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Mariage forcé : une épine dans la vie conjugale

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Sommaire

Eudoxie Bakumba : «Les autorités congolaises doivent appliquer la loi pour combattre le mariage forcé»...P. 2

Thomas Otshudi : «Lorsqu’on contraint une personne à se marier, on commet une infraction»...P. 3

Sud-Kivu :vingt-deux femmes occupent des postes de commandement dans la province...P. 4

Equateur : les femmes sont plus présentes dans les secteur primaire et tertiaire...P. 4

JDC Journal-école n°18 - Semaine du 30 mars au 06 avril 2009

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Mariage forcé : une épine dans la vie conjugale

Le mariage est souvent conclu entre deux personnes majeures, de sexe opposé et qui, normalement, s’aiment. La base sur laquelle cet- te union est bâtie se trouve dans la coutume, suivant les règles cul- turelles établies dans une commu- nauté ou société humaine donnée.

L

a loi en vigueur en RDC condition- ne le mariage au consentement mutuel des conjoints. Ces derniers peuvent choisir de vivre dans une union libre. D’autres liens sont issus de différentes autres sources. C’est le cas du mariage par rapt. Cette pratique était courante à l’époque où la jeune fille - encore sous le toit pa- rental - ne pouvait partager la couche d’un homme une nuit durant et reve- nir dans sa famille. C’est également l’époque où le garçon maladroit ne savait comment «proclamer sa flam- me» à sa dulcinée.

Le rapt, le plus souvent, se faisait sans la volonté de la fille. Loin d’être

l’apanage de la gent masculine, des filles en ont également usées pour mettre le grappin sur des amoureux indécis. C’est ce qu’on appelle au Sud-Kivu : «kurendera» ou «kuren- deza». A Bukavu, chef-lieu de cette province, ce phénomène a connu un boom dans les années 70 et 80.

«Mes enfants sont les meilleur souvenirs que je garde de mon ma- riage», raconte maman Zawadi. La quarantaine révolue, veuve et mère de famille, cette femme garde enco- re frais en mémoire le jour où sa vie s’est trouvée liée à un garçon, pas très mature, qui ne comprenait pas grand’chose au mariage.

Celui-ci voulait prouver à ses amis qu’il était devenu un homme. «Je re- venais de la troisième messe que je ne pouvais pas manquer après ma con- firmation, se rappelle maman Zawadi.

C’était comme un affranchissement que d’être admise de participer à ce culte, véritable point de rencontre en- tre jeunes venus des internats d’éco-

les conventionnelles et des mouve- ments de jeunesse ».

Pour cette femme qui n’avait que 15 ans en 1978, la plaisanterie en- tre adolescents a fini par sceller son sort à celui d’un jeune homme de 22 ans qui savourait à peine le plaisir du salaire de ses débuts professionnels en prestant comme stagiaire diplômé d’Etat, au sein d’un service public.

«Mon mari, révèle-t-elle, m’a un jour confié qu’il me croyait plus grande que je ne l’étais. J’étais, en effet, une petite «dodue» dans ma puberté, et ce fut mon problème. Alors que je revenais de l’église, je suis passée faire une petite pause chez une ca- marade».

Dès le premier mois de leur idylle, Zawadi se retrouva enceinte. Plus aucune chance de retourner à la maison comme le négociait sa mère auprès du père. Ce dernier ne voulait pas fléchir et pardonner celle qui avait honni la famille. Encore en deuxième secondaire, elle n’eut plus l’occasion de retourner à l’école après les va- cances de décembre. «S’il m’est ar- rivé de m’accomoder à la situation, je ne me rappelle pas avoir dit «oui» à mon époux devant un prêtre, car je ne me suis pas mariée légalement», reconnaît maman Zawadi.

Consolider les liens de famille Dans un autre registre, le mariage était imposé par la famille pour conso- lider les liens d’amitié et de fraternité entre communautés ou entre familles.

«Si le mariage est difficile entre des personnes qui s’aiment, il est impos- sible entre celles qui ne s’aiment pas du tout», dit une sagesse. C’est l’ex- périence qu’à connue Antoinette A.

Un jour, elle a atterri dans un aéroport américain sous un froid d’hiver sans manteau, sans gants et sans son mari qui devrait la récupérer à l’arrivée.

«Ce fut ma première déception. J’ai su tout de suite que ça n’ira jamais entre nous», témoigne-t-elle.

Trois mois auparavant, ils s’étaient mariés parce que sa famille l’avait convaincu d’accepter ce prétendant qui, chaque fois, depuis quatre ans, venait au pays demander la main de la soeur aînée d’Antoinette. «Comme ma soeur s’est retrouvée enceinte à l’arrivée de ce fiancé qui promettait le mariage à presque toutes les filles de la commune, ma soeur étant classée à l’ordre utile dans la compétition, le choix de son amant est tombé moi», relate Antoinette.

C’était en 1986 et le fiancé avait obtenu une bourse d’études quelques années auparavant pour poursuivre ses études aux Etats-Unis. Quand ces boursiers revenaient au bercail pour se marier, c’était alors l’occasion de faire des tractations dans des fa- milles, même s’ils n’étaient pas tou- jours sérieux.

«Nous sommes restés huit ans ensemble. C’est finalement lui qui demandera le divorce», raconte An- toinette. Aujourd’hui, elle est deve- nue une femme épanouie, qui a refait sa vie, et a eu des enfants dans son second mariage. Elle garde toutefois des souvenirs sombres de sa mésa- venture. «Si je m’en suis sortie, de nombreuses femmes vivent des frus- trations toute leur vie, et personne ne prend jamais leur défense quand les choses ne vont pas», regrette Antoi- nette.

Persévérance NDEGHEY

Les déboires des femmes contraintes au mariage

L

e mariage précoce ou forcé s’en- racine dans la société congolaise.

Des adolescents de moins de 18 ans sont poussés à mener la vie de cou- ple sans leur volonté, mais surtout au détriment des lois du pays qui règlent cette matière.

Josée Ngomba, 33 ans, se souvient aujourd’hui de sa quatorzième bougie.

A cette époque, raconte cette dame,

«la vie était dure, je n’étudiais pas et j’étais bonne pour le ménage». La tren- taine révolue, elle avait accepté l’offre de Doudou Mwila, 28 ans à l’époque, pour juste se libérer de ce qu’elle ap- pelle «tortures» de son oncle paternel chez qui elle vivait.

Son foyer semble tenir malgré son immaturité. Mme Mwila s’est déci- dée d’assurer l’éducation de ses six enfants. Son premier fils est en qua- trième année des humanités. On dirait que ses vingt ans de vie de couple ont réussi. Ceci n’est pas son avis. Sa plus grande préoccupation est de savoir lire, écrire et calculer. La gestion de sa boutique lui en exige tant.

De ce fait, Gustave Cibumbu lui as- sure le préceptorat. Sous les moque- ries de ses loupiots, cette dame persé- vère et son mari en est content, même si, pour lui aussi, le vent du commerce l’avait emporté si tôt. Josée Ngomba est une véritable femme de ménage.

Sa maison de huit chambres et deux salons brille de sa main.

Mais cela ne vaut pas tripette, a dé- cidé son chéri, un malabar des impor- tations à Kinshasa. Au début de leur aventure, c’était du jeu. «Chaque jour, on se disputait même sur des futilités», relate-t-elle en souriant. Aujourd’hui mère, elle regrette de s’être mariée si tôt. Elle a honte d’en parler et ne veut pas voir son oncle dont elle tait le nom.

Une victime de la culture luba Agée de 55 ans, Rose Meta veuve de son état, compte parmi les femmes qui ont connu le mariage précoce. Do- miciliée actuellement au quartier Salon- go, dans la commune de Lemba (Kins- hasa), elle est héritière d’un immeuble confortable et digne d’un palais.

Gentille, souriante, généreuse, cette dame de grand gabarit est ac- cueillante. Une fois chez elle, on ne se sent jamais étranger. «J’ai été mariée à l’âge de 16 ans», raconte-t-elle, as- sise sur un fauteuil placé dans l’un de ses deux salons. «Jamais, je n’avais rencontré mon mari avant notre maria- ge, poursuit-elle. C’est un mariage par procuration et fruit de l’entente entre nos deux familles».

«La décision de mon mari d’épouser une ressortissante de Tshikapa, mince et élancée, avait amené sa famille et la mienne à me proposer comme sa conjointe, puisque je répondais à ces critères. Ma famille avait jugé bon d’in-

terrompre mes études et de m’envoyer, sans mon avis, chez mon époux», ren- chérit-elle, la mort dans l’âme.

«Quoique précoce, je suis heu- reuse d’avoir eu 4 enfants : 3 filles et un garçon. Ce dernier ressemble à son père qui est décédé», lâche-t-elle.

Rose Meta se dit fière d’avoir hérité de son mari la maison dans laquelle elle habite avec ses nièces et neveux, ses filles étant toutes mariées.

D’un air aigri, elle relate avec amertume la douloureuse histoire de son union précoce et spontané : «Le mariage précoce est une autre forme d’esclavage dans lequel la femme n’a aucun mot à dire à son bourreau de mari. Je n’avais pas le droit de deman- der à mon mari d’où il venait, moins en- core où il allait. Inutile même de cher- cher à savoir combien il gagnait à la fin du mois. J’avais plus de devoirs que de droits à revendiquer, de peur d’être ren- voyée et rejetée par mes parents. Je regrette évidemment de ne pas avoir avancé dans mes études, mais aussi de ne pas avoir appris à parler le fran- çais, langue que j’ai toujours aimée».

«Quand je voulais apprendre, avoue Rose Meta, mon mari m’empêchait de le faire. Les études ne sont pas néces- saires pour une femme, disait-il. Je ne sais ni lire, ni écrire. Heureusement que ces pratiques ont presque disparu de nos jours ! Sinon, jamais, je n’aurai toléré que ma fille contracte un tel ma-

riage où l’homme a le droit d’épouser autant de femmes qu’il veut».

«Je n’avais aucun droit de freiner toutes ses initiatives et actions ; appar- tenant à la culture luba, il fallait tout su- bir», réaffirme-t-elle, larmes aux yeux.

Rose Meta dit soutenir, avec toutes ses énergies, les personnes qui travaillent pour combattre cette forme d’esclava- gisme.

Divorce et regrets

Rien de plus périlleux que de se marier précocement, déclare José Ngalula, 18 ans, en se rappelant les pires de sa vie. Il y a deux ans, un homme de quarante ans a convaincu sa grand-mère de lui donner sa main.

Le mariage conclu, sur fond de crise au sein de la famille, ne durera que deux mois.

La fille fuit la maison et décide de ne pas y rentrer. La famille était alors obligée de rembourser les 200 dollars de la pré dot. L’intéressé en veut à son aïeul qui, pour elle, a gâché sa vie. Elle condamne sa mère qui vit loin d’elle et maudit son père qu’elle n’a jamais vu.

J.N regrette les deux mois de soucis et de vache maigre passés dans son foyer. Elle ne souhaite pas rencontrer Zacharie, son ex-mari. Pour elle, c’est un macho sorcier qui s’est introduit dans sa paisible vie. A l’instant, J.N.

veut vivre en indépendante. Pour cela, elle se débrouille.

Giscard ABETY et Ricky KAPIAMBA

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JDC Journal-école n°18 - Semaine du 30 mars au 06 avril 2009

Journal du Citoyen A l’affiche

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quelle que cause que ce soit, la nul- lité du mariage doit être prononcée».

Le texte ajoute que «l’action peut être exercée par les époux eux-mêmes, par toute personne qui y a intérêt et par le ministère public du vivant des deux époux».

«Celui qui, sous l’empire de la vio- lence, a contracté un mariage, peut en demander l’annulation. Le mariage ne peut plus être attaqué six mois après que la violence a pris fin et, en toute hypothèse, deux ans après que le ma- riage a été célébré», souligne l’article 403 du Code de la famille.

Des amendes à payer

«Si le consentement n’a pas été donné que par suite d’une erreur sur une qualité essentielle, physique, civile ou morale de l’un des époux, ou par la suite d’une autre erreur substantielle, précise l’article 405, la nullité du maria- ge peut être demandée par l’époux qui a été induit en erreur. Le mariage ne peut plus être attaqué six mois après que l’erreur a été découverte et, en toute hypothèse, deux ans après que le mariage a été célébré».

Dans le but de protéger la femme, victime de mariage for- cé dans certaines provinces de notre pays, l’Etat congolais a prévu des sanctions contre ceux qui s’adonnent jusqu’à présent à ces pratiques. Le législateur a d’abord tenu à confirmer le principe de la liberté du mariage dans la Constitution.

E

n son article 40, la Constitution du 18 février stipule que «tout individu a le droit de se marier avec la person- ne de son choix,de sexe opposé, et de fonder une famille». A cet effet, il est prévu des sanctions contre ceux qui porteraient atteinte à cette liberté, soit en poussant une personne à se marier contre son gré, soit en s’opposant de mauvaise foi au mariage d’une per- sonne. Par cette dernière disposition, le législateur a voulu combattre les oppositions des parents aux mariages pour des raisons tribales ou autres.

Le paragraphe 2 de l’article 402 du Code de la famille spécifie que «lors- que le mariage a été contracté sans le consentement de l’un des époux, pour

Un mariage forcé doit être annulé, tranche le Code de la famille

Des peines et des amendes sont prévues contre les parents ou d’autres membres de famille qui contraignent leurs enfants à se marier contre leur volonté. «Sera puni d’une peine de servitude pénale d’un à trois mois et d’une amende de 100 à 500 Zaïres ou de l’une de ces peines seulement, tout individu autre que le père, mère, tuteur ou toute personne qui exerce en droit l’autorité sur l’individu, qui aura con- traint une personne à se marier contre son gré ou qui, de mauvaise foi, aura empêché la conclusion d’un mariage remplissant toutes les conditions léga- les», tranche l’article 336 du Code de la famille.

Et d’ajouter : «Toutefois, en cas de contrainte exercée par les parents, tu- teur ou toute personne qui exerce en droit l’autorité sur l’individu, ce dernier peut saisir le conseil de famille, lequel statue. En cas de désaccord, le tribu- nal de paix en sera saisi».

Des sanctions contre l’officier de l’Etat-civil

Dans sa section IV, en son premier paragraphe, le Code de la famille pré-

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voit des sanctions des conditions du mariage. D’après l’article 395, «sera puni d’une peine de servitude pénale de sept jours à deux mois et d’une amende de 100 à 300 zaïres ou de l’une de ces peines seulement, l’offi- cier de l’Etat-civil qui aura célébré ou enregistré un mariage sachant qu’il existait un empêchement de nature à entraîner la nullité conformément aux dispositions des articles ».

L’alinéa II du même article ajoute :

«Sera puni d’une amende de 50 à 200 zaïres, l’officier de l’Etat civil qui aura commis toute autre contravention aux dispositions relatives aux conditions du mariage».

Les enfants issus du mariage dé- claré nul, indique l’article 400, «con- servent, vis-à-vis de leurs mère et père, la filiation qui leur avait été con- féré par le mariage, même si celui-ci est déclaré nul avec effet rétroactif».

La loi rappelle, à cet effet, que le tribunal s’inspire des règles prescrites pour la liquidation des rapports entre époux dans le cas de divorce.

Huguette WEMBO infraction et que des parents qui ex- posent leurs filles à un tel mariage, doivent être poursuivis.

Le mariage forcé peut-il mettre fin à la scolarisation de la fille ?

Affirmatif. Parce qu’en campagne, une fille âgée de 10 à 12 ans peut se marier sans inquiéter ses parents.

Cette pratique freine la scolarisation de la fille, au regard de tous les ta- lents qu’elle pouvait développer dans sa vie. Elle se voit ainsi bloquée, parce qu’il y a un mariage qu’on lui impose. Il faut reconnaître que cela double ou triple le taux d’analphabéti- sation des filles dans notre pays.

Comment la fille peut-elle se dé- fendre devant un mariage forcé ?

Avec la sensibilisation, elle peut carrément refuser, même si les pa- rents la menacent, car il s’agit de sa vie. Elle doit avoir une certaine liberté pour construire sa vie future. Nous avons déjà vu une fille prendre son courage en mains, pour refuser de répondre aux obligations de ses pa- rents. Certes, elle a été chassée du toit parental. Prise en charge dans une autre famille, elle a bénéficié de l’instruction et s’est mariée avec l’homme de son choix, avant de se réconcilier avec ses parents. Person- ne ne peut dire que cette fille avait désobéi à ses parents parce qu’elle est protégée par la loi, notamment la Constitution de notre pays promul- guée le 18 février 2006.

Avez-vous été vous-même victime de mariage forcé ?

Oui. On m’avait imposé de me marier avec mon cousin germain : l’enfant propre de mon oncle mater- nel. J’avais refusé ce mariage, parce que le cousin est frère de sang. Lui m’aimait, mais moi je ne l’aimais pas.

Je lui ai fait comprendre qu’il devait prendre sa liberté pour se choisir la femme de son choix. Plus tard, je me suis mariée avec l’homme de mon choix, mais après une dizaine d’an- nées, on n’a pas eu d’enfants. Me- nacée par les membres de famille de mon mari, j’ai demandé le divorce.

J’ai, par la suite, contracté un second mariage avec un homme avec qui nous avons eu deux enfants.

Interview réalisée par Isabelle KIBUNGU

Eudoxie Bakumba : «Les autorités congolaises doivent appliquer la loi pour combattre le mariage forcé»

Chargée de programme de l’ONG «Femme chrétienne pour la démocratie et le développement», Eudoxie Bakumba est également le point focal de la «Campagne Nous Pouvons», alliance de Kins- hasa. Cette structure lutte contre le mariage forcé en RDC.

Quels types d’activités votre asso- ciation mène-t-elle en RDC ?

Nous menons nos activités par rapport à la thématique choisie au sein de notre association. Nous tra- vaillons sur la défense des droits de l’homme, en général, et au droit spécifique de la femme, en particu- lier. Nous luttons contre les violences faites aux femmes. En plus, nous évoluons aussi dans le domaine de l’éducation civique, c’est-à-dire la participation citoyenne. Nous vou- lons, par cette démarche, amener les citoyennes et citoyens à exercer leurs droits et à s’acquitter de leurs devoirs. Par ailleurs, nous accompa- gnons judiciairement les victimes des violences sexuelles. Pour atteindre nos objectifs, nous procédons par la formation, l’information, l’organisation des campagnes de sensibilisation, l’organisation des tribunes d’expres- sion populaire. Nous menons aussi des plaidoyers auprès des autorités politico-administratives sur l’un ou l’autre cas, notamment en matière de mariage civil. A ce sujet, nous appro- chons la population pour savoir pour- quoi on n’enregistre plus assez de mariages à l’Etat-civil. D’après des informations récoltées sur terrain, le problème se situe au niveau des critères, des conditions que posent les bourgmestres. Nous menons des plaidoyers pour célébrer ces maria- ges afin de protéger la femme et l’en- fant contre les conflits successoraux.

Enregistrez-vous des cas de ma- riages forcés ?

Nous n’enregistrons pas beau- coup des cas, mais avant de venir travailler à Kinshasa, nous étions dans des provinces. A ce niveau-là, il y a beaucoup de cas des mariages forcés. Nous avons même assisté à certains mariages forcés, mais nous ne sommes pas intervenues parce qu’en ce moment là, nous n’avions

pas les moyens de combattre les vio- lences faites aux femmes. Il y a des mariages forcés qui existent en RDC, même ici à Kinshasa. Dans la capi- tale, par exemple, il y a des pères de famille qui livrent de force leurs filles à leurs amis, souvent plus âgés.

C’est aussi une forme de mariage forcé du fait que la fille n’a pas choisi librement son conjoint. Ce genre de mariage passe un peu inaperçu.

Y a-t-il des contradictions entre la Constitution et les lois coutu- mières en ce qui concerne le ma- riage?

Elles sont nombreuses. Dans no- tre pays, tous les textes légaux sont bien écrits. Il y a de belles disposi- tions, mais qui ne sont pas appli- quées. Dans les milieux ruraux, par exemple, on assiste au mariage entre une jeune fille de 12 ans et un hom- me de 70 ans. Tout cela semble pas- ser inaperçu dans notre pays. L’âge requis de mariage, selon les textes légaux en RDC, est fixé à 18 ans. Il y a donc beaucoup de contradictions à ce sujet. Les autorités congolaises doivent appliquer la loi pour combat- tre le mariage forcé.

Que peuvent être les conséquen- ces du mariage forcé pour la fem- me ?Elles sont nombreuses. D’abord, la femme se voit obligée de vivre avec un homme qu’elle n’a pas choisi librement. Dans ce type de mariages, ce sont les parents qui tirent profit en imposant à leurs filles des maris, pour des raisons pécuniaires. Il y a aussi des raisons coutumières qui font que lorsque la famille A, par exemple, donne sa fille en mariage à un gar- çon de la famille B, une réciprocité est attendue pour favoriser l’inves- tissement dans les deux camps. Car chez nous en Afrique, les enfants sont considérés comme un investis- sement. Dans ce type de mariage, la fille ne s’épanouit pas. Elle n’arrive pas à bien consommer le mariage, parce que c’est une union acceptée malgré elle. Ce genre des mariages se terminent par des divorces ou les filles trompent souvent leurs maris.

Que suggérez-vous pour mettre un terme au mariage forcé ?

L’Etat congolais doit faire en sorte que les dispositions coutumières ne

«Dans le mariage forcé, la femme ne s’épanouit pas», reconnaît

Eudoxie Bakumba.

(Photo JDC)

soient pas vraiment d’application.

Il doit en même temps nous aider à sensibiliser les chefs coutumiers, car ce sont eux les dépositaires de la coutume. Qu’ils puissent comprendre qu’un mariage, c’est quelque chose qui crée la satisfaction, l’harmonie. Et quand il n’y a pas harmonie, ce n’est plus un mariage. Il faudra aussi que nous, les femmes, nous puissions dire non à l’imposition de nos parents.

Avez-vous déjà été contactés, au niveau de votre association, pour résoudre des cas de mariages for- cés ?

Jusque-là, nous n’avons pas enco- re été saisis. Mais quand j’étais dans le Bandundu, j’ai vécu ce système de mariage à deux reprises. Mes voisins ont poussé leurs filles à épouser leurs grands-pères. C’est ce qu’on appelle le «Kitsul» chez les Yansi. Comme cette pratique entre dans le cadre des violences faites aux femmes que nous combattons, nous sommes en train de voir comment ramasser tous ces cas pour montrer que c’est une

Focus

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Journal du Citoyen

Libre expression

3 JDC Journal-école n°18 - Semaine du 30 mars au 06 avril 2009

voit des sanctions des conditions du mariage. D’après l’article 395, «sera puni d’une peine de servitude pénale de sept jours à deux mois et d’une amende de 100 à 300 zaïres ou de l’une de ces peines seulement, l’offi- cier de l’Etat-civil qui aura célébré ou enregistré un mariage sachant qu’il existait un empêchement de nature à entraîner la nullité conformément aux dispositions des articles ».

L’alinéa II du même article ajoute :

«Sera puni d’une amende de 50 à 200 zaïres, l’officier de l’Etat civil qui aura commis toute autre contravention aux dispositions relatives aux conditions du mariage».

Les enfants issus du mariage dé- claré nul, indique l’article 400, «con- servent, vis-à-vis de leurs mère et père, la filiation qui leur avait été con- féré par le mariage, même si celui-ci est déclaré nul avec effet rétroactif».

La loi rappelle, à cet effet, que le tribunal s’inspire des règles prescrites pour la liquidation des rapports entre époux dans le cas de divorce.

Huguette WEMBO infraction et que des parents qui ex- posent leurs filles à un tel mariage, doivent être poursuivis.

Le mariage forcé peut-il mettre fin à la scolarisation de la fille ?

Affirmatif. Parce qu’en campagne, une fille âgée de 10 à 12 ans peut se marier sans inquiéter ses parents.

Cette pratique freine la scolarisation de la fille, au regard de tous les ta- lents qu’elle pouvait développer dans sa vie. Elle se voit ainsi bloquée, parce qu’il y a un mariage qu’on lui impose. Il faut reconnaître que cela double ou triple le taux d’analphabéti- sation des filles dans notre pays.

Comment la fille peut-elle se dé- fendre devant un mariage forcé ?

Avec la sensibilisation, elle peut carrément refuser, même si les pa- rents la menacent, car il s’agit de sa vie. Elle doit avoir une certaine liberté pour construire sa vie future. Nous avons déjà vu une fille prendre son courage en mains, pour refuser de répondre aux obligations de ses pa- rents. Certes, elle a été chassée du toit parental. Prise en charge dans une autre famille, elle a bénéficié de l’instruction et s’est mariée avec l’homme de son choix, avant de se réconcilier avec ses parents. Person- ne ne peut dire que cette fille avait désobéi à ses parents parce qu’elle est protégée par la loi, notamment la Constitution de notre pays promul- guée le 18 février 2006.

Avez-vous été vous-même victime de mariage forcé ?

Oui. On m’avait imposé de me marier avec mon cousin germain : l’enfant propre de mon oncle mater- nel. J’avais refusé ce mariage, parce que le cousin est frère de sang. Lui m’aimait, mais moi je ne l’aimais pas.

Je lui ai fait comprendre qu’il devait prendre sa liberté pour se choisir la femme de son choix. Plus tard, je me suis mariée avec l’homme de mon choix, mais après une dizaine d’an- nées, on n’a pas eu d’enfants. Me- nacée par les membres de famille de mon mari, j’ai demandé le divorce.

J’ai, par la suite, contracté un second mariage avec un homme avec qui nous avons eu deux enfants.

Interview réalisée par Isabelle KIBUNGU

me. Il y a, certes, une contradiction entre les règles consacrées par le Code de la famille, en rapport avec le mariage, et certaines coutumes. De toutes les façons, il est fait interdiction dans notre pays de faire application aux coutumes qui sont contraires à la loi ou aux bonnes mœurs. Ce qu’il faut retenir face à ces contradictions est que lorsqu’une coutume est con- traire à la loi et à l’ordre public, les autorités judiciaires doivent y veiller.

En tant que juge avez-vous déjà été saisi pour un cas de mariage forcé ?

Il faut préciser ici que cette matiè- re relève essentiellement du Tribunal de paix. Dans ma carrière, je n’ai pas exercé comme juge de paix. Mais en tant que juge, je parie que beaucoup de collègues qui exercent au Tribunal de paix ont déjà été saisis de cas de mariage forcé qui est interdit. Il y a lieu de préciser, à ce niveau, que le juge doit appliquer la loi dans toute sa rigueur. Parce que l’article 336 du Code de la famille punit d’une peine de servitude pénale d’un an à trois mois et d’une amende ou de l’une de peines seulement, tout individu qui contraint une personne à se marier. Il existe donc des dispositions qui sont même assorties des peines. Il ap- partient donc au ministère public qui recherche des infractions, lorsqu’il tombe sur de telles cas, de saisir les tribunaux. Il faut aussi préciser que même la nouvelle loi sur les violen- ces sexuelles a institué une infraction sur le mariage forcé. Bref, lorsqu’on contraint quelqu’un à se marier par la force, on commet une infraction.

Interview réalisée par Judith NIMY

Comment arrêter le mariage forcé ?

Thomas Otshudi : «Lorsqu’on contraint une personne à se marier, on commet une infraction»

Porte-parole et membre fonda- teur du syndicat des magistrats

«Justice Indépendante», Thomas Otshudi est juge du Tribunal de Grande Instance de Kinshasa/

Gombe. A travers cette interview, il éclaire l’opinion sur le problème de mariage forcé en RDC.

Quel type d’activités votre syndi- cat mène-t-il en RDC ?

Le syndicat Justice Indépendante a été crée en 2003. Il a fait admettre, à travers ses actions et ses combats, le fait syndical dans la magistrature.

C’est un syndicat qui a même con- quis un certain nombre des droits à l’avantage des magistrats. «Justice Indépendante», comme l’indique son nom, milite pour une justice véritable- ment indépendante. Il veille à ce que les magistrats exercent leurs mis- sions en toute indépendance. Notre syndicat défend les intérêts profes- sionnels des magistrats. Il a aussi entre autres missions d’étudier et de promouvoir toutes les réformes né- cessaires concernant l’organisation et le fonctionnement de la justice.

Il mobilise les magistrats à exercer leurs missions constitutionnelles de gardien de liberté individuelle. Cette mission a comme corollaire l’indé- pendance du pouvoir judiciaire, sans laquelle l’institution judiciaire devient une administration de l’Etat. En gros,

«Justice Indépendante» permet aux magistrats de jouer pleinement leur rôle à l’abri des pressions médiati- ques et politiques.

Quels sont les critères pour se marier dans notre pays ?

Les conditions de mariage sont fixées dans la loi numéro 87/010

du 1er août 1987 portant Code de la famille. Le titre 1er du livre 3 de ce Code consacre des dispositions rela- tives au mariage. Il faut aussi noter que les règles y relatives sont im- pératives et d’ordre public. En clair, tout Congolais a le droit de se marier avec la personne de son choix et de fonder une famille. Cette dispo- sition est même consacrée par no- tre Constitution. Pour la formation du mariage, il y a des conditions de fond, notamment le consentement des époux, la capacité de contracter le mariage. Ainsi, par exemple, il est prohibé de mariage en ligne directe entre les ascendants ou en ligne col- latérale entre frère et sœur germain, consanguin… La dot fait aussi partie des conditions de fond posées pour conclure un mariage... Il y a égale- ment des conditions de forme. A ce niveau, le mariage peut être célébré en famille selon les formalités pres- crites par les coutumes. Par rapport à ces conditions, l’officier de l’état-ci- vil enregistre le mariage et dresse un acte : le constant. Le mariage peut être aussi célébré devant l’officier de l’état-civil.

Y a-t-il des contradictions entre la Constitution et les lois coutu- mières en ce qui concerne le ma- riage ?

Il faut dire qu’il se pose un pro- blème. La Constitution consacre le principe de la liberté de mariage, mais tout le reste est réglementé par le Code de la famille. Avant son élaboration, ce Code avait pris pour base certaines données de nos cou- tumes. Lorsque ce Code était discuté au Parlement de l’époque, il était dit que certaines règles de nos coutu-

Micro baladeur A coeur ouvert

«L’Etat doit tout faire pour amener les familles à vivre décemment»

Le mariage forcé est un phéno- mène social. L’écart entre le niveau de vie des riches et des pauvres a créé une classe intermédiaire. Ce qui permet d’éviter cette influence de pousser les jeunes gens au mariage

forcé. Cette pratique est liée au man- que de moyens. Certains parents contraignent leur fille à se marier à des hommes nantis et, parfois, plus âgés, pour pourvoir à leurs besoins.

Pour arrêter cela, l’autorité doit tout faire pour amener les familles à vivre

décemment  «Il faut mener une démarche péda-

gogique pour éduquer les parents»

Le mariage forcé est interdit en République Démocratique du Congo. Pourtant, cette pratique décriée est encore d’actualité dans certaines ethnies et provin- ces du pays. Que faire pour l’ar- rêter ? Les Kinois délient leurs langues.

«Quiconque contraint une personne à se marier, doit être sanctionné»,

affirme le juge Thomas Otshudi.

(Photo tiers)

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Il faut sensibiliser les parents puis- que cela relève souvent de certaines coutumes. Nous devons identifier les ethnies qui pratiquent un certain nom- bre d’actions. Et aussi impliquer les églises, les ONGs, ainsi que les as- sociations. En plus, l’Etat doit appli-

quer la loi relative au mariage en cas de dérapage. Enfin, il faut mener une démarche pédagogique pour éduquer les parents pour qu’ils laissent leurs enfants choisir librement leurs con- joints 

«Les parents doivent s’abstenir d’imposer le mariage»

Les parents doivent s’abstenir d’im- poser leur point de vue sur un mariage, mais plutôt laisser les enfants opérer un libre choix. Il faut que les parents prennent conscience que le mariage est un consentement de deux parte- naires 

Propos recueillis à Kinshasa par Gisèle LUKUSA

« Les parents doivent éviter de forcer les enfants au mariage en

visant leurs propres intérêts »

C’est un sujet important, car la Bible définit le mariage comme étant une institution divine. Pour arrêter la pratique de mariage forcé, il faudrait

que les parents comprennent que les Léon Mukoko, 49 ans, appariteur de l’Ifasic, Masina Jeannette M., 40 ans,

pasteur, Lingwala

Kowalingolo Katara, 56 ans, fonctionnaire de l’Etat, Lemba

Albert Kabeya, 62 ans, gestionnaire de l’église Fatima, Barumbu mes seront consacrées. C’est ainsi,

par exemple, qu’il a été retenu que le mariage peut être célébré en famille selon les prescrits coutumiers. Dans le même Code, on trouve des disposi- tions qui stipulent qu’en cas de conflit entre les coutumes, c’est celle de la femme qui l’emporte. D’emblée, les problèmes de nos coutumes avaient été résolus en ce qui concerne le mariage. En clair, toutes les règles coutumières non consacrées dans le Code ne peuvent être appliquées.

Mais en réalité, il se pose un problè-

enfants sont libres d’opérer le choix de leur conjoint. Il faut donc leur lais- ser la responsabilité de s’engager selon leur volonté. Les parents doi- vent éviter de forcer les enfants au mariage en visant leurs propres inté- rêts 

(4)

JDC Journal-école n°18 - Semaine du 30 mars au 06 avril 2009

Journal du Citoyen Congo profond

4

Les coutumes de la plupart de tribus au Sud-Kivu veulent que «l’homme travaille et que la femme reste à la maison, s’oc- cuper du ménage et des travaux des champs». Les temps mo- dernes ont permis de changer les choses. Aujourd’hui, les femmes travaillent aux côtés des hommes.

L

orsqu’une femme travaille, elle participe à l’amélioration du re- venu familial par son salaire et elle met son savoir-faire au service de sa famille et de la communauté dans laquelle elle vit», soutient Emmanuel Bashige, responsable administratif et financier de Radio Maendeleo.

Actuellement,vingt-deux fem- mes occupent des postes de commandement dans la province du Sud-Kivu. On y dénombre un chef de collectivité, quatre minis- tres provinciaux, quatre fonction- naires dans l’administration des territoires, trois bourgmestres et une maire de la ville. On retrouve aussi une notaire, trois conseillè- res dans le cabinet du gouverneur, trois députés et quatre chefs de

division. Ce n’est déjà pas rien, mais il y a encore des progrès à faire quand on considère que les femmes représentent 53% de la population du Sud-Kivu.

Garçons instruits en priorité Le poids de ces coutumes a fait que l’instruction de la fille soit relé- guée au second plan. Dès l’enfan- ce, les familles préfèrent envoyer les garçons à l’école plutôt que les filles. «Ce qui nous rend peu com- pétitives lors des tests d’embau- che qui exigent des diplômes», regrette Furaha, une étudiante.

Vingt-deux femmes occupent des postes de commandement dans la province

Pourtant, la femme s’est éman- cipée et peut désormais réclamer les mêmes avantages que ceux dus à l’homme. Lors des embau- ches, les employeurs sont plus exigeants à l’égard des femmes.

Mais peu à peu, on observe la pré- sence des femmes dans presque tous les secteurs de la vie.

Cette vague a permis aux fem- mes de se positionner, par exem- ple, dans les ONG et les medias où elles occupent divers postes.

«Nous sommes quatre femmes sur un effectif de onze membres du personnel», déclare Fidélie

Mushagalusa, chargée de l’admi- nistration et des finances au Gui- chet d’économie locale du Sud- Kivu.

Au sein de Radio Maendeleo,

«les femmes représentent 14% de l’ensemble du personnel», ajoute Emmanuel Bashige. «Dans les entreprises publiques, le peu de femmes qui y ont de l’emploi oc- cupent généralement les fonctions de réceptionniste, de balayeuse ou de caissière», regrette Noëlla Nafranga, administrateur du terri- toire adjoint chargée des finances à Kalehe.

Repli dans l’informel La femme est peu représen- tée dans les emplois rémunérés,

«alors que de nos jours, elles ont les mêmes compétences que les hommes», reconnaît, sous anony- mat, une femme médecin.

Pour continuer à mettre leurs compétences au service de la so- ciété, les femmes du Sud-Kivu ex- cellent dans le secteur informel «où nous sommes sujettes à moins de discrimination et où les conditions de travail sont moins exigeantes», se réjouit Mama Alain, vendeu- se de sable au beach Mashinji.

D’autres font le commerce, parce que «le secteur informel nous per- met d’éviter le harcèlement sexuel qui caractérise certains patrons», confie Apendeki M’Cibenda, une commerçante.

Thaddée HYAWE-HINYI InterCongo Média

Sud-Kivu

Pigistes (provinces)

Correspondants de Syfia/InterCongo média et de Panos Paris

Dessin Patou BOMENGA Lay-out et mise en page

ASIMBA BATHY Diffusion Jean KIALA Hebdomadaire indépendant

d’éducation civique Avenue Colonel Ebeya n°101

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Tél. (00243) 815991860 (00243) 991671541 http://www.jdconline.net

Réalisé avec l’appui financier du Projet franco-britannique d’appui aux médias, en partenariat avec l’Institut Panos Paris

et l’Institut Facultaire des Sciences de l’Information et de la Communication

(IFASIC)

Le «JDC» est envoyé en provinces avec l’appui logistique de la MONUC

Directeur de rédaction Yves KALIKAT Secrétaire de rédaction Rombaut KASONGO Gestion et Comptabilité Sylvie KOKOKANI Délégué de l’IFASIC Georges WAWA MOZANIMU

Rédaction (Kinshasa) Giscard ABETY (IFASIC) Ricky KAPIAMBA (IFASIC) Isabelle KIBUNGU (IFASIC) Gisèle LUKUSA (IFASIC)

Judith NIMY (IFASIC) Gethou PUMBA META (IFASIC) Persévérance NDEGHEY (IFASIC) Huguette WEMBO (IFASIC)

D

ans la province de l’Equateur, au nord-ouest de la RDC, la femme a du mal à trouver un tra- vail rémunérateur. Les préjugés sociaux et la coutume la maintien- nent dans la dépendance vis-à- vis de l’homme. Cependant, des efforts sont fournis par certaines ONG internationales et entreprises tant privées que publiques qui en- couragent et privilégient les candi- datures féminines. Mais, les résul- tats sont loin d’être satisfaisants.

Les chiffres parlent d’eux-mê- mes : une seule députée provincia- le sur les 108 que compte l’Assem- blée provinciale de l’Equateur, une seule femme ministre sur les dix qui composent le gouvernement provincial, une seule femme préfet des études sur la trentaine d’éco- les de la ville de Mbandaka, deux femmes chefs de division provin- ciaux pour toute l’administration publique...

En un mot, ces statistiques prouvent à suffisance que la

Les femmes sont plus présentes dans les secteurs primaire et tertiaire

femme est sous-représentée à l’Equateur dans presque tous les secteurs de la vie. La parité, prô- née pourtant par la Constitution de la République promulguée le 18 février 2006, reste jusque-là un slogan creux. Les femmes sont beaucoup plus présentes dans les secteurs primaire et tertiaire. Elles exercent de petits métiers domes- tiques comme serveuses dans des bars et des bistrots. Elles excellent surtout dans le petit commerce des denrées alimentaires.

Barrières sociales

«Moi, je ne peux pas accepter que mon épouse puisse travailler…

Une femme, lorsqu’elle a l’argent, devient orgueilleuse, têtue et ne respecte plus les obligations con- jugales…», explique Jean Efole, enseignant dans une école de Mbandaka. Même si elle a étudié, la femme est toujours victime des préjugés sociaux et de la coutume africaine. Si elle est mariée, elle

aura du mal à obtenir l’autorisation maritale pour le travail. Célibataire, elle est confrontée au problème de harcèlement sexuel de la part des embaucheurs. A.N., graduée en Développement rural témoigne:

«J’ai été recalé dans une ONG par- ce que j’avais refusé de satisfaire l’appétit sexuel du recruteur», con- fie-t-elle.

A Mbandaka, il est fréquent de lire sur la majorité des avis de re- crutement et d’appels d’offres lan- cés le plus souvent par les ONG internationales et organismes du système des Nations Unies : «Can- didatures féminines encouragées».

Cependant, force est de constater qu’à la fin du compte, ce sont, pour la plupart des cas, des hommes qui occupent les postes de commande- ment.

Néanmoins, on en trouve quel- ques unes qui sont des responsa- bles numéro un dans des ONG com- me Wildlife Consevatory Society (WCS), voire au Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA).

Certaines entreprises publiques et privées ont ouvert, toutefois, une brèche en vue de promouvoir l’em- ploi des femmes, même si ce n’est pas à des postes de responsabilité.

C’est le cas de la Banque Centrale du Congo (BCC) qui emploie tem- porairement, et à tour de rôle, plus ou moins cent femmes pour comp- ter les billets de banque. La presse figure aussi parmi les quelques ra- res entreprises qui emploient les femmes.

Mathieu MOKOLO InterCongo Média

Equateur

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