UNE VILLA(?) DUBAS-EMPIRE À MATAGNE-LA-GRANDE
A la fin du siècle dernier A. Becquet exhuma, pour le compte de la Soc. arch. de Namur, quelques vestiges d'un batiment gallo-romain dans le bois communal de Matagne (23). Cette construction fait partie d'un vaste site archéologique. Celui-ei occupe, en bordure de l'ancien chemin vicinal de Matagne-la-Grande à Fagnolle, un platea~ dominant la région à une altitude de 260 m (fig. 66). La partie explorée se situe sur le territoirede Matagne-la-Grande, dans la parcelle cadastrale section B, n° 1047 a, sous la dénomination
toponymique de Tienne des Noël. ·
Grace aux autorisations préalables accordées avec bienveillance par l'Administration communale et l'Administration des Eaux et Forêts, !'exa
-men du site put être repris en 1975 par la Société archéologique «Pro Anti-qua». Lors de cette campagne, nous avions mis au jour les substructions d'un Janurn dont la cella forme un quadrilatère de 5,80 m sur 5,90 m, avec base centrale rectangulaire. Le matériel archéologique datant du Bas-Empire ne
Fig. 66. Carte de situation.
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Fig. 67. Lefanum reconstruit.
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nous apporte aucune indication précise sur l'identité de la divinité hono-rée (24).
En 1978, les travaux furent repris sous l'égide du S.N.F., a vee le précieux concours de M.G. De Boe. La restauration du petitfanum fut la première tache entreprise. Ses murs en très mauvais état de conservation furent reconstruits et
rehaussés de quatre assises (fig. 67).
Puis notre attention se porta à l'endroit même ou A. Bequet avait localisé des substructions. La construction reetangulaire de 10,60 m sur 8,30 m (intra
muros), autrefois repérée, fut entièrement dégagée. Ses murs ont une épaisseur
de 0,60 met sont encore conservés sur une hauteur de 1 à 5 as sis es (fig. 68). U n
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Fig. 69. Plan de l'aile sud-est du corps de logis. A: premier état. B: second état. C: seuils.
UNE VILLA (?) DUBAS-EMPIRE À MA TAGNE-LA-GRANDE 111 blocage de pierres brutes noyées dans un mortier grisatre, est tassé entre deux parements composés de petits bloes de calcaire bien équarris et disposés en assises horizontales. Ils reposent sur une fandation en pierres sèches. Le sol intérieur garde les empreintes de poutres calcinées. Ces traces de destruction par le feu sont particulièrement nettes et forment un quadrillage de 1 ,30 m de cöté. A joutons que le niveau de cette salie présente a vee les pièces avoisinantes une différence de 30 cm, ce qui porte à croire que les traces de poutres calcinées représentent les solives d'un plancher.
Cette grande salie ne représente que l'aile est d'un vaste batiment qui s'étend vers le sud-ouest sur une distance d'au moins 80 m (fig. 69). Sa largeur reste encore inconnue. La face sud-est de eet édifice est précédée d'un dou-ble(?) portique dont chaque partie est large de 3,80 m et est reliée à la salie d'angle par une porte. Une troisième ouverture dans le coin norcl-est donne accès vers 1' extérieur. U ne dalle de calcaire, large de 1 ,40 m, en forme le seuil surélevé. Le mur extérieur du portique que jalonnent des nombreux débris de colonnes, est percé d'un portail de 2,30 m dont le seuil en calcaire est forte-ment délité.
L'analyse de la maçonnerie permit de distinguer deux phases de cons
-truction (fig. 69). Dans son premier état, caractérisé par l'emploi de mortier jaunatre, la façade n'était composée que d'un simple portique et d'une petite pièce d'angle beaucoup plus petite (4,50 m sur 5,10 m environ). Lors du remaniement ultérieur, la plupart des murs sont repris ou reconstruits sur le même tracé. Seules les parois sud et est de la pièce d'angle sont raséesjusqu'au niveau du sol.
Le matériel archéologique est peu abondant: relevons principalement des fragments de céramique indigène, de la terre sigillée provenant des fours argonnais et quelques objets en bronze (fibules et épingles à cheveux). Ils permettent une datation tardive que confirment les nombreuses découvertes numismatiques couvrant la période de 269 à 406 après
J.-C.
Le type et la fonction de l'habitation explorée restent encore obscurs. La disposition de la façade composée -d;un portique flanqué d'ailes saillantes, est tellement caractéristique que nous pensons être en présence d'une grande villa, dont le corps de logis principal est entouré d'un petit temple et de communs. La date tardive de eet ensemble constitue certes son intérêt princi-pal.