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ELECTIONS PRESIDENTIELLES 2006 - 2ème Tour

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ELECTIONS PRESIDENTIELLES 2006 - 2ème Tour

Professeur John Francis Mbala

NON A LA VIOLENCE ! « PLAIDOYER POUR UNE CAMPAGNE APAISEE »

Le 29 octobre 2006 les Congolais auront de nouveau rendez-vous avec l’histoire. En effet, se déroule à cette date sur l’étendue du territoire national les opérations de vote au cours desquelles nous sommes appelés à effectuer un choix, celui d’élire le Président de la République qui aura pour mission d’inaugurer la IIIème République et participer à l’ancrage des institutions. Nous devons cependant déplorer le climat délétère dans lequel s’est passée la campagne pour le premier tour : discours haineux, calomnie, démagogie….voire affrontements armés au lendemain des résultats. Je voudrai ici m’exprimer en toute impartialité en qualité d’intellectuel même s’il n’en demeure pas moins vrai que je suis citoyen et qu’il y a lieu de s’intéresser aux affaires de la cité ou la res publica. Cependant la présente contribution à l’éclairage des enjeux en République démocratique du Congo nécessite de dépasser les clivages afin de cimenter nos différences en rappelant les valeurs liées à l’instauration d’un ordre politique nouveau fondé sur la démocratie et le respect des droits de l’homme

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Et si les Congolais refusaient la démocratie1 ?

A travers cette interrogation, je ne souhaite pas polémiquer mais provoquer un sursaut, un sursaut républicain ! En effet, si les projets de société des formations politiques adhèrent tous à l’intérêt de promouvoir l’évolution vers un Etat de droit en revanche la base militante affichent des comportements, sinon tiennent des discours qui sont en porte à faux avec les valeurs démocratiques. En réalité, les Congolais veulent la démocratie, mais de quelle démocratie s’agit-il ? Avant de proposer des pistes, il y a lieu de déplorer un certain nombre de faits qui nous poussaient à nous interroger ainsi : Et si les Congolais refusaient la démocratie ?

Pour étayer mes arguments ci-dessus, je commencerai par déplorer un fait récent et surtout le silence assourdissant des intellectuels que nous sommes tant dans la diaspora qu’au pays.

Mais avant, je vous invite à méditer cette phrase célèbre de l’écrivain français Voltaire : « Même si je ne suis pas d’accord avec ce que tu dis, je me battrai pour que tu ais le droit de le dire ». Or, point n’est besoin de le rappeler, les médias semblent bâillonner ainsi que l’a encore rappelé récemment Reporters sans frontières. Quant aux hommes politiques, plutôt certains politiciens dirais-je, ils s’évertuent à s’injurier à travers médias interposés et l’avalanche des décisions interdisant d’émettre ou de participer, tantôt tel médias, tantôt tel autre, tantôt tel politicien, tantôt tel autre illustre la tâche rude à laquelle est confrontée la Haute Autorité des Médias, une institution d’appui à la transition vers la démocratie . Il existe un réel problème d’intolérance ainsi qu’en témoigne l’agression récente dont a été victime à Londres, M. She Okitundu , directeur de cabinet du chef de l’Etat alors en tournée de sensibilisation de la diaspora en Europe.

Condamnons fermement tout acte de violence : vive la liberté !

La liberté d’expression est un des attributs de la démocratie. Aucun être humain, quelle que soit son sexe, quelle que soient ses convictions politiques n’a à subir un déchaînement de violence ainsi que l’a été victime M. Léonard She Okitundu de la part des ennemis de la liberté. Pour rappeler brièvement les faits : Se rendant en délégation vers une chaîne télévisée (OVE TV) à Londres pour participer à une émission, il s’est vu roué de coup, frappé avec des

1 . Cette interrogation renvoie à une autre interrogation de l’ouvrage d’Axel Kabou intitulé : Et si l’Afrique refusait le développement, Paris, L’Harmattan 1991

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barres de fer, quasiment déshabillé par quelques Congolais ayant fait irruption à son arrivée à la station télévisée. S’il n’en demeure pas moins que sa visite dans les capitales européennes n’était pas partagé par tous, était-il nécessaire de recourir à la violence pour manifester l’opposition aux idées qu’il défend ? Alors que nous devons nous inspirer de la démocratie, des droits de l’homme véhiculée dans ces pays d’Europe – même s’il faut tenir compte des spécificités africaines – est-ce ainsi que nous allons prétendre instaurer la liberté d’expression en République démocratique du Congo ? C’est à juste titre que dénonçant ces actes ignobles, une journaliste belge, Colette Brackman titrera un article à propos aussi de cet incident malheureux dont à été victime M. She Okitundu : « La démocratie de la barre de fer2 ». Il ne s’agit nullement ici de défendre une idée, une idéologie, un camp contre l’autre mais de déplorer qu’aucun être humain n’a à subir de telles exactions. Une telle barbarie illustre plutôt une régression sociale voire des mentalités rigides et plutôt que de servir notre aspiration à la démocratie, cela apparaît contre-productif. Faut-il relever que par ces élections en République démocratique sont observés par le monde entier, tous les Congolais, toutes les Congolaises où que nous soyons ? Ces actes de quelques intolérants ne doit pas masquer le fait que les Congolais sont dignes et qu’ils ont pour la plupart condamner ce genre d’agissement. Il s’agit à travers ce plaidoyer pour une campagne apaisée de rompre ce silence assourdissant. Que quelques uns s’indigent dans les salons ou en « comité restreint », c’est louable mais nous devons dire N-O-N à la violence et cela haut et fort. Si d’aventure, un membre de l’UDPS3, sinon du MLC4 ou d’une autre formation politique, mieux si un Congolais devait être molesté parce qu’il a voulu émettre ses opinions, je prendrai à nouveau mon stylo et/ou mon ordinateur pour écrire et dénoncer car aucun être humain n’a à subir une telle atteinte à la liberté d’expression. Si nous pouvons réellement intégrer cette pensée de Voltaire alors la campagne actuelle et l’annonce des résultats seront accueillies dans une relative accalmie : « Même si je ne suis pas d’accord avec ce que tu dis, je me battrai pour que tu ais le droit de le dire ». L’esprit de tolérance doit nous permettre de montrer que désormais nous voulons rompre avec les guerres chroniques, l’impunité en acceptant la contradiction.

2 Consulter le lien suivant : http://blog.lesoir.be/colette-braeckman/?p=143

3 UDPS >Union pour la Démocratie et le progrès Social, leader Etienne Tshisekedi

4 MLC > Mouvement de Libération du Congo, leader Jean Pierre Bemba, actuel Vice-Président de la République

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Une campagne électorale est l’occasion de confronter les projets de société à travers les médias, de convaincre ses concitoyens. Ceux-ci devraient exprimer librement leur suffrages.

Or des inquiétudes pointent à l’horizon eu égard à la fragilité des opérations de vote lors du premier tour. Fort des leçons du premier tour, chaque composante politique en l’occurrence l’AMP5 d’une part et le RENACO6 d’autre part soutenant respectivement Joseph Kabila et Jean-Pierre Bemba doivent veiller au grain. Il s’agit de placer dans chaque bureau de vote des témoins formés, de vrais militants susceptible de résister à la corruption. Au niveau des centre de compilation, il doit en être de même. La présence des observateurs internationaux à travers l’Union européenne sinon la Monuc7 ou les ONG spécialisés en la matière ne vient qu’épauler une structure lourde tant la superficie de notre pays suppose que chaque Congolais tant dans le système mis en place par la CEI8 que ceux allant voter prenne conscience de ce moment historique. Si des inquiétudes ne sont pas à minimiser quant au lendemain de l’annonce des résultats du 2ème tour de l’élection présidentielle : éventualité d’un affrontement entre la population civile, entre les unités militaires non brassés, il faut immédiatement relever que cela dépend en partie de la transparence du processus électoral à ce stade mais aussi et surtout des « pompiers-pyromanes » que sont certains politiciens à travers leurs discours.

La Haute autorité des Médias a le devoir de demeurer impartiale et de sanctionner sans ménagement toute entorse à la loi dès lors que dans cette mosaïque de peuplement que possède notre pays, il ne doit pas y avoir de place pour les discours d’exclusion, de ségrégation mais encore les propos xénophobes. Je suis persuadé que nous Congolais sommes capables de gymnastique intellectuelle et que nous pouvons croiser le fer par le verbe car recourir à l’épée ou la violence immédiatement dénote d’une fuite en avant. La hauteur des débats peut être illustrée par le respect des autres et de soi même, par un état d’esprit de tolérance car les autres ont le droit d’avoir un avis contraire et l’exprimer.

5 . AMP > Alliance pour la Majorité présidentielle soutenant l’actuel Président Joseph Kabila

6 Rassemblement des Nationalistes Congolais soutenant l’actuel Vice-Président Jean-Pierre Bemba

7 Mission des Nations Unies au Congo

8 Commission Electorale Indépendante

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Vers la e-démocratie et/ou le vote électronique

Pour être pragmatique, je pense que les acteurs politiques sous la IIIème République devront intégrer les nouvelles méthodes de gestion des processus électoraux, à savoir l’acquisition et la modernisation des outils susceptibles de refléter davantage de transparence. Qu’à cela ne tienne, l’on objecterai à la présente réflexion l’argument selon lequel soit il y a d’autres priorités, soit, il faudrait déjà y consacrer un budget voire former les fonctionnaires. Or, devons nous rappeler ici que notre pays est un scandale géologique et qu’en réalité notre problème réside dans le décalage qui existe entre la bonne gouvernance souhaitée et l’égoïsme de nos compatriotes. Il convient ici d’être avant-gardiste et anticiper sur les prochains scrutins de 2011. Le vote électronique est une notion qu’il convient ici d’expliquer sans verser dans un développement théorique dès lors qu’il ne s’agit point d’un cours de science politique mais d’une adresse au grand public.

Dans certains pays européens comme en Suède où ils sont très avancés sinon en France où le vote électronique est au stade expérimental, il s’agit essentiellement de lutter contre les taux d’abstention, leur bête noire. Pour nous Africains en général et Congolais en particulier, notre bête noire reste la fraude électorale. Dans un premier temps, les premiers gouvernements de la IIIème République devront s’atteler à la tâche qui consiste à effectuer un véritable recensement et ce avec des agents formés dotés de moyens adéquats. En effet, les opérations d’enrôlement et d’identification récente par la CEI ne sont pas en réalité des opérations de recensement dès lors qu’une frange non négligeable ne s’est pas enrôlée telle que certains membres de l’UDPS. Lors de l’enrôlement et l’identification, il s’agissait d’un déplacement de la population vers les centres tandis que le recensement consistera pour les agents et fonctionnaires de l’Etat de se déplacer vers chaque résidence principale des citoyens et recueillir un certain nombre données qui peuvent être informatisés et constituer donc des fichiers. Ces fichiers serviront lors des opérations de vote mais aussi elles peuvent être utiles aux démographes pour établir les taux de naissances, de mortalité, aux économistes etc.

Pour revenir au vote électronique, lors des scrutins électoraux une personne ne peut voter deux fois, si tel était le cas aussitôt l’appareil de vote détecterai la fraude. Mais dans la mesure où une personne peut voter à la place d’un autre s’étant munie préalablement de sa carte d’électeur, des études scientifiques expérimentent dans certains pays l’éventualité de l’introduction dans les cartes d’électeurs des données biométriques c’est à dire l’insertion

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dans une puce électronique d’une donnée physiologique ( rétine de l’œil, empreintes digitales…). Ces projets soulèvent cependant des inquiétudes eu égard à la donne éthique et le respect des libertés publiques. Bien souvent en Afrique sinon dans nombre de pays d’Amérique latine par exemple, les résultats des élections font l’objet de contestation entraînant des alternances politiques dans la violence : guerre, putsh militaire, incivilités en somme désordre en tout genre. En République démocratique du Congo, la période actuelle est des plus sensible non pas seulement en raison de l’éventualité de l’escalade de la violence latente mais aussi en raison de la date du 29 octobre et des opérations qui s’ensuivront durant quelques semaines : dépouillement, compilation, centralisation etc. Dans l’intervalle qui nous sépare de la date du 29 octobre, les acteurs politiques, les membres de la société civile mais chaque citoyen, fille, garçon, père, mère en somme chaque Congolais doit militer pour une campagne électorale apaisée et mieux à accueillir dans la sérénité le verdict des urnes. Notre pays ne connaîtra pas des élections parfaites tant nous sommes une jeune démocratie ou du moins nous évoluons vers un apprentissage qui doit se démarquer d’un certain mimétisme institutionnel hérité des pays européens. Dans cet exercice, ô combien difficile je vous exhorte à plaider avec moi, ensemble, pour une campagne électorale apaisée dans laquelle les débats contradictoires où qu’ils se tiennent, dans la diaspora ou dans le territoire national ne nous fassent pas oublier que nous sommes un peuple et pour maintenir la cohésion sociale ou l’unité dans la diversité nous devons appliquer la tolérance et avoir en mémoire cette phrase de l’écrivain français Voltaire : « Même si je ne suis pas d’accord avec ce que tu dis, je me battrai pour que tu ais le droit de le dire ». De la liberté d’expression, il a s’agit ici. J’ai dit !

John Francis Mbala

Professeur de Science politique , Politologue Université Protestante au Congo-Kinshasa

Chercheur CURAPP-CNRS

Université de Picardie Jules verne ( France)

Président de l’Association Loi 1901 Amitié France Congo-Kinshasa

Toute réaction utile peut lui parvenir à l’adresse électronique suivante : johnfrancismbala@hotmail.com

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