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Quelques découvertes récentes en Ardenne. Âge du fer et époque carolingienne

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ARCHAEOLOGIA

BELGICA

202

Anne CAHEN- DELHAYE

QUELQUES DECOUVERTES RECENTES

EN ARDENNE

ÄGE DU FER ET ÉPOQUE CAROLINGIENNE

avec la collaboration de H. GRATIA et D. CAHEN

Bruxelles 1978

(2)

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QUELQUES DÉCOUVERTES RÉCENTES EN ARDENNE

(3)

ARCHAEOLOGIA BELGICA Dir. Dr. H. Roosens

Études et rapports édités par le Service national des Fouilles

Pare du Cinquantenaire 1 1040 Bruxelles

Studies en verslagen uitgegeven door de Nationale Dienst voor Opgravingen

Jubelpark 1 1040 Brussel

0

Service national des Fouilles D/1978/0405/4

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1

ARCHAEOLOGIA

BELGICA

202

Anne CAHEN- DELHAYE

QUELQUES

DECOUVERTES

RECENTES

EN ARDENNE

AGE DU FER ET ÉPOQUE CAROLINGIENNE

avec la collaboration de H. GRATIA et D. CAHEN

Bruxelles 1978

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UNE TOMBELLE DE LA FIN DE LA TÈNE I

À

ORGEO Du 17 juillet au 1er août 1975, nous avons fouillé une tombelle située au nord du hameau de N evraumont ( 1) ( fig.1 ). Le tertre s' élevait au lieu-dit A Jausset, sur la parcelle cadastrale 467h2 (section C) de la commune d'Orgeo, actuellement rattachée à l'agglomération de Bertrix (fig. 2). 11 occupe une position classique près d'un sommet, à 428 m

Fig. 1. Situation de la tombelle.

(1) Auparavant nous avions publié un rapport préliminaire: A. CAHEN-DELHAYE, Tombelle de La Tene I à Orgeo-Nevraumont dans Conspectus MCMLXXV Archaeologia Belgica 186, Bruxelles, 1976, pp. 37-39.

(6)

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Fig. 2. La tombelle reportée sur un extrait du plan cadastral et plan de la torn-belle (le trait discontinu délimite la zone fouillée et les triangles situent les tessons ).

(7)

UNE TOMBELLE DE LA FIN DE LA TÈNE I À ORGEO 7

d'altitude. Ce monument isolé est néanmoins situé à quelque 250 m d'un couple de tombelles encore inexplorées (2).

La tombelle présentait un diamètre d'une vingtaine de mètres pour une hauteur maximum de 0,40 m. Nous l'avons explorée intégralement sur un diamètre de 14 m par la méthode des quadrants et nous avons découvert au centre une sépulture à inhumation très profonde (fig. 2.) Les coupes au travers du tertre ont révélé une stratigraphie fort simple. Le remblai, une terre brune, assez compacte et caillouteuse, a livré deux tessons de céramique d'usage domestique (fig. 2) ; il englobait également

les déblais de la sépulture qui consistaient en un amas de lamelles de schiste mêlées à de la terre greige. La présence de ces déblais dans le corps de la tombelle indique que la sépulture a été creusée avant l'édi-fication de la butte.

SÉPUL TURE ET MOEILIER (fig. 3)

Long. 2,70 m, larg. 1,40m au S.E. et 1,15 m au N.O., prof. 1,56 m. Orientation: N.O.-S.E. Contour légèrement trapézoïdal, arrondi aux angles; soigneusement entaillée dans le substrat schisteux dur, en place. Parois presque verticales et fond assez plat, relevé aux bords. Remblai plus foncé et plus tendre que le sol environnant et renfermant des charbons de bois épars.

Sur le fond de la fosse gisait un cercueil assez bien conservé, creusé dans un tronc d'arbre évidé dont il subsistait une fine couche de bois consumé de quelques millimètres d'épaisseur et de couleur noirätre (fig. 3). Il présentait une longueur importante de 2,20 m pour une largeur de 0,60 met une hauteur maximum de 0,19 m. Nous n'avons pas décelé la moindre trace de couvercle.

Dans le secteur S.E. du cercueil (en a), nous avons retrouvé la couronne d'émail d'une dent dont le contenu d'ivoire a disparu. Selon le Professeur M. Pourtois, il s'agit d'une première molaire supérieure gauche humaine qui ne porte aucune trace d'usure. C'était clone une dent en situation pré-éruptive ou n'ayant pas terminé son éruption que l'on peut attribuer à un enfant de plus ou moins six ans (3).

L'analyse au carbone 14 des bois du cercueil a fourni la date de 2215 ± 120 B.P., soit 265 ± 120 avant notre ère (4).

(2) Io., Les tombelles de La Tene en Ardenne. Cartes archéologiques de la Belgique no 4, Bruxelles, 1975, no 90.

(3) Nous remercions vivement le Professeur M. Pourtois qui a bien voulu exa -miner ce vestige dentaire pour lequel il nous a remis un rapport circonstancié. (4) Il s'agit d'une date non calibrée: Hv 7357. L'analyse a été effectuée par le

(8)

8 UNE TOMBELLE DE LA FIN DE LA TÈNE I À ORGEO

0 1m

Fig. 3. Plan et coupe de la sépulture.

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L' ensemble du mobilier avait été déposé dans le cercueil. La position de la dent humaine et des deux fibules indique l'orientation du chevet au N.O. Malheureusement, la nature du mobilier ne permet pas de déterminer le sexe du défunt.

laboratoire du Niedersachsischd Landesamt für Bodenforschung de Hanovre que nous remercwns

(9)

---~---

-UNE TOMBELLE DE LA FIN DE LA TÈNE I À ORGEO 9

1. Coutelas enfer (fig. 4). Long. préservée, 163 mm (270 mm lors de la découverte ).

Aux pieds du défunt, il gisait à plat sur le fond du cercueil, la pointe au N.E. et la poignée sous le vase no 7; un rivet en bronze repo-sait près de l'extrémité de la soie (fig. 4). Coutelas très mal conservé: pointe et soie sectionnés, lame très corrodée. Lors de sa découverte, la soie présentait une extrémité effilée; le manche dont il subsistait encore des fragments de bois conservé par l'oxyde de fer était maintenu à sa base par un eerdage en bronze rehaussé de deux couples d'incisions longitudinales. Le rivet presque cylindrique servait sans doute à fixer le manche en bois. La lame a un dos rectiligne.

2. Fibule en bronze (fig. 4). Long. 58 mm.

Au chevet, elle reposait à 7 cm au-dessus du cercueil, le ressort au N. Assez bi en conservée : ardillon sectionné, patine blanchatre, verte et brune. Ressort à deux spires disposées de part et d'autre de l'arc; corde externe. Are filiforme cambré, rehaussé au sommet de quatre incisions longitudinales. Pied horizontal prolongé par un appendice dont l'extrémité finement moulurée est repliée sur l'arc. Ardillon rec-tiligne.

3. Fibule en bronze (fig. 4). Long. 45 mm.

A 20 cm de la précédente, elle se trouvait à 6 cm au-dessus du cercueil, le ressort à l'E. Bon état de conservation: patine verte, écaillée par endroits et laissant apparaître la couleur originale, dorée, du bronze. Même type que la fibule no 2, mais de dimensions plus réduites; la partie supérieure de l'arc et du pied est ici rehaussée de stries latérales assez profondes et parallèles.

4. Anneau en bronze (fig. 4). Diam. 26 mm.

A 11 cm au-dessus du fond du cercueil. Incomplet. Formé d'une tige de section ovoïde.

5. Douille en fer (fig. 4). Long. 49 mm.

Aux pieds du défunt, elle reposait à plat sur le cercueil. Très corrodée, surtout aux deux extrémités ; fibres de bois conservées à l'intérieur. La douille tronconique est rehaussée de quelques légères incisions et d'un petit bourrelet annulaires.

6. Six éléments en Jer. Egarés.

Au chevet, ils gisaient sur le fond du cercueil ou à 4 cm au-dessus. 7. Grand vase pansu en terre cuite (fig. 4). Haut. 245 mm.

(10)

10 UNE TOMBELLE DE LA FIN DE LA TÈNE I À ORGEO 7

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(11)

UNE TOMBELLE DE LA FIN DE LA TÈNE I À ORGEO 11

du défunt. Fond plat, panse bombée et petit col évasé. Pàte très dure, homogène, contenant peu de fine chamotte ; surface parfaitement bien aplanie et lisse, lustrée par endroits. Couleur grise. Profil régulier. 8. Grande coupe en terre cuite (fig. 4). Haut. 95 mm.

Posée droite sur le fond du cercueil, à la gauche du défunt. Petit

fond presque plat, paroi oblique et lèvre repliée vers l'intérieur. Pàte assez dure, homogène, avec fine chamotte ; surfaée criblée de petits

trous, assez bi en aplanie et. un peu poreuse. Couleur grise et greige.

9. Coupe en terre cuite (fig. 4). Haut. 57 mm.

Gisait droite, sur le fond du cercueil, à la droite du défunt. Fond

bombé, paroi oblique et assez longue lèvre repliée vers l'intérieur. Pàte peu dure, homogène, sans chamotte visible. Surface criblée de petits trous, bien égalisée et poreuse. Couleur greige.

10. Gobelet en terre cuite (fig. 4). Haut. 142 mm.

Reposait couché, sur le fond du cercueil, l'orifice à l'E., à la droite

du défunt. Pied très étroit pourvu d'un anneau de base, haute panse oblique, légèrement sinueuse et rehaussée de trois larges sillons horizon-taux. Pàte très dure et fort homogène. Surface bien aplanie et très lisse. Couleur greige et grise. Paroi fine et facture soignée.

RITES FUNÉRAIRES ET MOEILIER

La tombelle de Nevraumont est située à l'extrémité occidentale

de l'aire de dispersion des tombelles ardennaises.

Le monument n'abritait qu'une sépulture à inhumation située au

centre de la butte, tout comme le seul tertre funéraire fouillé

intégrale-ment à l'ouest de Neufchàteau, à Tournay, au lieu-dit A Roiveau (5).

La sépulture s' enfonçait à une profandeur exceptionnelle qui dépasse

même celle des grandes tombes à char de la région. On notera aussi

qu'elle est plus étroite au chevet qu'aux pieds.

Plusieurs sépultures du groupe méridional des tombelles arden-naises avaient livré les traces d'un cercueil fait de planches et muni d'un

couvercle, mais la tombe de Nevraumont est la première à révéler la

trace d'un cercueil fait d'un tronc d'arbre évidé. Les deux types de

cercueil étaient également utilisés à la même époque dans la culture de

l'Hunsrück-Eifel, mais ils possédaient taujours un couvercle (6).

(5) A. CAHEN-DELHAYE, Deux tombelles de La Tene I à Assenais et Tournay dans

Archaeologia Belgica 153, Bruxelles, 1974, pp. 16-25.

(6) A. HAFFNER, Die westliche Hunsrück-Eifel-Kultur dans Römisch-Germanische

(12)

12 UNE TOMBELLE DE LA FIN DE LA TÈNE I À ORGEO

L'analyse du seul vestige humain, une couronne dentaire, indi-querait que la sépulture a appartenu à un enfant de 6 ans environ, dont la taille devait avoisiner 1,10 m. Si la sépulture et le cercueil n' ont abrité que le seul défunt qui possédait cette dent, leurs dimensions étaient disproportionnées par rapport au corps enseveli. Néanmoins, 1' attribution de la sépulture à un enfant expliquerait la position, au milieu du cercueil, de plusieurs vases qui devaient ainsi reposer de part et d'autre des petites jambes de l'enfant.

L'ensemble du mobilier reposait à l'intérieur du cercueil. Le défunt est richement doté, car aucune sépulture, y campris les tombes

à char, n'a encore livré plus de trois vases et rares sont les défunts parés de plus d'une fibule.

On ne peut déterminer le sexe du défunt en l'absence de collier, de bracelet ou d'arme (le coutelas qui apparaît aussi bien dans les tombes masculines que féminines doit être considéré comme un ustensile).

Des vases pansus camparables au récipient no 7 sont rares dans le groupe méridional des tombelles ardennaises. On en connaît un seul autre à Assenois-Nivelet (7). Néanmoins, cette forme est bien repré-sentée dans la culture de l'Hunsrück-Eifel. Par contre, les coupes no • 8 et 9 sont plus communes en Ardenne. La tombe 13 d'Hamipré-Offaing a aussi livré une coupe associée également à un gobelet à pied étroit et creux, très apparenté au vase no 10 de Nevraumont. Ce récipient que l'on appelle vase tulipe est fort répandu en Champagne ou il est aussi rehaussé d'un décor gravé telles des lignes horizontales (8).

Les coutelas apparaissent dans quelques sépultures de la région mais ils reposent souvent à hauteur de la taille ou ils étaient accrochés à la ceinture. On évoquera à ce propos les sépultures champenoises ou le coutelas était parfois déposé aux pieds du défunt accompagné d'of-frandes alimentaires. Par son manche, le coutelas de Nevraumont (no 1) diffère sensiblement des autres coutelas ardennais (9).

Près de eet ustensile gisait une douille en fer (no 5) qui était en-chàssée sur une tige en bois. Cet objet dont la destination nous échappe est attesté dans bon nombre de sépultures ardennaises. N ous ignorons

(7) A. BERTRANG, Les collections préhistoriques au Musée d' Arlon dans Annales de

l'Institut archéologique du Luxembourg, 36, 1960, p. 68 (fig.).

(8) D. BRETZ-MAHLER, La civilisation de La Tene I en Champagne dans XXIIIe

supplément à<< Gal/ia>>, Paris, 1971, p. 140; piL 118-119.

(9) A. CAHEN-DELHAYE, J.}AUME, Coutelas de La Tene I dans un fourreau de cuir

décoré dans Conspectus MCMLXXV - Archaeologia Belgica 186, Bruxelles, 1976,

(13)

.

..

UNE TOMBELLE DE LA FIN DE LA TÈNE I À ORGEO 13

aussi queUe fonction ont pu avoir les éléments en fer (no 6) déposés à hauteur du thorax. Quant à l'anneau de bronze no 4, il aurait pu servir de boude de ceinture.

Enfin, les sépultures de Nevraumont et Tournay sont les seules

à renfermer plus d'une fibule. La tombe de Tournay avait livré trois fibules en fer identiques à fausse corde à bouclettes, d'un type unique en Belgique (10). Celle de Nevraumont contenait deux fibules en bronze (no' 2, 3) presque analogues et uniques dans le groupe des tom-belles ardennaises. En effet, toutes les fibules possèdent un ressort à

quatre (et parfois six) spires et un appendice eaudal vertical. Les fibules de Nevraumont s'en distinguent par leur ressort à deux spires, l'arc moins cambré et surtout l'appendice eaudal rabattu sur l'arc.

CHRONOLOGIE ET CONCLUSION

La paire de fibules fournit des indications chronologiques assez précises. La forme de l'arc et la direction de l'appendice eaudal sant caractéristiques de la seconde moitié de La Tène, soit une période camprise entre 350 et 250 avant notre ère, environ. Par ailleurs, aucun vase ne présente le profil anguleux, caractéristique du début de La Tène I, qui apparaît dans la plupart des sépultures ardennaises de cette époque. Enfin, l'analyse au radiocarbone du cercueil fournit une date qui s' aceorde a vee celle des fibules. Cette sépulture serait clone l'une des plus récentes connues dans le groupe méridional des tombelles ardennaises, dans lequel les extrêmes chronologiques de l'occupation de La Tène sont curieusement attestés par les deux seules sépultures fouillées à l'ouest de Neufchateau, Tournay et Orgeo.

A. C.D.

(14)

DEUX TOMBELLES DE LA TÈNE A VILLERS-LA-BONNE-EAU

Du 5 avril au 19 mai 1972, nous avons exploré intégralement, en collaboration avec Melle M.-H. Corbiau, un couple de tombelles situé à 4 km au sud de Bastogne, au sud du hameau de Remoifosse, sur le territoire de la commune de Villers-la-Bonne-Eau (fig. 5) (11). Les

deux tertres s'élevaient au lieu-dit A Chiversoux (parcelle cadastrale

no 658 w de la section D), non loin de la grand'route Namur-Arlon

(N 4) (fig. 5). Ces deux tombelles séparées par une distance de 32 m, sont situées près d'un sommet, vers 532 m d'altitude. Elles ne sont pas isolées: quatre tertres s'élèvent encore dans la parcelle 698 h, au lieu-dit Thier du Gibet et un autre, de petite taille, dans la parcelle 656 b

(au lieu-dit A Chiversoux).

TOMBELLE I

La tombelle I avait un diamètre d'une vingtaine de mètres pour une hauteur de 0,40 m. Son remblai était composé de deux couches distinctes. Une couchede terre brune ou verdätre très compacte, d'une épaisseur maximum de 0,24 m, reposait sur une strate brune plus meuble renfermant un cailloutis plus abondant ; à la base de celle-ci gisaient de nombreux charbons de bois éparpillés. Le remblai a livré deux fragments de paroi de vases non tournés.

Vers le centre de cette tombelle apparut une fosse sépulcrale orientée selon un axe N.O.-S.E. et qui se distinguait dès la base de l'humus par son remblai d'argile brun foncé et très meuble. Son con-tour était ovalaire, sa longueur atteignait 2,60 m, sa largeur, 1,30 m maximum et sa profondeur, 0,96 m. Elle possédait un fond plat, des parois verticales près du fond et évasées vers le sommet. Au centre de la fosse, à 0,30 m au-dessus du fond, nous avons exhumé un petit foyer de 0,35 m de rayon, recouvert d'un amas de gros cailloux. Nous n'avons

pas trouvé d'autre trace ni de vestige matériel dans cette sépulture.

Signalans encore qu'à la base du remblai du tertre, à 3,50 m à l'ouest du centre de la tombelle reposaient les restes d'un petit foyer de

(11) Chaque butte a été entièrement ouverte jusqu'au sol en place par la méthode des quadrants. Cf. A. C(AHEN)-D(ELHAYE), Tombelles du second áge du fer pres de

(15)

DEUX TOMBELLES DE LA TÈNE À VILLERS-LA-BONNE-EAU 15

Remoifosse

:zoom

Fig. 5. Les deux tombelles reportées sur une carte orographique et un extrait du plan cadastraL

(16)

16 DEUX TOMBELLES DE LA TÈNE À VILLERS~LA~BONNE~EAU

0,75 sur 0,45 m de cöté qui avait été alimenté avec du bois de chêne principalement (12).

TOMBELLE II

La tombelle II présentait un diamètre de 16 m environ pour une hauteur de 0,30 m. Elle se distinguait nettement sur le sollabouré brun par une terre jaunä.tre qui occupait toute sa surface. Son remblai, une terre brune, jaunatre ou grisätre, compacte, contenait quelques cail-loutis et bon nombre de charbons de bois. A 2 ou 3 cm à peine sous la base de l'humus, à 1,60 m au sud du centre de la tombelle, nous avons découvert les restes consumés de deux planches horizontales super-posées, séparées par une couche de terre de 1,5 cm d'épaisseur. Les fragments s'étendaient sur une longueur de 0,75 m et une largeur de 0,37 m; les planches étaient orientées nord-sud à en juger par le sens des fibres du bois. A 4 m à 1' ouest du centre de la tombelle, nous avons retrouvé un petit foyer d'un diamètre de 0,45 m, situé à quelques cen-timètres sous la base de l'humus; il avait été alimenté à l'aide de bois de frêne, d'érable, de tilleul et de noisetier (13).

Ce tertre n'a pas livré de fosse sépucrale, mais trois cents tessons (fig. 6) et une fusaïole (fig. 6: 1) qui étaient éparpillés sur toute la hau-teur de son remblai et principalement dans le sechau-teur nord-ouest. Notons aussi que cesvestigesse raréfiaient vers le bord de la butte pour disparaître en dehors de celle-ci. La majorité des tessons appartient à une céramique d'usage domestique, plutot épaisse, façonnée sans l'aide du tour. Ces fragments, de petit format pour la plupart, pro-viennent d'une vingtaine de vases au moins. Ils présentent générale-ment une surface extérieure assez claire, brune, voire rougeatre, et un noyau gris ; ils renferment de la chamotte assez finement pilée et parfois quelques grains de pierre blanchatre. L' épaisseur des parais oscille entre 6 et 12 mm. Près de la moitié appartient à un type de céramique qui se distingue par une face extérieure brune, une face intérieure et un noyau gris, une pate assez épaisse et une surface extérieure nette-ment plus rugueuse que l'intérieure. Cette face, parfois très grumeleuse, évoque la céramique dite << éclaboussée )) (fig. 6: 2). Quelques pièces

sont façonnées dans une pate très fine, très dure, de eauleur gris foncé et à la face extérieure parfois lustrée. Nous passédons 21 bords de vase et dix fragments mantrant la jonction du fond à la panse (fig. 6: 2-5, 7-9, 13, 14). Le répertoire des formes est peu varié: des coupes, bols et

(12) Identification assurée par les laboratoires de l'Institut royal du Patrimoine a1 tistique.

(17)

DEUX TOMBELLES DE LA TÈNE À VILLERS~LA~BONNE~EAU 17 4 5 6 7 8

10

10 12 14 9

Fig. 6. Tombelle II. Fusaïole et céramique. Ech. 2/3: 1; 1/3: 2-14.

urnes à la paroi courbée, parfois munis d'un rebord vertical et un frag-ment caréné (fig. 6: 6). Le répertoire des décors n'est guère plus diver-sifié: on compte 14 tessons dont la surface est eauverte de stries paral-lèles effectuées à l'aide d'un peigne, tous de facture assez ordinaire (fig. 6 : 8-10), deux fragments rehaussés de deux incisions parallèles chacun (fig. 6: 11-12), un autre portant des impressions au doigt sur le rebord (fig. 6: 13) et un dernier, un rang de pincées au doigt sur le haut de la panse (fig. 2: 14).

CHRONOLOGIE ET CONCLUSION

Par leur situation géographique, la proximité immédiate d'un sommet élevé et par leurs dimensions, les tertres de Remoifosse sont caractéristiques des tombelles de La Tène qui accupent les hauts plateaux ardennais.

Nos deux tombelles n'ont livré que peu d'informations relatives aux défunts qu' elles ont vraisemblablement abrité. Au centre de la tombelle I, une grande fosse sépulcrale profondément entaillée dans le sol après l'édification de la butte, n'abritait qu'un petit foyer qui a peut-être eu une signification rituelle. La coutume du foyer dans une

(18)

18 DEUX TOMBELLES DE LA TÈNE À VILLERS~LA~BONNE~EAU

tombe est attestée dans un groupe de tombelles situé à une vingtaine de kilomètres au nord de notre site, à Mont-Taverneux ( 14 ). Enfin deux fragments de vases non tournés trouvés dans le remblai de ce tertre assignent le monument à l'age du fer.

La tombelle II n'a pas livré de fosse sépulcrale, mais des vestiges de deux planches superposées qui gisaient horizontalement au sommet de son remblai. Peut-être s'agit-il des restes d'un cercueil de bois tel qu' on les retrouve dans des sépultures à inhumation sous tombelle. Ce même tertre abritait en outre un grand nombre de tessons appartenant à une céramique ordinaire, relativement diversifiée et une fusaïole que l'on rencontre communément dans les habitats de l'age du fer. Ils pour-raient signaler la proximité d'un habitat dont les vestiges aupour-raient été incorporés fortuitement dans le remblai de la tombelle. Toutefois, le fait qu'ils se raréfiaient vers le bord de la butte et que le champ labouré ne recelait aucun tesson aux alentours du monument contredisent cette hypothèse. On pourrait supposer dès lors que de la terre prove-nant du site d'habitat a été amenée pour l'édification du tertre.

Parmi les fragments de vases, nous retiendrons surtout la présence du décor de stries parallèles faites au peigne qui fut en vogue dans nos régions tout au long du second age du fer (15). Les autres tessons ne fomnissent guère de précisions chronologiques. Leurs formes, profils courbes et bords verticaux, sont atypiques. Enfin, les impressions au doigt sur le rebord d'un fragment et les pincées au doigt sur la paroi d'un autre sont représentées dans nos contrées depuis l'age du bronze jusqu'à la fin du second age du fer (16).

Nous daterans clone les deux tombelles de l'époque de La Tène sans pouvoir préciser à quelle phase elles appartiennent.

A. C.D.

(14)

J.

M(ERTENS), Mont-Taverneux (Lux.): tombelles de l'Age du Fer dans

Ar-chéologie, 1973, p. 68 et communication personnelle.

(15) A. CAHEN-DELHAYE, Contribution à !'étude de la céramique d'habitat de l'áge du fer en Hesbaye. Analyse typalogigue du matériet du << Tierceau )) à Orp-le-Grand

dans Helinium, XIII, 1973, p. 240 ( = Archaeologia Belgica 156).

(19)

INCINÉRATION DE LA TÈNE A HAMIPRÉ-NAMOUSSART Le rite funéraire de l'incinération des morts est attesté sporadi-quement et sous divers aspects dans le groupe méridional des tombelles ardennaises. On y a découvert tantöt de larges bûchers dans lesquels subsistaient quelques esquilles d'os calcinés, tantöt des paquets d'osse-ments incinérés rassemblés dans un vase ou dans un sac et enfouis dans la terre et dans un cas, un amas d'os brûlés déposé dans une fosse de dimensions camparables à une sépulture à inhumation. Ces inciné-rations semblent toutes contemporaines des inhumations que l'on date de la phase I de La Tène.

Le 5 avril 1977, l'un de nous découvrit incidemment dans une nécropole d'Hamipré-Namoussart (au lieu-dit Au-Dessus du Fond de

Ligne) quelques tessons en terre cuite mêlés à des ossements incinérés(17).

Ces vestiges gisaient au sommet de la tombelle 12, large de 18 m en-viron et haute de quelque 0,20 m, qui est située dans la parcelle 767 i2 de la section C (fig. 7). Ils étaient concentrés sur une aire très réduite à la surface du sol frakhement labouré. Nous avons exploré le sommet du tertre sous la terre arable, mais en vain, car il ne restait pas la moindre trace du dépöt; la charrue avait tout emporté. De plus, il ne subsistait du récipient qu'une moitié de la paroi et du fond, ce qui laisse supposer que le vase reposait couché et qu'il fut éventré par la charrue lors d'un labour précédent. Ainsi, cette sépulture devait reposer à une faible profondeur, peut-être même dans le remblai du tertre.

Comme tous les récipients découverts jusqu' à présent dans les tombes à inhumation de cette nécropole, le vase affecte la forme d'une situle (fig. 8). Le fond est un peu concave, la panse bombée, la carène atténuée, 1' épaule courte et la lèvre longue et un peu évasée. La pàte très dure et assez homogène contient un peu de chamotte ; la surface a été assez bien égalisée à l'aide d'un ébauchoir qui a laissé des traces verticales. Elle est criblée de petits trous. La face extérieure du réci-pient est greige ou grise et lustrée depuis le haut de la panse jusqu'au rebord de la lèvre. La face intérieure et le noyau sont gris. Le profil est régulier.

11 ne subsistait que 23 g. d'os calcinés qui, selon le Docteur Paul Janssens, sont << probablement d'origine humaine. Le plus grand

frag-(17) A. CAHEN-DELHAYE &A. GEUBEL, Tombelles de LaTene à Hamipré, Namous-sart dans Archaeologia Belgica 189, Bruxelles, 1976, pp. 21-33.

(20)

20 INCINÉRATION DE LA TÈNE À HAMIPRÉ~NAMOUSSART sectien C

7..

767e

767' 0 100m ---- - I Au-Dessus du Fond de Ligne

Fig. 7. Secteur nord du plan de la nécropole publié en 1976 (Arch. Belg. 189, fig.

7) et complété.

(21)

INCINÉRATION DE LA TÈNE À HAMIPRÉ~NAMOUSSART 21

ment mesure 30 mm. Il s'agit surtout de fragments diaphysaires, parmi lesquels se trouve un moreeau de la boîte cränienne portant un reste de suture synostopée à la hauteur de la table interne )). Il pourrait s'agir d'une << personne adulte )) (18).

La nécropole de Namoussart, partiellement fouillée de 1957 à 1964, avait alors livré quatre sépultures à inhumation dont une tombe à char. Une notice de 1877 nous rapporte la découverte dans ce cime-tière << d'un vase rempli decendreset d'os calcinés mêlés de terre )) (19).

Ainsi, la véracité de ce renseignement se voit accréditée par notre dé-couverte. Par ailleurs, si l'on en juge par la présence d'un seul type de vase, la situle, dans les inhumations comme dans cette incinération, on peut supposer que les deux rites funéraires ont été en vigueur à la même époque dans la nécropole de Namoussart.

Cette découverte fortuite d'une incinération emportée lors des labours jette quelque lumière sur le problème des tombelles stériles de la région. En effet, une série de tertres qui n'ont pas livré Ie moindre vestige de sépulture ont peut-être abrité des dépöts d'os incinérés enfouis à une faible profandeur et qui ont disparu lors des charruages profonds.

A. CAHEN-DELHAYE et H. GRATIA

(18) Nous remercions le Docteur Janssens qui a bien voulu se charger de l'examen de ces ossements.

(22)

22 VESTIGES DE LA TÈNE ET DÉPOTOIR CAROLINGIEN À HAMIPRÉ

Fig. 9. Situation de l'établissement de La Tène et du dépotoir carolingien mar

-quée par un triangle, de deux nécropoles praehes de La Tène indi-quées par un

cercle et de la villa carolingienne de Longlier située à !'emplacement de l'église

(23)

VESTIGES DE LA TÈNE ET DÉPOTOIR CAROLINGIEN A HAMIPRÉ

VESTIGES DE LA TËNE

Au cours du printemps 1977, nous avons découvert des silex tail-lés, des tessons et des scories de fer éparpillés dans les terres fraîche-ment labourées d'un champ situé à l'ouest du hameau d'Offaing, au lieu-dit Au Puits de Chiny (parcelle 85 e de la section A d'Hamipré, actuellement fusionnée à la ville de Neufchàteau) (fig. 9-10). Ces ves-tiges gisaient près du fond d'une vallée, sur un terrain en pente douce, à une centaine de mètres de deux points d'eau.

La poterie recueillie à la surface du champ comporte une trentaine de petits tessons, tous façonnés à la main dans une terre assez tendre et homogène, contenant de la fine chamotte, de couleur brune ou grise ; la surface poreuse est criblée de petits trous. U n fragment est légère-ment caréné et un autre appartient à un long bord vertical (fig. 12, 1). Par leur facture, ces tessons ressemblent à la céramique découverte dans deux groupes de tombelles de l'époque de La Tène I qui s'élèvent à 500 et 900 m respectivement du site d'habitat, aux lieux-dits Là Rasse et Le Grand Paquis (20).

Fig. 10. Le site reporté sur un extrait du plan cadastraL

(20) A. CAHEN-DELHAYE, Tombelles de La Tene I à Hamipré, La Rasse dans

Ar-chaeologia Belgica 158, Bruxelles, 1974; In., Nécropole de La Tene I à Hamipré,

(24)

24 VESTIGES OE LA TÈNE ET DÉPOTOIR CAROLINGIEN À HAMIPRÉ

Vingt-cinq silex taillés étaient éparpillés sur la même partie du champ que les tessons protohistoriques. On y trouve plusieurs variétés de silex dont la diversité rappelle celle observée au site d'habitat de La Tène I à Longlier-Massul(21).0n compte quatre artefacts retouchés, trois nucléus, douze éclats et six fragments et déchets. La pièce la plus remarquable est une petite pointe de flèche pédonculée à double état physique (fig. 11, 1 ). Cette armature a été aménagée sur un éclat patiné, la retouche exposant le silex à 1' état frais. Le bord retouché d'un éclat laminaire a servi, d'après l'examen au microscope à un grossissement de 200 x, à couper des plantes (fig. 11, 4). Deux autres éclats portent quelques retouches irrégulières. Parmi les nucléus, le plus petit est de forme biconique (fig. 11, 2), les deux autres sont irréguliers. La plupart des éclats portent de menues écaillures qui pourraient laisser croire qu'ils ont été utilisés (fig. 11, 3).

Fig. 11. Silex taillés recueillis à la surface du champ. Ech. 1/1.

(21) A. CAHEN-DELHAYE, Habitat de La Tene I à Longlier-Massul dans Conspectus

MCMLXXV - Archaeologia Belgica 186, pp. 34-36: D. DAHEN, Pierres taillées

trouvées dans des sites d'habitat de l'áge duferen Belgigue dans Bulletin de la Société

(25)

VESTIGES DE LA TÈNE ET DÉPOTOIR CAROLINGIEN À HA!VIIPRÉ 25

La présence simultanée de ces silex et des tessons témoigne, comme

à Longlier-Massul, de l'existence d'un habitat de l'époque de La Tène qui a sans doute été érodé. L'existence dans ces deux sites d'une même diversité de matière première et de pièces à double état physique sug-gère que la souree du silex était constituée, au moins partiellement, par un gisement préhistorique plus ancien. Ainsi, le site d'Offaing est le second habitat non fortifié de La Tène connu en Ardenne. Ces deux établissements sont implantés près d'un fond de vallée, à proximité de marécages et à quelques mètres de deux groupes de sépultures qui parais-sent contemporaines (fig. 9).

DÉPOTOIR CAROLINGIEN

Dans la même parcelle cadastrale, nous avions repere une concen-tration de fragments de torchis signalant un dépotoir que nous avions cru appartenir à l'áge du fer. Nous l'avons exploré à la fin du mois de juillet 1977, mais à 1' encontre de nos prévisions, il renfermait un matériel du haut moyen áge. C'était une fosse circulaire de 1,90 m de diamètre dont le sommet avait été arasé, munie de parois légèrement obliques et d'un fond plat qui gisait à 0,80 m sous la surface actuelle. Elle renfer-mait plusieurs couches distinctes de matériel entrecoupées par des strates de terre stérile. Quelque 170 kilos de très gros fragments de torchis y étaient rassemblés, imbriqués les uns dans les autres et mêlés à quelque quatre kilos de tessons de poterie. Au fond de la fosse gisait une couche de gros bloes de quartz brûlés et de charbons de bois, !'en-semble provenant très vraisemblablement d'un foyer. Enfin, un petit élément en fer et un grand aiguisoir en grès tendre y avaient été ense-velis. Cet ustensile offre la forme d'un polyèdre irrégulier poli sur trois faces devenues concaves et creusé de rainures assez profancles sur deux autres (fig. 12, 2; 14, 3).

Les tessons appartiennent à quatre ou cinq récipients tournés et huit ou neuf vases montés à la main. Les pots façonnés au tour pré-sentent une eauleur beige clair ou orangée, la páte fine, homogène et très dure ne contient pas de dégraissant apparent et les parois minces ont été lissées avec soin (fig. 14, 2). Le répertoire des formes comporte des pots pansus à large fond plat et petite lèvre repliée vers 1' extérieur

à laquelle s'assujettit deux larges anses plates (fig. 12, 3) et des vases à

panse rnains bombée pourvus d'un bec verseur cylindrique inséré au sommet de l'épaule entre les deux anses (fig. 12, 5). Un fond est élargi

à la base (fig. 12, 6).

Les récipients fabriqués à la main sont de eauleur greige, brune ou grise ; la páte peu homogène, tendre et criblée de trous, contient de

(26)

26 VE.STIGES DE LA TÈNE ET DÉPOTOIR CAROLINGIEN À HAMIPRÉ

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Fig. 12. Tesson de vase de l'äge du fer trouvé à la surface du champ (no 1).

Aiguisoir en grès et céramique d'époque carolingienne recueillis dans le dépotoir

(27)

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VESTIGES DE LA TÈNE ET DÉPOTOIR CAROLINGIEN À HAMIPRÉ 27

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Fig. 13. Cérarnique carolingienne recueillie dans le dépotoir (no• 7-9) et à la

(28)

28 VESTIGES DE LA TÈNE ET DÉPOTOIR CAROLINGIEN À HAMIPRÉ

la chamotte ; la surface est très poreuse et la facture plutot grossière (fig. 14, 1). L'ensemble des fragments appartient à huit ou neuf vases du même type. Il s'agit de larges pots à fond lenticulaire et panse bombée munis d'une longue lèvre repliée vers l'extérieur dont l'extrémité est épaisse et angulaire (fig. 13, 7-9). Plusieurs d'entre eux ont été perforés à la jonction de l'épaule et de la lèvre, ce qui permettait sans doute d'introduire un lien destiné à suspendre le récipient. Sur deux fragments d'un même pot, le rebord se soulève au-dessus du trou (fig. 13, 7). Par ailleurs, les orifices de plusieurs vases ont été obturés extérieurement par une large coquille de terre (fig. 13, 7).

Notons encore que quelques tessons de récipients tournés, appa-remment contemporains, ont été récoltés à la surface du champ dont un bord oblique pourvu d'une lèvre repliée vers l'extérieur et une anse plate (fig. 13, 10-11).

Nous devons à M. A. Matthys de nous avoir éclairé sur la chrono-logie de cette céramique (22). La poterie tournée et bien cuite pourrait provenir d'un atelier régional. Sa couleur claire évoque la céramique de Badorf, près de Cologne, d'ou un groupe d'officines ont exporté leurs produitsdans l'Europe carolingienne, entre 720 et 900 environ (23). On y retrouve les mêmes anses plates, le bec verseur cylindrique et des récipients sans col. Ainsi, le vase no 5 d'Hamipré, s'apparente étroite

-ment à un exemplaire de Badorf, malgré la présence du goulot (24 ). On trouve cependant vers la même époque, des récipients munis d'un goulot entre deux anses en Hesse septentrionale, à Christenberg, ou ils sont datés de la seconde moitié du Vlle ou du début du Vllle siècle (25). Enfin, le fond élargi no 6 apparaît dans la céramique de Trèves datée des Vllle et IXe siècles (26).

La céramique façonnée à la main, de qualité médiocre et limitée à une forme unique, est sans doute d'origine locale. A Medemblik, en Frise, on utilisait à 1' époque carolingienne des récipients modelés sans l'aide du tour et dont la pàte et la forme présentent de multiples affinités

(22) Nous remercions vivement MM. Matthys et Callebaut qui nous ont orienté dans nos recherches bibliographiques.

(23) E. TrscHLER, Zur Datierung der frühmittelalterlichen Tonware von Badorf, Ldkr. Köln dans Germania 30, 1952, pp. 194-200.

(24) W. JANSSEN, A.B. FoLLMANN, Zweitausend Jahre Keramik im Rheinland, Katalog, 1972, fig. 6, en haut à droite.

(25) R. GENSEN, Frühmittelalterliche Burgen und Siedlungen in Nordhessen dans Ausgrabungen in Deutschland 2, Mayence, 1975, p. 323, fig. 7, no 10 et p. 321. (26) L. HussoNG-H. CüPPERS, Die Trierer Kaiserthermen. Die spätrömische und frühmittelalterliche Keramik, Mayence, 1972, fig. 49, type 1.

(29)

VÉSTIGES DE LA TÈNE ET DÉPOTOIR CAROLINGIEN À HAMIPRÉ 29

Fig. 14. Tessons de vases carolingiens, l'un non tourné (no 1), l'autre façonné au tour (no 2) et aiguisoir en grès (no 3).

avec les pots d'Hamipré (27). Par le fond lenticulaire, la panse bombée et la longue lèvre repliée vers 1' extérieur, les vases no' 7 à 9 d'Hamipré

ressemblent étonnamment à un <<Kugeltopf)> découvert à Francfort et

daté de l'époque carolingienne (28). Enfin, le bord du vase ondulé au-dessus de la perforation fournit une indication chronologique : il est en effet attesté au début du VIIIe siècle dans le pays de Trèves (29). En Belgique, on retrouve des récipients analogues dans des couches

archéologiques antérieures à l'an mille sous l'église Saint-Donatien de

Bruges et sous la mottem édiévale de Wortegem-Petegem, sur l'Escaut(30).

(27) J. C. BESTEMAN, Carolingian Medemblik dans Berichten R.O.B. 24, 1974, pl.

X, ll0

I, pp. 89-91.

(28) W. JANSSEN, A.B. FOLLMANN, op.cit., fig. 5 (centre).

(29) K. BöHNER, Die frankischen Altertümer des Trierer Land es, Berlin, 1958, pl.7, 1. (30) A. MATTHYS, La céramique découverte fors des fouilles de l'église St Donatien

à Bruges (inéd.it) et communication personnelle de D. Callebaut, cf. D. CALLE-BAUT, Een Scheldeburcht te Petegem dans Conspectus MCMLXXVI-

(30)

30 VESTIGES DE LA TÈNE ET DÉPOTOIR CAROLINGIEN À HAMIPRÉ

Ces comparaisons permettent clone de dater la céramique du dé-potoir entre 750 et 950. Malheureusement, les points de comparaison manquent eneare dans nos régions.

Cette fosse a servi de dépotoir à une construction en torchis édifiée dans les environs immédiats et qui appartenait certainement au domaine

(fiscus) de la villa royale mérovingienne et carolingienne de Longolare

traditionnellement localisée à !'emplacement de l'actuelle église du village de Longlier, à 2,2 km au nord du dépotoir (31) (fig. 9). Séparés par une crête, les deux sites sont implantés près du fond des vallées, à proximité de points d' eau. La villa de Longlier était située en bordure de la route romaine de Reims à Cologne, un des axes routiers les plus importants des époques mérovingienne et carolingienne. Elle est déjà mentionnée à propos d'un événement qui eut lieu sous le règne de Clotaire (613-629) et hébergea, lors de leurs haltes d'étape, Pépin le Bref en 759 et 763, Charlemagne en 771 et 773, Lothaire Ier en 844 et Louis III en 878 (32). Enfin, à partir de 888, devenue dépendante de Notre-Dame d'Aix-la-Chapelle, la villa de Longlier n'est plus guère signalée dans les textes.

A.CAHEN-DELHAYE,H.GRATIAetD.CAHEN

(31)

J.

M(ERTENS), Longlier (Lux.) dans l'Ant. Class. XXVIII, 1959, p. 136;

A. GEUBEL, Long lier. L' archéologie en temps de mobilisation dans Bulletin trimestriet

de l'Institut archéologique du Luxembourg 16, 1940, pp. 18-22.

(32) C. W AMPACH, Urkunden- und Quellenbuch zur Geschichte der altluxem-burgischen Territorien, vol. 1, 1935, Luxembourg, pp. 28, 37, 39, 105, 121; E. EwiG, Les Ardennes au haut-moyen áge dans Anciens Pays et Assemblées d'État XXVIII,

1967, pp. 13 sqq.; A. GEUBEL, L. GouRDET, Histoire du pays de Neufcháteau,

(31)

TABLE DES MATIÈRES

Une tombelle de la fin de Tène I à Orgeo Sépulture et mobilier

Rites funéraires et mobilier Chronologie et condusion .

Deux tombelles de La Tène à Villers-la-Bonne-Eau Tombelle I

Tombelle II

Chronologie et condusion

Incinération de La Tène à Hamipré-Namoussart Vestiges de La Tène et dépotoir carolingien à Hamipré

Vestiges de La Tène Dépotoir carolingien 5 7 11 13 14 14 15 16 19 23 23 25

(32)

Referenties

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