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H Pour une politique africaine européenne L L’Europe quand même

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(1)

FORUM F Alfred Grosser

L’Europe quand même

L

e 8 mai pour célébrer en commun ? Certes, tous les présidents allemands depuis 1949 ont dit que le désastre a aussi été une libération.

Mais toute la partie soviétisée de l’Europe a aussitôt perdu la liberté.

Le 9 mai sûrement. En 1950, ce fut le jour fondateur d’une grande aventure aujourd’hui encore inachevée. Jean Monnet en fut l’inspirateur. De Gaulle détestait Monnet et n’aimait pas Schuman.

Lors des obsèques de celui-ci, le 9 septembre 1963, Adenauer était absent parce que l’Élysée l’avait fortement dissuadé. Pourtant, le 10 septembre, lors du retour en France du Général, au lende- main de son voyage triomphal en Allemagne, le chancelier avait envoyé à Robert Schuman une lettre manuscrite dans laquelle il disait qu’il n’avait pas cessé, aux côtés du Général, de penser à lui, puisqu’il avait posé la pierre angu- laire de l’Europe communautaire et de l’amitié franco-allemande.

Monnet, lui, ne fut même pas invité au déjeuner officiel à la préfecture qui suivit la cérémo- nie. « Avec quelques amis, il se

replia au buffet de la gare. » (1) Depuis lors, l’Europe des Six s’est élargie à de multiples reprises et a progressé de façon chaotique, mais certaine, vers un système institutionnel transnational.

Pour comprendre l’évolution et pour mieux réfléchir sur le rôle possible de la France, il suffit de

lire deux excellents petits ouvra- ges qui viennent de paraître (2).

Il faudrait y ajouter un troisième, nettement plus pugnace dans sa façon de présenter et de critiquer les incertitudes de la politique de Nicolas Sarkozy (3).

Notre président se réfère en effet alternativement à Jean Monnet et aux attitudes sourcilleuses et fran- cocentriques du général de Gaulle.

La politique communautaire aura été incarnée jusqu’à son prochain

départ par Jean-Pierre Jouyet,

« secrétaire d’État auprès du mi- nistre des affaires étrangères et européennes, chargé des affaires européennes ». À Bruxelles, il a dû souvent expliquer, en les at- ténuant, les propos présidentiels puisés à une autre source. « L’inspi- rateur », comme de Gaulle appelait

Monnet, est en effet aujourd’hui Henri Guaino, conseiller spécial du président de la République.

Bien des idées et des formules présidentielles viennent du livre fort hostile à l’Europe commu- nautaire, L’Étrange Renoncement, que Guaino a publié en 1998. En fait, la pensée et l’action de Nicolas Sarkozy trouvent leur cohérence à partir d’une formule utilisée en 1964 par le premier ministre d’alors, Georges Pompidou :

« La France doit jouer le rôle de l’Europe. » Et non pas un rôle en Europe.

En ce moment, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel semblent avoir échangé leurs places dans le jeu européen. La chancelière veut préserver, face à la crise, la lati- tude d’action nationale, tandis que notre président veut des choix communautaires – tout en conti- nuant, notamment en matière d’endettement, à pratiquer une po- litique réprouvée par l’Union, mais à ses yeux bonne pour affronter les difficultés françaises. Président en exercice de cette Union, il décide souvent seul, pas toujours en situation d’urgence, en oubliant que la fonction présidentielle est de concilier, de chercher des compromis si possible acceptables par les 27 États. Il préfère décider, puis chercher l’acquiescement à sa décision. Sans avoir écouté au préalable. Ainsi, pour l’attitude à adopter face à la Russie, il ne veut pas entendre les nouveaux mem- bres de l’Europe élargie au nom de la liberté. Or, il faudrait tenir compte des craintes qu’on conti- nue à éprouver, face à l’ancienne

tyrannie, en Pologne, dans les pays Baltes, en Hongrie.

La présidence d’Angela Merkel a été discrète et efficace, marquée par la volonté de faire progresser l’unité. À partir du 1er janvier, le gouvernement tchèque se trou- vera constamment gêné, dans sa présidence, par le président de la République, sans grands pou- voirs institutionnels, mais doté d’un grand pouvoir de nuisance, par exemple en se proclamant, comme il vient de le faire, « dissi- dent de l’Europe ». Il reste peu de semaines à Nicolas Sarkozy pour recréer un esprit communautaire, collégial, en effaçant l’impression qu’il donne au-dehors, celle d’un homme avide de prestige per- sonnel.

(1) Robert Schuman, de François Roth, Fayard, 2008, p. 524/525.

(2) L’Union européenne dans le temps long, de Jean-Louis Quermonne, Presses de Sciences-Po, 230 p., 12 €, et La France dans la nouvelle Europe, de Christian Lequesne, ibid., 148 p., 12 €.

(3) Sarkozy à Bruxelles, Florence Autret, Seuil, 140 p., 15 €.

Face à la crise, Angela Merkel veut préserver la latitude d’action nationale,

tandis que Nicolas Sarkozy, président en exercice, veut des choix communautaires, tout en pratiquant une politique réprouvée par l’Union.

27

La Croix I

MERCREDI 26 NOVEMBRE 2008

I I Autrement dit I

OPINION F Didier Cannet, médecin, responsable de missions à Médecins du monde

Pour une politique africaine européenne

H

umanitaires, nous obser- vons dans de nombreux pays africains que l’état de santé des populations ne cesse de se dégrader depuis quinze ans. L’Afrique subsaha- rienne ploie sous le fardeau des maladies infectieuses et parasitai- res, principalement le paludisme, les diarrhées, la tuberculose et le sida. La crise alimentaire mondiale qui vient de se révéler ne fait que renforcer cette situation.

Nous voyons quatre raisons prin- cipales à cette baisse de l’état de santé en Afrique.

– Les guerres : dans la dernière décennie, 20 des 42 États subsa- hariens connurent des conflits.

Les taux de mortalité les plus éle- vés au monde sont dans ces pays en guerre. Ils ne sont pas le plus souvent la conséquence de mort violente, mais liés à la réduction de l’accès aux soins et à la santé.

– Le poids de la dette : dans les années 1980, le Fonds monétaire international impose des politiques d’ajustement structurel, afin d’aider les pays du Sud à rembourser leur dette. La logique de marché, issue du consensus de Washington, prédomine dans ce type d’aide au développement. Elle a aggravé les inégalités sociales et elle a contri- bué à réduire l’accès à la santé et à l’éducation.

– Les richesses des pays ne béné- ficient pas à toutes leurs popu- lations. Au Gabon, par exemple, riche par son pétrole, ses mines et sa forêt, le niveau des indicateurs de développement est bas. Il en est de même pour la Namibie, le Botswana, l’Angola, etc.

– La mondialisation de l’économie

semble inadaptée au dévelop- pement de l’Afrique. « Le système économique mondial est aveugle à toutes autres considérations que le profit », déclare le prix Nobel de la paix Muhammad Yunus. En 2006, il lance au Bangladesh le microcrédit, qui pourrait contribuer à l’éradi- cation de la pauvreté et à la lutte contre les inégalités en Afrique.

L’Union européenne est le plus important bailleur pour l’Afri- que. Mais cette aide nécessite de s’inscrire dans une politique

de développement globale et cohérente, en partenariat avec les gouvernements et les sociétés civiles des pays concernés. L’immi- gration ne doit en être qu’un volet Elle doit répondre en priorité aux besoins des populations et à leurs droits fondamentaux que sont la santé, l’eau, l’alimentation et l’éducation.

L’aide française au développement est prioritairement affectée à l’Afri- que. Elle a diminué de plus de la moitié en dix ans. Plus grave en-

core, la France trahit sa promesse d’augmenter progressivement le montant de l’aide publique au dé- veloppement en faveur des pays pauvres, qui chute de 0,47 % du PIB en 2006 à 0,39 % en 2007 (rapport Action for global health).

Nous sommes à une période char- nière, où la France tente de sortir de son pré carré et de se détacher des caricatures de la « Françafrique ».

Elle doit construire sa politique africaine sur de nouvelles bases et s’en donner les moyens.

Quant à l’Europe, chacun s’accorde à dire qu’elle n’a pas pour l’instant de politique à la hauteur de ses con- tributions financières.

La France a une responsabilité particulière envers l’Afrique, hé- ritée de son histoire et des valeurs universelles qu’elle a contribué à forger. Elle doit agir de façon con- jointe, au travers du plaidoyer et du financement à deux niveaux :

– Celui du bilatéralisme. Elle doit respecter ses engagements et ap- porter une aide au développement accrue (objectif d’atteindre 0,70 % du PIB d’ici à 2012), en particulier dans le domaine de la santé et de l’éducation, associée à un inves- tissement économique. Les États- Unis, la Chine, l’Inde et le Brésil ont compris l’intérêt à investir massivement en Afrique ;

– Celui du multilatéralisme, au travers des institutions et bailleurs internationaux et européens.

La France, pilier historique de la construction européenne, qui préside actuellement l’Union, doit saisir cette opportunité pour lancer cette politique africaine européenne, en vue d’une coo- pération rénovée. Les gouverne- ments et les organisations des sociétés civiles africaines avec qui nous travaillons, sont prêts à l’accueillir.

L’Europe n’a pas, pour l’instant,

de politique à hauteur de ses contributions financières.

Dans un centre de Médecins du monde à Kinshasa. L’aide apportée à l’Afrique doit répondre en priorité aux besoins des populations et à leurs droits fondamentaux en matière de santé, d’alimentation et d’éducation.

VINCENT BOISOT/RIVA PRESS

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