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RECHERCHE SUR LES COLLABORATIONS ENTRE ACTEURS BELGES DE LA SOLIDARITE INTERNATIONALE

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LES COLLABORATIONS

ENTRE ACTEURS BELGES DE LA SOLIDARITE

INTERNATIONALE

COTA ASBL DECEMBRE 2010

COTA Asbl • 7, rue de lA révOluTiOn • 1000 bruxelles

(2)

2

(3)

3

Première version

(Soumise à discussion de tous les acteurs concernés, dans le cadre du séminaire organisé par le COTA le 2 décembre 2010)

(4)

4

(5)

5

liste des acronymes et abréviations 8

résumé 10

1 inTrOduCTiOn 13

1.1 POurQuOi s’inTéresser Aux COllAbOrATiOns enTre ACTeurs de lA si ? 13 1.1.1 une tendance globale qui encourage les initiatives collectives 13

1.1.2 une volonté de coordination 14

1.1.3 Ce contexte amène deux réflexions … 14

1.2 CAdre de lA reCHerCHe 15

1.2.1 la position du COTA 15

1.2.2 Concepts-clés pour la caractérisation du contexte 16

1.2.3 Concepts-clés pour la caractérisation des acteurs 17

1.2.4 Caractérisation des “collaborations” 22

2 lA déMArCHe 23

2.1 l’ObJeT de lA reCHerCHe 23

2.2 les liMiTes de lA reCHerCHe 24

2.3 lA MéTHOde de TrAvAil 24

2.3.1 la structure de la recherche 24

2.3.2 Quelques difficultés rencontrées au cours de la recherche 25 3 l’enGAGeMenT des ACTeurs “nOn sPéCiAlisés” dAns lA si 27 3.1 les diFFérenTes CATéGOries d’ACTeurs “nOn sPéCiAlisés” sOnT diFFiCiles À Per-

CevOir eT À QuAliFier 28

3.1.1 la visibilité des associations de migrants 28

3.1.2 la visibilité des villes & Communes 29

3.1.3 la visibilité des entreprises 30

3.1.4 la visibilité des syndicats et des mutuelles 31

3.1.5 la visibilité des universités et des Hautes écoles 31

3.2 lA reCOnnAissAnCe en TAnT Qu’ACTeurs de lA sOlidAriTé inTernATiOnAle 32

3.2.1 la reconnaissance des OsiM 32

3.2.2 la reconnaissance des entreprises 34

3.2.3 la reconnaissance des villes et communes (v&C) 34

3.2.4 la reconnaissance des universités et Hautes écoles 35

3.2.5 la reconnaissance des syndicats et des mutuelles 36

4 COMMenT eT POurQuOi les ACTeurs “nOn sPéCiAlisTes” s’enGAGenT dAns lA

sOlidAriTé inTernATiOnAle ? 39

4.1 HisTOires d’enGAGeMenT 40

4.1.1 des origines anciennes, mais des actions récentes 40

4.1.2 une influence récente du “monde de la coopération au développement” 42

Table des matières

(6)

6

4.2 des lOGiQues d’enGAGeMenT nOn linéAires 44

4.2.1 les OsiM 44

4.2.2 les entreprises 45

4.2.3 les universités 45

4.2.4 les villes et communes 46

4.2.5 les syndicats et mutuelles 46

4.3 des visiOns de l’enGAGeMenT diFFérenTes ? FOrMATées ? 47

4.3.1 des tendances différentes …. 47

la tendance “technico-méthodologique” 47

la tendance “morale” 47

4.3.2 … Mais qui ressortent peu dans les discours 47

les entreprises 47

les OsiM 48

en conclusion … 48

4.4 les MOdAliTés d’enGAGeMenT 49

4.4.1 le degré d’institutionnalisation des projets. 49

4.4.2 la façon dont la mise en œuvre d’une initiative est organisée 51

intervention directe 51

création de structures externes 51

partenariats avec d’autres acteurs 52

délégation à une structure externe 52

4.4.3 COnsidérATiOns finales 52

5 COnCePTiOns eT PrATiQues de COllAbOrATiOn 55

5.1 les ATTenTes/MOTivATiOns exPriMées envers lA COllAbOrATiOn 56

5.1.1 Attentes et motivations des OsiM 56

5.1.2 Attentes et motivations des entreprises 57

5.1.3 Attentes et motivations des villes et Communes 57

5.1.4 Attentes et motivations des universités et Hautes-écoles 58

5.1.5 Attentes et motivations des syndicats et des mutuelles 58

5.2 une PAleTTe d’inTerACTiOns TrÈs lArGe 58

5.2.1 les formes de collaboration 58

la durée visée par la collaboration 59

la relation à la si 59

les acteurs de la collaboration 59

une tentative de typologie 59

5.2.2 le “partenaire” 60

5.3 les exPérienCes COllAbOrATives enTre ACTeurs d’une MÊMe CATéGOrie 60

5.3.1 entre acteurs du nord d’une même catégorie 60

5.3.2 entre acteurs du nord et du sud d’une même catégorie 62

(7)

7

5.4 exPérienCes de COllAbOrATiOn AveC des ACTeurs d’AuTres CATéGOries 64

5.4.1 Acteurs “non spécialisés” et OnG 64

5.4.2 villes et communes et autres acteurs 65

5.4.3 universités, hautes écoles et autres acteurs 66

5.4.4 entreprises et autres acteurs 67

5.4.5 OsiM et autres acteurs 67

5.4.6 syndicats/mutuelles et autres acteurs 67

6 COnClusiOns 69

6.1 les COllAbOrATiOns MulTiACTeurs sOnT rAres eT Peu dévelOPPées 69

6.2 éléMenTs d’exPliCATiOn 71

6.2.1 une faible connaissance réciproque entre acteurs différents 71

6.2.2 des cadres de référence difficilement conciliables 71

6.2.3 un contexte belge contraignant 72

6.3 lA QuesTiOn de l’ACCÈs Aux FinAnCeMenTs : un sTiMulAnT Ou un PiÈGe ? 73

7 QuesTiOns À APPrOFOndir 75

7.1 les COllAbOrATiOns MulTi-ACTeurs sOnT-elles une PriOriTé sTrATéGiQue POur

les ACTeurs belGes ? 75

7.2 les COllAbOrATiOns MulTi-ACTeurs sOnT-elles TOuJOurs sOuHAiTAbles ? 76 7.3 Quelles COndiTiOns POur des COllAbOrATiOns MulTi-ACTeurs sOuHAiTAbles ? 76

léGendes PHOTOs 79

(8)

8

Liste des acronymes et abréviations (par ordre alphabétique)

ACODEV : Fédération francophone et germanophone des associations de coopération au développe- ment.

ACP : Afrique, Caraïbes et Pacifique

AGCD : Administration Générale de la Coopération au développement (Actuellement dGd) AISBL : Association internationale sans but lucratif

ASBL : Association sans but lucratif ASI : Association de solidarité internationale

APEFE : Association pour la Promotion de l’education et de la Formation à l’etranger AVCB : Association de la ville et des Communes de la région de bruxelles-Capitale AWEX : Agence Wallonne à l’exportation

B&S Belgium : business and society belgium

CASIW : Cellule d’Appui pour la solidarité internationale Wallonne CCCD : Conseil Communal Coopération au développement

CCCCD : Conseil Communal Consultatif de Coopération au développement CECODEL : Centre de coopération au développement de l’ulg

CD : Coopération au développement

CDE : Centre pour le développement de l’entreprise CE : Commerce equitable

CEO: Chief executive Officer (chef de la direction/ Président-directeur général) CEPAG : Centre d’education Populaire André Genot

CE : Communauté française

CF : Communauté Française (de belgique) CFP : Corporate Funding Programme

CGDM : Coordination Générale des Migrants pour le développement

CGRI: Commissariat Général aux relations internationales de la Communauté française (cf. Wbi) CIC : Coopération internationale Communale

CNCD : Centre national de Coopération au développement CRED : Centre de recherche en économie du développement CSC : Confédération des syndicats Chrétiens de belgique CTB : Coopération Technique belge

CUD : Commission universitaire pour le développement CUI : Coopération universitaire institutionnelle

CIUF : Conseil interuniversitaire de la Communauté Française CPAS : Centre Public d’Aide sociale

CWBCI : Conseil Wallonie bruxelles de Coopération internationale DGD (cf. DGCD et AGCD) : direction Générale du développement

DGCD : direction Générale de Coopération au développement (Actuellement dGd) DRI : division des relations internationales de la région wallonne (cf. Wbi)

EFS : entreprises à Finalité sociale ESS : economie sociale et solidaire

Eu-NOMAD : réseau européen sur les liens entre Migrations et co-développement FASI : Forum des Asi

FGTB : Fédération Générale du Travail de belgique FOS : socialistische solidariteit

(9)

9

GRAP : Groupes d’Appui à la Politique belge de coopération au développement HIVA : Hoger instituut voor de Arbeid (cf. Kul)

ICHEC : institut Catholique des Hautes etudes Commerciales IMF : institution de Microfinance

IPSI : initiative Populaire de solidarité internationale

IRFAM : institut de recherche, Formation et Action sur les Migrations KUL : Katholieke universiteit leuven

MDM : Médecins du Monde

MOC : Mouvement Ouvrier Chrétien ONG : Organisation non Gouvernementale

ONGD : Organisation non Gouvernementale de développement ONU : Organisation des nations unies

OSIM : Organisation de solidarité internationale issue de la Migration OTAN : Organisation du Traité de l’Atlantique nord

PCPA : Programmes de Coopération Pluri-Acteurs PIC : Projets interuniversitaires Ciblés

PIP : Programme d’initiative Propre PME : Petites et moyennes entreprises

PNUD : Programme des nations unies pour le développement RAP : recherche en appui aux politiques

RDC : république démocratique du Congo RSE : responsabilité sociale des entreprises

SAW-B : solidarité des alternatives wallonnes et bruxelloises SCRL : société Coopérative à responsabilité limitée

SI : solidarité internationale SolSoc : solidarité socialiste

TDC : Trade for development Center TPE : Très petites entreprises

UCL : université Catholique de louvain UE : union européenne

ULB : université libre de bruxelles ULg : université de liège

UNHCR : Agence des nations unies pour les réfugiés UVCW : union des villes et Communes de Wallonie V&C : villes et communes

VUB : vrije universiteit brussel

WBI : Wallonie bruxelles international (Fusion CGri/dri)

(10)

10

Résumé

Cadre de la recherche

0. le présent rapport communique les résultats d’une recherche menée par le COTA dans le cadre de son programme triennal 2008-2010 et portant sur les collaborations entre acteurs belges de la solidarité internationale. la publication de ce rap- port est une étape dans un processus de réflexion collaborative plus large qui inclut :

les échanges avec les acteurs concernés lors

de la phase d’enquête,

une plateforme internet collaborative (http//

www.solidarite-internationale.be) qui contient une grande partie des informations descriptives qui ont servi de base au travail analytique.

un séminaire (programmé à bruxelles le 2

décembre 2010), destiné à mettre en débat les résultats de la recherche et à inviter les acteurs à poursuivre une réflexion collective sur les condi- tions d’émergence et de développement des collaborations entre acteurs en belgique.

1. la recherche a voulu :

renforcer les connaissances sur les acteurs de

la si, leurs pratiques, leur positionnement au sein du secteur,

dresser une cartographie des dynamiques col-

laboratives entre acteurs, en en explorant les motivations et les formes.

le projet s’est concentré sur les acteurs de la belgique francophone (bruxelles et Wallonie) afin d’optimiser les capacités et les ressources dont le COTA dispose.

2. le thème général choisi pour le projet trouve son fondement dans un double constat :

les plus récentes conceptions reconnaissent le

développement comme de processus multidi- mensionnels, dans lesquels une pluralité d’ac- teurs ont un rôle à jouer, tant dans l’orientation

des processus que dans leur mise en œuvre;

cela favorise et encourage l’activisme d’acteurs qui sont traditionnellement restés un peu à la marge ;

la question de la collaboration entre acteurs de

la solidarité préoccupe de plus en plus l’atten- tion du secteur et commence à influer sur les stratégies et les pratiques.

3. la recherche distingue les acteurs “spécialisés”

qui s’inscrivent pleinement dans la coopération au développement (Cd) et qui en bâtissent les normes (les gouvernements, les agences inter- nationales et multilatérales, les OnGd agréées), et les acteurs “non spécialisés” actifs dans un champ plus large que la Cd (tout en l’incluant) : la solidarité internationale (si). Ces derniers parti- cipent partiellement aussi à la Cd, mais cet enga- gement ne représente qu’une partie marginale de leur mission institutionnelle (les institutions d’en- seignement supérieur, les syndicats, les villes et les communes, les mutuelles, les organisations de solidarité internationale issues de la migration, et les entreprises du secteur marchand).

Constats généraux

4. les connaissances objectivées (littérature, recherches) concernant l’engagement des acteurs

“non spécialisés” dans la si sont pratiquement inexistantes. les acteurs eux-mêmes donnent peu de visibilité à leurs actions. Ce qui rend difficile l’identification et la caractérisation de ces acteurs, de leurs conceptions et de leurs pratiques. Ce qui complique aussi toute tentative de valorisation et de légitimation de la diversité des engagements, mais pose des problèmes concrets aux acteurs en termes de visibilité et de reconnaissance.

5. Or, la question de la reconnaissance est cruciale car elle est nécessaire pour être considéré comme un interlocuteur des politiques de développement, partenaire potentiel et bénéficiaire des subven- tions publiques dédiées à la Cd ;

(11)

11

6. l’engagement de tous les acteurs concernés par l’étude trouve ses origines dans des histoires anciennes, spécifiques à leurs missions sociales initiales et s’inscrit dans un long parcours d’inter- nationalisation.

7. longtemps parallèle à celui de la Cd, ce che- minement a progressivement fini par le croiser et à se confronter avec son influence normative.

Face à cette influence, les acteurs développent alors à la fois des stratégies d’adaptation et de résistance.

8. il en résulte des tensions entre logiques institu- tionnelles et logiques normatives qui restreignent la capacité des acteurs à construire des réponses/

propositions cohérentes ou concertées.

9. dans la mesure où les catégories d’acteurs se

“construisent” différemment en tant qu’acteurs de la si et sont amenées à renforcer leur identité, on peut s’attendre à ce que les acteurs développent des visions spécifiques de la si. Or, ces spécifici- tés transparaissent peu dans les discours comme dans les pratiques.

10. il est impossible d’en déduire que des “alter- natives” n’existent pas ; il est par contre manifeste qu’elles ont des difficultés à se manifester et à s’exprimer. s’il est vrai que ce sujet a été peu étudié, il faut aussi admettre que si un discours se singularise dans une catégorie d’acteurs, il reste une exception, chez des acteurs isolés ou les “promoteurs” des projets ; car on constate tout de même une persistance de conceptions plutôt

“traditionnelles” chez une partie des acteurs de base.

11. les modalités d’engagement dans la si obser- vées peuvent être regroupées en quatre tendan- ces :

l’organisation intervient directement dans la mise

en œuvre de l’action ;

elle crée une structure externe spécifiquement

dédiée à la si ;

elle conclut des partenariats ;

elle délègue la mise en œuvre à une structure

externe.

Aucune n’est spécifique à une catégorie, elles sont plutôt le fruit de stratégies individuelles. il est rare qu’un acteur adopte plusieurs modalités.

12. deux aspirations principales motivent les modalités d’engagement :

la recherche des conditions optimales pour com-

biner efficacité et efficience de l’engagement ; la nécessité de s’adapter aux contraintes de

l’environnement dans lequel ces acteurs agis- sent.

13. Pour la plupart des acteurs considérés, la si ne représente (pour l’instant) qu’une partie marginale de leur action. l’engagement est perçu comme un renforcement et/ou une extension de leur mission principale. les investissements sont donc forcé- ment limités. l’accès aux financements publics est assez inégal, et s’accompagne toujours de demandes de structuration et d’application de normes qui ne sont ni naturelles, ni parfois com- patibles avec la nature et la culture des organisa- tions. les acteurs y répondent par des stratégies et moyens qui ne remettent pas trop en cause leur mission et leur fonctionnement général.

14. la volonté d’engagement d’un acteur doit aussi bien se négocier par rapport à des contrain- tes internes (culture de l’organisation, objectifs stratégiques) qu’externes (reconnaissance en tant qu’acteur de la si, normes de la Cd, différences de valeurs entre acteurs, tendances internationa- les). Aussi, la variété des réponses pratiques, des formes que l’engagement peut prendre est très grande, tant au sein de chaque catégorie d’acteurs qu’entre catégories.

15 les collaborations prennent des formes variées, selon que la stratégie d’engagement développée privilégie la recherche d’efficacité/efficience ou les impératifs d’adaptation au milieu. On en déduit

(12)

12

que les collaborations ne sont pas la meilleure solution pour tout type d’organisation et d’enga- gement.

16. les démarches collaboratives dépendent de tous les facteurs envisagés plus haut, mais inter- viennent aussi les conceptions et les attentes que chaque acteur entretient vis-à-vis de la collabora- tion. Chaque catégorie développe des sensibilités propres mais quatre conceptions transversales peuvent être observées. la collaboration est tantôt un moyen de :

mettre à profit des complémentarités sur le plan

des compétences, des ressources, des relations, de l’image ;

fournir une solution efficiente à l’une des par-

• ties ;

rechercher une plus grande influence ou l’élargis-

sement d’un champ d’action ou de réflexion ; ouvrir ou élargir les possibilités d’échange et

de dialogue.

17. dans la pratique, on retient trois formes de collaborations majeures :

les acteurs collaborent autour d’un pro-

jet ou d’une initiative donnée (limités dans le temps) ;

les acteurs collaborent dans le cadre d’une

organisation faîtière (spécialisée dans la si ou généraliste, limitée à la belgique ou touchant à un niveau international)

les acteurs collaborent dans des réseaux, des

plateformes, des groupes de travail et d’autres formes hybrides.

18. en ce qui concerne les choix des partenai- res des collaborations, d’une façon générale, on constate les tendances suivantes :

les collaborations entre acteurs du nord d’une

même catégorie pour la mise en œuvre d’in- terventions de solidarité au sud sont peu fré- quentes, occasionnelles et ponctuelles ; elles se rencontrent davantage au nord ;

les collaborations nord-sud entre acteurs d’une

même catégorie sont plus systématiques ; les pratiques de collaboration avec des acteurs

d’autres catégories ne sont pas très répandues, elles sont souvent bilatérales et peu d’exem- ples de collaborations sur le long terme sont identifiés.

Conclusions

19. les interactions entre acteurs sont nombreu- ses, on connaît quelques collaborations bilatérales, mais les collaborations multi-acteurs sont encore très rares et peu développées en belgique.

20. eléments d’explication :

les acteurs se connaissent manifestement

• peu ;

les cadres de références de chaque acteurs sont

parfois difficilement conciliables ;

le contexte belge peut s’avérer contraignant :

sur le plan linguistique et institutionnel ;

ƒ

compte tenu de la taille du pays et de son

ƒ

statut de siège de la capitale le de l’ue ; le cadre juridique et les règles d’accès aux

ƒ

financements publics ne sont peut-être pas adaptés à la diversité des engagements citoyens dans la si.

21. Compte tenu de ces observations, le COTA juge opportun de proposer aux acteurs belges de la si d’initier une réflexion qui permette de faire le point sur les aspirations de chacun à collaborer, sur les conditions d’émergence et de développe- ment des collaborations entre acteurs en belgique.

Cette réflexion pourrait utilement s’attarder sur les questions suivantes :

les collaborations multi-acteurs sont-elles une

priorité stratégique pour les acteurs belges ? sont-elles toujours souhaitables ? A quelles

conditions ?

(13)

13

1

1.1 POURQUOI S’INTÉRESSER AUX COLLABORATIONS ENTRE ACTEURS DE LA SOLIDARITÉ INTERNATIONALE

1.1.1 UNE TENDANCE GLOBALE QUI ENCOURAGE LES INITIATIVES COLLECTIVES

du fait de l’internationalisation des défis politiques, socioéconomiques ou culturels, les chantiers de coopération appellent des logiques d’intervention de plus en plus partagées, des démarches multi- sectorielles impliquant de nombreux acteurs dif- férents qui peuvent aller jusqu’à prendre la forme de coalitions internationales. Cela requiert, par- fois, la mise en place de dispositifs complexes de concertation impliquant acteurs associatifs,

publics et économiques. Tout cela renouvelle les façons de concevoir le partenariat. d’autant que, poussées par la configuration politico-économique mondiale, les organisations de la société civile du sud sont amenées à endosser de plus en plus de responsabilités au service de leurs bases. Cela les incite à acquérir davantage de capacités pour monter et mettre en œuvre des programmes à l’échelle régionale en reliant différentes actions et des intervenants de multiples natures.

les approches multi-acteurs apparaissent donc de plus en plus comme une nécessité...

Ces phénomènes stimulent l’émergence de réseaux et de plateformes de concertation capa- bles de construire des analyses et des positions communes, d’adopter des stratégies d’action

Introduction

(14)

14

concertées fondées sur le partage d’expériences et d’opinions émanant du monde entier ; tendance que l’expansion des technologies internet ampli- fie.

1.1.2 UNE VOLONTÉ DE COORDINATION Au nord, on admet plus facilement aujourd’hui que le soutien aux processus de développement dans le monde n’est plus du seul ressort des états, des OnG et de quelques professionnels. d’autres acteurs, dont ce n’est pas la mission première, se sont engagés dans cette voie, parfois depuis longtemps.

depuis une dizaine d’années, on reconnaît enfin cette diversité des contributions aux processus de développement. de plus en plus d’acteurs différents sont incorporés dans les cadres de la coopération au développement et invités à parti- ciper à des efforts concertés pilotés par les pou- voirs publics. les états du nord ont ainsi adapté leurs politiques de coopération indirecte en vue d’y inclure des acteurs étrangers au monde des OnGd, lesquelles avaient bénéficié jusqu’alors d’une reconnaissance presque exclusive.

en France, par exemple, la coopération décen- tralisée donne un rôle aux collectivités locales et les initiatives de co-développement font de même avec les organisations de migrants. Au royaume-uni, les entreprises du secteur mar- chand ont accès à des financements publics pour des activités non marchandes de coopération. en belgique, les universités, les syndicats et les villes et communes ont toutes un cadre institutionnel spécifique qui les identifie comme acteurs à part entière de la coopération au développement.

les collaborations entre acteurs sont fortement encouragées. Cette tendance trouve en grande partie ses fondements dans les principes de la déclaration de Paris (2005), qui invitent les acteurs de la coopération au développement à rechercher davantage de cohérence dans leurs actions et à coordonner leurs interventions. des mesures

de coordination sont peu à peu mises en œuvre à tous les niveaux, d’abord entre états dans le cadre de leurs politiques de coopération bilatérale directe et multilatérale ; ensuite à l’échelle des pays, où ces mêmes états poussent les acteurs de la coopération indirecte dans la même direction.

en France, par exemple, des instruments de finan- cement (les programmes de coopération pluri- acteurs – PCPA, et les conventions programme) imposent comme critère d’éligibilité pour l’accès à des fonds une participation coordonnée de plu- sieurs acteurs (au nord et/ou au sud). en belgi- que, la dGd incite à une plus grande coordination entre interventions mises en œuvre dans un même pays et a récemment créé une nouvelle ligne de financement : l’allocation de base synergies. elle inclut par ailleurs les collaborations avec d’autres acteurs dans ses critères généraux de financement d’interventions.

1.1.3 CE CONTEXTE AMÈNE DEUX RÉFLEXIONS …

la première réflexion pose comme principe que pour s’entendre, se coordonner, voire s’asso- cier, il faut d’abord se connaître. Or, il n’est pas nécessaire de s’investir longtemps dans l’étude des acteurs “non traditionnels” (cette expression sera reconsidérée plus bas) de la solidarité inter- nationale pour s’apercevoir que les informations les concernant sont rares, fragmentées, souvent rudimentaires, voire, pour certains, inexistantes.

si le principe de la diversité des engagements en faveur des pays en développement est une idée séduisante, certaines catégories d’acteurs peinent à faire reconnaître leur apport spécifique et leurs pratiques. Ces difficultés de reconnaissance sont aggravées par un manque flagrant de visibilité sur les plans social et institutionnel ; à cela s’ajoute le fait qu’on capitalise très peu sur leurs expé- riences. Faute d’informations suffisantes, il paraît difficile d’envisager ne serait-ce que l’opportunité d’une collaboration quelle qu’elle soit. Pourtant, impulsions politiques mises à part, il n’est pas rare d’entendre des discours appeler de leurs vœux

(15)

15

davantage de complémentarité entre acteurs. sur quelles bases reposent de tels vœux ? sur quelles appréciations de la réalité et quelle perception des autres intervenants ? Quelles attentes sous- tendent-ils ?

la seconde réflexion qui vient à l’esprit est plutôt un sentiment de défiance vis-à-vis de l’engoue- ment que semble éveiller la perspective d’une meilleure coordination des efforts. sous couvert de rationaliser les politiques de coopération, ces signaux appuyés et répétés, envoyés de toutes parts n’entretiennent-ils pas l’illusion que les col- laborations sont toujours et en toutes circons- tances un gage d’efficacité et de plus-value ? Au fond, sont-elles toujours souhaitables ? dans l’affirmative, sous quelles modalités et à quelles conditions ? une fois encore, la littérature sur les collaborations entre acteurs est rare. les connais- sances en la matière sont assez peu objectivées.

Mais les affinités qu’entretient depuis longtemps le COTA avec la question du partenariat, des logiques d’acteurs en général, les pratiques de terrain qui lui ont été données d’observer, comme ses propres expériences, lui ont enseigné que toute démarche collective contrainte de quelque manière que ce soit, par injonction, par incitation ou par l’influence de quelque mode, est rapide- ment vouée à l’échec, si elle ne répond pas à un impératif stratégique réellement assimilé par les intervenants et intégré dans leurs logiques d’intervention.

Compte tenu de ces réserves, étant donné aussi le besoin criant de renforcer les connaissances sur les acteurs, leurs pratiques ainsi que sur les stra- tégies collaboratives, il nous a semblé opportun de proposer aux acteurs belges de la solidarité internationale d’initier une réflexion qui permette de faire le point sur les aspirations de chacun à collaborer, sur les conditions d’émergence et de développement des collaborations entre acteurs en belgique.

le présent travail est la première étape de cette démarche (cf. 2.3.1), censée poser les jalons théo-

riques de la réflexion en dressant un bilan des enseignements extraits des sources existantes et en répercutant constats et hypothèses que l’interview de témoins issus de tous les groupes d’acteurs concernés a permis de mettre en évi- dence.

1.2 CADRE DE LA RECHERCHE

1.2.1 LA POSITION DU COTA

l’exercice revenait en somme à explorer les façons dont les acteurs “non traditionnels” évoluent sur un terrain dominé par les acteurs “traditionnels”, de façon à pouvoir mieux appréhender comment ils interagissent entre eux et avec les autres. Cela suppose d’être capable de poser un regard aussi ouvert et dénué de jugement que possible sur les pratiques de ces acteurs (et, donc, sur leurs nor- mes et critères de fonctionnement), afin d’être en mesure de mieux percevoir les éléments de diver- sité et éventuellement, d’innovation que l’arrivée de ces acteurs pourrait apporter au secteur.

Or, malgré ces aspirations d’ouverture, les diver- ses interactions avec de nombreux acteurs, les efforts qu’il déploie pour objectiver ses points de vue, le COTA reste une OnGd agréée, créée il y à une trentaine d’années par d’autres OnGd, et son regard demeure imprégné des principes et des réflexes des acteurs “traditionnels”.

du fait de cette position, le COTA avait au moins deux écueils à éviter : d’une part celui d’analyser et de juger les pratiques de ces acteurs par rapport aux habitudes et aux normes des acteurs “tradi- tionnels” ; et d’autre part, de prendre le monde des acteurs “traditionnels” comme modèle de référence vers lequel on s’attendrait que les nou- veaux acteurs tendent et considérer toute diffé- rence comme une déviation et l’expression d’un stade d’évolution inférieur.

Ces risques nous ont conduit à prendre des pré- cautions. Ainsi, les constats et les hypothèses

(16)

16

que nous posons dans la suite ont été régulière- ment soumis à l’appréciation de représentants, des catégories d’acteurs concernées et ne sont pas proposés comme des conclusions tranchées mais plutôt comme des questions adressées au secteur, des bases pour débattre, une invitation à poursuivre la réflexion par le biais de séminaires, d’un site collaboratif et par toute autre initiative qui permettrait de faire évoluer la question des collaborations entre acteurs en belgique.

en amont, notre position nous imposait également de trouver des clés de lecture qui réduisent les risques d’a priori et soient assez souples pour laisser s’exprimer des visions et des pratiques qui ne sont pas celles des acteurs “traditionnels”.

1.2.2 CONCEPTS-CLÉS POUR LA CARACTÉRISATION DU CONTEXTE A. La Solidarité internationale (SI)

nous considérons la solidarité internationale (si) comme l’ensemble des pratiques solidaires met- tant en relation des acteurs du nord et des acteurs du sud, au profit de la réduction des inégalités entre le nord et le sud, et de la promotion de valeurs universelles et d’une gestion solidaire de problématiques globales.

dans ce sens, la si comprend la promotion et la défense des droits humains, le développe- ment écocompatible, le commerce équitable, les interventions d’urgence et humanitaires, l’action politique (annulation de la dette, taxes sur les spé- culations financières, etc.) et le développement et l’action conjointe des mouvements sociaux, l’aide caritative et philanthropique et le partenariat pour le développement économique, l’action culturelle et la promotion de cultures et de peuples, l’édu- cation au développement, etc.

la si inclut des acteurs de tous genres, des ini- tiatives individuelles aux groupes informels, des agences gouvernementales aux organisations internationales, des organisations de base aux réseaux internationaux d’organisations ; ces

acteurs mobilisent ressources, personnes, idées sous les formes les plus variées.

B. La Coopération au développement (CD) la Cd est une des formes de la si. elle vise le développement des pays “du sud”, lequel peut consister à la fois en des changements des condi- tions générales de vie des populations, l’évolution des institutions et des services, de l’économie d’un pays, le renforcement des acteurs institu- tionnels, sociaux ou économiques.

la Cd se base sur une collaboration entre acteurs du nord, qui apportent des ressources, des com- pétences, des technologies, et acteurs du sud, qui se mobilisent pour leur propre développement.

Cette collaboration est cadrée par un référentiel (en évolution permanente pas toujours consen- suelle) fait de critères, concepts et outils qui orien- tent l’action des acteurs. Même si l’adhésion à ce référentiel est nuancée selon les perspectives des différents acteurs, et si son interprétation par les acteurs peut varier, le cadre de la Cd est plutôt bien défini et accepté partout dans le monde.

il est important de noter que le cadre qui définit la Cd régit l’utilisation des fonds publics (et parfois privés). Car la Cd se constitue aussi en politique publique dans laquelle les pouvoirs publics (gou- vernements, institutions internationales et agences multilatérales) jouent un rôle prépondérant dans l’orientation des priorités et des pratiques.

nous verrons par la suite que ce cadre de réfé- rence de la Cd est fondamental dans la mesure où il sélectionne parmi les acteurs de la si ceux qui ont la légitimité d’intervenir dans la Cd, et définit quelles pratiques de si sont éligibles pour la Cd. Ce cadre pousse ainsi les acteurs de la si à mesurer leurs stratégies par rapport à ce cadre de référence.

la Cd s’impose donc comme un pilier central et prééminent de la si, par sa contribution concrète aux objectifs d’équité, mais aussi et surtout par sa capacité d’influence du discours et des acteurs.

(17)

17

C. Quel référentiel choisir pour contextualiser notre recherche ?

Aussi avons-nous jugé préférable de privilégier la si comme contexte général de notre recherche. la Cd nous paraît être un référentiel trop contraignant et normatif. il induit inévitablement des jugements et impose des œillères trop rigides.

il faut néanmoins garder à l’esprit que la Cd s’est imposée comme un jalon incontournable pour les acteurs de la si. de ce fait, l’interaction entre le cadre de la Cd et les pratiques de si est un facteur qui explique, en partie, les choix et les évolutions des acteurs considérés dans notre étude.

nous verrons aussi que la façon d’être des dif- férents acteurs dans la si, ce qui les pousse à s’engager dans des pratiques solidaires, ainsi que la vision de ce qu’est la si peuvent varier fortement d’un groupe à l’autre et même à l’intérieur d’un même groupe.

1.2.3 CONCEPTS-CLÉS POUR LA CARACTÉRISATION DES ACTEURS

une première intuition nous avait amené aux caté- gories des acteurs “traditionnels” et “non tradition- nels” ou “nouveaux”. Mais cette caractérisation n’était pas satisfaisante, car dans la deuxième catégorie on allait reprendre des acteurs, comme les universités et les syndicats, qui ont une histoire d’acteurs sociaux bien plus longue que les OnGd ou les agences de coopération bilatérale.

il nous fallait séparer d’une part, les OnG, le département du ministère des Affaires étrangères chargé de la coopération au développement et son administration (la dGd) et l’agence gouvernemen- tale de mise en œuvre des politiques de coopéra- tion au développement (la CTb), et, d’autre part, des acteurs qui promeuvent des actions de si et qui, pour certains, sont reconnus au sein de la Cd sans en faire complètement partie.

A. Les acteurs “spécialisés”

Qu’ont en commun les acteurs de la première catégorie ? ils sont soit complètement dédiés à la coopération au développement (dGd, CTb), soit la coopération au développement occupe une partie importante de leurs actions (les OnGd) - en d’autres termes, leur objet social est tout entier contenu dans la si et plus particulièrement la coo- pération au développement. Ces acteurs créent et diffusent les normes de la Cd, et en sont aussi des “professionnels”, dans le sens où ils en ont complètement assimilé le cadre de référence et qu’ils en font, en grande partie, un “métier”1. Ces acteurs n’existent qu’en fonction de la si et de la Cd. ils jouissent d’une disponibilité et possèdent des dispositifs techniques constitués de person- nes spécialisées, de compétences, de standards de qualité et de technologies qui leur permettent, d’une part, de se définir comme une communauté représentante de la Cd et, d’autre part, d’occuper une position “dominante” au sein de la si.

Ces acteurs “spécialisés” émanent à la fois : de la société civile, comme les OnGd;

d’institutions publiques relevant d’autorités

nationales et régionales spécialisées dans la Cd (dGd, Wbi-Cd)

d’organisations internationales comme celles

attenantes à l’Onu (Pnud) ou à l’ue (euro- pAid).

il existe d’autres acteurs spécialisés, mais qui ne sont pas pris en considération dans cette catégo- rie définie pour notre recherche, car ils n’occupent pas de position “dominante” au sein de la si, alors que cet élément est déterminant pour l’analyse des collaborations qui fait l’objet de la recherche.

Ceci est expliqué ci-dessous (section C).

B. Les acteurs “non spécialisés”

On déduira de ce qui précède que les acteurs

“non spécialisés” regroupent des acteurs dont la mission institutionnelle principale n’est pas la si et

1 Les ONGD, il est vrai, mobilisent encore du travail bénévole, mais celui-ci se déploie toujours autour d’un noyau de professionnels. Cela n’a pas toujours été le cas, mais l’obligation d’emploi d’au moins une personne permanente à temps plein est depuis 2006 une exigence des pouvoirs publics.

(18)

18

encore moins la Cd. Ainsi, nous avons considéré les catégories suivantes :

les institutions d’enseignement supérieur (uni-

versités, hautes écoles) qui sont dédiées à la formation, à la recherche et à la mise à dispo- sition de la société des connaissances et des personnes nécessaires à son progrès ;

les syndicats qui ont pour mission la défense des

droits des travailleurs et l’influence des politiques susceptibles de créer un environnement écono- mique et social favorable aux travailleurs ; les mutuelles qui existent pour assurer à leurs

membres l’accès à la sécurité sociale et à cer- tains types de services et de prestations à un coût abordable ;

les entreprises qui cumulent une mission éco-

nomique consistant en la création de richesses et d’emplois ainsi qu’une mission sociale qui revient à mettre à disposition de la société des biens et des services et contribue également aux processus de construction et de structuration de la société (cf. la section C suivante) ;

les villes et communes qui assurent l’adminis-

tration et gèrent le développement de leur ter- ritoire ;

les organisations de personnes issues de la

migration (cf. la section C suivante) qui existent principalement pour favoriser l’intégration au nord des migrants.

l’essentiel de leur mission se réalise au nord et, plus spécifiquement, dans le pays ou la localité où ces acteurs sont installés. leur mission sociale, ainsi que certains de leurs atouts (compétences, ressources, capacité de mobilisation, etc.) les amènent naturellement à étendre leur action au- delà de leur territoire, sur un pays entier, et puis au-delà des frontières, au nord et au sud. Mais une telle extension n’est généralement qu’une composante quantitativement marginale par rap- port à leur mission principale.

Pour ces acteurs, la si est le plus souvent une spécialisation interne qui est limitée proportionnel- lement en taille et qui est structurellement sépa-

rée des fonctions liées directement à la mission principale. Même si cela est en train d’évoluer, comme on le verra par la suite, surtout à cause de l’influence que les processus de mondialisation ont sur ces acteurs, nous considérons que cette différence dans les domaines de spécialisation constitue une bonne base pour l’identification des acteurs à étudier.

Pour être plus précis, l’étude entreprise par le COTA ne prend en compte en priorité que des acteurs “non spécialisés”, investis collectivement et jouissant d’une reconnaissance suffisante pour pouvoir directement ou indirectement prétendre à des subventions publiques (ponctuelles ou struc- turelles) et/ou être considérés par les acteurs spé- cialisés comme des interlocuteurs susceptibles d’être impliqués dans des processus de réflexion politiques ou stratégiques.

C. Autour du choix de la notion de “spécialisa- tion”

les critères que nous avons appliqués pour mar- quer une distinction entre deux catégories d’ac- teurs sont temporaires et partiels. dans la caté- gorie des acteurs “spécialisés”, d’autres acteurs y auraient été inclus si nous avions appliqué la stricte définition de la spécialisation au sens de l’objet social dédié à la Cd ou à la si. il s’agit d’une série d’acteurs qui sont principalement ou exclusivement dédiés à la si :

des acteurs issus de la société civile : les Asi,

certains médias et certaines fondations ; des acteurs issus du secteur privé, tels que cer-

taines entreprises et bureaux d’études, ou des fondations d’entreprise.

Parmi ces acteurs, certains ont été inclus dans la catégorie des acteurs “non spécialisés”, et d’autres n’ont pas été pris en considération dans notre recherche2. la raison de fond qui nous a poussés à un tel choix est le fait que, compte tenu de la position et des relations existant actuelle- ment entre ces acteurs, ils n’ont ni le même poids, ni la même capacité d’influencer l’établissement

2 De manière similaire, dans la catégorie des acteurs “non spécialisés” nous n’avons pas repris tous les acteurs qui, généralement issus de pouvoirs publics locaux, s’engagent parfois dans des initiatives de SI à petite échelle, comme par exemple les écoles, les hôpitaux et autres services publics.

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19

ou la modification des normes qui définissent la Cd que les acteurs que nous avons inclus dans la catégorie des acteurs “spécialisés”. Or, comme nous l’avons mentionné ci-dessus et comme on le verra plus loin dans ce rapport, le positionnement des acteurs de la si par rapport à la Cd ainsi que la négociation des normes de la Cd et des stra- tégies et pratiques des acteurs de la si sont des éléments-clés pour expliquer les pratiques des acteurs “non spécialisés”.

dans ce qui suit, nous tâchons de clarifier la posi- tion particulière de certains de ces acteurs.

Les ASI

si le langage courant désigne généralement les OnG par leur caractère non gouvernemental, il faut savoir qu’en belgique, ce terme a une signi- fication bien spécifique puisqu’il correspond à un statut d’association de coopération bilatérale indirecte octroyé par l’état à travers un agrément du ministre de la Coopération au développement.

Cet agrément offre aux OnGd la possibilité de présenter à la dGd des demandes de cofinan- cement. les autres associations sans but lucratif spécialisées de si qui ne bénéficient pas de cet agrément, sont de fait également des OnG. Certai- nes se désignent comme des Asi (Association de solidarité internationale). elles peuvent être Asbl ou Aisbl (Association internationale sans but lucratif). dans le contexte belge, on les appelle souvent des OnGd non agréées3. leur objet social principal est la Cd.

Certaines de ces Asi se sont récemment consti- tuées en un Forum des Asi-FAsi. en juillet der- nier, elles ont interpellé le CWbCi et les ministères compétents sur la place qui leur est réservée dans la coopération internationale belge.

les huit associations signataires de cette lettre spécifient que les Asi “développent leurs activités en conformité avec la loi belge de 1999 qui régit la coopération internationale au développement”

et que certaines respectent, au même titre que d’autres acteurs mieux reconnus, “des critères

de qualité comme : une approche basée sur le partenariat, l’identification des besoins, la prise en compte des priorités et des ressources des partenaires et des groupes cibles, la participa- tion et l’appropriation, la pertinence en fonction des contextes, l’autonomisation progressive des partenaires et des populations, l’efficacité, la dura- bilité…”

elles incluent sous ce même sigle, “des associa- tions issues d’initiatives citoyennes, des asso- ciations de type familial et/ou amical, des asso- ciations issues de la migration, des associations issues des professionnels de la coopération au développement, des associations impliquant des pouvoirs locaux et/ou leurs élus.”

Telle qu’elle est définie ici, la notion d’Asi recoupe des groupes d’acteurs très divers dont la plupart sont directement et indirectement concernés par la catégorisation que nous proposons.

les Asi sont en effet “spécialisées”, mais soit leur statut est trop ambivalent pour qu’on les affecte à une catégorie donnée soit, pour des raisons diverses, ils ne sont pas aussi bien établis dans la coopération que ses acteurs “historiques”.

On pourra les considérer comme les exceptions

“spécialisées” de six catégories déterminées pour l’étude. nous ne les prenons pas en compte ici.

d’abord parce qu’il est difficile d’avoir une idée précise de la proportion d’associations concer- nées (l’exemple des OsiM est assez illustratif de cette difficulté. cf. plus bas). ensuite parce que certaines catégories incluses dans les Asi nous paraissent insuffisamment délimitées, la notion d’associations issues d’initiatives citoyennes pouvant par exemple recouper toutes les autres.

Aussi, à défaut d’éclaircissements, nous préférons nous en tenir à la catégorisation décrite plus haut ; des associations de professionnels de la coopéra- tion peuvent aussi bien être considérées comme des associations d’initiatives citoyennes que ces citoyens se définissent comme belges ou issus des migrations. de surcroît, la notion de qualité

3 Les intéressées estiment peut-être que la désignation ONGD est trop connotée ou ne reflète pas suffisamment leur identité et les spécificités de leur engagement.

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20

de “professionnel de la coopération” nous paraît trop vague et ambiguë.

Les organisations de Solidarité Internationale issues des migrations (OSIM)

nous considérons les OsiM parmi les associations

“non spécialisées”. C’est certainement un rac- courci de notre part dans la mesure où beaucoup de ces associations sont exclusivement dédiées à la si. les OsiM sont-elles ou non spécialisées ? la réponse n’est pas simple à donner.

la place des activités de solidarité internationale peut être variablement appréciée en fonction de la conception que l’on se fait de ce qu’est une action de si et de l’interprétation que l’on donne aux activités des OsiM. Cela dépend aussi des limites que l’on donne à la notion de co-dévelop- pement.

en premier lieu, notons que la majorité des OsiM sont d’abord actives au nord dans les secteurs culturels ou socioculturels. beaucoup investissent en particulier le terrain de l’accueil et de l’assis- tance des primo arrivants et de l’aide à l’intégra- tion sociale et professionnelle. le lien entre cette activité associative au nord et la solidarité envers le sud n’est pas toujours évident, et quand il est admis, il sera perçu différemment en fonction de la lecture que l’on fait des questions d’asile.

On se rappellera qu’en 2009, lorsque la Fonda- tion roi baudouin lance son premier appel à pro- jet dans le cadre de sa ligne de cofinancement

“Migrants, acteurs de la solidarité”, seule une très faible proportion des dossiers de candidature concernent des actions au sud…

On admet souvent qu’en tant que migrants, géné- ralement issus de cultures où les liens commu- nautaires et familiaux sont considérés comme puissants, les personnes et les groupes entre- tiennent fréquemment un sentiment de redeva- bilité important envers leurs proches, leur milieu et leurs concitoyens restés dans leur pays, région ou village d’origine. On peut par conséquent s’at-

tendre à ce que toutes, sinon la grande majorité des associations de migrants soient impliquées, voire spécialisées dans la si.

Aux motivations exprimées par les groupes iden- tifiés, on retrouve encore :

la volonté de continuer à jouer un rôle social et

politique dans leur pays (certains étaient déjà engagés avant de migrer ; c’est parfois cet engagement même qui les amène à partir, pour parfaire leurs compétences, trouver au nord des positions d’appui utiles pour leurs projets au sud, ou encore, pour des raisons de sécu- rité) ;

la volonté d’affirmer leur citoyenneté (ici et/ou

là-bas) ;

le besoin de s’insérer socialement et profes-

sionnellement.

il faut noter que l’essentiel des engagements connus dirigés vers le sud prennent la forme de récoltes et de transferts de fonds et de matériel, d’articles de consommation et d’équipement, ini- tiatives qui, bien que manifestant une intention solidaire, ne sont pas ou peu considérées comme des contributions valables par les milieux “spécia- lisés” de la coopération au développement (peu d’impacts collectifs, entrepris sans perspectives durables, etc).

On parle aussi de transferts culturels (compéten- ces professionnelles, sociales, organisationnelles, culturelles par le biais de réalisations collectives de soutien, de formation, etc.), davantage reconnus comme des formes d’aide au développement.

les associations de migrants sont très actives en éducation au développement par le biais d’évé- nements festifs et culturels.

d’aucuns considèrent que tout investissement citoyen public de la part des migrants entre dans les champs de la coopération et de la solidarité internationale. Certaines acceptions de la notion de co-développement admettent aussi les inves-

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21

tissements des migrants dans la vie profession- nelle et sociale du nord.

le simple fait qu’ils participent par leur présence ou leurs actions à la multiculturalité des pays du nord est perçu par certains comme une contribu- tion à l’éducation au développement des publics de ces pays.

Cette lecture large admet dans le champ du co- développement, des activités d’aide à l’insertion professionnelle et sociale que certaines OsiM adressent aux migrants.

il est avéré que certaines initiatives de solidarité nord-sud prennent la forme d’activités de types TPe/PMe.

Les entreprises

les entreprises pourraient figurer aussi bien parmi les acteurs “spécialisés” que “non spécialisés”. là encore le choix variera beaucoup en fonction de la façon dont on se figure une action de solidarité internationale ou de la lecture que l’on fera de la forme d’investissement d’une entreprise au sud ou de l’idéologie qui motive cette dernière.

dans certains secteurs, la démarche solidaire est indissociable du core business, en particulier lorsqu’on se situe dans des filières de commerce équitable, dans l’économie sociale et solidaire (ess) ou dans la mouvance coopérativiste.

Certaines entreprises privées sont bel et bien

“spécialisées” en si, dans le sens où sur une base commerciale, elles déploient des expertises et rendent des services de consultance dans le domaine de la si.

néanmoins, dans le cadre de cette recherche, nous avons considéré les entreprises comme des acteurs “non spécialisés”, étant donné que leur influence sur le cadre de la Cd est marginale.

D. Pourquoi ne pas avoir repris le concept de

“Quatrième pilier” ?

les acteurs de la coopération au développement sont parfois distingués dans la littérature en fonc- tion de leur appartenance à trois piliers “tradition- nels” de la coopération au développement. les tenants de cette typologie reconnaissent en effet trois catégories d’acteurs : les acteurs publics (ser- vices des pouvoirs centraux, régionaux et locaux dédiés à la coopération au développement), les institutions internationales et multilatérales et les organisations non gouvernementales de dévelop- pement (OnGd).

en Flandre et aux Pays-bas, certaines écoles s’appuient sur cette lecture pour considérer un quatrième pilier, excentrique par rapport aux trois autres, dans lequel elles regroupent tous les autres acteurs impliqués dans la coopération au déve- loppement ou la solidarité internationale mais ne jouissant pas de la même position et reconnais- sance que les autres. il comprend des institutions (syndicats, médias, hôpitaux, écoles, universités) et “des particuliers”, à la base de toutes les ini- tiatives privées, collectives ou individuelles, exer- cées hors d’un quelconque cadre institutionnel (désignées aussi comme “initiatives Populaires de solidarité internationale” - iPsi).

Cette lecture inclut les Asi (cf. la section C pré- cédente). Mais la grande majorité du quatrième pilier n’est pas spécialisée dans la si. Tout en lui reconnaissant une certaine pertinence et au moins le mérite de donner une visibilité à une importante frange d’acteurs qui jusqu’ici n’en bénéficiaient pas, nous ne le reprenons cependant pas.

Cette catégorisation par piliers prend la Cd comme référentiel principal pour l’analyse des logiques et des pratiques de ces acteurs. la notion d’iPsi met en valeur le fait qu’il s’agit d’“activités qui s’inscri- vent dans une sphère relativement plus autonome du politique, plus dépendante de représentations sociales singulières et qui concerne des acteurs issus de mondes socioprofessionnels variés qui

(22)

22

en plus de leurs activités principales se livrent à des activités de solidarité internationale.”4

Ce concept de pilier ne nous paraît pas fournir un cadre satisfaisant pour la compréhension des pra- tiques des acteurs et des facteurs qui influencent les stratégies et les dynamiques collaboratives de ces acteurs. de plus, le panorama du quatrième pilier est trop fragmenté et surtout trop peu connu pour être appréhendé de manière satisfaisante dans la limite des capacités d’étude dont le COTA dispose pour le moment.

1.2.4 CARACTÉRISATION DES

“COLLABORATIONS”

l’idée d’orienter notre recherche sur les pratiques collaboratives des acteurs “non spécialisés” nous confronte à la nécessité de préciser quels types de collaborations étudier. le mot “collaboration” peut en effet se référer à des modalités très variées, et est parfois confondu avec d’autres notions – par exemple, “synergie” ou “partenariat” - qui sont utilisées fréquemment dans le langage de la si.

nous avons délibérément choisi de ne pas impo- ser une définition trop stricte du terme de colla- boration. Cela nous permet d’en faire un élément d’analyse susceptible de nous aider à caractériser les pratiques des acteurs. C’est une façon supplé- mentaire de s’ouvrir à la pluralité des pratiques, pour faire émerger les éventuelles tendances, les déviations, les spécificités.

Par contre, nous excluons d’emblée les formes de collaborations à caractère marchand, comme dans le cas de l’acquisition-vente de biens ou services, qui se basent sur une relation unilatérale (une partie qui passe une commande et l’autre qui y répond). nous prenons par contre en considéra- tion des relations dans lesquelles il y a un partage d’objectifs et dans le cadre desquelles un terrain commun se dégage pour constituer une base de collaboration.

4 Tom De Bruyn & Julie Godin, L’émergence de nouveaux acteurs de la solidarité internationale en Wallonie et à Bruxelles : une enquête exploratoire sur le « quatrième pilier », 24 juin 2010, p. 11.

(23)

23

2

LA démARChe

2.1 L’OBJET DE LA RECHERCHE

la recherche a comme objectif principal l’identifi- cation, la description et l’explication des pratiques collaboratives entre acteurs de la solidarité inter- nationale, avec une attention particulière portée aux acteurs “non spécialisés” et à leurs pratiques (Axe 1).

les catégories d’acteurs “non spécialisés” consi- dérées sont : les institutions d’enseignement supé- rieur (universités et hautes écoles), les entreprises, les collectivités locales (villes et communes), les syndicats, les mutuelles, les organisations de soli- darité internationale issues de la migration (OsiM).

À cause de la rareté des connaissances objecti- vées sur les pratiques de solidarité internationale des acteurs “non spécialisés”, notre recherche

a exploré au préalable les raisons et les formes d’engagement de ces acteurs dans la solidarité internationale (Axe 2).

sans être la cible prioritaire de l’étude, les acteurs

“spécialisés” sont néanmoins présents à cause de leur relation dynamique avec les acteurs “non spécialisés”, relation qui s’articule autour de qua- tre facteurs :

nous l’avons dit, les acteurs “spécialisés” éta-

blissent les normes de la coopération au déve- loppement auxquelles les acteurs “non spécia- lisés” sont confrontés (éventuellement pour les rejeter) ;

ils sont souvent “partenaires” des acteurs “non

spécialisés” (ou considérés comme tels par ces derniers) ;

(24)

24

ils mobilisent les acteurs “non spécialisés” au

sein de plateformes et réseaux multi-acteurs ; ils peuvent influencer les logiques collaboratives

des acteurs “non spécialisés”.

2.2 LES LIMITES DE LA RECHERCHE

nous avons déjà mentionné la décision de ne pas inclure dans notre population de référence toutes les pratiques portées par des individus, des groupes informels de citoyens ou par des associations non reconnues comme OnG de développement.

notons encore que pour des raisons objectives de ressources et de capacités opérationnelles, l’étude n’appréhende que la Wallonie et bruxelles.

Cela n’exclut pas d’emblée toute prise en compte de ce qui se passe en région flamande. l’inter- prétation de certaines situations, la formulation de certaines hypothèses nous amène nécessai- rement à nous intéresser à la situation au nord du pays, ne serait-ce qu’à titre comparatif, mais également parce que certaines situations n’ont un sens qu’au travers d’une analyse nationale, voire internationale. nous le verrons dans la suite, les divisions linguistique et administrative sont, au moins pour certains acteurs, des frontières à dépasser (exemple des entreprises) ou à négocier (exemple des OsiM).

2.3 LA MÉTHODE DE TRAVAIL

dès le départ, nous avons souhaité travailler de façon à décloisonner les différentes catégories d’acteurs prises en considération. Plutôt que de s’organiser pour étudier simplement chaque catégorie, nous avons travaillé dans une perspective comparative, à la recherche d’explications générales de comportements et tendances plurielles et multiples.

Pour ce faire, nous avons élaboré une méthodo- logie de recherche commune, autour des ques- tionnements décrits en introduction.

si le travail d’enquête et une première phase d’analyse ont été conduits sur chaque catégorie considérée, l’analyse globale et ce rapport ont été réalisés à partir de problématiques transversales, au sein desquelles nous avons essayé de mettre en évidence les tendances communes et les élé- ments de diversité.

2.3.1 LA STRUCTURE DE LA RECHERCHE la recherche a été structurée autour de quatre étapes principales :

A. Recherche et analyse de la littérature concernant les acteurs considérés et les col- laborations entre acteurs dans le cadre de la SI

Pour chaque catégorie d’acteurs, nous avons ana- lysé la documentation qui explique l’engagement dans la si, qui décrit les initiatives menées ou pro- mues par les acteurs, ainsi que la documentation d’origine institutionnelle concernant les cadres de financement public des initiatives de solidarité pour les différentes catégories d’acteurs.

B. Enquête auprès d’un échantillon d’organi- sations

Pour chaque catégorie d’acteurs, nous avons dressé une liste d’acteurs actifs dans la soli- darité internationale. Pour ce faire, nous avons eu recours aussi aux organisations faîtières et à d’autres organismes techniques ou collectifs capables de nous orienter dans l’identification des acteurs à consulter.

ensuite, par rapport à chaque catégorie d’acteurs, nous avons sélectionné un échantillon de person- nes/organisations à rencontrer pour des interviews en profondeur. Chaque échantillon inclut un certain nombre d’acteurs de la catégorie (variable selon la catégorie, allant de treize pour les associations de migrants et les institutions d’enseignement supérieur à environ cinq pour les entreprises et les syndicats/mutuelles), les organisations collectives de la catégorie (lorsqu’elles existent), des réseaux ou plateformes multi-acteurs, des experts (y com-

(25)

25

pris quelques OnG dans le cas des universités et des syndicats/mutuelles), et des représentants d’institutions et de bailleurs de fonds. Au total, plus de septante organisations ou personnes ont été interviewées.

les interviews étaient basées sur un canevas commun de questions ouvertes, portant sur cinq points principaux :

la caractérisation de l’acteur en tant qu’acteur

de la si;

la description et la justification des démarches

collaboratives entreprises par l’acteur ;

l’influence que ces démarches peuvent avoir

sur l’acteur ;

les apports que l’expérience collaborative de

l’acteur peut générer pour les autres acteurs de la solidarité internationale ;

les pratiques innovantes développées par l’ac-

• teur.

C. Analyse transversale des pratiques recen- sées pour chaque catégorie d’acteurs

les données récoltées au cours des deux premiè- res étapes ont fait l’objet d’une première analyse par catégorie d’acteurs, qui a structuré l’informa- tion et a mis en évidence les spécificités de cha- que catégorie d’acteurs ainsi que les différences au sein de chaque catégorie. Ces analyses ont servi à alimenter un site internet5 spécifiquement créé à partir de ce projet de recherche, et dédié aux acteurs.

ensuite, ces analyses ont été reconsidérées dans une perspective comparative, afin de dégager des tendances générales et des spécificités transver- sales. Ce rapport relate ces analyses globales.

D. Séminaire avec des témoins privilégiés pour approfondir l’analyse des tendances consta- tées

le 2 décembre 2010 aura lieu un séminaire multi-acteurs au cours duquel les résultats de la recherche seront discutés et approfondis par les acteurs eux-mêmes, afin de lancer une réflexion

multi-acteurs autour de la collaboration dans la solidarité internationale.

2.3.2 QUELQUES DIFFICULTÉS RENCONTRÉES AU COURS DE LA RECHERCHE

nous avons constaté l’absence totale de connais- sances objectivées sur les acteurs que nous avons considérés et davantage encore sur les collabo- rations entre acteurs de la solidarité internatio- nale (au moins en ce qui concerne le contexte belge).

en parallèle à notre recherche, d’autres projets de recherche (travaux de mémoire, recherches académiques) se sont déroulés sur des probléma- tiques voisines de la nôtre, ce qui témoigne d’un intérêt largement partagé (mais nous n’avons pas pu bénéficier de tous les travaux qui auraient pu nous fournir une base de départ).

le peu de visibilité des actions de si des acteurs que nous avons étudiés a été un point de justifica- tion de notre recherche. Cela a aussi été un han- dicap pour l’identification d’acteurs susceptibles d’avoir quelque chose d’intéressant à partager avec la communauté.

la si n’étant pas l’activité principale de la plupart des personnes-ressources et témoins identifiés, il a fallu composer avec des marges de disponibili- tés réduites. dans le cas de certaines catégories d’acteurs (les syndicats/mutuelles, les entreprises, les villes et communes) notre échantillon aurait pu être un peu plus large.

et enfin, pour certaines catégories d’acteurs (notamment les villes et communes, les syndi- cats/mutuelles, les organisations de migrants) la dispersion géographique est importante. Cela a également fortement pesé en termes de coûts de transport et de temps.

5 http://www.solidarite-internationale.be

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26

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27

3

L’engAgemenT des ACTeuRs “nOn speCIALIsés” dAns LA sI

la façon dont l’engagement des acteurs est perçu, ce qu’ils donnent à voir de ce qu’ils font, la façon dont ils aimeraient qu’on les considère a certainement une influence déterminante dans la capacité et la volonté d’entreprendre des démar- ches collaboratives. Avant d’aborder les compor- tements collaboratifs des acteurs, il nous semble opportun de rendre compte de la façon dont ils appréhendent ces questions, dans quelle mesure et comment ils parviennent à se faire connaître et reconnaître, par qui et pourquoi.

les questions de visibilité et de reconnaissance sont intéressantes parce qu’elles interrogent aussi notre faculté à percevoir la diversité. si cette diver- sité des acteurs existe, comment s’exprime-t-elle et sur quoi ? sommes-nous capables de voir ce qui sort de nos habitudes ?

Aussi, en lisant ce chapitre, il nous paraît prudent de garder à l’esprit qu’il y a un risque que les acteurs “spécialisés” ne connaissent des autres initiatives de si que ce que leurs propres référents et grilles de lecture leur permettent de percevoir et de comprendre. la perception des acteurs

“non spécialisés” est forcément déformée par ce prisme. la plupart des expériences d’acteurs “non spécialisés” analysées dans la littérature ou dans le cadre d’entretiens le sont selon des grilles de lecture dominantes dans les milieux de la coo- pération. il se peut qu’il y ait des particularités auxquelles le regard des praticiens “spécialisés»

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