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Les fouilles du choeur oriental de la cathédrale Saint-Lambert de Liège

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ARCHAEOLOGIA

BELGICA

236

J.

ALÉNUS-LECERF

LES PO UILLES DU CHCEUR ORIENT AL

DE LA CATHÉDRALE SAINT-LAMBERT

DE LIÈGE

BRUXELLES 1981

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I I i

LES FOUILLES DU CHCEUR ORIENTAL DE LA CATHÉDRALE SAINT-LAMBERT DE LIÈGE

(3)

ARCHAEOLOGIA BELGICA Dir. Dr. H. Roosens

Etudes et rapports édités par le Service national des Fouilles

Pare du Cinquantenaire 1 1040 Bruxelles

Studies en verslagen uitgegeven door de Nationale Dienst voor Opgravingen

Jubelpark 1 1040 Brussel

©

Service national des Fouilles D/1981/0405/4

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I

ARCHAEOLOGIA

BELGICA

236

J.

ALÉNUS-LECERF

LES FOUILLES DU CHffiUR ORIENT AL

DE LA CATHÉDRALE SAINT-LAMBERT

DE LIÈGE

BRUXELLES 1981

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I

AVANT -PROPOS

Lorsqu'en mai 1979le Service national des Fouilles fut appelé à intervenir à !'occasion de la démolition des deux îlots d'habitations qui avaient été édifiées sur le secteur oriental de la cathédrale Saint-Lambert, le site était destiné à une destruction imminente et totale. 11 fallait donc agir viteet il avait alors été convenu que nosrecherches étaient limitées à l'année en cours. Un complément du plan des anciennes fouilles de 1907 était notre objectif essentie!.

Nous avons pu heureusement bénéficier d'un crédit spécial et nous présentons l'expression de notre respectueuse gratitude à Mopsieur J.M. Dehousse, alors Ministre de la Culture française, pour l'intérêt qu'il lui a plu de manifester aux problèrnes archéologiques posés par le monument liégeois. C'est à son initiative que nos fouilles ont eu lieu.

11 nous est aussi agréable de témoigner notre reconnaissance au Professeur J. Stiennon. En sa qualité de Président de la Commission des Fouilles archéologiques de la place Saint-Lambert, il assume une coordination efficace des opérations menées sur les deux chantiers ouverts respectivement par I' U niversité de Liège et notre Service.

Nous avons eu maintes occasions d'apprécier la parfaite compréhension de Monsieur 0. Pirson, Directeur du Service spécial d'Etudes de la Société inter-communale des Transports liégeois (S. T.I.L.) et Maître d'reuvre des travaux d'utilité publique, entrepris sur le site. Son personnel nous a également assurée d'aides techniques.

Le musée Curtius a apporté la plus grande diligence à la mise en valeur des pierres taillées provenant de la cathédrale ruinée et ramenées au jour. Nous remercions vivement son Conservateur, Monsieur J. Philippe, qui a aimablement mis à notre disposition le dossier des anciennes fouilles et nous a toujours réservé un chaleureux accueil.

Nous devons à la Ville de Liège la fourniture momentanée d'un inatériel lourd, indispensable à certains de nos sondages.

Monsieur Cl. Dupont, Dessinateur au Service national des Fouilles, a apporté tous ses soins à la mise au net des plans et graphiques du présent ouvrage et nous lui en savons gré.

A la suite d'une modification du calendfier de chantier de la S.T.I.L., les vestiges que nous avons découverts restent actuellement en place. Leur enlèvement intégral devait encore nous fournir maintes observations qui, de ce fait, setrouvent atermoyées.

Par ailleurs, il nous est apparu que eet ajournement avait été mis à profit par autrui. Nous avons en effet été étonnée de constater qu'un tout récent relevé complet de nos fouilles avait été effectué. Cette opération fut menée entièrement à notre insu et à une époque succédant à la diffusion du rapport liminaire de nos

(6)

6 AVANT-PROPOS

travaux, Iequel incluait un schéma du plan du sanctuaire. Nous avons également observé qu 'il manquait deux éléments du pilotis sous-jacent à I 'une des fondations.

(7)

LES FOUILLES

La place Saint-Lambert qui abrite les vestiges de la cathédrale, disparue dans la tourmente révolutionnaire de la fin du XVIIIe siècle, se localise en plein creur de la ville de Liège, sur la rive gauche de la Meuse.

Proche du fleuve, elle reste cependant à I' abri de ses inondations, du fait de sa situation surélevée de quelque six à sept mètres sur Ie sillon mosan (fig. 1).

Fig. 1. Cartes de localisation (d'après L. GENICOT, groupe épiscopal mérovingien, p. 278).

Le site est cerné, de l'ouest au nord, par une suite de collines qui s'avancent parfois en promontoires assez escarpés; partout ailleurs, il s' ouvre largement sur la plaine fluviale.

La déclivité du sol de la place Saint-Lambert elle-même est assez prononcée. Sa partie septentrionale qui est la plus élevée se localise à 71 m au-dessus du niveau de la mer, cependant qu'au sud, elle s'abaisse à 64 m(l).

(8)

8 LES FOUJLLES

La Légia, parvenue à son cours inférieur, arrosait de ses méandres la place du Marché, sise à I' est de la place Saint-Lambert. Entreces deux dernières, Ie sous-sol se révèle très marécageux. A l'ouest, il est bordé par d'importants dépöts sédi-mentaires ou alternent des couches composées de tufs et d'alluvions. Ceux-ci témoignent des crues parfois vialentes du ruisseau valantiers torrentueux.

Installée à I' abri des vents du nord et dominée par un éperon propice à la défense, bordée des eau x vives et jamais taries de la Légia, la place Saint-Lambert représentait un site accueillant qui s'avéra favorable à l'installation d'un habitat. Ce dernier, facile à étendre, bénéficiera ultérieurement du voisinage du fleuve(2). Les premières recherches systématiquement opérées place Saint-Lambert remontent au début du siècle(3).

En 1907, Ie Conseil communal de la ville de Liège décidait, à I' occasion d'importants travaux de poses de canalisations, de faire procéder à des fouilles. Celles-ei furent conduitespar l'ingénieur Paul Lohest, pour Ie compte de l'Institut archéologique liégeois. Elles devaient révéler que Ie site avait connu une intéres-sante suite d'occupations. Les fondations de la cathédrale furent relevées sur une grande surface et à l'intérieur de ses murs était en outre localisé un complexe d'autres murailles, témoignant de I'existence d'une villa romaine. Des traces d'un gîte d 'époque omalienne étaient également repérées.

Sur Ie relevé des fouilles, établi en 1908 par Lohest, les tours de la cathédrale manquent et rien n'est non plus connu du chreur oriental et de son entourage, alors inaccessibles du fait de la présence d'habitations (fig. 2). Lors d'autres travaux, intervenus dans les années suivantes, jusqu'en 1930, diverses trouvailles furent eneare exhumées. 11 fut notarument observé que l'édification de constructions sur pilotis était d'un usage fort ancien sur Ie site.

L'année 1976 vit s' ouvrir l'ère des grands travaux d'urbanisation prévus dans Ie cadre d'une nouvelle infrastructure routière de la place Saint-Lambert. Le sous-sol archéologique de cette dernière était dorénavant promis à une disparition prochaine.

En 1977, Ie Centre interdisciplinaire de Recherches archéologiques de l'Uni-versité de Liège entamait des travaux, à I'initiative du professeur Hélène Danthine et sous sa direction. Ces demiers reprenaient !'étude de la partie occidentale de la cathédrale- chreur, crypte, tours et transept. Les fouilles se sont poursuivies

2 L. GOTHJER, Camment Liège s' estformé, dans Vieux-Liège, juillet-septembre 1955, p. 466; M. YANS, Liège, bourg de route, dans Vieux-Liège, o.c., p. 485.

3 V oir notamment pour Ie secteur oriental: E. POLAlN, dans C.A .P .L., 1907, p. 48, 64-71, 80, 84-91, 98-105; Ism., 1909, p. 19-20; Io., dans Leodium 28, novembre-décembre 1935, p. 77-84; C. BouRGAULT, dans C.A.P.L., 1912, p. 122-127; R. LEsurssE, dans C.A.P.L., 1930, p. 25-27; L. RENARD-GRENSON, dansB.l.A.L., 1909, p. 561-562; Th. GoBERT, Liège, p. 98.

(9)

LES FOUILLES 9

PLACE

c:

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Fig. 2. Plan cadastral, complété des localisations des fouilles anciennes de P. Lohest (trame pointillée) et du secteur des travaux du Service national des Fouilles (tracé hachuré). (D'après relevé du Bureau spécial d'Etudes de la S.T.I.L.).

incessamment sur cette zone(4) et, depuis peu, s'étendent aux dernières travées du vaisseau et des nefs.

En 1979, les de u x îl ots de maisons qui bordaient la partie orientale de la place Saint-Lambert étaient mis en démolition et Ie Service national des Fouilles fut appelé à organiser l'exploration de ce secteur (fig. 2). Ce dernier était compris, du nord au sud, entre les rues Sainte-Ursule et de Bex et, d'est en ouest, entre les places du Marché et Saint-Lambert. Il n'avaitjamais fait l'objet d'aucune fouille. 4 M. ULRIX-CLOssET, dans Archéologie, 1977, p. 68-69; IBID., 1979, 2, p. 10-11; M. ÛTTE, dansArchéologie, 1978, p. 59; H. DANTHINE,Note sur lesfouilles effectuées en 1978 place Saint-Lambert Liège (résumé de comrnunication), dansArchaeologia Mediaevalis 2, Bruxelles, 1979, p. 23-24; lo., La cathédrale St-Lambert à Liège. Les fouilles récentes, s.l., 1980.

(10)

11 11 !i I I i I 10 LES FOUILLES

Cependant deux tranchées, ouvertes en 1907 dans la rue du Général Jacques (anciennement rue Royale), en vue de 1' ins tallation de conduites d 'utilité publique, avaient alors permis de reconnaître l'existence « d'épaisses ruurailles de moellons

agglomérés par un ciment d 'une dureté extraordinaire>> (5 ). Ces fondations ne furent pas au trement identifiées mais elles devaient être à l' origine du projet de fouilles décidé par la Villede Liège sur la place Saint-Lambert elle-même. Elles figurent également sur le plan des anciennes fouilles.

Ce plan partiel de la cathédrale, dressé par Lohest, ainsi que divers relevés cadastraux démontraient qu'à !'emplacement dévolu à nosrecherches s'était au-trefois érigé le chreur oriental du monument, que 1' on savait avoir été accompagné d'un cloître et d'autres petits bätiments annexes. Le dégagement et la restitution des fondements de ces constructions constituaient donc notre hypothèse de travail. Ils impliquaient une recherche originale et destinée à compléter le relevé de 1908.

L'installation de divers niveaux souterrains, comprenant notarument gare et parcs de stationnement, était prévue à !'emplacement de notre chantier de fouilles. Nous ne disposions donc que d'un délai limité pour examiner les vestiges archéolo-giques avant leur enlèvement définitif. Nos travaux ont débuté au mois de mai 1979 et se poursuivirent jusqu' à la fin septembre de cette même année (6).

U ne première opération consista en une surveillance absolument permanente des démolitions des demeures édifiées sur le site, aux fins de préserver les fondations sous-jacentes de la cathédrale. Quelques visites des sous-sols, effec-tuées avant ces destructions (1), avaient déjà permis de repérer certaines structures d'apparence ancienne. Ce fut aussi I' occasion de récupérer diverses pierres taillées (fig. 17) qui provenaient des ruines du monument et avaient été remployées dans les substructions des maisons(8 ).

Il ét'ait prévu d'excaver les deux îlots d'immeubles jusqu'au-dessous des fonds de caves. La présence de citernes et de caves à double étage devait finalement entraîner nombre d'approfondissements plus importants.

Au quartier sud, les fondations anciennes se révélèrent particulièrement abîmées et, en maints endroits, elles se trouvaient même complètement anéanties.

5 E. PüLAlN, o.c., 1907' p. 64.

6 Comptes-rendus liminaires: J. A(LÉNUS-LECERF), dansArchéologie, 1979,2, p. 56-57;

Io., Un premier bilan des fouilles du cha:ur oriental de la cathédrale Saint-Lambert à Liège, dansLiège, province d' Europe, avril1980, p. 108 ss.; Io. ,Le cha:ur oriental de la cathédrale Saint-Lambert à Liège, dans Archaeologia Belgica 223, Conspectus

MCMLXXIX, Bruxelles, 1980, p. 93-97; lo., Les fouilles du cha:ur de la cathédrale Saint-Lambert à Liège (résumé de communication), dans Archaeologia Mediaevalis 3, Namur, 1980, p. 23-25.

7 Nous remercions Ie Service 900 SOS de Liège qui nous a aidée dans cette première recherche ( cf. R. I( KER), Les fouilles de la place Saint-Lambert à Liège, dansActivités 79 du

SOS Fouilles, 1/1980, p. 160).

(11)

LES FOUILLES 11

Fig. 3. Les vestiges découverts sous laruedu Général Jacques, oû deux tranchées (LetM) avaient déjà été ouvertes en I 907. L'avant-plan montre Ie parement (face ouest) du mur n° I du transept.

Sur Ie tracé de la rue du Général Jacques, les vestiges archéologiques étaient heureusement mieux préservés et ils purent être dégagés sur une hauteur de plus de deux mètres (fig. 3). Toutefois la partie terminale de cette rue, qui correspondait à I' emplacement d'un secteur du transept oriental de la cathédrale, n'a pu être que partiellement visitée, pour des raisons de sécurité routière, établies par l'adjudica-taire des travaux de démolitions.

Au nord de la cathédrale, ou il fut également nécessaire d'entamer très profondément Ie sous-sol, il ne subsistait rien des fondations des petits bätiments initialement accolés au cloître du sanctuaire. Une tranchée de sondage, longue d'un peu plus de 30 m fut néanmoins établie à quelques mètres de la façade septentrio-nale du monument. Elle devait notaroment nous permettre de découvrir Ie fond d'une fosse d'époque omalienne (n° 43 du plan général), malheureusement anéan-tie pour une large part par l'installation des habitations sus-jacentes.

La fouille de eet intéressant vestige et de son environnement sortait du cadre de nosrecherches et elle a été confiée au Service d' Archéologie préhistorique de l'Université de Liège(9). Une modification du calendrier des chantiers de la S.T.I.L. permet une continuation fructueuse de ces recherches en 1980.

(12)

11

I'

12 LES FOUILLES

Il reste actuellement à reconnaître les fondations de la grande tour qui flanquai t Ie croisillon sud du transept oriental (1°). Cet emplacement demeure inaccessible, du fait de sa situation proche du carrefour formé par la rue de Be x et la voirie qui ceinture la place Saint-Lambert. De même, il serait souhaitable d'opérer un sondage à la hauteur des premières travées des nefs, également sises sous cette voirie. La fouille de ces deux zones sera fonction de l'avancement des travaux routiers.

to Ce monument apparaît notamment bien localisé sur un ancien plan dressé en 1810 ( cf. J.

PHILIPPE, cathédrale, fig. 91).

(13)

NOTICE HISTORIQUE

Sans nous attarder aux diverses occupations qui se succédèrent à l'emplace-ment de la cathédrale Saint-Lambert, dès l'ère néolithique, puis aux époques gallo-romaine, mérovingienne et carolingienne, nous évoquerons ici quelques dates essentielles et immédiatement relatives au monument, concernant plus préci-sément même ses parties orientales(11).

A l'aube du

vme

siècle (vers 705-706), saint Lambert fut assassiné à Liège. Il y était alors en résidence, sur un domaine qu'une donation royale, antérieure au dernier quart du siècle précédent, avait conféré à l'Eglise de Maastricht(12). Le

saint martyr fut inhumé dans cette dernière cité mais son successeur, saint Hubert, devait ramener ses restes à Liège, ou il leur éleva un sanctuaire. Le transfert du

siège épiscopal en ce même lieu y affirme, au

vm

e

siècle, la formation du noyau

pré-urbain.

Il est possible que les invasions narmandes de la fin du IXe siècle (881 ou 882) aient aussi déferlé à Liège et affecté ses églises. Quoi qu'il en soit, Notger, legrand prince-évêque bätisseur (972-1008), décide dès son avènement de réédifier sur le même emplacement une somptueuse cathédrale qu'il dédie à Notre-Dame et saint Lambert. Lui-même n'en verra toutefois pas l'achèvement.

C'est son successeur, Balderic II, qui procède, en 1015, à la dédicace de l'église romane, consacrée par l'archevêque de Cologne, saint Héribert. Les auteurs s'accordent à reconnaître que c'était là un important monument qui possé-dait deux chreurs, chacun nanti d'une crypte, deux transepts ainsi qu'un large vaisseau centra], flanqué de nefs et de bas-cötés. Cette église, non voûtée, s'ornait de peintures murales.

En 1185, l'édifice est ravagé par un incendie. Il semble cependant, aux dires de maints auteurs, que le dommage atteignit particulièrement les parties orientales de la cathédrale. Sa reconstruction ou restauration fut rapidement remise en chantier, déjà sous l'épiscopat de Raoul de Zaeringen (1168-1190).

Un édifice gothique s'élèvera dorénavant sur les fondations mêmes de la

précédente église. Lepremier nom connu des maîtres d'reuvre est celui de Nicolas

de Soissons. Il travailla de 1250 environ jusque vers les années 1281 ou 1285.

11 Voir notarnment: E. PoNCELET, les Architectes de la Cathédrale Saint-Lambert de

Liège, dans C.A.P.L. XXV, 1935, p. 4-38; J. PHILIPPE, Lesfouilles archéologiques de la

place Saint-Lambert, à Liège, Liège, 1956, p. 34-35; lo., Van Eyck, p. 104, 108; J. LEJEUNE, Van Eyck, p. 44 ss.; R. FoRGEUR, Le maître-autel et !'abside gothique de la cathédrale Saint-Lambert, dans Vieux-Liège, juillet-décembre 1959, p. 400 ss.; L. GENI -COT, groupe épiscopal mérovingien, p. 265-283; Io., cathédrale notgérienne, p. 11-17 et ss.; Th. GoBERT, Liège, v. Lambert.

(14)

li!

I

14 NOTICE HISTORIQUE

Comme d'aucuns l'ont fait remarquer, il n'a pu manquer d'apporter au monument liégeois une forte influence du grand art de sa province française.

En 1250, Ie maître-autel du chreur oriental de la cathédrale Saint-Lambert était consacré en présence d'une importante assemblée de prélats. Pour R. Forgeur, Ie chreur était alors situé à I' emplacement de la croisée du transept, son abside se

greffant immédiatement à cedernier, sans presbyterium (13). Il apparaît en tout cas

qu'en 1313 cette abside était eneare inaccessible, sans doute parce que sa voûte

n'était pas eneare construite. Finalement, l'inauguration du nouveau chreur eut

seulement lieu en 1319.

Dans Ie courant du

xve

siècle intervient une reconstruction de la voûte du chreur oriental. Les travaux en furent entamés vers 1438 et probablement achevés vers 1464. Cependant E. Poncelet signale, sans autre précision, que <<de 1477 jusqu'au cammencement de 1480, des travaux d'une grande hardiesse furent en cours aux voûtes de la cathédrale» (14 ).

Durant le XVIe siècle, d'autres travaux sant eneare mentionnés qui concer-nent ce chreur oriental. En 1527, les Tréfonciers du Chapitre décidaient la cons-truction d'un nouvel oratoire dont les fondations furent jetées en 1576(15). R. Porgeur fait remarquer qu' il n' est rien cité de eet ouvrage dans les recès du Chapitre et l'auteur considère que ]'abside du

xme

siècle, entourée d'un déambulatoire, était restée telle quelle, sa voûte seule ayant dû être modifiée par des réparations ou une reconstruction(16). Tel est également l'avis de J. Philippe qui insiste sur Ie

style gothique du

xrne

siècle, conservé par le sanctuaire(17 ). Retenons eneare que Th. Gobert mentionne que lorsqu 'en 1499le monument fut frappé par la foudre, << il possédait alors des dimensions qu' on devait lui maintenir jusqu 'à la fin>> (18 ).

Ultérieurement, durant Ie XVIe siècle qui voit en tout cas la fin des grands travaux de la cathédrale, intervinrent évidemment des entreprises diversement importantes de réfections ainsi que des embellissements ou des aménagements au goût du jour.

L' in stallation du cloître oriental de la cathédrale est 1' ob jet de controverses. J.

Lejeune estimait que sa construction datait du

xrve

siècle et il en situait l'achève-ment entre les années 1457 et 1464(19). Pour d'autres auteurs, cette édification

13 R. FoRGEUR, o.c., p. 400. 14 E. PONCELET, o.c., p. 25. 15 Th. GOBERT, o.c., p. 57. 16 R. FORGEUR, o.c., p. 401. 17 J. PHILIPPE, Van Eyck, p. 128. 18 Th. GOBERT, o.c., p. 55. 19 J. LEJEUNE, Van Eyck, p. 143 ss.

(15)

NOTICE HISTORIQUE 15

s'avère beaucoup plus ancienne car de tels cloîtres accompagnaient eauramment les églises romanes, sinon même celles d'époque antérieure(2°).

La démolition de la cathédrale fut votée en février de I' année 1793 par les révolutionnaires liégeois de I' Ancien Régime. Si des <<rancunes politiques >> (21),

ainsi qu'un certain mépris du style gothique, semblent mêlés à cette décision, ils n'enjustifient nullementIe scandaleux vandalisme. L'année suivante, en 1794, les colonnes du maître-autel ainsi que les piliers des nefs étaient enlevés et la toiture s'effondra. Ensuite Ie monument devait encore rester longtemps à l'état de ruines branlantes et dangereuses. Son déblaiement ne fut achevé qu'en 1829 et la place Saint-Lambert, alors nivelée à grands frais, put répondre à sa nouvelle destination.

Selon les estimations établies par P. Lobest sur son plan des fouilles(22), Ie niveau actuel de la place Saint-Lambert doit être inférieur d'environ un mètre cinquante par rapport à celui de la cathédrale.

2

°

C. BouRGAULT les représente sur Ie plan en relief qu'il a réalisé de l'église notgérienne (musée diocésain de Liège); J. PHILIPPE, Van Eyck, p. 116; L. ÜENICOT, cathédrale notgérienne, p. 51-52; Th. GoBERT, o.c., p. 31, 106-107.

21 IBID.' p. 71.

(16)

LES SOURCES ICONOGRAPHIQUES

Dans 1' abondance des documents graphiques- plans, dessins et tableaux-qui illustrent la cathédrale Saint-Lambert, il en est relativement peu tableaux-qui s'avèrent utiles à I' analyse du secteur oriental du monument. Il n'entre pas dans notrepropos d' en établir ie i un relevé exhaustif maïs plutot d 'examiner quelques représentations particulièrement instructives.

Le plan leplus important de la cathédrale est indubitablement constitué par le relevé dû à 1' arpenteur-géomètre liégeois A.B. Carront. Il fut élaboré en 1794, alors que l'église était déjà ruinée mais encore entièrement visible. L'original est

Fig. 4. Une copie dressée en 1840 du plan de la cathédrale (Liège, Evêché). Echelle établie sur 200 pieds de Saint-Lambert.

(17)

i

i

.I

LES SOURCES ICONOGRAPHIQUES 17

malheureusement perdu, cependant plusieurs copies restent aujourd'hui réperto-riées(23). Parmi les exemplaires les mieux connus figurent les illustrations de l'ouvrage consacré par X. Van Den Steen à la cathédrale Saint-Lambert et qui fut l'objet de maintes critiques(24). Une autre copie intéressante est conservée à

l'Evêché de Liège (fig. 4). Des unes aux autres, il n'est guère de bien notables différences. Le chreur oriental apparaît régulièrement hémisphérique. Peu déve-loppé, il est seulement constitué par une abside qui est immédiatement greffée sur Ie transept et cette dernière se trouve cernée par un déambulatoire. Ce sanctuaire, dans son ensemble, offre des proportions trapues. Sur Ie plan ici illustré, nous notons une largeur totale d'environ 23,30 m et une profandeur de quelque 16,90 m. Ce même relevé donne au déambulatoire une largeur de 4,80 m (murs compris). Par ailleurs, la longueur de l'église gothique totalise 97,50 m. Ces mensurations furent calculées en fonction de la valeur de 0,292 m, donnée au pied de Saint-Lambert(25). Exceptionnellement, l'une des copies du plan de

Car-ront(26) montre une abside d'allure eneare circulaire bien que son périmètre soit constitué de sept pans coupés et en outre cerné de contreforts. Sur cedernier plan, Ie transept oriental est précisément bien délirnité par Ie tracé de ses croisillons. Sa longueur excède légèrement 1' emplacement du vaisseau de la cathédrale; en largeur, il apparaît sensiblement égal à l'autre transept occidental.

Le relevé des fouilles de Lohest, en leur état de 1908 (fig. 21)(27), constitue

un document également important, eneare que malheureusement lacunaire. Il n'existe en effetrien du chreur oriental de la cathédrale et ses tours ainsi que les cloîtres manquent aussi. Sur ce plan, le transept oriental se trouve reconstitué sur base de quelques segments de rourailles, ramenés au jour. Ses façades pignons nord et sud s'alignent exactement sur celles des nefs. Ce transept apparaît également plus étroit que son correspondant occidental (28 ).

23 J. PHILIPPE, cathédrale, p. 73-75.

24 R. FoRGEUR, Le plan de la cathédrale Saint-Lambert à Liège, dans Vieux-Liège,

janvier-mars 1957, p. 137-140.

25 P. DEBRUYNE,Les anciennes mesures liégeoises, dansB.l.A.L. LX, 1936, p. 290. Nos

estimations ont été établies sur un agrandissement photographique de la figure 4.

26 Réduite par les soins de !'architecte Femand Lohest, elle figure dans I'ouvrage de G.

RuHL, La cathédrale Saint-Lambert à Liège, Liège, 1904, pl. 3; également chez: J.

PHILIPPE, VanEyck, p. 106;

=

Io., Unplanpartiel de la cathédraleSaint-Lamberten 1910,

dans C.A.P.L., 1964, fig. 2; = Io., Ombres et souvenirs de l'ancienne cathédrale

Saint-Lambert de Liège, dans Si Liège m'était conté, n° 49, 1973, p. 3.

27 J. PHILIPPE, Propos historiques sur la place Saint-Lambert et ses abords, Liège, 1956, p.

8; Io., Van Eyck, p. 107; lo., cathédrale, fig. 15;

=

L. ÜENICOT, cathédrale notgérienne,

fig. 2; = H.E. KuBACH, A. VERBEEK, Romanische Eaukunst an Rhein und Maas, Berlin;

(1976), 2, p. 697, 699-700. Voir également note 22.

28 L'asymétrie des deux transepts de la cathédrale a été observée et commentée par L.

(18)

18 LES SOUReES ICONOGRAPHIQUES

U n plan exécuté en 1740 par Ch. Maire (29) nous intéresse car il restitue Ie pourtour de la cathédrale et de ses cloîtres, dans les rues du voisinage. A vee une esquisse du périmètre de l'église, Ie croquis dressé par Carront, en 1794 (3°), fournit des données similaires.

Le relevé cadastral q\li fut élaboré en 1810 (31), avant Ie nivèlement de la place

Saint-Lambert, illustre l'implantation du secteur oriental de la cathédrale. Le chreur ainsi que la galerie méridionale du cloître adjacent et la grande tour voisine y sont figurés. Cet oratoire qui affecte également une forme hémisphérique est eneare flanqué de contreforts. Des renseignements similaires concernant l'aire occupée par Ie cloître oriental se confirment sur un plan d'élargissement de la voirie, exécuté en 1839(32).

Enfin Ie report du plan des fouilles de 1907 ainsi que des sondages de 1912 et 1929, établi en 1944 parE. de Mameffe sur des matrices cadastral es de la première moitié du

xrx

e

siècle (33)' fournit un utile aperçu des données archéologiques alors connues.

A l'encontredes précédents plans qui restituent généralement un chreur en hémicycle, les vues en élévation de la cathédrale - illustrées sur des dessins, gravures ou tableaux - établissent I' existence de pans coupés au périmètre extérieur du chreur gothique oriental. Ce dernier est en outre souvent épaulé par des contreforts.

L'une des plus anciennes représentations de la cathédrale est attribuée à un Plorentin du XVIe siècle(34). Elle situe dans un large panorama de la cité, la

cathédrale, pourvue au chevet d'un modeste chreur polygonal et ce dernier est cerné d'un cloître. Dans Ie même type de paysage urbain, une autre gravure du

xvn

e

siècle, dont existent plusieurs copies(35 ), figure également la cathédrale nantie d'une pareiJle abside mais privée de ses annexes.

Deux tableaux de la fin du XVIIe siècle (36 ) montrent, en fond de toile, Ie sanctuaire oriental de la cathédrale constitué de pans coupés et doté d'arcs-bou-tants.

29 IBID., fig. I ; = J. PHILIPPE, VanEyck, p. 82; lo., cathédrale, fig. 243; =Th. GoBERT,

Liège, p. 38/39, 1675.

30 J. PHILIPPE, cathédrale, fig. 245; =Th. GoBERT,Emplacementde l' ancienne cathédrale

Saint-Lambert. Un plan peu connu, dans B.I.A.L. 36, 1906, p. 131-134, pl. X.

31 J. PHILIPPE, cathédrale, fig. 91; =ID., o.c. (plan partiel, C.A.P.L., 1964), p. 93-97. 32 J. PHILIPPE, VanEyck, p. 112; ID.,cathédrale, fig. 123.

33 IBID., fig. 20. 34 Ibid., fig. 147. 3 5 IBID., fig. 193, 195 ss.

(19)

LES SOURCES ICONOGRAPHIQUES 19 La représentation la plus précise et sans doute aussi la mieux connue de la cathédrale est fournie par une gravure due à Remacle Le Loup (37) et exécutée vers

1735. Au développement de la façade nord du monument, Ie chreur oriental accu se une forme polygonale et est également flanqué d'arcs-boutants.

Plus récente encore, une lithograpbie de 1880(38 ), inspirée d'une autre de 1840, procure, sur une illustration de la façade méridionale de la cathédrale, une vue bien détaillée des mêmes caractéristiques du sanctuaire et de son entourage.

Beaucoup plus rares, les vues intérieures de l'oratoire qui nous occupe témoignent de la présence d'un déambulatoire. Deux dessins qui procèdent respec-tivement du milieu et de Ja seconde moitié du

xvm

e

siècle (39 ) figurent notaroment Ie grand maître-autel du sanctuaire oriental. Un autre dessin de J. Dreppe(40)

montre les ruines de )'abside en 1797.

37 IBID., fig. 254;

=

lo., Van Eyck, p. 102;

=

J. LEJEUNE, Van Eyck, fig. 17.

38 J. PHILIPPE, cathédrale, fig. 5.

39 IBID., fig. 203-204;

=

Io., Van Eyck, p. 126-127;

=

R. FoRGEUR, ie Maftre-autel et

l' abside gothique de la cathédrale Saint-Lambert, dans Vieux-Liège, octobre-décembre

1959, fig. 1-2.

(20)

lt

I

i

I i

DESCRIPTION DES VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES

Les fondations orientales de la cathédrale (pl. I et ll) étaient généralement mal conservées(41).

Deux secteurs seulement ont révélé des substructions d 'une hauteur de plusou moins deux mètres. Leplus important, situé comme il a déjà été dit sur Ie tracé de la rue du Général Jacques (fig. 3), comprend Ie périmètre septentrional du chreur ainsi que la galerie claustrale nord. L'autre zone préservée concerne, sur la partie méridionale de I' oratoire, les deux massifs 38 et 39 qui doivent à la solidité particulière de leur maçonnerie d'avoir été épargnés de toute emprise lors de l'édification moderne des immeubles d'habitation.

Sur la partie centrale du sanctuaire, ainsi qu'à la galerie sud du cloître, il ne subsistait guère que certains fragments des bases des fondem~nts. A I' emplace-ment des secteurs central et méridional du transept, le niveau des caves modemes excédait en profandeur celui des substructions de la cathédrale. Rien n'est donc conservé, endehors du mur oriental (n° 1) qui se trouvait fort heureusement situé à

I' extérieur du bätiment récent.

L'irrégularité des ruines subsistantes apparaît sur les relevés de la coupe transversale A-B et de la coupe longitudinale C-D de nos fouilles (pl. II)(42).

1. LE SANCTUAIRE ORIENTAL

Cette partie apparaît composée des quatre fondations concentriques 14, 13, 2 et 6.

L'abside

Son emplacement est délimité par le mur 14 (fig. 12) dontIe tracé semi-circu-laire se développe sur un diamètre intérieur de 9 m. L'épaisseur de cette structure est portée à 0,60 met, pour la semelle de fondation, elle s'élève à 0,75 m. Dans sa partie la mieux conservée, elle totalise encore une hauteur de 2,15 m (des niveaux - 1,12 à -3,27 m).

41 Ces vestiges, souvent épaissis à leur base, peuvent évidemment déterminer certaines

différenciations dans leurs mensurations, suivant Ie niveau ou elles sont enregistrées.

42 Le point 0 de notre nivellement se situe à - 2,96 m du sommet de la borne kilométrique

qui occupe Ie coin gauche (ouest) du porche d'entrée de la première cour du Palais, place Saint-Lambert. Celui-ei est lui-même coté à 68,84 m au-dessus du niveau de la mer (renseignement aimablement transmis par Ie Service d' Architecture de la Villede Liège). Par conséquent, notre point 0 s'élève à l'altitude de 65,88 m.

(21)

DESCRIPTION DES VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES 21

Fig. 5. Détail du parement intérieur de !'abside pré-notgérienne (n° 14), pourvue d'une assise de réglage. A I' avant-plan, la structure n° 16, abîmée par l'installation du mur 14.

Une assise de réglage délimite la fandation au niveau -1,97 m. Elle est marquée par un alignement de longs bloes taillés (fig. 5). Leparement se campose de moeBons de grès sommairement équarris et de petits formats. 11s sont maçonnés avec un mortier gris-blanc, assez dur, de texture fine et largement composée de chaux.

11 n'existe pas de liaison entre les fondations du mur d'abside 14 et du mur oriental1 du transept. A lajonction méridionale de ces deux fondations, on observe un arrachement du mur 14, qui détermine l'installation postérieure du mur 1 (fig. 6).

Un massif fragmenté 15 subsiste également, qui prend appui sur le ressaut de fandation du mur d'abside 14. 11 est constitué d'un entassement de bloes non dégrossis et noyés dans un mortier grisätre, dur et largement composé de chaux et de pierrailles.

(22)

22 DESCRIPTION DES VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES

Fig. 6. Juxtaposition des fondations de )'abside pré-notgérienne (n° 14) et du mur oriental (n° I) du transept (face est).

Le déambulatoire

Le mur périphérique 13 qui ceinture la précédente abside 14 nous paraît répondre aux fonctions d'un déambulatoire (fig. 7).

Un large secteur de la partie méridionale de cette structure disparaît sous une importante recharge de maçonnerie, correspondant à l'édification de l'oratoire polygonal 2. Les sondages 24 et 43 ont permis de reconnaître les fondements de ce déambulatoire et d'en restituer Ie développement.

La fandation est large de 3 ,50 m et elle couvre une aire semi-circulaire dont Je diamètre extérieur totalise 17,40 m. Le niveau inférieur enregistré se situe à Ia cote

-3,48 m. Entre les parements du déambulatoire s'étend un important noyau composé d'une blocaille de grès. Le mortier est gris, assez dur et de texture fine. De nombreux petits éclats de chaux y sont notés.

Les substructions du déambulatoire 13 et de !'abside 14 se juxtaposent. IJ n'a pas été possible d'observer Ie mode de liaison de ce même déambulatoire avec Ie mur oriental 1 du transept, en raison de la recharge postérieure (n° 2).

L' oratoire polygonal

11 est représenté par la structure 2 (fig. 8) qui s'étend sur une vaste surface polygonale, dont les mensurations extérieures s'établissent à 19,40 m de largeur et 16,80 m de profondeur. Le périmètre du chevet s'ordonne sur une forme dontIe tracé irrégulier se justifie du fait d'un niveau assez proche de Ja semelle de fonçlement.

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DESCRIPTION DES VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES 23

Fig. 7. Un segment de la fondation du déambulatoireroman (n° 13), sectionné par les murs modemes F et G. A l'avant-plan: Ie sondage 24, ouvert dans l'assise monolithe du sanctuaire gothique (n° 2). A l'arrière-plan: fondements du mur oriental (n° 1) du transept.

(24)

24 DESCRIPTION DES VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES

Cette structure apparaît composée d'une dalle d' as si se particulièrement impo-sante. Elle est d'un seul tenant et constituée par une maçonnerie de remplissage dont l'extrême compacité résulte de l'emploi d'un mortier dur et tenace, de couleur beige clair et de texture fine.

Fig. 8. Le sanctuaire gothique, constitué d'un fondement monolithique de maçonnerie (n° 2), se juxtapose au mur oriental (n° 1) du transept et au mur périphérique (n° 6). Diverses constructions modemes (escalier, murs, citernes, puits) entament ces structures.

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DESCRIPTJON DES VESTJGES ARCHÉOLOGJQUES 25

Fig. 9. Deux bases de pilastre (n°'26 et 27) et une assise (n° 28), in situ dans Ie sanctuaire gothique. Ce dernier est sectionné par Ie mur moderne G et I' ancienne tranchée M.

(26)

26 DESCRIPTION DES VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES

Ce puissant massif a été dégagé jusqu'à sa base, à l'emplacement des sonda

-ges 29 et 30. Il y repose, sur le limon du sous-sol, respectivement aux niveaux

- 4,20 et -4,13 m. Aux parements, l'utilisation de moelloos de grès de gabarits variés caractérise cette construction en regard des précédentes.

Cette vaste plateforme n'est liée à aucun des murs qui l'enserrent. Elle se juxtapose, à l'ouest, au mur oriental1 du transept ainsi qu'au déambulatoire 13 et, en direction de l'est, au mur 6 qui fut installé ultérieurement à la bordure de son chevet. Il en est de même, au périmètre latéral, pour les murs contiguset préétablis 4 et 7 du cloître.

L' élévation probable du mur septentrional de 1' oratoire nous paraît repérée sur un tronçon de quelque 12 m de longueur (fig. 9). Les deux bases de pilastre en pierre bleue 26 et 27 sont reliées par une suite de dalles du même petit granit. Elles constituent avec une assise 28 - celie-ei composée de la juxtaposition de trois dalles identiques aux précédentes et de même matériau- un ensemble qui restitue probablement le tracé partiel du périmètre intérieur de l'édifice. Dans sa totalité, ce dernier semble donc composé d'une série de neuf pans coupés(43). Les trois éléments 26, 27 et 28, mesurés d'axe en axe, sont pratiquement équidistants. Par ailleurs, les socles profilés 26 et 27 quine sont pas identiques s'inscrivent pareille-ment, avec l'alignementintermédiaire de dalles, au niveau- 0,60 m. Ces socles se superposent chacun à une assise analogue à la base 28 et localisée comme cette dernière à un niveau inférieur, coté à- 0,85 m. Aucune trace depavement n'a été observée aux abords de eet ensemble. Il nous paraît cependant que les trois éléments concernés représentent les assises de piliers ou colonnes engagés dans la muraille. Il y a lieu d'également remarquer que le socle 26 délimite un décroche

-ment du même mur (n° 25 du plan général). Ce soubasse-ment élargi se juxtapose directement au mur 1 du transept (fig. 12).

Il convient d'encore souligoer qu'à la bordure méridionale des emplacements 25 à 28, on observe la présence d'un remplissage moins dense et composé de blocaille noyée dans la maçonnerie. Parmi les pierres tout-venant se trouvait notarument un petit tronçon fracturé d'une colonne dont le diamètre totalise 0,36 m. La disposition de cette structure ne laisse pas d'évoquer l'éventualité de quelque remblaiement, consécutif à un remaniement du déambulatoire du sanc-tuai.re.

La Jondation extérieure orientale

Elle est représentée par le mur 6 qui ceinture la seule partie polygonale du précédent édifice et se juxtapose également aux fondements des murs préexistants 4 et 7 du cloître. Elle n'est donc liée à aucune des substructions qui l'entourent (fig.

8 et 10).

43 Certaines murailles, polygonalesen fondations, n'excluent évidemment pas Ia possibi-lité d'une élévation sur un périmètre arrondi.

(27)

DESCRIPTION DES VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES 27

Fig. 10. La juxtaposition des fondements de l'assise monolithe (n° 2) du sanctuaire gothique et de sa structure extérieure (n° 6); (faces nord, dégagées dans l'a n-cienne tranchée M de 1907).

Cette fondation se compose d'une partie maçonnée qui repose sur pilotis. Sa largeur oscille entre 2,25 et 3,25 m.

Trois sondages, opérés aux emplacements 30, 31 et 32, ont en effet révélé la présence de pilots sous-jacents à la fandation de pierres. Il nous semble dès lors plausible d'en supposer l'existence sous la longueur tout entière du mur 6. Aux endroits examinés, les pieux sont installés en réseau très dense (fig. 11)(44). II s'agit de bois de chêne, dont la conservation s'avère généralement remarquable.

Elle est évidemment favorisée par la nature fort marécageuse du sous-sol en eet endroit. La hauteur des pilots oscille entre 1,20 et 1,60 m. Certains sont équarris et leursectionest d'environ 0,15 à 0,25 m de cöté. D'autres camptent un diamètre d'une vingtaine de centimètres. Une des extrémités est apointée. L'autre est

44 V oir également J. ÄLÉNUS-LECERF, Le cha:ur oriental de la cathédrale Saint-Lambert à

Liège, dansArchaeologia Belgica 223, Conspectus MCMLXXIX, Bruxelles, 1980, fig.

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28 DESCRIPTION DES VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES

Fig. 11. Coupe opérée dans la maçonnerie de la fondation n° 6, appuyée sur pilotis. A l'arrière-plan: parement du chevet de l'assise gothique n° 2 (face est).

recépée pour former une base relativement plane ou la maçonnerie repose directe

-ment. Quelques pierres sont parfois calées entre les têtes de pieu, de façon à présenter une meilleure assise.

La partie maçonnée du mur 6 est composée d'un blocage massif, lié avec un mortier de couleur bistre foncé, également assez dur et qui se trouve mêlé d'abon-dantes petites particules decharbon de terre. Les parements témoignent d'un soin particulier apporté à la mise en reuvredes matériaux. Les pierres sont en grès, bien taillées et appareillées avec une alternanee de moellons de grands volumes et d'autres, de formats étrécis. Les assises sont réglées. Cependant au voisinage du sondage 31, ces assises, interrompues, formaient une reprise verticale sur le

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DESCRIPTION DES VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES 29

Fig. 12. Vue générale du mur oriental (n° I) du transept, sectionné par les deux anciennes tranchées Let M, ainsi que par les murs modemes G et K. A gauche du cliché, se succèdent les fondations du massif septentrional (n° 8), l'assise (n° 2) du sanc-tuaire gothique et !'abside (n° 14) pré-notgérienne.

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11

30 DESCRIPTION DES VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES

massif. Celie-ei constitue peut-être !'indice d'une construction opérée en plusieurs phases.

2. LE TRANSEPT ORIENTAL

De cette partie de la cathédrale, i! subsistait un seul mur intact et des tronçons diversement limités des autres fondations.

Le mur oriental 1 du transept représente une puissante substruction dont la largeur oscille entre 2,15 et 2,40 m (fig. 12). Ses dernières assises reposent sur 1' argile du sous-sol aux niveau x - 3,25 m à sa terminais on méridionale et

-2,94 m à l'extrémité opposée. La partie la mieux conservée de la muraille s'élève à la cote- 0,50 m. Nullepart nous n'avons constaté de traces d'un ressaut de fondation, non plus que de quelque remaniement. Au parement extérieur (fig. 3), on observe l'utilisation de moellans de grès de volumes généralement moyens. Ces demiers sont liés avec un mortier gris, assez friable et de texture fine. Un appareil de grossier blocage constitue le noyau. En dépit du caractère particulière-ment massif de cette structure, nous avons pu observer, sur sa partie méridionale, une fissure qui lézarde la fandation jusqu'à sa base même.

Le mur occidental 23 du transept était situé au périmètre de notre secteur de fouilles. Au seul emplacement de la rue du Général Jacques, nous avons pu en localiser le parement intérieur qui fut suivi sur une longueur de 8,90 m. Ce repérage nous assure de la mensmation intérieure du transept oriental de la cathédrale, portée à 10,30 m, en fondations. Cette zone de la voirie (plan général, n° 42) avait déjà été partiellement explorée en 1907 et ellen' a pas pu être au trement fouillée, pour des raisons de sécurité routière, visant le carrefour proche de eet endroit.

Des fondations transversales 12, 19, 20 et 21 du transept, i! subsistait peu de chose. Une seule d'entre elles (n° 12) s'avéra mieux conservée, en raison de son remploi pour un mur moderne (fig. 13). Ces fondations apparaissent parfaitement liées au mur oriental 1.

Le transept oriental de la cathédrale a pu être reconstitué sur base des quelques vestiges reconnus. Il convient cependant d'émettre certaines réserves sur la situa-tion des façades pignons nord et sud. La première se révéla détruite jusqu'à ses demiers fondements et la seconde se localise en dehors du périmètre de nos fouilles. De ce fait, il n'est pas prouvé que les bras du transept n'aient jamais outrepassé la largeur des nefs, comme i! a été par exemple illustré sur l'une des copies du plan de Carront (supra, note 26). Tel que proposé, notre transept mesure, dans ses substructions, 42, 80 m de longueurextérieure (murs compris) et 10,30 m de profandeur intérieure. En fondations, il est traversé par les murs de liaison du vaisseau central (dont la largeur intérieure est établie à 10,90 m), ainsi que des nefs latérales (largeur intérieure 5, 10 m) et de leur bas-cöté respectif (largeur inté-rieure: 3,65 m).

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DESCRIPTION DES VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES 31

Fig. 13. Le puissant fondement d'un murde refend (n° 12) du transept constitue l'assise du mur moderne G.

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32 DESCRIPTION DES VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES

Fig. 14. Un segment de l'absidiole 33, éventrée par l'ancienne tranchée L. Sur Ie fond de cette dernière: la pierre triangulaire 44 montre la liaison de 1' absidiole a vee Ie transept; la dalle reetangulaire 45 délimite Ie périmètre de sa butée ( n° 34).

(33)

DESCRIPTION DES VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES 33

3. LES ABSIDIOLES

Le mur semi-circulaire 33 constitue la fondation de l'absidiole septentrionale

de la cathédrale (fig. 14). Il circonscrit une aire qui se développe sur un diamètre intérieurde 3,90 m. Avec une largeurde fondement établie de 2,10 à 2,30 m, cette structure s'apparente bien au transept. C'est aussi la même construction en grès, avec blocage grossier, encadré de faces parementées identiques à celles du mur oriental 1 (fig. 3). La substruction repose sur l'argile sous-jacente au niveau - 2,93 m. Cette absidiole est contrebutée par deux massifs identiques 11 et 34. La liaison de tous les éléments de ce secteur- absidiole, butées et mur 1 du transept - est bien établie.

L'absidiole méridionale 35 n'est que partiellement comprise dans le secteur de nos fouilles. Elle est évidemment appariée à la précédente. Elle s'avère cepen-dant plus profondément enfouie car sa semelle de fandation est localisée au niveau

- 3,61 m. Le parement de la butée 3, bien dégagé à ]'emplacement de notre sondage 29, témoigne du soin apporté à cette construction, jusqu 'à la base même de ses fondements.

4. LE CLOÎTRE ORIENT AL

Le sanctuaire était encadré par un cloître dont les seules galeries septentrio-nale et méridioseptentrio-nale se trouvaient incluses dans la zone de nos fouilles. Pour chacune d'elles, il subsiste les fondements de deux murs parallèles qui délirnitent une aire intérieure, large de 4,10 m.

La galerie nord

Du fait de sa situation sous la rue du Général Jacques, elle reste assez bien conservée.

La fondation du mur 9 (fig. 15) s'établit sur une hauteur de 2,56 m (du niveau -0,55 à- 3,11 m). Large de 1,60 m à sa base, elle s'étrécitensuite à 1,10 m. Des moelloos de grès de volumes moyens et petits sont employés au parement ma

-çonné. Le blocage intérieur est noyé dans un mortier grisàtre, peu friable et qui est largement semé de petits éclats de chaux. Ce mur est interrompu à hauteur de l' absidiole 33, au-delà de laquelle aucune trace n' apparaît plus.

La fondation du mur 7 (fig. 16) s'identifie à la précédente. Installée au niveau -2,56 m, elle se révèle cependant moins enfouie. Ce mur 7 s'appuye, sans liaison, sur Ie mur oriental 1 du transept. Par ailleurs, comme il a déjà été dit, il se juxtapose très étroitement aux fondements postérieurs de l'oratoire polygonal2 et de son mur extérieur 6.

Une aire maçonnée 8 (fig. 15) se trouve étroitement encastrée entre les deux murs claustraux 7 et 9, à leur terrninaison occidentale. Elle entoure également la butée 34 de l'absidiole nord et s'appuye en outre sur Ie mur 1 du transept (fig. 12).

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34 DESCRIPTION DES VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES

Fig. 15. Vestiges de la galerie claustrale nord. Les fondements juxtaposés du mur n° 9 (face sud) et du massif n° 8 (face est). Ce dernier est entamé par l'ancienne tranchée L.

Elle est parementée sur tout son pourtour qui affecte une forme polygonale irrégulière. Les moeBons de grès sont soigneusement réglés et liés avec un mortier de eauleur bistre-blanc, de texture fine. 11 y a lieu de noter l'évidente parenté de l'appareil de ce massif 8 avec celui du mur extérieur 6. Cette construction n° 8 se voulait particulièrement solide: sa fondation, relevée à la cote- 3,47 m s'avère beaucoup plus profonde que celle des substructions voisines.

Un autre massif de maçonnerie 10 n'est que très partiellement conservé. 11 jouxte le mur claustra! 9 ainsi que l'absidiole 33 et sa butée 11. Sans parement visible, du fait de sa fragmentation, il découvre un blocage interne, largement noyé dans un mortier très dur et blanc, presque exclusivement composé de chaux. Sa

base s'enfonce au niveau - 3,01 m.

La galerie sud

Tous les vestiges de ce secteur apparurent fortement endommagés.

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DESCRIPTION DES VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES 35

Fig. 16. Structure du mur n° 7 de la galerie nord du cloître (face nord, découverte derrière le mur moderne J). A l'avant-plan, un arrachement de l'excavatrice révèle Ie blocage interne.

seulement conservé sur une hauteur de quelque 0,70 m (du niveau -3,30 à

- 2,60 m). Sa largeur en fandation oscille de 1,50 à 1,35 m. II épouse étroitement

Ie parement de l'assise 2 et il devait sans doute initialement rejoindre Ie mur de transept 1 ; cette dernière jonction manque. Une sépulture sous-jacente 37 avait été abîmée par l'installation du mur 4. La tombe était eneare entourée de petits moellans équarris et juxtaposés en forme d' eneadrement Elle ne contenait plus que quelques ossements épars.

Le mur correspondant 36 se limite à une portion de la semelle d'assise, reconnue sur deux segments, respectivement langs de quelque 6,60 et 3,80 m. Cette dernière section s'interrompt sur Ie parement de l'absidiole 35 et son fonde-ment se trouve constitué d'un lit de blocaille non liée. Certaines pierres, qui

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36 DESCRIPTION DES VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES

portaient encore des traces de mortier, indiquent un remploi. Cette substruction est reconnue entre les niveaux -3,32 et- 2,68 m.

Le petit massif de maçonnerie 5 était également fort abîmé. Il jouxte les fondements préexistants des murs claustraux 4 et 36 ainsi que la butée 3 de l'absidiole. Nonobstant son extrême fragmentation, nous l'assimilons à une cons-truction équivalente au massif 8 de la galerie nord. A vee une fondation relevée au

niveau -3,84 m, il est également profondément enfoui. Quelques segments des

parements du massif 5 subsistent seulement. Partout ailleurs, on observe une maçonnerie de blocage, noyée dans un mortier blanchätre, fort apparenté de couleur et nature à celui du massif 8 correspondant.

5. TRACES D'OCCUPATION ANTÉRIEURE À LA CATHÉDRALE

Quelques vestiges, notamment repérés sur trois secteurs de nos fouilles, indiquent I'existence d'une accupation précédant l'installation du sanctuaire.

Une structure 38 fut reconnue sous la partie terminale ouest du mur 4. Elle était installée sur l'argile vierge, au niveau- 4,60 met avait été endommagée par l'édification du sanctuaire ainsi que l'installation d'une citerne moderne. Le secteur examiné révèle que cette structure devait se prolonger, d'une part, sous Ie massif 2 de l'oratoire polygonal et, d'autre part, sous le mur 1 du transept. Les fondements qui subsistent se composent de très gros bloes de grès de forme paralléllipipédique (longueurs: de 0,50 à 1 m). Sans être exactement jointifs ni même régulièrement superposés, ces demiers sont simptement liés à l'argile. L' orientation des fondements évoque celle des vestiges romains illustrés sur le plan

des anciennes fouilles de Lobest (cf. supra, note 27), aux emplacements de la nef

centrale et du transept occidental de la cathédrale. Des fragments de tuile ont été relevés au voisinage de cette structure 38.

Le sondage 24, opéré au parement extérieur du déambulatoire 13, a révélé que la fondation decedernier reposait sur une couche ancienne, notamment composée de morceaux de tuileet de fragments de mortier rose. Cette strate, haute de quelque 0,50 m, s'enfonce dans le sous-sol au niveau -4 m.

U ne petite aire maçonnée 16 a été reconnue entrele mur d' abside 14 et Ie mur de transept 1 et elle se trouvait en outre sous-jacenteau massif d' au tel 15. Elle avait été abîmée à !'occasion de l'implantation des fondations de l'oratoire 14 (fig. 5), maïs également par l'installation des bätiments modernes. Dans ses plus grandes dimensions, elle totalise 2,60 m de longueur et 1,20 m de largeur. Elle apparaît encore composée d'un hérisson de fondation, constitué de moellons non dégrossis et sommairement liés a vee un mortier de couleur bistre-rose, assez dur, ou figurent de la tuile pilée et des nodules de chaux. Le morcèlement extrême de cette structure rend son identification malaisée. Des morceaux de tuile furent également recueillis dans ce secteur maïs aucun tesson de poterie ne vient en préciser la datation.

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DESCRIPTION DES VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES 37

La présence de pareils dispositifs ne laisse pas d'évoquer la proximité d'une construction ancienne, nivelée peut-être à l' occasiondel 'édification du sanctuaire.

6. AUTRES DOCUMENTS ARCHÉOLOGIQUES Les pierres taillées

Avant la mise en reuvre des démolitions, un fragment de bandeau (longueur: 0,79 m), sculpté d'une rosace en forme de quadrilobe(45), avaitété reconnu dans la

cave de la maison n° 17 de la rue Sainte-Ursule.

Une trentaine de pierres taillées purent encore être sauvées des déblais provenant de la destruction des fondations des habitations, ou elles se trouvaient

0 25cm

'==- = - ====!

Fig. 17. Croquis d'une base de pilastre, recueillie au cours des travaux d'excavation du site.

45 J. ALÉNUs-LECERF, o.c., dans Archaeologia Belgica 223, fig. 51;

=

J. PHILIPPE,

cathédrale, fig. 84;

=

R. IKER, o.c., dansActivités 79 du SOS Fouilles, 1/1980, fig. 129.

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38 DESCRIPTION DES VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES

incorporées à titre de matériau de remploi. Dans eet ensemble figurent notamment divers fragments de colonne ( diamètre: 0,44 m) et quelques pil as tres plusou moins abîmés mais dont les moulures s'avèrent identiques (fig. 17) (46). On notera que la découpe du profil de ces dernières ne s'identifie nullement avec celle illustrée sur Jes pilastres notgériens anciennement découverts(47).

Un bloc parallélipipédique à dos brut et face bouchardée figurait aussi parmi les pierres remployées. IJ est constitué de petit granit ou pierre bleue et porte une marque de tailleur en forme de trident (fig. 18). Cette dernière paraît avoir été

V

Fig. 18. Marque d'un tailleur de pierre. Echelle 1/1.

46 Voir également J. PHILIPPE, o.c., p. 25, pl. II; J. ALÉNUS-LECERF, o.c., fig. 51. 47 C. BouRGAULT, lnventaire archéologique de l' ancien Pays de Liège. XLVII. Chapiteau

et bases del' ancienne cathédrale Saint-Lambert, dans C.A.P.L. 5, 1910, p. 124-125, fig.

(39)

DESCRIPTION DES VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES 39

utilisée dès Ie XV• siècle et sa provenanee est intéressante à considérer pour la cathédrale liégeoise(48).

Le musée Curtius a pris en charge ce matériel et en assure l'exposition. Les sépultures

Nousen avons rencontré fort peu. L'édification du ch~ur polygonal sur une assise de maçonnerie compacte ne se prêtait évidemment pas à l'installation des inhumations dans Ie sanctuaire, ainsi qu'il est de tradition. Par ailleurs, à l'empla-cement du transept, les fondations modemes s'enfonçaient bien au-delà du niveau archéologique.

Lors du creusement de la rue du Général Jacques, l'excavatrice bouleversa quelques sépultures que nous avons pu rapidement examiner. Elle se trouvaient localisées près du mur 7 du cloître et à une profondeur généralisée entre les niveaux -2,20 et- 2,60 m. Les corps reposaient dans d'épais eercueiJs de bois de chêne, encore bi en conservé. Ils étaient orientés, a vee la tête si se à I' ouest. Aucun ob jet ne les accompagnait.

Au pourtour du sanctuaire, l'implantation des immeubles d'habitation avait

également entraîné l'anéantissement des sépultures. Au chevet du mur extérieur 6, il subsistait exceptionnellement une calotte cränienne, située au niveau - 2,37 m. Enfin quelques vestiges d'inhumations fort anciennes et plus profondément enfouies (de- 3,40 à- 3,90 m) furentrencontrés dans le sondage 29, non loin de la sépulture 37, déjà mentionnée dans la description du mur de cloître 4. Peu d'ossements furent rencontrés et ils étaient d'ailleurs dérangés. Leur houleverse-ment nous paraît consécutif aux installations ultérieures de ce mur 4 et du massif voisin 5.

48 Cette marque de tailleur est vraisemblablement à identifier comme étant celled' Antoine Hanicq, dit,, Credo>>. Maître de carrière et originaire de Feluy, celui-ei s'était dans la suite

établi à Arquennes, ou il décéda Ie 8 janvier 1580 (cf. F. DE LALJEux DE LA RocQ, l' Epitaphier et Epigraphier d' Arquennes, dansAnnales du Cercle archéologique deMons XLI, 1912, p. 28-29; J.-L. VAN BELLE, L'industrie de lapierreen Wallonie

(XVJ

-xvur

S.) particulièrement à Feluy-Arquennes, Ecaussinnes et Soignies, Gembloux, (1976), p.

68-69, 74, fig. 16 n° 27). La familie Hanicq est connue à Feluy depuis Ie

xv

siècle.

L'activité de plusieurs ascendants de eet Antoine Hanicq, comme marchands de pierre, u til i sant la même marque de trident, s'étend également à la première moitié du XVI• siècle.

Nous remercions vivement Monsieur RoBERT ADRIAENSSENS d' Anvers à qui nous devons

cette utile documentation. Par ailleurs, il nous paraît intéressant de signaler que plusieurs

figures de trident furent localisées parmi les marques de tailleurs de pierre, à l' occasion de la fouille de l'église Saint-Jacques à Liège, sur des matériaux probablement mis en reuvre dans Ie courant du

xv

·

siècle ( cf. ANN CHEV ALlER, lnventaire des marques de tailleurs de pierreen I' église Saint-Jacques de Liège, dansB.l.A.L. LXXXIX, 1972, p. 64-65, 69-71,

(40)

40 DESCRIPTION DES VESTIGES ARCHÉOLOGJQUES Quelques objets anciens

Le même sondage 29 a livré un rare matériel qui provenait malheureusement d'une zone perturbée par l'excavatrice. De ce fait, nous ne sommes pas en mesure d'en préciser autrement la localisation.

Trois petits fragments de peintures murales présentent des traces de eauleur jaune acre et rose très päle, sur fond blanc. I1 n'y a pas de dessin identifiable.

Une perle tronconique fragmentée (fig. 19A) est constituée de päte de verre opaque noir et décorée de filets jaunes qui encadrent des zigzags concentriques blancs. Hauteur: 1,6 cm.

Un batonnet en os minéralisé (fig. 19 B) a dû être utilisé au travail du textile ou du cuir. A l'une des extrémités, il s'affine en forme de biseau et eet emplacement porte des traces de frottement; 1' autre extrémité est cassée maïs paraît avoir été origineHement apointée. L'une des faces s'orne d'une suite de stries obliques et parallèles, groupées par séries de trois unités. Longueur conservée: 8, 7 cm.

Les puits étaient particulièrement nombreux sur le site de nos fouilles ou presque chacune des habitations devait s'en révéler dotée. Ils se trouvaient, pour la

A

B

-

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ê

(41)

DESCRIPTION DES VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES 41

plupart, presque comblés par les déblais provenant des démolitions. Quelques uns seulement, situés au proche voisinage de la cathédrale, avaient pu être partielie

-ment protégés de ce remplissage intempestif. Trois de ces demiers furent vidés. Un puits de forme ovale (n° 39 du plan général) jouxte la fondation du chevet du sanctuaire. Il est constitué de moelloos et bordé à son embouchure de pierres jaunes, dites pierres de sable. Le fond est circulaire. Il y fut notarument recueilli deux poterles qui ne sont pas antérieures au

xvre

siècle.

La tèle à lait (fig. 19C) est en pàte beige et porte une glaçure plombifère jaune-ambre à brun. Diamètre: 28,2 cm. La base annulaire est sans pincée. Le col, peu développé, forme un bandeau cylindrique qui est surmonté d'une lèvre à sommet horizontal et élargi. Le bec est relativement étroit. Ce type de récipient peut être assimilé aux produits fabriqués à partir du milieu du

xvre

et jusqu'au milieu du

xvne

siècle (49).

La tasse tripode (fig. 19D) s'ome, à la partie supérieure, de cannelures. Diamètre: 12,5 cm. Une glaçure plombifère, généralement brunàtre, l'enduit complètement. Déjà connue au XVIe siècle, cette poterie évolue jusqu'au XVIIIe siècle (50).

Deux autres puits (n°' 40 et 41 du plan général), qui témoignaient d'une construction classique avec une maçonnerie de briques sur forme circulaire, furent également vidés et n'ont foumi que des tessons de vaisselle et divers petits objets d'époque moderne.

49 G. TIEGHEM et B. CARTIER, Evolution de la tèle à lait du

xw

e

au X/Xe siècle au manoir de

Quiquempois (Villeneuve d'Asq), dansRevueduNord LVIII, n° 228,janvier-mars 1976, p.

113-135, cf. type 2.

50 B. BECKMANN, G. v. BocK, etc., Volkskunst im Rheinland. Katalog, Düsseldorf, (1968), ll0' 383 et 387; J. BAART,

w

.

KROOK, etc.' Opgravingen in Amsterdam, 20 jaar

(42)

INTERPRÉTATION DES VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES

L' église pré-notgérienne (fig. 20A)

Nous attribuons à un tel édifice la petite abside hémisphérique légèrement tronquée (mur 14 du plan général). En regard des autres fondations, celle-ci se particularise par une importance nettement réduite. Elle témoigne également d'un mode de construction et d'un appareil totalement différents des parties voisines. Elle n'est du reste liée à aucune autre muraille contiguë et s'avère isolée de !'ensemble des vestiges reconnus.

Le chreur ainsi déterminé totalise, en mensurations extérieures sur les fonde-ments conservés, une largeur de 10,40 m pour une profoorleur de 4,90 m.

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