée à ses réalisations en faveur de la population. En outre, comme de très nombreux Katangais, il a laissé apparaître son opposition aux manœuvres de la majorité présidentielle pour permettre à Joseph Kabila de briguer un troisième mandat en 2016, bien que la Constitution le lui interdise.

Au 3e penalty, la foule envahit le terrain

Le gouverneur a mis mardi trois heures pour parcourir la douzaine de kilomètres qui sépare l’aéroport du centre de Lubumbashi, où un meeting a été organisé place de la Poste, rebaptisée il y a peu place Moïse Tshombé.

Selon une source de "La Libre" à Lubumbashi, le premier à prendre la parole fut le président de l’assemblée provinciale, Gabriel Kyungu - qui a pleuré en accueillant le gouverneur -, politicien populiste et populaire, en particulier chez les Lubas du Katanga (ethnie du père de Joseph Kabila qui, jusqu’après 2011, appuyait ce dernier). M. Kyungu a juré n’avoir "jamais vu" autant de monde et a pressé la Commission électorale nationale indépendante (CENI) de publier au plus vite le calendrier électoral, alors que la majorité présidentielle multiplie les projets pour retarder les scrutins.

Le gouverneur Katumbi, qui est aussi le propriétaire de la prestigieuse équipe de foot

"Tout-puissant Mazembe", a, lui, donné dans la rhétorique footballistique pour fixer la foule sur ses opinions. En 2006 (élection de Joseph Kabila, que l’opposition juge avoir été favorisé par les Occidentaux finançant le processus), a-t-il dit, un premier penalty a été refusé; en 2011 (élections présidentielle et législatives frauduleuses; M. Kabila se maintient au pouvoir), un second penalty a été refusé. Si cela arrive encore en 2016, ce sera comme dans les matches : le terrain sera envahi par la foule, a prédit le gouverneur, appuyant son propos par une référence à la récente révolution au Burkina Faso.

Un avertissement qui semble particulièrement audacieux alors que le chef de l’Etat séjourne en ce moment au Katanga.

L’alternance ou le chaos

Interrogé par "La Libre Belgique" à Bruxelles, Me Jean-Claude Muyambo, qui vient de quitter la majorité présidentielle pour marquer son opposition à un troisième mandat de M. Kabila, explique : "Les Katangais veulent une passation de pouvoir démocratique en 2016 entre Kabila et son successeur. Ils veulent l’ alternance. La famille politique du chef de l’Etat doit le comprendre, sinon on va au chaos. La tension est forte; à tout moment, la bombe peut exploser." Et de mettre la majorité présidentielle en garde alors qu’elle tente de modifier les conditions d’éligibilité à la Présidence pour écarter les candidats qui ne sont pas "de père et de père congolais" : Moïse Katumbi est métis.

Comment expliquer la perte radicale de soutien pour le Président au Katanga ? "C’est très clair , répond l’avocat. En seize ans passés au pouvoir, il a beaucoup promis mais n’a rien fait pour la province. Pas même une route de Lubumbashi à Kamina (650 km) ou à Manono (moins de 600 km); en saison sèche on met vingt-quatre heures de route pour y aller, en saison des pluies une semaine. Le péage de Kasumbalesa (frontière Katanga-Zambie) rapporte autour de 13 millions de dollars par mois mais il n’y a pratiquement pas de retombées pour le Katanga. Ajouté à l’insécurité, cela met la population en colère."

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Colette Braeckman du Soir décrit « Le grand retour de Moïse Katumbi à Lubumbashi »

On le disait en soins intensifs à Londres, on assurait qu’il avait été empoisonné à la « vynca » une plante toxique de l’Est du Congo, on minimisait en prétendant qu’il prenait de longues vacances à l’étranger, on assurait qu’avant de partir il aurait eu une altercation avec le président Kabila…Moïse Katumbi, le très populaire gouverneur du Katanga, a mis fin aux rumeurs en regagnant Lubumbashi où une foule nombreuse l’attendait sur la place Moïse Tshombe, en face de la poste. Après trois mois d’absence, un temps inhabituellement long pour un homme très attaché à sa province, ses compatriotes l’ont ovationné et observé de près : « il n’a pas changé, sa démarche est rapide, sa voix est bonne, nous sommes soulagés » nous assurait un badaud, joint par téléphone.

A sa descente d’avion, le gouverneur, costume clair, chemise sombre, a été accueilli par le président de l’Assemblée provinciale du Katanga, M. Gabriel Kyungu wa Kumanza et par plusieurs personnalités de la province. M. Kyungu lui a souhaité la bienvenue en déclarant

« Moïse Katumbi est un vrai fils du Katanga, il est bien blindé, il n’a rien à craindre… » ajoutant : «il est le seul Katangais qui soulève les foules ». S’adressant à l’abbé Malu Malu, qui préside la Commission nationale indépendante, M. Kyungu lui demanda d’accélérer le tempo afin que les élections puissent bien avoir lieu dans les délais prévus. Homme d’affaires prospère, gouverneur très attaché au développement de sa province et n’hésitant pas à prendre des bains de foule, président du club de football le Tout Puissant Mazembe, club phare du football congolais dont la participation à la Coupe d’Afrique des nations provoque le délire, Moïse Katumbi est extrêmement populaire au Katanga mais aussi dans d’autres régions du Congo.

Il a aussi son franc parler et n’a pas hésité à critiquer le gouvernement de Kinshasa qui, de son point de vue, ne rétrocéderait pas suffisamment de ressources à la province du cuivre qui assure l’essentiel des recettes du pays et est en tous cas loin des 40% prévus par la

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Constitution. En outre, M. Katumbi, comme la majorité de ses compatriotes, ne cache pas qu’il désapprouve l’idée d’une réforme de la Constitution qui aboutirait à à confier un troisième mandat au président sortant Joseph Kabila, ce qui alimente la rumeur d’un désaccord entre les deux hommes. Le chef de l’Etat, qui se trouvait à Lubumbashi lundi n’a d’ailleurs pas attendu le retour du gouverneur pour regagner son ranch de Kundelungu, en bordure de la réserve naturelle du même nom.

S’adressant à la foule massée au centre ville et qui l’ovationnait, M. Katumbi s’est montré à la fois prudent et elliptique. Il a prôné « l’amour du prochain » puis s’est exprimé par le détour d’une devinette sportive.

Evoquant l’équipe nationale de la RDC qui joue en finale en Guinée dans le cadre de la Coupe d’Afrique des nations, il a parlé d’un premier penalty, puis d’un deuxième qui, quoique contestable avait finalement été accepté. Puis, lorsqu’il s’est écrié : «allons nous accepter un troisième penalty ? » tout le monde a compris qu’il faisait allusion à l’éventualité d’un troisième mandat présidentiel…

Autres commentaires et analyses

Baudouin Amba Wetshi « Alternance 2016 : Révision constitutionnelle : Katumbi dit «Non!»… en parabole » (Site Congoindépendant, 24/12/2014)

Le tout-Lubumbashi socio-politique ne parlait dans la soirée de ce mardi 23 décembre que d’un apologue signé Moïse Katumbi Chapwe. Lors de son adresse à la population de Lubumbashi à la Place de la Poste, le gouverneur du Katanga a usé d’un langage imagé pour exprimer son opposition à la révision constitutionnelle en vue de permettre à "Joseph Kabila"

de briguer un troisième mandat. Signe de temps. Dans son mot à la population, « Moïse » s’est gardé, de citer «Joseph Kabila». Ni remerciements. Ni hommages. Un cas sans

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précédent au Congo démocratique. Des observateurs sont unanimes : mardi 23 décembre 2014, Moïse Katumbi a fait le choix de l’alternance démocratique.

« Un accueil délirant », écrit la très officielle Agence congolaise de presse. «En cinquante années de vie politique, je n’ai jamais vu, au Katanga, un homme politique recevoir l’accueil réservé ce jour au gouverneur Moïse Katumbi Chapwe.» Qui parle ? Le président de l’Assemblée provinciale du Katanga, Gabriel Kyungu wa Kumwanza. Celui-ci se trouvait au bas de l’avion pour accueillir son «petit frère».

Pour la petite histoire, ces deux personnalités politiques avaient soutenu «Joseph Kabila», à cor et à cri, lors de la présidentielle de 2006 et de 2011. Ont-elles décidé de jouer à fond la carte de la "légalité constitutionnelle"? L’article 70-1 n’a pas changé : "Le président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois".

Outre Kyungu, les membres du gouvernement provincial ainsi que l’autorité urbaine étaient présents à l’aéroport international de la Luano. Sans omettre de nombreux sportifs dont les joueurs du TP Mazembe et ceux de Lupopo. Des représentants des forces politiques et sociales étaient également là. Une «foule immense» s’est amassée tout le long du parcours jusqu’à la Place de la Poste que Katumbi atteindra au bout de 4 heures.

« Le Katanga a ses leaders… »

Après une brève introduction, le maire de Lubumbashi céda la parole à Gabriel Kyungu. «On a beaucoup parlé durant son absence du pays. Comme vous pouvez le constater, Moïse Katumbi est là et en bonne santé», lance-t-il. «Il y a des gens qui disent que l’entente ne serait pas cordiale entre Moïse et moi, ajoute-t-il. C’est tout à fait faux ! Le Katanga a ses leaders. Nous l’avons prouvé aujourd’hui.» Et de conclure : «Je demande à Apollinaire Malumalu d’apprêter rapidement le calendrier électoral pour qu’on en finisse avec les élections ».

Vint le tour de « Moïse ». Après avoir remercié ses administrés pour leurs «prières», Katumbi invita l’assistance à observer une «minute de silence» à la mémoire de compatriotes ayant perdu la vie lors du récent naufrage d’une embarcation à Kalemie. Il y associe les victimes du match Lupopo-Sanga Balende et celles de l’incendie de Kasumbalesa et de l’insécurité à Mitwaba. Il nous oublie pas les concitoyens tués à Beni, au Nord Kivu. «Dieu a écouté vos prières, c’est pourquoi je suis là, dit Katumbi. Les médecins voulaient me garder encore en observation, mais j’ai dû insister pour passer les fêtes de fin d’année avec vous ».

«Accélération de l’Histoire »

C’est ici que le gouverneur lance sa parabole : «Lors de la coupe d’Afrique des Nations qui aura lieu en Guinée Equatoriale, notre équipe nationale joue contre une équipe adverse. L’arbitre siffle un pénalty injustifié en lieu et place d’un corner. Notre capitaine, Trésor Mputu, intervient pour calmer les protestations des joueurs. Contre toute attente, l’arbitraire refait le même manège. Le capitaine fait de même. Que fera le public si l’arbitre sifflait un troisième pénalty en lieu et place d’un corner?» La réponse a fusé dans la foule :

«Nous allons envahir le terrain… ». Moïse Katumbi de conclure en swahili: « Aba bantu biko apa, biko buingi kupita ba Burkinabé… ». Traduction : la foule réunie ici est plus importante que celle de Burkina Faso. Chacun pourrait avoir sa grille de "décryptage" de ce message subliminal qui semble suggérer que la Constitution interdit plus de deux mandats. Les "esprits tordus" diront que "deux tricheries, ça suffit!". Qui dit mieux?

En attendant de connaître la réaction du « clan kabiliste » à cette attaque frontale, une chose parait sûre : les «personnalités katangaises» considèrent que deux mandats ça suffit ! Elles paraissent décidées à s’opposer à la révision constitutionnelle pour permettre à « Joseph Kabila » de briguer un troisième mandat. Elles l’ont fait savoir le mardi 9 décembre devant

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Jaynet «Kabila». C’était lors d’une réunion tenue dans la ferme du général François Olenga. Il faut dire que « Joseph » bat des records d’impopularité dans cette Province qui passe pour son

"fief". En cause, des promesses non-tenues particulièrement chez ses «oncles» du Nord Katanga.

Questions : Moïse Katumbi, Gabriel Kyungu et Jean-Claude Muyambo vont-ils provoquer l’implosion de la «Majorité présidentielle» ? Face à la crise de confiance ambiante, va-t-on assister à une «accélération de l’Histoire» en 2015 par une élection présidentielle et des législatives anticipées ? En tous cas, le décor est planté pour un duel entre «gladiateurs».

Tout pourrait désormais arriver…

Jacques Kimpozo « Les penaltys de Moïse Katumbi » (« Kimp « est l’éditorialiste du Phare, où cet article a paru le 26/12/2014)

L’image employée par Moïse Katumbi, gouverneur du Katanga, le mardi 23 décembre 2014 à la Place de la Poste, à Lubumbashi, devant une nombreuse foule venue saluer son retour au bercail, après trois mois d’absence, continue d’agiter le microcosme politique congolais. L’histoire de deux faux penaltys ayant permis à une équipe de football d’aligner deux victoires contestables et des risques d’implosion dans un stade dans l’hypothèse d’un troisième penalty imaginaire a tout de suite fait penser au processus électoral congolais.

Pour nombre de ses compatriotes, le président du TP Mazembe, un féru du sport-roi, s’est déporté sur un terrain autre que celui des compétitions nationales ou africaines pour plonger, de plain pied, dans celui des élections présidentielle controversées de 2006 et 2011.

Jusque-là, on était loin d’imaginer cet acteur politique dans le camp de ceux qui étaient déçus par les tripatouillages des résultats des urnes au niveau de la CEI (Commission Electorale Indépendante) et de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante).

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Le message de ce cadre de la Majorité Présidentielle ne pose aucun problème de décryptage à tous ceux qui suivent le débat sur la révision ou non de la Constitution. Moïse Katumbi s’est voulu, à l’occasion, le porte-voix de l’opinion nationale qui pense que le Président de la République en exercice, qui a épuisé ses mandats, ne devrait pas se représenter en 2016 d’une part et que, d’autre part, la CENI, considérée jusque-là comme un arbitre très partial, devrait appliquer correctement les règles du jeu démocratique.

Cette nouvelle fissure dans les rangs de la Majorité Présidentielle, associée à la démission bruyante de Jean-Claude Muyambo, laisse penser à la persistance des sons discordants au sein de la famille politique du Chef de l’Etat. On rappelle qu’hormis des individualités foncièrement opposées à la révision constitutionnelle, on avait noté le refus d’un grand parti, le MSR (Mouvement de Solidarité pour la République) de cautionner la modification des règles du jeu démocratique en prévision des échéances électorales de 2016 ».

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Poursuivant sur sa lancée,Le Phare pose alors la question « Quelle suite après les penaltys ? » « Moïse Katumbi a sorti sa parabole des penaltys dans un climat de spéculations de tous genres au sujet de son long séjour à Londres. Certaines méchantes langues étaient allées jusqu’à l’accuser d’avoir choisi la voie de l’exil politique, à l’image de son frère aîné Katebe Katoto, homme d’affaires, ancien président du TP Mazembe et ancien membre du RCD (Rassemblement Congolais pour la Démocratie), dont le siège de Sénateur était resté vacant de 2003 à 2006, après la signature de l’Accord Global et Inclusif ayant sanctionne le Dialogue Intercongolais. C’était, laissait-t-on entendre, pour se mettre à l’abri après avoir été soupçonné de vouloir se positionner comme un des « dauphins » du Chef de l’Etat au sein de la MP, au cas où celui-ci ne briguerait pas un 3° mandat.

Avec le pavé des penaltys, nombre d’observateurs estiment que Moïse Katumbi s’est mis dans une position fort inconfortable pour continuer de compter parmi les inconditionnels de Joseph Kabila au sein de la Majorité Présidentielle. Selon toute vraisemblance, l’homme devrait rapidement abattre ses cartes et prendre ses responsabilités dans le sens d’une rupture officielle avec ceux qui passent désormais pour ses anciens compagnons de lutte politique.

S’il ne se prononce pas dans les plus brefs délais, la hiérarchie de ce regroupement politique ne manquerait pas de le pousser vers la porte de sortie, à la suite de ce clash de conduite qui fait visiblement l’affaire de l’Opposition politique, toute heureuse d’enregistrer un refus de révision constitutionnelle et de fraude électorale pour 2015-2016 de la part d’un acteur qui compte au sein de la Majorité présidentielle ».

Dans un autre article, Le Phare se livre à un autre exercice très pratiqué en RDC : le commentaire de l’actualité étrangère avec le regard nettement braqué sur des réalités congolaises similaires. Il en résulte, sous le titre « Election présidentielle en Tunisie : le prétexte de l’âge avancé battu en brèche », un article qui parle un peu de la Tunisie, beaucoup du Burkina Faso et du Congo tout au long. On y lit notamment : Cet élément d’âge avancé est à prendre au sérieux car il met à mal certaines chansons régulièrement entonnées ici et là pour éliminer des adversaires politiques. En 2006, l’on avait assisté à des échanges peu amènes entre deux camps protagonistes lors des débats sur l’âge moyen du candidat à l’élection présidentielle. Pour les uns, il fallait retenir l’âge de 45 ans, tandis que pour d’autres, il ne fallait pas dépasser 70 ans. C’est ainsi que pour couper la poire en deux, l’on est parvenu à un compromis en rabaissant jusqu’à 30 ans, sans limitation aucune. Pas besoin d’un dessin pour comprendre qui était visé en ce moment-là.

Cependant, ceux qui avaient brandi la menace de la guerre thermonucléaire en 2006 si l’on avait retenu l’âge de 45 ans pour le candidat à l’élection présidentielle, se sont répandus sans vergogne en 2011 à travers toute la République par des moqueries sur des candidats septuagénaires. Par manque d’arguments solides et convaincants, ils avaient

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articulé toutes leurs campagnes électorales autour de cet aspect ridicule en faisant semblant d’oublier que c’est ce compromis de dernière minute qui avait sauvé en 2006 leur candidat.

Par ailleurs, dans un pays voisin, les stratèges d’un camp politique doivent se mordre les doigts pour avoir verrouillé l’âge du candidat à l’élection présidentielle en le limitant à 70 ans. C’était alors pour écarter de la compétition les candidats septuagénaires de l’opposition.

A ce jour, leur poulain a largement dépassé cet âge alors qu’il se prépare à procéder à la révision de la Constitution pour briguer pour la troisième fois la magistrature suprême.

Comme qui disait : « est pris qui croyait prendre ».

Tout compte fait, cet argument de l’âge avancé pour écarter des adversaires politiques vient d’être battu en brèche par l’élection de l’octogénaire Béji CAÏD Essebsi face à un activiste du Printemps arabe de 2011. Le peuple tunisien a préféré la sagesse et la grande expérience à la jeunesse bouillante.

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Car il ne faut pas oublier qu’en marge de la grande empoignade qui concerne le 3°

mandat, il y a des escarmouches périphériques, souvent au sujet de l’acceptabilité de certaines candidatures.

Cela peut concerner l’âge, avec pour but de renvoyer au vestiaire des gens comme Gizenga ou Tshisekedi, mais aussi la nationalité, comme dans le cas de Katumbi.

Alors que la Constitution, dans son état actuel, exige simplement qu’un candidat à la Présidence soit Congolais « de naissance », d’aucuns voudraient y ajouter une précision « de père et mère congolais ». Cela frapperait d’inéligibilité Katumbi, mais aussi Kengo wa Dondo, Jean Bamanisa et bien d’autre…

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Mbelu Babanya Kabudi (Jean Pierre) « Moïse Katumbi face à la foule lushoise. Un essai de relecture » (26/12/14, Internet)

Plusieurs commentaires ont été faits et le sont encore sur le retour de Moïse Katumbi à Lubumbashi. Dans les lignes qui suivent, nous tentons de nous livrer à une lecture seconde pour dégager l’un ou l’autre message contenu dans ‘’l’accueil triomphal’’ reçu par

‘’Moïse’’.

Le mardi 23 décembre 2014, à son retour de Londres où il a été hospitalisé, le gouverneur du Katanga a tenu un petit discours de sept minutes. Il est sobre. Il s’adresse à la foule en swahili. Sa parabole de trois pénaltys est décodée rapidement par la foule. Ceux et celles qui écoutent Moïse Katumbi se rendent compte qu’il y a une sorte de symbiose entre lui et cette foule nombreuse.

Les commentaires sur ce discours vont bon train. Plusieurs commentateurs annoncent la rupture en Moïse Katumbi et le chef de sa famille politique, Joseph Kabila. D’autres y voient un signe précurseur du succès que l’actuel gouverneur du Katanga pourrait avoir aux élections de 2016 si jamais il posait sa candidature à la présidence de la République. D’autres encore y voient ‘’la maturité politique’’ du peuple katangais en particulier et du peuple congolais en général.

C’est vrai. Lire dans l’accueil de Moïse Katumbi autant de messages est possible. Il est possible que plusieurs associations de la société civile et certains partis politiques se retrouvant dans cette foule soient porteurs de l’un ou l’autre message politique plus ou moins clair : l’appel à l’alternance au pouvoir, le souhait d’avoir un leader politique parlant le

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langage le rapprochant du peuple, un langage que le peuple comprendre, le désir d’avoir un leader populaire capable de mobiliser les masses, etc. Néanmoins, il serait intéressant d’éviter la confusion entre la foule et les masses critiques. Il serait aussi intéressant de jeter un coup d’œil à notre mémoire historique.

Quand Mobutu est revenu de soins de la France avant l’entrée de l’AFDL au Congo- Kinshasa, il a bénéficié d’un bain de foule inimaginable. Cela n’a pas empêché à plusieurs de ses compatriotes d’applaudir ‘’les kadogos’’ et de les accueillir en ‘’héros’’ à Kinshasa au mois de mai 1997. (Les foules se retourneront contre ‘’les Kadogos’’ quand certains de leurs meneurs se rendront compte que l’AFDL était à la fois un conglomérat d’aventuriers et ‘’un Cheval de Troie’’.)

Quand Etienne Tshisekedi, donné pour mort, est retourné au Congo-Kinshasa, après les soins reçus en Belgique, afin de battre campagne pour les élections pièges à con de 2011, il est accueilli en ‘’véritable chef’’ d’Etat dans plusieurs coins du pays. Les foules sont souvent au rendez-vous. Elles ont même défié ‘’le raïs’’ dans l’un des stades de Kinshasa en chantant : ‘’Oh ya Tshitshi eee zongisa ye na Rwanda’’. Hélas ! Ces foules ont disparu à la confiscation du ‘’pouvoir’’ par ‘’les maîtres du monde’’ au profit du ‘’raïs’’ décrié.

Quand Alain Moloto meurt, les foules allant à ses obsèques paralysent la circulation et prennent en otage une bonne partie de la population kinoise. Leurs messages sur la responsabilité des commanditaires présumés de cette mort sont clairs : ils doivent pays.

Jusqu’à ce jour, rien n’est encore réalisé dans ce sens.

Sans minimiser ces moments de grands rassemblements et les messages qui s’en dégagent, il y aurait moyen de dire qu’ils sont beaucoup plus émotionnels que rationnels. Le souhait aurait été qu’ils soient les deux à la fois. Combiner en conscience l’émotionnel, le raisonnable et le rationnel aurait l’avantage de transformer ces foules en masses critiques ayant un plan d’actions à réaliser sur le court, le moyen et le long terme. Des masses critiques ayant ‘’la conscience de soi’’ coordonnées par des leaders ayant ‘’une conscience intime, irréductible et singulière’’2 d’eux-mêmes pourraient devenir des mouvements avant-gardistes pour un autre Congo. Ceux-ci sont différents des politicards opportunistes et fanatiques du court terme dans lequel confinent l’organisation des élections bourgeoises, véritables pièges à con. Des masses critiques éprises du désir de voir leur pays, le Congo-Kinshasa, devenir un havre de paix respectueux de sa souveraineté, protecteur de ses terres et de la dignité de ses filles et fils peuvent programmer des actions de résistance aux forces de la mort et de la décivilisation en les fondant sur une bonne maîtrise de leur mémoire historique collective, en apprenant des erreurs du passé, en identifiant leurs pyromanes déguisés en pompiers et en s’inscrivant en faux contre la logique de la renonciation et de la capitulation face à l’inégalité des forces en présence.

C’est vrai. Pour en arriver là, elles ont besoin des leaders dialoguant en permanence avec elles sur des questions engageant l’avenir du pays et créant avec elles des lieux de batailles des idées pour un projet de société participatif.

Moïse Katumbi en est-il un ? Pour plusieurs compatriotes congolais, la réponse est positive. Pour d’autres, il n’en a pas la carrure : c’est simplement un ‘’populiste’’ cachant des pans entiers de son passé et de la gestion calamiteuse de la cité katangaise derrière le fanatisme que son soutien au football a engendré. Ceux-ci n’ont pas vu ce qu’il a fait contre

‘’les Bakata Katanga’’ semant la mort et la désolation dans la province cuprifère. Ils vont jusqu’à évoquer ‘’les révélations’’ que ses démêlés avec Jean-Claude Muyambo ont mises sur la place publique. D’autres encore attendent voir la réaction du ‘’raïs’’ face à la dernière

2J. ZIEGLER, Retournez les fusils. Choisir son camp, Paris, Seuil, 2014, p. 58.

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sortie médiatique de Moïse Katumbi. D’autres enfin disent : ‘’Attendons voir. Le Lubumbashi n’est pas le Katanga. Le Katanga n’est pas le Congo’’.

Tout cela étant, le dernier accueil ‘’triomphal’’ du gouverneur du Katanga pose aux politiciens et aux autres leaders ‘’charismatiques’’ de la société congolaise l’épineuse question de la transformation des foules en masses critiques ayant une conscience suffisamment clair des luttes d’émancipation politique qu’elles doivent mener de manière organisée et programmée. Au regard des dimensions du Congo-Kinshasa et des enjeux face auxquels ce pays est confronté, un leadership collectif (patriote) conduirait à bon port de travail transformateur. Les pays latino-américains l’ont compris. Fidel Castro et ses amis ont mobilisé les masses cubaines pour la révolution. Celles de la Bolivie et du Venezuela ont eu la chance d’avoir Evo Morales et Hugo Chavez. Avant eux, elles ont eu Simon Bolivar et Che Guevara. Actuellement, tous ces leaders sont en train de créer, contre vents et marées, collectivement et en prenant appui sur leurs masses critiques des espaces de paix, de sécurité et de prospérité pour l’Amérique du Sud.

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Christophe RIGAUD – Démonstration de force de Moïse Katumbi à Lubumbashi (Afrikarabia, 23 déc 2014)

Retour remarqué du gouverneur du Katanga ce mardi dans sa province, après trois mois d’absence. Plusieurs milliers de personnes ont accueilli Moïse Katumbi dans une mise en scène millimétrée pour celui que l’on présente comme un possible rival du président Joseph Kabila.

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Les rumeurs le disaient malade, victime d’une tentative d’empoisonnement et en soins intensifs à Londres depuis trois mois, mais le gouverneur du Katanga est apparu rayonnant à sa descente d’avion dans son fief de Lubumbashi, ce mardi. Dans une mise scène soigneusement préparée, Moïse Katumbi a été accueilli par une foule imposante avant de prendre la parole, place de la Poste, au centre de la capitale minière. Les bains de foule sont une habitude pour l’homme d’affaires Katumbi, également à la tête du club de football de la ville, le Tout Puissant Mazembe. Mais aujourd’hui ce retour « quasi présidentiel » résonne étrangement dans un pays agité par le débat sur la modification constitutionnelle et le possible maintient au pouvoir du président Joseph Kabila après 2016.

Allusion à la révolution burkinabè

Les signaux étaient nombreux pour ceux qui voulaient décrypter un message politique dans ce retour très préparé et très médiatique de Moïse Katumbi à Lubumbashi. Dès la descente de l’avion, le gouverneur, tout sourire, était accueilli par le président de l’Assemblée provinciale du Katanga, Gabriel Kyungu, lui aussi très opposé à tout changement constitutionnel. Car, si le patron du Tout Puissant Mazembe, a toujours été un soutien sans faille du président Joseph Kabila, en 2006 et en 2011, Moïse Katumbi avait fait fuiter sa désapprobation de toute réforme constitutionnelle permettant à Joseph Kabila et briguer un troisième mandat.

Dans son discours, place Moïse Tshombe, Katumbi a d’abord demandé une minute de recueillement pour toutes les victimes en RDC, avant d’appeler les Congolais des provinces à

« s’aimer les uns les autres ». Autre message plein de sous-entendus, Moïse Katumbi a fait allusion au « courage du peuple burkinabé qui a mené à bon port la révolution ». La chute de Blaise Compaoré, fin octobre, avait été très observée en République démocratique du Congo

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(RDC). A Ouagadougou, le président burkinabé a été renversé après avoir voulu modifier la Constitution pour pouvoir rester dans son fauteuil… comme projette peut-être de le faire Joseph Kabila, selon l’opposition congolaise.

Un sérieux rival à Kabila ?

Dans cette période d’incertitude politique, le nom de Moïse Katumbi revient sur toutes les lèvres, comme un possible prétendant à la succession de Joseph Kabila. L’homme possède de nombreux atouts : jeune, riche, populaire, président du plus important club de foot congolais, Moïse Katumbi vient aussi de la riche province minière du Katanga, véritable« coffre fort » du Congo et forte pourvoyeuse de voix lors des élections. Autant d’avantages, qui font de Moïse, un rival sérieux du président Kabila.

Pourtant, Katumbi a toujours soutenu Joseph Kabila sans jamais être déloyal. Le rapprochement entre les deux hommes s’était opéré grâce à l’intermédiaire de Katumba Mwankwe, l’éminence grise de Kabila, Katangais lui aussi et aujourd’hui décédé. Avec le temps, les liens se sont distendus entre les deux hommes et la volonté de changer la Constitution, exprimée par le camp présidentiel, a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Katumbi n’est pas un politique, mis il a pris goût à sa fonction de gouverneur du Katanga. Cet après-midi, dans son discours, il a d’ailleurs promis le retour de l’électricité aux Katangais venus l’applaudir à Lubumbashi. Derrière le patron du club de football, le politique n’est désormais plus très loin et certains rêvent pour lui d’un destin national.

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Jean Bamanisa : "Mon modèle, c'est Moïse Katumbi" ( 24/12/2014 J.A. Interviewé par Trésor Kibangula

Jean Bamanisa, devant le nouveau pont sur la Tshopo, à Kisangani. © Gwenn Dubourthoumieu / J.A.

À la fois homme d'affaires et gouverneur, Jean Bamanisa suit les orientations du chef de l'État congolais (RDC) tout en cultivant son indépendance. Et apprécie qu'on le compare à son très dynamique homologue du Katanga.

Avec une superficie équivalente à celle de l'Espagne et seize fois supérieure à celle de la Belgique, la Province-Orientale est la plus grande des provinces de RD Congo. Pourtant, elle a longtemps été oubliée des programmes de reconstruction nationale et peine à se

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développer. Depuis qu'il a pris ses fonctions, début 2013, son gouverneur, Jean Bamanisa Saïdi, 50 ans, compte bien y remédier.

Entrepreneur dans l'âme (il a créé sa première entreprise à l'âge de 21 ans), il mise sur le partenariat public-privé pour relancer l'économie.

Son "plan d'actions de développement" ne fait cependant pas l'unanimité au niveau national, au sein de la Majorité présidentielle (MP), où beaucoup lui reprochent sa double casquette de gouverneur et d'homme d'affaires. Surtout, bien que Bamanisa répète qu'il "partage la vision de développement du chef de l'État", de nombreux membres de la MP le considèrent comme un opposant.

D'une part parce que, après la démission "forcée" de son prédécesseur, Médard Autsai, il a été élu par l'Assemblée provinciale au détriment du candidat soutenu par le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD, au pouvoir). Ensuite parce que son épouse, Caroline Bemba, est la soeur du leader du Mouvement de libération du Congo (MLC), sous l'étiquette duquel elle a été élue à l'Assemblée nationale en 2011... Mais, si l'on veut déballer les "affaires de famille", pourquoi ne pas préciser, aussi, que la nièce de Bamanisa est mariée au demi-frère d'Olive Lembe Kabila, la première dame ?

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Jeune afrique : Vous vous êtes toujours présenté en candidat indépendant (aux législatives de 2006 et 2011, aux élections au gouvernorat en 2012). Quel est votre positionnement politique ?

Jean Bamanisa : Les clivages gauche-droite, opposition-majorité, tels qu'on peut les retrouver dans les vieilles démocraties, ne sont pas encore une réalité en RD Congo, un grand pays de plus de 70 millions d'habitants, avec une pluralité d'ethnies et de tribus, où nous avons besoin de la participation de tous.

Cela dit, je me suis toujours senti proche du président Joseph Kabila, qui semble avoir trouvé ces deux dernières années l'équipe et les hommes qu'il faut pour relancer le développement du pays. Au sein de la majorité présidentielle, je me reconnais davantage dans les idées du MSR [Mouvement social pour le renouveau, deuxième force politique de la majorité], même si je n'en suis pas membre.

Certains vous accusent de jouer double jeu, de ne pas vraiment être proche de la majorité, et vous reprochent d'avoir nommé ministre provincial une élue du MLC, parti auquel appartient votre épouse. Que leur répondez-vous ?

En nommant un membre de l'opposition au gouvernement provincial, nous avons été des précurseurs de l'ouverture politique en cours. Aujourd'hui, après les concertations nationales de l'an dernier, un gouvernement de cohésion nationale n'est-il pas attendu à Kinshasa ?

Trouvez-vous pertinent que l'on vous compare de plus en plus souvent à Moïse Katumbi, le gouverneur du Katanga ?

Si je peux apporter à la Province-Orientale autant qu'il a pu apporter au Katanga, j'en serai ravi. Moïse Katumbi, en tant qu'entrepreneur et que dirigeant, est un modèle dont la RD Congo a besoin. Un dirigeant qui ne vit pas sur le dos du Trésor public, mais qui apporte un esprit de développement et d'ouverture.

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Quelles sont les retombées du forum des bailleurs de fonds que vous avez organisé en octobre à Kisangani ?

Nous avons voulu attirer l'attention des opérateurs économiques sur les diverses opportunités d'investissement qui se présentent chez nous. Car, il faut le reconnaître, la Province-Orientale était un peu oubliée ces dernières années. L'État n'ayant pas les ressources suffisantes pour réaliser ses projets, notre politique consiste à constituer un portefeuille propre du gouvernement provincial : concrètement, nous voulons créer des entreprises dans le cadre de partenariats public-privé [PPP], afin d'attirer les bailleurs de fonds.

Ainsi, nous avons commencé par racheter à l'État l'ex-complexe sucrier de Lotokila et, bientôt, Codenord, l'ex-usine de traitement de coton, dans le Bas-Uele. Nous allons également créer des entreprises de préservation de la forêt, pour une gestion saine des ressources forestières de la province [dont la moitié de la superficie est couverte par la forêt équatoriale].

Le PPP s'étendra à d'autres domaines, en particulier aux infrastructures routières, selon le principe de BOT [build, operate, transfer, équivalant à une délégation de service public].

Enfin, une plateforme logistique verra le jour à nos frontières, notamment à Aru, Mahagi et Kasini : plutôt que d'aller à Dubaï ou à Hong Kong pour acheter des marchandises, les entrepreneurs présents dans notre province pourront s'approvisionner dans de grands dépôts que nous installons sur ces sites, et qui seront aussi les points de sortie de nos matières premières (or, bois, coton, café).

Où en est la rétrocession de 40 % des recettes de l'État aux provinces, prévue par la loi de décentralisation ?

Jusqu'ici, nous n'avons bénéficié que de moins de 1 % de nos crédits d'investissement, ce qui ne nous a évidemment pas permis d'atteindre un grand nombre de nos objectifs. Nous rappelons au gouvernement central que nous sommes ses bras...

Pourriez-vous être candidat à l'élection présidentielle de 2016, ou intéressé par un portefeuille dans le gouvernement central ?

Je ne serai candidat qu'aux élections provinciales et ne suis pas preneur d'un ministère à Kinshasa. Et si on me nomme, je dirai non, car j'estime que j'ai encore une mission à poursuivre dans ma province.

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