R.0.0 -H ,E.C.l.C,
Réseau d'Organisations
&s DroiE
Humains et d'Education Civiqued'lnspiration
Chrétienne en République Démocratique du CongoRAPPORT PARTIEL I}E MOI\IITORING
SURLA MÀNIFEST?IiTION PUBLIQUE DU
21JANWER
2018DANS LAYILLE DE KINSHASA
ORGANTSEE PAR
LE CLC
1.
ContexteÀ h date du
2"1janvier 2018, le CLC (Comité Lar:c de Coordination),
une organisatioades intellætiieis
cathaliques congalais,a
appeléles
ehrétieasà
une seconde marche pacifique pour réclamerla
mise en CI*uvre effective et intégrale de l'accord de Ta St§ylves*e.
À l'instar
de la première manifestation du 31 décembre ?017,celle de ce 21 janvier, a malheureuseiaentct,lil?ii des vlelations massir,rs des #aits
humainsimputees
à certains éléments deIa poliee et
desFARDC
déployéspar
les autorités dela ville ptur
emrpêcher les chrétiens à exercer tei:r EiberâÉ de manifestatian pæntarit censacréepar la
constitution-En
témoigne,d'une part ,
les rapports de 1aMONUSCO et
dedifferentes
orgariisationsd€
défeftsedes droits d§ I'hornme, d'a:.rfe Wrt,
lesinformations récoltées sur terrain par les observateurs du
RODHECIC qui
déplorent des eas de déeès, des eaeps et bless*res, é'extcrsions, d'interyeÏÏati*nsa*ih'aires...
Sans
négliger les
données statistiquesdu
décornpte macahrey relatif,
largement publiees dans les æpports preeitesci-hauf le
pres*ntrapffi a la particularité
de s'appesantir surle
déploiement du dispositifpolicier
etmilitaire,
le mode opératoiredes forces de I' erdre, Ie c*mparteriie*t des manifestaris ei
Tes vialatisnsspecifiques des
droits
del'homme"
Outre cela,il fonnule
des recofitmand.ations àI'eadr<rit du
goaveanemeatainsi qr.i€ des autrrites
p*titico--administratives et polieières de Iaville,
d'autant plusqu'ils
se trouvent être les principaux responsables de Ia gesti*n des mærifesÊatici*s publiques.Adrctse Sscrétrid dir ROüII§CC Atcntle ErÉa a"272, Conxn$ne de Lingrvala Kirshasr/RfuÉliqtr l]*nocratique du Congo
Té1" :+243 9qt7428 13 h243 99CAû5272 E-mail : serrétarid.rodheric@gmail.corn
www-rodhecic.com
N']MPCIT rNSS 010:0117JT1
2. Btr
dépl*ÊemenÉ du disp*siÉif pcEieier cÉ militæÊre&S"**'*-*q
.#'f* h
Poticiers dépluyês desârit Iâmaison commrmale de Lingwala
Le.
2i janvier,
nos abservateurs étaient surteirâin, et cnt
relevé une présence plusimportante dcs policiers aux alentows des
paroissescatholiques et dans
lespriacipar:x axes reutiers de
la
eapztzle par rapport à la manifestation du 31 décembrequi
avaient connu un déploiement plus soutenu des soldats etmilitaires
(Bana Mura,PM.."). Faur }es assister, le *épt*iement des
agentsde
rer:seignexrents locaux cornmunément appelés << Bureau 2» était
également perceptibleet
presque aussi important ql:e le 31 decembre. Parailleirrs, plusieus
de aosobservateurs
ont noté la présence suspecte des voitures Toyota IST (Ketch) à vitres teintéesqui
circulaient sans être inquiétées à eôté des véhiculespliciers
etmilitaires. Il s'agirait
selûn nos sources des agentsde
reirseignementqui
suppléaisrità la
tâchede
répression des manifestants-Une vidéo
youtube d'une
scène se déroulant dans les rues de Kinshasa, tournée lejour, de la manifrstaticn mcnft'e I
«gr*§
bras»
eTItenue civile avec
arnes automatiques à la main traquant les manifestants dans les rues et tirant plusieurs cCIupde feu. trtaienÈils des policiers, des
militaires,
des 4gents de renseignernents ou des mercenaires ?Tout
comptefait, la
présence desmilitaires
dansua lisu de manifestation
ne sejasti{ie
pas dnaapoint
devut
Égal, à moinsd!être
en étatd'exceptioa lfualement
proclamé.3. Du
comporterrrcrrt des nranifestantsNos
observateursont tous relevé Ie
caractèrepacifique des
manifestants qui artrcraient chapelets,cr*ciËx *u
autre= *bjets religieux face ai:x ferces del'cr*re.
Dela sortie des
paroissesà Ia dispersion des
manifestantsà coups de
bombeslacrymogènes, les rnanifesTants
*nt
dans leur ensemble adopté une attitude pacifiqae entonnant des hymnes et chantsreligieux
et parfois s'agencuillant dans une attitude de prière (*rains }evées et yeuxfera:ées)
faee auxtirs
des*mntat*ns
des age*ts del'ordre-
Quelques rares cas d'affrontements sont paraillews
à signaler entre policierset jeunes de quartiers Êûn liés à la marche. Ces jeunes
justifiaient
leur riposte àcoup de pierre par l'attitude
provocantedes policiers qui s'introduisaient
sansjustificatian
dans }esd*miciles
despartic*Iiers psür ravir
ées bierm des paisibles citoyens.Da
modeepérateire
des fer*es delrerdre
4-
Paroissiens Notre Dame de Lingwala
Do*ills de bombe Iacsynogàte retrouvér à la pæoisss St JoseSr de Maûonge
Les
conventions internationalesratifiées par la RDC en
matièrede
manifestationpublique
interdisent l'usage excessif dela force
dansla
sécurisation de l'espace public lors des manifestations.Fort
malheureusement,l'attitude
des forcesde l'ordre face aux
manifestants était caractérisée dans l'ensemblepar l'excès et l'abus,
autant dansla dispersion
quedans
f
interpellation. Plusieurs manifestants ont été poursuivis dans les rues et parfois jusque dans des résidences privées, avec dans certains cas des arrestations brutales des personnes âgées (dansla
commune deKalamu),
des extorsions d'argentou
de téléphones, des déshabillages forcés, des molestations d'enfants (dans la commune deBarumbu)
etdes
attouchements sexuels.L'essentiel de témoignages des personnes interpellées font écho des
volssystématiques de téléphones portables et autres sommes d'argent. Ce comportement peut s'expliquer par l'absence de ration pour
la
majorité despoliciers
lors de telles manifestations.En.outre, plusieurs
témoignagesfont étü de l'usage de bombes
lacrymogènes périmées.Pour preuve,
desdouilles indiquant la date d'expiration (voir f
imaged'illustration) ont
été ramasséesà plusieurs
endroits aprèsla
manifestation. Nos observateurs ontrecueilli
les confidences de 2 infvmières d'une maternité attenante àla
paroisse Saint Sacrément deDelvaux qui ont affirmé
que8 douilles
de bombes lacrymogènesont été
récupéréesdans l'enceinte de la maternité dont deux
à proximité des chambres des bébés. La majorité de ces nouveau-nés ont été intoxiqués (troubles respiratoires, éruptions cutanées) et les conséquences à long terme sur leursanté
ne peuvent être estimées à ce jour.La
forte exposition à des gaz périmés peut avoir des effetscancérigènes
selonun
spécialiste de la santé, membre d.e l'équipe des observateurs du RODFIECIC.5.
Conséquences5.1.
Sur leplan
économiqueLes pertes économiques liées à ces événements sont estimées à plusieurs
millions
de dollars selon Eric Tshikuma et A1 Kitenge, deux économistes congolais interrogés parRFIr. Les 4
grands fournisseursde
téléphoniemobile ainsi que les milliers
de revendeurs des unités ont subi de plein fouet les conséquences de la coupure du net.t http:/iwww.rflr.frlafrique l2}l8}124-rdc-lourdes-consequences-economiques-apres-coupure-internet
5.2.
Sur leplan
socialLes
coupuresd'internet et
des SMS, les barrages et postes de contrôle installés laveille
dela
manifestation avec leurslots
d'abus (extorsions, arrestations arbitraires, rançonspar
despoliciers) ainsi
queles
embouteillagesqu'ils ont
occasionnés ontnourri les griefs et
reprochesde la population à l'égard des
gouvernants. La disproportion des mesures sécuritaireslors de ce type
d'évènementscontribue
àentretenir
la
méfiance entre gouvernants et gouvernés congolaiset
fragilisele
pacte socialdéjà affaibli
par les précédentes crises politiques et sécuritaires.6. Violations
spécifiques desdroits
del'
hommeLes violations des droits humains que nous avons répertoriées durant
notremonitoring
sont de nature diverse, cependant, celles relevées ci-dessousont
retenu notre attention à cause de leur banalisation autant dans le chef des autorités que de la population.6.1.
Déshabillage devant caméra des manifestantsinterpellés
Durant la manifestation
du Zljanvier,
une centaine de manifestants de la paroisse St Christophe dansla
commune de Ngaliemafuyant la fatalité
despoliciers
se sont réfugiés dans une parcelle en chantier appartenant à KabangeNumbi, ministre
des affaires foncières. Appelé par ses gardiensqui
avaientpris
soin de bloquer toutes les issueset
ainsi piéger les manifestants,le ministre a
aussitôt alerté plusieurs de sescollègues de la majorité présidentielle et les chaînes de télé pour prendre en image ses
présumés
«
assaillants >> . En présenced'Aubin Minaku
(président del'
Assembléenationale),
Kokonyangi (ministre
de1'
habitat), ThéodoreMugalu
(intendant de la présidence), le ministre Kabange a ouvertement accusé les centaines de mànifestantsd'
être venu1'
assassiner. Plus grave,il
les a fait déshabiller par les policiers devantles
caméras des chainestelé (le prêtre y compris), avant de les faire
acheminer entadsés comme du bétail dans les camions de la police vers une destination inconnue.Cette interpellation humiliante des manifestants catholiques violent
plusieursdispositions
de la constitution et
des pactes internationauxratifiés par la
RDC.Principalement
les dispositions
consacrantla protection de la dignité humaine
;proscrivant les violations liées aux mæurs et interdisant les
traitements cruels, inhumains et dégradants.Ces agissements
violent les articles ler, 5,9,
11 dela
Déclaration universelle desdroits de
l' homme;
les articles7 et
10 du pacte international desdroits civils
etpolitiques;1' article 7 (f) du
statutde
Romeet les articles 11,
16et 61 de
la constitution de la RDC.6.2. Gazase des
lieux
de culte et maternitésEn plus
de1' utilisation
des armesà
balles réelleslors
des manifestationsdu
31décembre 201,7 et
2l janvier
2018 à Kinshasa, plusieurs témoignages recueillis ontfait
état des attaquesaux
bombes lacrymogènesvisant
directementles
paroisses.Ainsi
les paroisses StMichel
à Bandal, Saint Dominique à Limete et Saint Léopold àNgaliema ont été
1escibles privilégiés de ces assauts de la police
nationale congolaise.Les mêmes attaques aux bombes lacrymogènes ont également eu
lieu
à la maternité Saint Sacrement de la commune de Ngaliema.L'article
8 (b) alinéaix
du Statut de Rome considère comme crime de guerre « lefait
de diriger intentionnellement des attaques contre des bâtiments consacrés à la religion,
à
l'enseignement,à L'art, à la
scienceou à l'action caritative, des
monuments historiques, des hôpitaux... ». 6.2.
Usage des gaz lacrymogènes périmésA f issue de Ia manifestation du 2l janvier, plusieurs douilles des
bombeslacrymogènes périmées, tirées par les policiers ont été ramassées, notamment dans la paroisse Saint Joseph de Kalamu.
L'article
7(k)
du Statut de Romeidentifie
comme crime contrel'humanité
les actes inhumains causant intentionnellement des grandes soufflrancesou
des atteintes graves àf
intégrité physiqueou
àla
santé physique ou mentale. En outre,l'article 7 du
Pacteintemational
des droitscivils
et politiques proscrit Ia soumission à des traitements inhumains ou à des expériences médicales ou scientifiquesnon
consentis.Ces
dispositions internationalessont
complétées parl'article
16 de notre constitution.,
6.3. Limitation
d'accès dans leslieux
de culteLors
des deux manifestations, des dizaines de paroisses(St
Joseph deKalamu,
StAntoine
de Padoue deBumbu, St
Thérèse deNdjili...) ont été
encercléspar
les éléments de la police avant le début des messes.Ils empêchaient
ou conditionnaient systématiquement1'
accès aux paroisses à la présentationd'
une carted'
électeur,violant
de cefait 1' article
179 du code pénal congolaisqui
consacrela
liberté des cultes et leur libre exercice public.6.4. Violation
des domiciles privésDes dizaines de témoignages lors de ces
manifestations
ontfait
état des violationsdes domiciles privés par des policiers ou des
individus
en tenuecivile
agissant sansmandat. Les articles 29 de la constitution et 69 du code pénal
congolais
proscrivent la violation des domiciles des particuliers.7.
Recommandations :Eu égard à tout ce qui précède, le RODFIECIC recommande ce qui suit:
Au
gouvernementnational
et auxautorités politico-administratives
de laville
de KinshasaF De
s'atteler àla
mise en æuvre effective del'article
45, alinéa5,6 et7
de1,aconstitution qui dispose ce qui suit :
«
Les pouvoirs publics ont le devoir de promouvoir et d'assurer,
par 1'enseignement, 1'éducationet la diffusion, le
respect desdroits
de 1'homme, des libertés fondamentales et des devoirs du citoyen énoncés dans la présente constitution.Les pouvoirs
publics ont le devoir
depromouvoir
et d'assurerla diffusion
et l'enseignement dela
constitution, dela
Déclaration universelle desdroits
de.
l'homme, de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples, ainsi que de toutes les conventions régionaleset
internationales relatives aux droits del'homme et au droit international humanitaire dument ratifiées.
L'Etat
al'obligation
d'intégrer les droits de la personne humaine dans tous les programmesde formation
des forces armées, dela police et
des services de sécurité. >> ') De
se soumettre aunom du
respect del'Etat
dedroit,
austrict
respect de la constitutionqui
consacrela
liberté des réunions pacifiques et de manifestation en ses articles 25et26;
) D'utiliser les effectifs
impressionnants despoliciers qu'ils
déploientsur
les'
lieux des manifestations publiques à l'encadrement de celles-ci plutôt qu'à leur répression sans mesure ;)
D'arrêter de diriger le pays selon les méthodes d'un Etat policier, qui consistent àvioler
impunémentles lois ainsi
que lesdroits
fondamentaux des citoyens consacrés parla
constitution et les textes internationaux, notamment ledroit
àla
vie, le droit
àf information
et àla
communication,la
liberté de circulation, le droit à la manifestation... ;) De
ne pas déployerles
éléments del'armée
surles lieux
des manifestationspubliques, cü leur
présencelaisse
présagerune répression aveugle
des manifestants.A
la policeF De s'interdire
l'usage disproportionné dela
force face à des manifestants qui ne constituent pas un dangerpublic
;F De ne recourir à l'armée que si et
seulementsi elle est
débordée dansl'encadrement
des
manifestantsou la
répressionde ces
derniers lorsqu'ils troublent 1'ordre public;)
De s'abstenir des modes opératoires qui frisent la barbarie (arrestations brutales, extorsions,tirs à
balles réelles,jet
des bombes lacrymogènes àtout bout
dechamp...) ;
) De s'abstenir de faire
usagede
bombes lacrymogènes périméeslors
desmanifestations.
Fait à
Kinshasa,l?,§l
février 2018Paur