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(1)

Arthur

Le Congo

(2)

THE LIBRARY OF

THE UNIVERSITY OF CALIFORNIA

LOS ANGELES

(3)

SOCIETE DE GEOGRAPHIE DE LISBONNE

LE CONGO

COMMUNICATION A LA SOCIETE

PAR

G. ARTHUR

(Maros

Ujvdr, Trahsylvanie)

MEilRIiECOItnESrOSDENT

LISBONNE

TYPOGRAPHIA DE ADOLPHO, MOPESTO &

C.

Fornecctlorcs

da,

Soeiccltttle

clo 25a 43, RnaNov.ido Lowreiro, 25 a43

1886

(4)
(5)

>T

A78c

LE CONGO

Laprosporited'uncnation depend de1'agriculturc.')

Le

droit

que

je prends en parlant

du Congo

est double: d'abord,

celui dont tout individu jouit, d'etudier, d'examiner et

de

controler

nn

fait,

un

arcte,

un

progres

da domaine

publique; en second lieu, celui

que me

conferent et

ma

longue experience des voyages, et les idees que, par

une

froide analyse pratique des pays soumis a

mon

observa- tion, j'ai acquises sur les trois grands

mots du

jour: Philantropie, Ci- vilisation et Emigration.

Peut-etre, ai-je, sous ce rapport

un

droit plus serieux d'ecrire ces lignes

que

n'importe qui, car,j'ai parcouru le

monde, non

en touriste

anglais, dont les heures, les jours, le sommeil. les repas, les abris,le confort ont ete stipules d'avance

pour un

exploiteur

de

la curiosite publique, tel

que Cook

et

C.; non comme un humble

serviteur, sala- rie par un puissant et richissime philantrope;

non comme un

nabab,

tel

que

1'Angleterre en

promene

des specimens

aux

quatre coins car-

dinaux du

globe, etonnant les curieux natifs des pays etrangers par leur dedain

pour

1'or; j'ai voyage, mais en

homme

libre

dans

ses idees, libre dans ses opinions et de ces entraves sociales

que Ton

ap- pelle fashion life ; pendant

mes

voyages, j'ai eu la

bonne

chance d'aborder toules les.classes de la societe, sans lettres d'introduction, j'avais

comme

telles et

ma

parfaite honnetete,

un pen

d'argcnt et sur- tout

ma

franchise; venant aujourd'hui au

terme

de

mon voyage

autour

du monde,

je suis frappe d'un fait: c'est que, plusje lis des relations de voyages, plus je vois

que

le but pratique d'un pareil livre est ne- glige-

Que

decrit-on, en effet, de ces

voyages? Ce

qui a phi a rail,

un

paysage,

une

arcliitecture,

une

foret, line riviere,

une

ville, la cour

1189310

(6)

4

d'un

pacha,

ou

d'nn roilelet,

une

tenue militaire,

ou

civile;

un

cita- din, tin paysan, ou

meme un

mendiant, raais des

moyens

vitaux d'un peuple,

de

la source de sa prosperite, de 1'avantage de ses relations avec le vieux continent,

pen

de mention n'est faite, et

Feuropeen

qui desire s'inslruire sous ce rapport est renvoye au style dur, sec, aride d'un

Rapport

Consulaire.

Pour

ce qui concerne notre sujet, le Congo, les perspectives sont brillantes, mais le public ne possede pas encore ce Rapport,

parceque

I'JStat libre tropical est de trop fraiche date, el par une

mafheureuse

malchance, il n'a fait

qu

r

absorber, sans rendre de quoi faire

une

ana- lyse quantitative de son pouvoir remuneraleur.

Ah! Si

nous

n'ecoutions

que

ce

que Ton nous

chante sur toutesles

gammes,

si

nous

acceptions, sans reflexions, 1'enthousiasme qui

anime

la

plume

d'un ecrivain congolais, certes

nous

dirions adieu a notre

vieille Europe,

pour

porter nos penales vers ce nouvel Eden, vers ce pays de prodiges, cet

Olympe

au soleil de feu ; nous irions

admirer

ces vastes paysages

aux

teints verts

sombres

; nous irions

nous

ra-

fraichir dans les ruisselets

aux

ondes cristallines;

nous

irions nous aventurer sur les plaines liquides

du

fleuve,nous

charmer

par le

mur- mure

sauvage de ses cascades; faire le coup de feu sur

Fhypopotame, ou

le crocodile ;

apprendre

a palabrer avec

une horde

sauvage, a fu-

mer

le calumet de la paix a 1'ombre d'un brillant palmier; jouir de la

sublime emotion de voir, par notre generosite,

une

nudite africaine passer aux

modes

et fashions de colonnades de Manchester;

nous

irions ,

mais

enfm, lisez Fhisloire

du

nouvel

empire du Congo,

et vous vous ferez

une

idee de ce qu'un

europeen

pent attendre au Congo: vous partirez le coaur ravi par les

promesses

d'avenir, le cer- veau bourre de projets,

Fame

en extase devanl les chateaux en Espa- gne, el aussitol

que

vous aurez quilte le plancher

du

steamer,

pour

metlre le pied sur oetle terre de Canaan, vous serez saisi d'une sin- guliere stupefaction, d'un trouble mental

comme

si vous somTriez sous I'iinpression d'un affreux cauchemar, et

pour peu que

vous soyiez ti- mide, vous serez pris d'une indisible frayeur

comme

si, par

un mon- vemement mal

calcule, vous vous trouviez loul-a-coup sur le bord d'un

immense

precipice.

Mais allez plus loin:

commencez

a

demander

a cette lerre vierge votre pain

du

jour, entamez, par la pioche, ce sol repute si prodi- gieux, et a Fesperence succedera le degout,

Fepuisement

el surtout

le regret d'avoir quilte la genereuse vieille Europe,

pour un

pays tire

du

somrneil des siecles par la vague prose d'un romancier, doublee

de

Fenthousiasme d'un philantrope!

Et pourquoicettesuccessionde sentiments, de Fesperance auregret, de Fenthousiasme au

degout?

Farce

que

celui qui s'expatrie est as- sez fou de se contenter de la description superficielle d'un pays, dese complaire dans la lecture de belles periodes et d'une nebnleuse poesie

et dans le phantastiqiie de calculs imaginaires. sans jamais se

deman-

der;

que

vaut le

Congo?

qiiel est son pouvoir producteur? quel pro- duits y fournira 1agriculture? quelles peines faut-il

pour

y produire?

(7)

Resisteraije dans ce climat

nouveau

a la

somme

de travail

que mon

existence y necessitera?

Avant

de partir, il a oublie

de

se

demander

:

Y

trouverai-je de quoi

manger

pour vivre?

II y a

done

la, dans ce pays nouveau,

comme

dans tous les coins

du monde,

la question de production, celle de ragriculture qui tientle tele de la ligne! Celle-la resolue, c'est-a-dire 1'existence assuree, vient celle

du

confort, de 1'industrie, des manufactures,

du

luxe,

de

1'echange avec les pays etrangers et le progres vers la richesse indi- viduelle et generate.

Done

la proposition principale de ces pagesse

resume comme

suit:

La

question agriculturale a ete negligee dans 1'etude

du

Congo; 1'agri- culture sous les tropiques n'offre

aucune

chance de succes a I'euro-

peen;

et la consequence positive d'une pareille entreprise estle relour

fatal vers 1'etat de jadis, la restitution graduelle

du Congo

au negre, et au

negre

seul.

Cette proposition peut faire sourire les savants ecrivains de voya- ges et d'explorations; mais je ne crains point leur dedain parceque je suis trop convaincu de la valeur

du

travail de la terre

non

seulement en

Europe mais

dans tous les pays

du monde.

Que

peut-on

done

cultiver au

Congo?

II n'y a pas de donte

que

le sol vierge de 1'Afrique equatoriale est riche et productif.; il y la tous les elements requis

pour une

recolte:

soleil, chaleur, humidite, principes nutritifs, ou

humus accumule

de- puis des siecles; c'est justes, a cause de la quantitesi abondante d'ele- rnents de succes

que

le pays offre

une

vegetation tonte particuliere, qui a valu aux tropiques sa reputation, et qui, decrite par des luxu- rieuses phrases, dans les livres, excite notre curiosite et le desir d'en faire des colonies. II ne sera

done

pas sans interet de passer

en

revue les produits de la culture africaine, et

pour

etre clair, il suflira

de

mettre de cote tout ce qui rentre dans le

domaine

de la flore pro-

prement

dite, c'est-a-dire ces vegetaux et plantes qui offrent tin inte- ret capital a la science

du

botaniste, mais qui sont admires d'un ceil

parfaitement indifferent par le colonisateur ; a ce dernier, il faut les plantes alimentaires

pour

lui et

pour

son betail, des plantes textiles et

du

bois.

Parmi

les plantes alimentaires, 1'Afrique offre d'abord le

Sorghum, on Donrra, ou

African corw,

ou EU

des cafres. G'est la plus vulgaire planle de la classe des cereales qui abondent dans le

monde

enlier;

c'est aussi la seule possible sur le sol africain, sa racine de fer se plait dans le sol dur et calcine, et la tige silicatee et resistante est parfaite-

ment

adaptee aux exces d'eau des pluies tropicales etde chaleur. Elle croit sur toute la surface de l^Vfriijue, excepte au Congo, depuis son

embouchure

jusque vers requaleur;

meme

le negre congolais, dife- rent en cela de sonsernblable d'autres latitudes en ignorait 1'existence:

quant a sa valeur, on peut la taxer inferieure a notre avoine ; elle ne fermente pas,

done

ne dorinc point de pain; elle fournit

une

biere in-

digene des plus indigestes, et pour le belail, elle est trop echauffante.

(8)

Elle se

mange done

en bouillie, et il n'y a

que

1'estomac

du

negre qui pnisse la digerer.

Done pour

le colon, elle ofl're peii

de

res- sourees, <H constitue

un

aliment dont 1'usage

demande un

vrai entraine-

ment.

A

cote de ce ble africain, se range I'indian corn,

ou

mats; c'est

une

plante d'importation, qui apeine supplee a 1'entretien

du

negre.

Celui-ci en cultive quelques pieds le long

de

sa hutte, la

mange

frai- che et laiteuse et ne pousse point la prevision jusqu'a en garder

nn

stock

pour

la saison suivanle; souvent la faim oblige le naturel a con-

sommer

ses graines de reserve.

L'aliment

du

jour

du

negre au Congo, c'est le matrogo,

ou

manioc, dont il fait le pain de cassava,

une

espece de bouillie epaisse extraite par maceration de la ratine. C'est 1'analogue de la farine

de

saigou.

Conime

aliment c'est sulfisant

pour

calmerla faim, prevenir1'inanition, mais le

manioc

est de loin inferieur au pain d'Europe. C'est la seule plante a laquelle le negre

du Congo

accorde son attention, probable-

ment

parceque la culture facile de cette racine lui

permet de

se

com-

plaire dans sa paresse. D'ailleurs celte culture est surtout confiee

aux

i'emmes agees et esclaves, de fac.on

que

le

negre

ne doit point inter-

rompre

ses occupations de

commerce,

d'echange,

ou

de palabre.

A

plus forte raison, on ne doit point songer a voir au

Congo, du

Riz, cette richesse de 1'orient, cultivee au prix de travaux rudes et ar- dus; cette plante n'est d'ailleurs pas cultivable dans la region des cata- ractes, la disposition accidentee

du

terrain le long des bordes

du

ileu- ve, s'oppose a une culture reguliere, car, le riz

demande une

irriga-

tion parfaite telle qu'elle se pratique

aux

Indes, en Chine, ou dans les plaines

du

bassin

du Tanganyka ou

les arabesout importe cette richesse alimentaire; d'un autre cote le

negre

est tellement paresseux et enne-

mi du

travail qu'il se refusera

pour longtemps

encore au travail ditli-

cile de 1'irrigation.

La famille des legumineuses, tei

que

pois, feves, a choisi,

(comme

le

sorghum)

1'Afrique

comme

berceau et patrie; mais elle est loin d'etre

une

ressource d'alimentation; elle sert d'entremets, et

non

de base de nourriture.

Uans

1'espece destubercules, le

Congo

enoflVe encore

une

trus

com- mune,

c'est la palate donee, et

une

scconde, rare, c'est 1'igname; mais ces

deux

produits sont bien inferieurs a nus analogues d'Europe, et la

preuve

c'est

que

lenegre, lui

meme,

n'enuse

que quand

il sevoit prive de ses aliments preferes: le manioc, le mais, la banane.

Celte derniere, Ires repandue, a tile appelre par certains voygeurs:

la providence des tropiques. Certes, eelle divine qualification de la

banane, est acceptable,

quand

on prend ce fruit

comme

reserve pen- dant

un

voyage: mais on s'en prive volontiers

quand

on stationne dans

un

endroit oil

Ton

peut satisfaire son appetit par des subslances plus nutritives.

D'ailleurs la

prudence engage reuropeen

de ne point en faire

un nsage

irnmodere, car elle

provoque

facilment ties troubles gaslriques;

c'est done

uu complement

d'un repas principal, et nou

une

piecede re-

(9)

sistance, et les voyageurs qui

en

ont use savent a quoi s'entenir sur

la valeur intrinseque de cette fabuleuse providence!

Faut il parler de VArachide,

ou

Ground-nut,

ou

Per-nut,

comme

ali-

ment? Quoique

le negre la

mange,

on peut dire

que

c'est plutot

une

graine dont le

commerce

tire de grands benefices. Si

Ton

voitdespo- pulations negres, en faire usage,

Ton

peut dire qu'elles sont privees d'aliments plus accommodarits,

ou que

le

negre

est en voyage.

Vient en dernier lieu, la canne a Sucre; c'est

un condiment

dont toute la ressource

commerciale echappe

au negre; il ignore

comment

en extraire le sucre ei

comment

reduire le jus en alcool. II n'a qu'un plaisir, ic'est de la macher, avec acharnement. et de burner le liquide avec

un

furieux glou-glou!

II sera inutile de pousser plus loin 1'examen

de

la carte

du menu du

negre; elle est fort limitee, elle offre des alimentscapables de satis- faire

un

negre, et

non un

europeen,

ou un

colon. 11 faut done, sicelui-

ci essaie decoloniser, qu'il

emporte

aveclui des produits d'Europeplus adaptes a sa constitution. II est

done

interessantde voir ce

que

devient

un

produit

europeen

transplant^ sous les tropiqties.

Les

cereales echouent,

du

moins, si on leur applique

un

precede

de

culture ordi- naire, c'est-a-dire, si on les

seme

dans de larges carres defriches, au

commencement

de la saison despluies, vers

novembre. On

assiste au

developpement

fougeux des graines, mais

on

se

morfond

dans 1'expe- ctation de voir Tepi se former! quoi d'etonnant? 11 y a la, sous 1'in- fluence

du

soleil, de la pluie et de la puissance vegetative

du

sol vier- ge,

une

violation de la loi qui, en botanique, preside au

balancement

des organes: la tige, le feuillage s'etalent avec tout le luxe

que com-

porte

une

vegetation tropicale, mais c'est au detriment de la graine, qui

demande une

elaboration lente et graduelle.

La preuve

de ce phe-

nomene

se voiten Afrique

meme,

chez des arabes qui essaient descul- tures de cereales: ils emploient dans ce but,

un

procede artificiel qui est analogue aux precedes d'Europe.

En

effet, 1'arabe

pour

obtenir la graine attend jusqu'a la fin de la saison des pluies, jusqu'au

moment

oil la nature africaine

commence

a sommeiller; mais oil elle conserve encore assez de chaleur

pour murir

lesgraines, puisil reveillecette nature

endormie

par

un

fumier abondant,

parseme

sur

une

aire de terre, capable de pouvoir elre arrosee. Geci fait, les esclaves abreu- vent d'eau' cet espace limite, et au fur et a

mesure que

les graines se developpent, les arrosages sont plus

ou moins

abondants.

Au

bout de cinq

mois

de ce travail paternel, qui requiert

une

serie d'esclaves, 1'Arabe recoltequelques hectolitres de ble, dontil use avec

grande

par- cimonie ei

quand

son appetit reclame

un

aliment de luxe, le pain

de

froment.

En

dehors de ces

moments,

il se repait de riz.

Quel est en Afrique, le colon assez patient et assez riche

pour

se creer

une

culture de cereales? L'arabe le fait parcequ'il brave la loi et emploie des esclaves, Mais le colon ne peut le faire parcequ'il s'ex- patrie dans

une

colonie pour y

gagner

sa vie et

non pour

y jouer le maitre

comme

le faft le fils de

Mahomet.

Done, le

malheureux

colon, qui en quittant le sein de sa

mere,

a

(10)

8

implanle ses denls

dans un

crouton dc pain, estprive, des son arrivee sur le sol congolais de cetalimentsi requisasa constitution, et s'ilveut 1'obtenir, il faut qu'il le

demande

a I'Europe,

ou

s'il s'epargne cette peine, il doit se rabatlre sur la nourriture indigeste

du

negre. le sor- gliuin et le mai's, et

une

experience biencourle viendra lui indiquer la difference entre le pain de 1'Europeen, et les succedannes de 1'Afri- que.

II en est de merae, de la culture

du

riz, donl les

moyens

d'irriga- tion seront trop couteux, et dont les precedessont trop laborieux

pour que

le colon les fasse sans 1'assistance d'une

horde

d'esclaves.

Si le colon vent essayer la

pomme

de terre, cette providence de nos

campagnes,

il verra, ce

que

Inexperience

de

ce jour a deja de- montre,

que

ce tubercule

degenere

desla seconde annee,

pour

s'elein- dre

completement

a la fin de la troisieme recolte, et ne

donner

nais- sance qu'a

une

fougueuse verdure.

L'Afrique tropicale est

done

la terre de proscription

pour

les ce- reales et les solannees; le colon se trouve

done

devant 1'immuable dilemne,

ou

de se faire servir ces produits d'Europe,

ou

de se rebat- tre sur les ressources alimentaires

du

negre; dans le

premier

cas, il

manque completement

le but de son expatriation, car il cherche

un

pays

nouveau.pour

s'y creer plus d'aisances

que

dans son pays natal, dans le second cas, 1'experience lui

demontrera

bienlot

que

ce qui fait vivre le

negre

Equatorial est

pour

lui

une

source de maladies et de- perissemenl.

Que Ton

ne juge point

de

1'Afrique, par le passe des colonies au- jourd'hui developpees et florissanles, telles que, le cap de

Borme-Espe-

rance, 1'Australie, la Nouvelle Zelande,

ou

1'Amerique

du

Sud. Ici la colonisation a

pu

se faire sans entraves; 1'europeen a

pu

y vivre, s'y multiplierparce

que

le cliinat

tempere

sous lequel gisent cespays, a permis, en

meme temps que

le

developpement

de la race, la repro- duction des vegelaux el

du

betail europeen; il n'y a point eu de change-

ment

de scene; sous les tropiques, les scenes et la nature cliangent

de

lout-'au-tout, et avec dies, la race; le negre y est 1'elre oblige; le blanc,

un

parasite!

Jusqu'ici I'examen ira roule

que

sur

un

element de ragriculture,

ou

1'aliment; mais qui dit agriculture, sous enlend la necessity de la culture de paturages et 1'existence

du

belail, donl 1'utilite

pour

le cul- tivateur n'est point

une

enigme.

Les palurages sont ils possibles an

Congo? Ceux

qui connaissent les pays tropicaux savent parfailement (juc les planlestjui vivent sous les latitudes ne brillent point precisement par lours quality's alimen- taires. Sous les rayons de feu

du

soleil, sous

rabondance

des pluies,

la force vegetative

imprime

a toutes les plantes

une

fougue niages- tueuse,

un

elan de vigueur,

un

port superbe, (jui certes plait ;'i I'n'il el jetle le voyageur dans I'enlhousiasme: mais ce

developpement

so

fail au proiil de la beaute et an detriment de la (jualile: le bois de- vient dur et pent rivaliser avec le fer: la liane-devient fibreuse et acquiert la resilience

du

cordage; le sue des plantes devient resine;

(11)

9

.

1'herbe devient jungle et s'infiltre de silice

pour

oflrir

un

pied solide a

une coaronne

elancee et louffue! 11 est

done

naturel de voir les jeunes plantes, tendres et succulentes qui ferment nos patnrages en

Europe,

etouffees sous les tropiques, et leurs especes reduitestout au plus a

deux

specimens, qui par

une

singuliere coincidence, appartien- nent ala famillede rimperissable chien-denl.

En

Europe,ce dernier est

une mauvaise

herbe, dont le fermier redoute ajuste litre 1'invasion

dans

ses

champs;

en Afrique, c'est la seule ressource pastorale

du

ne- gre, parceque cette plante

rampante

brave toutes les causes de des-

truction. G'est

done

la tout ce

que

le colon pourra offrir a son Detail.

Du

coup, on juge de la richesse d'une paturage africain; et

Ton ne

s'etennera point alors d'entendre dire"

que

1'absence de Detail est la ca- racteristique de 1'Afrique tropicale.II n'y a en effet, au Congo, ni bo3ufs ni vaches, ni .chevaux, ni mules, ni anes; il

y

a quelques

moutons

sans laine ;

un nombre

respectable de 'chevres, et des pores! cela

doit-il etonner?

Nullement

; sur cette scene tropicale, si differente

de

celle de nos climats, apparait

une

race speciale, le negre, se nourri- sant d'aliments a peine digne

du nom;

le manioc, le

sorghum,

la ba- nane, le palate douce, la feve; il a

done

fallu,

pour

conserver Thar-

monie dans

cette nature sauvage, faire apparaitre sous les

ombres

epaisses des bois, etdans

Timmensite

de ces tristes plaines, des etres speciaux moins. timides

que

nos races bovines, plus farouch.esqu'elles, et capables de se defendre conlre tout

ennemi

; il a fallu placer la,

1'elephant apte a deraciner

un

arbre

pour

se nourrir, la giraffe, au cou elancee,

pour

cueillir les feuilles

de

la

couronne

des arbres:

un

buflle au front puissant,

pour

se frayer

une

voie a travers

une

foret

de

jungles;

un hippopotame

a la

machoire

de fer

pour

brayer lesjoncs et les roseaux;

une

antilope au jarret elastique,

pour

aller paitre

de

plaines en plaines; enfin tout

un systeme

animal donl les organes fus- sent proportionnes a la fongue de la vegetation. Qu'y eut fait notre placide vache?

ou

le taureau domestique? ils auraient etc exposes ala faim dans eel ocean de verdure inassimilable; exposes au

danger de

se voir devores par les fauves,

pendant

leurs peregrinations a la recherche de paturages convenables. Ainsi s'explique, au

Congo

la presence de quelques chevres et

moutons,

qui se contentent d'une poignee de feuilles de manioc,

ou

de quelques jeunes pousses d'her- bes developpees a 1'ombre des girons des villages, enfin la presence

du

pore,

que

se contente des dechets de la population.

Tout, done, a ete arrange par

une

sage providence; si le colon veut a tout prix inlroduire

du

betail sous les tropiques, il doit deve- nir sa providence personnelle; il lui faudra luttercorps a corps avec la jungle et les mauvaises herbes, et jamais il ne pourra songer a offrir a sont troupeau les jeunes plantes fourrageres de nos pays, telles

que

les trefles, ou les luzernes; il faudra qu'il defriche sur

une

vaste eten- due, el ce travail est au dessus de ces forces. II est vrai

que

dans Test de 1'Afrique, on voit

du

betail sur de vastes plaines defrichees, mais aussi, considerez le

nombre

de negres esclaves qui contribuent a ces travaux, el vous ne serez poinl reveche a accepter celte verite:

(12)

10

que

la prospective d'nn colonisateur

dans

1'Afrique equatoriale est loin d'etre brillante et pleine d'attraits.

Mais, diront les pliilantropes. desireux de maintcnir cette vastere- gion

comme champ

de leurs tentatives de civilisation, si I'europeen ne trouve point, sous les tropiques, les bases ni les elements de 1'agri- culture, il est tres facile aujourd'hui, par la puissance de la'vapeur,

de

se procurer les maleriaux de la vie, et de

prendre

en

echange

les

rii'hesses cachees en Afrique. L'agriculture peut faire defaut, le

com- merce

y suppleera,

etde

cette faQon on maintiendra tin

marche

d'ecou- lement

pour

les produits d'F'urope. C'est la en effet,

une

belle idee en theorie!

On

a le droit, cependant, de craindre

que

quelques an- nees d'experiences viendront

montrer

lavaleur des richesses congolai- ses, valeur

que Ton

peut

demonlrer

a priori. Qui peut-on esperer de retirer

du

sein de 1'Afrique?

Une

variete de produits

commerciaux

dontles plus importants sont: 1'ivoire, le caout-chouc, 1'huilede pal-

me,

les arachides, 1'orseille, lebois, mais

chaqueproduit examine en

particulier offre fort peut de chances de rester

une

source constan-

te deprosperite entre les

mains

des

commergants.

Que

vaut Ylvoire*! Certes, en ce

moment,

il

abonde

au centre de I'Afrique, grace a 1'incessante accumulation qui s'y est faite, et par suite

du

defaut d'exportation. Mais admeltez

un moyen

de transport facile, cet article

de commerce

ne tardera pas a se faire cheret rare;

on

peut estimer la duree de plethore d'ivoire a

une

periode d'une quinzaine d'annees; a 1'expiration de ceterme, cet articleaura atteint, en Afrique

meme,

un prix peu remunerateur, d'abord par sa rarete,

en

suite par la concurrence qu'aura faite a la region

du Congo,

et les possessions portugaises et franchises, et 1'arabe acharne, qui attaque cette

mine du

centre

du

continent par la cote orientals. Si

done

aujourd'hui on

compte

payer les frais d'installation d'un

chemin

de fer de I'embouchure

du

fleuve jusqu'au dessus des cataracles, on peut dire

que

1'Ivoire n'en payera qu'une faible part, et cela

pendant une

periode limitee.

Ce

serait aussi

une

folie de croire

que

1'elephant va se perpetuer en Afrique; a

mesure que

le blanc penetrera loin, a

mesure que

le

negre

sera

pourvu

d'armes a feu, la chasse de 1'elephant deviendra plus ardente, et ce noble

pachyderme

est

voue

de parles progres de

la civilisation a

une

extinction radicale.

II ne faut point

compter non

plus sur la chasse des fauves, sur

un commerce

de Peaux.

Car

les fauves ont disparu de la region

du Congo,

et disparaitront de plus en plus vers des parages inaccessi- bles,

comme

le fait s'est passe dans la colonie

du

Cap, d'ou gibier et fauves ont ete refoules vers le

Zambese.

Quant aux pcaux

de boeufs: il n'y en pointence

moment

auCon- go, et dans la supposition

que Ton

puisse y propager la race, on aura biendelapeinea faireentrercet article africain surle

marche

d'Europe, en concurrence

du merne

article fourni par 1'Amerique

du

Snd, 1'Aus- tralie ou le Cap.

De

plus, le boeuf des tropiques, toujours rationne fournira une depouille iuferieure a celle de son similaire d'Amerique,

(13)

ii

prenant

un developpement

proportionnel, grace a 1'espace, la liberte et 1'abondances des paturages.

La peau

et la laine de

mouton

sent et resteront inconnues en Afrique, car le

mouton

acluel, Ires-rare, est

depourvu

de laine, et cette espece indigene ne cedera jamaissa place au

moulon

d'Europe, parce

que

celui-ci trouvera

un

invincible enne-

mi

dans le chaleur, I'humidite, et la

mauvaise

nourriture.

Le

caout-chouc, jusqu'en ce

moment peu

estime

du

negre, ponrra,

comme

1'ivoire, fournir au

commerce pendant un

certain

temps

; mais

si

Ton

juge par ce qui se passe a la cote orientale, a Zanzibar, il est a

presumer que

cet article baissera bienlot en valeur.

L'huile

de palme

offre des chances semblables. Elle

abonde

jus- qu'au Stanley-Pool. Mais contrairement a celle qui se recolte sur la cote ouest, au

Gabon

et

dans

la Guinee, elle est liquide,

done

sa va- leur intrinseque est

moindre

et letransportplus couteux. Elle se trou- ve sur le

meme

pied

que

les

AracMdes,

sur lesquelleslesspeculateurs europeens

semblent

baser de fortes esperances, et qui cependant ne sont qu'uu produit de second ordre capable d'alimenter

deux

branches de 1'industrie, la savonnerie et les huileries;on peut

done

a peine

com- prendre

la necessite de creer

un chemin

de fer

pour

ces produits qui n'interessent

que

faiblement le

commerce

et dont le Stock, par suite d'une culture forcee, deviendra tel,

que

la valeur seranulle dans quel-

ques

annees.

Y

a-t-il dans 1'interieur

du Congo

des

mineraux

qui promettent

un

resultat

remunerateur

? Jusqu'ici

ou

n'en a point signale. 11 y a

du

ler, mais en quantite trop faible

que pour

lutter contre la pyrite

d'Europe;

il y a

du

cuivre,

mais

les

mines

ont ete englobees

dans

les territoires frangais et portugais, et la richesse

du

minerale est assez problemalique.

Y

a-t-il des Essences? quelques

gommes

doivent infailliblement se rencontrer sous les tropiques ou la famille des acacia et des

mimosas

abonde. Mais le

marche d'Europe

n'a-t-il point de quoi s'abreuver sans

que Ton

cherche a

augmenter

la production par la voie

du Congo?

Et 1'orseille?

mais

1'orseille deja ne paie plus sur le

marche de

Zanzibar. Puis cette plante tinctoriale a ete detronee par les progres de la chimie, qui fournit des anilines et das matieres coloranles bien superieures.

Le

Boisl Certes, il y a la des qualites telles

que

le Bois de fer, de Teck, de Santal, et autres, qui pourraient occuper tous les ateliers

de

charpenterie et de menuiserie d'Europe:

mais que Ton

ne croiepas

que

ces forets se trouvent a

rembouchure du Congo

; la le bois est

rare et se

borne

a quelques fourres le long des collines et des ravins.

Les

grandes forets sont au coaur de TAfrique,et cette situation

amene comme

consequence, un transport difficile et onereux.

On

pourrait

le transporter par flotilles jusqu'au Stanley Pool, mais dela jusqu'a

la

mer,

les cataractes

empechent

le transport par

radeaux

et necessi- tent

une

autre voie de chairage, mais jamais le

Congo

ne pourra lut- ter avec 1'exportation qui se fait au Bresil,

ou

en

Norwege,

et en Sue- de, par voie d'eau.

(14)

12

Get

examen,

loin d'etre complet, doit suffire

pour

faire

comprendre

qu'un colon, prive, au

Congo

des ressources de ragriculture, ne pent esperer y trouver

une

source constante d'echange entre les produits naturels et les articles alimentaires qu'il doit recevoir

d'Europe

; le

prix d'acqtiisition en Afrique

meme,

favorable dans les quelques pre- mieres annees, ne tardera pas a devenir exorbitant,

enfm

les frais

de

transport donneront le dernier coup de grace a ces tentatives

com-

mercinles.

Done un

colon, au lieu d'esperer de s'elever

dans

ce nou-

veau

inonde, a

une

situation meilleure, devra se resoudre a s'abais- ser jusq'au niveau social

du

negre, et par

une

triste ironie

du

sort,

le dernier

mot

de la civilisation, serait: decadence de la race blan- che !

Done

cette analyse de la question agricultural fait prevoir

que

le blanc, quoiqu'il fasse, restera tributaire de 1'Europe.

Ce ne

serait la

qu'un demi-mal, s'il pouvait par sa presence, rester

un

intermediate intelligent entre 1'Europe et le

negre

; s'il pouvait s'acclimater et

em-

ployer le

negre comme

facteur

du

travail requis. Mais ici encore, la question

de

racclimatation et

du

travail se resolvent par la nega- tive.

Que

devient

done

le blanc dans ce milieu

nouveau

de 1'Afrique Equatoriale? Quelle est 1'influence

du

climat sur

une

constitution eu-

ropeenne

?

Si

Ton

jugeait par le passe, qui a deja enregistre de si

nombreux

deces,

on

concluerait de suite a 1'impossibilite de I'acclimation. Mais

comme

on 1'a dit dans centaines ecrits, il ne faut pointjuger de la

mor-

talite parcequ'une cenlaine

d'Europeens

ont

succombe aux

fatigues,

aux

miseres et

aux

privations. L'experience n'est pas snffisante ; si

meme on

faisait le

denombrement

des cas,

un

a un, on verrait qu'un

grand nombre

sont

tombes

victimes de leur

propre

incurie et de leur

folie, IIfaul

done

entreprendre 1'examen des modifications de lacons- titutions

du

blanc, et voir si le resultat de 1'avenir viendra confirmer

la courte lec.on

du

passe. Or,

Ton

peut dire

que

la reponse de 1'avenir est facile a formuler et

que Ton

pousse 1'experience jusque dans ses dernieres limites,

ou que Ton

s'en tienne a ce

que

lepasse a enseigne;

le resultat est identique etinvariable ; c'estledeperissement de la race blanche sous les tropiques.

II faut ici proceder par analogic: il y a, en botanique, deslois qui re- gissent la resistance de toutes les especes florales a

un

milieu donne:

une

plante des tropiques, par exemple,

une

orchidee, si voluptueuse et belle dans le milieu

chaud

de son -lieu natal, requiert

une

serre

chaude

dans nos climats froids,

un

milieu semblable a celui qu'elle a

vu

en naissant, et si, dans ce milieu artificiel,

une

fleur vient a cou- ronner ce bulbe aerien, on esletonne de lui voir

manquer

reclat de sa couleur et 1'essence de son arome. C'est

une

orchidee, mais

une

es- pece degeneree,

un

fac-simile qui certes courra de grands risques

de

ne point se reproduire.

Renversez

la proposition et

amenez

de 1'Eu- rope,

comme nous

1'avons dit,

une

cereale en Afrique,

meme une

es- pece dela famille des legumineuses, qui cependant sont farnilieres sous

(15)

les tropiques, par exemple,

un

petit-pois ct vous serez etonne de voir se reproduire

une

cereale sans graine,

un

petit pois sans gousse : les

deux

developperont en heroes et

tomberont

sous les premieres

ondees

de pluie et se fletrirontsous 1'ardeur

du

soleil. G'est la

une

faitd'ob- servation

que personne

ne peut contester.

Cette loi, qui regit la flore, s'applique aussi a la faune et a la race humaine. G'est juste parceque

Ton

a trangresse cette loi avec

impru-

dence,

que

Ton e.n est

venu

h qualifier les tropiques

du

funebre litre:

tde cimetiere des blancs.

II y a

done

la

une

serie

de

modifications

que Ton

peut dire gene- rales et qui

embrassent

le moral

comme

le physique.

Pour

lemoral, le

premier

sentiment quisaisit le blanc dans ces vas- tes etendues sauvages, c'est 1'etonnement et la stupefaction; c'est le

decouragement,

et chez certains sujets

nerveux

et timides, c'est I'alie- nation mentale d'emblee.

Quoique

ce soil la I'exception,

Ton

peut dire

que

chez la plupart des blancs, il y a

une

tendance a I'aneantissement des forces intelle- ctuelles, qui rend la conception difficile, la

memoire

faible; c'est la

un

resultat constant; il y'a une tendance a I'instabilite, a I'indifference, a la mefiance, et chez certains, a la

mechancete

ou a la ferocile.

Quand

la sanle

du

blanc decline il y a distraction,

embarras

cerebral,obnubi- lation, hebetude, e la oil la fievre se declare, hallucinationet

hebetude

Fort

peu

de natures d'elite conservent 1'independance de leurs pou- voirs intellectuels, et si on-voit de

temps

en

temps un

blanc maitre de sa personne,

on

peut dire qu'il est sous 1'empire d'une forte

am-

bition,

ou

qu'il envisage

un

but de gloire

ou

de richesse.

Ces deux

mobiles,

quand

ils sont bien caracterises, stimulent 1'energie et

em-

pechent la debacle; ambitions et desir de gloire ou de richesse, voilk les

deux remedes moraux,

analogues au sulfate de quinine, antife- briles!

Mais ce n'est pas chez 1'emigrant ou le colon

que

ces

deux

mobiles vont etre mis en feu; son ambition sera celle d'un .pauvre decave de- sireux de trouver

mieux

en Afrique

que

dans la fouriniliere europeen- ne ; sa richesse sera celle d'uhe faible

epargne

suilisante pour.de- fryer les premieres depenses de son sejour. Sa devise sera celle

du premier homme:

In aegro labores et ce colon

monrra

a la tache.

comnfe

sont morts a la tache et parcentaines, les premiers europeens qui out peuple les districts rnalsains de

rAmerique.

Entre ceux-ci et

les africains, il y a cette difference,

que

les premiers civilisateurs

ame-

ricains pouvaient

mourir

1'ame en paix,avec la certitude

que

ses suc- cesseurs auraient continue leur uetivre, tandis que, dans le

Congo

la succession de blanc a blanc est et sera

un

mithe, en vertu de cer- taines lois

que

nous donnerons plus loin.

Voila pour 1'aspect moral, mais le tableau n'est pas complet; il fant aussi jeter

un

coup d'o3il sur

1'homme

physique, etcertes la photogra- phic, n'en est pas flatteuse, regardee seulement par la surface, elle

nous montre un

blanc

comme un

etre pale, have, bleme, les

yeux

en- fonces, les Jones decolorees, a la

marche

lenteet trainante, dispose

anx

(16)

14

reveries et a la contemplation. Done, dans

cetorganisme

ilsepasse

un

travail morbide, lent, interieur, une degenerescence qui n'est autre qa'unelalte constanle de la nature

humaine

contre des elements divers, toujours puissants:le soleil,I'humidite, les

miasmes. Ces

elements,per-

maneuts

et iuvincibles, attaquenta toute heure,a tout

moment

la nature

du

blanc, minent sa resistance et 1'assiegent de ces formidables mala- dies qui tuent en quelques heures.

On

voit

done comme

corolaire force

de

ces fails,deselats

morbides

d'une nature particuliere, inconnus dans nos climats froids et temperes, a la tete des quels priment avec

une

fiere tenacite: la fievre paludeenne, la dyssenterie, la fievre jaune, les affections cerebrates, les maladies de la peau, la destruction

du

foie et de la rate, et surtout, 1'anemie.

Cette derniere estletermefatalet inevitable

du

sejour

du

blanc dans 1'Afrique equatoriale, celui-ci peut rester

indemne

des maladies gra- ves,

mais

au bout d'un

temps

plus on

moins

long, qui certes ne de- passe point trois ans. il se verra epuise,

exsangue

et oblige de rega-

gner une

latitude plus clemente, oilil pourra par

un regime

fortifianl,

une

hygiene bien calculee, reprendre ses forces,

rembourrer

les creux

de

son squelette, mais ne pourra jamais redevenir ce qu'il fut jadis.

Si

Ton

doute de la veracite de cet expose,

on

peut,

pour

s'en con- vaincre, contempler la photographie d'un

europeen

tavant et apres son sejour'dans 1'Afrique Equatoriale.

Cet expose suffit

pour demontrer que

1'aveuir sera aussi funesteau colon congolais

que

le passe 1'a ete

aux

pionniers de I'o3uvre et quoi-

que Ton

fasse, quelques precautions

que Ton

prenne, on

ne

detruiraja- mais ces

ennemis

climaleriques. Par 1'hygicne, les drainages, le

com-

fort, les

bonnes

constructions,

une

vigilance incessante,

ou

pourra at- teuuer quelque

peu

la funeste impression

du

climat sur le blanc,

mais

jamais on n'adaptera la nature sensiblede I'Europeen a ce

nouveau

mi- lieu, essentiellement deletere.

II y a la

une

loi,

que Ton

petit formuler

comine

suit:

La

race blanche, caucassienne,

pour

vivre, se reproduire,

ou

se perfectionner ne peut point franchir sur le globe les lignes isothermes

(c. a. d. a tornpcrature analogue)

du

pays, oil elle est nee, sinon elle

s'expose au deperissement et

meme

a rextinction.

Done, au

Nord

et au

Sud

de 1'equateur jusqu'a

une

certaine distan- ce de celui-ci, ou les temperatures sont a

peu

pros idenliques 0u

du moins

oil les

maximuns

et les

minimuns

ne presentent pas de varia- tions extraordinaires, 1'echange de Hiabitat se fait

impuncment:

1'Eii- ropeen peut sans hesiter, aller habiter Test de rAustralie, la Nouvelle

Zelande,Mossamedes,

la colonie

du

Cap, 1'Amerique

du

Sud, et le sue-' ces de ces colonies s'explique par la facile adaptation de Thornine des vieux continents

aux

iles de 1'ocean ou a la region

temperee du

Sud, parcequ'il put y transplanter ses habitudes, ses progres, son betail, sa culture, ses industries.

Par

un

raisonnement semblable, on peut dire

que

le long de 1'equa- teur,

un peu

au dessus et au dessous, il y a

une

section dont la tem- perature esl a

peu

pres identique, mais trop differente de celle de nos

Referenties

GERELATEERDE DOCUMENTEN

Kinshasa, le 08 12 2007 – Le Comité des Observateurs des Droits de l’Homme –CODHO à Kinshasa informe l’opinion de l’arrestation ce matin 8 décembre 2007

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