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Année 2011, n° 21 – Sommaire

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Pauvres, mais honnêtes, nous paraissons quand nous pouvons, et notamment le jeudi 20 octobre 2011

Année 2011, n° 21 – Sommaire

RDC

Le fantôme de la candidature unique… page 1

Les élections apportent-elles la mort et la désolation en Afrique? … page 6 Le MLC sans Bemba … page 9

Ce que l’on dit et ce que l’on fait… page 12 UE

Schengen … page 16 Palestine

Solidarité Socialiste soutient les prisonniers politiques palestiniens en grève de la faim depuis le 27 septembre… page 18

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RDC

Le fantôme de la candidature unique

Par Guy De Boeck

Un spectre hante les élections africaines. Il s’appelle « candidature unique de l’opposition », et il a ceci de commun avec les revenants des manoirs écossais qu’on en parle bien plus souvent qu’on ne le voit.

Dans un sketch du regretté Dieudonné Kabongo, on voyait un Congolais habitant la Flandre en train de donner de ses nouvelles à sa famille. Il avait notamment constaté qu’en Belgique il n’y avait que deux marques de portes. La marque « Ingang » (entrée) et la marque

« Uitgang » (sortie). La seconde inscription semble rare en Afrique, du moins quand il s’agit des palais présidentiels.

En règle générale, le contexte électoral en Afrique noire est un peu particulier, en ce sens que, presque toujours, l’enjeu du scrutin est beaucoup plus de garder ou de chasser le président sortant que de choisir le président « rentrant ». Si l’on se place de ce point de vue, qui fait de la présidentielle une sorte de référendum sur le maintien du président en place, il est logique de s’attendre à n’avoir que deux réponses possibles. Un référendum, par définition, pose toujours une question à laquelle on répond « Oui » ou « Non ». Si voter pour Joseph Kabila équivaut au « Oui », il faut avoir en face un quidam représentant le « Non ».

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L’un des avantages du président sortant, c’est qu’on le connaît, qu’on a entendu parler de lui pendant plusieurs années et que, pendant ces années, les médias « mainstream » ont dit du bien de lui. Mais c’est aussi son point faible : il est le responsable politique le plus connu, donc celui sur qui tous les mécontentements vont se polariser. Il est probable que les gens qui n’approuvent pas la manière dont l’état utilise ses finances en accusent davantage JKK que Matata Ponyo Mapon, qui en a pourtant, en principe, la responsabilité.

Or, en organisant un scrutin présidentiel à deux tours, la constitution qui a servi de modèle à celle du Congo avait délibérément choisi, précisément, de transformer le second tour en une sorte de référendum. Ce n’est pas un hasard : elle avait été taillée sur mesure pour Charles de Gaulle se fiant à l’idée que, s’il mettait dans la balance son poids de personnage historique, il pouvait toujours l’emporter. Logique et conséquent, lorsqu’il perdit un référendum en 1969, il s’en alla.

La simple logique, et l’expérience de 2006 où le résultat de Bemba au second tour fut bien moins son succès personnel que le succès du « Tout sauf Kabila » menaient à la conclusion qu’il fallait à tout prix éviter que les élections puissent tourner au référendum, au choix « Oui » ou « Non » même déguisé et donc supprimer le second tour pour que les électeurs doivent se prononcer sur un « questionnaire à choix multiples ». C’est ce qui a été fait avec la révision constitutionnelle1, dont on a dit à juste titre qu’elle « changeait les règles du jeu en cours de partie ». Ce n’est pas « fair play », mais ce n’est pas illégal.

Si l’on raisonne de la sorte, que l’on perçoit les élections comme un « quasi- référendum » où la MP représente un bloc décidé à voter « oui », il est logique de vouloir de l’autre côté, en bonne symétrie, un « bloc du non ». La démarche « candidature unique » apparaît alors comme tout à fait fondée en raison.

Mais une élection, précisément, n’est pas un référendum. C’est en tenant la manœuvre inverse : transformer, par la menace de son départ, un référendum2 en élection, que De Gaulle en 1969, « fonça dans le mur ». Il annonça à l'avance son intention de démissionner en cas de victoire du « non ». Celui-ci l'emporta, ce qui amena le départ du général.

Si l’on examine à quoi ont ressemblé, au cours de divers référendums, les « blocs du non », on s’aperçoit très vite qu’ils sont « arc-en-ciel » et que leur composition est aussi bigarrée… que l’est, par exemple, l’opposition congolaise.

On peut, en effet, dire « non » à une certaine proposition pour des raisons diamétralement opposées. Cela ne signifie pas pour autant que l’on serait d’accord sur ce qu’il faudrait faire à la place de la mesure que l’on refuse. La préférence de Kabila pour le

1 Soit dit en passant cette révision, dont la raison profonde est de faciliter la réélection de JKK, a apporté diverses modifications, dont on parle peu, aux pouvoirs du président, qui permettent aux amateurs de « politique- fiction » d’imaginer des scénarii passionnant : un président minoritaire, mais dont les pouvoirs ont été accrus, face à un Parlement dont la majorité risque de lui être hostile. Les commentateurs de la politique congolaise n’ont pas fini de rigoler !

2 Le référendum portait sur le transfert de certains pouvoirs aux régions et la fusion du Sénat avec le Conseil économique et social, De Gaulle proposait d'introduire des représentants des organisations professionnelles et syndicales au sein des conseils régionaux. Mettant tout son poids dans le référendum, il annonça à l'avance son intention de démissionner en cas de victoire du « non ». Celui-ci, auquel s'était rallié Valéry Giscard d'Estaing, l'emporta par 52,41 % le 27 avril 1969. Quelques minutes après minuit, le 28 avril 1969, tombe un communiqué laconique : « Je cesse d'exercer mes fonctions de président de la République. Cette décision prend effet aujourd'hui à midi ». Les enjeux du référendum n’étaient pas de ceux qui peuvent changer la face du monde.

Beaucoup de ceux qui ont voté « non » ont dû le faire davantage pour se débarrasser du Général que par hostilité aux mesures proposées.

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questionnaire à choix multiples part aussi d’une conviction : « Ils seront d’accord pour dire qu’il faut que je parte, mais pas sur celui qui doit me remplacer ».

C’est à partir de cette situation que l’on produit annuellement quantité d’articles de presse (le total doit représenter quelques dizaines de tonnes de papier) sur le thème « le président sortant n’est pas sorti et c’est la faute de l’opposition qui est divisée ».

C’est certes fort commode pour le journaliste qui dispose ainsi d’un texte fixe qui peut resservir pour deux élections africaines sur trois (au moins !) en ne changeant que les noms des candidats. C’est également pratique pour les candidats malheureux qui peuvent, chacun de leur côté, déclarer que « cette défaite est due à ce que l’opposition a été aux urnes en ordre dispersé, à cause de l’intransigeance et des prétentions injustifiées de X et Y (deux autres candidats qui ne se sont pas ralliés à celui qui parle et dont il laissera entendre, à mots couverts qu’ils sont des pourris, des vendus et d’assez inquiétantes crapules) ».

En réalité, tout cela est faux.

A quoi rime ce lamento à répétition sur « l’opposition désunie » ? Finalement à accepter les résultats les plus inacceptables.

Le Président « sortant et rentrant » peut hocher la tête avec commisération pour dire en substance « Ce n’est quand même pas ma faute s’ils commettent les pires fautes tactiques ».

En attendant, il reste en place.

Les différents partis d’opposition peuvent dire : « Ce n’est quand même pas ma faute si les autres n’ont rien voulu entendre ». En attendant, puisque « c’est la faute des autres », on a bonne conscience pour persister, sans rien changer, dans le même comportement.

La « Communauté Internationale » peut dire « Les Congolais (ou les Burundais, Sénégalais, Nigérians, etc…) sont encore une fois victimes de leurs divisions internes. Que voulez-vous ? Ce n’est quand même pas notre faute ». En attendant, ils savent que « leurs » hommes d’affaire continueront à bénéficier des mêmes passe-droits.

Enfin, l’ONU peut trouver une bonne raison à la victoire perpétuelle du même Président, puisque « c’est lié au comportement d’une opposition divisée ». En attendant, elle peut reconnaître les élections comme « libres, transparentes, démocratiques et apaisées ».

Ouf !

Le résultat final est que la fameuse « division de l’opposition » sert finalement à faire accepter l’inacceptable. Parce que cette division, décrite comme une erreur tactique des intéressés, est un fait interne, imputable à eux-mêmes. Bref, ils ont voulu leur malheur… et cela permet d’oublier commodément ce que l’on a fait pour les y aider. La « victoire du Président X face à une opposition divisée » empêche que l’on parle de certains autres détails.

Parlera-t-on bientôt, à propos de la RDC, d’une « victoire de JKK, qui a entamé sa campagne électorale un an et demi avant les autres candidats, a fait mettre sur pieds une CENI totalement politisée où ses partisans sont majoritaires, l’a laissée dresser des listes d’électeurs qui, faute de recensement, n’ont ni queue ni tête, a fait modifier la Constitution pour favoriser sa victoire, etc… » Pourquoi se donner cette peine puisque l’« opposition divisée » permet de tout expliquer plus commodément ?

L’insistance mise sans cesse sur l’« opposition divisée » ou – ce qui revient au même – sur « l’impossibilité d’un accord en vue d’un candidat commun » comporte un sous-entendu, un présupposé non-dit et surtout non-démontré : l’affirmation que l’opposition DEVRAIT être unie, que ce serait possible, que seules de mauvaises raisons empêche la réalisation de cet objectif, qu’en fait ce serait facile, n’était l’égoïsme des candidats. Pourquoi l’opposition devrait-elle être unie ? Comment, lorsque la politique est avant tout question de personnes, quelqu’un déciderait-il subitement de se sacrifier pour un autre candidat ?

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Il n’y a qu’une définition de l’opposition : c’est la partie de l’éventail politique qui ne fait pas partie de la majorité soutenant un gouvernement ou un président. Il n’est pas rare que l’un ou l’autre parti hésite : doit-il répondre à des avances de la majorité en formation ? Ne vaudrait-il pas mieux pour lui de « faire une cure d’opposition » pour retrouver vigueur et principes ? Il est évident aussi que la majorité ne se trouve pas toujours à l’un des bouts de l’arc de cercle politique. Auquel cas les mouvements politiques les plus extrêmes et les plus opposés (par exemple l’extrême-droite et l’extrême-gauche) se retrouveront les uns comme les autres dans l’opposition, alors qu’ils n’ont nullement pour finalité de s’entendre et de s’unir, mais visent au contraire à se détruire !

La symétrie est une belle chose, mais il ne faut pas la pousser trop loin. On a parfois l’impression que l’unité « naturelle » de l’Opposition est un postulat qui n’a d’autre origine que le désir d’avoir, en face d’une majorité qui, fatalement, sera toujours plus ou moins

« unie », ne fut-ce que par son désir d’aller à la soupe, un autre candélabre pour faire le pendant sur la tablette de cheminée. Ne confondons quand même pas tout à fait la politique avec la décoration d’intérieur !

Pour être juste, il faut tenir compte de ce que les institutions congolaises, largement calquées sur celles de la V° RF, en ont aussi copié une caractéristique qui était peut-être adaptée à la France de 1958, mais qui ne l’est guère à la RDC : ces institutions poussent à la bipolarisation voire, à la limite, au bipartisme3. Cela tend à réduire la politique française à un perpétuel affrontement « Droite contre Gauche », où toutes les tentatives « centristes » ou de

« troisième voie » ne sont que des flambées sans lendemain. Il se peut fort bien que cela corresponde à une certaine réalité française. On cherche par contre en vain le point d’ancrage de telles institutions dans la réalité congolaise.

Au Congo, c’est l’élection présidentielle qui retient le plus l’attention. L’unité de l’opposition est presque toujours évoquée en termes de candidat commun à la présidence, pratiquement jamais sous les espèces d’un programme commun de gouvernement. Or, la présidentielle a un gros inconvénient : il s’agit de conquérir le fauteuil présidentiel et un fauteuil ne peut jamais contenir qu’une paire de fesses. Il s’agira donc toujours de choisir un candidat commun et de demander aux autres « présidentiables » de se sacrifier en sa faveur.

Il est très simplement humain qu’un homme n’éprouve pas spontanément l’envie de s’effacer au profit d’un autre ! D’autant plus que l’on ne cherche qu’un résultat négatif : le départ du « sortant ». Si tout le monde est d’accord que l’essentiel est que « Kabila dégage », pourquoi se soucier de savoir au profit de qui ?

Il serait toutefois étrange que les Congolais soient, de tous les peuples de la terre, le seul ou personne ne connaîtrait le sens du mot « abnégation ». Seulement voilà ! L’abnégation comme tous les sentiments élevés est de pratique difficile. On ne fait pas volontiers le sacrifice de ses intérêts au profit d’une autre personne. L’égoïsme individuel, en général ne peut être vaincu que par un idéal, une valeur, une pensée… Un grand projet de justice, d’égalité, de désaliénation, de liberté peut transcender l’individualisme. En termes politiques, une telle idée porte le nom un peu barbare d’idéologie. Et l’idéologie est tragiquement manquante dans le ciel politique congolais.

Plus exactement, elle n’est pas absente, elle est unique. Elle est même tellement puissante qu’elle s’est montrée capable de faire bouger, contre Kabila, une partie notable de

3 Pour être exact, ces institutions étaient adaptées à ce qui était le projet gaullien en 1958 : en finir avec l’émiettement extrême des partis politiques et rassembler ses partisans en un bloc qui s’opposerait au Parti communiste, réduisant les divers autres groupuscules de la gauche, notamment socialiste, à l’insignifiance.

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sa propre majorité. Je fais évidemment allusion ici au vote massif par lequel le Parlement congolais a repoussé sèchement les modifications de la loi électorale proposées par la Majorité, plus précisément par sa principale composante, le PPRD de JKK. Ces modifications auraient favorisé les grands partis, dont bien sûr le PPRD lui-même et rendu l’accès à la fonction de député, et à ses émoluments substantiels, plus difficile. « L’idéologie de l’entrecôte » l’emporta haut la main sur la discipline de parti.

On ne pouvait montrer plus clairement quel est l’enjeu réel de la politique congolaise.

Il s’agit, sans changement fondamental, d’une lutte pour les parts du gâteau entre diverses fractions de la bourgeoisie. Il est certes loisible de penser que, parmi les fractions bourgeoises qui, actuellement, ne sont pas au pouvoir, certaine seraient plus disposées que d’autres à laisser tomber plus de miettes de leur table à la masse du peuple qui n’est pas invitée au banquet. En un certain sens, c’est là la grande différence entre les élections africaines et celles qui se passent dans le reste du monde. En Europe, en particulier, il existe parmi les politiciens bourgeois un consensus pour respecter une certaine alternance. On peut d’autant plus se le permettre que les états européens sont coiffés par le carcan européen, technocratique et opaque qui impose à l’ensemble de l’union de s’inscrire dans la mondialisation ultralibérale.

La question se réduit donc à déterminer si l’ultralibéralisme sera imposé au peuple de façon musclée, ou adoucie d’un filet de mesures sociales, d’un zeste d’écologie, d’une pincée d’humanisme, pour en atténuer l’amertume. Nos politiciens sont disposés à ne pas se montrer trop âpres, leur sort matériel étant garanti par d’autres ressources, soit politiques (mandats municipaux, régionaux, etc… car la répartition du pouvoir n’est pas la même à ces différents niveaux) soit privés.

Au Congo, au contraire, le pouvoir est unicolore et la politique est pour ainsi dire le seul métier qui nourrisse encore décemment son homme. L’économie étant extravertie, les payeurs, c'est-à-dire les transnationales occidentales, ne s’intéressent qu’à ceux qui sont au pouvoir et peuvent donc leur accorder les passe-droits assurant leurs superbénéfices qui rongent le pays jusqu’à la moelle.

Récemment, Tshisekedi et Kamerhe se sont trouvés simultanément au Canada. On supposait, dans la presse congolaise, qu’ils allaient s’y rencontrer « pour parler de la candidature commune ». Ils n’en ont, paraît-il, pas eu le temps. Et la même presse, hypnotisée par le spectre de la candidature unique, de le déplorer, au lieu de se demander ce qu’ils avaient bien pu y faire. Les capitalistes canadiens, notamment First Quantum risquent d’être les dindons de la farce dans la redistribution des cartes minières du Katanga, à l’occasion de la revente de certains intérêts de la Gécamine, organisée de façon à favoriser Gertler, proche du lobby sioniste américain et de l’entourage de Kabila. Que feraient au Canada des candidats à la présidence, sinon assurer les hommes d’affaires canadien quant au fait qu’avec eux au pouvoir, leurs intérêts seraient mieux protégés…

En soi, l’idée d’une candidature présidentielle unique de l’opposition est parfaitement valable. Mais elle ne peut aboutir que si elle s’appuie sur une idéologie, un programme de gouvernement, qui prenne clairement le contrepied de l’actuel programme unique de la bourgeoisie congolaise qui est de continuer la même politique extravertie qui fait des Africains, fussent-ils présidents, les « petites mains noires » du capital international.

Le choix est en fait entre le socialisme et la balkanisation, et il se peut qu’il soit déjà trop tard.

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Les élections apportent-elles la mort et la désolation en Afrique?

Rencontre Bemba-Kabila au Palais de la nation en août 2006 avant les affrontements sanglants de mars 2007 Par Honoré Musoko

La volonté du peuple doit être le fondement de l’autorité du pouvoir public dans un Etat. Cette volonté s’exprime par voie d’élections honnêtes périodiquement organisées. Tel est l’un des principes de base du système démocratique considéré généralement comme celui qui répond le mieux aux aspirations légitimes des peuples. Il s’observe en pratique que les dirigeants s’activent à asseoir l’exercice du pouvoir de l’Etat sur leur propre volonté. Ce détournement de pouvoir constitue en fait la principale cause du dysfonctionnement de l’appareil étatique à l’origine des tensions sociales pouvant déboucher sur des violences cycliques.

La situation politique actuelle en Afrique est une parfaite illustration de ce phénomène.

Mais contrairement à cette constatation, monsieur Alphonse Muambi, écrivain congolais naturalisé hollandais, défend la thèse suivante: «Les élections apportent la mort et la désolation en Afrique». Cette position il l’a exprimée au cours d’un débat organisé sur le Congo le 28 septembre 2011 à Bruxelles. Pour lui, l’Afrique a tort de recourir à la démocratie à l’occidentale alors que la démocratie africaine continue de faire ses preuves dans nos villages notamment à l’occasion de la passation de pouvoir. Aussi innocente qu’elle peut paraître, cette position comporte le risque de faire passer dans l’opinion l’idée que la violence et la misère en Afrique sont causées par démocratie et les élections.

En cette période préélectorale en RD Congo, cette position comporte le danger de conforter ceux qui, pour de raison d’intérêt personnel, s’emploient à contourner le processus électoral en cours pour se maintenir au pouvoir. Mais plutôt que de s’attarder sur la question de forme concernant l’existence ou non du modèle démocratique africain, il importe d’aborder les problèmes de fond en répondant aux questions suivantes : A quel système politique aspirent les africains ? A quoi est dû l’échec démocratique en Afrique ? Comment peut-on relever le défi ?

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A quel système politique aspirent les africains ?

Pour autant qu’on puisse saisir et exprimer les aspirations de l’Africain, elles se résument en termes de justice économique, sociale, culturelle et autre consacrées et garanties par un système politique reflétant la volonté de la majorité. Cette quête de la justice marque l’histoire de la RD Congo avant et après l’accession à l’indépendance. Aujourd’hui encore le citoyen congolais attend de ses dirigeants qu’ils utilisent le pouvoir de l’Etat pour satisfaire les besoins d’intérêt général dans tous les secteurs de la vie nationale. Ce qui est loin d’être le cas en pratique.

Définie comme le régime politique dans lequel le pouvoir est détenu ou contrôlé par le peuple, la démocratie se résume mieux à travers les principes qui la fondent : la liberté, l’égalité devant la loi, la règle de la majorité, l’existence d’une Constitution, la séparation des pouvoirs, le pluralisme politique, la consultation du peuple par voie électorale, l’indépendance de la justice…Au regard de son contenu, la démocratie est le système politique qui répond le mieux aux attentes des peuples quels qu’ils soient. C’est le détournement du pouvoir public aux fins des intérêts privés qui explique que le citoyen congolais n’accède pas à la jouissance des ressources disponibles que s’approprient injustement les dirigeants en complicité avec les puissances extérieures qui les soutiennent.

Lorsque l’on sait par ailleurs que la démocratie se traduit en fait par le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales, on peut dès lors déduire de la thèse défendue par Alphonse Muambi qu’il existe un modèle de l’homme occidental différent du modèle africain. Ce qui en soi est une abérration car les droits sont applicables à toute et à tous les peuples sans distinction de race, de sexe, d’origine ou d’appartenance quelconque.

L’organisation des élections dans un Etat tient lieu d’application de l’un des droits fondamentaux qu’est le droit qu’a toute personne de prendre part à la gestion des affaires de son pays soit directement, en exerçant un mandat public, soit indirectement en élisant ses représentants. Au lieu d’incriminer la démocratie et les élections, l’on ferait œuvre utile en identifiant les causes de l’échec démocratique en Afrique.

A quoi est dû l’échec démocratique en Afrique ?

En Afrique comme ailleurs au monde, le détournement du pouvoir public au service d’intérêts privés a toujours été la principale cause du dysfonctionnement de l’Etat. On l’a vu en Europe sous l’empire de la monarchie et en Europe de l’est sous l’empire soviétique. Sous prétexte de sauvegarder l’unité nationale et l’intégrité territoriale, on a vu des dirigeants africains prôner l’avènement du monopartisme au lendemain des indépendances, système qui a permis la confiscation du pouvoir de l’Etat au service de la minorité au pouvoir. En RD Congo, après la chute du régime Mobutu, en dépit de la proclamation de l’instauration d’un système démocratique, la réalité conduit à un constat contraire. Officiellement le régime consacre le principe de séparation des pouvoirs tel que le pouvoir exécutif, législatif et judiciaire sont attribués à des organes distincts. Mais en pratique l’on observe que le chef de l’Etat, qui incarne le pouvoir exécutif, dispose d’énormes pouvoirs sans limites réelles : il obtient du Parlement les lois à sa convenance, il fait poursuivre par les instances judiciaires les gens qu’il veut pendant que les cours et tribunaux s’interdisent, par crainte de représailles, d’engager toute poursuite judiciaire contre les intérêts du pouvoir. La police et l’armée sont au service de la répression en cas de contestation ou de dénonciation des abus du régime.

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L’absence des contrepoids réels au sein de la société congolaise empêche l’instauration d’un contrôle effectif sur l’exercice du pouvoir. L’Etat de droit qui est la matérialisation de la démocratie implique, outre la séparation des pouvoirs et l’existence d’un pluralisme politique, une justice et une presse indépendante et l’existence d’une société civile comme contrepoids du pouvoir politique. En RD Congo l’on peut convenir que la séparation des pouvoirs est plus théorique que pratique. Le multipartisme, quoique consacré par le droit congolais, n’offre pas le maximum d’effet escompté étant donné l’intolérance du pouvoir interdisant l’accès de l’opposition aux médias publics. Ce faisant, l’opinion publique n’accède pas à un débat contradictoire sur la gestion des affaires publiques. La presse congolaise dont on doit reconnaitre le mérite dans la recherche de l’indépendance, voit son action fortement limitée par le climat de terreur instauré par le pouvoir au point de la pousser à s’autocensurer par crainte des représailles. Quant à la société civile, elle est tout sauf un contrepoids au pouvoir. Illustration : alors que l’opinion publique majoritaire relève que la CENI entretient de l’opacité sur le processus électoral au risque d’hypothéquer les résultats électoraux, quelle est l’action de la société civile ? Tout se passe comme si la transparence de ce processus est l’affaire de la seule opposition alors qu’il s’agit aussi et surtout du respect du droit de tous les 32.000.000 d’électeurs enrôlés. Il n’y a pas de démocratie véritable sans contrepoids réels.

Comment peut-on relever le défi ?

Pour le citoyen congolais lassé de subir les abus du régime en place à Kinshasa, les élections du 28 novembre 2011 pourront apporter le changement souhaité en ce qu’elles pourront être l’occasion de l’alternance. On peut l’observer par l’expression de l’espoir que ces élections suscitent. Mais pour cela, ce citoyen doit s’impliquer dans l’action nécessaire pour garantir la tenue et la transparence de ces élections. A celui qui a intérêt d’agir pour le défendre : il faudra faire comprendre à ce citoyen que la démocratie ne lui sera jamais remise en cadeau par quelque dirigeant que ce soit, elle devra être le résultat de ses revendications structurées et continues en vue restreindre le plus le possible le détournement du pouvoir par les dirigeants. Les organisations syndicales, les ordres de médecins, des avocats et d’autres corporations professionnelles doivent constituer des véritables garde-fous contre la dérive du pouvoir dans les domaines de leurs compétences mais aussi pour la sauvegarde de l’intérêt général. Les associations des enseignants et des étudiants doivent, dans les secteurs de leurs activités, contraindre le pouvoir à respecter les règles en vigueur de manière à protéger leurs droits. C’est à ce prix que le congolais verra se matérialiser l’Etat de droit auquel il aspire.

Au-delà des actions des défenseurs des droits de l’homme devenus la cible fragile du pouvoir, nous devons par l’éducation et la sensibilisation permanente faire du citoyen congolais le premier défenseur de ses droits. Comme on peut le constater, la démocratie et les élections qui l’accompagnent ne constituent pas en soi une cause de la mort et la désolation qui accablent l’Afrique comme ressort de la thèse de monsieur Alphonse Muambi. Le détournement du pouvoir public qui continue sans limites provoque des frustrations et tensions sociales permanentes pouvant logiquement déboucher sur un cycle de violences que les mêmes dirigeants mettent au compte de la démocratie. Il est donc du devoir du congolais de relever le défi en créant des véritables garde-fous pour désormais contrôler et sanctionner le pouvoir lorsque les circonstances l’exigent. Nul autre ne peut relever ce défi à notre place.

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Le MLC sans Bemba

Archives 2006 © Goran Tomasevic/Reuters

Privé de son leader Jean-Pierre Bemba, le MLC ne présente pas de candidat à la présidentielle de novembre. Le parti mise tout sur les législatives, en attendant le verdict de la CPI.

Comme le remarquait récemment Jeune Afrique : « Il est toujours risqué de participer à une compétition de football si l’attaquant vedette de l’équipe est blessé, le capitaine emblématique, suspendu, et l’arrière central, en petite forme ». Au MLC, Jean-Pierre Bemba occupe tous ces postes. C’est son parti, sa propriété, sa chose. Les consignes du Chairman depuis sa cellule de La Haye– où il est poursuivi pour les exactions commises par ses hommes en Centrafrique entre 2002 et 2003 – étaient donc fermes et claires: « Si je suis dans l’incapacité d’y aller, personne d’autre n’ira » à l’élection présidentielle du 28 novembre prochain.

À Kinshasa, son homme de confiance, Fidèle Babala, le bien nommé, a appliqué les instructions à la lettre. L’ex-numéro deux du parti, François Muamba, l’a appris à ses dépens.

Évincé pour félonie par les instances suprêmes du MLC, en avril dernier, il a tenté un putsch.

« Il faut tourner la page Bemba », proclamait-il en mai pour rameuter les troupes. Échec cuisant pour le natif du Kasaï. « Ne pas être de la province de l’Équateur, celle de Bemba, est rédhibitoire au sein du MLC », analyse un observateur congolais, qui souligne également le parcours sinueux de Muamba et sa faible résonance politico-médiatique. Volant à présent de ses propres ailes, mais sans briguer la magistrature suprême, le président de l’Alliance pour le développement et la République (ADR) a déclaré, le 1er octobre, que son parti travaillerait avec le vainqueur sorti des urnes. « Quel qu’il soit. »

« Cela nous donne raison. Si nous étions partis à la bataille avec Muamba, nous nous serions discrédités avec un score nettement inférieur à celui de Bemba, qui a obtenu 42 % au second tour en 2006 », estime Babala.

Le MLC veut croire au retour du « patron ». Pour 2011, l’affaire est entendue. Mais en 2016? « S’il est finalement acquitté par la Cour pénale internationale (CPI) à l’issue du procès, prévue en décembre, il reviendra et rebondira », assure Babala. Avant d’admettre :

« Si en revanche il est condamné, le MLC est mort. » Ne pas insulter l’avenir, donc.

Toutes ces affirmations, même quand elles reposent sur des faits, demandent à être commentées, sous peine de n’avoir de la réalité qu’une image distordue.

« Quand on n’est pas de l’Equateur » … Il n’y a au Congo aucun parti tribaliste, mais tous sont sensibles au tribalisme par une nuance ou une autre…

Mobutu, c’est bien connu, était de l’Equateur. Une partie de son personnel aussi. Mais cela se limitait à sa famille directe comme le célèbre « oncle Litho », à quelques hommes

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d’affaires (dont Bemba Saolona) et tout cela ne fait pas grand monde, d’autant que les Ngbandi et les Ngbaka ne sont pas des groupes ethniques très importants, à côté des Azande ou des Mongo. Les « citoyens Lambda » de l’Equateur ayant fait carrière sous Mobutu le firent surtout comme militaires. L’amour du Maréchal pour sa province d’origine se manifesta uniquement par des bâtiments de prestige à Gbadolite. En particulier, il ne dota l’Equateur d’aucune institution intellectuelle ou d’enseignement. Le personnel politique, administratif ou intellectuel de la dictature se recruta surtout ailleurs. Ce nonobstant, tout le monde se méfiait des gens de l’Equateur et préférait, par prudence, les traiter avec obséquiosité, car « on ne sait jamais… ». Dès que l’étoile du Maréchal se mit à pâlir, tous les équatoriens se mirent à avoir peur, sur le thème « Quand Mobutu sera tombé, toute notre province va payer les pots cassés et nous serons les mal aimés et les laissés pour compte du nouveau régime ».

Dès 1997, les équatoriens furent donc en quête d’un protecteur et le trouvèrent en Bemba, originaire de leur province, ancien membre de la « jeunesse dorée » de l’entourage de Mobutu et, ce qui ne gâtait rien, disposant de larges moyens financiers. Le MLC, en tant que mouvement armé, recrutait presque exclusivement en Equateur.

Vint la transformation de la milice en parti politique. Cela impliquait des compétences radicalement différentes qu’on dut aller chercher ailleurs. Après l’arrestation de Bemba, le MLC se retrouvé dans l’étrange position d’être un parti dont l’électorat et la base fidèle (les

« anciens » de la lutte armée) se trouvaient en Equateur, mais dont les cadres étaient en général des jeunes venus d’autres lieux et d’autres horizons politiques : Muamba est du Kasaï, Luhaka du Maniema, N’Dom, du Bandundu… Quad on dit qu’ils ne sont pas de l’Equateur, c’est bien sûr un renseignement gégraphique, mais cela signifie surtout que les équatoriens ne vont pas se reconnaître en eux parce qu’ils ne partagent pas leur stigmate de « frères du dictateur ».

« 42 % au second tour en 2006 ». L’assertion du bon Fidèle est en fait erronée. Ce n’est pas Bemba qui a « fait » 42%, mais le « Non à Kabila ». Le MLC a entre autres bénéficié de beaucoup de voix d’électeurs de l’UDPS, frustrés par l’abstention de Tshisekedi.

L’un des bénéficiaires en a été François Muamba, que le destin a fait naître dans le même village que le leader de ‘UDPS ! On peut ême spéculer et se demander ce qu’aurait fait un autre concurrent, car Bemba avait malgré tout bien des raisons de paraître antipathique :

« gosse de riche » issu de l’entourage de Mobutu, ombrageux, autoritaire et colérique,

« seigneur de la guerre » ayant fait alliance avec l’Ouganda contre sa patrie, responsable de massacres de Congolais…, il avait tout pour déplaire à beaucoup. On peut aussi penser qu’une autre personnalité, à la place de Bemba, aurait fait mieux que 42 % au second tour.

En tous cas, une chose est sure : le résultat national auquel peut s’attendre le MLC en 2011 sera nettement inférieur aux 42% de 2006, où Bemba bénéficiait de circonstances exceptionnellement favorables.

Pour la présidentielle, la stratégie – plutôt défensive – consiste à peser sur le jeu en laissant miroiter aux postulants de l’opposition une consigne de vote. Un « mot d’ordre » en faveur de Tshisekedi ou Kamerhe est en discussion. Bemba fait monter les enchères. Étienne Tshisekedi, le candidat de l’UDPS, lui a rendu visite, le 28 septembre. Rien n’a filtré de l’entretien, « mais nous demandons à Tshisekedi de s’excuser pour 2006, car il est resté en retrait alors que son soutien aurait conduit à la victoire », glisse-t-on dans l’entourage de Bemba. Le Sphinx de Limete n’étant pas un adepte de l’autocritique et de la contrition, l’affaire semble mal engagée.

Il ya tout de même un zeste d’exagération das les reproches du MLC à son égard. La position prise par l’UDPS était à l’époque de boycotter le processus électoral, y cmpris l’enrôlement des électeurs. Le « nyau dur » des « udépsistes » les plus convaincus, membres

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actifs et militants du parti, ne votaient donc pas. Les voix UDPS dont a bénéficié Bemba sont donc celles d’électeurs sympathisants de ce parti, qui ne suivent peut-être as les consignes de Tshisekedi, le petit doigt sur la couture du pantalon, comme les membres du « noyau dur ».

Muamba, par exemple, a sans doute bénéficié en tant qu’ « enfant du pays » de voix qui, sans l’absence de l’UDPS, ne lui auraient pas été données.

Les discussions sont « plus fluides » entre le prisonnier de La Haye et Vital Kamerhe, le champion de l’Union pour la nation congolaise (UNC).

Le deuxième schéma tactique – beaucoup plus offensif – concerne les législatives, qui se dérouleront le même jour. Le MLC est, avec 67 députés, la deuxième force de l’Assemblée sortante, derrière le PPRD du président, Joseph Kabila. Avec 371 candidatures déclarées pour 500 sièges à pourvoir, pas question de laisser le champ libre. Objectifs: constituer un groupe parlementaire, être le pivot d’une majorité aux contours aujourd’hui incertains et, surtout, avoir un maximum d’élus pour éviter les risques de désertion…

Tel un canard de basse-cour, le MLC est décapité, mais il court toujours. Lors de l’arrestation de son plus farouche opposant, en mai 2008, Kabila avait de quoi se réjouir. Les juges de la CPI décideront si les réjouissances doivent se poursuivre.

Quelle sera l’issue du procès Bemba ? En ce qui concerne l’affaire actuellement jugée, c'est-à-dire les exactions commises par ses hommes en Centrafrique entre 2002 et 2003, l’acquittement espéré par ses partisans est toujours possible et serait même logique. Bemba devrait avoir des co-accusés, notamment Ange Patassé décédé entre temps, et faire de lui le bouc émissaire unique de crimes de guerre fatalement collectifs pourrait paraître choquant. Un acquittement au bénéfice du doute n’est donc pas exclu.

De son côté, le procureur Moreno Ocampo ne porte visiblement pas Bemba dans son cœur et a déjà fait allusion à « ce qu’il mérite pour ses crimes en RDC ». Cela expose fatalement le Procureur à la tentation – d’autant plus séduisante qu’il peut penser agir pour la justice et le bon droit même s’il le fait par des méthodes obliques – de chercher une condamnation parce que le prévenu est CAPABLE du fait, au nom des autres faits qu’il a commis et que l’on connaît, même si l’on ne peut en apporter la preuve. Le raisonnement est alors à peu près : « Le prévenu n’a qu’une tête à couper, alors qu’il a commis dix crimes dont seul le moins grave peut être prouvé. Trouvons donc le moyen de rendre ce cime-là passible de la peine capitale, et justice sera faite » C’est tout ce que l’on voudra, sauf de l’équité, du droit ou de la justice !4

Or, c’est un peu ce qu’il y a dans certaines déclarations faites autrefois par Mr.

Moreno Ocampo à propos de JP Bemba qui d’après lui ne pouvait être mis en liberté provisoire (à propos des atrocités en Centrafrique) « car il avait commis de nombreux autres cimes au Congo ». Or, ces crimes ne sont pas poursuivis par la CPI pour le moment. Il ne

4On devrait pouvoir estimer qu’une justice internationale est utile et même nécessaire, sans forcément applaudir systématiquement tout ce que dit ou fait Mr. Moreno Ocampo. Et ce fut d’ailleurs peut-être une erreur de n’avoir, dans une Cour compétente pour le monde entier, qu’un seul Procureur. Tous les magistrats, y compris ceux du Ministère Public, sont des êtres humains normaux, donc faillibles et susceptibles de faire des

« boulettes » ou d’avoir des faiblesses (y compris dans le domaine de la chair). Mais cela se perd dans la masse.

Un homme unique, dans le rôle du Procureur le plus puissant du monde, est peut-être trop visible, dans un univers où les médias sont si prompts à regarder les choses par le petit bout de la lorgnette ! Les quelques galipettes de Moreno Ocampo qui ont fait couler de l’encre et suscité de graves et juridiques commentaires auraient sans doute auraient sans doute été analysées suivant des proportions plus justes (c’est à dire comme des gamineries de macho un brin ridicule et immature) s’il ne s’était pas agi du « Procureur le plus Puissant du Monde » !

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serait doc pas étonnant de voir Bemba acquitté pour l’affaire centrafricaine et réincarcéré illico du fait d’autres poursuites !

Ce que l’on dit et ce que l’on fait

Au Sénat de la RDC, a eu lieu le vote de la Loi portant statut du Policier. Le Potentiel rapporte que c’est à l’unanimité que les 55 sénateurs en plénière, mercredi 19 octobre, ont voté cette loi. Il signale tout de même que c’est depuis le début de la session du mois de septembre appelée aussi session budgétaire, que le quorum peine à être atteint au Sénat. Dans les couloirs du Palais du peuple, renseigne Le Potentiel, on explique l’absence de plusieurs sénateurs du fait qu’ils sont occupés à préparer la campagne pour les prochaines législatives.

L’Observateur rapporte que cette loi compte 264 articles répartis en sept titres. Elle fixe le statut du personnel de carrière de la Police nationale congolaise (PNC) le dotant d’un cadre réorganisé et fonctionnel adapté à la vision portée par la loi fondamentale. Le journal rappelle que cette loi sur le statut du personnel de carrière de la Police nationale a été déjà adoptée à l’Assemblée nationale.

Le Phare constate, de son côté, une innovation qui fait de la Police un service public, civil, républicain et professionnel. Ce qui fait qu’elle doit désormais opérer avec des matraques sans armes à feu au regard de la loi, commente le confrère. Cette loi sera bientôt envoyée au chef de l’Etat pour promulgation. On notera que Le Phare, qui fait preuve de ce bel ptimisme, est un journal favorable à ‘opposition !

Il peut y avir une grande différece entre ce que l’on dit (même dans un texte de loi) et ce que l’on fait. La Police n’a pas attendu pour donner une brillante démonstration de ce qu’elle peut faire et de sa rare maîtrise dans l’usage de la matraque.

Ce jeudi 20 octobre 2011 à 11h30 c’est tenu encore un rassemblement de l’opposition congolaise à la Place de la Grande Poste à Kinshasa, sur le Boulevard du 30 Juin organisée par l’UDPS et des partis alliés. Selon Tharcisse Loseke Nembalemba, co-fondateur de l’ECIDé et membre de la "DTP", "L’objectif de cette manifestation, a-t-il confié au téléphone depuis Kinshasa, était d’exiger, une fois de plus, la transparence du processus électoral. Une délégation devait remettre un mémo au staff dirigeant de la Commission électorale nationale indépendante". Les protestataires ont vu surgir des policiers avant d’atteindre le siège de la Ceni.

Les militants de l’opposition ont été victimes de violence, passage à tabac et arrestations arbitraire de la part des agents de police déployés nombreux au centre ville afin d’empêcher l’afflux des manifestants en provenances des différents quartiers de la capitale.

L’on signale plusieurs blessés ainsi que l’enlèvement par la police du Président de la plateforme politique USA, Union Sacrée pour l’Alternance, M. Eugène Diomi Ndongala, qui était en tête des manifestants.

Une voiture de police l’a amené de force vers une destination inconnue pendant plusieurs heures pour le ramener par après au siège de la Démocratie Chrétienne, où de nombreuses voitures de police se sont déployées pour entourer complètement le siège du parti présidé par M. Eugène DIOMI NDONGALA. L’on signale, aussi, la présence de nombreux agents de l’ANR tout autour le siège de la D.C. sur Avenue Colonel Ebeya.

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A en croire Loseke, Martin Fayulu Président de l’Ecide, "est grièvement blessé" à la tête. Il a été emmené dans un centre hospitalier. "La police a tenté de m’appréhender, a-t-il souligné. L’audit du fichier électoral et du serveur n’ayant pas eu lieu, rien ne nous rassure sur la fiabilité du processus électoral en cours". Que comptent faire les forces de l’opposition? "L’opposition n’entend en aucun cas baisser les bras, dit Loseke. Elle va maintenir la pression en changeant peut-être de modus operandi".

Quant aux violences policières, les images qui suivent parlent d’elles-mêmes.

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UE Schengen

Par Bénédicte Meiers

Peut-être en avez-vous entendu parler. Freddy Tsimba (auteur de la

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Longue Vie) a été "mis dans l'avion" ce mardi matin. Sa situation m'a inspiré le texte d'une carte blanche dont le but est d'élargir le propos pour mettre en lumière une série de contradictions.

Territoire Schengen : mobilité professionnelle et tourisme pour les Occidentaux ; (im)migration, asile, répression pour « les autres », ceux qui sont d’office des étrangers ou des

« INAD », des « inadmissibles », sur le territoire.

Puisque la politique est affaire de discours, je vais donc vous raconter une histoire. Elle se passe entre les lignes d’un document de six pages écrites en néerlandais dont le destinataire,

« l’étranger », l’intéressé (de betrokkene), jugé « inadmissible », ne comprend pas un mot.

L’étranger en question a un métier et il en vit. En principe, il relève de la catégorie des migrants temporaires. Il vient et il va, il rentre chez lui. Il est attendu des deux côtés de la frontière. Certains auteurs les appellent des transmigrants. Il a introduit à la maison Schengen de Kinshasa une demande de visa pour six mois, sur base d’un dossier d’invitations, de prises en charge et autres attestations de solvabilité et de bonne vie et mœurs. Il est sculpteur, plasticien. Depuis sa médaille d'argent aux 4e jeux de la francophonie à Ottawa en 2001, il circule à travers le monde pour présenter son travail. Son langage est plastique. Mais il parle avec des douilles qui ont tué et des cuillères qui ont mangé. L’étranger a parfois un nom propre, celui-ci s’appelle Freddy Tsimba. S’il a conquis une belle reconnaissance dans son domaine de compétence, artistique, l’administration des affaires étrangères ne veut pas le savoir. Cela fait pourtant des années qu’il vient régulièrement en Europe dans le cadre d’activités artistiques reconnues et rémunérées par différentes institutions.

Dernièrement, il a fait l’objet d’une « erreur système » mais, le réflexe commun et systématique est de transférer la faute sur la victime. Elle est forcément coupable de quelque chose, ne fusse que de légèreté. Le libellé du visa prête à confusion. L’intéressé, de betrokkene, se laisse prendre au piège et en fait une mauvaise interprétation. La sienne bien sûr, celle qui était en cohérence avec le dossier déposé. Il a compris qu’il avait un visa de six mois (du 25 juin au 24 décembre) conditionnés à deux fois 90 jours consécutifs sur le territoire Schengen. Il aurait dû comprendre qu’il n’avait que 90 jours à l’intérieur d’une période de six mois. La maison Schengen de Kinshasa a ignoré ses contrats. Elle est sourde, aveugle, et muette. Elle s’applique. Tout le monde n’y a vu que du feu. L’agence fédérale de coopération culturelle qui fait la réservation du vol pour la première période et la compagnie aérienne avec laquelle il effectue l’aller-retour lui attribuent une date de retour qui dépasse de six jours les 90 jours autorisés. L’inspection des frontières à l’aéroport de Zaventem le laisse sortir alors qu’il est illégal depuis six jours. La même compagnie aérienne encaisse le prix d’un second billet aller-retour (seconde période de 90 jours) réservé par la mairie de Strasbourg. Le passager est immédiatement arrêté en zone de transit à Zaventem. Ce n’est que normal : son visa n’est pas valide ! La Cie reçoit une amende de 4500 euros pour avoir mal effectué le contrôle des dates, dont elle devra s’acquitter auprès de l’État belge. La victime, elle, est placée en centre fermé, « directive retour » immédiat, à moins qu’elle n’ose demander ce qui lui arrive et réfléchir un peu. Elle demande qu’on lui explique, par exemple. Pourquoi suis-je d’emblée abordé et traité comme un criminel, enfermé ? À double tour ? Tout le monde dans le même sac. L’intéressé, de betrokkene, vivra cinq jours avec ses compagnons d’infortune, soumis au bon vouloir de ceux qui décident, laissant dans l’incertitude et l’angoisse de son sort. Il n’a pas le choix. Mais il a quand même choisi le rapatriement volontaire et pour cela il doit s’engager à ne pas introduire de recours au Conseil du contentieux des étrangers. Il a la garantie que toute cette histoire sera effacée des mémoires

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administratives, qu’il ne sera pas considéré comme « refoulé ». Auquel cas il lui faudrait mettre une croix sur ses projets de mobilité.

Ce cas est tordu, me direz-vous, comme les cuillères dont le sculpteur fait des corps de supplié(e)s. Mais d’autres repartent volontairement avec lui alors que ceux-là ont des visas en bonne et due forme. Il y a donc deux têtes : une tête qui dit « oui » (au départ) et une tête qui dit « non » (à l’arrivée). Celle-là trouve toujours un bon argument pour justifier la négation, quitte à verser dans l’arbitraire, le délit de facies. Sans le dire, bien sûr. Mais en le faisant sentir. Les chiens ont du flair, c’est pourquoi on les engage.

Chaque jour, des dizaines de personnes sont cueillies à leur arrivée et enfermées là, au centre INAD, en attendant de statuer sur leur sort. Chaque jour on procède à des expulsions.

Certaines sont violentes. Recourir en extrême urgence pour suspendre une exécution d’expulsion aboutit rarement, nous confie l’avocate qui s’est penchée sur le dossier pour tenter d’éclaircir la situation dans laquelle se trouvait l’intéressé, de betrokkene. Seule alternative : demander l’asile ou rentrer chez soi profil bas. Il n’y a place ni pour la notion de mobilité professionnelle, ni pour le tourisme, lorsque l’on vient d’Afrique.

Palestine

COMMUNIQUÉ DE PRESSE 17.10.2011 SOLIDARITE SOCIALISTE

Contact presse : François Sarramagnan et Pascale Bodinaux fsarramagnan@solsoc.be - pbodinaux@solsoc.be

02/505.40.87 – 02/505.40.82

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Solidarité Socialiste soutient les prisonniers politiques palestiniens en grève de la faim depuis le 27 septembre

Suite à l’appel de la délégation générale palestinienne auprès de l’UE, du Luxembourg et de la Belgique et de différentes organisations de la société civile palestinienne, parmi lesquelles Addameer et Bisan Center for Research and Development, Solidarité Socialiste souhaite exprimer son soutien le plus déterminé aux prisonniers politiques palestiniens qui ont entamé une grève de la faim le 27 septembre dans plusieurs prisons israéliennes pour protester contre la détérioration de leurs conditions de détention.

Cette initiative fait suite à un discours du premier ministre israélien Benjamin Netanyahou le 23 juin dernier, à l’occasion duquel il a annoncé un changement de politique visant à punir collectivement les prisonniers palestiniens pour la détention continue du soldat israélien Gilad Shalit. Depuis lors, le Service Pénitentiaire Israélien (Israeli Prison Service) a restreint l’accès des prisonniers à l’enseignement, à la presse, aux livres provenant de l’extérieur. Il a également réduit le temps de visite accordé aux familles, procédé à certains transferts de détenus et, plus grave encore, il a augmenté son recours aux mesures d’isolement et aux fouilles de nuit.

Malgré la récente annonce de la libération de Gilad Shalit en échange de 1027 détenus palestiniens, la situation n’a pas changé. Pire encore, le service pénitentiaire a pris des mesures de rétorsion à l’égard des grévistes en confisquant certains produits comme le lait et le sel, denrées vitales dans une telle situation.

Pour rappel, environ 5000 Palestiniens sont encore emprisonnés dans les geôles israéliennes, parmi lesquelles figurent plus de 20 représentants du Conseil législatif et du Conseil national palestiniens dont Ahmad Saadate et Marwan Barghouti. Dans sa résolution du 4 septembre 2008, le Parlement européen avait appelé à la libération de certains d’entre eux, tout en demandant à Israël « de garantir le respect des normes minimales de détention, de traduire tous les détenus en justice, de mettre fin au recours aux "ordonnances de détention administrative" et de prendre des mesures appropriées en ce qui concerne les mineurs et les droits pour les prisonniers de recevoir des visites, conformément aux normes internationales ».

Solidarité Socialiste condamne les mesures de punition collective adoptées récemment par le Service Pénitentiaire Israélien et rappelle qu’elles sont formellement interdites au regard de l’article 33 de la quatrième Convention de Genève.

Par ailleurs, les prisonniers politiques entre ce lundi dans leur 21e jour de grève et leur état de santé se dégrade de manière inquiétante. Solidarité Socialiste appelle donc le parlement européen et tous les responsables politiques belges à faire pression d’urgence sur le gouvernement israélien afin que ce dernier accorde un traitement digne aux prisonniers palestiniens et qu’il se conforme aux règles du droit international.

Solidarité Socialiste – F.C. & D. asbl Rue Coenraets 68 – 1060 Bruxelles T: 32 (2) 505.40.70 / F: 32 (2) 512.88.16 www.solsoc.be / fcd@solsoc.be .

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