NOUVELLE TOMBE MÉROVINGIENNE À ORP-LE-GRAND
Une seconde campagne de fouilles, entamée ce début d'été, devait nous conduire à terminer 1' exploration du dernier secteur actuellement accessible du cimetièrc mérovingien de la localité. Par suite d'une interruption inopinée de nos travaux, les découvertes se sont trouvées limitées au repérage de trois sépultures, dontune seule fut explorée. Une dernière fouille devra compléter les recherches.
Les trois fosses reconnues sont praehes les unes des autres et situées au voisinage de la riche tombe féminine précédemment publiée (Arch. Belg. 206, 91-97). Toutes· ces sépultures conservent l'orientation générale, avec chevet ouest-nord-ouest, observée en ce coin du cimetière.
La tombe fouillée (fig. 78) contenait les restes d'une inhumation mascu-line et la qualité de sa dotation l'assimile au rang social de sa voisine.
Lafosse était de format reetangulaire ct relativement vaste. Elle mesurait 2,32X0,95 met s'enfonçait à une profandeur de I ,20 m sous lc niveau du sol actuel. Lc contour du fond de cercueil (I ,80 X 0,60 m) restait entièrement visible. Le corps étant très mal conservé, la seule position du bras droit, presque allongé, put être observée.
Le défunt portait un ceinturon équipé et son mobilier réunissait trois armeset quatre vases. Ces objets encadraient étroitement le corps, tous inclus dans le périmètre du cercueil.
Les armes se disposaient comme suit. La francisque (n° 1) se trouvait déposée à portée de la main droite de son propriétaire, son tranchant fiché dans le fond du cercucil. Une tigede bronze (n° 9) - dont l'utilisation n'est pas définie-y était accolée. Les deux flèches (nos 3 et 4) s'allongeaient de part et d'autre du corps, parallèlement à celui-ei et pointées vers les pieds, l'une jouxtant le fémur gauche et l'autre sise à proximité du pied droit, contre le
vase biconique.
Le ceinturon était seulement garni d'une petite boude en bronze (n° 5), recueillie à hauteur de la taille et tout près du coude droit. Son ardillon, pointé à droite, indique le sens de fermeture si 1' on admet que ce ceinturon se trouvait agrafé sur le vêtement. Le grand couteau (n° 2) qui barrait obliquement le bassin était apparemment suspendu au ceinturon, au moment de l'inhuma-tion. Son orientation, pointe dressée au chevet, est clone vraisemblablement fortuite. Une trousse complétait l'équipement. Il en subsiste une fiche à bélière (n° 6) et probablement un fragment de fermoir (n° 7). Deux petits éclats de silex (n° 8) - non illustrés - complétaient ce lot.
La vaisselle était concentrée aux pieds du défunt. Les trois poteries (nos 10 à 12) s' alignaient, étroitement juxtaposées et légèrement basculées l'une vers l'autre (fig. 79). Legobelet de verre (n° 13) reposait dans le vase biconique.
Ce mobilier funéraire campose un ensemble intéressant et la plupart des objets sont des critères chronologiques déterminants pour le Vle siècle.
La petite francisque (longueur: 17 cm) présente un tranchant presque droit maïs fortement incliné. Sa base s'ouvre largement sur une courbe qui
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Fig. 78. La tombe 6 in situ et son mobilier funéraire.
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présente une certaine symétrie. Cette arme paraît töt databie dans la seconde moitié du Vle siècle.
Lego belet campaniferme en verre est caractérisé par son format réduit et trapu. Le verre est assez fin mais criblé de bulles d'air. 11 est de couleur verdatre, translucide et irisé en certains endroits. On remarque que le houton terminal est constitué par l'enrooiement d'un mince filet de pate de verre mat. Le corps du vase, d'abord presque cylindrique, s'évase seulement sous !'embouchure. Ce profil marque une forme intermédiaire entre les précoces
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petits gobelets campaniformes très largement ouverts et les autres gobelets plus élancés dont les parois tronconiques et presque droites accusent 1' évolu-tion du type. La présence de ces demiers exemplaires est déjà généralisée dans le courant du dernier quart du Vle siècle, notamment à Engelmanshoven et à Rosmeer (Arch. Belg. 188, 194, 204). Avec une vingtaine de vases campani-formes, essaimés dans la seule région hesbignonne et son sillon mosan, il nous faut constater que ce type de gobelet y témoigne d'une large représentation.
Le vase biconique montre une silhouette trapue et sa carène surélevée l'assimile au groupe trévire B 1 a. Sous le col déversé, le bourrelet se montre déjà fort amenuisé. U ne spirale incisée au poinçon couvre de façon continue toute l'épaule du récipient. Le décor mouluré s'avère bien intégré dans le répertoire décoratif de la cérarnique biconique précoce. Des vases analogues figurent dans des mobiliers de la seconde moitié du Vle siècle par exemple dans la région proche, à Folx-les-Caves, Hollogne-aux-Pierres ainsi qu'à Rosmeer (Arch. Belg. 69, 101, 188, 204). Par ailleurs, la tombe 10 d'Arlon (525-550) associe déjà une telle poterie avec un gobelet campaniferme trapu mais sans houton terminal (Arch. Belg. 88). L'association du décor mouluré continu et des types de vases biconiques à silhouette trapue est notoire, tandis que la même ornementation apparaît rarement sur des formes plus évoluées. Cette limitation suppose que l'impression du décor mouluré continu n'est plus guère de mode au delà des années 600, cependant que le même décor, réparti en bandeaux concentriques, connaît une durée d'utilisation autrement prolongée.
La grande terrine rouge procède de la production sigillée du ye siècle. Son engobe, presque partout éclaté et disparu, montre une pate assez tendre et de couleur beige. Sur le pied cylindrique évidé, le corps apparaît tronconique et élancé. Le haut bord vertical est encadré de deux baguettes dont la terminale accuse un façonnage sommaire. Ce récipient reste proche des terrines issues du type 324 et bien illustrées dans les tombes namuroises du ye siècle. Sous des formes plus ou moins évoluées et des gabarits souvent amenuisés, la repré-sentation des terrines perdure encore dans les tombes du
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siècle OU leur filiation prolongée concourt à établir certaines confusions entre des types de plat et de bol. La belle forme de la terrine d'Orp est remarquable et l'assimile aux exemplaires anciens.Le bol à baguette participe également à la série des récipients parfois tardivement diffusés. 11 est constitué de pate blanche, couverte d'un rnince engobe de couleur orange. Ce bol repose sur un fond plat et montre un profil alourdi.
La petite boude en bronze porte, sur une traverse rétrécie, un arclilion dont le bouclier s'orne de doubles sillons, ordonnés en forme de croix de Saint-André.
Ces deux demiers objets ne contribuent pas à préciser la chronologie de l'inhumation que nous situons dans les premières décennies de la seconde moitié du Vle siècle.
