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«Libre à l’égard de tous, je me suis fait tout à tous»

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«Libre à l’égard de tous, je me suis fait tout à tous» (1Co 9,19) Message aux consacrés de la R.D. Congo

Chers frères consacrés,

Au terme de notre réunion annuelle tenue au Centre Nganda à Kinshasa, du 1er au 3 juin 2007, nous, membres du Comité directeur de l’Assemblée des supérieurs majeurs en RDC (ASUMA), vous adressons ce message, fruit de notre réflexion et de notre partage sur la situation sociopolitique actuelle de notre pays.

Entre l’impatience et la déception

1. Plus de six mois après les élections organisées dans notre pays, il ressort que les attentes du peuple tardent à être satisfaites. Petit à petit, l’impatience est en train de céder à la déception. Nous avons la nette impression que les promesses faites durant la campagne électorale par les gouvernants actuels sont de moins en moins prises en compte. Dans l’Est du pays, l’escalade des violences rencontre un silence qui frise l’indifférence de la part de ceux qui sont censés assurer la sécurité des populations.

2. C’est dans ce contexte que nous exprimons notre compassion envers les consacrés qui font montre d’un zèle missionnaire remarquable, annonçant l’Evangile à temps et à contretemps, dans des aires géographiques de la RDC où la sécurité n’est toujours pas garantie. Nous déplorons, entre autres, l’agression subie par les Missionnaires Xavériens d’Uvira au mois de mai de l’année en cours, sans oublier le pillage dont ont été victimes les Sœurs de la Charité au cours des violences survenues à Kinshasa du 22 au 23 mars 2007. Dans tous les cas, nous protestons sans complaisance contre pareils actes de vandalisme inadmissibles dans un Etat qui se veut démocratique. Nous en appelons aux autorités compétentes! Qu’elles fassent diligence pour que plus jamais les personnes consacrées, qui n’ont que l’Evangile comme arme, ne soient soumises à des traitements indignes et traumatisants.

Apôtres de la non-violence

3. C’est dans ce contexte, difficile et complexe, que nous, consacrés, nous sommes appelés aujourd’hui à vivre et à exercer notre mission prophétique, agissant de manière à la fois prudente et courageuse, conformément à la recommandation du Seigneur: «Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups; montrez-vous donc prudents comme les serpents et candides comme les colombes» (Mt 10,16).

4. Véritable école de la sainteté, la Vie consacrée est destinée à évoluer à contre-courant des antivaleurs et déviations de toutes sortes en vigueur dans la société. Ainsi, face à la violence et aux atrocités perpétrées dans notre pays, les consacrés annonceront et vivront la valeur de la non-violence.

5. Il n’est point de doute qu’une société où sévit la violence ne peut se reconstruire. C’est pourquoi, à la suite des évêques de notre pays, nous privilégierons la non-violence (cf.

CENCO, Pourquoi avoir peur, n° 23, 2005 ; Levons-nous et bâtissons, n° 22, 2006) comme remède contre les différentes formes de violence enregistrées dans la société congolaise: violence verbale, psychologique, économique, physique, etc. Puisque la non-violence n’est pas synonyme de résignation ni de lâcheté, recourons à la non-

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violence active, celle qui permet à l’homme de revendiquer ses droits avec dignité et fermeté mais pacifiquement.

Appelés à la liberté des enfants de Dieu

6. «La où est l’esprit du Seigneur, là est la liberté» (2Co 3,17). Le moment que traverse notre pays exige, de la part des consacrés, une attitude empreinte de liberté. Plus que jamais, nous devons cultiver cette liberté chrétienne capable de nous affranchir du péché et de toutes les puissances hostiles à notre épanouissement humain et spirituel.

Sans la liberté, l’on court le risque de sombrer dans l’esclavage de la richesse matérielle, du pouvoir, de la concupiscence, etc.

7. Il est donc dommage que certains consacrés aient renoncé à la liberté des enfants de Dieu pour sacrifier à l’autel du pouvoir, se comportant littéralement en disciples des leaders politiques. Par patriotisme et par devoir civique, les religieux congolais ont voté, chacun, pour l’un ou l’autre candidat. Cependant, nous ne pouvons en aucun cas devenir des adeptes de ceux pour qui nous avons voté. Nous sommes disciples de Jésus seul. Les candidats à qui nous avons prêté nos voix respectives ne sont pas des idoles à adorer.

8. Malheureusement, dans certains cas, dans le discours et dans l’agir, certains consacrés affichent clairement leur appartenance à une famille politique donnée, au grand dam de la liberté inhérente à notre consécration religieuse. Notre langage reflète-t-il cette liberté qu’on attend de tout consacré? Nos propos et nos points de vue ne nous rangent-ils pas dans l’une ou l’autre famille politique?

Lucides et objectifs comme les prophètes

9. L’excès de sympathie pour un leader ou une famille politique ne peut que nous priver d’objectivité et de lucidité dans l’analyse de la situation sociopolitique de notre pays.

Or le consacré, à l’instar des prophètes, doit être en mesure de procéder à une critique objective sur la manière dont la “res publica” est gérée, en vue de relever, d’une part, ce qui est négatif, ce qui est à dénoncer et à bannir; et d’autre part, ce qui est positif, ce sur quoi l’on peut construire. Plus nous sommes libres, plus nous serons objectifs dans l’analyse; et plus nous sommes objectifs, plus nous comprendrons clairement notre mission spécifique dans le contexte actuel de notre pays.

10. Chers frères consacrés, nous vous exhortons donc à marcher devant le peuple de Dieu pour l’éclairer par la parole et par l’exemple, et non derrière les leaders politiques! Unissons-nous dans la prière afin que le Seigneur fasse de nous, par l’intercession de la Vierge Marie et de la Bienheureuse Anuarite, des témoins courageux des valeurs évangéliques dans la société congolaise.

Pour le Comité directeur de l’ASUMA : Roger WAWA, ssp Président national Romain Ntumba, sp Vice-président national

Donat Bafwidinsoni, sj Président de l’ASUMA Kinshasa Benno Baumeister, mafr Président de l’ASUMA Bukavu Charles Mahuza, sds Président de l’ASUMA Katanga Oscar Nkolo, cicm Président de l’ASUMA Kananga

Toussaint Iluku, msc Vice-président de l’ASUMA Mbandaka-Bikoro Pierre Lévesque, rsv Pour l’ASUMA Kisangani

Fait à Kinshasa, le 3 juin 2007

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