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Didier DAENINCKX : La mort n?oublie personne. Traduction et commentaire

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Academic year: 2021

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DIDIER DAENINCKX : LA MORT

N’OUBLIE PERSONNE

TRADUCTION ET COMMENTAIRE

Nombre de mots : 17.152

Cindy Claeys

Studentennummer: 01302911 Promotor: Prof. Dr. Désirée Schyns

Masterproef voorgelegd voor het behalen van de graad master in het vertalen Academiejaar : 2019 - 2020

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Déclaration liée au droit d'auteur

L'auteur et la directrice de mémoire autorisent la mise à disposition de l'ensemble de cette étude pour consultation à des fins personnelles. Toute autre utilisation est soumise aux restrictions en matière de droit d'auteur, notamment en ce qui concerne l'obligation de mentionner explicitement la source lors de la citation de données de cette étude.

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AVANT-PROPOS

Remerciements

Je tiens à remercier toutes les personnes qui m’ont soutenu pendant les études et qui ont contribué à mener à bien ce mémoire. J’aimerais tout d’abord adresser mes remerciements à notre directrice de mémoire, prof. Dr. Désirée Schyns qui m’a aidé à déterminer le sujet et qui m’a conseillé tout au long du processus de ce mémoire, pour son enthousiasme et son dévouement inspirant, et pour sa patience et flexibilité dans ces temps exceptionnels.

J’exprime ensuite mes profonds remerciements à Pieter, mon meilleur ami, pour son aide, son soutien, sa générosité, et sa présence dans les temps de bonheur et de tristesse.

Je voudrais également remercier mes condisciples, pour l'amitié et le soutien moral, ainsi que le centre bouddhiste Triratna Gent, pour l'amitié spirituelle, pour avoir été une lumière sur le chemin et un point d'ancrage quand il semblait sombre en ces temps incertains.

Mes plus grands remerciements sont adressés à mes parents, pour leur amour inconditionnel, leur soutien inépuisable, leurs sacrifices pour me faire bénéficier des chances qu'ils n'ont jamais eues. Ma gratitude est infinie.

Confinement 2020

En raison du confinement causé par le coronavirus, nous n'avons pas toujours eu accès aux sources souhaitées dans les délais prévus, mais nous avons fait notre possible pour exploiter le matériel disponible. En général, l'impact du coronavirus sur ce mémoire a été limité.

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Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?

Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu´on enchaîne ?

Ohé, partisans, ouvriers et paysans, c´est l´alarme.

Ce soir l´ennemi connaîtra le prix du sang et des larmes.

Montez de la mine, descendez des collines, camarades !

Sortez de la paille les fusils, la mitraille, les grenades.

Ohé, les tueurs à la balle ou au couteau, tuez vite !

Ohé, saboteur, attention à ton fardeau : dynamite...

C´est nous qui brisons les barreaux des prisons pour nos frères.

La haine à nos trousses et la faim qui nous pousse, la misère.

Il y a des pays où les gens au creux des lits font des rêves.

Ici, nous, vois-tu, nous on marche et nous on tue, nous on crève...

Ici chacun sait ce qu´il veut, ce qu´il fait quand il passe.

Ami, si tu tombes un ami sort de l´ombre à ta place.

Demain du sang noir sèchera au grand soleil sur les routes.

Chantez, compagnons, dans la nuit la liberté nous écoute...

Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu’on enchaine ?

Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines

(Anna Marley)

Chanson des partisans Hymne de la Résistance française durant l’Occupation

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TABLE DES MATIÈRES

LISTE D’ABBREVIATIONS ... 6

1. INTRODUCTION ... 7

1.1 Objectif, plan et méthodologie du mémoire ... 7

2. OBJET DE LA RECHERCHE ... 8

2.1 l’Auteur : Didier Daeninckx ... 8

2.2 Le roman La mort n’oublie personne : origine et résumé ... 9

2.3 Contexte historique : Le Nord/Pas-de-Calais et la guerre de 1941-1944 ... 10

3. TEXTE SOURCE ET TRADUCTION ... 11

3.1 Le fragment sélectionné ... 11

3.2 Corpus de la traduction (FR-NL) ... 11

4. COMMENTAIRE ... 30

4.1 Approche générale et revue de la littérature ... 30

4.1.1 Approche... 30

4.1.1.1 Stratégie globale ... 30

4.1.1.2 Skopos ... 31

4.1.1.3 À la recherche d’un éditeur ... 32

4.1.2 Daeninckx et l’écriture comme arme ... 33

4.1.3 Daeninckx et le roman noir ... 36

4.1.4 Argot, langage familier et style ... 38

4.1.5 La mémoire culturelle ... 40

4.2 Défis et passages expliqués de la traduction ... 42

4.2.1 Réflexion générale sur la traduction ... 42

4.2.2 Sémantique et transfert ... 44

4.2.3 Noms et défis lexiques ... 45

4.2.4 Expressions ... 47

4.2.5 Style et rythme ... 49

4.2.6 Registre ... 50

4.2.7 Realia et références historiques ... 52

4.2.7.1 Les houillères et ses mineurs dans le Nord ... 54

4.2.7.2 l’Occupation pendant la Seconde Guerre mondiale ... 55

5. CONCLUSION ET DISCUSSION ... 60

6. BIBLIOGRAPHIE ... 61

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LISTE D’ABBREVIATIONS

Cnrtl Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales

TLFi Trésor de la Langue Française informatisé

ACAM Association Culturelle Arménienne de Marne-la-Vallée (France)

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1. INTRODUCTION

« Le roman est une petite lampe qui éclaire dans la nuit.

Une société qui oublie une partie de l’enseignement de l’Histoire est une société malade… »

Didier Daeninckx

1.1 Objectif, plan et méthodologie du mémoire

Le présent mémoire vise à procurer une traduction adéquate d’un fragment du roman La mort n’oublie personne de Didier Daeninckx (1988), accompagnée d’un commentaire étendu afin de pouvoir formuler une réponse à la question suivante : ‘Quels sont les caractéristiques et les défis relatifs à la traduction d’un roman de Daeninckx ?’. Dans ce cadre, nous effectuerons des recherches sur le genre, le style et les domaines scientifiques auquel appartiennent les thèmes de notre mémoire. Puis, nous visons à identifier systématiquement les défis qui se posent lors de la traduction et à réfléchir sur la justification de nos décisions, afin d’approfondir nos compétences en la traduction littéraire.

Au deuxième chapitre Objet de la recherche nous offrons d’abord un bref aperçu sur l’auteur et le roman, ainsi que sur le contexte historique où se déroule l’histoire. Le troisième chapitre consiste en le fragment sélectionné, le corpus du texte source et notre traduction présenté dans une liste numérotée, afin de pouvoir faire référence aux passages dans les chapitres qui suivent. Le troisième chapitre abordera le commentaire, dans lequel nous expliquerons notre approche générale, la réflexion sur le skopos pour déterminer notre public cible, ainsi que sur l'auteur et son écriture. Ensuite nous présenterons l’analyse les sources académiques, en nous concentrant sur le genre roman noir, le langage informel (argot) et le domaine des études de mémoire. Finalement, nous donnerons un aperçu des rubriques comportant sur les défis de la traduction et une explication des choix réalisés. Bon nombre de sources linguistiques et académiques nous ont soutenues pour ce mémoire, entre autres le Van Dale Groot woordenboek van de Nederlandse taal et Van Dale FR-NL, Larousse, le Trésor de la langue française…ainsi que des banques de données scientifiques telles que Google Scholar, lib.UGent, persée.fr, John Benjamins Translation Studies Bibliography…

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2. OBJET DE LA RECHERCHE

2.1 l’Auteur : Didier Daeninckx

Ecrivain français des polars, des romans noirs et des nouvelles, Didier Daeninckx (1949) appartient au groupe des auteurs contemporains caractéristiques qui ne craignent pas la polémique dans le monde littéraire français. Daeninckx n’est pas uniquement connu pour ses oeuvres littéraires, mais aussi pour son esprit de révolte et ses engagements politiques.

Elevé à Aubervilliers, Didier Daeninckx fut marqué par son histoire familiale et les convinctions idéologiques de ses parents militants, un marriage du communisme et de l’anarchisme, et par le milieu ouvrier, ce qui l’a marqué en tant que personne, en tant qu’auteur et qui était à l’origine de son propre engagement social (Lenoir, 2014) Politiquement actif depuis sa jeunesse, il était adhérent de la jeunesse communiste, du Parti Communniste, du syndicat CGT, etc. Daeninkcx se définit comme « communiste libertaire » (Lenoir, 2014, paragr. 7). Il n’écrit pas pour lui-même, mais pour ceux qui se sentent victimes du système, privés de parole et exclus de la société, pour exprimer sa colère envers les injustices sociales, et pour e.a. ‘sauvegarder les traces de l’Histoire ouvrière’ (Maricourt, 2011, ch. VI paragr. 9)

Même son propre nom, Daeninckx, constitue une sorte de pièce d'histoire solidifiée avec une remonte dans l’histoire qui traverse la Belgique, l’Espagne, l’Italie… un nom plein d’histoire et de souvenirs, marqués par les traumatismes du siècle précédent (Collovald, 2001). Pour son écriture, Daeninckx s’inspire de ses propres expériences dans sa vie personnelle, de l’ histoire et de la mémoire de sa famille et ses ancêtres, et il fait revivre ces histoires oubliées des gens ordinaires, qui autrement n'auraient jamais fait une entrée dans les livres d'histoire (Geldof, 1998).

Bien que ses romans et nouvelles ne soient pas appréciés par tous en raison des thèmes controversés, Daeninckx a néanmoins acquis une certaine reconnaissance littéraire. Pour son oevre, il a été décerné bon nombre de prix littéraire, entre autres le « Prix populiste, Prix Mystère de la critique, Prix Louis Guilloux, Prix Goncourt du livre de jeunesse’, ‘le Prix Paul Féval de Littérature Populaire’ et ‘le prix Goncourt de la nouvelle’ » (Radio France, 2014, paragr.1).

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2.2 Le roman La mort n’oublie personne (1988) : origine et résumé

Les livres de Daeninckx abordent des thèmes sociale et politiques de différentes époques, celle de la Seconde Guerre mondiale et de la Résistance dans La mort n’oublie personne, roman qui n'a pas encore été traduit en néerlandais, dans lequel un ancien membre de la résistance du Nord-Pas-de-Calais est interviewé sur sa vie pendant et après la Seconde Guerre mondiale. En tant que jeune résistant, il serait déporté vers un camp de concentration, torturé et, après la guerre, condamné pour meurtre par un juge, officiant depuis le temps de Pétain, à sept ans de prison à cause de ses actions dans la Résistance, ce qui le suivra pour le reste de sa vie et ce qui entraînera d'énormes conséquences pour lui et pour sa famille, même jusqu'au point où son fils se suicide se faisant traiter de fils d’assassin. En fin de compte, l'interviewer paraît en avoir été témoin, et le personnage principal, qui a toujours pensé que c'était un accident, apprend la vérité sur la mort de son fils.

Le roman se déroule dans le Nord-Pas-de-Calais pendant et après la Seconde Guerre mondiale. C'est une histoire perturbante mais réaliste, et une mise en accusation de l'injustice. Dans le cas du personnage principal, mais aussi dans celui des personnages secondaires, le lecteur ressent le sentiment de vengeance tout au long du roman : contre les Allemands nazis, contre les collaborateurs, parfois contre quelqu'un de leurs propres camarades.

Daeninckx explore des témoignages réels, des anciennes histoires dans les archives oubliées, et les entrelace avec la fiction, comme dans La mort n’oublie personne. Comme il remarque dans Maricourt (2011), Daeninckx a besoin des ces recherches pour qu’son roman recoive « la charge émotionelle nécessaire » (ch. IV paragr. 30). Fasciné par les histoires/souvenirs de la Résistance, l’auteur s’est fait inspirer pour son roman d’un livre de Roger Pannequin, dans lequel est éveillé « l’histoire d’un ancien FTP [s’appelant Moreau] condamné à mort en 1948 à Saint Omer » [pour des faits commis en 1944] (Collovald , 2001, p.15) et aussi de l’histoire du Polonais Victor Dojlida, qui symbolise les héros qui se sont battus pour la France, mais qui n'ont jamais été reconnus. Comme l’explique Teysserre-Orion (2013, paragr. 2) dans son article:

Victor Dojlida « est arrivé de Pologne […]. À cette époque, on a besoin de main-d’œuvre et on ne compte pas le nombre d’immigrés qu’on fait venir ; […] Quand la Seconde Guerre mondiale éclate et que les Allemands envahissent la France, Victor entreprend ses premiers actes de résistance. À peine majeur, il entre au FTP-MOI (Francs-tireurs et partisans/Main-d’œuvre immigrée). […] inspiré par un père communiste, [et] par le milieu ouvrier migrant où régnait une très grande solidarité. En 1944, un policier français l’arrête, un juge français l’accuse et la Gestapo l’envoie à Dachau ».

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2.3 Contexte historique : le Nord/Pas-de-Calais et la guerre de 1941-1944

Pendant l’occupation, le Nord et Pas-de-Calais étaient dirigés depuis Bruxelles (Dejonghe, 1969), ce qui connecte l’histoire et les souvenirs du nord de la France avec ceux (d’une partie) de la Belgique. Comme nous lisons dans Maricourt (2011), une place importante dans les romans de Daeninckx est occupée par le nord de la France, région où il a vécu la plupart de sa vie et dont il se sent proche. L’histoire ouvrier, les différentes nationalités… Tous ces aspects se reflètent dans La mort n’oublie personne si nous considérons les personnages (voir 3. Texte source et traduction), p.ex. Moktar (marocain défendant la France dans la Résistance), Soudan (aux racines soudanaises), les ouvriers polonais dans l’usine…

Pendant l’été de 1944 (dans lequel se déroule le fragment traduit du roman), où le vent a tourné en faveur des Alliés, les Allemands (et les Français collaborateurs) sous le régime nazi ont effectués encore plus des pratiques de persécution, de répression, qui se traduisaient en fusillades, prises d’otages, (voir 3.2 passage (40)), et encore plus de déportations. Un des drames, entouré de mystères et de conspirations dans le nord, est p. ex. le dernier convoi de déportation parti de la France occupée (Hervieu, 2016), connu sous le nom le train de Loos. Au milieu de l'atmosphère de libération, un dernier train avec des déportés (env. 8000) a quitté la gare de Loos en direction de l’Allemagne (Sachsenhausen-Oranienburg, Neuengamme…). La Résistance a-t-elle pu éviter ces derniers martyrs ou a-t-elle eu des motifs pour ne pas les sauver1?

« Les déportés consistaient en “résistants du réseau Sylvestre-Farmer (capitaine Michel), autant d’Organisation civile et militaire (OCM), vingt-huit du mouvement Voix du Nord, trois officiers du BCRA (les services secrets de la France libre), une centaine de résistants communistes (FTP), des membres des réseaux Ajax, Century, Pat O’Leary ainsi que cinquante-trois otages, des réfractaires du STO et quatre Juifs. » (la Voix du nord, 2014, paragr.1)

1Une élaboration complète de cet événement nous mènerait trop loin pour ce mémoire : voir Yves Le Maner (2003) , Le « Train de Loos ». Le grand drame de la déportation dans le Nord-Pas-de-Calais (préface d’Annette Wieviorka, Yves Le Maner BP. 204 - 62504 Saint-Omer Cedex

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3. TEXTE SOURCE ET TRADUCTION

3.1 Le fragment sélectionné

Dans le cadre de ce mémoire, nous avons décidé de traduire le deuxième chapitre de La mort n’oublie personne, parce que c’est le passage où le personnage principal Jean Ricouart raconte comment il est soudain entré, étant un garçon de 17 ans en 1944, dans un groupe de résistance. Au début du fragment, un historien (dont on ne connait le nom qu’à la fin du livre) rencontre Jean Ricouart pour un entretien dans lequel le dernier raconte ses expériences d’autrefois, quand il est entré dans la Résistance, par l'intermédiaire de quelques collègues de l'usine où il travaille.Ce fut le début d'une série d'actions et d'opérations contre l'occupant allemand. Dans ce fragment, nous ressentons les émotions et les pensées de l'adolescent de 17 ans, mais aussi les réflexions de cet homme, plus de quarante ans plus tard, qui témoigne très lucidement de ses expériences. Son entrée dans la Résistance était le moment-clé qui déterminerait le reste de sa vie troublée.

3.2 Corpus de la traduction

FR-NL

Ci-dessous est présenté le corpus contenant l’extrait (chapitre II, pp.18-33) du livre de La mort n’oublie personne et notre traduction parallèle. Les mots indiqués de (*) seraient expliqués au lecteur dans un glossaire à la fin de la traduction.

1 L'horloge marque deux heures. Jean Ricouart donne un coup de menton dans ma direction.

- Ôtez votre blouson… Si vous avez froid, je peux augmenter le poêle…

Het is klokslag twee uur. Jean Ricouart wijst met zijn kin naar me.

- Doe uw jas maar uit… Als u het koud hebt, kan ik de kachel wat hoger zetten.

2 Il penche déjà sa chaise sur le côté pour atteindre le thermostat. Je quitte mon cuir.

- Je vous remercie mais ne vous dérangez pas. Il fait bon chez vous.

J'adresse un sourire de circonstance à sa femme qui se tient assise à ma droite près de la porte du jardin. Elle détourne les yeux.

Hij schuift zijn stoel wat opzij om bij de thermostaat te kunnen. Ik trek mijn vest uit.

- Oh bedankt, doet u geen moeite. Het is hier best aangenaam.

Uit beleefdheid glimlach ik naar zijn vrouw die rechts van mij blijft zitten naast de tuindeur. Ze wendt haar ogen af.

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3 Je vérifie l'état des piles et le fonctionnement de mon Sony de reportage avant de le poser debout au centre de la table ronde, sur un napperon blanc ajouré.

Ik controleer de batterijen van mijn Sony

bandrecorder en kijk of hij het nog doet, waarna ik hem rechtop zet in het midden van de ronde tafel, op een wit kanten tafelkleedje.

4 - Ça ne vous gêne pas que j’enregistre ? Sinon je peux simplement prendre des notes… c'est moins fidèle…

- Stoort het dat ik het gesprek opneem? Anders kan ik ook gewoon notities nemen, maar dat is minder authentiek…

5 Jean Ricouart plaque ses mains sur la pile de papiers disposée devant lui. Il hausse les épaules. - J'ai déjà payé tout ce que je vais vous dire… Je ne crains plus rien ni personne… Toutes ces histoires sont vieilles de plus de quarante ans. A mon avis ça n'intéresse pas grand monde, a part vous… Mettez-le en marche, votre truc, qui voulez-vous que ça gêne ?

Jean Ricouart laat zijn handen rusten op de papieren stapel voor hem. Hij haalt zijn schouders op. - Ik heb al geboet voor alles wat ik u zal Vertellen. Ik vrees niets of niemand meer… Al die verhalen zijn meer dan veertig jaar oud. Volgens mij interesseert dat echt niemand, behalve u dan. Zet het maar aan, uw apparaatje… Wat maakt het uit?

6 Je récupère mon calepin ainsi qu'un feutre dans la poche portefeuille de mon blouson et note les premiers éléments de l’interview : Cauchel 15 novembre 1987. Interview de jean Ricouart. - Vous avez quel âge ?

Ik neem mijn notitieboekje bij de hand, haal een balpen uit mijn borstzakje en schrijf de eerste gegevens van het interview op: Cauchel, 15 november 1987. Interview met Jean Ricouart. - Hoe oud bent u ?

7 Je la sens, à droite, qui manifeste des signes d'impatience.

- Je suis de 27. Le compte est vite fait : soixante ans depuis mai. Si vous avez besoin de la profession, j'ai changé pour mon anniversaire ; vous mettez retraité.

Il pose ses coudes sur la table.

- Ils vont écrire tout ça dans votre journal ?

Rechts van me merk ik haar tekenen van ongeduld. - Ik ben van 1927. Dan is de som snel gemaakt, in mei ben ik 60 geworden. En als u mijn beroep ook nog wilt weten, sinds mijn verjaardag is dat gepensioneerde.

Hij zet zijn ellebogen op tafel. - Komt dat allemaal in uw krant?

8 Nous avions pris rendez-vous par téléphone et cela fait moins de cinq minutes je suis face à lui. Quand il a ouvert la porte, je suis tombé sur un petit bonhomme, moins d'un mètre soixante, pratiquement chauve, la peau plissée au bas des joues, sous les paupières, au milieu du front et jusque sur le crâne.

We hadden telefonisch een afspraak gemaakt en nu zit ik hier nog geen vijf minuten recht tegenover hem. Aan de deur werd ik begroet door een kleine, bijna kale man van nog geen meter zestig. Hij had een gerimpelde huid onder aan zijn wangen, onder zijn ogen, en in het midden van zijn voorhoofd tot waar zijn schedel begon.

9 Il m'a conduit dans la salle de séjour, le dos voûté, traînant ses chaussons de feutre sur le carrelage. Un

Met gebogen rug en met zijn vilten slippers schuifelend over de tegelvloer leidde hij me naar de

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vieillard que son état civil vient de rajeunir de vingt ans, à mes yeux. Je le rassure.

- Je demande toujours ça, au début… c'est un peu comme quand on rencontre quelqu'un dans la rue et qu'on lui dit ‘Comment ça va ?’ … Qu'il y ait une réponse ou non, ça n'a pas d'importance… ça permet de démarrer la discussion…

woonkamer. In mijn ogen is hij een oude man, zeker twintig jaar ouder dan zijn geboortejaar deed vermoeden. Ik stel hem gerust.

- Dat vraag ik altijd aan het begin. Net zoals we op straat iemand tegenkomen en vragen ‘Hoe gaat het?’ Of daar nou een antwoord op komt of niet, is niet van belang, maar het helpt om het gesprek op gang te brengen.

10 - Allons ! Les journalistes ne sont pas aussi innocents…

- Je ne suis pas journaliste… J'écris une sorte de petit bouquin, une plaquette sur la

Libération du Pas-de-Calais pour un éditeur de Saint-Omer. J'ai rencontré les gens de La voix du Nord, ceux de l'o.c.m, des anciens des F.T.P. et des Milices patriotiques… Des chefs pour la plupart…

- Kom zeg! Zo onschuldig zijn journalisten niet… - Ik ben geen journalist. Ik schrijf een soort boekje, een bundel over de bevrijding van Pas- de-Calais voor een uitgever in Saint-Omer. Ik heb al mensen ontmoet van de krant La Voix du Nord, maar ook oudgedienden van de voormalige verzetsbewegingen*, en van de Patriottische Militie*, voornamelijk leiders van toen.

11 Jean Ricouart enserre le bas de son visage dans le creux formé par son pouce et son index puis il remonte sa main le long de ses joues, entraînant les plis de son épiderme vers le haut.

- Dans ce cas, vous faites fausse route. J'étais un simple franc-tireur : je n'ai jamais porté d'uniforme et encore moins cousu de sardines sur mes épaules !

Jean Ricouart neemt de onderkant van zijn gezicht vast in de holte tussen zijn duim en wijsvinger, en wrijft dan zijn hand omhoog langs zijn wangen, waarbij hij de plooien van zijn huid mee naar boven trekt.

- Wel, dan vergist u zich in mij. Ik was maar een simpele partizaan*. Nooit heb ik een uniform gedragen, laat staan strepen op mijn mouwen! 12 Je saisis ma boîte de bière et renverse la tête en

arrière pour faire couler les dernières gouttes. - Justement, c'est ça qui est passionnant : on ne se souvient que ceux qui donnent les ordres et qui retournent se planquer quand ça se met à chauffer… Dans ma plaquette, j'ai envie de laisser, pour une fois, la parole aux exécutants.

Ik neem mijn bierblikje in de hand en leun met mijn hoofd naar achteren om zo de laatste druppels op te drinken.

- Net daarom is het interessant. We horen alleen maar de verhalen van hen die bevelen gaven, en die zich veilig terugtrokken als de grond te heet werd onder hun voeten. In mijn boekje wil ik deze keer hen aan het woord laten die de bevelen uitvoerden. 13 Je ne sais lequel de mes mots, laquelle de mes idées

l'a touché, mais il semble accuser le coup. Il se tasse sur son siège et soulève sa boîte de bière, façon de masquer son trouble.

Ik weet niet welk woord of welk idee hem heeft geraakt, maar hij lijkt uit zijn lood geslagen. Hij laat zich zachtjes zakken in zijn stoel en neem zijn blikje bier vast om zijn verwarring te verbergen.

(14)

- Vous en voulez une autre ?

- Tout à l'heure… J'ai besoin de garder les idées claires.

- Wilt u er nog een?

- Straks graag… nu moet ik nog even het hoofd koel houden.

14 Jean Ricouart acquiesce et se tourne vers sa femme. - Tu peux m'en amener une, Marie…

Elle se met debout en s'aidant des accoudoirs et l'embrasse sur la tempe, au passage.

Jean Ricouart knikt instemmend en wendt zich tot zijn vrouw.

- Breng mij er nog eentje, Marie…

Ze hijst zich via de armleuningen uit haar stoel en in het voorbijgaan kust ze hem op zijn slaap.

15 Elle doit avoir le même âge que son mari mais les années ne l'ont pas autant marquée. Elle ressemble à ces milliers d'autres femmes de soixante ans qui laissent venir l'âge sans capituler et combattent à leur mesure : Mise en pli, fard, teinture, sans se faire d'illusions sur l'issue de la bataille.

Ze moet ongeveer even oud zijn als haar man, maar de tijd heeft haar minder getekend. Ze lijkt op die duizenden andere 60-jarige vrouwen die zich niet overgeven aan hun leeftijd en zich verdedigen met alles wat ze hebben: permanent, make-up,

haarkleuring, maar zonder zich illusies te maken over de afloop van de strijd.

16 De la cuisine nous parviennent des bruits de bouteilles qui s'entrechoquent, de verres qui se cognent. Marie revient et dépose une Jenlain d'un litre et deux bocks sur la table, après avoir repoussé mon magnétophone.

- Je vais aller à mon cours de peinture, tant qu'il me reste un peu de courage. Je serai de retour vers quatre heures.

Vanuit de keuken horen we het geklingel van flessen en glazen die tegen elkaar stoten. Marie komt terug, duwt mijn bandrecorder opzij en zet een literfles Jenlain en twee bierglazen op tafel.

- Ik vertrek naar de schilderles, nu ik er nog zin in heb. Rond vier uur ben ik terug.

17 Elle décroche son manteau de la patère et sort sans me jeter un regard. J'appuie sur la touche ‘record' du Sony. L'intensité de la lampe rouge se met à épouser les intonations de ma voix.

- On y va ?

Jean Ricouart se racle la gorge. - Quand vous voulez.

Ze neemt haar jas van de kapstok en vertrekt zonder me ook maar een blik te gunnen. Ik duw op de knop ‘record’ van mijn Sony. De intensiteit van het rode lampje danst mee op de vibraties van mijn stem. - Zullen we beginnen?

Jean Ricouart schraapt z'n keel. - Ga uw gang.

18 CAUCHEL 20 JUIN 1944

On ne choisit pas l'époque à laquelle on vit. Je suis le dernier d'une famille de huit enfants. Le vieux travaillait à la fosse Saint-Gilles, la 3 du bassin de Cauchel où deux de mes frères l'ont suivi. Tous

CAUCHEL, 20 JUNI 1944

We kiezen de tijd niet waarin we leven. Ik ben de jongste uit een gezin met acht kinderen. Mijn ouwe heer werkte in de mijn van Saint-Gilles, het derde mijnbekken van Cauchel, en twee van mijn broers zijn er in zijn voetsporen getreden. Allemaal

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simples mineurs. C'est pas qu'ils n'auraient pas pu prétendre, mais on ne s'y serait pas retrouvés…

eenvoudige mijnwerkers, niet dat ze geen andere ambities koesterden, maar dat konden ze zich gewoonweg niet permitteren.

19 Le matin quand il se levait, il toussait pendant un quart d'heure, une toux caverneuse qui faisait mal, rien qu'à entendre. Je n'ai jamais réussi à m'y habituer et, à bien y réfléchir, c'est sûrement à cause de ça que je n'ai pas voulu devenir mineur à mon tour…

’s Ochtends als hij opstond, hoestte hij een kwartier lang, een zo diepe pijnlijk hoest, vreselijk om aan te horen. Ik ben er nooit aan gewend geraakt, en als ik erover nadenk, is dat zeker de reden waarom ik zelf nooit mijnwerker wilde worden.

20 On habitait dans une maison des Houillères, à la cité du Point-du-Jour, en face de l'usine à gaz. La torchère éclairait la salle à manger, le soir, à travers les claies des volets. J'aimerais bien bricoler et ça se savait. En échange de quelques sous j'aidais à refaire un toit, je réparais les freins d'un vélo, l'essieu d'une carriole…

We woonden in een mijnwerkershuis in de cité* Point du jour, recht tegenover de gasfabriek. ‘s Avonds werd de eetkamer verlicht door de fakkel van de fabriek die door de kieren van de luiken naar binnen scheen. Iedereen hier wist wel dat ik graag de handen uit de mouwen stak. In ruil voor wat

kleingeld hielp ik mee daken opknappen, herstelde ik de remmen van een fiets of de as van een kar. 21 En octobre 43, l'oncle d'un copain m'a fait

embaucher chez Usiméca, sur la route de Lorgnies. On y fabriquait des boggies. Ils venaient de

construire un atelier de réparation destiné à remettre en état les trucks encore utilisables après un déraillement… Les wagons endommagés étaient dépecés près du triage d'Atrieux, à dix kilomètres de Cauchel et les pièces arrivaient directement par la voie ferrée de l'usine.

In oktober ‘43 hielp de oom van een vriend me aan een baan bij Usimeca, op de Route de Lorgnies. Daar produceerden ze draaistellen. Ze hadden net een nieuwe werkplaats gebouwd om wagons te herstellen die na een ontsporing nog bruikbaar waren… De beschadigde wagons werden ontmanteld in de buurt van het rangeerstation van Atrieux, tien kilometer van Cauchel, en de onderdelen kwamen rechtstreeks binnen via de fabrieksspoorlijn.

22 Un groupe d'une cinquantaine de prisonniers allemands et polonais, avec lesquels il nous était interdit d'échanger le moindre mot, déchargeait les plateaux sous le contrôle des feldgendarmes. Leur camp se trouvait plus haut, au bout de la rue de l'Ingénier-Martin, dans l'ancienne fabrique de dirigeables. C'étaient des politiques. Quand ils ne s'épuisaient pas à transborder la fonte à Usiméca, ils bâtissaient des blockhaus aux entrées des mines.

Een vijftigtal Duitse en Poolse gevangenen, met wie we geen enkel woord mochten wisselen, laadde de goederenwagons uit onder toezicht van de Feldgendarmerie*. Hun kamp lag hoger, aan het einde van de rue de l'Ingénier-Martin, in de voormalige zeppelinfabriek. Het waren politieke gevangenen. En werkten ze zich niet te pletter bij het overladen van het gietijzer in Usimeca, dan bouwden ze bunkers bij de ingang van de mijnen.

23 J'ai assisté à ma première rafle en février 44. A travers la verrière, on a vu les camions bâchés se

In februari ‘44 heb ik mijn eerste razzia meegemaakt. Door het venster zagen we hoe overdekte

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garer dans la cour. Des soldats casqués ont fait irruption dans l'atelier et nous ont rassemblés le long du mur du magasin des pièces détachées. Le type qui fournissait les outils a eu le réflexe de se baisser derrière son guichet mais un militaire l'a fait déguerpir et l'a traîné au premier rang en lui mettant le canon de sa mitraillette dans le cou. On était bien trois cents, en bleus, les bras ballants, désespérés, à écouter leur chef qui lisait la liste des requis en écorchant les noms…

Des copains de tournaient vers leur voisin, les traits décomposés.

vrachtwagens parkeerden op de binnenplaats. Gehelmde soldaten stormden de werkplaats binnen en verzamelden ons in een rij langs de muur van de opslagruimte voor reserveonderdelen. De kerel die het gereedschap leverde, had de reflex om zich achter zijn loket te verstoppen, maar een soldaat sleurde hem naar buiten en dreef hem naar de eerste rij met de loop van zijn machinegeweer in zijn nek. We stonden daar zeker met driehonderd in onze blauwe overall, wanhopig, met bungelende armen, en luisterden naar hun chef die de lijst van

dwangarbeiders voorlas en hun namen verhaspelde. Kameraden keken elkaar aan met een vertrokken gelaat.

24 - Putain, c'est moi… Il a bien dit Bressiard ? - Bouge pas, j'ai entendu Pressian… C'est pas la peine qu'ils vous emballent tous les deux… Ces ordures ne font pas de détails.

Le gradé s'impatientait.

- Albert Bressiard… Nous savons que vous êtes là…

- Merde, dat ben ik … Hij heeft toch Bressiard gezegd?

- Sta stil, ik heb Pressian gehoord… Laat jullie niet allebei meenemen hé. Voor die klootzakken maakt het echt niks uit.

De officier werd ongeduldig.

- Albert Bressiard… We weten dat u hier bent… 25 Une pression de la main sur une épaule.

- Préviens ma femme. Dis-lui de ne pas s'inquiéter, je m'en sortirai…

Quand les camions sont repartis avec vingt-trois des nôtres, on n'osait plus se regarder en face. Tout l'après-midi, la violence avec laquelle nous avons écrasé les pièces sur l'établi a remplacé les mots.

Een hand werd op een schouder gelegd.

- Verwittig mijn vrouw. Zeg haar dat ze zich geen zorgen hoeft te maken. Ik red me wel.

Toen de vrachtwagens met drieëntwintig van ons vertrokken, durfden we elkaar niet meer aan te kijken. De hele middag lang werden onze woorden vervangen door het geweld waarmee we de stukken op de werkbank verpletterden.

26 Au cours de cette période je servais d'aide à un rectifieur qu'on surnommait Soudan à cause de son père mort là-bas dans une guerre oubliée.

J'entretenais la machine, les outils, j'alimentais en pièces. Je jouais pas mal de la lime aussi, ce qui me plaisait beaucoup moins. Le soir, aux vestiaires, il m'a pris à part.

- Qu'est-ce tu penses, môme, du travail en

In die tijd werkte ik al hulpje bij een metaalslijper, bijgenaamd Soudan, omdat zijn vader er gestorven was in een vergeten Soedanese oorlog. Ik stond in voor het onderhoud van de machine, voor de gereedschappen, en het aanvullen van onderdelen. Ik kon ook behoorlijk goed overweg met de vijl, maar dat was niet echt mijn ding. s' Avonds in de kleedkamer nam hij me even apart.

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Allemagne ?

Je me frottais les mains au savon noir et à la ponce pour venir à bout de la graisse et de la limaille incrustée dans ma peau.

- J'en pense trop rien, à part qu'ils ont besoin de main-d’œuvre, ils feraient mieux de rentrer chez eux, ça arrangeait tout le monde !

- Gaan werken in Duitsland, wat denk je daarvan, kleine?

Ik wreef mijn handen in met zwarte puimsteenzeep om het vet en het aangekoekte ijzervijlsel van mijn huid te krijgen.

- Ik denk er niet veel van. Ik weet wel dat ze arbeiders nodig hebben, maar ze zouden beter terugkeren naar hun eigen land. Iedereen tevreden! 27 Il a souri en quittant sa veste.

- Et pour ce matin….

Je regardais mes ongles cernés de noir en songeant à la réponse d'une vedette de cinéma qui présentait son film dans L'Écho du Nord : Ce qui m'est le plus insupportable au monde ? Enormément de choses à coup sûr, mais je dirais un homme aux ongles mal soignés. Qu'elle vienne passer une semaine chez Usiméca à ébarber la tôle, cette conne… J'enlevai le plus gros. Soudan, en équilibre sur un pied, enfilait une jambe de son pantalon.

Hij lachte en trok zijn werkjas uit. - En vanmorgen dan…?

Ik keek naar mijn zwarte vingernagels, terwijl ik terugdacht aan het antwoord van een filmster die haar film in Echo du Nord* promootte: ‘Wat ik het allervervelendste vind? Een heleboel dingen, dat is zeker, maar ik zou zeggen… een man met

onverzorgde vingernagels’. Dat ze maar eens een week metaal komt slijpen in Usimeca, de stomme trien… Het ergste vuil kreeg ik eraf. Soudan balanceerde op één been en stak het andere in één van zijn broekspijpen.

28 - Pour ce matin tu ne m'as pas répondu… Je laissai tomber.

- C'est dégueulasse… On les embarque au hasard sans même leur laisser de temps de prévenir leur famille, d'embrasser leurs gosses. S'il m'avait appelé, l'autre avec sa casquette plate, je sautais par-dessus le comptoir des pièces détachées et je filais au travers des stocks… Une fois dans la cité Faidherbe, ils pouvaient toujours chercher… Je la connais mieux que ma poche !

- Wel, je hebt me geen antwoord gegeven over vanmorgen…

Ik gaf me gewonnen.

- Het is gewoon walgelijk! Ze nemen zomaar mensen mee en geven hun niet eens de tijd om hun familie te waarschuwen of om hun kinderen gedag te zeggen. Als die vent met z'n platte pet mijn naam had gezegd, dan was ik over de kast met reserve- onderdelen gesprongen en dwars door het magazijn gelopen. Zodra ik in de cité Faidherbe was, zouden ze mogen blijven zoeken… Die buurt ken ik als mijn broekzak !

29 Il boucla sa ceinture et de la main embrouilla mes cheveux que je venais tout juste se séparer en deux. - Tu oublies les feldgendarmes. Ils n'auraient pas hésité à te tirer dessus : ils font partie de la même bande.

Hij gespte zijn ceintuur dicht en wreef met zijn hand over mijn haren, die ik net mooi in model had gekamd.

- Je vergeet de feldgendarmes. Die zouden geen moment getwijfeld hebben om je neer te knallen. Ze

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- Tu crois que je me serais laissé faire ? zijn allemaal één pot nat.

- Moet ik me dan maar gewoon laten doen?! 30 - Ce n'est pas ce que j'ai dit, Jeannot. Ils

tiennent tout, ce sont eux les plus forts. Si on veut avoir une chance de les battre ou même simplement s'en sortir, il faut réfléchir et nous organiser. Le courage c'est bien, on en a sacrément besoin, mais le tout, c'est de s'en servir au bon moment.

Il ne m'a rien dit de plus ce soir-là. Ses paroles n'ont pas cassé de me tourner dans la tête les jours suivants.

- Dat heb ik niet gezegd, Jeanke. Maar zij houden de touwtjes in handen, zij zijn het sterkst. Als we kans willen maken om hen te verslaan, of zelfs gewoon in leven willen blijven, moeten we goed nadenken en samenwerken. Moed is goed, dat zullen we verdomd hard nodig hebben, maar we moeten er vooral op het juiste moment gebruik van maken. Die avond had hij het er niet meer over. De volgende dagen bleven zijn woorden door mijn hoofd spoken.

31 Une semaine plus tard, Soudan m'a demandé de l'accompagner à l'atelier de montage.

- Ouvre le pot de graisse rouge et vides-en la moitié.

J'ai soulevé le couvercle à l'aide d'un tournevis et transvasé la graisse à pleine mains dans une vieille gamelle où trempaient des pinceaux.

Een week later vroeg Soudan me met hem mee te gaan naar montagewerkplaats.

- Doe de pot smeervet open en haal de helft eruit.

Ik deed het deksel eraf met een schroevendraaier en met mijn blote handen schepte ik het vet over in een oude kom waar borstels lagen te weken.

32 - Maintenant tu remplis avec de la limaille en laissant deux bons centimètres pour compléter avec un peu de ta graisse rouge. Quand tu auras fini, referme le pot et suis- moi…

J'ai obéi mais la curiosité a été la plus forte. - Qu'est-ce que tu vas faire avec ça ?

- Pose pas de questions et viens, on a tout juste le temps pendant la relève de la garde.

- Nu vul je hem met ijzervijlsel tot twee centimeter onder de rand, de rest vul je opnieuw met je

smeervet. Als je klaar bent, doe de pot weer dicht en volg me…

Ik deed wat hij me vroeg, maar mijn nieuwsgierigheid nam toch de bovenhand. - Wat ben je ermee van plan?

- Geen vragen, gewoon meekomen. We hebben net genoeg tijd tijdens de wachtwissel. 33 On s'est faufilés à l'arrière de notre atelier et le

contremaître, une vieille vache qui nous obligeait à marcher au sifflet, a fait semblant de ne pas nous voir. J'ai tiré Soudan par la manche.

- Hé ! Vandier nous a repérés !...

Il était déjà dans la cour des wagons-plateaux sur lesquels étaient chargés les boggies révisés.

We slopen naar de achterkant van onze werkplaats, terwijl onze ploegbaas, een echte rotvent die steeds met z'n fluitje bevelen gaf, deed alsof hij ons niet zag. Ik trok aan Soudans mouw.

- Hé! Viandier heeft ons gezien!

Hij was al op de binnenplaats, waar de wagon-onderstellen met de gecontroleerde draaistellen geladen werden.

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couvercle du pot et soulève la petite couche de graisse… Tiens-toi contre moi… Si tu en vois un, tu la replaques sur la limaille en priant le Bon Dieu qu'il ne sera pas assez malin pour y plonger les mains !

deksel van de pot en haal het laagje vet eraf. Blijf dicht bij mij… Als je iemand ziet, plak het dan terug op het vijlsel, en laten we bidden dat hij niet zo stom is om er zijn handen in te steken!

35 Soudan a remonté deux wagons, étouffant le bruit de ses pas. Il s'arrêta devant chaque boggie. Je trottinais derrière avec mon pot. Il raclait un peu de graisse sur les côtés, les doigts joints, puis la pétrissait dans sa paume en la mélangeant à la limaille. Ils se penchait ensuite sous les boggies et bourrait les roulements avec sa pâte abrasive. Le matériel allait quitter Usiméca dans un état proche de celui où il était entré !

Sluipend passeerde Soudan langs twee wagons. Voor elk draaistel hield hij stil. In korte drafjes trippelde ik met mijn pot vet achter hem aan. Hij maakte een kommetje met zijn vingers, schraapte wat vet naar de zijkant, en kneedde het dan samen met het vijlsel in zijn handpalm. Hij kroop onder de draaistellen en smeerde de kogellagers in met de ruwe brij. De onderstellen zouden Usimeca in een even slechte staat verlaten als ze waren binnengebracht. 36 Soudain Vandier nous siffla depuis le sas. Soudan

se figea.

- Viens, on ripe… Tranquillement, sans courir…

Le contremaître ferma la porte derrière nous. - Retournez vite à votre établi, ils font un contrôle de postes.

Plots floot Vandier vanuit de sas. Soudan verstijfde. - Kom, we smeren ‘m, heel rustig, zonder te lopen…

De ploegbaas sloot de deur achter ons. - Vlug terug naar jullie post. Ze controleren de werkplaats.

37 Je plaquai le mélange sous un tas de chiffons de nettoyage avant de revenir près de la rectifieuse. Un ingénieur flanqué de deux allemands inspectait l'atelier. Je réalisai, les voyant s'approcher de nous, que j'avais pas ressenti la moindre peur. L'ingénieur ordonna la mise en route de la machine-outil à Soudan. Le moteur siffla puis trouva son rythme. Les Allemands hochèrent la tête, visiblement satisfaits du matériel.

Ik kleefde het goedje onder een stapel poetslappen en liep daarna terug naar de slijpmachine. Een ingenieur, door twee Duitsers geflankeerd kwam de werkplaats inspecteren. Toen ik hen dichterbij zag komen, merkte ik dat ik helemaal niet bang was. De ingenieur beval Soudan de gereedschapsmachine in gang te zetten. De motor pruttelde eerst maar vond dan zijn ritme. De Duitsers knikten. Ze waren zichtbaar tevreden over het gereedschap. 38 Si quelqu'un m'avait dit ce jour-là : ‘Tu viens

d'entrer dans la Résistance’, je crois bien que je lui aurais éclaté de rire au nez…La Résistance du pot de graisse !

Als iemand me die dag had gezegd dat ik net lid was geworden van het Verzet, dan had ik me krom gelachen…het Vetpotverzet!

39 Au cours des deux semaines suivantes j'ai participé à une dizaine d'actions de ce genre. Il nous était difficile, pratiquement impossible d'intervenir sur

In de twee weken erna deed ik mee aan een tiental zulke acties. Het was moeilijk, bijna onmogelijk om aan ons eigen werk te knoeien. Het was te riskant,

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notre propre travail. Trop risqué en raison de la surveillance minutieuse qu'exerçaient les

Allemands et du système de contrôle de qualité mis au point, à leur demande, par un groupe

d'ingénieurs français. Nous sabotions le matériel en fin de chaîne, quand il était prêt à être livré, un jour les roulements, l'autre les freins ou les systèmes d'attache. Ça lâchait une semaine, un mois plus tard, en Pologne, en Hollande ou en Auvergne…

want de Duitsers controleerden alles zorgvuldig en bovendien was het kwaliteitscontrolesysteem op hun verzoek door een groep Franse ingenieurs verder op punt gesteld. Wij saboteerden het materieel op het einde van de productieketen, net voor het moment van levering. De ene dag waren het de kogellagers, de andere de remmen of bevestigingssystemen. Die zouden het dan na een week of een maand begeven, ergens in Polen, in Nederland of in de Auvergne. 40 Mis à part Soudan et Vandier, je connaissais trois

autres membres des groupes de résistance

d'Usiméca, deux anciens mineurs révoqués avant la guerre par les Houillères et un Marocain du nom Moktar. En mai, la centrale électrique de la fosse 3 a sauté avec cinq sentinelles. En représailles, les Allemands ont fusillé huit gars de Cauchel qu'ils gardaient en otages dans la citadelle d'Arras.

Naast Soudan en Vandier kende ik drie andere leden van de Usimeca-verzetsgroepen, twee voormalige mijnwerkers die voor de oorlog ontslagen waren, en een Marokkaan genaamd Moktar. In mei ontplofte de energiecentrale in mijnschacht 3 met vijf

toezichthouders erin. Als vergelding schoten de Duitsers acht jonge knullen neer die ze gegijzeld hielden in de citadel van Arras*.

41 L'atmosphère s'est soudain alourdie en ville. Même pleines, les salles des cafés demeuraient

silencieuses. Dans les rues plus personne ne se regardait et l'on pressait le pas au bruit des bottes, de peur de croiser une patrouille.

De sfeer in de stad werd plots een pak gespannener. Zelfs in de volle cafés heerste de stilte. Op straat keek niemand elkaar nog aan en zodra men het geluid van dreigende oorlogslaarzen hoorde, versnelde men z'n pas uit angst om een patrouille tegen te komen. 42 Soudan évitait mes questions et travaillait toute sa

journée le nez baissé sur la machine. Je l'ai coincé près de la pointeuse alors qu'il cherchait son carton que j'avais planqué sous le mien, dans ma case. - Ils nous massacrent et on bouge pas ?

Soudan ontweek mijn vragen en werkte de hele dag door zonder ook maar één keer op te kijken van de machine. Ik versperde hem de weg bij de prikklok, toen hij zijn kaart zocht die ik in mijn vakje onder de mijne had verstopt.

- Ze maken ons af en wat doen wij ? Niets ?! 43 Il m'a forcé à rentrer dans la guérite, derrière le

gardien.

- Comment ça on ne bouge pas ! Et la centrale, tu crois qu’elle a sauté toute seule ?

Opération du Saint Esprit…Nous les vengerons tous. Au centuple… C'est une question de temps… Ce qui est important aujourd'hui, c'est de garder nos forces intactes.

Hij trok me mee naar het wachtershuis, achter de conciërge.

- Hoezo, wij doen niets?! En die centrale dan, denk je dat die vanzelf is ontploft?! Dat was operatie Heilige Geest… en we zullen ze allemaal wreken, wel honderd keer. Het is maar een kwestie van tijd, maar ‘t is belangrijk dat nu we onze krachten sparen.

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44 J'ai approuvé mais il a bien compris que je n'étais convaincu qu'à moitié, que je n'en pensais pas moins. On a cessé de graisser les boggies à la limaille de fer de d'étrangler les conduits de Lockheed. Le travail était devenu sinistre.

Ik knikte instemmend, maar hij had door dat ik maar half overtuigd was, dat ik er het mijne van dacht. We waren gestopt de draaistellen met vijlsel in te smeren en de buizen van Lockheed af te knijpen. De sfeer op het werk werd steeds grimmiger.

45 Quinze jours plus tard les Américains débarquaient à trois cents kilomètres de Cauchel. Nous habitions depuis toujours à une centaine de kilomètres des côtes anglaises mais jamais notre salut ne nous avait paru si proche.

Twee weken later landden de Amerikanen op driehonderd kilometer van Cauchel. We hadden altijd zo'n honderd kilometer van de Engelse kust

gewoond, maar nog nooit leek onze redding zo nabij.

46 En quelques heures la peur a changé de camp. On le sentait, physiquement… L'index des sentinelles ne quittait plus la détente des fusils, le martèlement des semelles sur les pavés de la place n'était plus aussi régulier.

Et on les voyait disposer des sacs de sable devant la mairie et l'ancien Hôtel du Marché réquisitionné par la Feldgendarmerie.

- Le renard a mangé ses raisins verts…

Quand Soudan a prononcé cette phrase, sur le ton de la confidence, j'ai d'abord pensé qu'il avait abusé de l'alcool du père Zalnikowski, le Polonais de l'atelier n°2 !

- Tu te mets à la poésie maintenant ?

In een paar uur tijd wisselde de angst van kamp. We konden het fysiek voelen…De wachters lieten de trekker van hun geweer niet meer los en het gedreun van hun laarzen op het kasseien plein werd

onregelmatiger.

En wij zagen hen zandzakjes stapelen voor het gemeentehuis en het voormalige Hôtel du Marché, dat door de Feldgendarmerie was opgevorderd. - De vos heeft zijn zure druiven opgegeten… Toen Soudan deze woorden vastberaden uitsprak, dacht ik eerst dat hij zich tegoed gedaan had aan de drank van die ouwe Zalnikowski, de Pool uit atelier 2.

- Sinds wanneer ben jij zo poëtisch?

47 - Arrête tes conneries môme, c'est sérieux : le message est passé hier soir sur Radio- Londres. On se lance dans la bagarre. On doit faire tout notre possible pour soulager ceux du débarquement….

Il m'a regardé droit dans les yeux avec un air de gravité que je ne lui connaissais pas.

- On risque de tuer... Et aussi de se faire tuer… Si tu en es, il faut que tu le saches. Alors ? J'ai cherché sa main et je l'ai serrée, à en arrêter le sang.

- Doe niet onnozel, kleine, ‘t is serieus. De

boodschap kwam gisterenavond via Radio Londen. We werpen ons in de strijd. We moeten alles doen wat we kunnen om de landingstroepen te steunen. Hij keek me recht in de ogen met een ernstige blik die ik van hem niet gewoon was.

- Grote kans dat er doden vallen… en ook dat we er zelf aan gaan. Je moet beseffen waar je aan begint. Doe je mee of niet?

Ik stak mijn hand uit en gaf hem een stevige handdruk tot onze knokkels er wit van werden. 48 - Je ne rêve qu'à ce moment depuis des - Al weken heb ik ernaar uitgekeken dat je het me

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semaines et tu me poses la question ! File-moi un flingue, une grenade et tu verras de quoi je suis capable.

Soudan m'attira contre sa poitrine puis il posa ses paumes sur mes épaules.

- Les armes, on n'en a pas… Notre premier objectif est justement celui-là : nous en procurer, par tous les moyens en espérant que là-bas, ils penseront à nous mettre sur la liste des parachutages.

zou vragen! Geef me een pistool, een granaat en je zult zien wat ik wat ik in mijn mars heb.

Soudan drukte me tegen zich aan en legde z’n handen op m’n schouders.

- Wapens hebben we niet…Ons voornaamste doel, is er hoe dan ook voor zorgen dat we er te pakken krijgen, en laten we hopen dat ze ons op de lijst van de wapendroppings zetten.

49 J'ai passé la journée à préparer des pièces, pour la machine. Des heures caoutchouc, qui n'en

finissaient pas, comme si la grande aiguille, sous la verrière, ne parvenait plus à remonter la pente. Vers cinq heures, Moktar a fait semblant de m'emprunter un foret. Il a examiné le tranchant à la lumière.

- Va boire un coup chez Raymond en sortant. J'ai besoin de te parler.

De hele dag besteedde ik aan het voorbereiden van machineonderdelen. Het waren stroperige uren die maar bleven duren, alsof de grote wijzer onder het horlogeglas zichzelf niet meer omhoog kon hijsen. Rond vijf uur deed Moktar alsof hij een boor van me nodig had. Hij hield haar tegen het licht en

controleerde nauwkeurig de snijkant.

- Ga iets drinken bij Raymond als je vertrekt. Ik moet je spreken.

50 C'était un vieux café de mineurs, dissimulé dans un recoin, près de la place du marché, sur la route de Barclin. Raymond avait passé une bonne partie de sa vie à la fosse 5. Il avait laissé une jambe au fond, le déraillement d'un wagonnet, ce qui lui avait payé une prothèse et son troquet en prime. La clientèle était exclusivement composée d'anciens qui occupaient en permanence les quatre tables, lisant les journaux ou tapant le carton devant un ballon de rouge, une bière.

Het was een oud mijnwerkerscafé, verscholen in een hoekje niet ver van het marktplein, op de Route de Barclin. Raymond had een groot deel van zijn leven in mijnschacht 5 doorgebracht. Daar had hij zijn been verloren door een ontspoorde kiepkar, wat hem een prothese en daarbovenop zijn kroeg heeft opgeleverd. Zijn gasten waren allemaal oudgedienden die ervoor zorgden dat zijn vier tafels altijd vol zaten. Ze lazen daar hun krant of legden een kaartje bij een biertje of een rode wijn.

51 La femme du patron annexait la moitié de l'arrière-salle avec son linge, ses fers et ses pattemouilles. Les étagères, derrière le bar, étaient encombrées de cadres, de trophées, de diplômes, au milieu desquels trônait un impressionnant coq en céramique dont l'œil abritait un baromètre. Raymond ne courait pas après l'argent et vivait de sa pension, comme un mineur. Le café qu'il servait

De vrouw van de cafébaas palmde de halve achterzaal in met haar wasgoed, strijkijzers en persdoekjes. De rekken achter de tapkast zwichtten bijna onder de fotolijsten, trofeeën en oorkondes. Daartussen pronkte een imposante keramieken haan, waarvan een oog dienst deed als barometer.

Raymond deed het niet voor het geld en leefde zoals een mijnwerker van zijn pensioentje. De koffie die je

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était encore plus lavasse qu'ailleurs, l'alcool plus rare encore.

daar kreeg smaakte nog meer naar slootwater dan elders, en alcohol was er nog zeldzamer.

52 Les Allemands ne s'y montraient que lors des grandes opérations et le silence s'installait quand un inconnu venait y boire par hasard. La femme de Raymond nous ménagea une place sur le coin de la table qui servait de planche à repasser et fila dans la cuisine. Moktar se pencha vers moi, baissant la voix au minimum.

- Soudan m'a dit que tu étais partant… Tu as bien réfléchi aux conséquences ?

Je le lui confirmai, d'un mouvement de la tête.

De Duitsers zag je er alleen tijdens grote operaties en wanneer een vreemde toevallig iets kwam drinken, verstomden de gesprekken. Raymonds vrouw maakte een plekje voor ons vrij op de hoek van de tafel die ze gebruikte om te strijken en verdween in de keuken. Moktar boog zich naar me toe en sprak op een nog net hoorbare toon.

- Soudan zei me dat je enthousiast was… je beseft toch goed wat de gevolgen kunnen zijn? Ik knikte bevestigend.

53 - Ça te dit de faire équipe avec moi ?

Je ne contrôlai pas ma réaction et m'en voulus aussitôt.

- J'étais avec Soudan… Moktar marqua le coup.

- Soudan a d'autres responsabilités. J'obéis à ses ordres.

- Excuse-moi. Ça m'a échappé, ce n'est pas ce que je voulais dire… je suis heureux de faire équipe avec toi.

- Wat denk je ervan om met mij samen te werken?

Ik flapte er zomaar wat uit en had er direct spijt van. - Ik zou samen met Soudan…

Moktar merkte mijn twijfels op.

- Soudan heeft andere verantwoordelijkheden. Ik volg zijn bevelen.

- Het spijt me… het was eruit voor ik het wist, ik bedoelde het helemaal niet zo. Echt, ik ben blij om met jou samen te werken.

54 - Alors écoute bien et ne pose pas de questions. Demain dimanche, à onze heures précises au clocher de Saint-Éloi, trouve-toi devant la poste de la route d'Atrieux. Tu vois la quincaillerie Osseland ?

J'approuvai.

- Tu t'assures que le porche de droite est bien ouvert, sinon tu passes par-derrière et tu relèves le loquet. Au fond de la cour, il y toujours des caisses, des planches… Tu t'arranges pour les disposer en escalier, de sorte que quelqu'un puisse sauter le mur… Ça va jusque-là ?

- Wel, luister goed en stel geen vragen. Zondagmorgen, als de klokken van Saint-Éloi precies elf uur slaan, stel je je op aan het postkantoor op de Route d'Atrieux. Ken je schroothandelaar Osseland?

Ik knikte.

- Kijk of de poort rechts open is, anders ga je achterom en trek je de grendel omhoog. Achteraan op de binnenplaats liggen er altijd planken en kisten… Zorg ervoor dat ze als een trap gestapeld liggen, zodat je over de muur kan springen… Ben je nog mee ?

55 Je récapitulai.

- Onze heures dimanche, le porche de la quincaillerie, le loquet, les caisses en

Ik herhaalde kort wat hij net had gezegd. - Zondag elf uur, poort van de schroothandel, grendel omhoogtrekken, de kisten stapelen…

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escalier… Et si le père Osseland me demande ce que je bricole dans sa cour ?

Il se tut quand la femme de Raymond nous servit nos bocks.

maar wat als die ouwe Osseland me vraagt wat ik uitvreet op z'n binnenplaats?

Hij zweeg toen Raymond's vrouw onze biertjes serveerde.

56 - Ne te fais pas de souci pour le père Osseland, on a des copains dans ses rayons… Il sait où est son intérêt. Dès que tu as terminé, tu reviens te placer à l'entrée de la poste, près de la herse à vélos. Ce sera à moi de jouer et tu feras exactement ce que je te dirai.

- Maak je niet druk over Osseland, kwestie van de juiste mensen te kennen…. Hij weet wel aan welke kant hij moet staan. Als je klaar bent, ga je terug naar de ingang van het postkantoor, naast de fietsenstalling. Dan is het mijn beurt, en jij doet dan precies wat ik zeg.

57 Je ne fermai pas l'œil avant l'aube. Le vieux s'arrachait les poumons dans la chambre du dessus. Les coups de vent sur la torchère faisaient danser les ombres aux murs. J'essayais d'imaginer la mission du lendemain, à moins de deux cents mètres de la Feldgendarmerie. J'étais prêt à tout. La nuit, au bord du sommeil, aucun ennemi ne fait le poids. Hitler et ses Panzerdivisions n'avaient qu'à bien se tenir : les légions de Ricouart et Moktar entraient dans la danse !

Die nacht lag ik wakker tot zonsopgang. In de kamer boven hoestte de oude zijn longen uit. De windstoten op de fabrieksfakkel lieten de schaduwen dansen op de muur. Ik probeerde me de missie van morgen voor te stellen, daar op minder dan tweehonderd meter van de Feldgendarmerie. Ik was er helemaal klaar voor. s’ Nachts, tussen slapen en waken, was de vijand geen partij. Dat Hitler en zijn pantserbrigade zich maar vasthielden, want de legioenen van Ricouart en Moktar trokken ten strijde!

58 La frousse s'est pointée d'un coup, en buvant la soupe du matin. J'ai couru deux ou trois fois de la cuisine au fond du jardin. Mon plus jeune frère ricanait.

- Hé ! Jean ! Change d'endroit… va te soulager dans la fosse des Houillères, ils ont prévu large ! La nôtre va déborder, si tu continues…

Ik begon ‘m plots te knijpen toen ik 's morgens mijn soep opdronk. Wel twee tot drie keer moest ik van de keuken naar de achtertuin lopen. Mijn jongste broer giechelde.

- Zeg, Jean! Ga dat ergens anders doen…In de mijnen of zo, daar hebben ze plaats genoeg, maar die van ons gaat dadelijk overlopen als je zo doorgaat…

59 Je me suis lavé à la pierre, près de la porte, au-dessus de la vaisselle de la veille. J'ai remis mes habits de semaine, malgré les récriminations de la mère comme quoi, même si on est pauvres, ce n'est pas une raison pour le faire savoir. J'ai enfilé des chaussures plates à semelles souples et noué un double nœud aux lacets.

Ik waste me in de gootsteen naast de deur, boven op de afwas van gisteren. Ik trok mijn doordeweekse kleren aan, ondanks het grote protest van moeder. Het is niet omdat je arm bent, dat je daar ook te koop mee moest lopen. Ik trok platte schoenen aan met zachte zolen en strikte mijn veters in een dubbele knoop.

60 Quelques personnes attendaient la sortie de la messe sur la place Saint-Eloi. Le marchand de bois

Enkele mensen waren aan het wachten op de Place Saint-Éloi tot de mis afgelopen was. De

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se démenait devant le capot ouvert de son camion, pestant contre les gazogènes. Il m'accueillit comme le Messie.

- Hé ! Le fils Ricouart ! Tu peux me dire ce qui ne vas pas dans ce foutu alambic…

- Excusez-moi, monsieur Bève, je n'ai vraiment pas le temps… une prochaine fois…

Il m'adressa un clin d'œil.

- Tu as rendez-vous ? Elle est jolie au moins… Je me mis à rougir et ce fut le plus efficace des laissez-passer.

houthandelaar stond zwoegend gebogen over de motorkap van zijn vrachtwagen en vloekte op zijn gasgeneratoren. Hij begroette me alsof ik de Messias was.

- Hé! Ricouart junior! Weet jij wat er met deze rotmotor scheelt?

- ‘t Spijt me, meneer Bève, maar ik heb nu echt geen tijd… een andere keer.

Hij knipoogde naar me.

- Heb je een afspraakje? Het is toch een knappe, hoop ik.

Ik begon te blozen en dat was precies het beste excuus om te ontsnappen.

61 Les cloches se mirent à sonner. Je traversai devant la poste pour aller vérifier l'ouverture du porche, cherchant Moktar du regard. Les fidèles se dispersaient sur le parvis. Je l'aperçus marchant derrière un groupe, se tenant un peu plus raide que d'habitude. Il portait un chapeau qui dissimulait le haut de son visage. Il s'installa contre l'escalier de l'une des premières maisons de la rue Saint-Gilles et m'adressa un discret signe d'interrogation. Je clignai d'un œil, en réponse. Tout va bien.

De klokken begonnen te luiden. Ik stak de straat over voor het postkantoor om te kijken of de poort open was, terwijl mijn blik de omgeving afspeurde naar Moktar. De kerkgangers verspreidden zich over het kerkplein. Plots zag ik hem achter een groepje lopen, wat houteriger dan anders. Zijn voorhoofd zat verborgen onder een hoed. Hij bleef staan tegen de trap van een huis aan het begin van de rue Saint-Gilles en keek me van daaruit vragend aan. Ik antwoordde met een knipoog. Alles gaat prima. 62 Bientôt la place fut vide. Une porte s'ouvrit, un peu

plus haut dans la rue. Un soldat allemand en sortit et se dirigea vers nous, l'air serein.

Moktar se mit en mouvement, s'arrangeant pour que le militaire le suive à une dizaine de mètres. Parvenu à ma hauteur, il prit une cigarette dans une de ses poches et s'arrêta devant moi comme s'il me demandait du feu.

Al snel liep het plein leeg. Een beetje verderop in de straat ging een deur open. Een Duitse soldaat kwam naar buiten en liep ontspannen in onze richting. Moktar kwam in beweging en zorgde ervoor dat de militair hem op zo’n tiental meter volgde. Toen hij ter hoogte van mij passeerde, nam hij een sigaret uit een van zijn zakken, en bleef dan voor me staan alsof hij me om een vuurtje vroeg.

63 - Tiens-toi et fais exactement ce que je te dirai…

L'Allemand se rapprochait, la tête baissée, admirant les effets de lumière sur ses bottes impeccablement cirées. Quand il fut à moins d'un mètre, Moktar tira un énorme colt de sa ceinture, fit volte-face et

- Hou je klaar en doe precies wat ik zeg.

De Duitser kwam steeds dichterbij. Hij keek naar beneden om zijn net opgeboende laarzen te

bewonderen. Op minder dan een meter van hem, trok Moktar een enorme revolver uit zijn riem, draaide zich met een ruk om en haalde tweemaal de trekker

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appuya par deux fois sur la détente. Les coups de feu claquèrent et firent plus de bruit dans mes oreilles que les cloches de Saint-Eloi un jour de ducasse. Un nuage de poudre brûlée flottait autour de moi.

over. Geweerschoten knalden en waren nog oorverdovender dan de klokken van Saint-Éloi tijdens het jaarlijks parochiefeest. Om me heen dwarrelde een wolk van verbrand poeder.

64 - Prends-lui son fusil, sa cartouchière et regarde s'il a un flingue à la ceinture… Grouille-toi, ils doivent s'affoler, la Feldgendarmerie… Je te couvre… Je me décollai du mur et avançai sans trop

comprendre. Je me baissai. Soudain le soldat se mit à bouger. Il se releva, se tenant le ventre à deux mains. Du sang épais sourdait entre ses doigts. Il commença à hurler à marcher vers moi.

- Neem zijn geweer, zijn patronen en kijk of hij nog een pistool aan zijn riem heeft... Schiet op, de feldgendarmes zullen al in alle staten zijn, ik geef je dekking...

Ik liep weg van de muur zonder hem echt begrepen te hebben. Ik liep zo laag mogelijk. Plots bewoog de soldaat. Hij stond op, hield zijn buik met beide handen vast, terwijl er dik bloed tussen zijn vingers liep. Hij begon te schreeuwen en kwam op me af. 65 - Moktar…Moktar… Il n'est pas mort…

Il s'était jeté sur moi et tentait de m'étrangler de ses mains poisseuses, une étreinte molle, sans force. Je sentais la chaleur humide de son sang qui inondait ma chemise. Moktar revint sur ses pas et lui tira une balle dans la nuque, à bout portant.

- Laisse ! On a trop traîné… Ils vont arriver.

- Moktar…Moktar…Hij leeft nog…

Hij gooide zich op mij en probeerde me te wurgen met zijn plakkerige handen, maar zijn greep was zwak, zonder enige kracht. Ik voelde hoe zijn warme vochtige bloed mijn hemd doorweekte. Moktar kwam terug en schoot van dichtbij een kogel door zijn nek. - Vooruit! We hebben al te lang getreuzeld... Ze komen eraan.

66 Je m'agenouillai près du cadavre et ramassai le fusil de la main droite. De la gauche, j'écartai le pan de sa vareuse. La crosse métallique d'un mauser dépassait de l'étui de cuir. Mes doigts s'agitèrent sur la languette. Je me redressai. Les rares passants s'étaient figés. La peur leur interdisait le moindre geste. Des mannequins pétrifiés rendus plus étranges encore par la rumeur cotonneuse qui bourdonnait à mes oreilles.

Ik knielde neer bij het lijk en pakte het geweer met mijn rechterhand. Met mijn linkere trok ik de slip van zijn jas opzij. De metalen kolf van een mauser* stak uit het lederen etui. Mijn vingers prutsten aan de sluiting. Ik kwam terug overeind. De weinige voorbijgangers bleven als bevroren staan. Angst verhinderde hen om ook maar de geringste beweging te maken, en als wassen standbeelden zagen ze er nog vreemder uit door het doffe gezoem in mijn oren. 67 Soudain la voix de Moktar éclata, sur la gauche.

- Grouille-toi. Les voilà !

Je traversai la route d'Atrieux et m'engouffrai dans le porche de la quincaillerie Osseland. Une patrouille de feldgendarmes venait de contourner l’église Saint-Éloi, leurs fusils braqués.

Plots hoorde ik Moktar links van me schreeuwen. - Schiet op. Daar komen ze!

Ik stak de Route d'Atrieux over en verdween door de poort van ijzerhandel Osseland. Een patrouille feldgendarmes kwam net van achter de

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Saint-- VasSaint--y, je les retiens… ne rentre surtout pas chez toi… On se retrouve chez Tourbier…

Éloikerk met hun geweren in de aanslag.

- Ga nou, ik hou ze tegen... Ga zeker niet naar huis... Ik zie je bij Tourbier...

68 J'escaladai l'empilage de caisses, encombré par le fusil, et sautai dans les jardinets des Houillères. Je piétinai les plants de tomate, les carrés de poireaux, des rangs de carottes, franchissant une multitude de clôtures, de barrières. L'écho de la fusillade s'atténuait. Je m'arrêtai dans un verger pour reprendre mon souffle et scrutai les parcelles au travers des feuillages, espérant apercevoir Moktar.

Door het geweer in mijn handen klom ik onhandig op de stapel kisten. Daarna sprong ik in de

mijnwerkerstuintjes. Ik vertrapte tomatenplanten, percelen prei, rijen wortelen, en vernielde heel wat hekken en afsluitingen. De echo van de schoten vervaagde. Ik stopte in een boomgaard om op adem te komen en door het gebladerte heen speurde ik de percelen af in de hoop een glimp van Moktar op te vangen.

69 Deux coups de feu claquèrent en direction de la poste puis ce fut le silence. J'entrai dans une cabane de jardin, planquai le fusil sous le toit de tôle, en équilibre sur un madrier. Je gardai le mauser à la main. En sortant de l'abri, je tombai nez à nez avec un vieux bonhomme armé d'une pioche.

- Qu’est-ce que tu es venu chaparder chez moi ? Il vit le pistolet et abaissa son outil.

- C'est donc pour toi qu'ils font tant de raffut…Faut que tu files… Tu connais les étangs de Barclin ?

- Oui.

Twee schoten weerklonken uit de richting van het postkantoor en toen werd het stil. Ik ging een tuinhuisje binnen, verstopte het geweer boven op een plank onder het tinnen dak. De mauser hield ik in mijn hand. Toen ik mijn schuilplaats verliet, stond ik plots oog in oog met een oude man, zijn houweel in de aanslag.

- Wat kom je hier jatten?

Hij zag het pistool en liet zijn gereedschap zakken. - Aha, door jou komt dus al dat kabaal...

Je moet hier weg... Ken je de vijvers van Barclin?

- Ja. 70 - Tu vois celui de droite… On peut rentrer à pied

dedans à cette époque. On a l'eau jusqu'au cou. Du bord on dirait des joncs, mais c'est comme des petites îles… Quand on pouvait chasser, qu'on avait des fusils, j'y restais des journées entières et je n'y rencontrais que des canards et des poules d'eau… je n'y ai jamais vu une autre paire de bottes que les miennes, tu peux en être sûr !

- Ga naar de meest rechtse vijver. Je kan er in deze periode zo doorwaden. Het water komt net tot aan je nek. Vanaf de oever lijkt het op riet, maar het zijn net kleine eilandjes... Toen we nog mochten jagen, toen we nog geweren hadden, verbleef ik er dagenlang en kwam ik alleen maar eenden en waterhoentjes tegen... Ik heb nog nooit een ander paar voetsporen gezien dan de mijne, daar kun je zeker van zijn!

71 J'étais trop perdu pour douter de sa parole. Je me mis à courir, sans même lui avoir répondu, vers les

Ik was zo van slag dat ik niet aan zijn woorden twijfelde. Zonder ook nog maar iets tegen hem te

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