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L'église Saint-Maximin à Jéhonville. Rapport sur les fouilles effectuées en 1957

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(1)

L'église Saint-Maximin

à

Jéhonville

. .

~

1

""

(2)

Série de tirages-à-part relatifs aux fouilles archéologiques en Belgiquc, éditée par I'

Institut royal du patrimoine arlistique Service des fouilles

1, Pare du Cinquanlenaire Bruxelles, 4

Reeks overdrukken betrefTende oudheidkundige opgravingen m België, uitgegeven door heL

Koninklijk InsLituut voor het Kunstpatrimonium Dienst voor Opgravingen

Jubelpark 1 Brussel, 4

(3)

L'église Saint-Maximin

à

Jéhonville

RAPPORT SUR LES FOUILLES EFFECTUEES EN 1957

{*)

I ntroduction

I. - Sourees historiques et iconographiques. I!. - Description de l' édifice.

!I!. - Examen archéologique. IV. - Historique du batiment.

V. - Les origines de la paroisse.

INTRODUCTIO

Avant la reconstruction de l'église de Jéhonville, incendiée en 1947, Ie chanoine Lanotte, membre de la Commission Royale des Monuments et Sites et secrétaire de l'Evêché de Namur, souhaitait que des fouilles soient entreprises dans les ruines .

C'était la seule façon de connaître l'histoire des premiers siècles de l'édi-Iice et de la vie paroissiale. La présence d'anciennes substructions pouvait aus~i apporter quelques indications aux architectes. La commune de Jéhon-ville envisageait la chose avec sympathie.

Les circonstances étaient Iavorables pour lever un coin du voile qui cachait Ie lointain passé de ce village d' Ardenne.

Le Service des Fouilles, alerté, décida d'entreprendre ces fouilles pour ce qu'elles pouvaient apporter à l'enrichissement du passé luxembourgeois. Des bonnes volontés éparses s'unirent pour nous faciliter la tiiche et nous Iournir les renseignements dont elles disposaient.

Nous remercions particulièrement M. L. Diez, secrétaire communal de Jéhonville, qui nous aida à recruter la main-d'reuvre locale, qui fit la liaison avec les autorités communales pour assurer la garde du chantier les jours de fermeture· et nous ouvrit les archives de Jéhonville. Ios remerciements vont aussi à M. Marcel Bourguignon, conservaleur des archives de l'Etat à Arlon et à Saint-Hubert, qui guida nos recherches de documents et, parmi tant

(4)

d'autres à citer, à M. Arsène Geubel qui fut l'éclaireur dans les démarches préliminaires et mit sa documentation personnelle à notre disposition, à M. Ie chanoine A. Lanotte qui nous aida de ses connaissances et est toujours attentif aux fouilles d'églises qui se pratiquent dans Ie diocèse.

I. -

Sourees historiques et iconographiques

Il n'existe pas encore un travail complet sur la paroisse de Jéhonville. Les sourees imprimées se réduisent à peu de chose; citons cependant les deux ouvrages ou !'on puise habituellement quelques maigrës rensei-gnements:

G. ROLAND, Etude historique sur Ze village et Ze doyenné de Craide, dans les Ann. Soc. Arch. Namur, XVII, 1886, p. 177-178.

G.

KURTH, Les chartes de l'abbaye de Saint-Hubert, t. I (PubZ. de la Comm. Royale d'histoire), Bruxelles, 1903.

Pour être informé sur l'ancienneté de la paroisse et les vicissitudes des différents édifices religieux qui s'y sont succédé, i! faut avoir recours aux documents d'archives dispersés dans différents fonds à plusieurs endroits. 1) Fonds de l'Abbaye de Saint-Hubert, actuellement à Saint-Hubert, dans

les batiments de I' ancien monastère (A.E. St-Il.). 2) Archives de l'Evêché de Liège (A. Ev. Lg).

3) Fonds de la Cour Souveraine de Bouillon (Archives de l'Etat, Arlon) (A.E. A.).

4) Archives communales de Jéhonville (A. Comm. ]éhonville).

A mesure que les siècles s'écoulent les documents sont plus nombreux et moins avares en renseignements. Voici, dans l'ordre chronologique, ceux que nous avons pu recueillir :

En 1126, donation de l'église Saint-Maxirnin de Jéhonville à l'abbaye de Saint-Hubert par Adalbéron, évêque de Liège (1).

Le 17 avril 1139, les droits de l'abbaye de Saint-Hubert sont confirmés par une bulle du pape Innocent II (2).

En 1214, Gilles, seigneur de Hierges, transmet au monastère Ie droit de patronat et la propriété du fonds de l'église de « Cysumville ». En 1354, l'église de J éhonville est à la collation de !'abbé de Saint-Hubert (3

) .

(1) G. KURTH, o. c., p. 97, 104.

(2) Ibid., p. 220. (3) Ibid., p. 583.

(5)

-- 193

-En 1615, l'église est en mauvais état depuis de nombreuses années. L'archidiacre de Famenne atteste avoir constaté plusieurs défauts relatifs au gros reuvre. L'église est « entièrement abîmée suite à la vétusté et aux outrages des guerres et elle est trop exiguë pour contenir tous les paroissiens » ( 4 ) • .,. }" "'of'.". ... "'< ~

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Fig. l. - Situation de Jéhonville.

Contrat pour la reconstruction (fig. 6) .

Le 5 may 1615 Melchior Chaul d'Ochamps s'est obligé vers Mre Ph(i)l(ipp)e Bechetz curé de ]ehonville si que représentant son S(ei-gneur) le R( évérend) Prélat de St-Hubert et commis de la communauté dudit ]ehonville p(ou)r pourvoir à la réparation de l'église d'illecqz de /(air }e ou j( air )e faire toutes les murailles d'icelle bonnes et belles au dict d'ouvrir parmis le pris et salair de 35 s(ol)s po(u}r toise espece trois pied et mesurable en longueur et hauteur comme de coustume.

A condition out( re) ce salair d'estre servi diligement et sujjisament depuis le temps du soleil levant jusqz au couchant et que les Jasses po( u} r les fondements luy seront préparez si parfond que les vieux, n' est qu' on les tienne plustost bons et convenables.

Laguelle obligation acceptant po(u)r le présent le d(ic}t Mre Ph(i)l(ipp)e, s'at reservé po(u)r s'obliger soy et les desus d(ic)ts Ze rest de ceste sepmaine, quoy s'il ne Jaict l obligation du d(ic)t Melchior

(6)

serat po(u)r lors nulle. Fait au d(ic)t ]ehonville au jour mois et an que dessus. Est icy signe Melchior Chaul d'Ochamps. (Marque en forme de E.)

Po( u) r la parte de la communauté ont soubsignez po( u) r ce ( quy ser) qui celle se rat trouvée obligée et point autrement.

]ehan (marque) Maury Nemery Thomas

]ehan (marque) Grégoire (marque) Hatrivaux Henry Lagneaux Ita est

Philippus Bechetz praefatae ecclesiae pastor (5) .

- 22 août 1640 : Les habitants voyant la tour de l' église de leur paroisse de ] ehonville aller en décadence et tomber en ruïne, commencent à tirer des pierres à eet effet et demandent à !'abbé de Saint-Hubert la permission de vendre des bois (6

) .

- Mars 1642 : La tour menace depuis longtemps ruïne et viendra à tomber si on n'y porte remède. Un maître maçon dresse un procès-verbal d'ex-pertise estimant la dépense à 250 florins. L'abbé de Saint-Hubert autorise la vente de chêne pour subvenir aux frais (7).

- 1673 : Un ancrage à ce millésime est placé sur la face ouest de la tour.

6 septembre 1682 : Le procès-verbal de visite par Ie doyen de Graide stipule : « La porte doit être réparée des coups de hache que les soldats y ont donné ci-devant ». Les fenêtres de la nef sont mal jointes à la muraille, aucune vitre n'est entière.

(5) Ibid.

(G) Ibid., B, n• 5.

(7) Ibid., D, no 2.

(8) Ibid., D, n• 4.

Les lattes du plancher du toit sont découvertes à plusieurs endroits, particulièrement à la jonction de la nef et du chreur. Les rourailles doivent être replatrées (8

). Le sépulcre du grand au tel a

été ouvert. La pierre ne porte aucun signe de bénédiction et est raboteuse.

(7)

- 17 mm 1686: - 16 juin 1698: - 6 décembre 1709 : - En 1728: - 2 maL 1812: - 23 juillet 1837 : - 6 décembre 1840: - 1898: - 1927: - 1er juin 1947 : - 31 octobre 1957 : - 195

-L'archidiacre de Famenne fait les mêmes

consta-tations et note comme aggravation : le pavement

ne vaut rien (9 ).

Une nouvelle visite précise encore les dégats :

les murs du chreur doivent être réparés et

déblan-chis, la tour est à réparer (1°).

Une sentence de la Cour Souveraine de Bouillon,

oblige l'abbé de Saint-Hubert au lambrissement

du plafond de la nef; à hausser ou élargir les fenêtres car il y fait trop obscur. De plus, fournir le nécessaire pour le culte, dont l'autel (11

) .

Les restamations exigées ont eu lieu. Le chreur

agrandi et la tour restaurée (12 ) .

Après les dégats causés par la Révolution, Ze

doeher a été refait à neuf. Il faut pourvoir à la

restauration de l'église, «Ze lambris est presque

complètement tombé » (13).

L'église est beaucoup trop petite pour Ie nombre

de paroissiens et « les murs latéraux de la nef

menacent ruines » (14 ) •

Réception définitive des travaux de restauration

(nouvelle nef élargie) de l'église selon Ie plan de

!'architecte Cordonnier (15

) .

Le chreur, en très mauvais état, est reconstruit et la nef de l'église est allongée de l'espace d'une

fenêtre (Architecte M. Wurth) (16) . Construction d'une sacristie (17

) .

Ineendie de l'église par la foudre.

Pose de la première pierre de la nouvelle église

(plan des architectes Bastin et Dupuis, de

Namur) (18 ).

( 9 ) A. Ev. Lg., Rég. Visitationes, n• 52, p. 136-138.

(1°) Ibid., n• 53, p. 151-153.

(11) A. E. A. Cour Souveraine de Bouillon, Régistre aux Sentences, à la date.

(12) A. E. St-H. fonds abbaye, layette 79 D, n• 5.

(13) A. Comm. Jéhonville, Délibérations du Conseil municipal (1808-1830), p. 31.

(14) Ibid., (1830-1855), à la date.

( 15) Ibid.

(16) Dossier Jéhonville n• 8251 (Comm. Roy. Monuments et Sites).

( 17 ) Ibid.

(8)

Fig. 2. - Topographie générale du village.

ICONOGRAPHIE

La documentation iconographique intéressant les différentes églises qui se sont succédé à Jéhonville se réduit à fort peu de choses :

Extrait de la carte de cabinet des Pays-Bas autrichiens, Ferraris (1777}. Bibliothèque Royale de Belgique.

Un dessin original anonyme, à la mine de plomb rehaussé de craie donne l'état de l'église peu après la reconstruction de la nef en 1840. Le chreur du XVIII• siècle existe encore.

(Provient de la familie Husson; propriété de M. Jean Baudet, de Jéhonville; mars 1957.} (Pl. I a.)

Commission Royale des Monuments et des Sites (dossier n° 8251) : Jéhonville, feuille n° 2 : plan terrier de l'église vers 1927, élévation cxtérieure longitudinale sud, élévation façade, élévation chevet.

(9)

-

197-Quelques photos de l'église incendiée en 1947. Extérieur :

Sur une ancienne carte postale l'allongement de la nef est très

visible; on y remarque Ie chreur de 1898 et la sacristie de l'époque (Pl. I b);

façade n° 75.655 B (A.C. L.) Archives photographiques de l'lnstitut royal du patrimoine artistique (Pl. 11).

lntérieur :

- Vue du chreur n° 61.924 A (A. C.L.) (Pl. lil a).

IJ

. -

Description de l'édifice incendié Ie 1

... j

u in 1947

L'église incendiée Ie 1•r juin 1947 était une jm::taposition de construc -tions de quatre époques différentes : la tour, la nef, Ie prolongement de

celie-ei avec Ie chreur et la sacristie.

La tour construite sur plan rectangulaire, dissimulait ses moellons sous

un cimentage imitant un appareil régulier (Pl. 11).

La porte d'entrée, au milieu de la façade ouest, était précédée de deux marches de calcaire bleu. Elle s'ouvrait sous l'arc en plein cintre d'un por-tique de même nature engagé dans la maçonnerie; celui-ei était constitué

par deux pilastres sur bases plus saillantes, supportant un entablement. Son

style néo-classique Ie situe à l'époque de la reconstruction de la nef.

Un ancrage au millésime de 1673 Ie surmontait à hauteur du premier

étage.

La maçonnerie pas plus élevée que la corniche de la nef, était surmontée

d'un doeher en charpente avec abat-sons sur chaque face et couvert d'une flèche, ardoisée à huit pans, abritant !'horloge.

La nej, débordant sur les murs latéraux de la tour, était constituée de deux parties accollées. Elle avait cependant un aspect homogène grace à l'unité des volumes et des lignes, comme aussi à l'emploi des mêmes maté-riaux : moeBons en pierre du pays présentant un appareil soigné. Ruit baies

en plein cintre avec eneadrement en pierre de taille, l'éclairaient.

La date de 1840 était gravée sur une pierre de France de 0,35 m X

0,20 m, maçonnée dans Ie mur nord sous la corniche de la toiture (19 ) .

Le

chreur, plus bas, était relié à la nef et présentait Ie même appareil. Deux fenêtres identiques étaient percées dans les murs latéraux. Ce chreur à

cinq pans n'avait pas d'ouverture au chevet. Par contre, celui-ei s'ornait d'un

cul de lampe (console ou support de retombée de voûte) représentant une

(10)

face humaine. Cette tête, appelée « Tête de fer » par les habitants était déjà incorporée dans Ie chevet du chreur précédent (2°).

La sacristie, construite en 1927, était la partie la plus récente. Ses murs antés à Ia soudure de la nef et du chreur, avaient Ie même appareil. La face sud avait une double fenêtre au rez-de-chaussée et deux à l'unique étage.

L'intérieur avait la banalité des églises de Ia région érigées à la fin du XIX• siècle : peinture imitant de grandes pierres sur les murs, voûte en pliitre ornée de faux arcs polychromés pour en couper la monotonie. Le pave-ment était constitué de dalles en calcaire bleu (Pl.

111

a).

111. - L'examen archéologique

L'examen archéologique de l'église de Jéhonville s'est fait par huit tranchées qui dégagèrent environ trois cinquièmes de la surface occupée jaclis par l'église (fig. 3). Dans tous ces sondages nous avons poussé jusqu'au sol vierge, constitué par nn schiste dur et compact.

JEHONVILLE

D

Fig. 3. - Emplacement des tranchées de fouille.

( 20 ) Cfr Fr. BOURGEOIS, La « Tête de /er» de J éhonville, dans Ardenne et Fan~enne, 1958, p. 10-12 et p. 53-57. - ID, Sous la « Tête de fer » de Jéhonville, ibidem,

(11)

1 9 9

-Qu'il nous suffise de décrire succinctement ces sondages (Plan I).

Tranchée I:

Tracée dans l'axe de l'église qui est pratiquement orientée, cette tranchée nous permis de recouper toute une série de murs appartenant à toutes les époques de construction de l'édifice (voir coupe A-B, plan II).

Commençant par l'ouest, nous rencontrans en premier lieu un lourd massif en maçonnerie 24 (21

) probablement posé contre le porche récent de

l'église 15; conservé de -46 à -107 (22

) , le mur est composé de moellons

reliés à l'argile et s'appuye sur Ie schiste. n petit muret 25 allant jusqu'à -70 est posé contre 24. Le porche 15 en calcaire bleu taillé (pl. IV a), d'allure classicisante, fut encastrée dans la façade occidentale de la tour vers

1840 (pl. II), mortier blanc dur; le mur, dans lequel il fut taillé, a une épaisseur de 1,40 et est conservé de

+

31 à - 110 environ. S'appuyant en fondation (largeur 1,12) contre le mur 1, il recouvre ce dernier à partir de - 18, sur une largeur de près de

30

cm (voir plan II, coupe A-B); schiste et grès, dans un mortier verdatre de mauvaise qualité.

Le mur 1, large de 1, 70 m est construit dans une tranchée de fondation se rétrécissant vers Ie bas, surtout sur la face est; maçonnerie soignée en moellons noyés dans l'argile de - 50 à - 143; au-dessus, mortier verdatre; parmi les matériaux, réemploi de moellons avec mortier orange.

Massif 2, conservé de - 21 à - 132, en moellons et dalles de schiste, reliés par un mortier j aune abondant et très dur; ce massif sert de socle à une colonne en calcaire, d'un diamètre de 50 cm, dépassant encore Ie niveau du pavement de 11 cm. Ce massif est posé sur une tombe ( - 90) complè-tement bouleversée; au fond de la tombe, contre le mur 1, se trouvait un couteau en fer et à l'extrémité est, une clef grossière dans le même métal ( voir p. 204).

Une seconde tombe s'engage sous le mur 19, à

-

130;

cedernier appar-tient à la même construction que 1 ; large de 80 cm et conservé de - 9 à

-

105

,

i! repose immédiatement sur Ie schiste et fut construit contre Ie mur 23a existant. Dans la paroi occidentale, à --44, est encastrée, presque dans I' axe du batiment, une grande dalle 17b, ayant servi probablement de cou -verture à une tombe ( 1,93 X 0, 70 X 0,54 m épaisseur). En-dessous furent découverts un squelette en place et trois cranes. Au-dessus de la dalle s'éten-dait une couche d'incendie ayant livré quelques tessons de poterie (voir tranchée V et ei-dessous, p. 205).

Mur 23a : largeur 102 cm; moellons de grès, noyés dans un mortier très tendre, de couleur vert pale; conservé de -9 à - 96. Quelques pierres bleues, constituant Ie massif 3 (à - 23) couvrent une tombe à -85, dont

(21) Les chiffres en caractères gras renvoient aux numéros figurant sur les plans

et les coupes.

(22) Toutes les cotes de niveau citées dans les textes ou figurant sur les plans et

(12)

I i I!

I

subsistent les traces du cercueil; tête à l'ouest. Le mur

4

constitue la limite orientale de la nef primitive; largeur 80 cm; conservé de -10 à -80; la faible profondeur s'explique par Ie fait que Ie sol vierge remonte

sensi-biement vers l'est; grands et petits moellons, reliés à l'argile et au-dessus de - 20, au mortier grisàtre de mauvaises qualité. Dans l'axe de la nef, deux

tombes, à - 90 et - 95, ont détruit partiellement Ie mur.

Au même ensemble que

4

appartient Ie mur 5, large de 90 cm, conservé

de - 5 à - 85; même construction que Ie mur

4;

de petits fragments de mortier orange adhérent à certaines pierres réutilisées dans cette maçonnerie. Plusieurs tombes ont été touchées par la tranchée entre les murs

5

et

11

;

elles se trouvaient dans Ie chceur de l'église agrandie (voir plan I); Ie sol en place remonte jusqu'à - 47. Le mur 11 large de 98 cm au centre, est conservé

de

+

12 à - 48 (pL IVb) ; les moellons, plus ou moins informes et plats, sont

reliés à l'argile mêlée à un peu de mortier; dans les assises inférieures sont adoptées de grandes pierres, débordant du mur vers !'est. En eet endroit,

Ie massif d'autel

6,

couv,re un amas de pierraille, ayant renforcé vers !'est, Ie mur

11 ;

ce massif, conservé jusqu'à une hateur de

+

57, repose à

+

32 sur une grande dalle en pierre de taille, épaisse de 16,5 cm et mesmant 1,05 m sur 1,80 m, un fragment d'une ancienne table d'auteL Le bord est profilé en quart de rond, un des angles porte une croix incisée; deux en tailles pour crampons indiquent que la dalle avait déjà été réparée. Mur

7 :

mur du chevet détruit en 1947; conservé de

+

57 à -120, large de 60 cm en élévation, de 70 cm en fondation : assises régulières de grès schisteux, noyés dans un mortier jaune-gris assez dur; vers l'intérieur Ie mur est recouvert d'un enduit blanc.

T ranchée II :

Mur

22 :

largeur 90 cm; mur sud de la nef primitive; conservé de --43 à - 80, maçonné à l'argile et posé sur Ie schiste. Le mur 21, large de 80 cm, chevauche partiellement Ie précédent et lui est clone postérieur; il s'appuye sur Ie sol schisteux à - 59; mortier jaunàtre argileux.

La fondation du mur de la dernière église

20

a été taillée dans Ie sol vierge jusqu'à - 150; de larges ressauts de fondation servent d'assises au

mur qui, en élévation, mesure 80 cm; à partir de

+

0, la maçonnerie à mortier de couleur orange est recouverte d'un enduit peint en noir.

Tranchée lil :

Secteur nord-est de la nef, englobant les angles nord-est de toutes les

églises successives.

Le stade Ie plus récent est représenté par les murs

8

et

9,

reliés l'un à

l'autre; large de 60 cm, Ie mur

8

correspond au

7

de la tranchée I; même

construction avec mortier jaune-orange très dur, fondation à -120; Ie mur

9

de la nef a une épaisseur de 80 cm avec, vers l'intérieur à

+

3, un large

ressaut de fondation; i! s'appuye contre

12.

Ce dernier, large de 80 cm, est

(13)

...

2 0 1

-l'extérieur un bel appareil régulier ( cfr mur

20

),

à mortier jaunàtre

s'appuyant vers l'intérieur sur une Iondation s'élargissant notabiement à

-35 et à - 52 (plan

11

,

coupe C-D); à hauteur de

9

,

Ie mur

12

forme un angle

12a

pour rejoindre les maçonneries plus anciennes

28a

et

4

;

12

et

12a

sont reliés; Ie parement de

12a

a été complètement arraché.

Mur

28

:

largeur : 98 cm; posé de -7 à - 15 sur la nef primitive

27

;

Ie dessus est maçonné au mortier verdàtre très argileux; en fondation, les moellons sont placés dans l'argile; construction assez négligée assise à faible

proiondeur ( -62; cfr mur

21

dans la tranchée 11).

Le mur du chreur

28a

a été partiellement détruit par

12a

,

ainsi que

par une série de tombes; il fait partie de l'édifice

28-30

.

Nous retrouvons Ie bàtiment primitif a vee les murs

27

,

4

et

5

, tou

s reliés entre eux; Ie sous-sol

schisteux remontant sensiblement vers !'est, la fandation n'a par endroit

qu'une proiondeur de 15 à 27 cm; cette profandeur est d'ailleurs assez irré-gulière, quoique nous n'ayons trouvé aucune tombe antérieure à eet édifice;

d'assez gros bloes sont employés aux angles des murs, dont la largeur varie entre 70 et 89 cm; maçonnerie à l'argile; l'angle norcl-est de

5

a été détruit par une tombe.

L'espace entre

5

et

8/9

est rempli de débris de démolitions

32

,

c om-prenant du plàtras, des moellons, du mortier et provenant probablement de la continuation du chreur

11

,

détruit au moment de la construction de

8/9.

Dans ces décombres furent placées deux tombes dans lesquelles les défunts ont exceptionnellement la tête à !'est. Plusieurs autres tombes, très peu pro-fandes (voir plan I) se trouvent entre les murs

5

et

11

,

ainsi qu'à l'intérieur du chreur primitif : tombe

36

: tête à l' ouest, bra

s croisés; proiondeur -80,

monnaie de 1611 (23) ; tombe

37

; m

ême disposition; monnaie 1544-1557 (24); tombe

38

:

même disposition ; profandeur - 90 ; monnaie de 1689-1691 ( ?) (25).

Tranchée IV :

Partie sud des anciens chreurs. Avec les murs 7, 8 et 9 nous retrouvons Ie dernier chreur, détruit en 1947; dans Ie mur sud fut arrangée en 1927 une porte menant à la sacristie. Comme dans la partie nord, Ie mur

9

s'appuye contre la nef plus ancienne

35a

et

35

,

identiques à

12

et

12a.

Le massif

31

,

recouvert partiellement par

35

,

est antérieur à ce dernier;

conservé de - 15 à - 58 i! correspond, par sa construction négligée, au

chreur

11

;

en grande partie démoli, ce mur a laissé cependant sa trace taillée dans Ie sol schisteux.

(23) Nous remercions M. Thirion, du Cabinet des médailles d'avoir bien voulu

identifier ces monnaies. Liard d'Ernest de Bavière, Liège, 1611; variante a vee deux

perrons au droit et la légende 5e terminant par CO.

(24) Liard ou deux sols liégeois de Georges d'Autriche 0544-1557) ; date illisiblc. (25) Pièce en très mauvais état; pourrait être attribuée à Anna Salomé, comtesse

(14)

Le mur

30,

large de 70 cm, correspond au mur

28a

de la tranchée III;

conservé de -40 à -62 et posé immédiatement sur Ie schiste, il fut détruit par l'angle des murs

8

et

9.

Le mur

Sa

, conservé

de -9 à -26 constitue la paroi sud du chreur primitif; il est relié à

5.

Le mur du chreur

11

a été détruit lors de la construction de

7;

les débris de la démolition ont servi de remblai pour Ie nouveau chevet; dans l'angle

sud-est de celui-ci, restes d'un dallage à

+

32, fait de dalles régulières en calcaire noir, de 25,7 X 25,7 cm.

Plusieurs sépultures se pressent dans la partie méridionale du chreur :

elles se trouvent toutes à faible profandeur : de ---40 à -85, ce qui semble

indiquer que l'espace du chreur était surélevé par rapport à la nef; plusieurs de ces tombes sont entourées d'une rangée de moellons; les défunts ont les

bras croisés 'lur Ie bassin.

Tranchée V:

Secteu~ norcl-ouest de l'église (pl. Illb, VI). Les murs

23

et

23a

appartiennent à la nef primitive (pl. Va et b) ; même technique de

construc-tion que

27

,

4

e

t

5;

largeur 77 cm, conservé de - 12 à - 95. Le mur

29

est

la con tinnation de

28

(

tranchée III) ; ici aussi il chevauche Ie mur plus

ancien

23

;

profandeur : de - 26 à -83. Le complexe de la tour a sub i de multiples transformations : la construction la plus importante est constituée par les murs

1

,

17

et

19

,

tous reliés entre eux et construits de la même manière; Ie mur

17,

large de 1,76 est conservé de -19 à 145; Ie mortier

vert-grio: ressemble quelque peu à celui de

28/29.

La faible épaisseur de

19

,

comparée à celle de

17

, s'explique

du fait que la façade orientale de la tour

s'appuye ici sur deux murs

19

et

23a;

restes du mortier de

19

sur

23a

.

Sous Ie mur

17

de - 48 à 122/146 se trouvent quelques restes d'une maçonnerie antérieure, large de près de 1,10 m, faite de moellans dans un

mortier rosatre; Ie même Eait se répète sous Ie mur

19a

(

tranchée VIII) ; Je raccord de ce mur avec

29

n'a pu être précisé quoique Ie massif

33

,

composé de gros moellans au mortier orange-rosatre, pourrait appartenir à

cette construction; il fut relié, tant bien que mal, à la nef

29.

Toutes ces

maçonneries furent recouvertes par après par les fondations de la tour

10/14

,

composé de gros moellans en grès reliés, en élévation par un mortier

rou-geatre très dur; en fandation Ie mortier est de conleur jaune et verdatre; vers l'extérieur, ressaut de fandation à - 30. Ces murs s'appuient sur et contre les fondations de la tour précédente

1

et

17

;

épaisseur de

14 :

106 cm.

Le mur de la nef

13

(

=

12

,

tranchée III) a été encastré par après dans la maçonnerie de Ia tour

14

;

bel appareil régulier. Un massif de maçonnerie,

16

, large

de 80 cm, a été collé à une époque postérieure dans l'angle norcl-ouest de la tour; conservé de

+

54, à - 18, maçonné à l'argile; i! s'agit probablement d'un appui pour l'escalier menant au jubé.

La façade occidentale de la tour a été renforcée par une série de trois contreforts

24

,

24a

et

39

,

placés contre

14

et

10

; largeur

: 128; longueur : 260; profandeur de - 53 à - 128; ces contreforts sont reliés entre eux par

(15)

-

203-de petits murets en maçonnerie sèche

25

et

26

.

A l'intérieur de la tour, Ie massif

18

,

de - 24 à - 105, sert de socle à une colonne en calcaire bleu, d'un diamètre de 50 cm, et conservé de

+

10 à - 24 .. Celie-ei constitue Ie pendant de la colonne 2 (tranchée I), (pl. III bet VI). Ce massif, mesurant 76 sur 107 cm a été encastré dans la fondation de la tour

17

;

il s'appuye sur une tombe, qui est également antérieure à la tour

17

;

d'autres tombes se trouvent dans l'angle nord-est : proiondeur -128. L'une d'elles, anté-rieure au mur

17

,

renfermait un fragment de pot en terre cuite noire et trois fragments en terre rouge : ils peuvent remonter au XI•-XII• siècle.

Dans Ie remblai à l'intérieur de la tour, nous avons constaté à --44 cm, une couche d'incendie recouvrant une couche de construction appartenant probablement à la tour l. L'incendie est postérieur à cette tour. De

nom-breux fragments de poterie furent recueillis dans la co uche d'incendie ( voir p. 204).

Tranchée VI :

Angle sud-ouest des tours. Les murs

11 a

et

17 a

,

appartiennent à la tour

1

(

tranchée I) et

17

(

tranchée V) ; même technique de construction;

24a

appartient à la série

24

et

39

,

Ie mur

1 0

(

cfr tranchée I et coupe AB, plan II) recouvre partiellement la Iondation

17

a.

Tranchée VII :

Angle norcl-est du chreur. Pour les murs

11

,

6

et

7

voir ei -dessus, tranchée I.

Dans l'angle d~ chreur

7

,

reste de pavement en dalles à

+

32, identique à celni rencontré déjà dans la tranchée IV.

Tranchée VIII :

Le mur

20a

appartient à la dernière nef

20

,

13

,

1

2

et s'emboîte, comme au nord, dans les murs de la tour

10

existante. Le mur

22a

relié à

23a

,

constitue la nef primitive; I mur

21

a un agrandissement de cette même nef

( =

29

,

tranchée V et

21

tranchée II) ; ce mur

21 a

a été détruit en partie par la tour

19

,

19a

et recouvert par les maçonneries postérieures

10

et

21

b

.

Le mur

19a

,

large de 1,70 m, appartient à la tour

17

,

1

;

il recouvre comme dans la tranchée V une maçonnerie sous-jacente à mortier rosiitre-jaune; il est postérieur au mur

21

a. A l'intérieur de la nef, co uche d'incendie à

-35, reniermant quelques fragments de céramique (voir p. 205).

TROUV

AlLLES ISOLEES

l. - Plusieurs monnaies ont été découvertes au cours des fouilles; celles provenant des tombes

3

6

et

3

8

ont été signalées ci-dessus, p. 201. Deux au tres pièces furent découvertes à l'intérieur de la nef primitive; la première, contre Ie mur

27

(

tr. V) à une profondeur de - 90; il s'agit d'une pièce de

(16)

Philippe II, roi d'Espagne, datée de 1583. Une seconde pièce fut découverte à -70, dans l'angle sud-ouest de la même nef (F /G-VII); il s'agit d'un bronze de l'archiduc Albert, daté de 1615 (26

) ; la même couche a livré quelques tessons de poterie, des éclats de vitraux et des fragments de plomb. Cette couche est probablement en relation avec la couche d'incendie rencontrée dans la tour etau-dessus de la dalle

17b

(voir p. 199).

2. - Sur Ie fond de la tombe, recouverte par Ie massif

2

(DE/VII) fut découvert, à la tête du défunt, un couteau en fer, long de 18,5 cm (fig. 4, a); au pied, à la même profondeur, se trouvait une grossière clef en fer, longue de 8 cm (fig. 4, b) ; quelques clous étaient éparpillés Ie long du bord de la fosse.

Fig. 4. - Obiets en fer découverts dans l'église.

3. - Une seconde clef en fer fut recueillie dans Ie remblai se trouvant sur la dalle

17b

(E/VI) (fig. 4, c).

4. - Comme on peut Je remarquer sur la coupe AB (plan II), une trace très nette d'incendie était visible entre les murs

1

et

19

,

recoupée par

2

;

profondeur : -35. Cette couche ren±ermait plusieurs fragments de poterie en terre cuite et en grès : nous y retrouvons de la céramique en terre orange ou en terre blanchatre, recouverte d'un vernis jaune pale, vert transparent ou brun; quelques fragments étaient ornés à la roulette avant d'être vernissés (fig. 5, a-b). Cette céramique est datee généralement des XIIIe et XIVe siècles.

5. - La même co uche d'incendie se retrouve dans la nef; la coupe CD (plan 11) montre clairement que la couche, ne couvrant pas Ie mur de la nef primitive

23

,

s'est formée au moment de l'incendie de eet édifice survenu

(17)

2 0 5

-avant 1615. Les tessons que l'on y rencontre cadrent très bien avec cette date : il s'agit surtout de fragments de vases en grès vernissés bruns ou gris, ou de grès ornés de reliefs ( rhénan?) ; il y avait également quelques frag-ments plus anciens comparables à ceux trouvés dans Ie remblai de la tour

(ci-dessus, n° 4) (fig. 5, c).

Fig. 5. - Quelques fragments de céramique.

6. - Le remblai de la tranchée IV (M/IX) a livré une barre de fer, ornée de trois fleurs de lys.

IV. -

Historique du bêtiment

Au cours de son histoire séculaire, l'église de Jéhonville a connu de multiples transformations et reconstructions.

Phase A 1.

ous ne savons pas si, avant sa première église en pierre, Jéhonville eut son petit oratoire primitif en bois; nulle part les fondations du premier édifice connu ne recoupent des tombes plus anciennes, comme ce fut Ie cas en rnaint autre endroit (par ex. à Tenneville) ou l'église fut construite sur un cimetière préexistant. Nous trouvons bien, sous la tour plus tardive, deux tombes ou la présence d'un couteau et d'une clef peut être une réminiscence

lointaine d'une coutume plus ancienne.

Le premier sanctuaire était une petite construction comprenant une nef reetangulaire de 10,95 m sur 5,90 m et un chreur carré de 4 sur 4 m (mesures internes). Les murs ont une épaisseur moyenne de 80 cm et sont construits au moyen de moellans en grès, pas très réguliers, noyés dans l'argile (en fonda-tion) et dans un mortier gris-verdatre (27

) . Aucun indice ne permet de dater d'une façon précise cette première église; Ie plan du batiment, dans toute sa

(27) Appartiennent à eet édifice les murs 23, 23 a, 22, 22 a, 27, 4 et 5-5 a.

(18)

simplicité, correspond assez bien à celui de ces nombreuses petites églises

paroissiales des X• et XI• siècles (28). L'histoire de la paroisse même de

Jéhonville semble indiquer la construction d'une église vers la fin du

x•

siècle,

époque durant laquelle Ie culte de saint Maximin de Trèves connut un certain

renouveau ( voir ei-dessous p. 216).

Phase A 2.

Il est difficile de préciser vers quelle époque une tour fut adjointe à la nef existante; il n'en subsiste que quelques traces sous Ie mur 17 ( voir

ci-dessus, p. 202); c'était une construction carrée, mesurant cnviron 5 sur 5 m.

Dans l'évolution normale de l'architecture religieuse en Ardenne, des tours

pareilles datent généralement des XI• ou XII• siècles.

Phase B 1.

Plusieurs siècles passent pendant lesquels nous n'apprenons rien sur

l'histoire de l'édifice. L'année 1615 est une date importante, car avec elle

débute toute une série de transformations.

Depuis des années l'église est en piteux état. Suite à une « visitation » de

1613, Ie curé Philippe Béchetz devait informer ses supérieurs en matière de

restamations entreprises. Or, rien n'avait été fait. Espérant faire avancer les

choses, il provoqua une réunion des habitants de la haute cour Ie 5 janvier

1615. Cette assemblée décide qu'il serait nommé des commissaires pour

vaquer aux dépenses et réparations de l'église et admonester Ie Révérend

Prélat de Saint-Hubert pour savoir si, de sa part, il veut satisfaire à ce qu'il peut être obligé comme tenant de la grosse dîme (29).

L'archidiacre de Famcnne, Jean Chapeauvillc, délivre une atlestation

pour donner du crédit à ces revendications. En voici la traduction.

« Depuis douze ans - dit-il - nous avons constaté à dij férentes visites

plusieurs défauts relatifs au gros-ceuvre de l' église qui se trouve entièrement

abîmée suite à la vétusté et au x outrages des guerres. Qu' en outre, elle est

trop exiguë pour contenir tous les paroissiens lors des offices. Nous avons

donné ordre à ceux à qui incombe

la

réparation en vertu de leur droit de patronage à pourvoir à la restauration et ce, dans un délai déterminé, en

même temps qu'à l'agrandissement. Néanmoins jusqu'à ce jour rien n'a été

fait. Quant aux paroissiens, ils trouvent une excuse dans l'insuffisance de

leurs revenus (9°). »

Les trois commis::aires, nommés respectivement par les sections de Sart.

J éhonville et Acremant prennent la chose à creur. Au printemps suivant, contrat est passé avec Ie maçon Melchior Chaul d'Ochamps pour la restau-ration de l'église ( voir ci-dessus p. 193). Il est rare de retrouver un document

( 28) Par exemple Tenneville : J. MERTE S dans Arch. Belgica, 54, p. 22-23 (= Ardenne et Famenne, IV, p. 22-23).

( 29) A.E. Arlon, Saint-Hubert, layette 79, D, n° l.

(30) Ibid., (21 janvier 1615). - Nous remercions M. l'abbé G. Lafontaine pour son aide dans la lecture des deux t~xtes d'archives.

(19)

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Fig. 6. - Conlrat du maçon Melchior Chaul d'Ochamps pour la reconstruction de J'église en 1615 (cfr p. 193).

(20)

de ce genre et de cette époque en Ardenne : il nous renseigne sur les méthodes de travail, les épaisseurs des murs, Ie prix demandé pour l'ouvrage (31

) .

Au fond Ie maçon est Ie maître de l'ouvrage. Lorsqu'il demande d'être

« servi » il fait état de la coutume. Ce sont les paroissiens qui fomnissent (à

la corvée) « la force » : transport des matériaux, fouille des tranchées pour les fondations, maçonneries même sous ses directives. Il leur restera encore

de pourvoir à la toiture qui n'est pas comprise dans Ie contrat. Aussi une nouvelle requête adressée à !'abbé de Saint-Hubert précisera encore l'état piteux de l'église «les murs en partie tombés, le reste menaçant ruïne et par trop petite par suite de la grande multitude des paroissiens y accrue depuis

son érection ». Ils demandent l'autorisation de vendre quelques bois pour assurer leur part de frais dans la « reconstruction », que Ie prélat se contente

du tiers des deniers de la vente et qu'il serait souhaitable qu'il fasse quelques aumones pour l'ornementation et la construction (32

) .

Les fouilles ont permis de retrouver les substructions de cette époque :

il s'agit de l'agrandissement de la nef et de la construction d'un nouveau

chreur : murs

29

et

21 a

,

28a-30

et

33-21 b

.

La trouvaille d'une monnaie de bronze des archiducs Albert et lsabelle

et au millésime de 1615, dans l'angle sud-ouest de la nef n'est pas, semble-t-il,

une simple coïncidence. L'autorisation accordée Ie 6 mai 1617, de vendre 80 arbres semble indiquer que les travaux aient exigé une durée de deux ans.

On remarquera qu'il n'est pas question un seul instant de la tour. Plus robuste et relativement moins ancienne elle avait sans doute résisté aux outrages des guerres et du temps. Elle fut conservée dans la nouvelle église.

Phase B 2.

De nouvelles calamités n'allaient pas tarder à fondre sur la paroisse : la guerre, une nouvelle fois, et la peste en 1636.

Les armées sillonnent Ie pays, s'il n'y a pas combat ce sont de continuels passages de troupes et de traînards. Les vols de toutes espèces sont nombreux :

chacun veille à son bien. Dans ces circonstances les habitants décident de renforcer la défense de l'église en mettant la tour en meilleur état.

Pour ce faire - car la communauté en doit assumer la charge totale

ainsi que celle de la toiture de la nef jusqu'au deuxième chevron - ils

vendent des bois. L'Abbé de Saint-Hubert Ie leur reproche mais sur l'intro-duction d'une demande leur concède quelques droits (9 et 22 août 1640). lis tirent aussi des pierres « pour renforcer la maçonnerie » ( 33).

( 31) Les murs ont en général une épaisseur de près d'un mètre (mur 28

=

98 cm),

i! ne s'agit probablement pas ici de la toise cube, valant 7 m3, 403 dm3 et 900 cm3, maïs

ce qui correspond aux 3 pieds prévus par le contrat. Le prix est de 35 sous par toise; de la toise de longueur, valant 6 pieds dans Ie Luxembourg, la valeur de ce pied varie

de 0,2952 à 0,3249 m.

(32) A.E. A., Saint-Hubert, layette 79, B n• 10.

(21)

2 0 9

-Les moyens de Iermeture doivent être défectueux puisque la nuit après la Saint-Joseph, un larron s'est introduit dans l'église et a dérobé Ie calice fourni par les gros décimateurs. Les soupçons se portent sur un certain André cle Voguir, « stordeur » qui, depuis peu, avait quitté Ie service du roi d'Espagne. Il s'était réfugié à J éhonville et devait se trouver en terre de Sedan; son passage à Bouillon est signalé ( 34

) •

A la suite de ce vol et « des calamités du temps », on décide de mettre d'autrl's ornements précieux en sécurité. Certains pensent à Bouillon mais

Ie chapelain et Ie mambour décident de les faire parvenir à Saint-Hubert

par l'intermédiaire d'un commissionnaire qui dépose « Ie paquet » chez un

certain Jean de Revogne. Il se trouve que la platine d'argent est manquante,

que Ie calice - aussi d'argent - est engagé par l'indélicat dépositaire, si

bien que Ie curé de Jéhonville (Jean Forzée) implore !'abbé pour obtenir

rl'stitution ou que les coupables soient poursuivis (35 ) .

Cette demande est bientöt suivie par une requête des habitants qui

sollicitent de vendre des chênes pour fournir leur contingent à la réparation

de Ia tour. Celle-ci menace ruïne depuis longtemps : elle s'écroulera

-disf'nt-ils - si on n'y porte remède et « ce sera au détriment de votre église et de votre cloche » ( 36

) •

Ces désastres successifs, qui peuvent encore s'amplifier, donnent à réfléchir à !'abbé. Tout cela est pure perte pour Ie gros décimateur qu'il est.

Il charge Ie curé et son officier à Jéhonville d'enquêter sur l'état de la tour.

Selon !'expertise d'un maître-maçon les frais sont estimés à 250 florins par proc~s-verbal du 18 avril 1642. Six jours plus tard Ie prélat donnait son plein accord (37

) .

La reconstruction fut totale; sur de nouvelles fondations (

1, 17, 17

a et 19) fut érigée une tour carrée massive de 4 m X 4 (mesures internes) dont lf!s murs atteignent une épaisseur de 1,70 m. Une vraie défense digne de ces temps trouhlés.

Les événements qui suivirent justifièrent grandement ces mesures de

protection. En 1676 c'est la prise du chiiteau de Bouillon par les troupes de Louis XIV qui prennent possession du Duché. Des détachements espagnols,

venus de amur et de Charlemont, s'infiltrent pour tenter de soustraire Ie

plat pays à leur domination .

La curieuse relation que l'on possède du « siège » de l'église de Paliseul,

défendue par la milice bourgeoise en 1678 et qui fut suivi de l'incendie du bourg, fait pressentir ce qui a pu se passer à Jéhonville vers Ie même temps ( 38).

( 34 ) Ibid., D, 3 (Procès-verbal du 21-3-1641).

(35 ) Ibid.

( 36 ) La cloche décimale fournie par l'abbé et qui restait sa propriété.

( 37 ) A.E. A., Saint-Hubert, layette 79, D, n• 2.

(22)

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(23)

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Fig. 8. - Dévcloppement du batiment.

Le procès-verbal de la visite faite par Ie doyen du concile de Graide Ie 6 septembre 1682 fournit des détails significatifs (39

) : la porte a reçu des

coups de hache de la part des soldats, les vitres sont brisées, Ie plafond est en mauvais état et, en hiver, la neige s'infiltre partout Les murs doivent être replàtrés. Le doyen constate en outre qu'ii n'y a plus de reiiques dans Ie sépuicre du grand autei et qu'il manque les chandeiiers, Ie linge, Ie bré-viaire, etc., tous objets qui sont à charge des gros décimateurs.

Ces remarques démontrent, à leur façon, que I'église a été forcée par la soidatesque de l'un ou I'autre parti et pillée. Certains de ces dires sont confirmés par quelques constatations faites au cours des fouilles : sur Ie niveau du pavement de l'église de 1615 de nombreux fragments d'anciennes vitres furent trouvés dans une couche de bois brûié. Cela laisserait supposer que «Ie plancher du toit » - comme ii est dit - fut incendié partiellement. Du même coup nous savons que eet édifice n'était pas couvert par une voûte.

(39) Voir ci-dessus, p. 194.

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~~

(24)

f

I

2 1 2 -Phases B 3.

Un ancrage au millésime de 1673 (40

) , visible jusqu'en 1947 sur la face ouest au-dessus du porche (pl. II), marquait sans doute une date importante dans ces reconstructions. Nous pensons cependant que !'emplacement ou il se trouvait en dernier lieu, c'est-à-dire sur une tour-porche agrandie, n'était pas !'emplacement primitif; i! pourrait provenir de l'ancienne tour, commencée après 164.2. A moins de supposer les deux tours se succédant à une date fort rapprochée; comme le mur

17

(pour phase B 2) s'appuye cependant contre la maçonnerie

33,

faisant partie de la nef agrandie en 1615 (phase B 1), cette tour est postérieure à 1615 et n'est donc pas une tour romane plus ancienne; les restes de celie-ei ( phase A 2), se trouvent sous les maçonneries

de la phase B 2.

Pendant tout Ie dernier quart du XVII• siècle, par la faute des déci-mateurs, l'église de Jéhonville se trouve en piteux état. Devant l'indifférence de ]'abbé de Saint-Hubert, Ie doyen du concile demande à la Cour souveraine de Bouillon d'opérer la saisie des grosses dîmes. Le 10 décembre 1682, elle est signifiée au représentant de !'abbé, pour « Ze montant être employé à la restauration de l' édifice et à la Joumilure des ob jets nécessaires au culte » ( 41

) . Cette mesure judiciaire ne fait qu'envenimer les relations entre Ie monas-tère d'une part, et les paroissiens soutenus par Ie clergé séculier.

Quatre années se passent... Le 17 mai 1686, l'archidiacre de Famenne, en tournée dans la région est forcé de faire les mêmes constatations et de noter l'aggravation des dégàts. Il précise que Ie pavement ne vaut rien et que la cloche décimale, trop petite, n'est pas entendue dans toutes les sec-tions de la paroisse (42

) .

Les reproehes de l'archidiacre n'émurent pas davantage !'abbé de Saint-Hubert que ceux du doyen du Concile. Cette indifférence doublée d'une mauvaise volonté manifeste, allait susciter un procès que l'on peut qualifier d'interminable. 11 dur a trente-six ans!

Il serait oiseux d'en tracer les péripéties, souvent embrouillées par des revirements d'opinions au cours des années qui passent. Elles sont Ie fruit des tendances politiques des partis, tantot pro-liégeois, tantot pro-français. C'est un labyrinthe d'intrigues et de luttes d'influence. Dix ans plus tard l'abbé de Saint-Hubert, dom Clément Lefebvre, a engagé d'énormes dépenses dans les travaux fastueux qu'il fait faire à l'église abbatiale (43) .

11 se soucie peu de l'état des églises rurales ou il perçoit cependant la dîme. Le procès pendant en Cour Souveraine de Bouillon reste stationnaire. Enfin, les 30 et 31 mai 1696, la Cour délègue des commissaires sur place pour s'en-quérir de la situation (44

) . Deux ans plus tard l'archidiacre de Famenne en

(40) Et non 1675 comme signale TA DEL, o. c., VI B, p. 929. (41) A.E. A., Saint-Hubert, layette 79, D, n• 4.

(42) A. Ev. Lg., Registre Visitationes, n• 52, pp. 136-138.

( 43 ) La façade baroque et les nouvelles tours datent de eet te époque.

(25)

-- 213

-tournée de visite constate, une fois de plus, que rien n'a changé. Au contraire

Ie mal s'est aggravé puisque l'église « menace totalement ruïne et que les murs du chceur do i vent être réparés ainsi que la tour» ( voir ci-dessus, p. 195). Dans un concile, tenu Ie 21 juin 1698, l'archidiacre, de Roosen, rappelle

devant dom Etienne, procureur de l'abbaye., les charges des décimateurs

selon les usages du doyenné de Graide. Celles-ei sont homologuées en Cour Souveraine de Bouillon qui, par senterree du 20 avril 1700, condamne les gros décimateurs à y satisfaire dans les trois mois; sinon tout sera fait par les

habitants aux frais de l'abbaye. Les intrigues redoublent, si bien qu'en

février 1701l'archidiacre se dédit du décret rendu à Paliseul.

Une senterree de la Cour, datée du 6 décembre 1709, oblige !'abbé à

une série de réparations (voir ci-dessus p. 195). Un anplus tard cependant,

Ie prélat de Saint-Hubert obtient révision du jugement (3 décembre 1710).

Le 15 avril 1717 (

! )

la Cour de Bouillon confirme de nouveau sa senterree antérieure et donne raison aux habitants. Le 24 mars 1718, un arrêt oblige l'abbaye à satisfaire à toutes ses obligations de décimateur, la condamnant à tous les frais, même à ceux de l'instance en révision. Un point nouveau est précisé : à l'avenir l'entretien des lambris de la toiture sera à charge de la communauté maïs Ie monastère aura l'obligation d'entretenir et de réfec-tionner les vitres {fenêtres) haussées ou élargies.

En 1728, les restamations ont eu lieu : Ie chreur est agrandi : phase B 3, murs

11

et

31

(pl.

IV

b).

Phase B 4.

Le siècle ne s'était pas écoulé que l'église de Jéhonville subissait de nouveaux dornmages causés cette fois par la révolution. En 1812, les répa-rations sont effectuées, Ie doeher a été refait à neuf; c'est probablement vers cette époque qu'il faut placer la reconstruction complète des murs nord, ouest et sud de la tour sur les fondations préexistantes et contre la nef; la tour mesure actuellement (à l'intérieur) 6,80 m sur 6 m.

Phase C 1.

Si en 1837, les murs latéraux de la nef menacent ruïne, il n'y a rien d'étonnant à cela : la nef est toujours celle de l'église construite en 1615 dont les fenêtres ont été agrandies un siècle plus tard.

Le

6

décembre 1840, réception définitive de la nouvelle nef élargie :

murs

13

,

12

,

20

et

20a.

Ces travaux impliquent la réduction de la tour (?)

amputée, probablement aussi en élévation, de sa partie orientale sur une

profondeur de 2,70 m; Ie jubé s'appuye maintenant sm: deux colonnes (2 et

18)

et la façade occidentale est percée et ornée d'un porche d'allure classique (pl.

11

et

IV

a).

La nouvelle nef. longue de 15,10 m, comportait trois fenêtres en plein cintre de chaque cöté, une pierre de 35 X 25 cm, maçonnée entre deux fenêtres à la partie supérieure du mur nord, portait cette date gravée. Le

(26)

dessin anonyme que nous reproduisons planche I a, donne la physionomie de

l'église à cette époque.

Phase

C

2.

En 1898 Ie chreur tombe en ruines; il est reconstruit ainsi qu'une partie

de la nef, qui est allongée de l'espace d'une fenêtre, largeur 10 m, longueur

de la nef : 21 m, longueur du chreur : 7 m. Une sacristie est adossée au

chreur : pl. I b.

Phase C 3.

La sacristie s'avérant trop petite est agrandie en 1927, elle mesure

rnain-tenant 5,50 sur 5,50 m.

Phase D.

Après l'incendie du 1•r juin 1947, une nouvelle église est prévue; la

première pierre en est posée Ie 31 octobre 1957. L'édifice est maintenant

ouvert au culte.

V. - Les origines de la paro1sse

Le village de Jéhonville qui était une des quatre rnames du duché de

Bouillon a son église dédiée à saint Maximin, archevêque de Trèves.

Son origine est certainement ancienne, maïs les plus vieux documents

qui en font mention ne remontent pas au-delà de la première moitié du

XJ•

siècle. Sous !'ancien régimc, elle était à la collation de l'abbé de

Saint-Hubert et avait rang de médiane dans Ie concile de Graide, lequel, avec ceux

de Behogne (Rochefort) et de Chimay, constituait l'archidiaconé de Famenne

du diocèse de Liège.

On a écrit que Ie monastère percevait la moitié de la grosse dîme et

laissait l'autre moitié au curé avec toute la menue (45

). Ce n'est pas tout à

fait exact. A Jéhonville même la dîme était scindée en trois et Ie curé n'en

percevait que Ie tiers. Le partage, du reste, variait selon les sections de la

paroisse : à Sart c'était à parts égales entre l'abbaye et Ie desservant; à

Acremont, Blanche-Oreille et Milleumont (46) Ie curé levait la totalité (47) .

Cela revêt une certaine importance depuis qu'il est tenu compte du

fraction-nement de la dîme en trois parties pour fixer l'antiquité des paroisses.

(45) G. ROLAND, Etude ... Graide, p. 77.

( 46 ) Détruit sans doute, lors de la peste de 1636.

( 47 ) A.E. A., Saint-Hubert, layette 79 C: Conditions du recteur de Jéhonville

(27)

2 1 5

-Primitivement, celle de saint Maximin étendait sa juridiction sur un

vastf' territoire comprenant des villa ges, des hameaux et écarts; on cite

Offagne, Assenois, Luchy ( qui serait Ie Lusceia des « Miracula Sancti Huberti »), Milleumont, Acremont, Blanche-Oreille, Sart et Gubermont (48

). Offagne et son hameau Assenois en furent en tout cas détachés très tot; un document de 1139 cite déjà Offagne à la suite de Jéhonville (49

) ; Luchy et Milleurnout n'existent plus. Les autres sections continuent à dépendre de

l'égli~e Saint-Maximin.

Le langage populaire a - dirait-on - conservé Ie souvenir de !'origine religieuse commune à tous : à Offagne et quelques villages des cnvirons on désigne encore parfois Jéhonville par l'expression « aus porotches » (à la paroisse) et les habitants portent le nom de « porotchis » ( paroissiens) ( 50

) . A quelle époque peut-on en faire remouter !'origine?

Voisine des villas des grandes chasses mérovingiennes de Paliseul, de Longlier et d'Orgeo, la localité est certainement très ancienne.

On est tenté de croire à un démembrement de l'église-mère de Paliseul. Ie Palatiolum des chartes des VIII• et IX• siècles, centre d'un fisc qui devait donner naissance au duché de Bouillon.

Le partage du domaine entre Carloman et Pepin, les donations de la part du premier au monastère de Stavelot en 747 (51) et de celle du second

à l'évêque de Liège, qui céda ses droits à l'abbaye naissante de Saint-Hubert

(817) (52

) , sont trop mal définis pour établir lequel des deux établissements

monastiques eut la primeur de la juridiction ecclésiastique.

La spoliation - temporaire - de la part stavelotaine par Ie comte

Herman, de la maison d'Ardenne (t 28 mai 1029) fut peut-être ]'occasion pour les bénédictins de Saint-Hubert d'affirmer leurs droits sur Ie domaine

et de s'emparer. en fait, de la totalité de la juridiction ecclésiastique. Les

donations et restitutions au monastère de Stavelot, reconnues par trois diplomes, du XI• siècle n'apportent aucune précision pour ce qui nous occnpe ( 53) .

Une chose est cependant troublante : c'est Ie besoin qu'éprouve l'abbaye

de Saint-Hubert de confectionner une charte fausse pour prouver l'antiquité

de ses droits sur J éhonville. Longterups ce texte de 1123 ( 54

) par lequel

Adalbéron, évêque de Liège, léguait ou confirmait au monastère ardennais

la possession de l'église Saint-Maximin de Jéhonville, a été invoqué comme

(48) Gubermont est la partie est du village. ( 49) Voir ei-après.

(50) Cfr J. RAUST, Enquêtes dialectales sur la toponymie wallonne, dans les Mémoires de la Comm. Roy. Top. et Dialectol., III, Liège, 1940-41, p. 53.

(51 ) J. HALKI et Ch. G. ROLA D, Cartulaire de l'abbaye de Stavelot-Malmedy,

I, 46-49 et 59; G. ROLAND, Orchimont et ses jie/s, p. 17. (52) G. KURTH, Chartes ... Saint-Hubert, p. 5. (53) HALKI et ROLAND, o.c., p. 212-214 et 239.

( 54 ) Date avancée par ROBAUX de SOUMOY (Chronique de l'abbaye de Saint·

(28)

prem1ere citation du lieu. Une cntlque serrée de l'original en a démontré toute la fausseté; il faudrait, du reste, lui assigner la date de 1126 pour qu'elle paraisse vraisemblable et sa confection se situerait au XIV• siècle (55

).

Le doute s'accentue encore en constatant !'absence de nom de Jéhonville dans la liste des biens de l'abbaye confirmés par la bulle du pape Honorius 11

( 19 avril 1129) (56).

Le premier document, dont l'authenticité ne peut être suspectée, qui fasse mention du village apparaît dix ans plus tard. C'est la célèbre bulle d'lnnocent 11 (17 avril 1139) (57

) : confirmant Ie monastère de Saint-Hubert

dans la possession de ses biens et privilèges, elle énumère les localités -peut-être pourrait-on écrire : paroisses? - qui sont tenues aux offrandes à !'occasion des croix banales. Comme ces processions remontent à l'année 837, il se pourrait que !'origine de l'église de Jéhonville soit voisine de cette

date. Sa dépendance première de la mère-église de Paliseul était cependant

un motif suffisant pour l'astreindre à cette participation.

De plus un argument défavorable à cette antiquité serait Ie choix de

saint Maximin pour patron. La découverte en 910 du corps du grand évêque dans les ruines de l'église qui gardait son tombeau, la reconstruction de

celie-ei suivie de la dédicace en 942, firent grand bruit dans Ie diocèse de Trèves. La mort inopinée à Trèves de Frédéric, abbé de Saint-Hubert, assis-tant aux cérémonies de la consécration et son inhumation à Saint-Maximin, nous éclaire encore sur les relations qui existaient entre l'abbaye ardennaise et Ie siège archiépiscopal du grand évêque. Jéhonville, très proche de ses confins ouest, ne fut pas sans ressentir Ie contrecoup de eet événement. A moins d'admettre qu'une substitution de patron ait eu lieu à cette époque - ce qui ne serait pas un fait unique (58

) - on pourrait retenir la seconde

moitié du

x•

siècle comme époque possible de la fandation de la première

église ( 59)

Si cette hypothèse était confirmée, elle remettrait en doute Ia création

de la paroisse par l'évêque de Liège; il serait assez étonnant que celui-ei fît

choix - en dehors de la tradition - d'un saint évêque du diocèse voisin, plutot que de l'un de ses illustres prédécesseurs sur Ie siège de otger, pour lui consacrer une église nouvelle.

Ce doute est encore accru par la teneur de deux chartes du début du

XIII• siècle. En 1214, Gilles, seigneur de Hierges, notifie un accord survenu entre lui et l'abbaye de Saint-Hubert au sujet de l'avouerie de Vaucelles et

(55) G. KURTH, o.c., p. 97. (56) Ibid., pp. 98-99. (57) Ibid., pp. 104-106.

( 58 ) A Saint-Hubert, par exemple, l'église fondée vers 1064 et dédiée initialement à saint Denis est devenue l'église Saint-Gilles lorsque !'abbé Thierry 1•r y eut déposé des reliques de ce saint rapportées du sud de la France (probablement de Saint-Gilles du

Gard).

( 59 ) Cette hypothèse rencontre l'opinion émise par M. Ie professeur E. Ewig, dans une lettre du 7 janvier 1959.

(29)

-

217-de Doische. En échange des biens obtenus, il déclare donner au monastère

« le droit de patronat et la propriété du fonds de l'église de Gysonville et

tous les droits qu'il avait à eet endroit tant en grosses dîmes qu'en

petites » (60

). La confirmation de eet acte donnée, peu après, par Hugues de

Pierrepont, évêque de Liège, emploie les mêmes termes (61) . Ces documents,

dont l'authenticité n'est pas mise en doute, démontrent - à leur manière

-la fausseté de la prétendue charte de 1123 que nous avons rapportée. Ils

établiraient une origine toute différente à l'église de Saint-Maximin. La chose devait être soulignée pour laisser le champ libre à une

hypo-thèse qui cette fois est dégagée de traditions établies sur un faux.

(60) G. KURTH, o.c., p. 220. (61 ) Ibid., p. 221.

(30)
(31)

.

"

Pl. 11. - Le porcl1e et la tour avant l'incendie de 1947.

(32)

(Copyright A.C. L., Bruxelles.)

Pl. 111 b. - Vue sur Ie sectem norcl-ouest des fouilles. A I' avant-plan les murs 23 et 23 a.

(33)

Pl. IV a. - Fouille du porche 15.

(34)
(35)

Pl. VI. - Le secteur ouest de la fouille; à !'avant-plan, restes de la nef primitive (23 a et 23): au foild, le porche.

(36)
(37)

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