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Pauvres, mais honnêtes, nous paraissons quand nous pouvons, et notamment le lundi 21 avril 2014

Vous en avez profité Vous en avez profité Vous en avez profité

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Année 2014, numéro 12 SOMMAIRE Europe de l’Est Europe de l’Est Europe de l’Est Europe de l’Est

Guerre Froide II – L’aspect économique... page 1 Notations

Notations Notations Notations

Le cabinet Aon améliore les notes de risque du Ghana et de l’Ouganda et dégrade les BRICS... page 9 Kenya

Kenya Kenya Kenya

Changer la méthode de calcul du PIB et accéder au rang de PRI ?... page 11 Vietnam

Vietnam Vietnam Vietnam

Le Vietnam n’est pas tombé dans le piège du revenu intermédiaire... page 12 RDC

RDC RDC RDC

Albert Yuma vs/ Matata Ponyo... page 13 Amnistie sélective... page 19

Chine Chine Chine Chine

Deux points de vue différents sur les réformes... page 22

Les dirigeants du PC chinois dessinent la stratégie pour les dix prochaines années... page 22 Réformes économiques : bonnes pour les Chinois ou pour l’Occident ?... page 24

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Europe de l’Est Europe de l’Est Europe de l’Est Europe de l’Est

Guerre Froide II – L’aspect économique

Par Guy De Boeck

Le commentaire le plus fréquent qui s’entende ou qui se lise à propos des événements de la « crise ukrainienne » est certainement « On se croirait revenu au temps de la Guerre froide ». Nous retrouvions nos bonnes habitudes d’il y a trente au quarante ans. Une fois de plus, nous étions les « bons » et, sur l’écran de nos téléviseurs, les « mauvais » défilaient, comme d’habitude, en char sur la Place Rouge.

On s’y croyait !

Or, ce n’est plus la même chose !

La question n’est pas que la Russie n’est pas l’URSS d’antan et que les drapeaux ne sont plus rouges, mais tricolores. La différence fondamentale, c’est que la Russie ne se situe plus dans un monde économique différent. Jetons un regard rétrospectif.

A partir de novembre 1917, l’URSS s’est trouvée isolée. Ce n’était pas sa volonté.

L’assertion, mise en avant à l’époque, que « les communistes, en violation du principe de continuité de l’Etat, refusaient de reconnaître les dettes russes contractées du temps des tsars, en particulier les fameux « emprunts » souscrits par tant de petits porteurs », ne tient pas la route. Lénine s’était déclaré prêt à honorer la facture, mais avec un « plafond », ce qui aurait permis de rembourser, précisément, les petits épargnants mais pas les énormes montants souscrits par des spéculateurs, au premier rang desquels se trouvaient les banques occidentales qui avaient profité des emprunts pour voler les tsars comme dans un bois. Quelques années plus tard, cet isolement devait s’avérer un magnifique cadeau car, en traitant l’URSS en pestiférée, l’Ouest lui permit de n’être pas touchée par la Grande Crise de 1929 qui frappa l’ensemble du monde capitaliste. Puis vinrent la montée des fascismes et la Seconde Guerre Mondiale. Après celle-ci, la Guerre Froide divisa l’Europe en deux espaces économiques distincts entre lesquels les échanges ne furent guère encouragés. L’OTAN, en particulier, cultiva constamment une vision de ce qui méritait le nom de « matériel d’intérêt stratégique »

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qui aurait empêché de vendre aux Soviétiques des marteaux, des faucilles ou même des filets à papillons.

Certes, la défaite soviétique dans la Guerre Froide I a été une défaite économique.

Mais c’était par essoufflement. A la longue, l’URSS fut incapable de consacrer une part toujours croissante de ses ressources à suivre le rythme démentiel que les Etats-Unis imprimaient à la course aux armements. La compétition elle-même était politico-militaire et l’économe, même si elle était déterminante en dernier ressort, ne venait qu’en seconde ligne.

Aujourd’hui, dans ce que d’aucuns sont tentés de considérer comme la Guerre Froide II, Washington et Moscou sont dans le même univers capitaliste, les entreprises russes sont cotées en bourse, et beaucoup d’Européens de l’Oust cuisent leur frichti sur du gaz fourni par les Popov. Les liens économiques entre l’Est et l’Ouest sont d’une densité et d’une complexité autrefois inconnues. L’on n’a pas tardé d’ailleurs à agiter, dans le cadre de la « crise ukrainienne », le spectre des « sanctions économiques ». Ce qui justifie toute une série de questions.

La Russie, un BRIC dont les fondements économiques vacillent depuis plusieurs mois déjà, est-elle en train de se faire caviarder son économie ? Les menaces de sanctions actuelles et les menaces sur les banques et les entreprises russes tombent vraiment au pire moment pour une économie en pleine réforme. La Russie saura-t-elle conduire les réformes nécessaires pour sortir de l'embourbement économique ? Les raisons économiques de la chute de l'URSS - et donc de sa défaite dans la Guerre froide -- sont évidentes. Aujourd'hui, à nouveau, le conflit autour de l'Ukraine risque-t-il de faire plonger une économie russe déjà affaiblie ? La Russie économique pourrait-elle, à terme, être victime d’une politique impérialiste de Moscou ? Et au milieu de tout cela, il y a toujours la question des approvisionnements en gaz dont nous avons déjà parlé. Quid de la conséquence, c'est-à-dire de la montée du GNL, le gaz naturel liquéfié qui devrait permettre à l'Europe de réduire progressivement sa dépendance aux importations de gaz russe, mais qui constituerait un nouveau lien de dépendance envers les Etats-Unis ?

Pour mieux faire comprendre ce que je veux dire, reportons nous aux événements de la semaine qui vient de s’écouler, soit du 12 au 19 avril 2014.

Politique

La blessure était manifestement mal refermée. Au vu des échanges d'amabilités qui se multiplient entre les Etats-Unis et la Russie ces derniers jours, des accusations d'impérialisme ou de nationalisme lancées de parts et d'autres, la Guerre froide est manifestement loin d'avoir été digérée aussi bien du côté américain que russe.

Au centre des affaires, il y a l'Ukraine. Des forces pro-russes, que l'Europe et Washington accusent d'être téléguidées par Moscou, ont multiplié ces derniers jours les agressions et la prise de bâtiments publics dans l'Est du pays. Kiev a donc lancé un ultimatum leur enjoignant de déposer les armes. Ultimatum qui est arrivé à expiration, manifestement sans avoir eu aucun effet.

La Russie s'est insurgée contre la répression menée par Kiev contre sa population tandis que les Occidentaux n'en finissent plus de dénoncer la main de Moscou et de promettre de nouvelles sanctions en cas d'escalade des violences.

Economie

Je n'entrerai pas ici dans le débat de la légitimité de l'intervention russe en Crimée mais je me concentrerai sur l'aspect économique, en l’abordant par son côté le plus sale : la

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spéculation boursière. Voici ce qu’un chroniqueur spécialisé1 écrivait au milieu de cette même semaine.

"Mardi, alors que le marché restait en phase de reprise technique jusqu'à 16h, en fin d'après-midi ensuite, un regain de tension en Ukraine a fait replonger les marchés assez nettement. En cause : des rumeurs de parachutage de troupes russes en Ukraine.

Cela a causé un sell-off assez important à Wall Street notamment où le Nasdaq est passé de près de +1% de hausse à -2% de baisse vers 19h hier soir. Pour autant, la versatilité était au rendez-vous puisqu'ensuite alors que la tension géopolitique se tassait, les indices sont brutalement repartis dans le sens inverse pour finalement terminer la séance... dans le vert ! Renversement assez fou dans son amplitude !

Mercredi, l'humeur se poursuivait avec des comptes corporate plutôt meilleurs qu'attendus dans l'ensemble (seul Bank Of America a un peu déçu contrairement aux Intel et autres Yahoo! hier soir en after hour) et la parution d'un PIB chinois au premier trimestre un peu meilleur que prévu (+7,4% contre +7,3% de consensus).

Sur les marchés, objectivement, je partage pleinement ce que disait mon collègue Philippe dans sa Lettre Pitbull ce matin : 'prendre des positions spéculatives ou même plus fondamentales dans ces conditions revient à jouer à la roulette russe.'"

Bien sûr, la Bourse réagit toujours aux nouvelles politiques, ne fût-ce que parce que tensions et conflits font monter le cours des actions des marchands d’armes. Mais je pense que l’on m’accordera que des répercussions aussi

rapides et aussi larges de la moindre rumeur concernant la crise en cours ne se seraient pas vues en 1970 ou en 1980, et que si elles n’auraient pas eu le même effet, c’est parce qu’alors la mondialisation n’avait pas encore eu lieu.

Toutefois, avant d’aller plus loin dans le domaine économique, je voudrais revenir un instant sur ce que je disais au début de cet article.

Nous retrouvons nos bonnes habitudes d’il y a trente au quarante ans. Une fois de plus, nous sommes du côté des « bons » et, sur l’écran de nos téléviseurs, les « mauvais » défilent, comme d’habitude, en char sur la Place Rouge.

Je dois cependant avertir les bons patriotes otanophiles qui se seraient fourvoyés parmi mes lecteurs de ce que l’uniforme de l’armée russe n’est plus celui d’autrefois que désormais l’ennemi porte la tenue ci-contre. C’est donc dorénavant à l’aspect de ce genre de personne qu’il faut ouvrir a fenêtre pour crier « Les Russes

arrivent ! ». Bien sûr, à tout hasard, vous pouvez aussi siffler… Qui sait ? Qui ne risque rien n’a rien…

Bien, sur cette note guillerette, revenons à nos moutons. Les déclarations pessimistes quant à l’économie russe dans un proche avenir n’ont pas manqué. La Banque mondiale a

1Mercredi 16 avril 2014 « Tenté par une partie de roulette russe ? » par Mathieu Lebrun dans Agora Trading

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ainsi déclaré que, si la crise s'aggravait, le coût serait lourd pour l'économie russe, avec une baisse de 1,8% de son PIB cette année. La Banque mondiale n'est pas la seule à revoir à la baisse ses prévisions, le FMI prévoit maintenant une croissance de 1,3% cette année. Mais le coup le plus rude est venu du vice-ministre de l'Economie russe et directeur du département de prévisions macroéconomiques, Andreï Klepatch. Celui-ci a revu la croissance de son pays à 1,1% cette année dans le meilleur des cas, et à 0,5% dans le pire... A comparer avec les 2,5% qui étaient jusque-là attendus. Les agences de notation se sont elles aussi mêlées à l'affaire, laissant entendre que la Russie pourrait voir sa note dégradée dans les mois qui viennent.

Il faut dire que la Russie est confrontée à des problèmes structurels. Le pays vit essentiellement de ses rentes pétrolières et gazières qui représentent 67% de ses exportations et 50% des recettes publiques. Une manne qui a souvent plusieurs corollaires : le manque d'investissement dans les autres secteurs de l'économie ainsi que le développement de la corruption. Malgré les réformes économiques de ces derniers mois, les fondements économiques de la Russie étaient déjà bien branlants et ce avant même l'affaire ukrainienne.

Mais peut-être plus que la crise politique actuelle et ses conséquences sur l'économie russe, c'est en premier lieu le piège du revenu intermédiaire, typique des pays émergents, qui doit inquiéter. Explications.

Les atouts de Moscou

La Russie est loin d’être dépourvue d’atouts économiques de. Outre sa consommation intérieure qui se maintient, le pays dispose aussi et surtout d'importantes réserves de change, estimées à 500 milliards de dollars. Ces réserves permettent à la banque centrale russe de lutter en partie contre la baisse du rouble. A coup d'environ 400 millions de dollars quotidiens, la banque centrale russe tente de maintenir le cap.

Ensuite, les prix du gaz et du pétrole, demeurant élevés, assurent les revenus russes. Le pays a d'ailleurs décidé de créer une réserve financière lui permettant de faire face aux fluctuations des prix de l'énergie et d'en atténuer les effets.

Mais voilà, malgré ces indéniables atouts, qui lui avaient permis de renouer avec la croissance dans les années 2000 et de retrouver progressivement la faveur des investisseurs étrangers, la Russie est aujourd'hui confrontée à un problème de taille, l'enlisement économique.

Les BRICS patinent

La Russie, comme tous les BRICS, a en effet connu un ralentissement de sa croissance ces deux dernières années. Mais, pour ce qui est de projeter dans le futur les éventuelles conséquences de la crise ukrainiennes, les cartes sont un peu brouillées. Il faut ici prendre en compte un facteur subjectif, qui est le changement d’attitude des agences de notation face à certains pays émergents, qui peut d’ailleurs être lié à certaines décisions de ces pays eux- mêmes (voir ci-après nos autres articles) et, objectivement, un phénomène appelé le « piège du revenu intermédiaire » (middle income trap), soit une croissance économique faible à cause du coût du travail plus élevé après une croissance aui a été forte grâce au bas coût du travail.

Cette théorie, développée par l'économiste Barry Eichengreen, soutient que les pays à forte croissance connaissent tous une phase d'arrêt quand leur PIB par habitant atteint soit la tranche des 10 000 $ à 11 000 $ ou celle des 15 000 à 16 000 $ par an. Pour sortir de cette phase, à la hausse, Eichengreen souligne que le pays doit se lancer dans d'importantes réformes économiques. Dans le cas contraire, c'est l'enlisement.

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Or le PIB par habitant russe a dépassé les 14 000 $ en 2012. Et depuis, effectivement, la croissance russe faiblit. En 2013, le PIB du pays n'avait progressé que de 1,3%, en dessous des estimations et loin des 4,5% de 2010 ou des 4,3% de 2011. Et très loin aussi des promesses de Vladimir Poutine, élu sur la perspective d'une croissance dépassant les 5%.

Le gouvernement russe a, ces derniers mois, lancé différentes mesures destinées à sortir l'économie du pays de l'ornière (lutte contre la corruption, facilités pour les investissements étrangers, réforme des retraites) mais outre que celles-ci ne semblent pas suffisantes, la crise ukrainienne pourrait les mettre à mal.

Les conséquences économiques d'un conflit politique

Les conséquences économiques du conflit se font déjà ressentir. Il y a bien sûr la menace d'un ralentissement des exportations russes vers l'Ukraine mais celles-ci ne représentent que 1,5% du PIB russe. Il y a aussi celle d'un ralentissement des exportations vers l'Europe (12% du PIB russe).

Mais c'est surtout la fuite des capitaux étrangers qui inquiète. Selon le directeur général de Sberbank, la plus grosse banque russe, ce sont déjà 35 milliards de dollars de capitaux étrangers qui ont quitté la Russie en janvier et février. Un mouvement qui s'est encore accéléré en mars selon les déclarations mêmes du vice-ministre russe de l'Economie, Andreï Klepatch. Le montant du retrait atteindrait entre 65 à 70 milliards de dollars sur le premier trimestre, soit plus qu'en 2013, où 63 milliards de dollars avaient quitté la Russie. La Banque mondiale a quant à elle estimé qu'au total, l'hémorragie pourrait atteindre les 150 milliards de dollars. Et de s'inquiéter pour la croissance russe.

2014 devait être l'année du rebond pour la Russie. Le pays visait une croissance de 2,5%. Si le conflit se poursuit, cet espoir s'éloigne d'autant. Après un début d'année très faible, avec une croissance de 0,1% en janvier et de 0,3% en février, il semble en effet que la reprise économique ne soit plus à l'ordre du jour.

La menace de la récession

Le recul des investissements étrangers inquiète d'autant plus qu'il pourrait faire pencher la balance de la stagnation à la récession. Si les autorités russes se montrent officiellement optimistes (le premier trimestre est toujours le plus faible en Russie), cette hémorragie est le signe plus profond d'une méfiance des investisseurs devant l'instabilité politique russe. A un horizon plus lointain, la prochaine élection présidentielle, prévue pour 2018, devrait elle aussi apporter son lot de troubles et d'inquiétudes.

Outre la fuite des capitaux, l'autre principal problème pour le gouvernement russe, c'est l'inflation. Le rouble a subi de plein fouet les conséquences du "Taper"2 de la Fed. La crise ukrainienne a encore fait plonger la monnaie russe. Conclusion, l'inflation gagne du terrain, passant de 6,2% en février à 6,9%-7% en mars.

Certaines entreprises du pays pourraient avoir du mal à se refinancer à court terme.

Entre la fuite des capitaux étrangers, l'effet de change négatif sur les dettes libellées en dollar (un phénomène bien connu de tous les pays émergents depuis l'évocation du Taper) et la remontée des taux directeurs par la banque centrale russe (pour lutter contre l'effondrement du rouble), la question du refinancement risque de devenir cruciale pour nombre d'entreprises. Le Financial Times cite ainsi le cas du géant russe de l'aluminium, Rusal, qui a du mal à refinancer une partie de sa dette, estimée à 10 milliards de dollars.

2 "Taper", un terme anlais que l’on pourrait, dans le domaine automobile, traduire par « freiner au moteur », c'est le ralentissement progressif des achats de bons du Trésor et d'actifs par la Banque Fédérale américaine (Fed). Jusqu'en août 2013, ces achats se montaient à 85 milliards de dollars, mais devant la montée des protestations, les craintes inflationnistes et la lente et pénible reprise de l'économie américaine, Ben Bernanke, le président de la Fed, s'est déclaré prêt à ralentir ses achats.

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Les banques russes, premières exposées en cas de défauts sur la dette, en subissent déjà le contrecoup boursier. La banque centrale russe a lancé une série de stress tests destinés à rassurer les marchés sur la capacité des banques russes à résister à une fermeture des marchés extérieurs (c'est-à-dire une interdiction d'emprunter à l'étranger). L'agence de notation Fitch a quant à elle annoncé qu'elle envisageait de dégrader 15 banques russes...

L'affaire se corse.

La tension géopolitique suite à la proclamation unilatérale d’indépendance de la Crimée et sa reconnaissance par la Russie n’est pas retombée. Le gros risque pour les autres économies, singulièrement européennes, ne consiste pas tant aux expositions3 sur l’Ukraine ou la Crimée que sur la Russie, qui commence à faire l’objet de sanctions et va donc réagir par des contre-sanctions.

Car Moscou n'a évidemment aucune intention de se laisser faire. Pour lutter contre la stagnation voire la récession, Moscou doit investir plus dans son économie. Et pour cela, Poutine a déjà mis la main sur une partie de la réserve pétrolière, censée assurer une protection contre une baisse des prix de l'énergie. Cela sera-t-il suffisant pour compenser le départ des capitaux étrangers et le manque de confiance des investisseurs envers la Russie ?

Seulement, et c’est ici que la situation est très différente de la Première Guerre Froide , il n’y a plus aujourd’hui qu’une seule économie mondialisée.

Le fameux « rideau de fer » qui protégeait les « blocs » de la contamination idéologique n’est plus là pour arrêter aussi la contagion des maux économiques. Et l’on est en droit se demander si, compte tenu de ces imbrications fort étroites, les Occidentaux en décidant de « sanctionner » la Russie (c'est-à-dire, en termes crus, de saboter l’économie russe), ne se tireraient pas eux-mêmes une balle dans le pied.

Il n’y a pas que des placements et des investissements occidentaux en Russie, il y aussi des investissements et des placements russes en Europe occidentale. Rappelez-vous, lors des crises du Sud de l’Europe, le cas de ces îles de la Méditerranée dont les banques servent de tirelire à des Russes fortunés, ou encore les espoirs mis, à un certain moment, dans un repreneur russe pour la survie de la sidérurgie sérésienne, avant qu’elle ne tombe entre les mains de Mital. Le commerce, à l’exportation comme à l’importation, connaît une intensité bien plus grande qu’à l’époque où il était de bon ton de bouder les produits « rouges ».

Prenons un exemple, au hasard, le nôtre ! Les entreprises belges, sont loin d'être en première ligne4. Pourtant, le risque russe représente près de 7,5 milliards ; les investissements belges dans ce pays frôlent les 2 milliards d’euros et les exportations dépassent les 5 milliards… Les exportations totales de biens de la Belgique vers la Russie se sont élevées à 5,117 milliards d’euros en 2013, ce qui représente 1,45% des exportations totales de biens de la Belgique, 4,83% des exportations totales de biens de la Belgique vers des pays autres que ceux de l’Union Européenne, et 1,34% du produit intérieur brut de la Belgique.

3 « Etre exposé », dans le jargon de la finance, n’a rien à voir avec le Salon des Arts ménagers. On dit qu’un pays ou une entreprise « sont exposés sur l’Ukraine» lorsqu’ils ont trop d’enjeux dans l’économie ukrainienne pour ne pas y perdre des plumes qand elle va mal.

4 D’après le professeur Eric Dor, Directeur des Etudes Economiques de l’IESEG (Ecole de management de l’Université Catholique de Lille) dans une étude qui décrit quel type d’exposition la Belgique a sur la Russie, cité dans Tendances du 19/04/14, et également par Le Libre, qui a cependant déplacé l’IESEG à Paris, adresse évidemment plus prestigieuse…

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L'industrie pharmaceutique, l'industrie du plastique, la fabrication de véhicules (particulièrement des tracteurs routiers pour semi-remorques), les fabrications métalliques, les fruits et légumes, les équipements scientifiques, les imprimés sont les secteurs les plus exposés.

Les banques le sont relativement peu : les créances des banques belges sur des débiteurs russes s’élèvent à 409,8 millions d’euros, dont 358,8 millions sur des banques russes. Par comparaison, l'exposition des banques françaises à la Russie s'élève à 50,9 milliards, l'exposition des banques allemandes à la Russie s'élève à 23,7 milliards d’euros.

En revanche, le stock d’investissements directs de la Belgique en Russie n’est pas négligeable : il s’élève à 1,983 milliards d’euros. Par comparaison le stock d’investissements directs de la France en Russie s’élève à 8,7 milliards5. Ces investissements directs dépassent même 19 milliards d’euros pour l’Allemagne.

Au niveau énergétique, la part russe dans les importations belges totales de pétrole et les produits pétroliers s’élève à 11,68%. Et plus de 25% du charbon importé par la Belgique provient de Russie. Mais pas un seul m3 de gaz !

Le piège des prétendus signes de reprise économique...

L’implication des économies d’Europe de l’Ouest dans les affaires russes est donc très différente d’un pays à l’autre. Il est probable que cela va amener à l’intérieur de l’UE des tiraillements et du « chèvrechoutisme », malgré un alignement de principe sur les Etats-Unis, institutionnalisé par l’OTAN et aggravé d’ailleurs par des sentiments violemment russophobes chez certains nouveaux membres. L’Europe va donc sans doute apparaître encore une fois comme un « nain politique », alors que le nœud du conflit est, tout de même, une affaire interne européenne ! (A moins que, sans m’en informer, on ait changé la définition d’un continent que je suppose toujours aller de l’Atlantique à l’Oural).

Mais enfin, le risque politique se résume au risque d’être une fois de plus ridicules, le ridicule a cessé de tuer depuis longtemps, et l’UE en a une longue habitude. Il en va tout autrement d’une certaine « euphorie économique » par laquelle les Européens ont tendance à se dissimuler leur propre fragilité…

S’exposer à des secousses quand on est fragile, cela revient toujours plus ou moins à secouer une caisse pleine de porcelaine. On est sûr qu’il y aura de la casse. Or, si une aggravation de la tension devait mener à une politique de sanctions qui équivaudrait à une sorte de « blocus économique » de la Russie, cela représenterait une secousse pour les économies européennes, secousse qui peut être d’autant plus susceptible de faire de la casse que toutes les porcelaines contenue dans la caisse ne seraient pas soumises au même choc.

Initiateurs de la tension, les Etats-Unis peuvent se sentir d’autant plus disposés à la donner qu’ils pourraient en être bénéficiaires, par exemple en reprenant des parts à la Russie sur certains marchés tels ceux du gaz et des pétroles.

La question devient donc de savoir dans quelle mesure, quand les dirigeants européens tiennent des discours empreints d’une « euphorie économique » de commande pour rassurer leurs opinions ubliqes, ils sont encore conscients de travestir largement la vérité. Un exemple : "La reprise, elle est là." - ce sont les mots du président Hollande le 14 juillet 2013.

Et si vous lisez la presse grand public, les premiers signes de reprise économique sont bel et bien là : Les marchés actions sont clairement haussiers... Les mauvaises nouvelles glissent sur

5 L’ensemble des prêts accordés par les grandes banques françaises pèse plus de 6 000 Mds euros, soit trois fois le PIB du pays. Dit autrement, 1% à 4% de pertes, de prêts non remboursés ou d'impayés mettraient ces banques en faillite. (La Stratégie de Simone Wapler)

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les plumes des grands intervenants... Et si l'on en croit nos dirigeants, l'amélioration est lente mais réelle.

Comme on aimerait sincèrement que tout cela soit vrai ! Comme on aimerait pouvoir se dire que tout va bien, que l'économie repart et que le pire de la crise est derrière nous... Les investisseurs les plus avisés, eux, ne prennent pas de risques inutiles. Ils savent que le marché est dangereux et mettent en place des stratégies pour protéger leur argent... et pour continuer à en gagner.

Certes, l’engouement haussier est impressionnant, Aux Etats-Unis, on a retrouvé des niveaux dignes d'AVANT la crise -- on touche le plafond voyez-vous ! Alors, oui, de l'argent a été généré par les marchés... mais le bon sens le voici : l'économie mondiale s'est effondrée au sortir de 2008, il y a seulement cinq ans, et il va falloir encore quelques années avant de voir une réelle reprise poindre à l'horizon. Niant l'évidence, les haussiers redoublent de force.

Les gens qui n'ont pas vu que quelque chose n'allait pas avec le système financier mondial il y a deux ans disent qu'aujourd'hui le problème est réglé. Sauf que...

Mais le côté passionnant – en même temps qu’angoissant - de la chose, c’est que la

« crise ukrainienne » est le premier épisode de forte tension entre deux puissances majeures qui survient dans une économie mondialisée. Il est illusoire de penser que quelqu’un, où que ce soit, puisse demeurer à l’abri des retombées de ce conflit économique. Que va-t-il se passer ?

A suivre dans les mois qui viennent…

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Notations Notations Notations Notations

Le cabinet Aon améliore les notes de risque du Ghana et de l’Ouganda et dégrade les BRICS

Adome Bridge, au Ghana.

Dans son bilan annuel englobant 163 pays, le cabinet Aon6, numéro un mondial du courtage d’assurance, a amélioré les notes de risque de six pays, dont le Ghana et l’Ouganda, et dégradé celles de seize pays parmi lesquels figurent les fameux BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud).

Le Ghana, Haïti, le Laos, les Philippines, le Suriname et l’Ouganda ont vu leurs notes améliorées. A l’inverse, l’Afrique du Sud, le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine, l’Erythrée, la Jordanie, Kiribati, la Moldavie, la Micronésie, les Samoa, le Swaziland, le Tonga, le Tuvalu, l’Ukraine et le Vanuatu ont vu leurs notes dégradées.

Selon Aon, les BRICS, qui ont été déstabilisés par un ralentissement de leur croissance et des sorties de capitaux affaiblissant leur monnaie, s’avèrent être une destination plus risquée pour les entrepreneurs. Les risques liés à la violence politique, aux ingérences gouvernementales, aux incertitudes juridiques et réglementaires, aux perturbations dans l’approvisionnement ou aux défauts de paiement, se sont accrus dans les cinq grands pays émergents.

Les BRICS ont enregistré une détérioration de leur situation dans la plupart des neuf critères suivis par Aon. «On enregistre une augmentation du nombre de sinistres, faillites, incidents de paiements en Chine, Brésil et Russie», souligne Céline Vavon, directrice des risques crédit et politiques chez Aon France.

6 Aon, officiellement Aon plc, est l'un des acteurs majeurs de la gestion des risques, du courtage d'assurance et de réassurance, du conseil en ressources humaines et du management et de la souscription d’assurances spécialisées. Son siège est situé à Londres, après Chicago (Aon Center). Aon plc a été créée en 1982, lors de la fusion de Ryan Insurance Group et de Combined International Corporation aux USA. Le nom « Aon » signifie

« unité » en gaélique. La société regroupe dans le monde 65 000 salariés et 600 bureaux dans plus de 120 pays.

En juillet 2010, Aon Corporation a fusionné sa branche Aon Consulting avec Hewitt Associates pour créer Aon Hewitt. Aon France regroupe Aon Risk Solutions (courtage IARD), Aon Hewitt (Conseil en ressources humaines) et Aon Benfield (courtage de réassurance). Elle est basée depuis juin 2011 dans le 15e arrondissement de Paris.

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Mais ces cinq pays ne sont pas logés à la même enseigne en matière de risque. Alors que la Russie et la Chine sont classées «risque moyen supérieur», le Brésil, l’Inde et l’Afrique du Sud sont classés «risque moyen».

La Turquie, un autre pays émergent, figure encore dans la catégorie des pays « peu risqués ». Une appréciation qui, bien plus qu’une évaluation, est une affirmation de principe.

La turquie est de plus en plus impliquée dans le conflit syrien, mais elle a fait le « bon » choix : celui du terrorisme. Quant à la fascisation interne croissante… Ce doit être comme sous Mussolini les trains turcs, sans doute, arrivent à l’heure…

L’Extrême-Orient, avec les «bons élèves» que sont les Philippines ou l’Indonésie, fait partie, comme l’Europe et l’Amérique du Nord, des régions tranquilles de la planète.

Treize pays, dont six nations africaines, figurent dans la catégorie «risque très élevé» : Tchad, Soudan, Ethiopie, RD Congo, Zimbabwe, Guinée-Bissau, Iran, Afghanistan, Irak, Syrie, Corée du Nord, Venezuela et Ukraine.

Aon constate que deux pays seulement, l’Ethiopie et le Tchad, parmi les treize plus risqués de la planète, figuraient déjà dans cette catégorie en 2012, ce qui illustre, à la hausse ou à la baisse, la rapidité avec laquelle les situations peuvent évoluer. «Les risques évoluent très vite, c’est pourquoi il convient de ne pas se focaliser sur un seul critère, le risque politique par exemple, mais de tous les suivre», souligne Céline Vavon. «Les pays historiquement risqués le sont beaucoup moins, et des pays relativement peu inquiétants il y a un an, figurent parmi les nouveaux entrants», ajoute-t-elle.

A Entebbe , Ouganda.

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Kenya Kenya Kenya Kenya

Changer la méthode de calcul du PIB et accéder au rang de PRI ?

Le Kenya va changer la méthode de calcul de son produit intérieur brut (PIB) afin de prendre en considération de nombreuses activités économiques en forte croissance, a annoncé le Bureau national des statistiques (KNBS) le 11 avril.

Cette révision du mode de calcul du PIB de la première économie d’Afrique de l’Est, qui intervient une semaine après l’annonce de l’accession du Nigeria au rang de première puissance économique africaines grâce à une mise à jour statistique similaire, devrait permettre au Kenya de devenir un pays à revenu intermédiaire (PRI).

Selon les analystes, la mise à jour statistique doit, en effet, porter le PIB du Kenya de 41,6 milliards de dollars à 50 milliards de dollars en 2013. Le revenu par habitant passerait, quant à lui, de 943 dollars à 1136 dollars, un niveau bien au-dessus du seuil de référence de 1036 de dollars fixé par la Banque mondiale pour cerner le groupe des pays à revenu intermédiaire.

Des statisticiens des Nations unies recommandent aux pays de modifier tous les cinq ans le mode de calcul de leur produit intérieur brut pour prendre en compte les évolutions dans la production et la consommation, mais le Kenya n’avait pas modifié sa méthode de calcul depuis 2001.

Selon le KNBS, l’année de référence pour le calcul du PIB sera désormais 2009 au lieu de 2001, ce qui devrait permettre au Kenya de prendre en considération la forte croissance enregistrée dans plusieurs secteurs tels que le transfert d’argent via mobile et les nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC). Les résultats de cette mise à jour statistique devraient être publiés en septembre 2014.

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Vietnam Vietnam Vietnam Vietnam

Le Vietnam est entré dans la liste des pays en développement à revenu moyen faible depuis 2010. Photo : Hô Câu/VNA/CVN

Le Vietnam n’est pas tombé dans le piège du revenu intermédiaire

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Un symposium intitulé "Éviter le piège du revenu intermédiaire au Vietnam" a été co- organisé le 15 avril par la Commission de l’Économie et la Commission de propagande et d'éducation du Comité central du Parti communiste du Vietnam.

S’exprimant à cette occasion, Vuong Dinh Huê, président de la Commission de l’Économie a souligné que de 1950 à 2010, la Banque mondiale a reconnu parmi 124 économies, 52 à revenu moyen dont 30 dans le piège du revenu moyen inférieur. Seuls 13 pays l’ont franchi pour adhérer au groupe à revenu élevé, dont 5 économies asiatiques : le Japon, Hong Kong et Taïwan (Chine), la République de Corée et Singapour.

Le Vietnam est entré dans la liste des pays en développement à revenu moyen faible depuis 2010 avec un revenu de 1.068 dollars, et 1.960 dollars en 2013. Le taux de croissance national est assez élevé, 7,6% (1991-2000), 7,3% (2001-2010) et 5,6% (2011-2013) malgré la crise financière et la récession économique mondiales.

Le Vietnam est conscient du risque de tomber dans la trappe du revenu intermédiaire, concernant les indicateurs de la croissance économique, la productivité du travail et la productivité global, la qualité de la croissance, la restructuration économique, les indicateurs de classement mondial…

Néanmoins, le professeur Kenichi Ohno, de l'Institut de recherche sur les politiques nationales du Japon, a déclaré récemment : "Aujourd'hui, après quelques années à revenu moyen faible, le piège du revenu intermédiaire n'est plus un risque, c’est la réalité". Il a également cité cinq symptômes de la trappe du revenu intermédiaire tels que le ralentissement

7 Le Courrier du Vietnam, 17/04/2014

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de la croissance, la productivité médiocre, le manque de restructuration dans le vrai sens, aucun signe d'augmentation de la compétitivité et les problèmes inquiétants causés par la croissance. Auparavant, il avait également alerté le Vietnam sur ce risque.

De nombreux scientifiques et économistes vietnamiens ont exprimé leur désaccord avec la déclaration récente du professeur Kenichi Ohno.

"Le Vietnam ne tombe pas dans le piège du revenu moyen faible", a affirmé l’ancien directeur de l'Institut pour la stratégie de développement Luu Bich Hô. "Le Vietnam est entré dans la liste des pays à revenu moyen faible en 2010, encore 15 ans pour éviter le piège. Ces dernières années la croissance a ralenti et manqué de stabilité, nécessitant de mettre en garde contre ce risque", a-t-il déclaré.

Le Vietnam devrait surmonter rapidement le ralentissement actuel

S’accordant avec cette opinion, selon Vo Dai Luoc, ancien directeur de l’Institut d'économie et de politique mondiales, "on ne peut pas dire que le Vietnam soit tombé dans le piège du revenu moyen. Le Vietnam est à nouveau à revenu moyen faible".

Le directeur de l'Institut de l’économie vietnamienne, Trân Dinh Thiên, a indiqué que

"le Vietnam devrait surmonter rapidement le ralentissement actuel. Il a encore de nombreuses occasions. Il faut une nouvelle pensée de développement".

Une "nouvelle pensée de développement", selon les experts, pour changer le modèle de croissance, développer une économie de marché à part entière. L'industrie et l'agriculture doivent se concentrer sur l'amélioration de la productivité du travail et la qualité des produits sur la base de l’application maximum des avancées technologiques. Afin d’éviter la trappe du revenu intermédiaire, il faut une croissance plus élevée, mais pas 9 ou 10%, car à ce niveau les incidences sur l'environnement ne seront pas contrôlées.

RDC RDC RDC RDC

Albert Yuma vs/ Matata Ponyo

Les Match du Siècle ?

Par Guy de Boeck

Une curieuse coïncidence fait que, durant ce week-end de Pâques, Augustin Matata Ponyo et Albert Yuma avaient tous deux quelque chose à fêter. L’un, contre toute attente, vient de célébrer le second anniversaire de son gouvernement. L’autre, aussitôt réélu à la tête de la FEC a repris ses diatribes contre ce gouvernement.

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Matata, deux années qui ont convaincu

C’est dans le jardin de la Primature, juste en face du buste de Patrice Lumumba, que Matata Ponyo Mapon, Premier ministre, a célébré avec les membres de son cabinet et le secrétariat général de la Primature, les deux ans de sa nomination à la tête du gouvernement.

Matata s’est dit convaincu que si, en deux ans, tout n’a pas été fait, les étapes parcourues et les réformes courageusement engagées ont fini par porter, que des résultats ont été engrangés même si cela lui a valu des critiques acerbes au sein de sa propre famille politique.

Les indicateurs conjoncturels de l’économie penchent en faveur de Matata. La stabilité macro-économique ne fait l’ombre d’aucun doute. Depuis 2010, année à laquelle il a été porté à la tête du ministère des Finances, avant sa nomination en avril 2012 à la primature, la RDC a retrouvé une stabilité macroscopique qui se raffermit au jour le jour. La situation macroéconomique est demeurée stable. Ce qu’a nettement confirmé la Troïka stratégique dans sa dernière réunion du lundi 14 avril 2014.

Jusqu’au 11 avril 2014, tous les indicateurs conjoncturels ont été au vert. Le taux d’inflation hebdomadaire était à 0,023% (+0,001). En cumul annuel, il a atteint 0,450% au niveau national. Comparé à l’objectif annuel de 4%, le taux d’inflation à fin d’année serait de 1,569%. Le marché des changes est par conséquent resté stable, avec une appréciation de 0,1% sur le marché indicatif, et de 0,5% au parallèle. En effet, les cours se sont établis respectivement à 923,78 Fc/Usd et à 930,00 Fc/Usd. Les réserves internationales se sont établies à 1.861,42 millions Usd, couvrant 8,96 semaines d’importations, alors que le taux directeur de la Banque centrale du Congo a été maintenu à son niveau de novembre 2013, soit 2,0%. Autant d’éléments qui confirment davantage la marche irréversible que la RDC a entamée dans la voie de son émergence. La RDC projette un taux de croissance économique de 9,5% en 2014.

L’annonce de la formation d’un gouvernement de cohésion nationale ne le démotive pas. Ce qui importe, a dit Matata, c’est le travail qui reste à faire. « Une nouvelle ère s’ouvre, celle de l’attente d’un gouvernement de cohésion nationale, qui relève du pouvoir discrétionnaire du chef de l’Etat (…). Cependant, je dis non à une période de transition d’inefficacité au niveau du cabinet », note-t-il, invitant par conséquent les membres de son cabinet à n’avoir pour seule préoccupation que le travail à accomplir »

Serait-il sûr de conserver son poste ? Célébrer le deuxième anniversaire de l’équipe des « jeunes technocrates surdoués » serait-il le signe que l’on a vendu trop tôt la peau de l’Augustin ? Peut-être. Matata, interrogé à ce sujet par la presse, a éludé la question.

En tous cas, tout au long de cette semaine, les nouvelles que l’on a eues de celui qui passe pour son principal « challenger », Kengo wa Dondo, ont été mauvaises, son

« Opposition républicaine » ressemblant de plus en plus au ring où se livrerait un match de lutte endiablé.

Dans le bilan de Matata, la stabilité macroéconomique est le point fort, tandis que le point faible est que les répercussions sur la vie quotidienne restent faibles. Encore faudrait-il savoir pourquoi ! Il a agi efficacement contre les détournements en les contournant par la bancarisation. Il n’a pas agi judiciairement en réprimant ceux qui détournaient, il a simplement fait en sorte que l’argent ne passe plus entre leurs mains. Dans le domaine des télécoms, Kin Key Mulumba a fait de gros efforts pour obtenir une mise en œuvre convenable de la fibre optique mais il se heurtait aux privilèges concédés aux compagnes par des contrats conclus sous des administrations antérieures et à la mauvaise volonté des tribunaux, qui lui ont dénié le droit d’imposer des tarifs à ne pas dépasser. Dans le domaine de la consommation – car le « social des Congolais » a d’abord le visage d’une assiette de mpiodi et de manioc –

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Matata s’est heurté au fait que même s’il enjoint à la BCC de prêter à 2% pour que le crédit relance la consommation, les banques commerciales, elles, ne font crédit qu’à 20% et empochent les 18% de bénéfice. Et, bien sûr, encore une fois, les contraindre serait illégal.

Ces limitations sont toujours dues au fait que le gouvernement n’est pas sûr d’être suivi par les autres pouvoirs. Ce qui donne à penser que ces autres pouvoirs comptent sur la bénédiction ou la protection de quelqu’un qui se trouve au-dessus du Premier Ministre. Ne cherchez pas, il n’y en a qu’un !

Matata est surtout la principale victime de la gangrène qui envahit la RDC du fait que rien ne compte plus, sinon de continuer à dissimuler la nullité des élections de 2011et de préparer un nouveau coup d’Etat pour 20168. L’affaire du « gouvernement de cohésion nationale » en fait partie.

L’on sait que le gouvernement Matata Ponyo se trouve dans une situation bizarre, liée à la promesse d’un « gouvernement de consensus », faite lors des Concertations nationales avant tout pour éviter qu’y soient évoquées les élections nulles de 2011. Un gouvernement fut donc installé sous l’étiquette neutre de « technicien » pendant que l’on se livrait à la grande opération de débauchage des consciences baptisée « concertations nationales ». Le principal appât que l’on agita sous le nez d’une classe politique très vénale et habituée au « recyclage politique » fut la distribution des « bonnes places » dans un gouvernement fourre-tout baptisé

« de consensus », appelé à succéder à celui de Matata Ponyo. Mais tout cela dura lontemps, et l’on eut le loisir de s’apercevoir que le gouvernement des « technocrates surdoués » travaillait efficacement et engrangeait des succès dans le domaine macroéconomique et la lutte contre la corruption. Même si l’on peut être sceptique quant à la crédibilité des sondages d’opinion réalisés en RDC, les résultats qui créditent Matata de plus de 50% d’avis favorables, alors qu’aucun des autres « primaturables » (Kengo, Minaku, etc…) n’atteint les 10%, reflète une certaine réalité. Comment, dès lors, se débarrasser de Matata Ponyo ?

Le gouvernement Matata est donc « en sursis », bien que ce gouvernement n’ait été ni destitué par JKK, ni désavoué par les Chambres. Matata jouit d’un certain soutien dans l’opinion populaire car on le perçoit comme un adversaire du gaspillage et de la corruption.

Par contre, en haut de l’échelle, on le verrait volontiers aller planter ses choux ailleurs, d’une part parce que l’on n’apprécie pas son hostilité aux « petites affaires entre copains », d’autre part parce que l’on prendrait volontiers sa place. Le gouvernement se défend principalement en mettant en avant ses bons résultats macroéconomiques.

8 Il faut rappeler que les élections de novembre-décembre 2011 ont donné des résultats qu'une personne avisée, réfléchie, d’esprit libre et critique devrait considérer comme nuls, donc sans gagnant. La suite aurait dû être l'annulation pure et simple, des enquêtes sérieuses pour déterminer les causes et origines des irrégularités, qu’on en tire les conséquences quant aux futures élections. Il aurait dû y avoir une protestation générale des démocrates de tous les partis, car un démocrate ne saurait accepter que son candidat gagne par la fraude, la corruption et le mensonge. Au lieu de quoi on n’a assisté qu’à des élucubrations pour défendre la victoire

« officielle » de JKK, et à d’autres élucubrations pour défendre celle, tout aussi hypothétique, de Tshisekedi. Les élections de 2011 avaient été organisées, tout comme celles de 2006, en faisant voter un « corps électoral inconnu », faute de recensement préalable de la population. Ce fait à lui seul suffirait à en « plomber » gravement la crédibilité. Elles ont, par-dessus le marché, été entachées de fraudes et de manipulations à un point tel qu’elles ont donné des résultats qui, en réalité, sont encore inconnus8. Toute autorité prétendue ne relève plus que de la force, de l’intimidation, d’un coup d’état de fait. Le principal ressort de ce coup d’état consiste à progresser, comme si de rien n’était, dans les tâches qui suivent normalement une élection et à mettre le pays et le monde devant le fait accompli. Malumalu, principal responsable de cette absurdité d’élections sans recensement préalable de la population, a été remis à la Présidence de la CENI, ce qui promet encore de beaux jours à l’avenir !

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C’est précisément sur ce terrain qu’il s’est trouvé au début de cette année, attaqué par la FEC, fédération patronale, et en particulier par son président, Albert Yuma.

Albert Yuma monte à l’assaut

L’attaque patronale se produit lors de la cérémonie d’échange de vœux avec les partenaires nationaux et internationaux, jeudi 30 janvier, et la presse constate alors qu’entre la Fédération des entreprises du Congo (FEC) et le gouvernement, les violons ne s’accordent plus. Même si le divorce n’est pas encore consommé, du moins, le patronat congolais ne cache plus son désamour envers le gouvernement. Des signes avant-coureurs annoncent de profondes turbulences entre les deux partenaires. (…) Albert Yuma a fait remarquer que « l’analyse qualitative de cette croissance met suffisamment en lumière sa nature non inclusive et non distributive, bref sa fragilité. En effet, elle est caractérisée par sa faible capacité à générer des emplois décents et durables et à distribuer des revenus qui permettraient de réduire significativement la pauvreté. Les Congolais restent pauvres et attendent toujours les retombées de cette croissance dans leur vie quotidienne ».

Le patron de la FEC s’est donc servi des chiffres pour- prétend-t-il - démonter une à une les prétendues performances alignées par l’équipe Matata. Albert Yuma, pour ne pas rater sa cible, y va d’une attaque en règle pour déshabiller l’équipe des « surdoués ». Sur le terrain qu’afFECtionne le gouvernement Matata, la FEC s’est livré sans retenue à la démonstration du contraire. Toutes les frustrations du monde des affaires étaient la trame de cette catilinaire.

Le jour même, le journal L’Avenir9 rapporte que « Le Gouvernement s’insurge contre les propos du président de la FEC ». Et le gouvernement, lui non plus, n’y va pas par quatre chemins, et rélève que le signataire du réquisitoire de la FEC, Mr Yuma, porte un peu trop de casquettes sur une seule tête : président de la FEC, il est aussi PCA à la Gécamines et administrateur ) la BCC. Le conflit d'intérêt est patent !

L’équipe que conduit le Premier ministre Matata rappelle à la FEC, que dans le but de préserver sa crédibilité et son honneur, elle a l’obligation de se choisir un président qui représente ses intérêts professionnels en lieu et place d’une personnalité en quête de positionnement politique. Le gouvernement se réserve le droit de décider de ne plus traiter avec la FEC tant que celle-ci reste dans une triologie politico-économique : le président de la FEC ne peut pas être à la fois acteur dans le secteur privé (FEC), dans le secteur public minier (Gécamines), et dans le secteur public monétaire (Banque centrale).

La presse perd un tantinet le Nord…

La « guéguerre » autour des critiques adressées par la FEC au gouvernement Matata n’est qu’un des avatars de la lutte autour de la formation du « nouveau gouvernement de consensus » censé succéder à celui de Matata Ponyo. Le Patronat aimerait voir à la Primature un homme ayant davantage le « sens des affaires », entendu comme « le respect du profit ».

Un Kengo wa Dondo, « homme de la rigueur »… mais sous Mobutu, lui conviendrait bien davantage.

Ce conflit reparaît dans la presse du lendemain et il devient difficile de savoir où se situe exactement Le Potentiel et dans quelle mesure ce journal est objectif.

Pour la FEC, les bonnes statistiques dont le gouvernement s’attribuait le mérite étaient trompeuses. Elles ne cadraient nullement avec la réalité, affirmait la FEC. Selon elle, « si on a atteint de tels résultats (Ndlr : ceux communiqués par le gouvernement), c’est encore et toujours parce que l’Etat ne tient pas ses engagements en ne payant pas la dette intérieure. A ce jour, l’encours de la dette intérieure est de plus d’un milliard 300 millions de dollars (1,3

9 Il appartient à Pius Muabilu, parlementaire de la Majorité et est très roches de la présidence. On le considère, de ce fait, comme une sorte de « Moniteur officieux du joséphisme ».

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milliards USD) », rapportait-il alors. Le jour suivant, Le Potentiel feint d’ignorer la réponse du gouvernement, revient sur le bras de fer Gouvernement-FEC et affiche à la Une « Le gouvernement étale son impuissance face à la FEC ». Qui laissera des plumes dans le bras de fer engagé entre le chef du gouvernement et le chef de la FEC, se demande-t-il. Les flèches empoisonnées d’Albert Yuma ont poussé le gouvernement à sortir de ses gonds. Mais, en lieu et place d’une réplique chiffrée, argumentée et musclée, c’est un aveu d’impuissance feutré qui est étalé sur la place publique. Le méticuleux démontage opéré par la FEC a fait perdre à l’Exécutif national son flegme habituel. Et Le Potentiel de se demander si le glas a sonné.

Est-ce un « aveu d’impuissance feutré étalé sur la place publique » que de constater, comme le fait le gouvernement, que le signataire du réquisitoire de la FEC, Mr Yuma, porte un peu trop de casquettes sur une seule tête : président de la FEC, il est aussi PCA à la Gécamines et administrateur à la BCC. Il y a manifestement conflit d'intérêt !

La Prospérité, qui se penche sur la réponse des experts de la primature aux accusations de la FEC conclut : « Dérive dangereuse à la FEC : Albert Yuma, le gouvernement contre-attaque ! » En réponse au propos tenus par le président de la FEC contre l’action du Gouvernement, les experts de la primature ont déclaré que la FEC, dans le but de préserver sa crédibilité et son honneur, a l’obligation de se choisir un président qui représente ses intérêts professionnels en lieu et place d’une personnalité en quête de positionnement politique. Le Gouvernement se réserverait le droit de décider de ne plus traiter avec la FEC tant que celle-ci reste dans une trilogie politico-économique : le président de la FEC ne peut pas être, à la fois, acteur dans le secteur privé (FEC), dans le secteur public minier (Gécamines), et dans le secteur public monétaire (Banque centrale).

Donc, peu après le début de la polémique, sur trois journaux globalement assez favorables au pouvoir, l’un (Le Potentiel) prenait au sérieux les critiques de la FEC et persistait en ce sens le lendemain, même après avoir pris connaissance de la réplique gouvernementale, le second (L’Avenir) se rangeait d’emblée dans le camp de Matata, rejoint un jour plus tard par La Prospérité qui s’était donné le temps de voir d’où soufflait le vent.

Les boussoles de la presse étaient visiblement quelque peu affolées ?

Dans l’opposition, Le Phare pouvait à l’aise renvoyer tout le monde dos à dos et titrer

« Matata Ponyo - FEC : une bataille de trop ! ».

Le gouvernement, par la voix du Premier ministre Matata Ponyo, et la FEC (Fédération des entreprises du Congo), par celle de son président national, Albert Yuma, semblent décidés à étaler tous les linges sales de la République sur la place publique, constatait ce journal. Les flèches empoisonnées décochées dans toutes les directions par l’un et l’autre risquent de faire plus mal au pays qu’aux deux personnalités précitées, surtout que l’une et l’autre se sont découvert de chauds sympathisants dans les milieux politiques et économiques.

Pour Le Phare, l’on ne pouvait que s’inquiéter de cette bataille de trop au moment où la RDC n’avait pas bonne cote dans le cercle des institutions financières internationales, notamment à la Banque mondiale et au FMI et où les investisseurs n’avaient pas fini de se méfier d’un pays post-conflit.

Un avis peut-être trop pessimiste : les institutions financières internationales ne semblait pas bouder la RDC, voir les plus récentes décisions de la BM. Les investisseurs n’ont se méfient dans doute de la RDC moins comme d’un « pays post-conflit » que comme d’un pays très corrompu et où des conflits pourraient éclater du fait de l’illégitimité du pouvoir en place.

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Aussitôt réélu, Albert Yuma remet le couvert

Les patrons des entreprises du secteur privé ont renouvelé leur confiance à Albert Yuma pour un 3ème mandat à la présidence de la FEC10 au cours de l’assemblée générale ordinaire élective organisée le 17 avril 2014 au Grand Hôtel Kinshasa. Albert Yuma a promis de s’investir pour que le nouveau gouvernement de cohésion nationale amène la croissance réellement inclusive

‘Nous voulons un gouvernement très engagé qui va travailler pour le partenariat public-privé et qui va amener le pays vers l’émergence comme le souhaite le chef de l’état’’, a indiqué Albert Yuma Mulimbi. Une façon pour le patron des patrons congolais de s’attaquer ouvertement au premier ministre, Augustin Matata Ponyo pour qui, dit-il souvent, les chiffres de croissance sont faux, et son embellie économique tant vantée contraste avec le vécu quotidien des congolais. La FEC a à cette occasion critiqué vivement l’article 10 de la loi de finances n° 14/002 du 31 janvier 2014. Cet article qui modifie le taux de l’impôt sur les bénéfices et profits IBP sans avoir été préalablement et de manière expresse habilitée par la loi fiscale en vigueur ne peut être opposé aux entreprises privées, a martelé Albert Yuma qui mesure les conséquences désastreuses qu’entraînerait son application.

Le numéro 1 de la Fédération des entreprises du Congo a rassuré les opérateurs économiques : il sera leur porte-parole et défendra leurs intérêts à tous les niveaux. Dans son discours postélectoral, il a demandé au gouvernement de collaborer avec le secteur privé pour l’émergence de l’économie nationale. Il a dénoncé un environnement fiscal sauvage ayant entraîné la triste fermeture des entreprises Orgaman, Transmac et Mtza qui sont présentement en liquidation. ‘‘La culture fiscale barbare, la culture de la cueillette pour la cueillette empoisonne le climat des affaires’’, a dit le patron des patrons. « Le gouvernement doit être interpelé sur sa responsabilité de ne pas laisser les entreprises s’engloutir « .

Outre Albert Yuma, William Damsso, le patron du groupe Orgaman en liquidation, a été élu vice-président du conseil d’administration. Albert Yuma est aussi le président du conseil d’administration de la Gécamines. Le camp du premier ministre Matata Matata Ponyo l’accuse de brader les différentes mines de cette entreprise. Depuis une année, le pays se bat pour réintégrer le processus de l’Initiative pour la transparence des industries extractives- ITIE à cause de la non publication des contrats miniers sur le site du ministère des mines.

Albert Yuma a été cité comme l’un des vendeurs qui empêche que soit divulgué le contenu des contrats signés par la Gécamines.

La FEC est donc maintenant présidée par un patron cumulard soupçonné d’être complice de contrats léonins, assisté d’un patron qui a fait faillite. C’est ce qu’on appelle une belle brochette !

Selon la Banque mondiale : 88% de Congolais vivent dans l’extrême pauvreté

Pendant ce temps, à en croire cette institution de Breton Woods, la seule croissance ne suffira pas pour mettre fin à cette situation. Selon un nouveau document de la Banque mondiale présenté jeudi 10 avril dernier à Washington, les cinq pays où la densité de pauvreté est la plus forte du monde sont la RDCongo où 88 % de la population se situent en deçà du seuil de pauvreté, le Libéria (84 %), le Burundi et le Madagascar (81 % dans les deux cas) et la Zambie (75 %). À eux cinq, ces pays réunissent 760 millions de pauvres sur 1,2 milliard à l’échelle planétaire. Avec l’Indonésie, le Pakistan, la Tanzanie, l’Éthiopie et le Kenya, ce sont pratiquement 80 % des individus les plus démunis du monde qui sont concernés. C’est donc sur ces dix pays qu’il faut agir en priorité pour pouvoir mettre fin à l’extrême pauvreté.

10 Evénement que le journal La Référence + rapporte sous le titre : « Les patrons d’entreprises disent non au terrorisme fiscal », nom que porte en RDC ce qu’en Belgique Mr. Reynders appelait en son temps la « rage taxatoire ». Insensible au thermomètre, la thématique ultralibérale ne varie pas avec la latitude !

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Ainsi, pour favoriser un développement économique durable, note ce document,” nous devons déployer des processus de croissance plus propres, plus résilients et plus efficaces dans leur utilisation des ressources, tout en préservant un rythme d’expansion suffisant “.

Pour la BM, la croissance reste une condition nécessaire mais non suffisante de la réduction de la pauvreté. Chaque pays doit accompagner ses efforts de développement par des politiques allouant davantage de ressources aux plus démunis, par le biais du processus même de croissance, à travers la promotion d’une croissance faisant moins d’exclus, ou via des programmes publics tels que les transferts monétaires directs et assortis de conditions. L’étude souligne par ailleurs qu’on ne peut pas se contenter d’aider les individus à sortir de l’extrême pauvreté il faut aussi s’assurer, qu’à terme, ces personnes ne restent pas bloquées juste au- dessus du seuil de la pauvreté faute d’opportunités leur permettant d’améliorer leurs revenus.

Même si tous les pays conservaient le rythme de progression de ces 20 dernières années et si la répartition des revenus restait identique, la pauvreté dans le monde ne reculerait que de 10 points de pourcentage d’ici 2030, sachant qu’elle s’établissait à 17,7 % en 2010. Un tel résultat est tout simplement insuffisant. « Si nous voulons mettre fin à l’extrême pauvreté, nous devons tout mettre en œuvre pour rendre la croissance plus inclusive et améliorer le ciblage des programmes d’aide sur les pauvres ».

Amnistie sélective

Eric Kikunda, l’un des « oubliés » de l’amnistie

Christophe RIGAUD11

Une première liste12 de 50 amnistiés vient d’être dévoilée. Parmi les bénéficiaires : des ex-M23, mais aussi des membres de l’ARP de Munene ou des fidèles d’Honoré Ngbanda.

Une amnistie très politique en vue du prochain gouvernement de « cohésion nationale« .

11 Repris à Afrikarabia - 20 avril 2014

12 pour prendre connaissance de cette liste, consulter

http://www.congoforum.be/fr/nieuwsdetail.asp?subitem=1&newsid=198128&Actualiteit=selected

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Très attendue par la classe politique congolaise, la liste des premières amnisties a été publiée ce samedi par la ministre de la Justice, Wivine Matipa. Une première liste restreinte à 50 noms, mais qui en dit déjà beaucoup sur les intentions du président Joseph Kabila, toujours en quête d’unité nationale. Parmi les premiers bénéficiaires, on retrouve sans surprise des ex- membres du M23 (15 noms sont inscrits sur la liste). Après sa défaite militaire de novembre 2013, la rébellion s’était une nouvelle fois déchirée entre partisans de la signature d’un accord et les « durs du mouvement« .

On retrouve donc sur la liste des amnistiés, l’aile politique la plus compatible avec Kinshasa. Avec au premier rang : René Abandi, le chef de la délégation rebelle au dialogue de Kampala. Le « diplomate » du M23 a toujours maintenu le dialogue avec les autorités congolaises. On y trouve aussi Serge Kambasu Ngeve. En novembre 2013, le secrétaire permanent du M23 s’était opposé au président du mouvement, Bertrand Bisimwa. En cause, la terminologie du document à signer avec Kinshasa après la défaite du M23. Kambasu était prêt à signer les « conclusions » des pourparlers de Kampala avec le gouvernement congolais, alors que Bisimwa prônait la signature d’un « accord« . La nuance est subtile, mais derrière la sémantique, il fallait y voir les tensions qui régnaient alors entre les deux parrains de la rébellion : l’Ouganda et le Rwanda.

Le « pragmatisme » d’Abandi et Kambasu a donc payé. Les deux « politiques » du M23 sont donc amnistiables.

Munene et « Terminator »

La liste des amnistiés ne s’arrête pas là. Elle contient également d’autres mouvements insurrectionnels. Parmi eux, les membres des attaques du 27 février 2011 à Kinshasa. Ce jour là, deux groupes d’une centaine d’hommes habillés en tenue civile et venant, selon une source de l’ONU, de Brazzaville, attaquent la résidence de Gombe du président Joseph Kabila. Le bilan est lourd : 19 morts. Egalement sur la liste, des membres de l’ARP du général Faustin Munene. Opposant politique, depuis Mobutu, jusqu’à Joseph Kabila, le général Munene avait trouvé refuge en 2010 au Congo-Brazzaville voisin. Sur la liste, sont aussi nommés quelques miliciens Enyele, qui combattent Kinshasa dans la province de l’Equateur.

Plus étonnant, sur la liste des amnisties se trouvent des proches d’Honoré Ngbanda, appelé « Terminator« , lorsqu’il dirigeait d’une main de fer les services de sécurité du maréchal Mobutu. Les hommes de Ngbanda sont peu actif en RDC. Mais Honoré Ngbanda, qui anime son mouvement d’opposition depuis l’Europe, bénéficie toujours d’un excellent réseau de renseignement au sein de l ‘ANR et de l’armée congolaise.

Des amnisties… et des arrières pensées politiques

Dans cette première liste « fourre-tout » des 50 premiers amnistiés, Kinshasa cherche avant tout à faire un premier geste politique en direction de différents mouvements d’opposition congolais. Pour le M23, les autorités congolaises ne souhaitent pas renouveler les erreurs du passé en amnistiant ou en intégrant les responsables militaires dans l’armée.

Sultani Makenga, le chef militaire du M23 n’est donc pas « éligible » pour Kinshasa, tout comme la plupart des commandants rebelles, qui ont commis des crimes de guerre. En amnistiant quelques politiques du mouvement, Kinshasa espère « dissoudre » la rébellion en coupant le politique du militaire. Cela n’empêchera sans doute pas l’ex-M23 de se reformer sous un autre nom, mais cela permet de gagner un peu de temps.

Concernant, les autres mouvements insurrectionnels (Munene, Ngbanda), ceux-ci sont clairement plus « anecdotiques » et ne représentent pas un réel danger pour le régime de Joseph Kabila. Ce geste d’amnistie est donc purement symbolique et permet d’envoyer un

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signal positif à l’opposition politique et à la communauté internationale. L’objectif du président Kabila est avant tout de rassembler une nouvelle majorité autour de lui, en attendant la nomination d’un prochain gouvernement d’union nationale et « de large ouverture politique« . Derrière ces bonnes intentions, se cache un autre objectif, moins avouable du président Kabila : avoir la plus grande majorité possible pour changer la Constitution et pouvoir se représenter pour un troisième mandat en 2016.

Les oubliés de l’amnistie

Grands absents de cette première liste d’amnistie, les personnes condamnées pour l’assassinat du président Laurent-Désiré Kabila en 2001 (ils sont une trentaine). De

nombreuses ONG avaient en effet demandé que l’amnistie s’applique pour ces accusés dont certains encourent la peine de mort. Autres oubliés : les prisonniers politiques, comme Eugène Diomi Ndongala ou le pasteur Fernando Kutino. Ces deux opposants s’estiment être " les détenus personnels de Joseph Kabila" .

En attendant, d’autres personnes peuvent continuer à demander l’amnistie pour « faits insurrectionnels, faits de guerre et infractions politiques commis entre le 1er janvier 2006 et le 20 décembre 2013« . La ministre congolaise de la Justice, Wivine a prévenu : « beaucoup plus pourront faire l’objet d’une amnistie mais ils doivent impérativement remplir un

formulaire les engageant à ne plus commettre les faits amnistiés« . Les candidats, qui doivent tous être congolais, ont 6 mois pour envoyer le formulaire de demande. Cette première liste de 50 noms constitue donc une premier « ballon d’essai » pour Kinshasa, qui espère bien faire rentrer dans les rangs ses opposants les plus déterminés.

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