LES FOUILLES DE 1954 À 1978
L'infatigable chercheur que fut]. Breuer révéla 1' existence d'un tumulus à Antoing, lieu-dit Trou de Billemont (Mons BilliJ: il en avait trouvé la trace en dépouillant des notes laissées par
J. J.
Chiflet dans un manuscrit de la Bi-bliothèque de Besançona
.
BREUER, dans Revue b. hist. art arch. X, 1940, 147-167). En 1624, un marquis de Rouveroy avait fouillé sur ses terres un tombeau romain a vee couloir et caveaux. U ne seconde tentative fut entreprise en 1640. Chiflet (1654) donne un plan très sommaire de la trouvaille et signale que le tumulus recouvrait une couche de charbons de bois avec cinq ou six pièces d'urnes antiques, rouges et noires.En 1942, l'un de nous semiten rapport avec feu Charles Duval d'An-toing pour localiser la trouvaille sur le vaste plateau entre la route d' Antoing à Gaurain et Ie village de Fontenoy. En 1954, les substructions furent exacte-ment repérées sur les parcelles 133 et 134 de la section B du cadastre grice à une prospection hygrométrique dirigée par S.J. De Laet et les fouilles purent cammeneer en août 1954 avec l'aide de la ville d'Antoing. Deux tranchées perpendiculaires, selon les axes S.E.-N.O. et N.E.-S.O. amenèrent la dé-couverte du monument funéraire aperçu par Chiflet: nous avions affaire à un tumulus à tambour avec dromos et caveaux à niches d'un type peu commun (fig. 54 et 55 A) qui avait été complètement pillé (L'Ant. Class. 23, 1954, 446-447;Ann. Féd. Arch. Hist. Belg., 36eCongrès, Gand, 1955 (1956), 155-166). Dans le remblai, des tessons d'époque romaine ont été recueillis. 11 s'agit d'un matériel bien homogène qui peut se placer vers le milieu du nes. Depuis lors les intempéries malmenèrent les vestiges année après année.
En juillet et août 1958, nous poursuivîmes nos fouilles en dehors du périmètre du tumulus. Elles nous permirent de découvrir un important ensemble funéraire associé au tumulus (L'Ant. Class. 27, 1958,424 et 28, 1959, 144; Anal. Arch., Pestschrift Fremersdoif, 1960, 69-81). Cet ensemble com-prend:
a) au N.E. du tumulus un vaste enelos de plan rectangulaire, son petit cöté orienté selon le même axe que le couloir du tumulus, divisé en deux parties de surface inégale dont plus de la moitié est eneare enfouie sous la parcelle 134 (fig. 55 B). Dans le compartimentleplus petit et leplus proche du tumulus, un squelette de cheval dont les sabots avaient été coupés fut dégagé au niveau du sol en place, ainsi que quelques tessons. Le matériel, du milieu du ne s. est contemporain de la céramique recueillie dans le tumulus.
b) au N. 0. du tumulus, trois caveaux complètement pillés faits de quatre dalles dressées de 0,40 m de long et 0,30 m de ha ut (fig. 55 D). L'un d'eux cependant contenait quelques ossements incinérés et une assiette à enduit rouge pompéien réduite en poussière.
En 1968, le Service national des Fouilles entreprit le dégagement de tout le tambour en vue de la restauration du monument. Faute de subsicles ces travaux n'ont pas été poursuivis. En 1978, la ville d'Antoing nous autorisa à
ENSEMBLE FUNÉRAIRE À ANTOING: LES FOUILLES DE 1954 À 1978 89
Fig. 54. Vue générale du tumulus, détail du dromos, Ie caveau tumulain:, détail des fondations et de l'élévation du mur de l'endos funéraire, deux vues du caveau dans l'endos funéraire.
remettre au travail des ouvriers dans le but de procéder à la restauration du monument. Nous avons eu entre-temps !'occasion d'étendre nos fouilles à l'intérieur et autour du tumulus.
1) LE TUMULUS
a) Du tambour de 22 m de diamètre subsistent eneare 37 éléments chacun d'une longueur variant de 1 à 2 m. Leur face extérieure avait été cintrée
pour épouser une courbe parfaite. Sauf sur un segment au N. 0. ou quelques éléments d'une deuxième assise étaient conservés (fig. 54), il n'en subsistait que les bloes de base reposant sur des fondations profondes de 0,40 m constituées d'éclats de pierre disposés en hérisson. Les bloes de 0,60 m de hauteur étaient soigneusement taillés à leur base ou apparaît souvent un bourrelet de 0,10 m de hauteur n'ayant subi aucune retouche. 11 indique le niveau du sol à l'époque de la construction du monument. On ne peut qu'évaluer la hauteur de cette krepis, qui sur un segment S.O. atteint 0,80 m. Sans doute une troisième assise, peut-être moulurée comme au cénotaphe de Nickenich ou au tumulus de Bill (G.D. Lux.), formait-elle la crête du tam-bour lui donnant une hauteur d'environ 1 m. La face intérieure des bloes dont la longueur varie entre 1 et 2 m est restée très fruste.
b) Les parois du couloir ou dromos large de 0,75 m, orienté S.-E. et aligné sur une corde parallèle au diamètre, ont une hauteur de 1, 75 m, une longueur de 10,75 m. A I' origineelles étaient formées de 5 assises de bloes ajustés avec soin, avec le parement piqueté. Certains atteignent la longueur de 2 m. Ces parois reposaient sur un pavement épais de 0,25 m constitué de dalles rectan-gulaires soigneusement juxtaposées (fig. 54). A !'origine, Ie couloir était
couvert de bloes en forme de parallélépipède de 0,30 m de hauteur et de
1,50 m de longueur. Nosrecherches entreprises à l'entrée du couloir n'ont rencontré que de la terre remaniée. Sans doute faut-il supposer que l'on descendait dans le couloir par une série de marches à
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extérieur du tambour. Le couloir donnait accès au caveau de 1,25 m de largeur, 1, 75 m de hauteur etd'une longueur totale de 7 m dans son état primitif. Ses parois sont constituées de trois assises de bloes reposant sur un pavement de 0,30 m d'épaisseur, très abîmé lors des fouilles du XVW s. A cette époque le sol vier ge sur lequel il était
posé fut excavé sur une profandeur de presque 1 m. En vidant le remblai nous avons rencontré e.a. quelques tessons en poterie vernissée. La couverture du caveau était du même type que celle du couloir: bloes en forme de parallélépi -pède de plus de 2 m de longueur. Deux de ces niches rectangulaires, de 0,75 m de base et 0,50 de hauteur, ont subsisté dans la paroi face au couloir, une troisième fortement endommagée se trouve dans le mur N.E. qui ferme un des bras du caveau.
N ous avons fait des pelages sur une bonne partie de la surface à l'intérieur du tumulus ainsi qu'une tranchée parallèle au couloir. Ces travaux n'ont fait apparaître que le sol vierge, sauf à l'endroit ou se trouvait lebras S.O. du caveau lequel avait été pillé et démoli.
2) L'ENCLOS FUNÉRAIRE (fig. 55 B)
De plan reetangulaire dont nous ignorons la largeur et la longueur, divisé en deux compartiments, le premier, c' est-à-direle plus proche du tumulus, de 9 m de largeur, eet enelos était limité par de solides murs de 0,70 m de large dontil ne subsiste que les fondations, sauf sur un tronçon de 5 m de longueur qui a conservé la première assise de l'élévation. La maçonnerie au mortier blanc et aux parements en moellons taillés de 0,30 m sur 0,15 m était particu -lièrement soignée. Le remplissage entre les parements était constitué d'éclats
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ENSEMBLE FUNÉRAIRE À ANTOING: LES FOUILLES DE 1954 À 1978
8 8 ' ' ' ' ' ' ' ' ' ' ' ' ',~ ·< \
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'~ ~ ' ,' 91Fig. 55. Plan général des vestiges. A: tumulus. B: enelos funéraire. C: caveau central de l'enclos. D: petits caveaux découverts en 1958.
disposés en hérisson, les fondations, de 0,50 m de profondeur, d'édats plus grands en hérisson eux aussi (fig. 54). Cet agencement nous autorise à suppo-ser que le mur devait être assez haut. Dans l'angle fouillé, aucun seuil d'accès vers l'intérieur de l'endos n'a été retrouvé.
Contre le mur de refend qui sépare les deux compartiments et dans 1' axe dubras N.E. du caveau tumulaire fut mis au jourun caveau de 1,50 m sur 1,25 met 1,10 m de profandeur aux parais faites de dalles épaisses de 0,20 à 0,30 m soigneusement ajustées grace à des mortaises. Le fond du caveau est constitué de deux dalles (fig. 54, 55 C). Nous n'y avons trouvé que des couches d'alluvions provenant de ruissellements, des bloes de pierres, un crane de bovidé, un bouton de préhension campaniforme en terre brune d'époque romaine et, le long des dalles, la trace eauleur rouille de ce qui peut être tenu pour un coffre funéraire en bois. L'état des dalles indique que ce caveau a dû rester longtemps à découvert. Sa situation par rapport à l'axe du bras du caveau tumulaire permet de supposer qu'il se trouvait au milieu d'un des murs de l'endos dont nous pouvons de la sorte évaluer la largeur qui serait de 24 m. Lepremier compartiment a été entièrement fouillé: nous n'y avons découvert aucun autre caveau ni aucune trace de sépulture de pleine terre sic~ n'est, en 1958, le squelette de cheval, le crane au S. 0. situé lui aussi dans 1 'axe reliant le caveau du tumulus et celui de l'endos. Coïncidence ou trace d'un culte funéraire non signalé à ce jour dans nos régions?
