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La chapelle Saint-Remi à Hamerenne-Rochefort

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ARCHAEOLOGIA

BELGICA

87

F. BOURGEOIS et

J.

MERTENS

LA CHAPELLE SAINT-REMI A HAMERENNE-ROCHEFORT

EXTRAIT des Annales de la Société archéologique de Namur Tome 1111, 1965, pp. 79 à 112.

BRUXELLES 1965

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... ~ • - - • - > - _4 - - - - . .

-LA CHAPELLE SA INT-REMI

A HAMERENNE-ROCHEFORT

(3)

,

ARCHAEOLOGIA BELGICA

Etudes et rapports édités par Ie Service national des Fouilles,

1, Pare du Cinquantenaire, Bruxelles 4

ARCHAEOLOGIA BELGICA

Studies et verslagen uitgegeven door de Nationale Dienst voor Opgravingen,

Jubelpark, 1 Brussel 4

(4)

i

1-ARCHAEOLOGIA

BELGICA

87

F. BOURGEOIS et }. MERTENS

LA CHAPELLE SAINT-REMI A HAMERENNE-ROCHEFORT

EXTRAIT des Annales de la Société archéologique de Namur Tome LIII, 1965, pp. 79 à 112. BRUXELLES 1965

_

,

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La chapelle Saint-Remi

à Hamerenne-Rochefort

Introduetion.

Bi en des archéologues et des amateurs d' art ont scruté du regard la petite chapelle de Hamerenne ; depuis plus d'un siècle, elle intrigue les historiens régionaux à l'affût de doeu-meuts- très rares - sur son passé et surtout son origine. Des pèlerins vierment y invoquer sainte Odile d'Alsace, contre les maux d'yeux, sans prêter attention à la vieille statue de saint Remi, titulaire du lieu. Des touristes curieux la visitent et s'étonnent de leurs découvertes.

N'était-ce pas suffisant pour créer un courant de sympathie envers la vieille chapelle ?

Dans différents milieux cette sympathie se manifesta par le désir de pereer ses secrets.

Quelques membres du Cercle Culturel et Historique de Roehefort cherchèrent à réunir une documentation ; elle fut maigre. Les auteurs qui avaient traité le sujet comblaient, par leur imagination et des lieux communs, le grand vide des archives. lls prenaient pour certain de tardives croyances populaires concernant, soit la légendaire fandation au temps de saint Materne, soit la venue du corps de sainte Odile à Hame-renne pour le soustraire aux méfaits des guerres !

Ce dernier point du moins fut réfuté et nous connaiss6ns aujourd'hui des données moins fantaisistes·: .. t-é'strlt~:e~J~i appréciable, mais la fandation de la chapelle restait

:>

dans

l'ombre.

C'est alors que l'on pensa, comme cela s'était fait dans des églises de la région- Celles ou Waha- à y faire pratiquer des fouilles archéologiques. M. le chanoine A. Lanotte, membre

(6)

8 2

-effectif de la Commission Royale des Monuments se montra favorable au projet et fit valoir que la chapelle devait être restaurée. L'accord de M. Jean Lafontaine, propriétaire de la chapelle, permit l'établissement de cantacts entre le R.P. Albert van Iterson, secrétaire du Cercle Culturel et Historique de Rochefort, et la direction du Servt:ce national des Fouilles. Celle-ci décida que l' étude du bàtiment commencerait par des recherches à l'extérieur de la chapelle pour en reconnaître son plan général qui, visiblement, avait été amoindri.

La campagne s'étendit du 24 juillet au 10 août 1963. Devant les premiers résultats, le désir fut exprimé de voir les fouilles se poursuivre à l'intérieur de 1' édifice. Suite à la demande de la Commission Royale desmonumentset des sites, le Service national des Fouilles entama une seconde campagne de fouilles ; celle-ci eut lieu du 10 au 26 février 1964.

Les connaissances sur l'édifice en furent enrichies.

Ce rapport a pour but de faire connaître !'ensemble des résultats acquis.

N ous remercions Monsieur et Madame Lafontaine proprié-taires, qui ont autorisé les fouilles et y ont porté tant d'inté-rêt. M. le chanoine Lanotte pour son intervention, et particu-lièrement le R.P. Álbert van Iterson qui fut un agent de liai-son exemplaire et facilita nos recherches des sourees historiques et iconographiques dans Ja documentation du Cercle et les archives de l'abbaye de Saint-Remy. Nos remerciements s'adressent aussi à toutes les persounes qui ont manifesté leur intérêt à ces fouilles de quelque manière que ce soit.

Contrairement à ce qui se passe le plus souvent dans une fouille d'église, la terre n'a pas recouvert ici toutes les sub-structions mises au jour. Celles, découvertes à l'extérieur, ont été dégagées en surface et leur conservation sera assurée. Un aménagement intelligent effectué gràce à l'intervention géné-reuse des propriétaires, permet d'évoquer le plan complet de la chapelle et suggère son origine aux regards attentifs.

I

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I. Situation topographique.

Le hameau de Hamerenne est une dépendance de la com-mune de Rochefort. Situé à 2 km environ au sud de cette ville, il est campé sur leplateau qui domine l'ancien cháteau comtal et la vallée de la Lhomme.

Le chemin communal qui le relie à la route Rochefort-Saint-Hubert le traverse en se poursuivant vers Han-sur-Lesse. A partir de Hamerenne, il double une vieille voie, parfois en s'y superposant, passant par Roehefort et Han; l'ancienneté en est attestée par la présence sur son trajet de nécropoles tant de l'áge du fer que mérovingiennes.

A l'exception de quelques habitations modernes, le hameau s'est étiré le long de ce vieux chemin qui laisse à gauche la grosse ferme-cháteau, ornée de pierres et d'ancrages aux millésimes du

xvne

siècle ; elle figure all cadastre sous le no 572.

Au sud de la ferme, s' étend une prairie entourée de haies vives (C. 571) vers le centre de laquelle s'élève la chapelle Saint-Remi, actuellement Sainte-Odile (C. 570) qui fait l'objet de cette étude (fig. r et Pl. I).

Au premier coup d'ceil, sa situation à la périphérie du hameau retient l'attention. Ancienneroent ferme-cháteau et chapelle étaient séparées des au tres habitationspar un petit ruisseau qui alimentait un chapelet d'étangs. Un seul subsiste; les autres ont été comblés et transformés en jardins. L'état actuel a fortement amoindri l'aspect d'autrefois qui reflétait !'origine féodale de !'ensemble.

11. Sourees historiques. Bibliographie générale :

VASSE, A., Excursions en Belgique. Voyage à Roehefort et à lagrotte de Han, Bruxelles, 1846, pp. 61-62.

CREPIN, H., Xote d'un toltriste. Hamerenne, Ann. S. Arch. Namur liJ, 1853. pp. 117-119.

DE LA FAMENNE, I·. C., (François Crépin), Roehefort et ses environs, Rochefort, 1870, pp. I06-Io8.

LAMOTTE, G., Étude historique sur le Comté de Rochefort, Namur, 1893, p. 386.

(8)

. de la chapelle graphtque

S"tuation topo

(9)

8 5

-HAHJR Ed., LaLesse et te pays des gi'Otles, Bruxelles, 1901, pp. 199-200. ROLAND Ch. G., La seigneurie de Han sur Lesse, Ann. S. Arch. Namur

XXXVI, 1923, p. 12.

GERARD Ed., I.e canton et te comté de Rochefort, Dina.nt, 1951, pp. 223-224.

Malgré cette bibliographie relativement abondante tou-chant le hameau et la chapelle de Hamerenne, les auteurs ne citent ni acte de fondation, ni texte du Moyen Age concernant l'oratoire dédié à saint Remi. Si certains l'ont daté du XIIe

OU du XIIIe siècle, en se basant sur SOn architecture, aucun

document ne le signale à cette époque.

C'est à tort qu'un ouvrage, plus touristique qu'historique 1,

relate que la chapelle de Hamerenne est citée dans les actes du pape Adrien IV (24 juillet) et de l'empereur Frédéric Barbe-rousse (7 septembre) de l'an

II55·

Ces deux documents qui

contirment les possessions de l'Eglise de Liège, gardent le silence sur la petite chapelle dédiée à saint Remi 2

Les pouillés de l'ancien diocèse de Liège sont également

muets. Ce silence s'explique d'une certaine manière puisque l'oratoire n'avait aucune juridiction paroissiale, n'étant qu'une

simple annexe de l'église entière de Behogne (Rochefort). La souree qui aurait été la plus utile à la connaissance du bàtiment était constituée par les régistres de comptes, dont un,

au moins, paraît avoir été conservé après !'ancien régime. Il

s'intitulait : Régistre contenant les pièces de terre arable, les eens et rentes appartenant à la chapelle de Monsieur SLRemi du village d'Hamrenne, soub la paroisse de la mère église Notre-Dame de Behogne, de Rochefort, renouvelé et rescript par moi Jean Dumont de Behogne, curé de Behogne en l'an 1609 ...

Ce document est connu gràce à des notes prises par

Théodore-J

oseph Delvaux, ancien bourgmestre de Roehefort décédé en

r8zz, et dont les copies faites par son petit-fils, le docteur Paul

Delvaux, reposent actuellement aux archives de l'Etat à Namur 3 •

I. La Meuse et ses affiuents de Namur à Givet, (Petite bibliothèque du T.C.B.), Bruxelles, 1903, p. 42.

2. Cartulaire de St.-Lambert de Liêge, I, pp. 74 et svv. 3· AEN : Fonds Seigneuries : Roehefort , I.

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-Ces notes laissent supposer que le régistre indiquait aussi les dépenses oeeasionnées par des travaux à la ehapelle (voir ei-dessous les années 1610 et 1649).

A l' époque de la eopie, les régistres postérieurs à 1656 man-quaient déjà. Des amateurs d'histoire qui ont travaillé dans la première moitié du XIXe siècle ont peut-être utilisé eette souree sans l'indiquer. C'est pour eette raison que nous devons

tenir eompte de menus renseignements éparpillés ehez quelques auteurs.

Nous les classons ei-dessous, par ordre ehronologique, en indiquant la référenee de ehaeun.

1345.-« L'édification de la chapelle se perd dans l'antiquité. Les régistres curiaux de Roehefort en parlent dès l' an 1345. Elle est isolée et entourée d'~tn cimetière dans lequel on a trouvé beaucoup d'ossements. »

(AEN, Seigneuries: Rochefort, I ; notes du Dr Delvaux.)

1502-1509.-L'abbaye de St Remy-lez-Rochefort possède une rente annuelle de 2 setiers d' épeautre et de 4 d' avoine sur les héritages Agnès d'Hamerenne à Hamerenne.

(ASTR, Censier de l'Abbaye, 1465-1510, pp. 790, 825,

840, 857, 875, 889, 927, et 962) - Voir ei-dessous

1773·

1610. - Le peintre de Marche à eu pour salaire un jlorin et demi pour repeindre et restaurer l'image de saint Remy, les deux anges et une petite V i erge M arie.

(AEN, Seigneuries; Rochefort, I ; notes du Dr Delvaux.)

1649.-On a couvert la chapelle en ardoises. (Idem).

XVIIe s .. - Chapelle desaint Remy à Hamerenne est citée.

(PAQUEY,

J., Anciennes paroisses liégeoises de laprovince

de Namur, p. 40).

1686, 23 mai. - Visite par l'archidiacre de Famenne. Aucun rens ei gnement sur l 'état du bátiment. Le visiteur se borne à

Sigles employés dans les références :

AEN = Archives de l' État à Namjfr.

AEvL = Archives de l' Évêché de Liége.

ASTR = Archives de l'Abbaye de Saint-Rémy-lez-Rochefort.

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8 7

-dire qu'il y a un chapelain qui est à charge des habitants et que le curé de Behogne administre les sacrements.

AEvL, F. 11, 10, p. 227.

1698, 6 juin. - Même visite et mémes renseignements. Détail intéressant: le baron de Cartils de Hoene, seigneur du lieu est mambour de la chapelle.

AEvL, F. 11, II, p. go.

1714-1715.- Introduetion du cultede sainte Odile d'Alsace par Jean-Ernest de Loewenstein, comte de Rochejort, évéque de Tournai et grand doyen de la cathédrale de Strasbourg.

A. V ASSE, l.c.

1725, 3 juillet. - Visite de l'archidiacre de Famenne. Mêmes renseignements que précédemment. Le membour est taujours le seigneur du lieu quoique ce soit maintenant P. de Nandrin.

AEvL, F. 11, 12, p. 197·

1734 (vers). - Réparation de la chapelle par le baron de Sou-magne et de Nandrin, seigneur de Han-sur-Lesse (t 1734) qui fit don des statues de saint Remi et de sainte Odile.

A. V ASSE, l.c.

1767.-Jean-JosephDony, bénéjicier à Hamerenne (seul connu

à ce titre).

Régistre de comptes de la jamille Hector, fermiers à Hamerenne (1767-1830), p. 3.(Propriété de l'abbé L.

Hector, à Massul, Longlier, 1963).

1773. -Dom Charles Lambert, religieux cellerier du monastère de saint-Remy, met en hausse« une terre ou jardin au rnastier derrière la chapelle de Hamerenne » laquelle est afjectée d' une rente annuelle de trois setiers d' épeautre à racle (plein bord) due à la chapelle d'Hamerenne.

ASTR: Copie moderne de l'original appartenant à M.L. Dumont à H amerenne.

An VI, 15 Vendémiaire )(5 octobre 1797) -La chapelle de Hamerenne est désignée (ainsi que l' église paroissiale de Roehefort et l' église collégiale de Saint-Remy pour l' exercice du culte catholique. Décision des agents et adjoints municipaux du canton de Rochefort.

AEN, Commune de Rochefort, régistre 8 de

l'administra-tion municipale du canton anIV-an-VIl (1796-1799), p. 133· I

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8 8

-An VII (3 Thermidor) (zr juillet 1799). - La mesure du 15 V endémiaire an V I est rapportée en ce qui concerne la chapelle de Hamerenne, « Considérant qu'il serait irnpolitique et rnêrne dangereux au rnaintient de la police de tolérer plus longternps l'ouverture de la chapelle située au hameau de Hamerenne d'autant plus qu'elle se trouve à l'écart et hors de la surveillance irnrnédiate. »

La chapelle est fermée le même jo~tr et la clef déposée chez le citoyen Henrion, agent municipal.

Ibidem. pp. 304-305.

1830-1835. - La chapelle et le terrain qui l' entoure sant cadastrés à Rochefort, section C, 570 et 571; ils appartiennent au propriétaire de la ferme ; il en a taujours été ainsi depuis La propriétaire était alors Philippine de Senzeilles veuve de Claude de Bainville.

(Actes du cadastre, Rochefort)

1846.- Première mention connue de la suppression des colla-téraux sans indication de date ni d' époque.

A. VASSE, l.c.

1853. - Chapelle située au milieu de !'ancien cimetière. On a comblé par de la maçonnerie les espaces sous les arcades sou-tenues par les piliers de la nef centrale<< lorsqu'on a renouvelé la façade». (Sans indication de date).

Le plafond horizontal est en bois.

H. CRÉPIN, l.c.

r867-187o. - Entre les deux dates, on a restauré la façade ouest qui s' était écroulée. Un ouvrier, J eangenne, a perdu la vue en arrachant le portail. C' est à cette époque que l' on a planté les deux tilleuls.

(Renseignements Journis en 1963 par le docteur H. Naómé, de Roehefort ,petit-fils de M. Joseph Naómé acquéreur de la ferme et de la chapelle en 1885 et restés biens de la Jamille jusqu' en 1888.)

1870. - La chapelle avait trois nefs et a perdu sa tour. (Sans indication de date.)

F. C. DE LA FAMENNE, l.c.

r893. - Chapelle d2t XIII• siècle à laquelle on a supprimé, à une époque postérieure (?) les deux petües nefs et reconstruit

la façade.

(13)

8 9

-1949. - A l'initiative de M. Jules Bagage, propriétaire, et a-uec accord de la Commission Royale desMonumentset Sites, certaines réparations sont etfectuées à la chapelle. Elles com-portent : la restauration d' une partie du pavement, un nou-veau plafonnage de la nef, la maçonnerie des murs latéraux comprise entre l' ar cature et la corniche du toit, le remplace-ment des voliges de la toiture et sa cotJ,Verture complète en ardoi-ses du ban d'Herbeumont, la consolidation du clocheton; enfin des peintures rafraichissent le mobilier, le lambris des murs et l' on procède au blanchiment intérieur et extérieur.

(Dossier des travaux, Archives du propriétaire.)

Nous n'avons pas tenu compte de la tradition fantaisiste rapportée par A. Vasse, faisant remonter !'origine de la chapelle au temps de saint Materne. L'auteur en fait une paroisse pri-mitive avec juridiction sur plusieurs villages, dont Wellin. Or cette église possédait sa propre église dédiée à saint Martin dans le troisième quart du

vnre

siècle 1.

Plus prudent, Ed. Rahir dit simplement que la croyance populaire la fait remonter au temps de saint Materne, mais que

la chapelle date probablement du XIIe OU XIIJe siècle.

Les autres historiens restent silencieux sur cette origine mais nous savons que l'église de Behogne (Rochefort), siège d'un concile ou doyenné, est la mère-église de la région et que l'ora-toire dédié à saint Remi en relève directement.

Un autre élément mentionné par les sourees rassemblées ici pourrait être discuté: c'est la date de restauration de l'édifice, attribuée par A. Vasse, au baron de Soumagne et Nandrin décédé en 1734. F.C. de la Famenne, tout en maintenant cette date, est plus explicite sur le personnage. Il avait épousé

-dit-il- une comtesse de Rougrave, dame de Hamerenne et de Han-sur-Lesse.

Dans la liste des possesseurs de ces seigneuries, publiée par le

chanoine G. Roland 2, nous constatons que deux barons

de Soumagne- père et fils - ont épousé une comtesse de

r. J. HALKIN etC. G. RoLAND, Recueil des chartes de l'abbaye de

Stavelot-Malmédy, t. I, p. 56, no 21. 2. ROLAND, 0. C., pp. 75-76.

(14)

9 0

-Rougrave. Tous deux étaient encore en vie en 1743. Nous

renvoyons à eet auteur qui ne mentionne pas cette

restaura-tion. Il n'eut pas manqué de la signaler s'ill'avait connue, car

il est le seul à rapporter que <• le propn:étaire du manoir devait

entretenir en ornementset en luminaire la chapelle Saint-Remy »1.

Malheureusement, et cela étonne d'un historien de sa classe, il ne ei te pas sa source. Ce détail est cependant important car il

prouve l'éxistence d'un lien entre la chapelle et le seigneur du

lieu, obligation qui éclaire sur le titre de mambour porté par

eer-tains d.'entr'eux. Ce lien laisse entrevoir une origine féodale 2

.

Or, nous avons vu précédemment que les héritages d' Agnès

de Hamerenne étaient chargés d'une rente en nature en vers la

chapelle et que l'abbaye de Saint-Remy la percevait dès 1503.

Il n'est pas invraisemblable que cette dame ait appartenu à

la famille seigneuriale connue dans le dernier quart du XIe

siècle: Conon de Hamerenne est cité, avec son frère -

Gode-froid de Han- dans des chartesde I078 à 1095 3 . UnGérardde

Hamerenne figure, parmi les témoins, sur l'acte de dorration de

la dîme de Mallen (Moulin sous Eprave) par Nicolas de Han à

l'abbaye de Saint-Hubert en 1203 4

Il serait en tout cas téméraire de vouloir faireremonter I'

ori-gine de la chapelle Saint-Remi de Hamerenne à l'époque de

saint Materne.

111. Sourees iconographiques.

On ne possède aucune représentation de la chapelle

Saint-Remi dans son état ancien. Les plans du XVIIIe siècle qui

l'indiquent sont, ou fantaisistes, ou dessinés à une trop petite

échelle pour nous donner des détails sur sa configuration.

Pour fixer les idées, citons toutefois, ceux dont nous avons

pris connaissance :

I. Ibid., p. 12.

2. A ce sujet on consultera utilement: F. RousSEAU, Tours domaniales

et tours de chevaliers, églises et cimetières fortifiés dans le Namurois, Ann. S. Arch. Namur, XLVI, 1952.

3· ROLAND, 0. C., p. 17.

Ibid., p. 17. - G. KuRTH, Charles de Saint-Hubert-en-Ardenne, t. I,

(15)

g i

-I. Plan de la ville et chàteau et d'une partie du Comté de Rochefort ... appartenant à Son Altesse le Prince de Stolberg, situé dans le Pays de Luxembourg et de Liège.

Levé et dessiné par Matheus KILZ, ingénieur, l'année I746.

Manuscrit rehaussé à l'aquarelle. Original. Archives de l'abbaye

de Saint-Remy, Rochefort.

Si ce document paraît fidèle pour Rochefort, il témoigne d'une grande fantaisie pour ce qui intéresse les villages environnants

et notaroment Hamerenne, qu'il dénomme Anseren. La topo-graphie du village y est entièrement faussée. Le plan qu'il donne de la chapelle comporte: un porche, une nef, un transept

et un chceur qui paraît polygonal.

z. Variante du plan ci-dessus.

Original aux Archives Générales du Royaume, Bruxelles,

Cartes et Plans, n° n78.

Les églises y sont dessinées en perspective cavalière. La chapelle de Hamerenne, toujours dénommée Anseren, ne comporte qu'un vaisseau, sans collatéraux ; elle a un haut doeher qui semble être en charpente; le chevet est plat. 3· Carte de Cabinet des Pays-Bas autrichiens par le comte de Ferraris (vers I767-I770).

Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles.

La chapelle de Hamerenne y figure, à peu de chose près, à

son emplacement réel. Elle n'est qu'un petit rectangle portant

une croix. Rien ne décèle le plan précis.

4· Cadastre français de Rochefort, levé en I8II par

J.L.

Hoyoux, Géomètre.

La chapelle y est située à son emplacement exact et porte le no IOZ8, dans le terrain qui l'entoure (n° IOZg). Son plan est

reetangulaire et se termine, à 1' est, par une abside semi-circulaire.

5· Plan du domaine seigneurial de Hamerenne, commune de Rochefort.

Original manuscrit s.d. (entre I855 et I87o). Archives de

l'abbaye de 51-Remy, Rochefort.

La chapelle est à sa place réelle. Sa configuration est peu précise et le chevet paraît carré. D'autre part, une

excrois-sance de construction sur le mur sud permet de supposer

(16)

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9 2

-Aucune gravure ou tableau n'existe pour nous renseigner sur l'état de l'édifice avant notre époque.

On ne possède que la colledion de photographies conservées à l'Institut Royal du Patrimoine National à Bruxelles, (A. C.L.)

photos prises entre I905 et I944· En voici la liste détaillée :

No 28.53r.B. 28.522.B. 28.53o.B. 8r.503.B. 4.8rr.E. 29.332.B. I3.233.E. !.234-E. 3I6.E.

Intérieur, vu vers le chreur; les trois

autels existent encore. (I942) (pl. V). Extérieur (I942)

cöté sud. (I942)

détail d'une fenêtre (I944) (pl.III) cöté nord (avant I940).

détail de l' abside (I 942) . mur sud et façade ouest (entre

I905 et I9IO).

deux fenêtres du mur sud (I944)

vue sur le cöté sud (entre I905

et I9IO) (pl. 11).

IV. Description de l'édifice actuel.

Tache claire, parmi les prairies cernées de haies vives, la chapelle d'Hamerenne fait figure « d'annexe » de la grosse

ferme-chàteau toute proche (pl. I). Les deux bàtiments sont blanchis à la chaux mais, si celle-ci porte des marques du

xvne

siècle en différents endroits - pierres gravées et

enera-ges - celle-là conserve des traces certaines d'une plus loin-taine existence.

De petites fenêtres romanes, sous l'arcature lombarde, font penser à une construction du

xne

siècle. On n'est pas si

loin de l' église de Celles ...

ExTÉRIEUR - Son aspect fluet actuel résulte d'un «

amoin-drissement » imposé par les malheurs de certaines époques comme par les nombreux hivers et les intempéries.

Un petit clocher carré en charpente, couronné d'une flèche à

huit pans et qui porte une croix de fer forgé, surmonte une toiture rectiligne d'ardoises bleues.

Dans sa façade ouest, (pl. XI) sous un are de décharge légère-ment cintré, s'ouvre une portede 92 cm de large et de I m 85

(17)

9 3

-de haut. Son cadre est fait -de pierres -de calcaire dont la découpe et la taille laissent découvrir leur réemploi.

Les murs latéraux, nord et sud, (pl II, III) sont percés de trois étroites fenêtres en plein cintre ; un groupe de cinq arca-tmes abri te chacune d' elles à quelque trente centimètres de la corniche du toit. Ces groupes sont séparés par un pilastrede faible saillie et descendant au niveau inférieur des fenêtres ; celles-ei sont percées sous chaque arcature centrale.

Leur hauteur au-dessus du niveau du sol étonne. L'examen des murs démontre que les couches de chaux dissimulent trois arcades qui ont été remplies de maçonnerie dans les intervalles de quatre piliers. Visiblement il s'agit des fenêtres hautes de la nef d'un édifice dont les collatéraux ont été supprimés.

La partie orientale du batiment se prolonge, sur une lon-gueur de I m 40, dans !'alignement des murs latéraux formant la nef.

Un panneau, en creux dans les murs et terminé à sa partie supérieure par un groupe de trois arcatures, à un niveau plus bas que celle de la nef, indique !'emplacement du chreur. Une fenêtre y est percée sur chaque face nord et sud (pl III).

Après un retrait de I2 cm le chevet s'amorce sur un plan

semi-circulaire (pl. IV). La trace d'une ouverture murée à 2,40 m du sol, se marque sous une arcature qui, cette fois, comporte cinq éléments plus larges et plus bas encore que les précédents.

lNTÉRIEUR - La porte franchie on se trouve directement dans la chapelle. Mais, l'épaisseur du mur occidental est telle que le grand are intérieur, aménagé sur 2 m de largeur et qui

atteint une hauteur de 3,42 m à la clef, constitue une sorte de faux-porche. Son angle gauche sert de logement à un bénitier carré, sur pied, de go cm de haut; c'est unmonolithe decalcaire bleu.

La nef est divisée en trois travées par des pilastres saillants

(ce sont en réalité d'anciens piliers de section carrée) ornés, à 2,67 m au-dessus du pavement, d'impostes n'existant que sur les faces internes des arcs en plein cintre qu'ils portent. Leur clef atteint une hauteur de 3,80 m ; les fenêtre hautes à larges ébrasements s'ouvrent à I,52 m au milieu de chacune.

(18)

-94--Dans la première travée on a installé un petit jubé de bois auquel on devait accéder par une échelle. Son plancher est à 3,50 m de hauteur.

De faux autels latéraux, dédiés à sainte Odile et à saint Roch, avaient été installés de chaque coté de !'ouverture du chceur (pl. V) ; simples massifs de briques, dissimulés par une peinture marbrée avec antependium de bois et posés à même le pave

-ment, ils dataient du siècle dernier ; manquant totalement d'intérêt ils ont été supprimés en prévision de la restauration. Le pavement est un assemblage de carreaux de calcaire de 27 cm sur 27 cm et de dalles de toutes grandeurset épaisseurs provenant pour la plupart de la ferme.

Le plafonnage est uniforme.

Dans les combles, le mur occidentalest composé de la façade 77(probablement la restauration du XIXe siècle), plaquée con

-tre le mur existant de la nef (64 /76) ; celui-ei a une épaisseur de 100 cm et s'arrête au niveau des poutres du plafond. La distance entre les poutres varie : elles sont assez rapprochées sous le clocheton- 47/48 cm- puis s'écartent pour arriver à 57-62-50-52-53-63 cm, etc. Le plafond actuel est fixé à la face inférieure des poutres ; celles-ei étaient visibles primiti-vement.

Au dessus du chceur, les poutres (5) sont distantes de 73 à 8o cm ; elle se trouvent à 72 cm sous le niveau du plafond du chceur.

Le chmur est séparé de la nef par un degré de calcaire bleu qui le hausse de 15 cm; une balustrade à fuseaux de bois (du même type que celle du jubé) fait office de barre de communion.

Au-dessus, !'ouverture de liaison avec la nef se découpe en rectangle au ras du plafond du chceur ; celui-ei est orné au centre du monogramme IHS, accompagné d'un cceur avec trois clous, dans une rosace de plàtre mouluré.

De part et d'autre de l'arc triomphal dénaturé, deux petites armoires à porte de chêne ont été aménagées dans les murs latéraux, à 1,15 m de hauteur.

Deux fenêtres, situées à 1,96 m du pavement, éclairent le chceur. Celle du mur sud a conservé sa forme originale en plein cintre tandis que celle du nord a été modifiée en un rectangle allongé; elles ont le même ébrasement que celles de la nef.

(19)

9 5

-L' autel est un massif de maçonnerie dissimulé par des hoise-ries et par un antependium peint en faux marbre. Il est surmon-té d'un grand retable de style classique qui masque le fond de l'abside. Entre deux colonnes une niche abrite une statue de N.D. de Luxembourg.

De chaque cóté de l'autel une arcade, profondede 50 cm, est amenagée dans l'épaisseur du mur; (largeur: 1,15 m; hau-teur : 1,92 m) Les banquettes de maçonnerie, qui combient leursparties inférieures jusqu'à 6o cm, laissent penser qu'elles servaient de sièges à !'officiant et à son servant.

Dans celle du sud une petite crédence-lavabo est aménagée. C' est une pierre taillée en rectangle (40 X 20 cm) dont le

centreest percé d'un trou pour l'écoulement de l'eau.

Derrière Ie retable de l'autel une pierre de calcaire bleu forme, sur Ie cóté droit, une console arrondie. Elle peut avoir servi de support à la lampe du sanctuaire lorsque c'était requis ( ?) .

Lepavement du chreur, autrement soigné que celui de la nef,

est constitué de carreaux de marbre Saint-Remy, de marbre noir veiné de blanc et de calcaire gris de 21 X 21 cm. Ils sont posés en oblique et forment un échiquier. Du cóté évangile se trouve une petite dalle funéraire de 35 X 32,5 cm. Sous un écu armorié elle porte l'inscription suivante : HIC lACET

NOBILIS JET FORTIS DNS NICOLAUS JGROUWEL

EQUESTRIS fTURMAE DUCTOR VULNERE fCONFOS-SUS OBIIT 2DA

fMA

Y 1643 fNOBILIS DNS NI COLA US

f

GROUWEL HOC JPOSUIT PA TRI JMONUMENTUM

f

R.I.P. 1.

Tous les murs de la chapelle, recouverts d'une épaisse couche d'enduit, sont uniformément blanchis à la chaux. Un soubasse-ment en peinture brune en fait Ie tour.

En raison de son intérêt archéologique et artistique, la chapelle Saint-Remy à Hamerenne-sous-Rochefort a été classée comme monument par Arrêté Royal du 18 juin 1946.

r. Grouwel: d'or à trois pals d'azur, au chef de gueule, chargé à dextre

d'un croissant d'or et à senestre d'une étoile d'argent (Louvain). Cfr RIET -STAP, Armorial Général, t. II, Lyon, 1950, p. 838.

(20)

g 6

-IV. L'examen archéologique.

Nous donnons ei-après ladescription des murs et des traces décou verts au cours des tra va u x de fouille. Les numéros correspondent à ceux figurant sur le plan général des fouilles. Tous les niveaux sont calculés d'après un niveau zéro qui est celui du seuil de la porte d'entrée de la chapelle et en même temps celui de la nef.

Sondages ef}ectués à l'extérieur de la chapelle (fig. 2).

Tranchée I.

Cette tranchée, creusée à l' extérieur de la chapelle nous a

livré le secteur sud-ouest de l'ancien édifice.

1 : restes de l'ancien dallage en pavés de grès à - 13, conservé sous l'arcade murée ; le remplissage des intervalles des piliers de la nef s'appuye donc immédiatement sur le pave-ment ancien ; l' épaisseur des dalles varie de 4 à 12 cm. Le pave-ment a été rencontré partout dans le collatéral sud (cote

- r3à- r6).

2: mur extérieur du collatéral sud; épais de 85 à 89 cm, il

est construit à gros joints de mortier gris-jaune assez dur, noyant des moellans irréguliers en calcaire de grandeur

varia-bie (25 à 30 cm) ; parfois de petites plaques de schiste sont

placées dans les joints; conservé de -70 à

+

28, il est posé partout sur le sol en place, constitué d'argile schisteuse et

jaunàtre.

3: ce mur, formant la façade occidentale du bas-cóté, est en réalité le mur est du donjon ; même matériaux que 2, mais dans un mortier gris, plus dur; conservé de- 94 à - r6 jzr ;

épaisseur: r,Sg à 2,00 m.

5 : tombe d'enfant à - 52; pieds du défunt vers l'est.

6: tombe d'adulte à - 6o, creusée dans le sol en place; même disposition que 5 ; bras croisés.

7: massif de maçonnerie en moellovs du pays, s'appuyant sur le sol vierge et conservé de - 6o à - 40 ; déchets de mortier jaune-clair, sableux, très tendre (cfr. 30).

(21)

9 7

-10 : mur sud du donjon, lié à 4 et identique à celui-ci. Le dessus de ces fondations se trouve à peine à ro cm sous la

surface.

FrG. 2. - Hamerenne : localisation des tranchées.

Tranchée IJ.

12: remplissage de fandation de l'abside sud; conservé en quatre assises de - 74 à - 25 ; mortier gris-jaunàtre.

13: tombe d'enfant à - 35, placée sur des pierres; pieds

vers l'est.

14: tombe d'enfant à - 57; même disposition que 13. 15 : fosse d'une tombe dérangée par l'aménagement de 14 ;

profandeur: - 65; le remblai contenait quelques os d'adulte. 17 : continuation de 2 ; même construction ; vers l' extérieur

le pavement est assez régulier ; conservé sur deux assises de

- 42à- q.

Tranchée JIJ. Collatéral nord.

18 : absidiole nord, identique à 17 et conservée également sur deux assises d'épaisseur; même moellans irréguliers du

pays noyés dans un mortier jaunàtre. Vers l'extérieur la fonda-tion forme un ressaut large de 6 à 7 cm, dont le niveau est à - 28.

(22)

g 8

-19: pierres de blocage alignées à l'intérieur de l'arc de l'ab-sidiole de - 28 à - 17 ; cfr. 12, tranchée II ; il est possible que ces fondations aient servide soubassements aux autels des bas-cotés.

23 : renforcement extérieur de la fandation de 18 ; niveau : - 3 3 ·

24: pavement en dalles et pavés de calcaire gris-bleu, épais

de 20 à 30 cm.

Tranchée IV.

25: grosse pierre en calcaire à

+

12, appartenant au don-jon ; elle a été légèrement déplacée pour servir de pierre an-gulaire à la nouvelle façade.

27: fandation du donjon correspondant aux murs 4 et 10 de la tranchée I ; s'appuyant partout sur le sous-sol schisteux, il est conservé sur une profandeur variant de - 65 à

+

6.

28 : mur extérieur du collatéral nord ; même épaisseur et construction que 2; il n'est conservé qu'en fondation.

30 : blocage du pavement ancien constitué de pierres, débris

de maçonnerie, mortier jaunatre; niveau: -30/32 ; corres -pond au massif 7 de la tranchée I.

31 : seuil de l'entrée latérale, aménagé après la suppression des collatéraux ; c' est une grande pierre en calcaire bleu, longue 87 cm, large de 40 et épaisse de 10 et 12 cm ; niveau : - 7.

32 : passage de 1' entrée 31, large de go cm visible dans la fandation du mur de comblement de l'arc; les traces dispa -raissent dans l'élévation du mur.

Sondages V-VI.

L'angle nord-ouest du donjon - mur 33- ainsi que la

façade occidentale- mur 34- subsistent sous la forme de

faibles amas de pierres, plus ou moins alignées. Les tilleuls plantés en eet endroit ont détruit en grande partie ces fonda-tions.

Fouilles à l'intérieur de la chapelle.

38 : autel Sainte-Odile : massif maçonné de pierres et mor-tier jaune dur avec revêtement de briques, surmonté d'un retable bas portant une niche de tóle abritant une statue de

(23)

g g

-sainte Odile (XVJIIe s.) -L'autel est dissimulé sous un enduit peint en faux-marbre- L'autel est plaqué contre l'angle de la nef 39 qui était déjà plàtré et peint avant la construction de eet autel : il était posé à même le pavement actuel, qui se continue en-dessous. L'autel Saint-Roch, du sud, fait pendant à eet au tel ; il présente la même construction.

39 : pilier engagé de la nef avec son pendant au sud.

42 : marche du chreur en calcaire bleu taillé large de 30 cm et haut de I5 ; elle est posée sur le mur de chaînage de l'arc du chreur, fait de sept assises de moellons de grès et de calcaire irréguliers- appareil très fruste- maçonnés à gros joints de terre qui dissimulait du mortier gris clair à la chaux (dur) maïs friable; proiondeur: - IOO: la iondation s'appuye sur des pierres placées sans mortier ; quelques pierres servent de blo-cage à - 8z.

43 : maître-autel : massif de maçonnerie de n6 X no cm, s'élevant à

+

IIZ,5 cm et construit en moellons plusou moins réguliers, masqués par un enduit conservé en majeure partie sur les faces antérieures et latérales. Des traces de peinture rouge sont visibles de la base des fondations jusqu'à 75 cm, sous une couche beige plus récente. A partir de ce niveau la maçonnerie remaniée indique un exhaussement jusqu'au niveau actuel. Cette partie a été grossièrement enduite et par endroits seulement.

Une pierreplus ou moins taillée (de 24 X ZI cm), visible au centre et immédiatement sous la table d'autel, masquait une cavité de 65 cm de proiondeur environ.

Parmi des débris d'ardoises et un coin de bois, employés pour assurer l'horizontalité de la pierre d'autel, se trouvait une boîte de plomb munie d'un couvercle de bois non adhérant. Visiblement elle avait été ouverte à un époque antérieure. Elle renfermait entre autre, un parebemin daté de I5I9. C'était l'ancien sépulcre aux reliques. Nousen donnons le détail dans

I' annexe I.

Le massif d'autel est couvert par une pierre monolithe en grès de la région (Jemelle), de IZ9

x

I36 cm et épaisse de 7cm, moulurée sur la face antérieure. Elle porte deux croix de consé-cration qui sont des traits maladroitement gravés et inégaux.

(24)

-

IOO-C'est vraisemblablement lors de rexhaussement de l'autel que la table fut entaillée vers son centre d'une cavité de I4 X 8,S cm pour y placer des reliques (Méthode cependant en usage au XIXe siècle pour reconsacrer des autels après la Révolu-tion). La cavité est obturée par une petite pierre de calcaire bleu, rnaintenne par une barre de fer scellée au plomb. Ces choses ont été laissées intactes.

L'exhaussement de l'autel est postérieure à la décoration du chreur datée de I6S4, a.ttendu que la frise du lambris court derrière l'autel sur le pourtour de !'abside; l'exhaussement l'aurait dissimulée à la vue des fidèles.

Le massif d'autel repose à partir de

+

IS (jusqu'à - 63) sur une fandation 44 faite de moellans irréguliers de calcaire plus ou moins apareillés et débordant de 24 cm l'élévation de l'autel43. Cette iondation à dérangé une tombe préexistante à - 6J.

Tranchée VII.

Sous lepavement ach1el à -I4 cm sous le mortier liant les dalles et une couchede terre, subsiste I' ancien pavement : il est constitué de pavés de grès de dimensions irrégulières : 3S X

z s -30 X

zo-

IS X

zo

/IS- 20 /IS X IZ /8 cm, etc ; l'épais-seur varie de IO

/IZ

à I6 /IS cm ; les dalles sont posées sans mortier en lignes transversales de largeurs inégales et non symétriques. Jusqu'à- so le terrain est composé d'une couche de terre très tassée, de déchets, de mortier (jaune à loupes de chaux) et d'argile.

46 : quelques pierres placées (à- S6) au tour d'une cavité qui se dessine en noir et rouge, terre brûlée avec un peu decharbon de bois ; quatre tessons de poterie ; le fond de ce logement à

- 70 cm se préscnte comme une faible trace circulaire

48: tombe avec squelette à - 74 cm, tête à l'ouest, bras croisés, rnains sur Ie bassin ; inhumé dans un cercueil : traces de bois et quatre clous. Dans le remblai de cette tombe se des-sine de-36 à.- 47, et sur une longueur de 2,60 m, une trace de terre rougie au feu et dépassant la tombe (trace 47).

49: pierres placées en cercle, à -64, le bord intérieur rougi au feu, a vee au centrede la terre brulée, rouge et noire ; dr. 46 ; dans Ie remblai, quatre tessons d'un même pot.

(25)

---~

--=---

J . . . • - _ _ _,._ - - - -

~-- I O I

-50 : quelques pierres engagées dans la paroi sud à - 56 cm, posées l'une sur l'autre jusqu'à -go cm.

51 : trois pierres à- 8o contre la paroi nord de la tranchée, traces de charbon de bois et de terre rougie.

52 : plusieures pierres partiellement engagées dans la paroi sud, elles sont recouvertes par un niveau ancien noir qui se prolonge jusqu'à la marche du chreur.

53: même amas que 52, mais les pieres sont disposées au-tour d'un vide de 24 cm de diamètre.

54: même disposition que 53; la cavité présente une paroi rougie. Les profondeurs de 52, 53 et 54 sant respective1nent - go,- 84 et- gs.

58: renforcement de l'angle, avec déchets de mortier jaune, de - 20 à - 30 ; ce massif passeau dessus de 59.

59: mur de chaînage des pilliers de la nef, ayant la même largeur; niveau- 40 cm; gros moellons et gros joints de terre avec petites pierres et argile ; les trois assises sont posées à - g7 / -102 cm sur le schiste en place.

60: amas de pierres et de déchets de mortier de - 47 à - 63 cm ; présente un vide plus important que 46 et 49. 61 : identique à 59 et soutenant 63 ; il est constitué de quatre assises s'appuyant à- go cm sur le sol en place.

62: massif maçonné à - 72 cm, avec un peu de mortier gris-jaune, de moellons moyens et une grosse pierre calcaire de 46

x

26

x

15 cm.

63 : pilier posé à - 30 cm sur 61 et construit en mortier gris jaunatre résistant : tout comme 61 il n'est pas lié à 64,

en fondation (pl. IX, a). La liaison est cependant faite à partir de

+

35-64: mur occidental; en fondations ce mur conserve encore quatre assises maçonnées au mortier gris dur, puis à l'argile jaune; il est posé à- 86 cm sur la roche.

Examen des murs.

65: niche nord du chreur avec banquette de maçonnerie platrée aménagée dans l'épaisseur du mur.

66: idem dans le mur sud. A

+

g4, cette niche présente une crédence en pierre taillée de 40 X 20 cm, et cachée par l'enduit.

(26)

1 0 2

-Les niches 65 et 66 ne sont pas un évidement dans une maçon-nerie existente mais elles ont été construites en même temps que les murs ; les claveaux qui forment leurs arcs le démon-trent nettement.

68 : console arrondie en calcaire bleue à + 233 ; épaisseur =

17 cm.

69 et 70: deux petites armoires de 40 cm de profondeur, à portes de chêne, hautes de 73 cm ; niveau : + II5.

Le départ de l'ancien are triorophal du chreur a été retrouvé à + 395 cm ; la base du daveau inférieur fait voir que la pierre en imposte sur laquelle il reposait a été enlevée lorsque I' ouverture fut haussée; les claveaux n'étaient pas rejointoyés.

72 : les murs du sanctuaire - 72 et 73 - ont été surélevés

jusqu'au niveau de ceux de la nef, ce qui est surtout visible à l'extérieur; il en est de même de celui de l'abside 74 qui était initialement plus bas encore que ceux du sanctuaire; eet exhaussement se remarque Ie mieux dans les combles : les murs primitifs, larges de 97 cm, sont maçonnés au mor-tier gris dur; les parties surélevées, moins larges (64 cm), sont faites en un mortier jaune tendre.

Le décapage partiel des murs du chreur a fait apparaître un ancien enduit, chaulé, de conleur légèrement crème et décoré de peintures à I' eau posées directement sur la chaux; Ie soubas-sement, de + 15 à + III, imite les pierres de taille gris bleu ;

les joints sont jaunátres ; il est surmonté d'une frise de 14 cm qui représente des ondulations en noir et rouge fort librement traitées. Le bord supérieur est ponctué de distance en distance par des perles en noir ou en rouge. Cette décoration fait Ie tour du chreur, encadre les deux petites armoires, se poursuit dans les creux des niches et se continue sur toute I' abside derrière l'autel. (pl. X).

A+ 197, sur la paroi voisine de la niche nord, a été retrouvé peint par le même procédé, une petite cartouche reetangulaire (zo cm X 9,5 cm) portant la date de 1654 (fig. 3).

Dans la façade occidentale, plusieurs changements ont défi-guré complètement I' aspect primitif: I' arcade d'entrée - 75 -a Ie dép-art de I' are à + 240 et la clef à+ 342: les claveaux sont bien apareillés mais non rejointoyés. Au-dessus de cette arcade,

(27)

1 0 3

-nous avons trouvé, sous les enduits, à

+

473, une baie cintrée, large de 65 cm et haute de rzo à la clef ; les pieds-droits et les claveaux présentent des moellons régulièrement taillés et liés au mortier gris, le même que celui qui a servi à construirel'église romane. La façade actuelle 77, n'est pas liée avec Ie mur 76; elle a obturé une partie de I' ouverture de l'arc 75.

'

FIG. 3· - Millésime peint dans le chreur.

Quelques niveaux relevés sur le mur nord, permettent une reconstitution générale des collatéraux :

consoles de l'arcature lombarde:

+

665. niveaux des fenêtres : supérieur :

+

66o. niveaux des fenêtres : inférieur :

+

545·

traces des fermes de la charpente du toit du collatéral:

+

470. traces du plafond du collatéral :

+

410.

Quant à la chapelle romane, elle avait une longueur totale de (mesures internes) de 14 m ; le chreur mesurait 4,90 sur 3,60, la nef avait 8,r5 de long et 3,6 m de large :les bas-cótés avaient une largeur de r,8o m; largeur totale de l'église: 8,95 m.

Trouvailles isolées.

MONNAIES.

Deux pièces de monnaie furent découvertes dans les terres des couches supérieures :

ro Liard de Jean-Théodore de Bavière, prince évêque de Liège. Date : 1744.

Av: écu de Bavière sous une couronne princière, avec épée et crosse en sautoir: J. THEODORVS[

(28)

r

I

I

1 0 4

-Rv: les cinq blasons de la principauté. 1-7-4-4;

EP.ET.PRIN-LEO.DUX[B ... M ... JLH ...

zo Pièce en argent de trois marks d'Aix-la-Chapelle. Date 1754·

Av: l'empereur couronné, tenant globe etsceptreen mains,

chargé sur la poitrine d'un écu à l'aigle impérial.

MON.REG.SEDIS.URB.AQUIS.GR.

Rv. : FRANCISCUS I D G ROM IMP SEM AUG. Au

cer.-tre: III.MARCK.ACH.r754·

CÉRAMIQUE.

Les remblais et surtout les couches supérieures livrèrent de

nombreux fragments de poterie dont la plupart appartiennent

à la catégorie des terres-cuites vernissées soit en terre blancha-tre, soit en terre rouge. Ils ne remontent en général pas au-delà

du XIIe siècle. Nous y retrouvons la céramique de provenanee mosane (Andenne ?), d'autre à vernis jaune verdatre, et de fragments de cruehes en grès, de conleur grise.

DIVERS.

Parmi les objets divers- col de bouteille en verre brun,

plorob de vitraux, fragments de tuiles faîtières vernissées en

brun-violacé- noustenons à signaler deux petits otjets :

FIG. 4· - Quelques objets découverts : ex-voto d'un ceil, en mince plaque

de bronze; boude en fer. (échelle I /I).

r. petit ex-voto fait en une feuille de métal estampé (52 X

(29)

r o s

-2. boude ronde en fer, d'un diamètre de 37 mm, découvert à- 47, dans la tranchée VII, devant le mur 75. (fig. 4).

Conclusions.

L'examen archéologique nous a fourni quelques repères permettant de jalonner le long chemin de l'histoire de la cha-pelle d'Hamerenne.

La première construction ayant laissé des traces en eet endroit est une tour résidentielle, de plan reetangulaire et mesurant I I m sur 7,70 m (mesures externes; plan A, murs D0 4, IO, 27, 33, 34 et 75 ; fig. 5,a) ·

Etait-elle entourée d'un fossé à !'origine ? La seule tranchée - tr. VII- qui aurait pu le démontrer n'en a pas recoupé. 11 est possible qu'une construction en matériaux dits légers - bois et torchis - ait été établie contre la face occidentale de la tour: c'est du rnains ce que laissent supposer, dans la tranchée VII, les traces 51, 52, 53 et 54 dont plusieurs furent recouvertes d'une couche d'incendie recoupée elle-même par les fondations de la chapelle romane, notaroment par Ie mur de chaînage 42 ; ces traces sont antérieures à la chapelle romane et pourraient appartenir à une petite construction en bois ; rien ne permet cependant de préciser ni Ie plan ni la signification de cette construction ; Je charbon de bois, la terre brulée et l'ar

-gile rougie indiquent que celle-ci fut détruite par un incendie. A défaut de matériel archéologique datable, l'étude compa-rative du plan du donjon pourrait nous fournir d'intéressantes indications chronologiques : les dimensions, le plan rectangu

-laire, l'épaisseur des murs- deux mètres- l'apparentent aux tours domaniales du haut Moyen Age, telles, par exemple celles de Bouvignes, Liresse (Vivy) ou Buzenol-Montauban; cette dernière peut être datée du xe siècle.

Après la destruction du donjon, le seigneur émigra en bor-dure du valion ou un ruisseau permettait l'établissement de douves du cöté le plus menacé ; sorte de «maison-forte n a vee

ses communs adjacents, elle subira de multiples transforma-tions au cours desages pour parvenir jusqu'à nous sous I' aspect qu'elle revêt aujourd'hui.

(30)

11

I

1 0 6

-La chapelle, au contraire, reste étrangère à ce déplacement ; elle est édifiée contre la face orientale de l'ancienne résidence, détruite jusqu'au niveau du sol ; les fondations, encore solides, servent de base à la façade occidentale du sanctuaire. Cet iso-lement de l'oratoire, hors du quadrilatère formé par la nouvelle habitation et ses dépendances utilitaires, pourrait s'expliquer soit par un souci d'assurer la permanerree du lieu consacré ~

dans ce cas le premier petit édifice aurait été une chapelle -soit par une secrète aspiration du seigneur à s'affranchir de la juridiction ecclésiastique de Behogne (Rochefort) (?).

La nouvelle chapelle date du XIIe siècle; l'état primitif, de pur style roman mosan, se présente comme suit (fig. 5, b) : la nef centrale est :fianquée de deux collatéraux plus étroits et précédée, à l'est, d'un sanctuaire carré, se terminant par un chreur semicirculaire ; deux petites absidioles se branchent sur les collatéraux ; la façade occidentale est plate ; une porte donne accès à l'intérieur par un porche vouté, constituée par l'épaisseur du mur; il est cependant difficile de préciser si cette arcade appartient à l'état primitif. A 4,85 m au-dessus de la porte s'ouvre une fenêtre en plein cintre, haute de 1,20 m et large de 65 cm. Nous ignorons si un doeher en charpente surmontait la toiture. La vue latérale de l'édifice laissait voir la partie supérieure des murs de la nef centrale, tels que nous les connaissons mais cependant un peu moins élevés, la toiture prenant naissance immédiatement au-dessus des groupes d'ar-catures. Les collatéraux atteignaient 4,10 m de hauteur; les murs du sanctuaire, plus bas que ceux de la nef, avaient une fenêtre en plein cintre. Une abside, d'un niveau encore infé-rieur, terminait la chapelle vers l' est ; une fenêtre percée dans l'axe de I' abside, éclairait le chreur.

L'édifice était peut-être couvert par des tuiles ou des plaques de bois; dans les débris des collatéraux de nombreux fragments de tuiles plates ont été découverts, tandis qu'un texte de 1649 mentionne la couverture en ardoises de la chapelle.

A l'intérieur quatre piliers marquaient la division en trois travées. Dans leurs intervalles les murs de la nef étaient portés par des arcs cintrés qui atteignaient une hauteur de 4,90 m. en prenant leurs départs sur les impostes des piliers situées à 2,83 m du sol.

(31)

I O ]

-a.

b.

c

(32)

! 0 8

-Le léger rétrécissement du chreur, constituait les pieds-droits

de l'arc triomphal qui commençait à 4,10 m de hauteur. L'autel était un massif maçonné recouvert d'un enduit peint en rouge. C'est la seule trace de la décoration romane qui fut retrouvée.

Il est probable gue de petites fenêtres, correspondant à cha-que travée éclairaient les collatéraux dont les absides

abri-taient un petit autel.

Des plafonds de bois, avec poutres apparentes, couvraient la nef, les bas-cötés et le chreur.

La reconsécration de l'autel en 1519 indique l'éxécution de travaux importants, peu de temps auparavant. Nous n'en

possédons aucun témoignage archéologigue.

Quelgues éléments, au contraire, dénotent ceux qui furent réalisés vers le milieu du

xvne

siècle : la dalle de marbre de icolas Grounwel, datée de 1643, avait un bord couvert

par la partie inférieure du platrage du mur de l'abside. La

chapelle fut converte d'ardoises en 1649. La nouvelle décora-tion donnée au chreur en 1654 semble (fig. 3) marquer

l'achè-vement de cette restauration.

La suppression des collatéraux (fig. 5, c), qui est une réduc-tion de I' espace réservé aux fidèles, remonte vraisemblablement à cette époque. Les guerres - l a peste surtout- avaient

réduit la population et porté, sans doute, quelques domrnages à

la chapelle.

Le chreur est encore conservé dans sa forme première ainsi que l'autel car la frise qui borde le soubassement le long des murs se poursuit dans !'abside, située derrière la table du

sacri-fice.

Ce n'est que postérieurement et assez tardivement, qu'appa-raissent !'antependium, les hoiseries et legrand rétable. Celui-ei entraîne rexhaussement du chreur, qui est alors doté d'un

plafond de platre avec médaillon centra!, la transformation de l'arc triomphal en ouverture reetangulaire plus élevée, et

l'obturation de la fenêtre de l'abside.

L'ouverture d'une porte latérale, dans le mur nord de la

première travée, s'ajouterait à ces modifications, ainsi que le

(33)

-109-au Baron de Soumagne, dans la première moitié du XVIIIe

siècle.

L'effondrement du parement de la façade ouest vers r867 a

modifié cette face de l'édifice. La porte primitive fut remplacée par l'actuelle dont l'encadrement, en pierres de réemploi, pour-rait être celui de la porte latérale que l'on supprima.

La fenêtre en plein cintre ne fut pas reconstruite. L'ouverture

existant dans 1' épaisseur du mur fut comblée sur la face inté-rieure par une « cloison » d'une pierre d' épaisseur.

Le plafond de bois fut masqué et l'on ajouta deux petits autels en matériaux de pacotille.

La restauration de 1949 a donné à la chapelle la physionomie

que nous a vons décrite.

Celle qui est en cours actuellement s'annonce sous d'heureux auspices:

A l'extérieur les substructions des collatéraux, des absidioles et de la tour-donjon, maintenues visibles en surface, dessinent

au solle plan complet des édifices (pl. VII).

A l'intérieur, la disparition des sirnulacres d'autels a dégagé l'accès au ch~ur sur les murs duquella décoration de r654 reste

apparente (pl. X), avec ses curieux graffitis. La démolition de la « cloison » qui avait fait disparaître la trace de la fenêtre

occidentale, en dégage le contour. Elle devient une sorte de niche pouvant abriter une statue.

La sobriété des lignes est assez padante pour évoquer

l'ori-gine romane de la chapelle et retracer les grandes étapes de son évolution.

L'ensemble constitue un cadre dépouillé pour mettre en

valeur, à souhait, un mobilier campagnard et vieillot comme les

statues d'art populaire qui marquent les dévotions de plusieurs àges.

(34)

'I

I I O

-ANNEXE I

Le reliquaire trouvé dans Ie maitre-autel.

A vee l'autorisation de M. le Chanoine A. Lanotte, secrétaire

de l'évêché de Namur, et en présence du R.P. Albert van

Iter-son, archiviste de l'abbaye de Saint-Remy-lez-Rochefort,

nous avons enlevé la pierre qui « murait » la face antérieure du

sépulcre de l'autel.

Dans le fond de la cavité, et immédiatement sous lapierrede

grès servant de table, nous avons trouvé une boite en plomb

de forme rectangulaire. Elle mesure 107 mm X 64 mm, est haute de 37 mm et les parois ont une épaisseur de 3 mm. Un

simple couvercle en bois de chêne, portant sur sa face interne

une petite gorge pour prendre appui sur les bords, en couvrait la face supérieure (pl. XII, a). Aucune adhérence entre boite

et couvercle, celui-ei était même un peu dérangé et nousn'avons pas relevé la moindre trace de scellé sur l'un ni sur l'autre. Une

vialation antérieure est d'autant plus probable que de petits rongeurs avaient amassé une provision de noisettes à l'intérieur. Parmi celles-ei et des déchets d'enduit beige fin, de même nature que celui couvrant la partie supérieure du massif maçonné, se trouvaient quelques parcelles osseuses de

5 à 10 mm et un petit parchemin plié en quatre.

Il est irrégulier et sa longueur varie entre 107 et 120 mm,

tandis que sa largeur va de 72 à 75 mm. Il porte un sceau

plaqué en cire rouge (pl. XIII).

En voici le texte dont quelques mots sont détruits par la

chûte du groison appliqué au parchemin :

Anno a nativitate Domini (miUesimo) quingentesimo decimo nono . ... praesens altare consecratum est per reverendum in Christo patrem

et Dominum jratrem F rancescum C ha (i) llet episcopum Calcedonensem et Reverendi in Christo Patris et Domini

Domini Erardi de Marca adjutorem episcopum Leodiensem1

I. Ces mots étant écrits en abrégé, M. Bovessc, conservateur des Archives de l'État à Namur, propose aussi Ia version '' episcopi Leodiensis "·

(35)

I I I

-in pontificalibus vicarium in honorem Dei

omnipotentis, beate M arie vir gin is, sancti

Remigii ac omnium sanctorum atque sanctarum ..

Le sceau de cire rouge a un diamètre de 22 mm. 11 porte un

écu surmonté d'une crosse posée en pal et une inscription en

caractères gothiques à l'exergue (pl. XII, b).

Les armoiries de François Chaillet, n'ont pas été signalées

jusqu'ici parmi celles des évêques auxiliaires de Liège. D'après

des héraldistes, on peut les décrire comme suit :

<<Au cmur timbré d'une croix latine et entouré d'une couronne d' épines ; la croix cantonnée à dextre d' une lettre majuscule F et

à sénestre d'un C également majuscule; le cmur chargeani un cordondesaint François en orle » 1

.

Le consécrateur, par contre, est connu. François Chaillet,

O.S.F., frère mineur de la province de Lorraine et bachelier en

théologie, avait été gardien du couvent de Verdun avant son

élévation à la dignité d' évêque de Chalcédoine le 17 mai 1504 ;

il mourut en 1525 et son corps fut inhumé à Verdun dans la

chapelle du Sépulcre 2

On ignore les événements survenus à la chapelle de

Hame-renne qui justifieraient une reconsécration de l'autel à cette

époque. M. Jacques Breuer a signalé déjà que le maître-autel

de l'église d'Ocquier avait été l'objet d'une cérémonie semblable par Gédéon van der Gracht évêque de Castrie et auxiliaire de

Liège (I536-r554) 3.

Il s'agit, peut-être, d'une mesure générale appliquée dans une

certaine partie du diocèse, qui avait spécialement souffert des

guerres, dans la première moitié du

xvre

siècle ?

I. Cette description, due au Frère Paul de l'abbaye de Saint-Remy, est le résultat des avis de M. Van der Maede et Richard Forgeur des Archives de Liège. Nous les remercions de leurs utiles renseignements.

2. Cf. DoM UsMER BERLIÈRE, Les évêques auxiliaires de Liège,

Paris-Bruges, rgrg, p. 84-87. L'auteur ne fait pas mention de la consécration de l'autel de la chapelle de Hamerenne. La destruction partielle du document nous prive de connaître Ie jour et le mois de cette cérémonie.

Les reliquaires trouvés dans les autels de l'église d'Ocquier, dans

(36)

I I 2

-Le reliquaire de l'autel d'Hamerenne ne laisse pas appa-raître qu'il ait contenu deux dépöts successifs de reliques. Le couvercle de bois pourrait cependant ne pas être contemporain de la boite de plomb d'une confeetien assez finie.

F. BouRGEOis.

ANNEXE II

Les graffitis dans les peintures du chreur.

On s'est demandé, à première vue, ce que représentaient <<ces dessins n, gravés à la pointe dans les soubassements peints qui décorent le chceur de la chapelle de Hamerenne. Selon la conservation de la couche de plàtre qui les porte et la possibilité du décapage, nous en avons relevé un certain nombre, maïs il ne peut être précis ni exhaustif. Tous ces dessins, dont la gran-deurvarie,sont tracés de quelques traits géométriques pratique-ment identiques (fig. 6). Plusicurs persounes ont fait leur notre opinion qui nous faisait découvrir des charrues stylisées. Elles ont été gravées postérieurement à la peinture datée par le cartouche au millésime de 1654.

Déterminer leur signification en eet endroit paraît assez malaisé.

L'article du Père Daniélou 2 qui présente la charrue comme

symbole de la croix, à propos d'un texte de saint Irénée 3 , pou-vait-il apporter quelques lumières sur la question ? Pouvait-on se permettre de rappreeher ces représentations linéaires de charmes a vee la citation du prophète lsaïe << ... Ils réduiront

leurs épées en charrue et leurs lances en faucilles et l' on n' apprendra plus à faire la guerre. Saint Irénée, commentant ce passage, s'exprime plus clairement en disant << Or Notre Seigneur,

lui-méme, est Celui qui a fait la charrue et apporté la faucille ... >>.

Le Père Daniélou, passeen revue la tradition patristique qui, r. Nous remercions spécialement Ie R. P. Albert van Iterson qui nous a procuré les éléments nécessaires à la rédaction de cette notice.

2. Cf. Recherche de Sciences Religie?.tses, Paris, 1954, t. XLII. pp. 193-203. Nous devons la communication de cette étude au R.P. Courtois, S. J., que nous remercions vivement.

(37)

I I 3

-depuis le IVe siècle, a adopté la charrue comme symbole de la croix du Christ. En finale l'auteur reconnaît que << le symbole ne

semble pas faire partie de l'imagerie populaire». Les deux seules représentations qu'il peut citer excluent nettement ce point de

vue. Cet aveux et l'époque tardive de nos <<dessins» suffisaient

pour quc nous cherchions ailleurs, une explication plus valable.

FIG. 6.

N ous avons émis l'hypothèse qu'un rapport pourrait exister

entre ces charrues, pauvrement gravées dans le platras des

murs du chreur et saint Remi, titulaire de la chapelle 1

.

Ne s'acquittait-on pas <<à la saint Remy, chef d'Octobre » des

terrages ou fermages, en nos régions, avant de commencer les

labours d'automne ?

Un document vient corroborer cette façon de voir. Dom Charles Lambert, cellerier du monastère de Saint-Remy, ayant le 13 avril 1773, fait procéder à la vente des terres que l'abbaye possédait à Hamerenne, laisse la faculté aux acquéreurs de

s'acquiter parhellement de la somme à verser en payant une

rente annuelle, payable le premier octobre, jusqu'à extinction

de la dette. Précisément, un de ces terrains était grevé d'une

rente de trois setiers d' épautre en vers la chapelle de Hamerenne.

Nousen étions là, lorsque l'avis autorisé de M. Jacques Breuer,

ancien directeur du Service des Fouilles nous parvint pour

cerner le problème de plus près. Il nous écrivait : <<

(38)

I l 4

-fication des dessins avec des représentations de charrues ne fait aucun doute. n Il ne croit pas que l'importance des graffiti

soit une indication de l'importance des rentes dues, mais, ajoute-t-il, << n'y-a-t-il pas une relation entre cette date des

paye-ments (r•r octobre

=

Saint Remy), contumière, peut-être dans

la région et l' époque des premiers labours, c' est-à-di re la vraie

prise en main d' une terre louée ? Je Ze crois valantiers. M ais alors

ne Jaisait-on pas, en même temps un pélerinage à la chapelle pour

y graver, cammeun ex-voto, une image decharrue? Cela mesemble

plus dans la tradition folklorique et les dimens1:ons des dessins n' auraient qu' une importance toute relative surtout s' ils se res-semblent fortement. n 1.

Des ex-voto, c'est bien à cela que ces charmes gravées font penser et M.J. Breuer doit fröler la vérité de très près lorsqu'il associe pélerinage et paiement des redevances avant d'entre-prendre un nouveau labour.

Cette ouverture de l'archéologie sur un nouveau domaine,

lefolklore, nous a semblé intéressante à signaler. Cette note n'est qu'un jalon dans une tradition qui jusqu'ici n'avait pas été abordée.

F. BOURGEOIS.

I. Lettre du 6. r. 1965. Que M. J. Breuer trouve ici l'expression de notre gratitude.

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(40)
(41)

Pl. II

a. Façade méridionale de la chapelle (1905/IO). (Copyright ACL, Bruxelles).

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Pl. III

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Pl. IV

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Pl. V

r ntérieur de la chapelle avant les fouilles. (Copyright ACL, Bruxelles). La restauratien de rg64 a supprimé les autels latéraux.

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Pl. VI

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Pl. VII

(47)

Pl. VIII

a. L'abside nord.

(48)

Pl. IX

a. Angle sud-ouest de la nef centrale. (Pboto C. DESSART).

Referenties

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