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Tournai fouilles à la Loucherie

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ARCHAEOLOGIA BELGICA Dir. Dr. H. Roosens

Etudes et rapports édités par Ie Service national des Fouilles

Pare du Cinquantenaire l 040 Bruxelles

Studies en verslagen uitgegeven door de Nationale Dienst voor Opgravingen

Jubelpark l l 040 Brussel

© Service national des Fouilles D/1974/0405/13

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Situé à la périphérie sud-ouest de l'antique Turnacum, Ie quartier de La Loucherie domine l'ancienne agglomération établie sur la pente s'étendant sur la rive gauche de l'Escaut (fig. 1).

Fig. 1. - Extrait du plan de Ia ville de Tournai, localisation du site de La Loucherie.

Le secteur, <lont il est question dans Ie présent rapport, est délimité au nord par la rue Garnier, à l'ouest par la place Reine Astrid et à l'est par Ie Vieux Marché au Beurre et la rue de la Ture (fig. 2).

(6)

Place Reine 4,l!h :x, C (1) a. (1) ,-.. O'e Il> La Loucherie ë1 , (1)

Fig. 2. - Les substructions de la Loucherie reportées sur Ie plan cadastral.

La zone fut gravement endommagée lors des bombardements de 1940, ce qui permit quelques sondages et dégagements dès la fin de la guerre (voir ei-dessous). Un nouveau plan d'aménagement étant établi dès 1954, il s'avérait indispensable de procéder à un examen archéologique systématique; ce dernier fut effectué au cours des années 1954 et 19551_

Dès 1903, quelques témoins d'une occupation antique furent recueillis sur Ie site de La Loucherie2. Les premiers dégagements plus ou moins systématiques eurent lieu dès Ie lendemain de la guerre, en 1944; ils furent entrepris conjointement par Ie Commissariat général à la Restauration du Pays et Ie Service des Fouilles de l'Etat, dirigé par Monsieur J. Breuer. Ces recherches révélèrent un batiment

1 Voir ei-dessous p. 13 et 14 et notes 20.

2 M. AMAND et I. EYKENS-DIERICKX, Tournai romain, Diss. Arch. Gandenses V, Bruges, 1960, p. 98. La bibliographie concernant les fouilles effectuées jusqu'en 1960 s'appuye sur M. AMAND et 1. EYKENS-DIERICKX, O.C., p. 91-93 et 98-103.

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1

de plan rectangulaire dont Ie mur sud-ouest subsistait sous !'enceinte médiévale; la paroi de ce mur présentait plusieurs couches d'enduit peint3.

En 1952-53, les recherches dirigées par Monsieur L. Fourez, permirent de préciser !'aspect général de l'édifice et de relever Ie plan du dallage de la cour centrale et de la colonnade4. De nouveaux fragments d'enduit peint furent retrouvés parmi

les débris de démolition de la pièce latérale e du bätiment (fig. 2)5. La présence des

vestiges du mur d'enceinte longeant la façade occidentale de l'édifice fit croire d'abord à un bätiment fortifié bien que l'hypothèse d'une enceinte du Bas-Empire ne fût pas écartée6.

Les nombreux sondages effectués après les recherches du Service national

des Fouilles en 1954 et 1955, ont surtout fourni des données concernant l'occupation

primitive du site. Ainsi, en 1958, G. Coulon explora Ie secteur nord du bätiment,

plus précisément la pièce d (fig. 2) ou il recoupa les traces appartenant à un fond

de cabane ou à un fossé; il y récolta de la céramique primitive et une monnaie at-tribuée aux Atrébates7.

Les recherches effectuées au oord-est et à l'est du grand édifice, livrèrent

beaucoup de matériel <lont de la terre sigillée, des fragments de « vases de Bavai »,

des fibules et des monnaies du rve siècle8. A. D'Hayer y recoupa des traces

apparte-nant peut-être à un fossé, renfermant de la céramique dite « pré-claudienne » et des

monnaies <lont une est datée d'Auguste. Poursuivant ses travaux dans ce même secteur9, il recoupa, en 1961, une trace orientée nord-ouest <lont Ie profil en U présentait, sur la pente, un trou de pieu oblique; quoique différente des profils observés jusqu'alors, cette trace pouvait également se rattacher à un fossé. L'hypo-thèse d'un second fossé fut retenue; la céramique et les monnaies qui y furent recueillies s'inscrivent parfaitement dans !'ensemble du matériel déjà rassemblé.

Une nouvelle tranchée faite en 1964, recoupa une trace <lont Ie profil différait

encore de ceux cités ci-dessuslO.

3 M. ÁMAND et l. EYKENS-DIERICKX, o.c., p. 98-99. 4 M. ÁMAND et l. EYKENS-DIERICKX, o.c., p. 99-100.

á Ces fragments présentaient un décor historié qui se superposait aux traces d 'end uit peint observées lors des fouilles de 1954 (cf. ei-dessous p. 14); voir à ce sujet : M. AMAND, Tournai d'Auguste à

Childéric, Ann. Féd. Arch. Hist. Belg., 35• congrès, III, Courtrai, 1953, p. 24 et du même auteur :

L 'occupation du sol à Tournai et dans Ie Tournaisis, du r•r au v• siècle, Rev. Beige Phil. Hist. XXXIII, 1955, p. 882-883.

6 L. FOUREZ, Les fouilles de La Loucherie à Tournai, Savoir et Beauté, Bruxelles, Noël 1953, p. 1313. 7 M. AMAND et I. EYKENS-DIERICKX, o.c., p. 103 et M. ÁMAND, Les véritab/es origines de Tournai.

Travaux pré-romains à La Loucherie, He/inium 111, 1963, p. 193; il s'agit de la parcelle cadastrale

section G 420 k (fig. 2).

8 M. AMAND et I. EYKENS-DIERICKX, o.c., p. 102-103 et M. AMAND, o.c., p. 193; ces recherches ont été effectuées sur la parcelle cadastrale section G 441 b (fig. 2).

9 M. ÁMAND, o.c., p. 193-204.

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Une dernière campagne de fouilles, entreprise en 1972 et dirigée par Messieurs M. Amand et H. Lambert, permit de dégager plusieurs vestiges dont une cave et des fours de potiers (fig. 14, Il), malheureusement fort détruits par des constructions du haut moyen äge et plus tardives. Quelques restes de substructions maçonnées, dont un muret large de 35 cm, peuvent être mis en rapport avec des traces d'une poutre et des fragments de planchers, dont trois aménagements successifs furent constatés. Des monnaies du Bas-Empire furent recueillies dans la couche d'argile gris verdätre sous-jacente au second plancher ainsi que dans l'assise du troisième plancher. Au-dessus s'étendait un épais remblai de démolition fait de terre noire, de pierres, d'ossements, de mortier et d'argile; une cave médiévale fut implantée dans ce remblai qui lui est donc antérieurll. En outre, dans un niveau supérieur à la couche gris verdätre, de la céramique de type La Tène fut recueillie. Il est difficile de situer ces vestiges dans un plan d'ensemble; s'ils datent de l'époque romaine, ils ne peuvent cependant pas être reliés au grand bätiment de La Loucherie qui présente une orientation totalement différente.

L'occupation tardive ou postromaine du quartier de La Loucherie a donc profondément perturbé la stratigraphie en plusieurs endroits. Cette occupation est attestée par la présence de puits, de caves et de constructions diverses dont les traces de !'enceinte du x1< siècle qui s'est partiellement superposée à !'enceinte romaine du Bas-Empire. Ces vestiges oot rendu difficile l'examen des témoins de

l'occupation romaine.

Nous remercions l'Administration communale de Tournai et son Bourgmestre, à l'époque Monsieur J. Hossey, qui ont bien voulu confier au Service national des

Fouilles la réalisation de ces travaux. Notre reconnaissance s'adresse également aux divers propriétaires des terrains pour les autorisations qu'ils nous ont accordées. Que Monsieur L. Fourez, Président de la Société d'Histoire et d'Archéologie et

responsable des fouilles antérieures effectuées à La Loucherie, trouve ici l'expression de notre profonde gratitude pour sa collaboration désintéressée et ses interventions

efficaces.

11 M. AMAND, Tournai-La Loucherie, Archéol. 1972, p. 82. Nous remercions Monsieur M. Amand

qui nous a confié ses plans et ses notes de fouilles en vue de compléter nos données concernant ce site. Mademoiselle J. Lallemand du Cabinet des Médailles a dressé l'inventaire des dix-neuf monnaies acquises au cours de ces fouilles; sept de ces pièces ont pu être datées du 11• siècle (de 219

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L'examen archéologique dans Ie quartier de La Loucherie s'échelonna sur deux campagnes. Une première, du 20 mai au 16 juillet 1954, fut menée à bien à l'aide de vingt tranchées; elle révéla les différentes phases de l'occupation et les plans successifs des constructions (tr. I à XX, plans Iet II)13_ Une seconde campagne eut lieu du 31 mai au 17 juin 195514; les cinq tranchées effectuées (tr. XXI à XXV), portèrent essentiellement sur l'examen de !'enceinte romainels. Les plans I et II reprennent !'ensemble des données livrées par les tranchées I à XXJ16.

I. Les vestiges repérés.

A. L'occUPATI0N PRIMITIVE (plan I).

Les plus anciens vestiges de l'occupation romaine du site sont les traces d'un fossé, de constructions en bois et de quelques fragments de murs; tous furent repérés sous les restes du grand bätiment.

1. Le fossé (plan III, profil A-B).

Gräce aux traces 11 (tr. II), 10 (tr. 1), 23 (tr. UI), 51 (tr. V), 72 (tr. IX) et 67 (tr. XX), il est possible de suivre le cheminement de ce fossé sur une longueur d'environ 55 m. Dirigé vers le nord dans les tranchées II et I, il tourne à hauteur de la tranchée III pour prendre la direction ouest.

Creusé dans l'argile en place, ce fossé apparaît clairement en 10, 51 et 72 ou il présente une coupe en V. En 10, à l'endroit ou il décrit un angle, et au niveau - 150/- 125, il est fort large, de 5 m environ; en 51, à - 75, sa largeur n'est plus que de 2,20 m. Le remblai du fossé en 51 et 72 est composé d'argile brun foncé,

humide et collante au fond, d'ossements d'animaux, de quelques bloes de torchis

13 J. MERTENS, Tournai (Hainaut), Antiq. Class. (Archéol.) XXIV, 1955, p. 141-142. 14 J. MERTENS, Tournai (Hainaut), Antiq. Class. (Archéol.) XXV, 1956, p. 128.

15 Seules les données fournies par Ja coupe XXI sont reprises sur Je plan Il; les tranchées XXII et

XXIII occupent respectivement Jes parcelles 418r2 et 4J8q de la section G (fig. 2); les coupes XXIV

et XXV ont été effectuées plus à !'est dans Ja parcelle 475b.

16 Le plan I représente les tranchées I, II, 111, IV, V, IX, XV, XVI, XVII, XX correspondant à

l'occupation primitive du site; Je plan II reprend toutes les tranchées I à XXI et concerne l'occupa

-tion du bàtiment et les vestiges postérieurs à celui-ci. Les cotes de niveau ont été calculées par rap-port à un O arbitraire situé en 1 (tr. XVI) et qui se trouve à la cote 32,31 du nivellement général.

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et de charbon de bois dans les couches supérieures; des fragments d'urnes en céra-mique locale ont été recueillis aux mêmes endroits (p. 25, fig. 11, 3)17_ En 10, ce remblai est recouvert d'une couche d'alluvions qui a donné un fragment de terre sigillée portant Ie sigle Logirni; en 11, ce remblai contient du sable et un mélange de terre alluvionnaire et de pierres; Ie même mélange, auquel s'ajoute du charbon de bois, fut constaté en 23.

2. Les traces diverses.

Dans la tranchée II, sous les vestiges d'une construction plus récente et à l'est du fossé décrit ci-dessus, s'étend la couche 5 : elle se compose d'une argile marneuse, grise, bien stratifiée, présentant des infiltrations ferrugineuses, de minces couches de charbon de bois et des fragments de pierres bleues; Ie tout est recouvert d'une fine couche d'incendie qui a livré des fragments d'urnes et d'écuelles en céramique locale (p. 26, fig. 11, 6 et 8). Ce comblement pourrait être !'indice d'un second fossé. Quelques traces rectilignes rappellent, par leur remblai de terre grisätre et de charbon de bois, celle du grand fossé; ce sont les traces 73-74 dans la tranchée IX,

37 (plan III, coupe G-H) et 46 dans la tranchée IV. Ces deux dernières, entrevues au niveau - 110 sous Ie sol bétonné de l'édifice ultérieur, sont plus ou moins parallèles, dirigées est-ouest et distantes d'environ 2 m; 46 a une largeur de 90 cm et son remplissage a livré de la céramique locale <lont une urne complète décorée au peigne (p. 25, fig. 11, 1 et fig. 12). Quant aux traces 73 - 74, tout en étant parallèles et en présentant Ie même intervalle, elles sont orientées nord-ouest sud-est; 73 renfermait également un peu de céramique ordinaire (p.25-26 , fig. 11, 12).

Signalons encore une dernière trace rectiligne 4, recoupée à l'extrémité est de la tranchée II : large de ca 50 cm, elle était remplie d'argile päle et contenait des fragments de céramique locale (p. 25, fig. 11, 2); elle est antérieure à 5 qui la recouvre partiellement; dans la fosse 4 furent implantés les deux trous de pieux 6 et 6a,

respectivement de 45 et 50 cm de diamètre.

D'autres traces, pour la plupart de forme circulaire, ont été repérées sous Ie dallage de la cour centrale ou sous les fondations d'époque romaine. Nous trouvons ainsi dans la tranchée V, la trace 94 (diam. 1,10 m), taillée dans l'argile vierge, les taches 95, 96, 97 et 98 implantées dans Ie remplissage du fossé 51 (plan III, profil A-B); un fragment de cruche fut recueilli dans 96 (p. 26, fig. 11, 10). La tranchée III a livré une belle trace circulaire 24, découpée dans une couche d'argile battue recouvrant toute la zone du fossé; dans la tranchée IX furent enregistrées les traces 78 et 73a; en XVII, la trace 83 et en XVI, les taches 90, 91 et 92 (plan III, profil C-D). Tous ces éléments présentent à peu près Ie même remblai fait d'argile grisätre et de quelques fragments de céramique ou de charbon de bois; leur disposition ne

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permet guère d'entrevoir un plan. lis sont, pour la plupart, postérieurs à I'aménage-ment du grand fossé et témoignent, en ces parages, d'un habitat antérieur à l'implan-tation des premiers édifices à murailles maçonnées.

3. Les substructions.

Les fouilles ont également permis de recouper les vestiges de constructions maçonnées; la plupart sont conservées sous la forme de traces négatives marquées par des débris de mortier, de pierres, de tuiles, de torchis et larges de 65 ou 70 cm.

L'état fragmentaire de ces restes ne permet pas la reconstitution d'un plan d'édifice; nous constatons seulement que ces vestiges ne présentent pas une disposition régu-lière, quoique leur orientation préfigure déjà celle du grand ensemble; la nature différente de certains remblais semble indiquer aussi que toutes ces substructions ne sont pas contemporaines; aucun matériel ne permet cependant de les <later et leur démolition a détruit toute la connexion stratigraphique originale. Il s'agit des traces 2a, 2 et 3 (tr. I et II), 29 et 29a (tr. 1) et 22 (tr. III).

B. LE BATIMENT PRINCIPAL (plan Il). 1. Le plan initia/.

L'édifice, dont l'axe longitudinal est dirigé nord-ouest sud-est, est de plan rectan-gulaire ayant, extra muros, 51,70 m de long et 19,50 m/20,50 m de large. Cette surface est divisée en une partie centrale avec une cour a précédée d'une galerie b,

une pièce au nord-est c ainsi que deux salles latérales d et e occupant toute la largeur de l'édifice (fig. 2).

En vue de l'implantation du bätiment, toutes les constructions antérieures furent arasées et Ie terrain nivelé. Dans la tranchée I, au-dessus des vestiges 29,

ce nivellement est marqué par une couche de moellons et de terre grise d'ou provient une monnaie d'Auguste18; dans les tranchées 111, XIII et IX, il s'agit d'une argile plus pure. Le mortier blanc qui se superpose à cette argile de nivellement constitue la couche de construction du bätiment centra!; dans les profils de la tranchée XVI (plan 111, C-D, 6) et de la tranchée XVII (plan 111, K-L, 1), on constate qu'elle est à mettre en rapport avec Ia construction du mur 16 (plan 1). Dans Ia tranchée IX, elle se rattache au mur 36 et dans la tranchée IV, elle est sous-jacente au pavement 35

(plan 111, coupe G-H, 1).

Des murs extérieurs du bätiment, seule la façade sud-ouest (39 - 8) est bien conservée, gräce aux enceintes romaine et médiévale qui l'ont englobée ou recou-verte. Large de 58 à 70/80 cm, Ie mur est encore conservé par endroits sur une hauteur de 2, 10 m au-dessus du ressaut de fondation (fig. 4); haute de 56 cm, cette dernière

18 Pour l'étude des monnaies, voir p. 26 et note 22.

(13)

l

est composée d'une assise de moellons calcaires plus ou moins dressés, sans mortier et d'une partie maçonnée bien appareillée de 34 cm de hauteur; Je ressaut de fonda-tion a une largeur de 3 à 4 cm et se trouve à la cote - 31. En élévafonda-tion, Ie mur présente un beau parement régulier fait de petits bloes taillés en calcaire de Tournai et entre-coupé d'arases constituées de deux assises de tuiles oude briques; parmi ces dernières, il faut noter la présence de briques d'hypocauste; I'épaisseur des tuiles est de 4,2 à 4,6 cm, celle des joints, 2,4 à 2,8 cm. Le mortier utilisé est très solide et de couleur blanchàtre. L'assise des tuiles se trouve à 102 cm au-dessus de Ia fondation du mur.

(14)

Aux extrémités, Je mur est renforcé par des contreforts de 26

x

93 cm; deux autres pilastres ornent la paroi externe du mur, vers Ie centre de Ja façade; mesurant 62

x

26 cm, ils sont distants de 5,35 cm. Vers l'intérieur, en face des murs de refend 65 (tr. XX) et 18 (tr. I), deux pilastres font en même temps office de jambage de porte. La paroi nord-est du mur a fortement souffert du feu et Ie mortier est rougi par endroits. Les traces d'un enduit rosätre appliqué en plusieurs couches sur une épaisseur d'environ 3,5 cm sont conservés en 8. La dernière couche de mortier, de composition assez fine, présentait une surface lisse. Il n'est pas exclu que certaines parties de la paroi étaient pourvues d'un décor peint : c'est en effet dans Ie remblai au pied de ce mur que furent recueillis les fragments de fresques représentant un petit personnage ailé (ci-dessus p. 7).

De la façade méridionale subsistent l'amorce 8 reliée à 7 (fig. 4) et la maçonnerie

44 (tr. I) (larg. 62 cm); ici Ie ressaut se situe à - 77 et Ia fondation s'enfonce jusqu'à - 155. Au nord sont conservés les angles 70 (tr. XI) et 62 (tr. VI) (de - 132 à - 152); Je reste du mur est conservé sous la forme d'une trace de négatif; ceci est également Je cas de presque toute la façade nord-est : dans la tranchée III, seules les fondations de 80 subsistent au niveau - 185; plus loin, en 77 (tr. XIII), Ie mur présente encore deux assises maçonnées, tandis qu'en 33 (tr. IX) et 38 (tr. IV) il ne reste qu'une trace de débris.

Sur toute sa longueur, Ie mur nord-est est flanqué, vers l'intérieur, de la trace très nette d'une tranchée de fondation, d'une largeur de 35 à 50 cm, remplie d'argile et de menus débris de mortier blanchatre : 43 (tr. IV; plan III, profil G-H), 34 (tr. IX), 55 (tr. V; plan III, profil A-B) et 26 (tr. III). Vers l'extérieur la trace est moins marquée et les profils G-H et A-B (plan III) semblent indiquer que cette tranchée de fondation n'était en fait qu'une entaille pratiquée dans la pente naturelle du terrain pour asseoir la muraille.

A l'intérieur, l'état de conservation des vestiges n'est guère meilleur; il permet cependant de distinguer, au nord et au sud, les deux locaux d et e, flanquant une cour centrale a pourvue, à l'ouest et à l'est, des portiques b et c.

La cour centrale

a,

de 26,50 m sur 11, 75 m, avait déjà été mise au jour lors des premiers travaux sur Ie site (voir ci-dessus p. 7). Le mur 16 (plan I) sépare cette cour de la galerie b <lont la largeur varie de 2,50 m à 2,75 m; ce mur est conservé sous Ie stylobate 1 (fig. 5 et plan III, coupes C-D et K-L). Large de 78 cm, il présente encore deux assises maçonnées au mortier blanc et s'appuye sur une fondation faite de dalles calcaires posées de chant. Au nord-est, les murs 52 (tr. V) et 36 (tr. IX) séparent la cour d'une seconde galerie c, large d'environ 2,75 m. Seul Ie tronçon 36

est bien conservé sur une hauteur de 33 cm, à partir du niveau - 60. Large de 76 cm, il présente un blocage noyé dans du mortier jaunätre et revêtu d'un appareil régulier;

la fondation est, tout comme celle de 16, en maçonnerie sèche et s'enfonce jusqu'à - 140.

(15)

Fig. 5. - Le seuil 17 et Ie mur 16 conservé sous la construction 15 et Ie stylobate 1, tranchée I.

A l'intérieur de cette galerie, la tranchée IX recoupa deux murets 66, distants de 62 cm et parallèles au mur 36; hauts d'à peine 16 à 25 cm, ils sont construits avec des moellons aplatis, reliés au mortier. Chaque muret est recouvert, sur les deux faces, d'une mince couche de mortier rose qui, entre les deux, forme une rigole <lont Ie fond est également plàtré; il s'agit probablement des restes d'un égoût. Lors de l'implantation du mur 36, une partie de l'enduit de 66 fut ravalé, ce qui indique l'antériorité de ce dernier. De plus, Ie fait que Ie mortier jaunàtre de 36 est différent de celui des autres murs de la phase initiale du bàtiment semble indiquer qu'ici également, tout comme en face, Ie soubassement de la colonnade fut renouvelé (voir plus loin, p. 17). Il est difficile de préciser quelle était la nature du revêtement

(16)

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de la cour; tout a disparu au moment de l'aménagement du nouveau dallage; seul

un fragment de béton rosàtre, conservé entre les murs 15 (tr. XVI) et 18 (tr. I)

-21 (tr. III) pourrait être un reste du sol primitif.

La cour est flanquée, au nord et au sud, des deux grandes pièces d et e. Le mur

65 (tr. XX), dont subsiste la trace de démolition, sépare la cour a de la pièce d; celle-ci mes ure 17 ,50 m sur 13, 70 m; elle communique avec la galerie b par une porte dont subsiste le seuil 89, large de 1,25 m; la parti~ oord-est de ce passage étant démoli,

il ne fut pas possible d'en préciser la largeur. Sur toute sa superficie, eet espace est

pourvu d'un sol en opus signinum bien conservé, 35 (tr. IV) - 64 (tr. XX), au

niveau - 8/ - 9; dans la tranchée IV, Ie profil G-H (plan III) en montre clairement la

disposition. Il est fait d'un béton grossier mais solide, épais de 10/11 cm, composé

de morceaux de tuiles noyés dans un mortier rosàtre et coulé sur une assise d'éclats

de pierres calcaires posées de chant sur une épaisseur de 18 cm (plan III, G-H, 4); Ie

tout est étalé sur une couche de terre grise et une mince couche de construction au

mortier blanc (plan III, G-H, 3 et 1). Des fragments de céramique furent recueillis

dans Ie remblai sous-jacent à ce revêtement (p. 26, fig. 11, 4- 5 - 9). Quelques tuiles

_ fortement brûlées, en 42, pourraient indiquer l'emplacement d'un foyer.

L'aile sud, e, mesurant 19,20 m sur 7,60 m, est séparée de la cour centrale par

Ie mur 18 ( tr. I) - 21 ( tr. III); ici également la dalle 17 (80

x

9 5 cm) marque Ie

passage vers Ie portique b (fig. 5); elle est posée immédiatement sur la fondation.

Contrairement au passage nord, l'ouverture est ici bien conservée; sa largeur est de 1,60 m. Dans Ie sens de la longueur, ce se uil est entaillé sur une profondeur de 1,5 cm;

non usé, il marque peut-être l'emplacement d'une marche en bois:f préfigurant un

plancher dans ]'annexe sud; l'existence de ce dernier semble confirmée par un niveau

de charbon de bois, à la cote - 1, bien visible dans Ie profil nord de la tranchée I.

2. La première phase de remaniements.

D'importantes transformations modifièrent quelque peu Ie plan initial du bàti-ment : la cour centrale réduite et ses colonnades renouvelées; au oord, une annexe

vient s'ajouter à l'édifice.

Un nouveau mur 15 (tr. XVI) - 28 (tr. III) sépare la cour a de l'aile sud e

(fig. 6); seul 15 a conservé une partie de sa maçonnerie en élévation; large de 53 cm, il est revêtu d'un parement en petits bloes de pierre, noyés dans un mortier rosàtre, entrecoupé d'arases de tuiles ou dalles d'hypocauste; les joints sont soulignés au marquoir. Cette maçonnerie s'appuye sur une fondation faite d'une assise maçonnée

et d'un remblai pierreux passant sur !'ancien mur 16. La paroi sud de 15 présente

des traces de feu; au oord, Ie mur est recouvert de plusieurs couches d'enduit sur une

épaisseur de 3,6 à 4 cm. Un pilastre, large de 65 cm et épais de 33 cm, est engagé

dans la paroi oord et marque l'amorce du stylobate du portique. Probablement

(17)

Fig. 6. - Le mur 15 et Ie dallage de Ja cour centrale.

p. 17-19) puisque Ie platras qui Ie recouvre descend plus bas que Ie niveau du dallage. Cette transformation permit d'élargir la pièce latérale d de 2,15 m.

Le stylobate 1 (tr. XVI, XVII et XV) reprend Ie tracé du mur 16 (ci-dessus p. 14) mais en est séparé par une couche de terre et de cailloutis (plan III, coupe C-D, 7).

Une série de bloes en pierre bleue furent alignés sur une longueur de 24,15 m environ;

elle constitue une assise de 67 /70 cm de large et de 22 cm de haut. Sept bloes ont pu être dégagés, ils sont de longueur inégale et mesurent du sud au nord 1,82 m, 2,20 m, 2,20 m, 1,05 m, 2,45 m et vraisemblablement 2,65 m.

Au niveau

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1

/

-

3, ce stylobate soutenait une colonnade formée de six colonnes <lont seul cinq bases subsistent; elles sont taillées dans un calcaire tendre, blanc

(pierre de France). Le profil présente un double tore, souligné par un listel (fig. 7),

d'une hauteur totale de 20/21 cm; Je diamètre est de 60 cm environ. Quelques unes des bases conservent encore l'amorce du fût de la colonne; ces dernières sont lisses, d'un diamètre de 42/43 cm. l'entrecolonnement mesuré du sud au nord est de

3,60 m, 3,70 m, 2,95 m, 3 met 2,95 m; l'irrégularité de ces intervalles est peut-être

dû à un aménagement postérieur (voir ei-dessous p. 20).

Malgré les démolitions, le dallage de la cour a été partiellement conservé (fig. 6 et 8). Dégagé au niveau - 5/

+

2, en 48a (tr. V; plan III, A-B) et 40 (tr. XVI et

(18)

0

L..+

Fig. 7. - Détail de la colonnade (colonne 50).

1m

(19)

XVII; plan III, coupes C-D et K-L), ce revêtement se compose de grandes dalles polygonales en calcaire bleu, bien ajustées les unes aux autres. Elles sont posées dans du mortier rosätre, étalé sur un remblai de terre grise, de moellons et de fragments de tuiles (plan III, coupes A-B, 2, C-D, 5 et K-L, 3). Des documents archéologiques, recueillis dans ce remblai fournissent une datation pour eet aménagement (p. 26-27, fig. 11, 7-11-13).

Parallèlement aux modifications apportées à l'intérieur du bätiment, quelques

vestiges semblent témoigner de l'extension de celui-ci vers Ie oord : accolé à l'angle 62 (tr. VI), Ie mur 56 prolonge !'alignement du mur 38 (tr. IV). Large de 76 cm, il présente encore deux assises bien appareillées conservées sur une hauteur de 31 cm; Ie mortier employé est blanchätre. La fondation est construite dans une terre

allu-vionnaire de - 104 à - 170. Il ne fut pas possible de contröler si eet agrandissement fut appliqué sur toute la largeur de l'édifice car, à l'angle opposé, une tour de ('enceinte tardo-romaine avait détruit tout vestige antérieur.

3. La seconde phase de remaniements.

Quelques vestiges attestent des transformations plus tardives. La tranchée VI, recoupant ]'annexe nord, a livré quelques fragments de murs et de dallages. Une épaisse couche de terre grise, de morceaux de tuiles et de moellons avait servi à

niveler Ie terrain avant l'implantation d'une construction <lont subsistent deux tronçons 58a et 58b, séparés par un peu de terre; Ie second paraît être Ie plus récent. Large de 60 cm, Ie mur 58a présente un noyau en maçonnerie de mortier rose,

recou-vert d'un parement en gros blocage; la dernière assise comprenait des moellons et des tuiles posés de chant. Une couche de plätras rose, coulé dans un caisson de planches, fut appliquée sur la partie inférieure de l'élévation. Le mur 58b, dans Ie prolongement de 58a, est légèrement plus large et n'en diffère que par l'emploi d'un mortier jaune; sa technique de construction offre une certaine affinité avec celle de ]'enceinte. Les deux maçonneries s'appuyent sur des fondations constituées de fragments de tuiles placées dans une couche de nivellement, de - 80 à - 45; aucun ressaut ne souligne Ie départ de l'élévation à la cote - 45.

Au niveau - 30 et reposant sur cette couche de nivellement, de grandes dalles plates en calcaire, 61, constituent les seuls restes du sol de la construction 58. Quant

au mur 60, il consiste en une maçonnerie sèche que seul l'emploi de gros moellons et les fondations en tuiles permettent de rapprocher de 58.

Dans la cour centrale, un second dallage vint se superposer partiellement au

premier (fig. 8). Le profil de la tranchée XVII (plan III, coupe K-L) permet de distin-guer les deux phases. Ce second aménagement consiste essentiellement en un passage traversant l'édifice d'est en ouest, tout en étant légèrement décalé par rapport à

l'axe du bätiment. Sa Iargeur est de 3,12 m; on en retrouve les vestiges en 41 (tr.

(20)

par des dalles plus petites que celles employées pour Ie revêtement de la cour. Des moellons et des dalles dressés de chant dans une terre gris brun en constituent l'assise (plan III, K-L, 4). Pour permettre l'aménagement du passage à hauteur de la colon-nade, Ie stylobate fut partiellement démoli et la première colonne à !'est, 50, vrai-semblablement déplacée. En effet, ce dallage repose sur les vestiges du mur 16 et d'autre part, l'intervalle entre les deux colonnes est plus grand à eet endroit.

Fig. 8. - Le premier dallage de la cour centrale 40 et Ie passage tardif 41.

Au-delà de la colonnade, de grandes dalles rectangulaires, larges de 60 à 80 cm, forment une volée de marches permettant de passer au-dessus de ce qui restait du mur de façade. La dernière dalle, 41a, à la cote

+

35, s'appuye sur Ie mur 39 du bätiment (plan III, profil E-F). A l'extérieur de ce dernier, Ie terrain a été fortement bouleversé par les enceintes urbaines plus récentes (plan III, profil E-F, 10) de sorte qu'il est impossible de préciser si ce passage fut recoupé ou non par !'enceinte du Bas-Empire (plan III, profil E-F, 87).

Signalons enfin, en rapport avec ce dallage de la cour, Ja maçonnerie 47 (tr. XVII), couvrant les deux dallages 40 et 41 et faite de moellons et de tuiles noyés dans un solide mortier rosätre.

A l'extérieur du bätiment (tr. XII), Ie cailloutis 88 composé de gravier et de petits moellons pourrait témoigner d'un dallage primitif dont les traces ont pu être

(21)

Fig. 9. - Le mur 69 de la tour ouest de !'enceinte, appuyé contre Ie mur 70 du grand bätiment, tranchée XI.

(22)

observées ailleurs autour de l'édifice. Ce cailloutis repose sur une couche de terre grise (plan III, profil E-F, 8).

C. L'ENCEINTE DU BAS-EMPIRE (plan II).

Recoupée en 87 (tr. XII; plan IlJ, profil E-F), 71 (tr. X), 69 (tr. XI), 63 (tr. VIII) et plus au sud en XXIV ainsi qu'en 86 (tr. XIV), 85 (tr. XXI) et dans les tranchées II et XVIII, l'enceinte fut dégagée sur une longueur de plus de 85 m. Sur cette distance, elle est renforcée par deux tours circulaires, construites contre les angles ouest et sud du bätiment, soit à un intervalle de 51,75 m. Toute cette partie de )'enceinte s'appuye contre Ie mur de façade sud-ouest de l'édifice. L'épaisseur totale de la muraille et du mur contre lequel elle a été construite varie de 2,50 m à 3,25 m; la largeur du mur d'enceinte proprement dit a pu être constatée en 87 ou elle est de 2,60 m et en 71 ou elle est de 1,70 m et ce au niveau des fondations.

(23)

Lors de l'érection de !'enceinte médiévale, celle du Bas-Empire fut presque

totalement démantelée, seuls quelques éléments des tours ont échappé à la destruction.

Le mur de la tour ouest, 69 (tr. XI), s'appuye contre celui du grand bätiment

70 (fig. 9). A eet endroit, il présente une courbe légèrement aplanie et sa largeur

y est de 1,25 m. Le parement extérieur, assis à - 75, présente un appareil régulier

fait de moellons de 25/30 cm sur 12/15 cm, reliés au mortier jaune. Le parement

intérieur commence légèrement plus bas, à - 85; il présente un petit retour vers

Ie nord, marquant ainsi !'emplacement d'une porte. Le diamètre de cette tour peut

être évalué à 8 ou 9 m. Ses fondations s'enfoncent jusqu'au niveau - 175; elles se

composent de mortier rose, de tuiles et de moellons formant un conglomérat informe

et reposant (à - 145) sur une assise de plaques disposées de chant.

L'examen de la tour méridionale fut effectué à l'aide des coupes II, XIV (86)

et XXI (85); son diamètre devait atteindre au moins 9 m ou 9,50 m.

Partiellement conservé, Ie mur de la tour, d'une épaisseur de 97 cm, est pourvu

d'un parement intérieur et d'un parement extérieur conservé sur une dizaine d'assises,

soit sur une hauteur de 114 cm (fig. 10); il ressemble à celui de !'enceinte et de la

tour ouest. La tranchée XXI a permis de dégager quelques éléments du pavement

intérieur de cette tour, constitué de dalles de calcaire posées à plat à la cote - 182

et reposant sur un dallage inférieur; cel ui-ei se composait également de dalles calcaires

et de plus de quelques fragments de pierre blanche, comparable à celle utilisée pour

la colonnade.

II. Le matériel et la chronologie.

Bien que Ie matériel recueilli à La Loucherie soit très abondant, rares sont les

pièces fournissant des éléments qui permettent de situer les diver&es- phases

chrono-logiques19. L'examen archéologique a rendu possible une chronologie relative

dont les étapes successives sont Ie fossé, les édifices en bois, Jes terrassements provo-qués par la construction des premiers bätiments en pierre, la démolition de ces édifices, Ie nivellement et l'implantation du grand bätiment, la première

transfor-mation du bätiment (dallage 1) et la seconde transformation (dallage 2), !'enceinte

du Bas-Empire, l'implantation médiévale.

La date de l'implantation du fossé reste une inconnue, aucune couche d'

occu-pation n'étant recoupée par ce même fossé. Par contre, Ie remblai qui marque son

abandon a livré plusieurs fragments d'une céramique façonnée à la main, en päte

19 L'étude du matériel recueilli au cours de cette campagne de fouille n'a pas été intégrée dans ce

présent rapport; seuls quelques objets importants pour la chronologie du site ont été retenus;

(24)

3 4 5 8 6 7 9 10 11 12 15

Fig. 11. - Principaux fragments de céramique recueillis au cours des fouilles : céramique ordinaire (1 à 12) et terre sigillée (l 3 à 15). Ech. : 1 / 3.

(25)

grossière, de couleur grise, noire ou brunätre; cette poterie présente un profil arrondi

et est ornée soit d'un décor au peigne, soit d'une série d'impressions sur l'épaule,

la lèvre et Ie col pouvant être soigneusement lissés20_ De tels tessons furent recueillis

en 51 (fig. 11, 3; tr. V, plans Iet III, profil A-B) ou en 72 (tr. IX, plan I). Ils sont

identiques à ceux provenant du remblai de quelques petites traces rectilignes comme 4 (fig. 11, 2; tr. Il, plan I), 46 (fig. J J, l et fig. 12; tr. IV, plan I) qui renfermait un

exemplaire complet décoré au peigne; la trace 73 (tr. IX, plan I) a livré un fragment

Fig. 12. - Urne décorée au peigne provenant de la trace 46 dans la tranchée IV.(© ACL, Bruxelles).

20 Outre les urnes, cette poterie se compose également de bols, d'écuelles, de plats, semblables à

ceu.x décrits dan M. AMAND, La céramique pré-claudienne à Tournai, Antiq. Class. XXVIII, Bruxelles, 1959, p. 107-124; elle se compare aussi à Ia céramique de Blicquy : S.J. DE LAET, Etudes sur la

céramique de la nécropole gallo-romaine de Blicquy ( Hainaut). I. La poter ie dite « de Blicquy»,

(26)

Il

'

1

1

de terrine en fine terre grise, pourvue d'un décor réticulé obtenu au lissoir (fig. 11, 12). Tout ce matériel très traditionnel est de ce fait difficile à dater avec précision; !'absence de céramique typiquement romaine nous incite cependant à Ie placer vers Ie début de notre ère.

En vue de l'établissement des bätiments en matériaux durs, tout Ie site fut nivelé. En 5 (tr. II, plan I), Ie remblai ne renfermait que de la céramique indigène (fig. 11, 6-8); ailleurs, ces couches contenaient également quelques éléments de céramique romaine. Ainsi Ie fragment de cruche en terre blanche (fig. 11, 10) pro-vient de 96 (tr. V, plan I) et date du premier siècle; Ie fond d'une assiette en terre sigillée de type DRAG. 18/31, marquée du sigle du potier Logirnus (La Graufes-cenque-Montans) et datant de !'époque flavienne fut recueilli dans la tranchée !21.

Le fragment de bord d'une urne à paroi fine et surface lissée (fig. 11, 4) et plusieurs tessons d'un très grand vase, à large lèvre arrondie, col lissé et souligné par deux bourrelets et à panse rugueuse (fig. 11, 9), furent récoltés dans ces couches de nivel-lement sous Ie pavement 35 (tr. IV, plan III, profil G-H, 2); ils étaient associés à

de la céramique primitive (fig. 11, 5). Ces mêmes déblais ont livré un moyen bronze d' Auguste avec contremarque de Tibère22. L'ensemble de ces documents montre une activité edilice au cours du 1•• siècle de notre ère, activité s'étendant peut-être jusqu'au début du u• siècle et en rapport avec l'implantation de quelques bätiments dont les vestiges furent relevés dans Ie secteur sud du site (ci-dessus p. 12).

De nouveaux terrassements eurent lieu avant la construction du grand bätiment; malheureusement, les seuls éléments chronologiques valables proviennent de l'assise sous-jacente au dallage de la cour centrale (40, tr. V, XVII, plan II), deuxième stade de l'aménagement du bätiment (ci-dessus p. 17-19). Cette couche (plan III, profil K-L, 3) renfermait des fragments de terre sigillée <lont un bol décoré de type DRAG.

37 (fig. 11, 13) datant de la seconde moitié du n• siècle23, un autre portant un décor d'oves et provenant des ateliers du centre de la Gaule, daté de la première moitié du n• siècle ainsi qu'un bord d'assiette de type DRAG. 18/31, un fragment de type DRAG. 18 à engobe rouge luisant (sud de la Gaule) et un fragment de type CuRLE

21 Pied d'un Drag. 18/31 avec Ie sigle Logirni, de Logirnus; cf. F. OSWALD, Index of Potters'

Stamps on Terra Sigillata «Samian Ware», Margidunum, 1931, p. 166-167 et 397; DRAG. = H. DRAGEND0RFF, Terra Sigillata, Bonn. Jahrb., XCVI-XCVII, 1895-96, p. 18-155. Tous nos remer-ciements s'adressent à Monsieur M. Vanderhoeven du Provinciaal Gallo-Romeins Museum de Tongres qui a étudié les fragments de terre sigillée décrits ici.

22 Mademoiselle J. Lallemand du Cabine! des Médailles a dressé l'inventaire des 43 monnaies

recueillies à La Loucherie au cours des fouilles de 1954-55; la lis te qui en sera publiée ultérieurement a été établie en collaboration avec Monsieur M. Thirion; nous les en remercions vivement.

23 Le personnage de droite se rapproche du Neptune dans F. OswALD, Index of Figure-Types on

Terra Sigillata « Samian Ware», Liverpool, 1936-37, type 13 (Hadrien-Antonin, deuxième moitié dun• siècle); au centre Hercule avec massue et peau de !ion, cf. F. OSWALD, o.c., type 760 B (Trajan-Hadrien) ou 782 ((Trajan-Hadrien).

(27)

li

, ,1

Il

1524; ils furent récoltés avec de la céramique ordinaire <lont Ie bord de cruche en terre noire (fig. 11, 7) et Ie bord d'un bol en terre grise, à lèvre verticale et paroi guillochée (fig. 11, 11). La présence de ces éléments indique qu'à la fin du u• siècle, Ie grand bätiment connut déjà un remaniement et qu'il existait donc avant; il n'est cependant pas possible de préciser la durée de cette première phase. Compte tenu de la technique de construction de la façade nord-ouest, il n'est peut-être pas hasar-deux de situer la construction de eet édifice vers Je milieu du u• siècle.

Aucun élément ne permet de <later la mise en place du second dallage de Ia cour. SeuJe de la terre sigillée témoigne d'une occupation s'étendant jusqu'au m• siècle : elle fut trouvée en dehors de la cour, à !'est du bätiment, dans des couches tardives bien qu'antérieures aux traces d'incendie marquant Ia destruction de ce dernier. IJ s'agit d'un fragment de bol DRAG. 37 décoré d'oves et daté du m• siècle2s, recueilli en même temps qu'un fragment de terrine (fig. 11, 15) remontant à Ja fin du n• siècle26_ Un autre fragment de bol en terre sigiIJée décorée, type DRAG. 37 (fig. 11, 14) fut livré par des couches similaires à l'ouest du bätiment (tr. XII, plan III, profil E-F, 9)27.

Une dernière date importante de l'histoire du site de La Loucherie est celle de sa destruction suite à un incendie : dans pJusieurs profils, nous avons pu constater une superposition de diverses couches de charbon de bois, d'argile et de mortier rougi par Je feu, qui ont dû s'accumuler suivant un rythme rapide. Ainsi la poche d'incendie 31 (tr. IX, plan Il) contenait des monnaies de Philippe I (244-247), de Gallien (266), de Claude II (269) et des imitations de Tetricus I; dans ce même secteur, de part et d'autre du mur 77, (tr. XIII, plan II), les fosses 81 et 82 ont livré, l'une, des monnaies de Tetricus I (270-274), de Tetricus II (272-274), des imitations de Claude II et de Tetricus I, l'autre, des monnaies de Gratien (267-268), de Claude II

(269-270), de Victorin (268-269). C'est donc vers cette époque qu'il faut situer la destruction du bätiment de La Loucherie, destruction vraisemblablement"'(fue aux grandes invasions du moment.

Loin d'être abandonné, Ie site fut englobé dans Ie périmètre urbain du Bas-Empire, délimité par une nouvelle enceinte; celle-ci s'appuye contre Ia façade sud-ouest du grand bätiment, tandis qu'aux angles sud-ouest et sud, la muraille est renforcée

de tours circulaires. L'édifice ne semble plus avoir été en service comme tel; nous

24 CuRLE = J. CURLE, A Roman Frontier Post and its People. The Fort of Newstead in the Parish

of Melrose, Glasgow, 1911.

25 Pour les oves, cf. E. FöLZER, Die Bilderschüsseln der Ostgallischen Sigil/ata Manufakturen, Bonn,

1913, type 954 (ou 649).

26 Terrine à large bande décorée à Ia barbotine; cf. F. OSWALD et D. PRYCE, An Jntroduction to the

Study of Terra Sigillata, Londres, 1920, pl. LXII, 4.

27 Seul I'élément décoratif à gauche pourrait se rapprocher de J.A. STANFIELD et G. SIMPSON,

Centra/ Gaulish Potters, Londres, 1958, fig. 47, 15; il daterait ce fragment de la seconde moitié du II• siècle.

(28)

l

pourrions même admettre qu'il fut partiellement démantelé - à l'exception de la

façade nord-ouest et des angles sud et ouest - et ce en vue de récupérer des

maté-riaux de construction. De fait, Ie blocage de la fondation de la tour septentrionale

contenait, outre des moellons, des fragments de mortier rosätre comparable à celui

de la salle oord du bätiment; dans Ie blocage de la tour sud furent recueillis des

éclats de pierre blanche, tendre, identique à celle utilisée pour la colonnade de la

cour centrale. Il est cependant difficile de préciser si cette récupération s'est faite

en vue de la construction de !'enceinte ou à !'occasion d'une réfection de celle-ci.

En effet, des couches d'occupation recoupées par la tranchée de démolition de 77 (tr. XIII) oot livré une monnaie de Crispus (320-321) ainsi que de la terre sigillée

décorée à la molette28; ces éléments s'ajoutent aux monnaies de Dioclétien (286),

de Claude II (269) et de Constantin (310-313) recueillies dans les remblais des murs enlevés du grand bätiment; aucune de ces couches n'a cependant fourni un document médiéval. Deux dates pourraient dès lors être proposées pour la construction de

['enceinte : soit la fin du m• siècle-début du 1v• siècle, soit Ie second quart du 1v•

siècle.

Une monnaie de Valentinien (369-375) provenant des déblais amoncelés près du mur d'enceinte témoigne d'une occupation tardive.

28 Au cours des fouilles antérieures des objets en jais furent recueillis dans les couches d'incendie

recouvrant Ie pavement de Ja cour; ils dateraient de la première moitié du m• siècle; cf. à ce sujet :

(29)

Si les fouilles dans Ie secteur limité de La Loucherie ne permettent guère de retracer toute l'histoire de l'antique Turnacum, elles nous donnent cependant la possibilité de saisir quelques étapes importantes dans l'évolution historique et topographique de la cité.

Situé vers Ie haut de la pente et dominant la large vallée de l'Escaut, Ie site de La Loucherie fut retenu par les premiers occupants pour y établir ce qui pourrait être appelé un camp : un fossé en V, repéré sur une longueur de 55 m y fut tracé (fig. 13, A-1). Certaines constatations faites au cours de sondages effectués dans les parages immédiats laissent supposer en outre l'existence d'un second fossé, parallèle au premier29; les traces n'en sont cependant pas très nettes et les remblais paraissent différents30. Comme indiqué plus haut, cette première phase d'occupation remonterait à la première moitié du 1°' siècle et elle aurait été de courte durée. Interprétant Ie fossé comme l'unique vestige d'un camp établi par l'empereur Claude, vers les années 40, on peut lui attribuer un caractère militaire31.

L'habitat civil reprend bientöt ses droits : déjà solidement établi en contre bas, sur les deux rives de l'Escaut32, il s'étend lentement vers le haut de la pente. Quelques bätiments en bois s'élèvent à l'emplacement de l'ancien camp abandonné33 (fig. 13, A-2), bientöt remplacés, vraisemblablement à ]'époque flavienne, par des construc-tions en pierre (fig. 13, A-3 et 4). La disposition de ces édifices ne révèle guère un plan urbain régulier, ce qui d'ailleurs n'était pas nécessaire dans ce quartier péri-phérique.

29 Ces sondages furent effectués par Messieurs G. Coulon, M. Amand et A.D'Hayer; cf. ci-dessus

p. 7.

30 Le matériel récolté comprend de la céramique ordinaire, des monnaies gauloises, un denier de L. Paulus et une pièce portant la légende de G. lndutillil : cf. ci-dessus p. 7 et note 9-10. Voir à ce sujet : M. AMAND, Les véritables origines de Tournai. Travaux pré-romains à La Loucherie, He/i-nium 111, 1963, p. 193-204.

31 M. AMAND et I. EYKENS-DIERICKX, Tournai romain, Diss. Archaeol. Gandenses V, Bruges, 1960, p. 93-94. Le fossé de Tournai a été mis en rapport avec des traces identiques découvertes à Courtrai (Kortrijk) et dont les remblais contenaient un matériel archéologique comparable à celui recueilli

à Tournai : J. VrÉRIN, Courtrai : fossés romains en V, Archéol. 1959, p. 146-147, M. AMAND, Les

fragments de vases de Bavai retrouvés à Tournai, Latomus XIII, 1954, p. 42.

32 M. AMAND, Un nouveau quartier romain à Tournai. Les fouilles du Luchet d'Antoing, Arch. Belg. 102, Bruxelles, 1968.

33 Voir ci-dessus p.11-12. A plusieurs reprises M. Amand parle de fonds de cabanes à La Loucherie :

M. AMAND, La céramique pré-claudienne à Tournai, Antiq. Class. XXVIII, 1959, p. 114-123 et

(30)

A

C

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C a b 0

Fig. 13. - Plan d 'interprétation des vestiges dégagés à La Loucherie

A. L'occupation primitive (phases 1 à 4).

B. Le grand bätiment (phases 5 à 7).

C. L'enceinte du Bas-Empire (phase 8).

e

20m

(31)

1

Il en va tout autrement des aménagements effectués au cours du n• siècle.

Erigé sur terrasses, un vaste édifice succède aux anciennes constructions (fig. 13,

B-5); Ie plan adopté s'apparentant à celui du monument public, on peut se demander

si, depuis son affectation militaire, ce secteur de La Loucherie n'a pas gardé un

certain caractère de domaine public à moins que ce ne soit sa position dominante

qui ait guidé Ie choix des constructeurs; il est un fait que l'édifice se trouve

prati-quement dans l'axe traversant la ville et la rivière du nord-est au sud-ouest34.

Les vestiges repérés au cours des fouilles présentent un plan rectangulaire

long de près de 50 m et composé essentiellement d'une cour centrale, flanquée de

deux grandes salles latérales. La cour centrale, bien dallée, est délimitée de deux

cötés par des portiques. La façade ouest, donnant sur la périphérie de la ville, était

complètement fermée et tout Ie bätiment était donc orienté vers l'intérieur de la

cité. De ce cöté, aucun reste de substructions n'a survécu aux bouleversements du

moyen äge et de !'époque moderne; il n'est donc pas possible d'évaluer l'étendue exacte du bätiment. Les profils nous ont laissé entrevoir quelques couches

hori-zontales de sol et d'incendie, preuves de l'existence de chambres dans ces parages.

Les sondages effectués en 1972 ont mis au jour des traces, malheureusement sans

rapport avec notre édifice (ci-dessus p. 8 et fig. 14, II); par contre les fouilles menées

à quelque 35 m à l'est, au Vieux Marché au Beurre (fig. 14, III)35 ont révélé des

vestiges dont l'orientation correspond plus ou moins à celle du bätiment de La

Loucherie. La construction la plus importante de eet ensemble, présente un plan

légèrement trapézoïdal (fig. 14, III, 1) et son angle ouest recoupe une citerne carrée.

Des fosses rectangulaires furent repérées un peu plus loin (fig. 14, III, 2-4), ainsi

qu'un mur, long de 5 m, que suit une canalisation (fig. 14, III, 3). D'autres

substruc-tions furent dégagées plus bas sur 1a pente36.

L'ensemble de ces découvertes témoignent d'un aménagement urbain régulier

dans ce secteur, aménagement dominé par Ie complexe de La Loucherie. Sa

desti-nation devait être bien précise, une technique de construction soignée, un riche

décor peint37, des colonnades lui conférant un caractère monumental. L'hypothèse

de l'identification du bàtiment de La Loucherie comme Ie gynécée (ou atelier

d'équi-pement militaire) de Tournai cité dans une source tardive38 fut la seule avancée

jusqu'ici39; elle n'a pu être confirmée au cours des fouilles d'autant plus qu'il est

34 A. WANKENNE, La Belgique à /'époque romaine, Répertoires archéologiques, série C, III, Bruxelles, 1972, plan II; M. AMAND, L'approvisionnement en eau du Tournai romain, Arch. Belg. 143, Bruxelles, 1973, p. 43, fig. 14.

35 M. AMAND et I. EYKENS-DIERICKX, Tournai romain, o.c., p. 104-108 et fig. 5. 36 M. AMAND, L'approvisionnement en eau du Tournai romain, o.c., p. 7-16. 37 Pour les fresques, voir ci-dessus p. 7.

38 Notitia Dignitatum Occid., XI (A.W. BIJVANCK, Excerpta romana I, p. 569).

39 M. AMAND et I. EYKENs-DrERICKX, o.c., p. 28. Jugement plus nuancé dans M. AMAND, Les

(32)

Place Reine Astrid 0 20m Il 4<ÎP

2

~

Vieux Marché au Beurre

Fig. 14. - Emplacement des vestiges dégagés à La Loucherie en 1954-55 (I) et en 1972 (Il) et les substructions du Vieux Marché au Beurre (III).

probable que l'édifice n'existait plus au 1v• siècle. Peut-être s'agirait-il plutöt de la

résidence de l'un ou l'autre personnage important ou d'un édifice administratif ?

Et nous songeons ici - si parva licet componere magnis - au praetorium de Cologne

dont Ia situation en bordure de la ville rappelle celle du bätiment de Tournai; de la même manière, il est caractérisé par une grande façade renforcée de pilastres

et dirigée vers l'extérieur, tout en s'ouvrant largement sur la ville même40.

40 0. DOPPELFELD, Das Praetorium unter dem Kölner Rathaus, Neue Ausgrabungen in Deutschland,

Berlin, 1958, p. 313-321; cf. ID., Römische Grossbauten unter dem Kölner Rathaus, Germania 34,

(33)

1

j

Construit au cours de la première moitié du n• siècle, l'édifice est adapté aux nécessités du moment (fig. 13, B-6) : une première modification, intervenue proba-blement vers la fin de ce même siècle, affecte l'aile orientale e qui fut agrandie au détriment de Ia cour centrale a; en revanche, cette dernière est pourvue d'un magni-fique dallage en pierre calcaire et de portiques à colonnes de pierre. C'est peut-être au cours de ces mêmes transformations que fut ajoutée !'annexe nord. Le second aménagement semble plus radical : la belle façade sud-occidentale est percée et un passage dallé traverse Ia cour et Ia galerie est, c; l'implantation de ce passage néces-site Ie dép!acement de quelques colonnes du portique. Qu'il ne s'agisse pas d'une rue carrossable de la ville mais d'une simpte communication avec l'extérieur est prouvé par !'absence de traces de charroi et la présence de marches d'escalier dans

Ie portique ouest b. Cette modification affecta certainement Ie caractère fermé de ce bätiment.

C'est au cours du dernier quart du m• siècle que tout Ie complexe est détruit par un ou plusieurs incendies. Il est impossible de préciser si toute occupation cessa définitivement alors : certains vestiges, tel le mur 58 (tr. VII, plan I) ou des couches d'occupation tardive (tr. XIII) contenant des éléments archéologiques du rv• siècle

(ci-dessus p. 28), semblent indiquer une présence humaine après Ie désastre; ces

traces se localisent surtout dans l'aile nord du bätiment (fig. 13, B-7). Il n'est cepen-dant plus question d'ensemble monumental, celui-ci étant démantelé sauf la galerie ouest b et la grande façade qui serviront d'appui pour la nouvelle enceinte urbaine marquant l'accession de Tournai au rang de chef-lieu de la Civitas Turnacensium (fig. 13, C-8).

Tout comme à Bavai41, Famars42 ou Amiens43, les constructeurs du rv• siècle ont profité de l'existence de bätiments solides pour renforcer la muraille; à Tournai, c'est eet édifice qui conditionna également !'emplacement des tours dégagées aux angles ouest et sud et distantes de 51,75 m44. Le diamètre de ces tours peut être évalué à 9 m, dimension correspondant aux mesures adoptées pour la plupart des tours tardives dans Ie nord de la Gaule. Tout Ie long du bätiment, !'enceinte ne présente pas une épaisseur constante, celle-ci oscillant entre 1,70 et 2,60 m; cette

41 D. WILL, Les enceintes du Bas-Empire à Bavai, Revue du Nord XLIV, 1962, p. 391-401.

42 G. BERSU et W. UNVERZAGT, Le castellum de Fanum Martis (Famars, Nord), Gal/ia 19, 1961,

p. 159-190.

43 F. VASSELLE, L 'enceinte urbaine du Bas-Empire de Samarobriva ( Amiens-Somme), Celticum

VI, 1962, p. 323-342.

44 Distance anormale pour des enceintes urbaines tardo-romaines, l'intervalle étant généralement

de 25 à 30 m : cf. Arlon (J. MERTENS, Le rempart romain d'Arlon, Archaeol. Belgii Speculum VII,

Bruxelles 1973, p. 10-13), Tongres (ID., Enkele beschouwingen over Limburg in de romeinse tijd, Arch. Belg. 75, Bruxelles, 1964, p. 37-38), Bitburg (Trierer Zeitschrift 24-26, 1956-58, p. 530-539).

A Bavai, les tours sont également construites près des angles du grand ensemble (E. WILL, l.c.).

Il est évidemment possible qu'à Tournai, une troisième tour ait existé au centre, ce qui ramènerait

(34)

enceinte n'est donc pas rigoureusement parallèle au bätiment mais fut soumise aux impératifs du tracé général. Cette particularité semble indiquer que les constructeurs se sont servis du bätiment uniquement comme point d'appui; cette constatation incite à admettre que eet édifice n'était plus en service à ce moment.

Les vestiges découverts à La Loucherie constituent les seules traces de !'enceinte du Bas-Empire, repérée ainsi sur une longueur de près de 100 m. Le reste de son tracé demeure inconnu quoique nous pouvons raisonnablement supposer que cette enceinte allait rejoindre le fleuve, englobant ainsi une superficie de près de 13 ha. Dans notre aperçu chronologique, nous avons proposé pour l'érection de !'enceinte, la fin du m• - début 1v• siècle et Ie second quart du 1v• siècle. Les éléments pouvant appuyer ces hypothèses font cependant défaut; il se pose ici Ie problème de la chronologie du système défensif du Bas-Empire, problème qui rejoint celui des sites voisins de Tournai tels que Bavai, Famars, Oudenburg, Morlanwelz ou Liberchies4 S. Une première mise en défense semble avoir eu lieu immédiatement après les invasions : Bavai, Liberchies et Oudenburg en ont livré des indices; un second aménagement fut probablement effectué à l'initiative de Constantin : ce sont les défenses classiques du réseau routier et des nreuds de communications,

Liberchies-Brunehaut I, Oudenburg II, Bavai. Quelques défenses sont encore

restaurées durant Ie troisième quart du rv• siècle : Bavai (?), Famars, Oudenburg III.

Très limitées, les fouilles de !'enceinte n'ont fourni que des documents fragmen-taires permettant d'illustrer la succession des différentes phases esquissée ci-dessus : une occupation immédiate après les invasions est bien attestée; il n'est pas impossible qu'il faille situer en cette période troublée l'aménagement du passage au travers du bätiment, passage qui changea Ie caractère premier du monument. Si la seconde phase est bien marquée, la troisième n'est pas du tout attestée; en effet, !'examen du parement extérieur de la muraille, examen qui aurait permis d'observer d'éventuels renforcements ou restaurations, n'a pas été possible, vu les remaniements médiévaux. Cependant, les deux pavements constatés dans la tour sud pourraient indiquer quelques réfections tardives, encore antérieures au moyen äge.

45 Pour Bavai, cf. E. WILL, Les enceintes du Bas-Empire à Bavai, Revue du Nord XLIV, 1962,

p. 391-401; pour Famars, G. BERSU et W. UNVERZAGT, Le castellum de Fanum Martis ( Famars,

Nord), Gal/ia 19, p. 159-190; pour Oudenburg, J. MERTENS et L. VAN IMPE, Het laat-romeins

graf-veld van Oudenburg, Arch. Belg. 135, Bruxelles, 1971, p. 18; pour Liberchies, J. MERTENS et R.

BRULET, Le castellum du Bas-Empire romain à Liberchies-Brunehaut, Arch. Belg. 163, Bruxelles, 1974

(sous presse). Les renseignements concernant Morlanwelz nous ont été aimablement communiqués

par R. Brulet. Nous pourrions également citer les remparts tardifs de Boulogne : E. WILL, Les

remparts romains de Boulogne-sur-mer, Revue du Nord XLII, 1960, p. 378-379 et ceux d'Amiens :

F. VASSELLE, L 'enceinte urbaine du Bas-Empire de Samorabriva ( Amiens-Somme), Celticum VI,

1962, p. 336-338. Cf. S. Johnson, A Group of Late Roman City Walls in Gal/ia Belgica, Britannia IV, 1973, p. 222-223.

(35)

CONCLUSION 35

Il est difficile de préciser jusques à quand ce rempart conserva sa fonction première. Les tracés des enceintes épiscopale et urbaine s'étant superposés, dans ce secteur, à celui du rempart primitif46, il est plus que probable que ce fut l'antique muraille romaine qui abrita la ville au v1• siècle lorsque Chilpéric s'y réfugia avec femme et enfants47_

46 F. VERCAUTEREN, Plans en re/ie/ des vil/es be/ges. Tournai, Bruxelles, 1965, p. 173-175.

47 GREGOIRE DE TOURS, Hist. Franc., IV, 50: « Chilpericus vero .. se in/ra Thornacinsis murus cum

uxore et filiis communivit ». Sur l'état de ]'enceinte durant Ie haut moyen äge, voir M. AMAND, Les débuts du christianisme d Tournai, Les Etudes C/assiques XL, 1972, p. 323 et P. ROLLAND, Topographie tournaisienne gal/o-romaine et franque, Ann. Acad. Roy. Belg., 7• série, V, 1929, p. 80-83.

(36)

Introduction . 5

L'examen archéologique 10

J. Les vestiges repérés 10

A. L'occupation primüive 10

1. Le fossé 10

2. Les traces diverses 1 J

3

.

Les substructions 12

B. Le bàtiment principal. 12

1. Le plan initia! 12

2. La première phase de remaniements

16

3.

La seconde phase de remaniements

19

C. L'enceinte du Bas-Empire 22

IL Le matériel et la chronologie .

23

Conclusion

29

(37)

IX .·:-. ··: .-151 XX

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Plan I. - L'occupation primitive du site.

V r-1 1 1 1 1 1 1 1 XII

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TÓURNAI

1954-55

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LOUCHERIE

0 IOm XXII Il

Referenties

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