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Violences dans le Bas Congo: La MONUC envoie une mission d’investigation

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Bulletin d’information de la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République Démocratique du Congo

N°150 du 08 février 2007

Zoom sur l’Hôpital pédiatrique de Kalembelembe La RDC dotée d’un gouvernement issu

des élections

Page 5

Page 14

Page 18 Le contingent bangladais intervient en faveur

de l’orphelinat de Bunia

Photo Bilamekaso Tchagbele/MONUC

Violences dans le Bas Congo:

La MONUC envoie une mission

d’investigation

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SOMMAIRE

A la Une :

Violences dans le Bas Congo: La MONUC envoie une mission d’investigation --- 3

La RDC dotée d’un gouvernement issu des élections --- 5 Installation du bureau provisoire du Sénat --- 6 Kinshasa:

Henri Thomas Lokondo: « Aucun cas de corruption n’a été signalé dans la province de l’Equateur --- 7 Supplément Santé: Zoom sur l’Hôpital pédiatrique de Kalembelembe --- 14 Kivu:

Mahagi: Des femmes de soldats démobilisés se lancent dans l’élevage de caprins --- 9 La MONUC à Minembwe pour évaluer la situation sécuritaire ---10 Province Orientale:

Le cri de coeur de Mambasa --- 11 Aru: Les ex-combattants toujours sur la brèche --- --- 13 Le contingent bangladais intevient en faveur de l’orphelinat de Bunia --- 18 Maniema :

Une province sous informée ---15 Le contingent indien célèbre l’indépendance de son pays --- 19 Portrait:

Geraldine McEwen: Fermeté et patience! --- 20

Actualité

(3)

Par Sy Koumbo S. Gali &

Bilamekaso Tchagbele Lundi 6 février, la tension dans la ville portuaire de Matadi était encore perceptible. Des tracts avaient circulé la veille pour annoncer des manifestations de solidarité avec les victimes des violences. Mais ces manifestations n’ont pas eu lieu. Quelques jours plus tôt, le 3 février, le ministre de l’Intérieur, le général Denis Kalume, en animant un point de presse dans ses bureaux, après son retour de Matadi où il est allé s’enquérir de la situation à la demande du chef de l’Etat, avait mis en garde «les fauteurs de troubles » et surtout la classe politique contre toute

« agitation injustifi ée ». Le ministre faisait sans doute allusion au mot d’ordre lancé par le président du MLC, Jean Pierre Bemba, qui avait appelé ce

Violences dans le Bas Congo: La MONUC envoie une mission d’investigation

Les événements malheureux survenus le 31 janvier à Matadi et qui se sont étendus aux autres villes du Bas Congo, notamment à Muanda, Boma, Songololo, continuent de susciter l’indignation. Si officiellement le gouvernement a annoncé un bilan de 87 morts, l’heure est maintenant aux réponses à apporter aux interrogations sur les causes de ce que beaucoup n’ont pas hésité à appeler « carnage ».

La MONUC, qui regrette tous ces actes de violence, a envoyé une équipe sur place pour évaluer les besoins à apporter aux blessés, suivie d’une mission d’investigation sur les circonstances qui ont entouré ces événements.

lundi à observer une demi journée de deuil national.

Le ministre Denis Kalume, en faisant le bilan de ces événements lors de sa conférence de presse, a avancé le chiffre de 87 morts (16 à Matadi dont 1 militaire, 26 à Boma dont 2 policiers, 37 à Muanda dont 3 policiers-militaires et 4 policiers à Songololo) pour lesquels il a exprimé les regrets et surtout les condoléances du gouvernement, notamment aux familles éprouvées.

La section droits de l’Homme de la MONUC a estimé elle à 134 le nombre des victimes.

A l’origine de ces événements tragiques, la contestation des résultats des élections des gouverneurs et vice-gouverneurs par une partie de la population du Bas Congo, notamment

les adeptes du mouvement politico- religieux Bundu Dia Kongo (BDK).

Ceux-ci ont appelé à une journée ville morte le 1er février pour dénoncer la

«corruption électorale».

La veille de la manifestation, la Police Nationale Congolaise (PNC) avait effctué une perquisition dans une résidence occupée par le leader du BDK, Ne Muanda Nsemi, dans le quartier Soyo. Face à la résistance des gardiens de la résidence, la police aurait utilisé des gaz lacrymogènes et du matériel anti-émeutes. Selon le maire de Matadi, la PNC aurait tiré en l’air pour disperser les gardiens, puis la situation a dégénéré quand la rue principale menant au quartier résidentiel Soyo a été bloquée par des manifestants avec de grosses pierres et des tables. Deux véhicules de la

Rencontre entre M.Mujahid Alam, conseiller principal du chef de la MONUC, et le ministre de l’Intérieur au gouvernorat de Matadi(Photo Bilamekaso Tchagbele/MONUC)

(4)

4 MONUC BULLETIN N° 150 MONUC BULLETIN N° 150 MONUC BULLETIN N° 1 MONUC BULLETIN N° 150

MONUC qui passaient à ce moment

précis et à bord desquels se trouvaient trois staffs internationaux ont été attaqués par les manifestants.

Des éléments militaires de la MONUC (Ghanbatt) ont pu secourir les trois occupants des deux véhicules, dont l’un a été incendié par les manifestants.

Et comme une traînée de poudre, les événements de Matadi vont atteindre Muanda, Boma, Songololo, Tshela.

Résultat ? Ces dizaines de morts que tout le monde déplore.

Pour éviter une nouvelle recrudescence des violences, la MONUC, en collaboration avec les autorités nationales a déployé le lendemain à Matadi 61 policiers formés au maintien de l’ordre et 52 hommes de troupes pour renforcer la sécurité des populations et du personnel des Nations Unies. Une équipe d’assistance humanitaire et une autre pluridisciplinaire conduite par la section droits de l’Homme sont sur place depuis le 5 février pour apporter assistance et enquêter sur ces événements.

A Kinshasa, le porte-parole de la

MONUC, Kemal Saiki, s’exprimant à propos de ces douloureux événements a souligné que la MONUC condamnait toute forme de violence d’où qu’elle provienne, et a déploré cette explosion de violence dans le Bas Congo qui a entraîné des lourdes pertes en vies humaines.

Quelles que soient les raisons qui ont provoqué ces violences, Kemal Saiki estime «qu’il y a des mécanismes pour prendre en compte toutes les revendications citoyennes dans le cadre d’une démocratie ; il est nécessaire de recourir à ces mécanismes d’arbitrage plutôt que de recourir à la violence... il est demandé à la population d’agir dans le cadre du respect de la loi et aux forces de sécurité d’agir dans le même cadre, en particulier de respecter le principe de la proportionnalité ».

Pour sa part, le Représentant spécial du SG de l’ONU en RDC, William Lacy Swing, très choqué par l’ampleur du drame, a exprimé son indignation en ces termes : « Nous n’avons jamais vu une chose pareille. Ce que nous avons vu au Bas Congo est très différent de tout ce que nous avons vu pendant la

transition ».

Le Secrétaire général de l’ONU a pour sa part, exhorté, le gouvernement et l’opposition à trouver ensemble une solution à cette crise et a souhaité que les responsables de ces violences soient traduits en justice.

Il a également exhorté les forces de sécurité à ne pas utiliser la force de manière disproportionnée. Le Secrétaire général a invité les partis d’opposition à recourir à des moyens pacifi ques et légaux pour poursuivre leurs litiges électoraux et a réitéré son appel en faveur d’un processus politique inclusif et transparent.

Le député du MLC, José Makila, élu gouverneur dans l’Equateur, estime pour sa part que ce qui s’est passé est trop grave pour ne pas être dénoncé : «C’est triste pour notre démocratie, parce que l’article 8 de notre Constitution prévoit des manifestations. C’est aussi une expression de la démocratie ».

La cour d’appel du Bas Congo, a dans un arrêt rendu public le jeudi 8 fèvrier, annulé le 1er tour des élections et demandé à la CEI d’organiser un second tour.

30 elements armés de la force de protection de la police MONUC (FPU) sont dépêchés a Matadi en appui au personnel de la MONUC (Photo Bilamekaso Tchagbele/MONUC)

(5)

La RDC dotée d’un gouvernement issu des élections

Après 68 jours d’attente, le premier gouvernement de la III

ème

République a été rendu public le lundi 5 février 2007. Fort de 60 membres dont 9 femmes, soit 15% de l’ensemble, ce gouvernement qui compte 6 ministres d’Etat, 34 ministres et 20 vice-ministres, a respecté l’équilibre national car toutes les provinces y sont représentées.

Par Myriam Abedi La publication du nouveau gouvernement intervient 68 jours après la désignation d’Antoine Gizenga comme Premier Ministre. La plupart de ses membres exerceront pour la première fois les hautes fonctions de l’Etat. C’est le cas d’Adolphe Muzito, ancien Inspecteur régional des Finances affecté au Budget; d’Eugène Lokwa Ilwaloma et de Jean-Claude Muyambo Kyassa, deux juristes, nommés respectivement aux Droits humains et aux Affaires humanitaires. Une journaliste, Colette Tchomba, éditrice du journal Uhuru, est vice-ministre chargée des Congolais de l’étranger.

Toutefois, on retrouve dans cette équipe quelques personnalités de la transition.

Il s’agit du ministre des Affaires étrangères, Mbusa Nyamuisi, jusque-là ministre en charge de la Coopération

Ministres d’Etat:

- Agriculture: François Joseph Nzanga Mobutu

- Intérieur, Décentralisation et Sécurité: Denis Kalume Numbi - Affaires étrangères et Coopération internationale: Antipas Mbusa Nyamwisi

- Enseignement supérieur et universitaire: Sylvain Ngabu Chumbu

- Infrastructures, Travaux publics et - Reconstruction: Pierre Lumbi - Ministre d’Etat près le président de la République: Nkulu Mitumba Kilombo

Ministres

- Ministre près le Premier ministre:

Godefroid Mayobo

- Défense nationale et anciens combattants: Chikez Diemu

- Justice: Goerges Minsay Booka - Plan: Olivier Kamitatu Etsu

- Intégration régionale: Ignace Gata Mavinga

- Finances: Athanase Matenda Kyelu - Budget: Adoplhe Muzito

- Portefeuille: Jeanine Mabunda Lioko

- Economie nationale: Sylvain Noël Bifwila Tchamwala

- Information, Presse et communication nationale: Toussaint

Tshilombo Send

- Industrie: Simon Mboso Kiamputu

- Commerce extérieur: Kasongo Ilunga

- Petites et Moyennes entreprises:

Jean-François Ekofo Panzoko

- Transports et Voies de communication: Rémy Henri Kuseyo Gatanga

- Développement rural: Charles Mwando Nsimba

- Enseignement primaire, secondaire et professionnel: Maker Mwangu Famba

- Recherche scientifi que: Sylvanus Mushi Bonane

régionale, d’Olivier Kamitatu, ancien président de l’Assemblée nationale de la transition qui va diriger le ministère du Plan, de Mme Marie Ange Lukiana qui a déjà occupé le poste de ministre du Travail et de la Prévoyance sociale.

Il existe aussi dans ce gouvernement d’anciens cadres mobutistes tels Charles Mwando Nsimba, qui va diriger le Développement rural ; il fut plusieurs fois gouverneur de province et ministre pendant la IIème République. Il y a également Simon Mboso Kiamputu, nommé ministre de l’Industrie, qui fut ancien Directeur de cabinet de l’ancien Premier Ministre Léon Kengo wa Dondo, Lambert Mende Omalanga, ancien rapporteur du sénat et le général Denis Kalume, actuel ministre de l’Intérieur, Décentralisation et Sécurité, élevé au rang de ministre d’Etat, offi cier supérieur de l’armée pendant la IIème République.

Le Premier Ministre, Antoine Gizenga, a enfi n son équipe gouvernementale

La composition du gouvernement de la 3 ème République

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6 MONUC BULLETIN N° 150

- Santé publique:

- Santé publique: Victor Makwenge Kaput

Kaput - Mines:

- Mines: Martin Kabwelulu Labilo - Energie:

- Energie: Salomon Banamuhere Baliene

Baliene

- Hydrocarbures:

- Hydrocarbures: Lambert Mende Omalanga

Omalanga

- Travail et Prévoyance sociale:

- Travail et Prévoyance sociale:

Marie-Ange Lukiana Mufwankol Marie-Ange Lukiana Mufwankol - Fonction publique:

- Fonction publique: Zéphirin Mutu Diambu-di-Lusala Nieva

Diambu-di-Lusala Nieva

- Affaires sociales et Solidarité - Affaires sociales et Solidarité nationale:

nationale: Martin Bitijula Mahimba - Condition féminine:

- Condition féminine: Philomène Omatuku Atshakawo Akatshi

Omatuku Atshakawo Akatshi - Jeunesse et Sports:

- Jeunesse et Sports: Pardonne Kaliba Mulanga

Mulanga

- Affaires Foncières:

- Affaires Foncières: Liliane Pande Muaba

Muaba

- Urbanisme et Habitat:

- Urbanisme et Habitat: Laurent- Simon Ikenge Lisambola

Simon Ikenge Lisambola

- Postes, Téléphones et - Postes, Téléphones et Télécommunications:

Télécommunications: Kyamusoke

Bamusulanga Nta-Bote

- Environnement: Didace Pembe Bokiaga

- Tourisme: Elias Kakule Mbahingana - Culture et Arts: Marcel Malenso Ndodila

- Droits humains: Eugène Lokwa Ilwaloma

- Affaires humanitaires: Jean-Claude Muyambo Kyassa

Vice-ministres:

- Intérieur: Joseph-Dovel Mpango Okundo

- Sécurité: Daruwezi Mokombe - Affaires étrangères: Alain Lubamba wa Lubamba

- Congolais de l’étranger: Colette Tshomba Ntundu

- Défense nationale: Nelson Paluku Syayipuma

- Anciens combattants: Yvonne Iyamulemye Kabano

- Justice: Kalinda Mitumbala Odia - Plan: Ferdinand Essambo Lukye - Finances: Hangi Binini

- Budget: Célestin Mbuyu Kabango - Transports: Laure Marie Kawanda Laure Marie Kawanda Kayena

- Travaux publics: Gervais Gervais Ntirumenyerwa Kimonyo

- Agriculture: Germain Ngobila Germain Ngobila Mbaka

- Enseignement primaire, secondaire - Enseignement primaire, secondaire et professionnel: Modeste Omba Modeste Omba Sakatolo

- Enseignement supérieur et - Enseignement supérieur et universitaire: Marie-Madeleine Marie-Madeleine Mienze Kiaku

- Santé: Ferdinand Ntua Osiamba - Mines: Victor Kasongo Shomary - Energie: Arthur Sedeya Ngamo Arthur Sedeya Ngamo Zabusu

- Travail et Prévoyance sociale:

- Travail et Prévoyance sociale:

Télésphore Tsakala Munikengi

- Fonction publique: Vincent Okoyo Vincent Okoyo Nembe

Par Marie Aimée Lalao

Installation du bureau provisoire du Sénat

La cérémonie d’installation officielle du bureau provisoire du Sénat de la III

ème

République s’est déroulée le 3 février 2007 dans la salle des conférences internationales du « Palais du Peuple ».

Cette installation intervient après les formalités d’identifi cation et d’accueil offi ciel des sénateurs commencées le 29 janvier. 102 des 108 sénateurs ont rempli ces formalités.

Des personnalités nationales et internationales, notamment la présidente du Sénat du Royaume de Belgique, Anne-Marie Lizin, ont rehaussé de leur présence la cérémonie présidée par Martine Matshika, secrétaire générale du Sénat.

Dans son discours, celle-ci a remercié tous les sénateurs pour la confi ance placée en elle pendant sa brève et historique fonction de présidente du premier Sénat de la IIIème République.

Dès lors que le bureau provisoire a été mis sur pied, la remise du marteau de

commandement au président provisoire a marqué ce changement.

Conformément à l’article 114 de la Constitution, le sénateur Mbweshi Kuongo Muendu doyen d’âge (77 ans), a été désigné président du bureau provisoire de la Chambre haute du Parlement, jusqu’à la mise en place du bureau défi nitif. A ce poste, il sera assisté par deux sénateurs les moins âgés, à savoir Kakunde Thierry André et Mukanbe.

Le nouveau président du Sénat a pris ses fonctions en donnant les trois coups de marteau pour marquer son autorité et a annonçé le programme des prochaines séances : la validation du mandat des sénateurs et l’adoption du règlement d’ordre intérieur.

Il est à noter que pour son fonctionnement, le Sénat sera composé d’un bureau défi nitif et de plusieurs

commissions. Le bureau comprend 7 membres : un président, deux vice- présidents, un rapporteur, un rapporteur adjoint, un questeur et un questeur adjoint.

Quant aux commissions, elles sont des organes techniques du Sénat chargés d’examiner des questions soumises par l’Assemblée plénière. Leur nombre et leur composition seront déterminés par le règlement d’ordre intérieur.

La première session ordinaire du Sénat s’ouvrira le 15 mars et se clôturera le 15 juin 2007. La deuxième session ordinaire aura lieu du 15 septembre au 15 décembre 2007.

Toutefois, le Sénat peut également se réunir en session extraordinaire selon les conditions prévues par la Constitution de la République.

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Henri Thomas Lokondo : «Aucun cas de corruption n’a été signalé dans la province de l’Equateur »

Plusieurs observateurs électoraux nationaux ont dénoncé des pratiques de corruption lors du scrutin sénatorial et une dizaine de recours ont été déposés à la Cour Suprême de Justice, en charge du contentieux. La Cour a deux mois pour rendre ses décisions sur ces recours, qui ne sont pas suspensifs.

Une chose est certaine, cependant, les pratiques de corruption ne sont pas confirmées dans toutes les provinces. Comme le témoigne Henri Thomas Lokondo, sénateur élu de la province de l’Equateur.

Par Joseph Tshimanga Plusieurs sénateurs élus ont donné de la voix. Les uns pour fi xer les priorités de leurs provinces respectives. Les autres pour répondre aux allégations de corruption signalées ça et là dans certaines circonscriptions.

«Chez-nous, particulièrement à l’Equateur, témoigne Henri Thomas Lokondo, aucun cas de corruption n’a été déploré, notamment dans le district où j’ai été élu. Sans orgueil, j’affi rme que nous connaissions au départ qui allait passer et qui n’allait pas passer, parce que les députés provinciaux devaient voter utile; parce que c’était un vote de la raison. »

Comment a-t-on procédé ? « C’est au cours d’une réunion des députés provinciaux, toutes tendances confondues, que ces derniers ont déterminé les noms des candidats sénateurs remplissant les critères de crédibilité et de compétence requis, pour lesquels ils allaient être élus. L’intérêt général de toute la province a été pris en compte. N’empêche que chaque candidat a mené sa propagande, faisant état des buts et objectifs déclarés de sa candidature. Le tout dans le respect des règles du jeu », a-t-il souligné.

Les élections, c’est avant tout la force de conviction des candidats auprès de grands électeurs, précise Henri Thomas Lokondo. « Si, se mettre à la même table avec les électeurs, partager avec eux un verre de bière, est considéré comme une pratique de corruption, je ne sais

pas trop expliquer cela, dit-il, ce sont des règles du jeu et il fallait, en tout cas entretenir les grands électeurs de tous points de vue. » Et de poursuivre sa réfl exion : «Ceux qui affi rment qu’il y a eu corruption et achat des consciences, ce sont ceux-là qui ont voulu que les grands électeurs votent selon la discipline du parti. C’est là le problème. Or, les grands électeurs sont différents des électeurs primaires.

Ils ont voté utile, en connaissance de cause, en toute âme et conscience. »

Priorités de la province C’est, donc, sur base de critères de

compétence et de représentation objective de leur province au sein du Sénat que les députés provinciaux de l’Equateur ont voté. Toutefois, estime Henri Thomas Lokondo, les populations de l’Equateur n’ont pas des problèmes particuliers qu’il faudrait poser au Sénat. « Leurs préoccupations sont les mêmes que celles de tous les Congolais. La situation de cette province se recoupe avec les cinq chantiers du Chef de l’Eta (santé, emploi, éducation, infrastructures de base, logement).

Il y a les problèmes d’infrastructures de base, d’éducation, de santé etc».

Selon le sénateur Henri Thomas Lokondo, la solution à tous les problèmes ou tous les chantiers énoncés par chef de l’Etat dans son discours d’investiture dépend de la volonté politique de tous les dirigeants et des moyens disponibles.

Dans ce contexte, estime-t-il, les nouvelles institutions de la RDC ont besoin de l’appui de la Communauté internationale dont le soutien doit être renforcé.

Ses ambitions sont naturellement légitimes : «En tant que sénateur et ambassadeur de ma province au niveau national et international, je ferai de mon mieux pour que tous les problèmes de cette province trouvent solution. Je mets désormais le cap sur la prochaine législature. C’est là que les choses sérieuses vont commencer».

Henri Thomas Lokondo en compagnie de Javier Solana de

l’Union Européenne

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8 MONUC BULLETIN N° 150 MONUC BULLETIN N° 150 MONUC BULLETIN N° 1 MONUC BULLETIN N° 150

Par Fathya Waberi

Maniema : Une province sous informée

La Section de l’Information publique de la MONUC/Kindu a convié récemment les médias à une rencontre pour faire l’état des lieux de la profession dans la province du Maniema et établir un programme de travail commun pour la période post-électorale. Le constat dégagé est la nécessité d’accroître l’appui aux professionnels de ce secteur en vue de renforcer leurs capacités.

A l’instar d’autres infrastructures vitales, la presse du chef-lieu du Maniema, et particulièrement les médias audiovisuels, les moins développés ici, connaissent des diffi cultés qui menacent leur survie.

Sur huit stations de radio qui émettent en temps normal à Kindu, cinq seulement - Radio Okapi en tête, Radio Télévision Communautaire Maniema Liberté (RTC-MALI), Radio Télévision Kindu Maniema (RTKM), Gunda FM et Kindu Fréquence Modulée (KFM) - fonctionnent. Deux stations - la Radio Télévision Nationale Congolaise (RTNC)/Radio et Digital Congo - sont réduits au silence pour des problèmes liés à l’alimentation en électricité et une autre - Radio Raga - vient de connaître une panne d’émetteur.

Pour la télévision, le relais de la RTNC nationale à Kindu, ainsi que la petite production locale habituellement proposée par la station terrienne sont paralysées pour les mêmes raisons.

Elles souffrent par ailleurs de «mal logement», leurs locaux ayant été successivement saccagés par la rébellion en 1998 et par un ouragan en 2005. Pour l’instant, donc, seule une télévision privée, la RTKM, diffuse six heures en soirée.

En ce qui concerne la presse écrite, à l’exception de l’Agence Congolaise de Presse (ACP) et de l’hebdomadaire

« L’Etendard » qui maintiennent des correspondants dans la province, il ne paraît plus à Kindu qu’un maigre bulletin hebdomadaire de quatre feuillets et à périodicité très variable, dénommé «Kambelembele», créé en

novembre 2006. Il est l’unique journal qui circule dans la province et se consacre pour l’essentiel à la promotion et à la défense des droits de l’Homme.

Une des raisons de cette situation est l’absence totale d’imprimerie dans la province. Les rares « aventuriers de la presse » sont donc obligés d’user des moyens du bord pour publier leurs supports.

A l’extérieur de Kindu, deux des sept territoires du Maniema - Lubutu et Kailo - ne bénéfi cient d’aucune couverture télé ou radiophonique. Quant aux autres - Kasongo, Kabambare, Pangi, Punia et Kibombo -, quelques radios communautaires y sont installées.

Enfi n, Pangi et Kasongo, les seuls territoires à recevoir aujourd’hui le relais de la RTNC-Kinshasa, captent chacun une chaîne de télévision.

« Parier sur les hommes » Outre des diffi cultés techniques, logistiques et matérielles, les journalistes et responsables des médias de Kindu ont aussi fait part de leurs besoins en matière de renforcement des capacités des professionnels.

Sango Omari, président de l’Union nationale de la Presse du Congo (UNPC)- Section Maniema, insiste sur la nécessité d’organiser des ateliers de formation en techniques journalistiques et sur l’éthique du métier. Il estime que cela amènerait les journalistes à mieux connaître leurs droits et devoirs. Ils seraient ainsi plus armés contre l’autocensure et le clientélisme. En effet, les journalistes présents à la rencontre ont été unanimes sur le fait qu’il n’y ait plus

Sango Omari porte la double casquette de directeur provincial de la RTNC-radio et de président de l’Union nationale de la Presse

du Congo, UNPC, section Maniema (Photo Fathya Waberi/MONUC)

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de violations fl agrantes des libertés de la presse au Maniema, à l’exception de « quelques bavures isolées et sans grandes conséquences ».

Enfi n, les professionnels des médias du Maniema ont dit avoir conscience que leurs intérêts seraient mieux défendus

au sein d’une corporation qui leur serait propre. Le seul regroupement des journalistes qui existe actuellement est la section régionale de l’UNPC.

Certains ont fait valoir l’idée selon laquelle la corporation souhaitée, verrait le jour si les journalistes pouvaient se rencontrer régulièrement.

Ils ont ainsi proposé de relancer le projet de création d’une

«Maison de la Presse du Maniema», projet qui avait été soumis il y a quelques temps à la MONUC/Kindu pour fi nancement. La Section de l’Information publique les a assuré de son soutien dans ce sens.

Mahagi : Des femmes de soldats démobilisés se lancent dans l’élevage de caprins

Avec une contribution de 17.000 dollars américains, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD)/Mahagi, va réaliser en collaboration avec l’ONG « Lipadho », un programme d’élevage de caprins en faveur de 100 épouses d’ex –combattants. Ce projet est initié dans le cadre de la réinsertion communautaire des familles de ces ex-combattants.

Par Piergiorgio Paglialonga Le but principal de ce projet est de

relancer l’élevage dans le territoire de Mahagi en favorisant surtout le rôle de la femme. En Ituri, les femmes ont été les premières victimes de la guerre, et ce, sous plusieurs formes. Malgré la détérioration du tissu socio-économique au niveau des communautés rurales, les femmes sont restées à la tête de toutes les initiatives familiales pour la survie.

Etant donné aussi la réduction sensible des caprins due aux multiples cas de pillage, conséquence de la guerre, le territoire de Mahagi veut gagner avec les femmes le pari de sa politique de relance de l’économie locale.

En initiant ce projet, le PNUD entend renforcer les capacités des femmes

à générer des revenus. Elles vont bénefi cier d’une formation sur les techniques d’élevage et les soins vétérinaires afi n qu’elles soient, non seulement capables de conduire elles- mêmes leur élevage, mais pour qu’elles puissent servir de référence aux autres femmes du milieu pour pérenniser cette activité économique.

La gestion de toutes les activités du projet se fera sous la supervision du directeur de la Lipadho, à travers cinq animatrices choisies par le PNUD et appuyées par un vétérinaire. La formation, comprenant 5 séances de 4 jours chacune, sera basée surtout sur les notions élémentaires d’hygiène et des maladies courantes du bétail.

Quant aux bénéfi ciaires, elles seront identifi ées sur les 5 collectivités du territoire de Mahagi, notamment dans les localités où se trouvent des ex- combattants qui attendent encore leur appui à la réinsertion communautaire.

Après la formation, chaque bénéfi ciaire recevra 3 chèvres et un bouc de reproduction. Le suivi du projet sera assuré par le vétérinaire et les animatrices, qui visiteront une fois par semaine les différentes bénéfi ciaires, en leur servant de guide de l’éleveur et de l’encadrement technique.

Selon le calcul du responsable de PNUD/Mahagi, le projet aura un impact signifi catif sur l’économie locale et pourra faire diminuer, en plus, le prix de la viande sur le marché.

Le SIDA ne fait point de discrimination.

Unissons-nous pour le combattre et Bâtissons une Nation forte

(Message de la Section VIH/SIDA/MONUC)

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10 MONUC BULLETIN N° 150 MONUC BULLETIN N° 150 MONUC BULLETIN N° 1 MONUC BULLETIN N° 150

La MONUC à Minembwe pour évaluer la situation sécuritaire

C’est le 2 février vers 13 heures que l’hélicoptère transportant des responsables de la MONUC/Bukavu et ceux d’Uvira, a attérri à Minembwe. Il s'agissait du premier contact physique avec ce territoire, depuis les combats qui ont éclaté dans les Hauts plateaux le 25 janvier 2007. Ces combats ont opposé la 12ème brigade intégrée des Forces Armées de la RDC (FARDC), contre deux groupes dissidents de l’armée congolaise, respectivement dirigés par le Colonel Bisigo et le Major Michel Rukunda. L’équipe de la MONUC avait pour mission de procéder à l’évaluation complète de la situation à Minembwe. Le 3 février se sont jointes à la délégation de la MONUC les plus hautes autorités militaires dont le chef de l’Armée de terre.

Par Thierry Kranzer Vendredi 2 février, la situation était calme et les forces gouvernementales avaient le contrôle de Minembwe.

A son arrivée, la délégation de la MONUC a été reçue par le colonel Ngonga, commandant de la 12ème Brigade intégrée dont les 600 hommes sont repartis dans les hauts plateaux aux côtés de la 112ème brigade du général Masunzu.

Des informations faisant état de

maisons brûlées dans certains villages et de deux civils tués, n’ont pu être vérifi ées ou confi rmées jusqu'à ce jour.

Le porte-parole des Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR), Edmond Ngarambe, qui a joint par téléphone le soir, le porte- parole de la MONUC/Sud-Kivu, l’a rassuré de la non implication des FDLR dans les combats qui ont eu lieu dans les hauts plateaux de Minembwe. «Nous n'avons aucun intérêt à prendre part d'un côté ou de l'autre à ces différends qui ne nous concernent pas, a-t-il dit,

avant de préciser que les FDLR diffuseraient un communiqué à ce sujet le 5 février au plus tard ».

Selon des informations recueillies auprès d’une fédération d’associations des droits de l’Homme (CEADHO) présente sur le terrain, « cinq civils dont un enfant auraient été tués depuis le début des affrontements » entre les insurgés de Michel Rukunda et les forces loyalistes du général Patrick Masunzu. Même si le réseau des centres de santé des hauts plateaux n’a relevé aucun blessé ni tué du côté des civils, le CEADHO a fait cas d’un civil tué à Bigogo, un autre à Mikenge et trois à Ntahohoberwa, dont une femme enceinte et une fi lle de moins de 10 ans.

Après le calme revenu depuis le 1er février - excepté à Kamombo, situé à 50 km au nord-ouest de Minembwe, où des tirs étaient encore signalés le week-end dernier, - les associations locales ont noté que les civils qui avaient fui vers Bibokoboko, près de Baraka, commençaient à regagner les villages abandonnés il y a une semaine.

S’agissant des pertes militaires, une association habitante d’Uvira a pu établir une liste nominative de douze offi ciers tués pendant ces combats, dix du

La délégation de la MONUC et les autorités militaires congolaises à Minembwe (Photo pakbatt 3/VII/MONUC)

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côté des insurgés et deux du côté des forces loyalistes.

Accueilli par les éléments de la 12ème brigade intégrée et ceux de la 112ème brigade le 3 février, le Commandant des forces terrestres de la RDC, le général Gabriel Amisi a déclaré : « Toutes les unités non intégrées se trouvant dans les hauts plateaux doivent s’apprêter à aller au brassage et laisser la place aux unités intégrées».

Par ailleurs, le général Amisi a fustigé les effets néfastes des rumeurs et de la désinformation faisant état de destruction de villages, de massacres, de déplacement massif des populations, ou encore de participation des FDLR à ces combats. Enfi n, il a invité les représentants de la MONUC à tout mettre

en œuvre pour que des politiciens mal intentionnés

cessent de

manipuler les insurgés.

Par ailleurs, une équipe conjointe de reconnaissance FARDC-MONUC devait se rendre à Kamombo afi n d’y préparer l’arrivée d’une mission plus large. En outre, une Base d ’ O p é r a t i o n

Mobile (MOB) de 50 Casques bleus pourrait être installée sous peu pour

Le commandant de la 10ème région militaire, le général Tshikwez invitant le Lt-colonel Muheto(G), commandant de la 112ème Brigade et

le major Rukunda à se serrer les mains (Photo Thierry Kranzer/MONUC)

Le cri de cœur de Mambasa

Situé à l’extrême ouest, du territoire de l’Ituri, Mambasa est le moins peuplé (300,000 habitants), mais le plus large (36.783 Km2) des cinq territoires de ce district. Bien que situé à seulement 163 km de Bunia, il faut plus de quatre heures de route dans des conditions parfois extrêmement difficiles pour y accéder. Ceci explique pourquoi Mambasa est très peu visité. C’est donc pour se faire une idée de la situation dans ce territoire qu’une mission conjointe de la MONUC composée des représentants de la Division des Affaires Politiques, des droits de l’Homme, de la Protection de l’Enfance, des Affaires Civiles et de l’Information Publique, s’y est rendue le 29 janvier dernier.

Par Carmine Camerini

Les membres de la société civile de Mambasa lors de la rencontre avec la MONUC (Photo Ali Issiaka/MONUC)

La mission a mis à profi t son bref séjour pour s’imprégner de nombreux problèmes qui se posent dans le territoire de Mambasa. Une chose frappe tout de suite, c’est le sentiment d’isolement économique qui se manifeste par une absence notoire de développement et même de partenaires dans ce domaine : aucune agence des Nations Unies, ni ONG internationale n’est en vue dans ce coin perdu. Toutefois, la situation sécuritaire est calme malgré quelques différends interethniques. « Il n’y a pas de problèmes de sécurité bien que nous ayons environ 100 hommes de troupes qui attendent leur brassage », a déclaré l’assistant administrateur du territoire, Bernard Ukerdolu. « Il y a encore quelques anciens éléments de l’APC dans la forêt mais en règle générale, aucun parti politique ou renforcer la sécurité à Minembwe.

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autres organisations présentes ici

n’entretient des rapports avec les groupes armés», a-t-il souligné.

Mambasa est le moins représenté des territoires de l’Ituri au niveau national et provincial, avec deux élus à chaque niveau du fait du nombre peu élevé de sa population. Tous les représentants des partis présents à Mambasa sont d’accord sur un point : le manque de communication et de soutien de la part de leurs instances provinciales ou nationales est un serieux handicap.

Pourtant, ils ont donné une leçon de civisme et de nationalisme dans le territoire en menant une campagne électorale apaisée et parfois en se présentant conjointement lors des grands meetings pour s’adresser à la population. Les représentants de la société civile de Mambasa ont, quant à eux, sollicité un appui pour le renforcement de leurs capacités afi n de se rendre plus aptes à assumer le rôle et la responsabilité qui sont les leurs.

L’un des principaux produits d’exportation de Mambasa est l’huile de palme. L’équipe a été informée d’un

« mal mystérieux » qui s’attaque aux palmiers depuis un certain temps et qui

les détruit au bout de quatre à cinq mois.

A ce jour, ce sont environ 853 palmiers qui ont été détruits. La population est donc complètement désemparée devant le manque de moyens de l’autorité territoriale qui ne peut les assister.

C’est donc un véritable cri de détresse qu’elle a envoyé à la MONUC qui ne peut que relayer leur message aux

Une école ouverte à tous les enfants défavorisés (Photo Carmine Camerini/MONUC)

autorités de district à Bunia.

La mission a aussi eu l’occasion de visiter une école pour les enfants pygmées. L’existence de cette école se justifi e d’abord comme un moyen pour encourager l’intégration de cette minorité dans la société, et ensuite comme une solution à leurs diffi cultés à payer les coûts exigés dans les écoles normales. L’éducation y est gratuite et leur culture respectée. Pourtant, les Pygmées émettent des réserves sur ces multiples initiatives entreprises en leur nom. Dans une interview à Radio Okapi, Malu Apiata, un Pygmée de Mambasa, accuse certaines ONG de les utiliser comme fonds de commerce pour leurs propres intérêts.

« Désormais, s’il y a des associations qui s’occupent des Pygmées, il serait mieux que nous y soyons représentés.

Cela nous permettra de savoir exactement ce qui se fait en notre faveur », dit-il, amer.

Il est vrai que la MONUC ne peut pas apporter des solutions miracles aux multiples problèmes de Mambasa, mais cette visite a eu le mérite d’éclairer et d’attirer l’attention des autorités congolaises sur la situation.

Les enfants de l’école de Mambasa pendant la récréation (Photo Carmine Camerini/MONUC)

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Aru : Les ex-combattants toujours sur la brèche

Le 28 janvier dernier, Aru a été le théâtre de manifestations d’humeur des ex-combattants, tant sur le site de formation de l’ONG ADRA (Adventist and Development Relief Agency) que dans les rues de cette petite ville d’Ituri, située aux confins de la RDC, du Soudan et de l’Ouganda. Quelques jours auparavant, de nombreux démobilisés se pressaient devant les locaux de l’ONG « Adra » espérant voir apparaître leurs noms sur les listes des bénéficiaires, tant en ce qui concerne les filets de sécurité que les kits de réinsertion.

Par Marylène Seguy

Ce jour, l’ONG ADRA a présidé, en présence du colonel Xavier Duku, représentant de la Commission Nationale de Démobilisation (CONADER) en Ituri, la cérémonie de clôture offi cielle des activités d’encadrement des ex-combattants à Aru. Ainsi, avant même la fi n des discours protocolaires, la centaine de démobilisés présents à la cérémonie a commencé à protester contre Emmanuel Tshibangu, le superviseur d’ADRA, ainsi que le colonel Duku, estimant avoir été lésés par ces derniers. S’en sont suivies des protestations qui sont progressivement montées en puissance, avant de baisser d’intensité, pendant que le colonel s’adressait à eux.

Quelques heures plus tard, les démobilisés ont manifesté dans les

rues d’Aru réclamant leur kit de réinsertion. Cependant, aucun incident majeur n’a été signalé. Cette confusion générale est à mettre sur le compte d’une divergence au niveau des listes des bénéfi ciaires notamment celle d’ADRA et l’autre établie par la CONADER, dont les noms des inscrits ne correspondent pas nécessairement.

Il convient de signaler que la plupart des fi lets de sécurité ont été payés, au total 110, en date du 29 janvier.

Néanmoins, la CONADER poursuit ses investigations portant sur 134 cas litigieux qui n’apparaissent pas sur les documents de paiement mais dont les concernés sont pourtant en possession d’une carte d’identité prouvant leur démobilisation.

Cependant, les kits de réinsertion posent problème. En effet, selon le colonel Duku, parmi les manifestants, un certain nombre d’entre eux ont

déjà reçu une formation en 2005 grâce à l’ONG « SECA » (Synergie à l’Education Communautaire et Appui à la Transition) fi nancée par l’Agence américaine pour le développement

« USAID » mais d’autres selon Xavier Duku, ont tenté d’obtenir leurs kits de réinsertion de manière frauduleuse.

Les litiges concernent 191 ex- combattants ayant reçu une formation au sein d’ADRA mais qui, cependant, continuent à réclamer leur « dû ».

Parmi eux, les ayant-droits n’ont pas encore été clairement identifi és. La CONADER et ADRA ne semblent pas s’accorder quant à la liste des participants au programme de réinsertion. Et certains ex- combattants tentent de profi ter de l’actuelle confusion. Aussi, le colonel Duku devrait poursuivre encore ses investigations afi n de régler au mieux ce contentieux.

Quelques démobilisés au travail de champ (G) et l’assistance pendant la cérémonie de clôture des activités d’encadrement (Photos Marylène Seguy/MONUC)

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Par Sy Koumbo

Supplément Santé

Zoom sur l’Hôpital pédiatrique de Kalembelembe

Cet hôpital, du fait de sa spécificité, parce que le seul dans toute la République Démocratique du Congo (RDC) à avoir la capacité d’apporter des soins adéquats aux enfants atteints du VIH/Sida, le Secrétaire Général de l’ONU, Ban Ki-Moon, en venant au Congo fin janvier, y a porté son choix pour une visite.

Quelque deux semaines après cette visite, nous avons décidé d’y retourner. Découverte.

11 heures 30mn, nous venons de faire notre entrée dans l’enceinte de l’Hôpital pédiatrique de Kalembelembe situé dans la commune de Lingwala.

La première des choses qui frappe en entrant dans ces lieux est la propreté et l’ordre qui y règnent. On n’y voit ni malades ni accompagnants traîner dans la cour. En levant un peu les yeux, on peut lire sur le fronton d’un couloir : Surveillant. C’est là-bas que nous sommes allés prendre les renseignements. Une infi rmière à qui nous nous sommes adressés, a accepté volontiers de nous conduire au bureau du Médecin Directeur.

Le bâtiment au style colonial étant une sorte de duplex, nous montons, ma collègue et moi, quelques marches au pas de charge, car nous avons de la peine à suivre l’infi rmière, qui, en habituée des lieux, marchait plus vite que nous. Il y a ensuite un long couloir à traverser, quelques marches encore à descendre et nous voilà devant le bureau du Médecin-Directeur. Sur un long banc en face de ce bureau, une dame et son garçon âgé d’à peine 10 ans attendent sagement. Serait-ce le médecin ou quelqu’un d’autre ? On ne le saura pas. L’infi rmière, elle, s’est glissée rapidement dans une salle attenante -sans doute le secrétariat- où elle en est aussitôt ressortie pour nous demander de la suivre. Le médecin était prêt à nous recevoir. Après les salutations d’usage et après lui avoir expliqué le motif de notre visite, elle nous confi era à l’infi rmière en chef qui se chargera de nous faire visiter les lieux.

C’est dans son bureau, au premier niveau que la visite a commencée.

Mediatrice Biamungu -c’est son nom- qui nous a chaleureusement reçus, a en quelques mots expliqué le fonctionnement de cet hôpital, notamment la chaîne de prise en charge qui commence par la salle de surveillance. C’est en effet le surveillant qui oriente les parents des malades vers la salle de réception. Là bas, un administratif établit le dossier du malade et un ou une infi rmière prélève les paramètres vitaux (température, pouls etc..) avant de les envoyer au box de consultation où travaillent deux médecins. Ici, après la consultation et selon les cas, soit on prescrit les médicaments en ambulatoire, soit on envoie l’enfant en urgence/soins intensifs ou en hospitalisation. Mais attention, en fonction de l’urgence, c’est-à-dire si le cas du malade nécessite une intervention rapide, toutes ces étapes sont dépassées. Le malade est envoyé directement aux

soins intensifs/réanimation à partir de la salle de consultation, et ce sont les médecins qui le suivent pour faire leur diagnostic.

La visite

Mais revenons à la visite, car du bureau de l’infi rmière en chef où nous étions, nous débouchons directement sur la salle d’hospitalisation. La salle, d’une capacité de 47 lits ne désemplit jamais selon l’infi rmière en chef. Francisca Nianga, la quarantaine entamée, son bébé dans les bras est là depuis jeudi 1ererer février. Alors qu’elle attend février. Alors qu’elle attend le médecin chargé de la visite, nous l’abordons : « Je suis venue parce que cet hôpital pédiatrique a une excellente réputation, je viens de la commune de Bumbu située très loin d’ici, parce que j’apprécie la qualité du traitement ».

Au vu du sourire qu’affi che la petite Valerie Muteba, 6 mois, qui avait fait une crise de paludisme quand sa maman l’a amenée en urgence dans cet hôpital, il y a quelques jours, on

Ban Ki-Moon lors de sa visite à cet hôpital (Photo Myriam Asmani/MONUC)

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peut dire que la maison n’a pas trahi sa réputation. Plus loin dans un lit dont la propreté des draps est frappante, dort paisiblement un bébé d’un an environ, entouré de ses nounours. Sur lui veille, l’air serein, celle qu’on nous présentera comme sa grand-mère.

L’enfant, qui a été transféré dans cet hôpital depuis le 25 janvier avait fait une crise de méningite, nous explique l’infi rmière : « Aujourd’hui il est sauvé, mais nous craignons des séquelles, c’est pourquoi nous avons demandé des examens supplémentaires sur le plan neurologique et nous attendons l’interprétation du médecin. Après cela, s’il n’y a aucun danger, l’enfant rentrera chez lui », nous précise t-elle. Shahiné vient de la commune de la Gombe. Sa petite fi lle (8 ans environ) a fait une crise de paludisme, elle aussi, et est sous perfusion. Mais Jennifer ramenée en catastrophe la veille va beaucoup mieux aujourd’hui. Selon les dires de l’infi rmière, si la situation évolue bien, elle quittera l’hôpital le lendemain de notre visite. Quand, au moment de sortir nous lui avons souhaité prompte guérison, Jennifer, sourire en coin, nous a dit « merci ».

La deuxième étape de notre visite est le laboratoire d’analyses ; en face, les mamans ou les papas qui ont amené leurs enfants attendent sagement les résultats. Mme Moubande Yalala Domitila, la responsable, bien que l’air débordé, a accepté de nous dire quelques mots : « Ici nous faisons 100 à 150 analyses par jour et comme nous sommes dans une zone endémique, nous faisons beaucoup de GE (Goutte épaisse) pour détecter la malaria, (75%

des cas) parce que le médecin suppose que chaque enfant peut faire la malaria.

Il y a aussi les GB (globules blancs) à cause des infections, et les selles parce que les milieux sont souvent souillés ».

Au laboratoire, ils sont 8 à abattre ce boulot méticuleux ; il s’agit de 6 biochimistes et de 2 infi rmiers. Tout à côté, c’est la salle de réanimation/soins intensifs. D’une capacité de 9 lits, tous occupés, cette salle est bien équipée : masques à oxygène, bonbonnes d’air.

Les infi rmiers sont très affairés, la

maman d’une petite fi lle qui est sous oxygène parce qu’elle a toutes les peines du monde à respirer pleure, une autre dont l’enfant a des convulsions, prie alors que l’infi rmier tente de la calmer. André Tshilumbayi qui essaye d’alléger les souffrances de l’enfant en lui faisant une aspiration pulmonaire explique: « l’enfant est sous oxygène parce qu’il a de la peine à respirer.

Ses poumons sont encombrés. La maman est certes inquiète, mais nous faisons tout ce qu’il faut pour soigner l’enfant ».

Entre deux sanglots, elle-même dit qu’elle fait confi ance aux infi rmiers

de cet hôpital, et elle croit que son enfant s’en sortira.

Au responsable du service à qui nous avons demandé s’il n’y avait pas de diffi cultés, la réponse tombe tout de suite: « Nous avons les moyens qu’il faut, même si nous ne sommes pas au top. Mais nous avons besoin d’un monitoring (un appareil qui permet d’avoir sur écran le mouvement du cœur et de certains paramètres vitaux) et d’un extracteur d’oxygène (appareil qui contrairement aux bonbonnes, une fois branché au courant comprime lui-même l’oxygène et le redistribue en cas de besoin)…nous en avons un mais il est tombé en panne à cause de la surutilisation ».

Maladies infectieuses

L’autre unité qui fait la grande spécifi cité de cet hôpital est l’unité des maladies infectieuses qui prend en charge les enfants atteints du VIH/Sida et ceux qui souffrent de tuberculose ; la seconde étant souvent une infection opportuniste liée au Sida. Ici, pour éviter la stigmatisation, les malades ne sont pas gardés ; ils sont plutôt suivis en ambulatoire. D’ailleurs beaucoup de personnes venant dans

cet hôpital, en dehors du personnel, ne connaissent pas la spécifi cité de cette unité qui, depuis quelques années, est prise en charge par l’Université de Caroline du Nord (Etats-Unis). Deux médecins et 3 infi rmiers, plus une assistante psycho-sociale sont formés spécialement à cet effet. Ce sont eux qui assurent depuis plusieurs années le suivi de près de 1.000 enfants -de 0 à 19 ans- répertoriés par leurs services.

L’unité en fait travaille en aval avec les maternités qui suivent les parturientes dès le début de leurs grossesses.

Lorsque celles-ci volontairement acceptent de se faire dépister et que l’on découvre leur séropositivité, elles sont référées à Kalembelembe. Une fois que la maman a accouché, le bébé est mis sous ARV (anti- rétro viraux) à partir de 6 mois, la mère aussi. « Mais ici chez nous, si les médecins constatent des signes cliniques qui font référence à la maladie, l’enfant subit des tests avec l’accord de ses parents. Et si le test est positif, on le prend en charge.

Il est arrivé que l’enfant soit positif et que les parents refusent de se faire dépister. Mais nous, on ne désespère pas. Il est arrivé que ce soit au bout de trois ans que les parents aient donné

Un enfant malade sur son lit d’hôpital (Photo Ado Abdou/MONUC)

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leur accord, ils développaient déjà la

maladie », souligne Maman Théthé, une des infi rmières.

Si leur fi erté est de voir certains de leurs malades bien évoluer, le personnel

Docteur Akele, qui est le Médecin directeur de cet hôpital, nous a fait la genèse de cet hôpital et les diffi cultés auxquelles il est confronté.

Dr Akele: L’Hôpital pédiatrique de Kalembelembe a été créé en 1948 par la Croix Rouge de Belgique et à l’indépendance est devenu la propriété de la Croix-Rouge du Congo. En 1973, l’hôpital est passé sous l’autorité de l’Etat congolais qui l’a ensuite cédé en gestion à la Croix Rouge du Congo à partir de 1988. C’est donc en co-gestion que travaillent aujourd’hui la Croix Rouge du Congo et celle de la Belgique qui est notre partenaire principal.

Quels sont les moyens dont dispose l’hôpital vu la sollicitation dont vous faites l’objet ?

Dr Akele: Il y a d’abord les moyens de l’Etat, lequel a mis à notre disposition les locaux et ses agents. L’Etat a un droit de regard sur l’hôpital, c’est lui qui nous donne certaines directives, et de ce point de vue il apporte aussi son concours pour le fonctionnement de l’hôpital. Récemment, nous avons reçu des médicaments de l’Etat dont les ARV (anti-retro-viraux) que nous donnons gratuitement aux enfants malades. Quelques équipements ont été aussi donnés tels les appareils de radiographie, d’échographie et de laboratoire. Mais le partenaire principal reste la Croix Rouge de Belgique qui intervient d’abord sur le plan de la gestion ; parce que nous avons un système de gestion, sain et transparent.

La Croix Rouge de Belgique aide

par ailleurs à la construction et la réhabilitation de certains de nos bâtiments. C’était le cas du bloc pédiatrique, de la pharmacie que vous avez vue à l’entrée, du service de néo- natalogie et des soins intensifs. D’autres bailleurs tels que la Banque Mondiale sont intervenus à travers la Croix Rouge de Belgique pour construire la morgue et le nouveau bâtiment administratif, parce que, à un moment donné le personnel était à l’étroit. On a eu aussi un fi nancement de la MONUC lors d’une visite de Kofi Annan en RDC. C’est le groupe électrogène qui nous dépanne lorsqu’il y a coupure de courant. Des privés interviennent aussi, c’est le cas de Vodacom, parce que nous ne restons pas les bras croisés pour attendre, nous cherchons nous même des fi nancements pour faire face

à nos besoins. Le Fonds des Nations Unies pour l’Enfence (UNICEF), le Pam interviennent aussi pour l’unité de nutrition thérapeutique.

Vous avez une spécifi cité, vous êtes le seul hôpital en RDC qui soigne les enfants atteints du VIH….

Dr Akele: Oui, nous avons une unité de maladies infectieuses. Cette unité a commencé à fonctionner d’abord avec la Croix Rouge de Belgique. On faisait du traitement ambulatoire, notamment aux enfants atteints de tuberculose et comme vous le savez sans doute, la tuberculose est une des infections opportunistes liées au Sida. C’est en 2004 que la Croix Rouge a trouvé un partenaire, l’Université de Caroline du Nord (UNC) qui a mis en place le travaillant dans cette unité n’en pose

pas moins le problème des effectifs.

« Nous avons besoin que notre effectif soit renforcé pour qu’on puisse continuer à donner le meilleur de nous

mêmes à ceux qui en ont besoin », a conclu Jean-Pierre Ndaye lui-même infi rmier.

Dr Akele : « 8 pour cent seulement des personnes malades au Congo ont accès aux ARV »

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La Directrice de l’Hôpital appelle à un soutien des personnes de bonne volonté (Photo Ado Abdou/MONUC)

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L’hopital de Kalembelembe en chiffres L’hopital de Kalembelembe en chiffres

L’hôpital de Kalembelembe qui est aussi vieux que le Congo colonial a 59 ans d’existence. Son personnel est estimé aujourd’hui à 151 personnes dont 51 infi rmiers, 11 médecins parmi lesquels 3 pédiatres et 2 médecins spécialistes en maladies infectieuses notamment le VIH /Sida. L’hôpital a une capacité d’accueil de 91 lits dont 9 en soins intensifs/réanimation et une morgue d’une capacité de 9 lits. L’hôpital dispose de 3 services (ambulatoire, hospitalisation et soins intensifs) auxquels vont s’ajouter le bloc de chirurgie pédiatrique (dont la construction vient d’être achevé et qui attend d’être équipé) et le service de néo natalogie. Il accueille un minimum de 50 enfants par jour soit 1500 traités par mois et suit prés de 1000 enfants -0 à 19 ans- atteints du VIH/Sida. L’hôpital fonctionne sur fonds propres d’où la nécessité pour les parents de payer les factures (les frais d’hospitalisation pour cas de paludisme varie selon la complexité de la maladie. 20$ pour 3 à 4 jours d’hospitalisation et près de 200$ lorsque la maladie se complique et nécessite plusieurs jours de traitement).

projet SARA (acronyme anglais qui signifi e suivi et traitement en ARV) en introduisant les ARV, la prise en charge psycho-sociale, la prévention de la transmission de la mère à l’enfant.

On travaille donc avec les maternités pour sensibiliser les femmes enceintes à se faire dépister et celles qui sont malades à se faire suivre. N’ayant pas suffi samment de médicaments parce que le traitement en ARV est à vie, nous avons choisi certains enfants que nous suivons. Récemment, comme le gouvernement nous a fait un don en ARV, nous avons augmenté notre capacité en traitement. Aujourd’hui, il y a plus de 600 enfants qui sont suivis chez nous. Mais évidemment nous voulons repiquer ces cas dans d’autres régions du Congo. Ailleurs, 18 pour cent des personnes en besoin ont accès aux ARV, au Congo on est à 8%, c’est limite ; sans compter que nous avons besoin des gens formés pour le suivi des malades, parce qu’il y a des contrôles réguliers à faire. Ce que nous faisons n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan des problèmes que constitue le Sida.

Quelles sont les diffi cultés que vous rencontrez ?

Dr Akele: Les diffi cultés ne manquent pas. D’abord il y a le fait que la plupart des parents ne payent pas leurs factures. C’est vrai que nous essayons de les motiver à payer, mais compte tenu de l’état d’indigence de certains

nous les laissons partir. Il arrive même que ce soit le personnel qui cotise pour payer certaines factures. En principe, lorsqu’

un parent vient avec son certifi cat d ’ i n d i g e n c e , généralement ce sont des familles des militaires ou des policiers, nous les traitons et nous envoyons

les factures soit à l’Hôtel de Ville, à l’armée ou à la police, mais ces factures ne sont jamais payées. Or nous avons des charges quotidiennes et bien d’autres auxquelles il nous faut faire face, tels les fournitures de bureau, les factures d’électricité etc.. ; connaissant les salaires de l’Etat, nous donnons aussi des primes de motivation pour que le personnel ne rançonne pas les malades, nous prenons en charge les soins de leurs familles. Et tout cela demande des fonds. Vous avez vu la salle de chirurgie pédiatrique qui a besoin d’équipements performants, il y a l’unité de néo natalogie qui demande à être équipée. Ce sont des besoins pour lesquels nous demandons l’aide des personnes de bonne volonté. Nous avons aussi un personnel vieillissant que nous voulons renouveler pour continuer à être performants dans notre travail,

mais le système de retraite n’étant pas organisé, nous sommes bloqués.

Un message ?

Dr Akele: Je voudrais dire que la santé n’a pas de prix. Partout dans le monde la santé coûte chèr. Il faudrait un système d’aide, de prise en charge ; en clair un système de sécurité sociale et c’est à l’Etat d’organiser tout cela.

Il y a beaucoup de gens dans ce pays qui ne travaillent pas, avec les nouvelles institutions qui viennent d’être mises en place, on espère que toutes les conditions seront réunies pour permettre aux Congolais d’accéder à l’emploi et de cette façon les gens pourront avoir la possibilité de prendre convenablement en charge la santé de leurs familles.

Les mères au chevet de leurs enfants malades (Photo Ado Abdou/MONUC)

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Coin des contingents

Le contingent bangladais intervient en faveur de l’orphelinat de Bunia

Le 3 février dernier, le commandant du contingent bangladais (BANBAT T), le lieutenant colonel Selim Mohammad Bahar a fait un don de vivres à l’orphelinat de Bunia. Ce don est un geste humanitaire de la part de ce contingent.

Par Carmine Camerini

L’importance de cette intervention est d’autant plus évidente que les orphelins qui constituent le groupe le plus vulnérable de la société ne sont pris en compte que partiellement dans les stratégies internationales de la protection de l’enfance. Les structures et les individus qui font œuvre d’extrême courage et de dévotion pour faire face à cette problématique ne reçoivent pas un soutien conséquent correspondant à cette préoccupation.

Ainsi, l’orphelinat de Bunia accueille 70 orphelins de guerre âgés entre zéro et neuf ans, qui proviennent de toute la région. Ils sont sous la protection et la responsabilité de deux sexagénaires religieuses congolaises, Soeur

Immaculée et Sœur Joséphine, qui depuis plusieurs années font œuvre

« d’héroïsme » quotidien pour les secourir et leur permettre de survivre.

R é c e m m e n t , pour pouvoir subvenir à leurs besoins alimentaires, ces braves femmes ont commencé à faire de la culture m a r a î c h è r e ,

ce qui,

malheureusement, ne permet pas d’assurer le minimum indispensable.

Créé en 1928 grâce à l’œuvre des Sœurs

de la Congrégation, l’orphelinat a bénéfi cié de l’aide de l’entreprise minière « KILOMOTO » jusqu’en 1981. Par la suite, les sœurs ont réussi à survivre grâce aux revenus de leurs activités d’infi rmières notamment, alors qu’elles n’avaient qu’un petit nombre d’enfants à leur charge.

Aujourd’hui la guerre a fait exploser le nombre, le faisant passer à soixante- dix orphelins à Bunia et dix à Goma.

Depuis 2001, plus de 150 orphelins ont pu bénéfi cier du gîte et du couvert des Sœurs Immaculée et Joséphine.

Une trentaine d’entre eux ont été déjà réinsérés dans des familles d’accueil.

Malheureusement, une dizaine ont perdu la vie à cause de deux facteurs concomitants : d’un côté les très mauvaises conditions dans lesquelles ils vivent à l’orphelinat, et de l’autre l’insuffi sance des moyens pour les soigner contre les maladies.

Cette première intervention ne restera pas la dernière, car le commandant Bahar leur a promis le soutien continu du BANBATT jusqu’à ce qu’une solution durable soit trouvée pour garantir la survie ainsi que l’amélioration des conditions de vie de ces orphelins.

Le commandant du contingent bangladais en visite à l’orphelinat de Bunia

(Photo Carmine Camerini/MONUC)

Remise du don des Casques bleus bangladais à l’orphelinat de Bunia

(Photo Carmine Camerini/MONUC)

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Kindu : Le contingent indien célèbre l’indépendance de son pays

A l’occasion du 58

ème

anniversaire de l’indépendance de la République de l’Inde, le 26 janvier dernier, le contingent indien de la MONUC en poste à Kindu a organisé une série de manifestations qui se sont étalées sur deux jours.

Par Abou Mouhilou Seidou L'anniversaire de l’indépendance de la République de l’Inde a été marqué par une cérémonie de levée du drapeau indien aux côtés de celui des Nations Unies, sous la direction du Commandant RGK Kapoor VM. Cette cérémonie a été suivie du traditionnel dîner des offi ciers auquel ont pris part les membres des autres contingents en poste à Kindu, notamment le commandement du contingent bolivien. Le jour suivant était consacré aux activités sportives, culturelles et à des jeux divers.

Quelque 70 enfants de l'orphelinat

« Mungu ni Mapendo kwa wote », conviés à la célébration par les Casques bleus indiens ont pu bénéfi cier de tests médicaux gratuits, et ont eu l’opportunité de s’adonner à des activités sportives, à l’issue desquelles des cadeaux ont été offerts aux vainqueurs et un repas à tous.

Un Casque bleu en pleine consultation d’un enfant malade (Photo Contingent indien/MONUC)

Pour le Commandant Kapoor, il s'agissait de toucher une catégorie de personnes vulnérables qui n’a pas suffi samment de soutien, et qui a droit à la vie comme

toute autre personne. Il fallait donc les approcher et festoyer avec eux, cela dans le but de promouvoir la paix, ainsi que le bien-être de l’enfant congolais. Une initiative saluée par Madame Okoko, en charge de ces orphelins, qui a exprimé sa reconnaissance envers le contingent indien et la MONUC.

La mission habituelle du contingent indien est de faciliter les opérations aériennes à l'aéroport de Kindu.

Les enfants et les Casques bleus indiens pendant les preparatifs de la fête (Photo Contingent indien/MONUC)

Referenties

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