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Une villa Romaine a Haccourt (Liège). Rapport provisoire des fouilles (1967-1970)

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UNE VILLA ROMAINE A HACCOURT (LIÈGE). RAPPORT PROVISOIRE DES FOUILLES 1967-1970

A la fin de la quatrième campagne de fouilles à Haccourt et en attendant la publication du rapport complet, il nous paraît opportun de présenter ici un rapport succint des résultats de !'examen archéolo-gique de cette grande villa romaine (1 ). Il est évident que ce rapport est tout à fait provisoire et nous nous bornerons à décrire brièvement les différents stades du développement de la villa. Il est cependant possible, que les plans présentés subissent quelques changements de détail, après !'étude approfondie des vestiges et leur interprétation. Il en va de même des datations, que nous avançons sous toute réserve, après un examen fugitif du matériel découvert.

Haccourt est situé à une vingtaine de km en aval de Liège, sur la rivegauche de la Meuse, en face de Visé. Ce village, principalement connu pour ses exploitations de craie et ses usine de ciment, est établi au bord de la vallée; i! est dominé du norcl-est au sud-est par plusieurs plateaux, qui ferment la terrasse supérieure de la Meuse, entrecoupée de dépressions ou coulent quelques ruisseaux. Un de ces plateaux aux pentes assez abruptes est situé au sud-est du village et domine la vallée de la Meuse d'une bonne dizaine de m, la vallée du ruisseau d'Aaz et du ruisseau de Beaurieu d'environ 5 m; large d'environ 120 m à son extrémité nord-est, il s'élargit notabiement vers Ie sud-est et s'évanouit dans les collines, qui ferment Ie paysage typique de la Hesbaye. C'est à la pointe de ce plateau que des substructions furent découvertes et fouillées par la société « Le Vieux Liège », vers 1914; ces travaux semblent toutefois avoir été limités à quelques sondages (2). Cette villa serait sans doute restée pour toujours dans l'anonymat des centaines de villas localisées mais non fouillées en Belgique, si, en 1962, !'examen du site n'eut été repris par M. !'Ir. J. Paquay, archéo-logue amateur de Liège; pendant près de quatre ans, celui-ei fouilla, en solitaire, des substructions importantes et bien conservées d'une installation de bains, qui plus tard s'avèrera appartenir à la grande villa

(1) L'examen archéologique de cette villa nécessita 17 mois de travaux de fouille, répartis en 4 campagnes, qui eurent respectivement lieu du 24 juillet au 27 octobre 1967, du 1" avril au 3 août 1968, du 13 août au 21 novembre 1969 et du 31 mars au 28 octobre 1970.

G. DE BoE, Haccourt: villa romaine, ARCHÉOLOGIE, 1967, p. 78-79; 1968, p. 85; 1969, p. 77-79 ; 1970, p. 86-88.

(2) Ch. J. COMHAIRE, Joumal La Meuse, Ed. matin, 7 mars 1914, p. 3; Jo., 60 et quelques promenades faciles autour de Liège, Liège, 1918, p. 23; A. DE LoË, Carte archéologique, 221.

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16 UNE VILLA ROMAINE A HACCOURT

du II• siècle (3). Devant l'étendue toujours croissante des vestiges mis au jour et la destruction imminente du site par la construction d'une cité d'habitations sociales, M.

J.

Paquay fit appel au Service national des fouilles (4 ). La repïise des fouilles en 1967 fut rendue possible grace à l'amabilité, avec laquelle la société « Le Confort Mosan »,pro-priétaire du terrain, nous accorda l'autorisation nécessaire (5) (fig.l).

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Fig. I. - Carte de localisation.

L'étendue du site à fouiller et le temps disponible, réduit par l'imminence de la construction d'habitations sociales, nous imposèrent la méthode de fouille employée. Durant les deux premières campagnes, l'examen de la grande installation de bains put être faite par tranchées parallèles, espacées d'un mètre seulement. Après, nous avons dû nous contenter de tracer une série de tranchées parallèles plus espacées (au maximum 4 m) et larges d'un m; le plan des vestiges ainsi décou-verts fut ensuite complété par des dégagements partiels et des son-dages. Si cette méthode est amplement suffisante pour dresser le plan

(3) J. PAQUAY, Haccourt: habitat romain, ARCHÉOLOGIE, 1963, p. 10. (4) Noustenons à lui exprimer ici nos plus vifs remerciements.

(5) Nous en remercions la société << Le Confort Mosan >>, en la personne de son Président, Monsieur D. Deghaye, bourgmestre d'Oupeye.

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UNE VILLA ROMAINE A HACCOURT 17

de bátiments construits en maçonnerie, elle ne !'est certainement pas pour des bátiments construits en bois. Dès lors, les constatations con-cemant les phases les plus anciennes de l'occupation du site sont nécessairement restées incomplètes.

Passons à la brève description des vestiges découverts et procé-dons par stratigraphie inversée.

1. ÜCCUPATION PRÉ-ROMAINE.

Quelques fosses et une série de trous de pieux, principalement à proximité de la grande instaBation de bains, témoignent de l'occupa-tion du site à l'époque pré-romaine. Le matériel découvert ( quelques tessons de poterie, silex, fusaiole) permet de situ er cette accupation à l'Age du Fer. Nos observations concernant ces constructionsen bois sont malheureusement restées très limitées.

2. CONSTRUCTION EN BOlS.

Pour cette phase-ci nos observations sont également restées très incomplètes. Nous avons pu constater la présence de traces d'une construction, qui semble avoir été érigée essentieHement en bois, et des couches d'occupation, recoupées par les murs des phases ulté-rieures. Ce bátiment ne semble avoir couvert qu'une surface assez limi-tée, sous la partie norcl-ouest de la première villa en maçonnerie. Le matériel, découvert dans ces premières couches d'occupation semble se situer vers Ie milieu du Ier siècle ap. J.C.

3. LA PREMIÈRE VILLA (fig. 2).

Dans Ie courant de la seconde moitié du Ier siècle ap. J. C., vrai -semblablement vers Ie début de cette période, cette construction en bois fut remplacée par la première villa en maçonnerie. L'ensemble des vestiges de cette époque s'étend sur une longueur de 90 m. A l'exception des salles chauffées par hypocauste, les murs ne sont con-servés qu'en fondations et, pour la plupart, en négatif. Ceci ne facilite guère· !'analyse des différentes phases de construction, qui ont cer-tainement dû exister. Quatre éléments distincts, dont les relations ne sont pas encore claires, appartiennent à cette période.

Le premier élément consiste en un bátiment allongé (fig. 2.A.), large de 21 m et dont la longueur conservée atteint 54 m. Ce bátiment est divisé en au moins douze couloirs et salles, grandes et petites (1-12), et est flanqué sur ses longs cotés de galeries extérieures (13-14 ). Ce plan n'est pas complet, surtout du coté sud-est, ou les murs étaient situés à un niveau plus élevé et ont été arasés par les constructions ultérieures ; Ie co in norcl-est du bátiment a disparu par 1' érosion du plateau. Il est dès lors devenu impossible de préciser, si les galeries

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18 UNE VILLA ROMAINE A HACCOURT

HACCOURT

1967

·1970

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Fig. 2. Plan complété

et contour 0 de la première villa du bátiment ultérieur. 30m CPB '70 en maçonnerie

13 et 14 étaient fl.anquées à leurs extrémités desalles d'angles, sauf en ce qui concerne la petite salle 15.

Cet état de conservation ne nous permet également pas de

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UNE VILLA ROMAINE A HACCOURT 19

(B). Celle-ci fut-elle construite en même temps et incorporée au bati-ment A, ou fut-elle construite plus tard, adossée à ce batiment ou

isolée ? Les différentes salles de cette installation de bains sont alignées et couvrent une surface de 24 sur 7 à 11,50 m. Le prcefurnium 16 se

trouve dans une simple excavation creusée dans le sol, dont les parois furent partiellement consolidées par des murets. Le canal de chauffe

aboutit à une niche rectangulaire, ou on peut situer la baignoire de la

salle de bain chaude; ce caldarium 17 est pourvu cl' absides semi-cir-culaires sur les deux cötés latéraux. Trois ouvertures dans le mur per-mettent le passage de l'air chaud au tepidarium reetangulaire 18, d'ou

elle est évacuée par deux cheminées encastrées dans l'épaisseur du mur aux angles norcl-est et sud-est. La troisième salie de cette instal-lation, le frigidarium 19 possédait encore son pavement en mosaïque quasi intact, sur une surface de 6 sur 4,30 m: de larges bandes noires

entourent le champ central (2,42 sur 2,42 m), décoré de motifs

géo-métriques en noir et blanc (fig. 3-4); un espace d'environ 1,50 sur 3 m dans l'angle norcl-est de la salle, dont la mosaïque en cubes de

terre-euite rouge (fragments de tuiles) trahit une réfection ultérieure, semble

marquer !'emplacement primitif de la baignoire (6 ). De nombreux

Fig. 3. - Le pavement en mosaïque du [rigidarium 19 de la première instaBation de bains.

(6) Les rnosaïques de Haccourt ont pu être levées gräce à l'intervention du

Rheinisches Landesmuseum Trier. Nous tenons à exprirner ici nos plus vifs

rerner-ciernents au Dr. R. Schindler, directeur du rnusée, et au Dr. H. Cüppers et M. Baden, restaurateur, qui se sont rendus sur place pour effectuer ce travail.

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20 UNE VILLA ROMAINE A HACCOURT

Fig. 4. - Détail de la mosaïque du frigidarium 19.

fragments de crépis peint témoignent de la décoration de ces salles. Au sud de cette installation de bains se trouve eneare une cave (20) a vee escalier, dont les murs sant presqu'entièrement démantelés. Aucun raccord n'existe avec Ierestedes bàtiments.

Enfin, Ie quatrième élément de cette période (D) est postérieur au

bàtiment A. I! s'agit d'une seconde installation de bains, qui semble

avoir remplacé la première; !'abandon de la baignoire dans Ie

frigi-darium 19 pourrait indiquer un changement dans la destination des

premières salles de bain. Cette seconde installation est plus petite, mais reprend en grandes lignes le plan du premier balneum, du rnains

pour les salles chauffées (fig. 5). Le prcefurnium 21 se trouve dans une excavation dans le sol, entourée plus tard de murs. Le canal de chauffe

aboutit à une niche rectangulaire, qui contenait la baignoire d'eau

chaude aux parais décorées de mosaïque; la salie du caldarium 22 est circulaire. Trois passages voûtés permettaient à l'air chaud de chauffer

également le tepidarium reetangulaire 23. Le frigidarium est situé à cöté de lasalle de bain tiède et possède deux niches, l'une semi-circu-laire, l'autre carrée. De nombreux cubes de mosaïque et fragments de

crépis peint témoignent de la décoration de ces salles.

L' étude du matériel découvert permettra de préciser la

chrono-logie de ces bàtiments et peut-être de résoudre le problème de leurs

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UNE VILLA ROMAINE A HACCOURT

Fig. 5. - Le praefurnium 21. Ie caldarium 22 et Ie tepidarium 23 de la seconde installation de bains.

4. LA GRANDE VILLA DU Il• SIÈCLE (fig. 6).

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Dans le courant du II• siècle, et probablement déjà dans la pre-mière moitié de celui-ci, ces bätiments furent rasés et remplacés par

une nouvelle villa de dimensions beaucoup plus grandes; elle était

composée d'une grande maison d'habitation et d'un bätiment isolé, abritant les salles de bain.

La grande maison d'habitation, du type à galerie-façade entre deux

ailes saillantes, couvre une surface de 103 sur 44 m, sans compter la

troisième aile au nord-ouest (32 sur 21 m) et le bassin du cöté sud-est

(longueur totale: 114 m). La construction de ce vaste bätiment sur

un terrain en légère pente nécessita des travaux de terrassement assez importants. Du cöté sud, la pente semble avoir été entaillée, ce qui impligue la disparition partielle des vestiges antérieurs. Par contre, du cöté nord et est, le terrain dut être notablement rehaussé pour

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HACCOURT

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Fig. 6. - Plan complété de la grande villa du !Ie siècle.

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UNE VILLA ROMAINE A HACCOURT 23

obtenir un niveau au moins horizontal sur toute la superficie du bati-ment; les remblais (gravier et argile) furent apportés après la con

-struction des murs en élévation à partir du niveau du sol existant. Ceci explique l'état de conservation relativement bon des murs en élévation (à cöté de tronçons entièrement détruits par la récupération des maté-riaux), mais également !'absence quasi totale de seuils de portes, car les vestiges ne sont que rarement conservés au-dessus du niveau d'oc-cupation du bätiment, sauf dans les secteurs sud et ouest.

La galerie-façade (1) est orientée vers le norcl-est et permet ainsi une large vue vers la vallée de la Meuse ; longue de 63 m et large de 4 m, avec portail saillant au centre (2), cette galerie relie les deux ailes saillantes du bätiment et est flanquée de part et d'autre d'une abside semi-circulaire. Un espace dallé, large de 4 m, sépare la galerie du bassin 3. Un caniveau, taillé dans les grandes dalles de calcaire, longe le portique; l'eau de pluie ainsi recueillie était écoulée par un canal souterrain vers le bassin de 53 sur 7 m, situé devant la façade entre les deux ailes (3). Deux canalisations en tuyaux de terre cuite, dont un exemplaire porte la marque VIRILISF, permettaient la vidange de ce bassin. Un bassin analogue, de 24 sur 4,5 m, longe le cöté sud-est du bätiment (25).

Au centre du bätiment, derrière le portail de la façade, se trouve la grande salle principale de la villa ( 4) ; d'une superficie d' environ 158 mètres carrés, elle devait posséder un pavement en mosaïque, malheu-reusement entièrement détruit. Cette salle est entourée sur trois cötés d'un espace probablement ouvert, large d'environ 7 m (5), lui même entouré d'un portique, également sur trois cötés. Deux petites salles (7 et 8), dontune chauffée par hypocauste, séparent ce portique de la galerie-façade.

Parmi les salles, qui composent l'aile saillante sud (large de 20 m) la salle 9 mérite amplement notre attention. Il s'agit d'une salle ree-tangulaire d'environ 5,5 sur 6 m, a vee rétrécissement du cöté sud-est et abside du cöté norcl-est; cette abside est semi-circulaire à l'inté-rieur et reetangulaire à l'extérieur. Le pavement en mosaïque, en cubes très fins, est entièrement détruit. Cette salle est exceptionnelle par la présence d'une petite cave, entièrement construite en tegulce et

imbrices, au centrede !'abside et perpendiculairement à l'axe de lasalle

(fig. 7). Un escalier de cinq marches, très étroit (60 cm) et raide, deseend dans la petite cave en forme de croix, mesurant 1,62 sur 1,70 m; chaque bras de la croix a une largeur de 85 à 89 cm. Sauf quelques petits fragments de mosaïque, aucun objet n'y fut découvert, ce qui ne facilite guère son interprétation. Aucun exemple de cave analogue ne nous est actuellement connu.

Les dix-sept salles et couloirs derrière l'aile sud sont groupés autour d'une cour intérieure d'environ 14,5 sur 11 m, entourée d'un portique sur trois cötés. La salle principale (11) se trouve dans l'axe

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24 UNE VILLA ROMAINE A HACCOURT

Fig. 7. - La cave de plan cruciforme dans !'abside de la salie 9.

longitudinal de cette cour. Elle était chauffée par hypocauste sur deux tiers de sa superficie et possédait un pavement en mosaïque, dont seul quelques mètres carrés sont conservés: le décor géométrique en noir et blanc consiste en une composition de carrés, triaugles et hexagones en noir et blanc; quelques fragments découverts dans le remblai de l'hypocauste portent un décor de svastikas et volutes; de nombreux fragments de marbre polychrome proviennent de la décoration murale. Une seconde petite salle (12) était également chauffée par hypocauste,

à partir d'un prcefurnium commun. Deux autres salles (13 et 14) pos-sèdent un pavement en béton, la deuxième avec feu ouvert dans l'angle sud. Une grande cave, partiellement détruite par l'explosion d'un V2 pendant la dernière guerre, est située sous lasalle 15; deux niches, avec voûte en plein cintre surmontée d'un décor triangulaire, et un soupi-rail furent dégagés (fig. 8). L'escalier d'accès longeait le mur norcl-ouest de la cave.

Une vingtaine de sa!les et couloirs sont disposés à l'arrière de 1' aile saillante nord, large de 17,5 rn et dont le mur extérieur est

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con-UNE VILLA ROMAINE A HACCOURT 25

Fig. 8. - Vue partielle de la cave 15.

solidé par trois contreforts semi-circulaires. Une de ces salles (16) se distingue par sa forme: elle est circulaire ( diamètre 5 m) avec quarte niches semi-circulaires, flanquées de part et d'autre de petites niches rectangulaires. La présence de ces petites niches, qui semblent des-tinées au placement de tubulî, pourrait indiquer que cette salle était chauffée par hypocauste, malgré !'absence de traces de piles et d'un canal de chauffage, qui pourrait être localisé à !'emplacement d'un tronçon de mur détruit.

La plus grande partie de l'aile saillante à l'arrière du bätiment, à l'angle nord-ouest, est occupée par une cour intérieure semi-circulaire (17), entourée d'un portique. Six salles de grandeur variée (18-23), toutes avec pavement en béton, sont alignées sur la base de l'hémi-cycle; la salle centrale (20) se termine en un réduit reetangulaire plus étroit, qui dépasse !'alignement des autres salles. Sign.alons encore ici lasalle 24 avec petit feu ouvert dans l'angle sud.

Le mur de clöture, qui longe Ie cöté norcl-ouest de ce bätiment, fait également fonction de mur de terrasse au bord du plateau ; il est consolidé à l'intérieur par une série de contreforts semi-circulaires.

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26 UNE VILLA ROMAI E A HACCOURT

Le mur de clê>ture, qui longe la façade nord-est, fut également recoupé à plusieurs endroits.

Les bains de cette période sont installés dans un bätiment isolé

à une quarantaine de m au sud de l'habitation ; les neuf salles de ce balneum couvrent une surface de 37 sur 5,5 à 23,5 m. Les deux pre -mières (27-28) des trois salles alignées, qui ont dû abriter les bains chauds et tièdes, furent chauffées à partir du prcefurnium 26. Lasalle

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UNE VILLA ROMAINE A HACCOURT 27

27, probablement le caldarium, possède deux niches rectangulaires;

la plus grande devait contenir la baignoire, installée au-dessus du canal

de chauffage. La troisième salle (29) était chauffée à partir du

prce-furnium 31, de même que la salle circulaire 30, avec quatre niches

semi-circulaires, ou l'on pourrait situer le laconicum. Entre ces deux

salles chauffées se trouve le frigidarium 32, avec niche semi-circulaire

et simple pavement en béton. Un escalier de cinq marches deseend

dans la vaste piscine de 7,14 sur 5,61 m au fond entièrement couvert

de dalles de terre cuite portant la marque MHF. Ce bassin, profond de 1,15 à 1,27 m, est entouré d'un bord d'environ 45 cm de large; une

banquette le long de la paroi est permettait de s'asseoir dans l'eau (fig. 9). Les deux dernières salles de eet ensemble (33 et 34) peuvent avoir

servide vestiaire et d'entrée. lei également, la différence de niveau entre

l'intérieur du bätiment, rehaussé par l'apport de remblais, et

l'exté-rieur nécessita la construction de deux contreforts semi-circulaires.

5. TRANSFORMATIONS ET AGRANDISSEME TS ULTÉRIEURS (fig. 10). Cette villa subit plusieurs transformations et agrandissements

successifs, dont la chronologie reste à préciser.

Peu de choses ont cependant changé au bätiment d'habitation

même. Le pavement en béton des bassins 3 et 25 est remplacé par un nouveau pavement en grandes dalles de calcaire. Une abside semi

-circulaire (35), également chauffée par hypocauste mais à un niveau

plus élevé, est ajoutée à la salle 11. Une des salles, située entre les

cours intérieures 5 et 10, est divisée en trois et des changements sont

apportés à la cave 15, dont le niveau du sol est rehaussé d'environ

90 cm; le remblai trahit une destruction au moins partielle de la villa

par incendie. La cave est agrandie par la démolition de l'escalier, dont

le mur intérieur est démantelé jusqu'à hauteur du nouveau sol. Le

nouvel escalier d'accès dut être construit dans l'angle sud de la pièce

entièrement détruit. Un second soupirail, aboutissant dans le portique

de la cour intérieure 5, est en parfait état de conservation (fig. 8).

Les principaux changements furent apportés à l'installation de bains, qui est reliée par un portique (36) au bätiment d'habitation. Le premier tronçon de cette galerie, large de 3 m, part de la petite salle

d'entrée 34 du balneum; le second tronçon, large d'environ 5 m, longe toute la façade arrière du bätiment d'habitation et va buter contre l'aile

saillante nord-ouest. A peu près au centre de la galerie s'ouvre une

porte, large de 4,73 m et flanquée de part et d'autre d'un large pilier;

le seuil, formé de quatre grandes dalles de calcaire, est parfaitement

conservé. Plus tard encore, le mur extérieur de cette galerie fut

con-solidé par la construction de contreforts à intervalles réguliers. Le

couloir ou la galerie 37, qui longe le cöté norcl-est du balneum et deseend jusqu'à mi-pente, fut rajouté plus tard, de même que les quelques

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Fig. 10. - Plan complété de la grande villa après les transformations et agrandissements.

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UNE VILLA ROMAINE A HACCOURT 29

La plupart des locaux existants de l'installation de bains n'ont pas subi de changements majeurs. Le pavement inférieur en béton des salles 27, 28 et 29 est renouvellé jusqu'à deux fois, ce qui implique également la réfection des suspensurce. La fonction du petit

prcefur-nium 31 est changée ; légèrement agrandi et muni d'un pavement en béton et d'un hypocauste, il devient à son tour salle chauffée. Coupée de sa souree de chaleur initiale, lasalle 29 est d'abord chauffée à partir des salles 27 et 28 par deux ouvertures pratiquées dans le mur sud-ouest, plus tard par un petit prcefurnium construit au sud-est de la salle. Le nouveau prcefurnium 39 fournit la chaleur à la salle circulaire 30. En même temps que ces changements au système de chauffage, la grandesalle 38, aux murs très épais (1,50 m), est rajoutée au sud-est (fig. 11). L'épaisseur anormale de la suspensura, la présence d'épais quarts de rond et le massif de maçonnerie de l'escalier d'accès semblent indiquer que cette salle abritait une grande piscine d'eau chaude sur hypocauste. Les parais semi-circulaires du prcefurnium supportaient probablement une chaudière destinée au chauffage de l'eau; la salle de chauffe même fut eneare remaniée plus tard. Le canal d' écoulement de l'eau du frigidarium fut d'abord encastré dans l'épaisseur du mur de la salle 38; comme ce canal aboutit au prcefurnium, il dut être dé-tourné autour de la salle.

Une nouvelle salle de bain chauffée ( 40) est également ajoutée au norcl-est du caldarium; d'abord placé dans une simple excavation dans le sol, le prcefurnium de eet hypocauste estensuite agrandi et placé dans une salle maçonnée (41). Le canal d'écoulement de l'eau part du niveau de la suspensura et est surmonté par un are en tuiles dans sa traversée du mur; maçonné tout au long du prcefurnium, ce canal est prolongé par un simple fossé jusqu'au bord du plateau.

Le dernier changement consiste en la construction d'une cave ( 42) au sud-est du caldarium; cette cave fut mise hors d'usage et les murs démantelés avant même la fin de l'occupation de cette villa.

Il faudra attendre l'étude détaillée du matériel découvert (prin-cipalement de la céramique, mais également quelques dizaines de fibules, quelques monnaies, un campas en bronzeet d'autres objets en bronze et en fer) avant de pouvoir fixer la date d'abandon de la villa de Haccourt. Dans plusieurs secteurs les traces d'une destruction des bätiments par le feu sant très nettes. L'occupation semble ne pas s'être prolongée au delà du milieu ou de la seconde moitié du III• siècle. Un seul tesson de terre sigillée décorée à la rnalette est jusqu'à présent le seul témoin d'une réoccupation probablement très limitée du site au bas-empire.

6. LE MOYEN AGE.

De nombreux débris de céramique de type Andenne, Brunssum-Schinveld et Raeren, récoltés dans les remblais rarement stratigraphiés

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30 U E VILLA ROMAINE A HACCOURT

Fig. 11. - Vue partielle de la grande salie de bain chauffée 38.

I

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UNE VILLA ROMAINE A HACCOURT 31

des ruines romaines, démontrent que ce site fut eneare temporairement

occupé au Moyen äge et durant les Temps modernes. Si une partie de

ces tessons peut être considérée comme les témoins de la

récupéra-tion des matériaux de construcrécupéra-tion - les ruines ayant servi de carrière

aux habitants du village (7) - , d'autres sont vraisemblablement à mettre en rapport avec une activité industrielle. Dans le secteur ouest de la villa, quelques puits profonds et plus ou moins circulaires, avec amorce de galerie, semblent avoir été destinés à l'extraction d'argile pour la fabrication de poteries de type Andenne; la grande masse du matériel découvert dans ces parages date des XIII• et XIV• siècles (8 ). Quelques monnaies du XVIII• siècle ferment la liste des objets dé-couverts sur ce site.

Cette brève description des vestiges découverts à Haccourt peut déjà suflire pour démontrer l'intérêt d'une pareille fouille. Dans notre communication précédente (9), consacrée à l'état actuel des recherches sur l'habitat rural gallo-romain en Belgique, nous avons insisté sur la

nécessité de reprendre en main l'examen archéologique des villas,

puisque nos connaissances actuelles sünt eneare très limitées. La con-statation d'une évolution dans cette villa, partant d'un simple bätiment en bois pour aboutir assez rapidement à un établissement très étendu et d'une richesse indéniable, constitue un premier résultat important, qui pourra être complété par la détermination plus précise de la chro-nologie des différents stades de cette évolution. Ces constatations con-fixment la probabilité d'une évolution similaire des autres grandes villas de la Belgique, comme Anthée (10), Jemelle (11), Maillen-Ron-chinne (12), Maillen-Sauvenière (13), Rognée (14), etc., dont le plan connu ne nous présente que le stade final, souvent mélangé à des murs d'époques antérieures, que les fouilleurs n'ont pu discerner.

Mais les résultats des fouilles de la villa romaine de Haccourt ne sont encore que trop partiels, puisque seule la maison d'habitation du maître et l'installation de bains ont pu être examinées. On serait tenté

(7) Le mur du chateau médiéval, qui entoure actuellement encore l'église de Haccourt, est truffé de fragments de tegulce et de pierres de parement romaines.

(8) Nous remercions M. A. Matthys, collaborateur scientifique au Centre national de recherches archéologiques en Belgique, de nous avoir fourni ces renseigne-ments.

(9) Voir dans ce volume, p. 5-14.

(10) E. DEL MARMOL, Villa d'Anthée, ANN. Soc. ARCH. AMUR, XIV, 1877,

p. 165-194; xv, 1881, p. 1-40; R. DE MAEYER, De Romeinsche villa's in België,

Ant-werpen-s'Gravenhage, 1937, p. 78-83.

(11) A. MAHIEU, Villa romaine de Neufcháteau à Ma!lagne (Jemelle), ANN.

Soc. ARcH. NAMUR, xxi, 1895, p. 404-449; R. DE MAEYER, o.c., p. 87-93.

(12) A. BEQUET, La villa romaine de Ronchinne et sa brasserie, AN '·Soc. ARCH. AMUR, XXI, 1895, p. 177-208; R. DE MAEYER, o.c., p. 93-98.

(13) A. MAHIEU, Villas belgo-1·omaines de Mail/en, ANN. Soc. ARCH. NAMUR,

XIX, 1891, p. 347-390; R. DE MAEYER, o.c., p. 98-99.

(14) J. KAISIN, Rapport de la cammission chm·gée de la surveillance des joui/les jaites au tieu-dit Peruwez à Rognée, Doe. ET RAP. Soc. CHARLEROI, XXI, 1897, p. 1-97;

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32 U E VILLA ROMAINE A HACCOURT

de croire que cette villa, telle qu'elle nous est actuellement connue dans

toute sa grandeur et avec toute la richesse de son aménagement inté-rieur, était ce que !'on appelle volontiers la résidence de campagne d'un grand propriétaire terrien ou d'un riche fonctionnaire ou commer-çant d'une ville voisine comme Tongres. La ressemblance frappante, qui existe entre Ie plan de la grande villa de Haccourt et celle de

Nen-nig sur la Moselle (15), dont on ne connaît également que Ie bätiment

d'habitation et !'ins tallation de bain.s, tendrait à confirmer cette

hypo-thèse. I! fa ut cependant se gard er d' émettre des hypothèses trop hätives, tant que Ie sitenesera pas fouillé dans sa totalité. Une villa

romaine, grande ou petite, ne se campose pas uniquement d'un bati-ment d'habitation et de bains, mais comporte également une série de

bätiments annex es, dontIe nombre, 1' étendue et la fonction varient se! on

l'étendue du domaine et l'activité économique des habitants. I! nesera

possible de déterminer Ie caractère réel de cette villa, son röle

écono-mique, Ie rang social de son propriétaire, etc., que si nous pouvons compléter !'examen archéologique par la fouille des bätiments annexes, auxquels !'on n'a, jusqu'à présent, que trop rarement accordé

l'in-térêt qu'ils méritent. I! est indéniable que ces bätiments annexes ont existé à Haccourt: Ie mur de clöture, qui longe Ie cöté norcl-ouest du

bätiment prin.cipal et dont la trace rectiligne se remarque nettement sur la photo aérienne, se prolonge sur Ie plateau sur une distance de

plus de 500 m, vers Ie sud-ouest; plusieurs sondages ont confirmé la présence de vestiges dans Ie secteur au sud-est de ce mur. I! est clone

fort probable que la villa romaine de Haccourt était composée d'un bätiment d'habitation et d'une grande installation de bains, devant

lesquelles s'étendait un vaste enelos muré, qui, à !'image de la villa d'Anthée, abritait un grand nombre de bätiments d'exploitation.

Gräce à l'obligeance des propriétaires, la fouille du secteur menacé

de la villa romaine de Haccourt a pu être terminée avant Ie début des travaux de construction. La fouil!e est provisoirement suspendue, Ie reste du site n' étant pas menacé et priorité devant être accordée à

d'autres sites plus menacés. Nous espérons cependant pouvoir la

re-prendre dans un avenir rapproché, afin d'apporter aux résultats déjà acquis Ie complément indispensable à !'étude de cette villa en parti-culier et de !'habitat rural en général.

Terminons ce bref rapport provisoire en exprimant Ie Va!U, que la villa de Haccourt puisse marquer l'amorce d'un renouveau dans

!'étude archéologique de !'habitat rural gallo-romain, gui n'a été que

trop longtemps négligée en Belgique.

(15) Des fouilles, exécutées dans la grande salie centrale à !'occasion des

tra-vaux de restauration de la mosaïque, ont permis de préciser que cette villa fut

con-struitevers la fin du Il' ou Ie début du III' siècle et qu'elle fut précédée d'un batimcnt

plus petit: R. ScHINDLER, Restaurierung und Ausgrabungen anz römischen Mosaik von

Referenties

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