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Le sous-sol archéologique de l'église Saint-Piat à Tournai

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ARCHAEOLOGIA

BELGICA

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LE SOUS-SOL ARCHÉOLOGIQUE DE L'ÉGLISE

SAINT-PIAT

À

TOURNAI

M. AMAND & H. LAMBERT

I. V es ti ges romains et édifices religieux

H. ROOSENS

11. Les sépultures paléochrétiennes

BRUXELLES 1980

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LE SOUS-SOL ARCHÉOLOGIQUE DE L'ÉGLISE SAINT-PIAT À TOURNAI

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ARCHAEOLOGIA BELGICA Dir. Dr. H. Roosens

Etudes et rapports édités par le Service national des Fouilles

Pare du Cinquantenaire 1 1040 Bruxelles

Studies en verslagen uitgegeven door de Nationale Dienst voor Opgravingen

Jubelpark 1 1040 Brussel

©

Service national des Fouilles Dl 1980/0405/ l

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ARCHAEOLOGIA

BELGICA

222

LE SOUS-SOL ARCHÉOLOGIQUE DE L'ÉGLISE

SAINT-PIAT

À

TOURNAI

M. AMAND & H. LAMBERT

I. V es ti ges romains et édifices religieux

H. ROOSENS

11. Les sépultures paléochrétiennes

BRUXELLES 1980

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AVANT-PROPOS

L'église Saint-Piat et ses abords camptent parmi les sites qui, à Toumai, ont taujours reten u l' attention particulière du Service national des Po uilles (fig. 1). On espérait recueillir à eet endroit des données importantes concemant l'archéologie

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6 TOURNAJ- SAINT-PIAT

romaine et chrétienne. Mon prédécesseur, Jacques Breuer, et le représentant du Service à Toumai, Marcel Amand, avaient souvent exprimé le désir d 'y entrepren-dre des fouilles. Le fait que l'église était dédiée à saint Piat n'était pas étranger à leurs préoccupations. Mais, comme Ie sanctuaire était ouvert au culte et qu'il y avait peu d'espace disponible aux alentours, des recherches systématiques s'avé-raient difficiles.

Pourtant l'endroit était de plus en plus menacé. Il était question de restaurer 1' église: des exfodations seraient pratiquées, ce qui pourrait entraîner la destruction d'éventuels vestiges.

Fin avril1970, M. Amand apprit que la firme Vandekerckhove d'Ypres avait commencé les travaux. Pour consolider les piliers il fallait dégager les murs de soutènement sur toute leur longueur par de larges tranchées parallèles aux nefs; on poserait aussi une conduite de chauffage. Comme l'église était un monument classé, la Commission royale des Monuments et des Sites aussi bi en que la fabrique d'église et l'adrninistration communale avaient dû approuver les plans. Nous n'en avions pas connaissance.

Dès le début des travaux, des vestiges d'époque romaine ainsi que des fondations et pavements d'anciennes églises étaient touchés. Immédiatement M. Amand mettait tout en reuvre pour l'examen archéologique. Il obtenait bien l'autorisation de la ville et de la fabrique d'église, mais n'étaithabilité en fait que de suivre les travaux au fur et à mesure de leur déroulement. H. Lambert et d'autres amateurs dévoués se joignirent à lui.

Les fouilles ne pouvaient causer ni empêchement ni retard du fait que 1' entre-preneur était tenu par les délais fixés. Nous devions même surseoir à ouvrir Ie sol des surfaces restées endehors de l'adjudication car, pour ces endroits, se posait la question du dédommagement du pavement enlevé pour lequel nous n'avions pas l'argent. Une descente de la C.R.M.S., le 23 mai, ne changeait rien à la situation. M. Amand devait souvent regarder impuissant - frendens lumine torvo -camment les anciens murs et niveaux furent arrachés de leur stratigraphie sans pouvoir dresser les plans ou faire les photos. Il faut toutefois ajouter que les exécutants de la restauration, quand ils en eurent !'occasion, mettaient tout en reuvre pour faciliter nos recherches.

En novembre la situation s'éclaircit un peu. A l'endroit ou I' abside de l'église prirnitive avait été repérée- ce qui s' avérait être heureusement le point crucial-Ies travaux étaient arrêtés, nous laissant un répit de deux mois. Des tombes mérovingiennes et romaines tardives se déclarèrent dans eet espace ou G. De Boe, A. Matthys et J. Alenus-Lecerf travaillaient sans relàche. Au sud-est de I' abside aussi, ou Ie chreur d'une église postérieure fut découvert, les archéologues purent travailler dans de meilleures conditions.

Vers la mi-février 1971, l'intervention archéologique était terminée. Des vestiges d'époque romaine et du Haut Moyen Age, préservés jusqu'à ce jour dans le sol de Saint-Piat, il ne subsistait que de plus grandes ruines. On doit regretter que

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I TOURNAl- SAINT-PIAT 7

les précieuses reliques des origines du christianisme n 'ont pu être conservées à l'encontre de ce qui fut le cas à Nivelles.

Je voudrais terminer ce triste aperçu en exprimant ma reconnaissance à tous ceux qui ont apporté leur ai de ou ils le pouvaient (1) et surtout en rendant hommage à nos archéologues qui, dans des circonstances impossibles, ont suivi les impératifs de leur conscience professionnelle.

H. ROOSENS Directeurdu S.N.F.

1 Je cite en particulier M. Ladavid, architecte de l'reuvre, désigné par la ville, et M. Guelton, contre-ma1tre. L'exécution des dessins du rapport incomba à M. et Mme R. Piette; ils se sont acquittés de cette täche avec dévouement et talent. Le docteur P. Janssens a eu l'amabilité de procéder à !'examen anthropologique des restes humains les plus importants.

(8)

PREMIÈRE PARTIE

VESTIGES ROMAINS ET ÉDIFICES RELIGIEUX par

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INTRODUCTION

La fouille

Les travaux de restauratien entrepris en 1970 et 1971 en l'église Saint-Piat à Tournai avaient pour objets la consolidation des murs de base portant les trois premiers piliersromans (1) et la modernisation de !'in stallation de chauffage. Ils ont fait apparaître des documents originaux, susceptibles d'enrichir l'histoire de Tour-nai romain et mérovingien et de mieux illustrer les débuts du christianisme dans la vallée de 1' Escaut.

Les terrassements ont atteint en général mie profandeur de 3 m sous l'actuel pavement, situé à la co te 21, beuleversant de fond en comble un sous-sol archéolo-gique d'une valeur inestimable. Quatre tranchées, chacune de 26 m de 1ongueur et de 2 m de largeur, ont été creusées de part et d' autre des murs de base supportant les piliers (fig. 2), les unes dans la basse-nef droite et dans la partie droite de la nef principale, les autres dans la basse-nef gauche et dans la partie gauche de la nef principale (tranchées A 1, A 2, B 1 et B 2). Les tranchées C, D, E, F et G ont été ouvertes en dehors des exigences de l'entreprise, les tranchées C et E pour compléter notre documentation sur les bätiments d'époque romaine, les tranchées D, F, G pour nous permettre d'ajouter des données essentielles au plan des édifices religieux antérieurs à l'église romane.

La présence d'un jubé Renaissance aux colonnes annelées rappliqué contre la façade de 1' édifice (2) et reposant sur des fondations peu profendes posées sur un remblai friable d'une part, les exigences du conseil échevinal de l'époque quant au remplacement des dalles du pavement tout autant que 1' amoncellement des déblais d'autre part, ne nous ont permis d'explorer de la nef principale qu'un espace de 10m2 devant Ie jubé (tranchée E).

La plupart de nos interventions commencées en avril1970 et terminées le 21 février 1971 ont donc dû se limiter à 1' examen des exfodiations nécessitées par le renforcement des murs de base de l'eglise romane et, quand on nousen laissait Ie temps, au nettoyage de leurs profilset au pelage de leur fond. C'est ainsi que des 1 Le dangerest signalé par !'architecte Ladavid dans une intervention intitulée: L'église à la tour branlante, Tournay, Reconstruction et Avenir, n° 23, nov. 1947, p. 2. Sur l'église Saint-Piat construite au milieu du lle s.: L. CLOQUET, L'église Saint-Piat à Toumai, dans

Gilde de saintThomas et desaint Luc, X, 1896-1897, p. 146-157; P. RoLLAND,Les églises paroissiales de Tournai, 1936 et L'äge des églises romanes de Toumai, Annales de

l'Académie royale d'Archéologie de Belgique, 1925. Nous n'avons pu consulter Ie travail du Frère Memoire qui est resté inédit. Sur les travaux de restauratien de 1970-1971, voir J.D., Onze Firma restaureert de St. Piat-kerk te Doornik, v.D.K.-T/JDINGEN II, 1, 1971, p. 59-61.

2 Jubé étudié par L.

CLOQUET, Le jubé de I 'église Saint-Piat, Bulletin de la société

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12 TOURNAI- SAINT-PIAT

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Fig. 2. Plan des tranchées.

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éléments très importants de l'édifice religieux de la première période, tels les piliers droits 2 et 3 furent tout simplement détruits au marteau-pic sous nos yeux. Les délais nous imposés par 1' entreprise et les autorités religieuses aussi bi en que communales furent à ce point exigeants qu'en maintes occasions- et ce fut Ie cas pour les tranchées A 1 et A 2 en mai et juin 1970- nous dûmes nous contenter de situer sur Ie plan les vestiges découverts sans avoir Ie temps de vérifier s'ils n'étaient pas superposés à d'autres plus anciens.

Aussi, malgré un contexte historique aussi riche, quelques problèrnes de chronologie et d'architecture religieuse n'ont pu trouver de solution satisfaisante nonobstant l'intérêt manifesté par la Commission royale des Monuments et des Sites laquelle, à deux reprises, se déplaça au grand complet pour visiter nos travaux: toutefois aucun délai ne nous fut accordé pour mener à bon terme les observations commencées. Ainsi nous sommes obligés de laisser à la responsabi-lité des autorités compétentes, tant civiles que religieuses, la perte totale d'un monument aussi précieux pour Toumai comme pour 1 'histoire du ha ut Moyen A ge, que Ie fut Ie tombeau de Childéric avant sa dispersion.

Barbarus he u cineres ... .

- Nefas videre - dissipabit insolens

Les documents mobiliers recueillis ont été inventoriés sous la rubrique T 70-SP n° 1 à 190. La localisation des vestiges relevés en coupe s'aligne sur une numérotation par points distants de 1 m l'un de l'autre, reproduits sur nosprofiJs à partir de l'intérieurdu mur de façade de l'édifice roman, ce qui signifie que Ie point 5,4 par exemple se situe à cinq mètres quarante centimètres de ce mur, sur un axe parallèle à cel ui de 1 'église romane. Les coupes dans 1' axe de 1 'église sont signalées par des capitales, celles qui leur sont perpendiculaires par des minuscules. Les niveaux des différents murs, pavements et remblais par rapport au pavement actuel dont la cote est 21 (point 0), sont indiqués sur plans et sur profiJs par un triangle posé sur son sommet suivi de la mention-x cm.

Les inhumations du Moyen Áge et des Temps moderoes

Avant d'être complètement détruits Jors des travaux de 1970-1971, les vesti-ges à !'emplacement de l'église Saint-Piat furent en partie endommagés par la construction de I' édifice roman dès la fin du 11 e s., par la pose d' un conduit souterrain de chauffage au début du 20e s. (3), ma is aussi pardes sépultures donties

3 Rapportspartiels et provisoires dans Archéologie, 1970, p. 25 et 1971, p. 92; M. AMANo-H. LAMBERT, Le 800e anniversaire de la cathédrale: les débuts du christianisme à Toumai, Le Courrier de l' Escaut, mai 1971; M. AMAND, Les débuts du christianisme à Toumai, Les Etudes classiques, XL, 1972, p. 311-327; H. RoosENS, Trésors sacrés.

Cathédrale de Tournai' 1971' p. 169-172; M. AMAND, Dossiers d' Archéologie' ll0 21,

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14 TOURNAI- SAlNT-PIAT

plus récentes peuvent être placées au milieu du 18e s. c'est-à-dire avant la pose de !'avant-dernier pavement de l'église(4).

Les corps étaient déposés dans des cercueils en bois orientés dans l'axe de l'église, la plupart les pieds tournés ·vers le chreur, voire dans des caveaux en briques voûtés en berceau, comme Ie'caveau recoupé à proximité du pilier n° 3 contre la basse-nef S.O., et les deûx caveaux entre les piliers n° 4, dans la nef centrale. Des caveaux ont parfois été aménagés à même Ie mur supportant les piliersromans: l'un d'eux, près du pilier n° 2 de la nefN.E., était encore recouvert de ses dalles et garni d'un enduit intérieur de couleur ocre.

Les sépultures étaient particulièrement concentrées dans la tranchée B 1, entre la façade et Ie pilier n° 2, jusqu'à la profandeur de 3 m sous Ie pavement. A eet endroit, on a procédé à des enfouissements d'urgence à une époque qu'il ne nous est pas possible de fixer. Les squelettes étaient à ce point disloqués que leur éparpillement pourrait évoquer une fosse commune d'autant que, dans Ie remblai, figuraient des moelloos grossiers et des bloes de chaux. Cette excavation avait complètement fait disparaître Ie mur goottereau gauche (N.E.) des édifices reli-gieux antérieurs à l'église romane et bouleversé des tombes préexistantes. Les restes de l'une d'elles, avec une dallede fond de forme trapézoïdale de 2 m de long, avaient subsisté dans le profil B I à la cote 20.

De ces sépultures postérieures à la construction de l'édifice roman, une seule est databie gräce à la céramique qu'elle renfermait (fig. 3). Elle a été dégagée dans la tranchée A 1, à la profandeur de 1 ,20 m sous Ie pavement, Ie chevet tourné vers la façade de l'église. Les sept vases à fond légèrement convexe, panse globuleuse en terre grise percés d'ouvertures entre l'épaule et la panse, déposés Ie long des fémurs et des hanches du squelette, sont datés du 14e s. (5). Certains contenaient encore quelques fragments de charbon de bois.

4 On pourrait difficilement affirmer que les quelques carreaux en terre cuite avec glaçure, de forme carrée ou triangulaire, recueillis dans les couches perturbées par des sépultures sous I' actuel pavement constituent des témoins du pavement origine! d 'époque romane: en aucun endroit de la fouille en effet nous n' avons rencontré I' assiette de ce premier pavement. Quant au pavemerH remplacé en 1971, iJ est de la fin du 18e s.: il était constitué en partie de dalles carrées de marbre blanc remployé, taillées dans des inscriptions funéraires, la face inscrite posée sur Ie sol.

5 Nous devons ce renseignement à M.A. Matthys qui écrit encore à ce sujet: ,, Ces pots à

pan se sphérique sont des << vases à en eens» ; iJs illustrent une pratique funéraire courante au

Moyen Age: des récipients percés de trous d'aération, contenaient de l'eneens brûlant et accompagnaient les défunts - surtout les prêtres - dans la tombe. Cette forme semble devoir être située dans Ie courant du XIVe siècle: J. G .N. RENAUD, Middeleeuwse ceramiek (La Haye 1976) fig. 19 c et A. MATTHYS, Middeleeuwse verzamelingen van het Gruuthuse Museum (Brugge), Oudheidk. repert. Nat. Centr. Oudheidk. Nav. Belg. B, X, fig. 13,57

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Fig. 3. Céramique du 14• siècle trouvée dans une sépulture. Ech.: 1/3.

Quant aux caveaux en briques, enfouis généralement à la profondeur de 1 m sous Ie niveau du pavement, ils ne sont pas antérieurs au 16e s., époque ou la brique fait son apparition à Tournai. Ces constatations nous autorisent à supposer que les sépultures les plus anciennes se trouvent au niveau Ie plus bas et que, par consé-quent, celles qui ont percé les pavements superposés des édifices religieux de la première et de la seconde période ainsi que Ie pavement des citernes d'époque romaine décrits dans les chapitres suivants sont antérieures à celles trouvées entre les cotes 20 et 2L

Les niveaux des enfouissements sont donc très variables. Si Ie plus grand nombre se situent au-dessus du pavement de 1' édifice de la seconde période, à ca. 1 m sous Ie pavement actuel, pas mal d'entre eux reposent à la profandeur de 1,50 met quelques-uns, dans A 1 et B 1, à 2,20 m. Certains, dans la basse-nef de droite, ont même détruit les pavements d'époque romaine, d'autres, surtout dans la nef centrale, endommagé les pavements des édifices religieux de la première et de la seconde période, voire les murs de ces constructions.

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16 TOURNAI- SAINT-PIAT

VESTIGES ET CONSTRUCTIONS D'ÉPOQUE ROMAINE

Les médiévistes se sant mis d'accord pour fixer Ie peuplement intensif du quartier Saint-Piat au cours des lOe et lle s. (6). Il touchait à l'Escaut et les noms de ses rues font état d 'une accupation marchandeet artisanale à mettre en rapport avec Ie commerce de la poissonnerie (le quai des Poissonceaux), de la pierre (le quai Taille-Pierre) ou la confection de chariots (rue des Carliers) et de meubles (rue des Hurgiers, aujourd'hui rue Madame) (fig. 4).

Fig. 4. Anciennes rues et églises de Toumai.

Au cours de la seconde moitié du lle s., il s'y érigea une église romane, sous Ie vocable de Saint-Piat- pour rappeler sans doute l'endroit ou, d'après une tradition locale, Ie missionnaire aurait subi Ie martyre - , engiobée dans la nouvelle enceinte construite entre 1 054 et 1090 (1). La façade de cette église s'aligne surune rue qui existait déjà au lle s., aujourd'hui rue des Jésuites (fig. 5).

6 F. VERCAUTEREN, Plans en relief des villes belges: Tournai, 1965, Bruxelles, Pro

Civitate, p. 186.

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TOURNAI- SAINT-P!AT 17

Fig. 5. Une ancienne photo de la façade de Saint-Piat donnant sur la rue des Jésuites (photo I.R.P.A.).

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18 TOURNAI- SAINT-PIAT

En outre, dès le 12e s. Ie secteur au N.O. de la rue de la Thure, sur la hauteur de La Loucherie a vu se développer une industrie céramique qui paraît avoir été florissante (8).

Quant au contexte urbain à l'époque romaine, des observations récentes ont montré que Ie quadrillage de l'agglomération du Haut-Empire s'est conservé jusqu'aujourd'hui entre la rue Saint-Piat, la rue de la Cordonnerie, la rue de Courtrai et l'Escaut. IJ n'en fut pas de même, dès Ie Haut Moyen Age, dans l'espace compris entre eet axe correspondant à ]'ancien cardo (fig. 6) et l'actuelle place Reine Astrid et la Grand-Place, qui fut bouleversé par la construction de la cathédrale au 9e s., celle du beffroi et cellede la Halle des Conseaux au 12e s.

Des traces de voirie avec canalisation ont été mises au jour à la rue Mada-me (9 ), sous Saint-Piat même, dans I' abside de la basilique de la première pério-de (10), sur I' accotement gauche de la rue des Carliers (11). Ces de u x axes perpen-diculaires à l'Escaut sont distants de quelque soixante mètres l'un de l'autre. Leur présence constitue la preuve que l'agglomération du Haut-Empire s'étendait au S.O., à droite et à gauche de la rue des Jésuites et de la rue Madame, sur la rive gauche de l'Escaut.

La population de ce quartier était loin d'être clairsemée. En effet, sans compter les vestiges de citernes et de bätiments en matériaux durs ou légers mis au jour sous Saint-Piat, que nous allons décrire, nous pouvons faire état de traces d'occupation au jardin du Séminaire(12) et à la rue des Clairisses(13).

Enfin I' espace compris entre l'axe présumé de la chaussée venant d' Arras, c'est-à-dire Ie decumane, l'aqueduc qui lui était parallèle et le prolongement du tronçon de voirie à gauche de la rue des Carliers renfermait plusieurs bätiments détruits déjà à la fin du 3e s. (14

).

Au Bas-Empire, la limite S.O. ducastrum n'a pas dû déborder l'axe de la rue des Jésuites. La présence de quelques sépultures à inhumation très bouleversées sous Saint-Piat (voir plus loin), dont la datation remonte au Bas-Empire, constitue la preuve que ce site, choisi plus tard pour la construction d'une basilique, était

s Des fours ayant fabriqué des récipients en terre grise à panse globuleuse, lèvre rejetée vers l'extérieur et haut de l'épaule décoré au poinçon, ont été loca1isés entre la rue de la Thure et la place Reine Astrid (La Loucherie, à l'est du bätiment administratif d'époque romaine).

9 M. AMANo-1. EYKENS-DIERJCKX, Tournai Romain, Dissertationes Archaeologicae Gan-denses, V, 1960, p. 112 et M. AMAND, L'approvisionnement en eau du Tournai romain, Arch. Belg., 143, 1973.

10 M. Amand, Arch. Belg., 143, p. 28, fig. 10. 11 Archéologie, 1972, p. 66, fig. 9.

12 Tournai Romain, p. 128. 13 Ibid., p. 111-113.

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TOURNAl- SAINT-P!AT

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Fig. 6. Les axes routiers du Toumai romain au Haut-Empire.

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resté extra muros. A notre connaissance, les monnaies recueillies à La Loucherie

mises à part(15 ), il n'a subsité aucun vestige des constructions du Bas-Empire, Ie

gynécée par exempie, à l'intérieur du périmètre du castrum.

En ce qui concerne les restes de nature et d'époque diverses des Ier et 2e s.

après J.-C. mis au jour sous Saint-Piat dans les couches les plus profondes entre

15 J. MERTENS-H. REMY, Tournai, Fouilles à La Loucherie, Arch. Belg., 165, 1974, p.

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20 TOURNAI- SAJNT-PIAT

1,40 et 3 m, leur présence permet d'étendre plus au S.O. les limites de l'agglomé-ration du Haut-Empire, leur superposition d' en resserrer la chronologie. La

concentration de citernes décrite ei-dessous nous autoriseen outre à y localiser, à

droite du cardo en direction de Bavay dont Ie tracé coïncide vraisemblablement

avec I' actuelle rue Saint-Piat, un établissement industrie! sur I' activité duquel il ne

nous est pas possible de nous prononcer.

Fosses, fossés et bätiments en bois

Ces constructions en dur - moellons, briques, béton - ont détruit des

vestiges en torchis a vee plancher, orientés comme elles N. 0. -S .E., dès la fin du

Ier et au début du 2e s.

Les documents les plus anciens furent mis au jour à la profondeur de 2,20 m,

entre les points 10,50 et 15, dans la tranchée A 2 (Pl. I, profil C-D): trois fosses creusées dans l'argile en place dontIe plan, au niveau Ie plus élévé, évoque la forme d'un haricot remplies de cendres blanchätres et de charbons de bois avec amas decornes de bovidés empilées, vestiges sans doute d'une tannerie primitive (fig. 7,1).

En face de cetensemble, dans la tranchée A 1 (Pl. I, profil A-B), futrecoupée

entre les points 6 et 7 une poche plus petite de forme ovale, de même composition avec, en outre, des écailles d'huîtres (fig. 7 ,2). Ces foyers renfermaient aussi de la céramique contemporaine de leur utilisation, du début de la seconde moitié du Ier s. (n° inv. T 70-SP 27), entre autres de menus fragments d'arnphores et de cruches, d'assiettes à enduit rouge dit pompéien, de bols en sigillata Drag. 29, 37 et 32, de

casseroles en terre grisätre à col lustré, l'épaule décorée au poinçon.

Dans la tranchée A 2 (Pl. I, profil C-D), au point 8 et à la profondeur de

1,80 m, des traces de torchis ocre et de plan eh er sur solives en bois indiquent l'existence d'un petit bätiment contemporain ou légèrement antérieur aux fosses (fig. 7 ,3). Cette construction fut complètement perturbée lors de l'établissement, au 2e s., d'une citerneen matériau dur, puispar Ie creusement d'une sépulture médiévale. Entre les points 15 et 16, Ie plancher d 'une deuxième construction a été

repéré à la profondeur de 2 m (fig. 7 ,4). Le bätiment dontil faisait partie et dont

c'était Ie seul vestige était antérieur aux fosses puisqu 'il avait été recoupé par elles.

Dans la tranchée A 1 (Pl. I, profil A-B), entre les points 6 et 7 ,5, un troisième

plancher (fig. 7 ,5), à la profondeur de 2 m, avait lui aussi été détruit par la construction d'une citerneen dur. Ce n'est pas Ja première fois que des traces de

plancher d'époque romaine sont signalées à Tournai: rappelons ceux mis au jour à

la rue de Pont en 1943(16) et au Luchet d'Antoing en 1964(17) que nous avons

16 L'approvisionnement en eau du Tournai romain, p. 44. 17 M.

AMAND, Un nouveau quartier romain à Tournai. Lesfouilles du Luchet d' Antoing,

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Fig. 7. Plan général des vestiges d'époque romaine.

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essayé de mettre en rapport avec une activité artisanale, Ie premier avec le travail du cuir, vu le nombre important de déchets de cuir recueillis à proximité et dans la même couche archéologique, les seconds avec le commerce de la pierre.

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22 TOURNAI- SAINT-PIAT

Dans la tranchée A I (Pl. I, profil A-B), entre les points I6 et 20, sa surface à - 2,50 m, un fossé à fond concave de 0,75 m de profondeur se prolongeant sous !'abside de l'édifice religieux de la première période était creusé dans l'argile vierge, selon un axe perpendiculaire à cel ui de l'église (fig. 7 ,6). Son remblai d'alluvion grisätre avec comes de bovidés, ossements d'animaux, moelloos non dégrossis renfermait un matériel céramique du milieu du Ier à la première moitié du 2e s.: fragmentsen sigillata Drag. 25, 29, 33, 36,37 dontun fond avec sigleiVLLI (Jullius de Lezoux, Flaviens-Antonins), des tessons à couverte dorée, des bords d'assiettes en terra nigra du type Haltem 72 et 72 A, un goulot cannelé du type Hofheim 52, un rebord de broyeur à lèvre horizontale avec sigle VIRILISF (n° inv. T 70 SP 54-57 et 173-177) (fig. 8 A). Ce fossé rempli d' alluvion fut probablement utilisé pour l'évacuation des eaux de ruissellement captées sur la hauteur de La Loucherie. Il a été désaffecté lors de !'abandon des constructionsen bois décrites plus haut.

Bätiments en dur

Aucun des bätiments en dur trouvés sous Saint-Piat n'a révélé un plan complet. Néanmoins leur accumulation sur un espace aussi restreint, la solidité et le fini de leurconstruction nelaissent pas de corroborer l'idée qu'on pouvait se faire de l'agglomération du Haut-Empire, au vu des trouvailles antérieures.

Dans la tranchée A 1, entre les points 0,50 et 2,30 (Pl. I, profil A-B) un de ses cötés jouxtant le mur de façade de l'édifice roman, son fond à la profondeur de 3,60 m, une citeme de plan trapézoïdal (fig. 7 ,7), la petite base mesurant 1,25 m, était accolée à une deuxième citeme de 2,50 m de largeur et d'au moins 3 m de longueur. Le fond, à 2,20 m de profondeur, remanié à trois reprises avec quart de rond contre les cötés, reposait sur un radier de plus de 1 m d'épaisseur en gros moelloos (fig. 7 ,8). Les murs de ces citernes étaient faits de briqueset de moelloos bien équarris liés au mortierroseet recouverts de béton sur leur parement intérieur. Un tronçon de mur de 0,60 m d'épaisseur chevauchait Ie mur de la deuxième citerne: il était lié au mortier jaunätre et d'époque romaine lui aussi (fig. 7,9).

Entre les points 2,30 et 6, 70 de la tranchée A 2 (Pl. I, profil C-D), à 1,40 m de profondeur, deux pavements en béton rose sur radier très épais séparés et limités pardes murs ont été dégagés, l'un de 2,80 m de largeur (fig. 7, 10), l'autre ayantfait partie d'une citerne de 1,60 m de largeur avec quart de rond sur les cötés (fig. 7, 11). A proximité, un second tronçon de 0,60m d'épaisseur à mortier jaunätre fut mis au jour (fig. 7, 12). Ce murpostérieur aux citernes constitue le seul indice d'une nouvelle affectation du site à la période romaine; I' absence de tout témoin ne nous permet pas d' en fixer I' époque avec précision.

Dans la tranchée B 1 (Pl. II, profil E-F), du point 11 au point 15, un pavement en béton blanchätre avec radier en morceaux de tegulae limité par un mur de 0,65 m

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la häte, à la profandeur de 3 m (fig. 7, 13). Dans Ie bras gauche de l'édifice roman, les travaux de l'entreprise ont fait apparaître d'autres parties de murs d'époque romaine à la prof on deur de 3 m: 1' angle d'une construction grossière au x murs de

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24 TOURNAI- SAINT-PJAT

postérieur de 0,60 m d'épaisseur avec enduit, délimitant un pavement en béton rose. Les bätiments dont ces murs faisaient partie avaient été très sévèrement endommagés dès Ie lle s. lors de la construction de l'édifice roman, puis au 20e s. lors de la pose du chauffage. Nous nous vîmes refuser Ie temps de les étudier plus à fond.

La céramique recueillie sous les différents radiers (n° inv. T 70 SP 20, 32, 37, 43), donc dans une couche antérieure à la construction des bätiments en dur, peut se placer dans Ie dernier tiers du 1er s.: fragments de Drag. 35, d'une tasse bilobée en terra nigra du type Gose 256, de gobelets coudés du type Gose 310, entre autres

(fig. 8 B).

Dans I' abside de l'édifice religieux de la première période, à une distance de 1 ,20 m de son chevet, contre le mur gauche, un tronçon de conduite au canallarge de 0,35 m, a vee parois en moellons de Tournai, fond de dalles de Tournai et mortier rose a étémis au jour à la profondeurde 2 m (fig. 7, 14). Cet ouvrage appartenant au système d'approvisionnement en eau du Haut-Empire avait été détruit par la construction du mur de I' abside et du caveau maçonné. Il était en outre recouvert d'un cailloutis entourant ce tombeau, perturbé par des inhumations d'époque mérovingienne.

Les seuls vestiges d'une accupation du site au Bas-Empire dont nous puis-sions faire état sont des sépultures bouleversées, à inhumation et sans mobilier. Une première identifiée par J. Alenus-Lecerf, à la profandeur de- 2,25, située à peu près au centre de !'abside de l'édifice de la première période, en avait strictement la même orientation; lafossene contenait plus d'ossements humains. D'une deuxième recoupée par Ie chevet de !'abside ne subsistaient plus que les fémurs et les tibias à la profandeur de -1,66. Une troisième, à l'intérieur de !'abside, peut être identifiable à une dalle dressée dont la crête affleurait à la profandeur de - 1,62 et la base reposait à la profandeur de - 2,09. Cette dalle a pu constituer le pied ou Ie chevet d'un caveau.

Au delà de !'abside, engagé sous Ie mur de chaînage transversal de l'édifice de la seconde période, on a pu reconnaître, à la profandeur de- 2,20, l'angle d'une autre tombe aux parois brûlées avec du remblai romain. Quant à la dernière, superposée à la précédente, il n'en restait, à la profandeur de - 1 ,85, qu 'un cräne bi en conservé entre de u x parois (?) de tuiles romaines dressées, séparées par un espace de 0,40 m, Ie reste du squelette ayant été détruit lors de la construction du mur précité.

A vrai dire, ces maigres indices sont insuffisants pour affirmer qu 'au Bas-Empire un cimetière s'était établi à eet endroit. A notreavis il s'agit là de tombes isolées sans qu 'aucun mobilier funéraire toutefois ne nous permette d' en préciser la datation.

Le caveau maçonné peut se situer chronologiquement dans ce contexte: il fait l'objet d'une étude très détaillée dans la seconde partie de ce rapport.

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-TOURNAI- SAINT-PIAT 25

EDIFICE RELIGIEUX DE LA PREMIÈRE PÉRIODE

Les édifices de plan basilica! mis au jour sous Saint-Piat ressortissent à deux époques différentes. Des éléments- murs gouttereaux, murs de chaînage et pi Iiers

- de la première basilique ont été remployés dans la seconde. Sa construction a

cependant modifié la longueur de l'édifice primitif et nécessité la disparition de ses décrochements latéraux et de son abside par l'ajout de travées et d'une nouvelle abside se trouvant sous le maître autel de l'édifice actuel.

Les mauvaises conditions dans lesquelles notre travail d'observation a dû souvent s'accomplir ne nous permettent pas de trancher sur l'existence éventuelle d'un bätiment primitif mononef en matériau solide ou en bois. A vrai dire, aucune des coupes transversales que nous avons pu lever à 1' intérieur de la basilique de la première période n'a révélé des éléments d'un pareil édifice dont les murs exté-rieurs, s'il a existé, auraient pu se confondre avec les murs de chaînage de la basilique la plus ancienne.

Toutefois il convient de faire état d'un plancher consumé dégagé à la cote 19,35 entrele mur de façade de I' édifice religieux de la première période et cel ui de l'église romane. Sa trace est bien marquée dans Ie profil G-H (Pl. II), entre les points 0,50 et 3, ou il était étalé sur un remblai gris et des entretoises en moellons ainsi que dans le profil A-B (Pl. I), entre les points 1 et 3, ou il était posé sur les murs des citernes d'époque romaine. Cet élément recouvert par Iepavement de l'édifice religieux de la seconde période lui est antérieur.

Vu la distance séparant ce plancher du caveau maçonné et du cailloutis au

centrede !'abside, toute hypothèse tendant à Ie considérer comme Ie vestige d'un

oratoire en bois contemporain à la memoria doit être écartée. Il n'est pas exclu, par contre, que nous nous trouvions là en présence de traces d'un plancher (d'atrium ?)

faisant corps avec la première basilique. En ce cas, Ie plancher inférieur de 0,25 m

par rapport au pavement de l'édifice nous donne peut-être Ie niveau de l'élévation des murs du bätiment.

Aspect général

L' axe de la basilique de la première période- comme cel ui de la basilique de la seconde période - s' aligne sur cel ui de 1' église romane, la façade au N. 0.,

I' abside au S .E. Le vaisseau à trois nefs et trois travées mesure 13,70 m de largeur

et 13,20 m de longueur; il se termine par une abside à chevet rond de 4,80 m de profondeur hors tout et de 4,80 m de largeur hors tout, raccordée aux nefs latérales par deux décrochements (Pl. lil). Le pavement en mortier beige à la surface couverte d'un badigeon de couleur ocre à dominante brun rouge est posé sur un radier d'éclats en pierres de Tournai disposés en arête et se trouve à la profandeur de 1 ,40 m soit à la co te 19,60 sauf dans 1' abside ou il était plus élevé et ou il fut détruit lors de la pose du pavement de la basilique de la seconde période.

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26 TOURNAI- SAINT-P!AT Assiette et matériau

L'assiette du pavement est formée d'une couche rapportée d'épaisseur varia-bie, 0,30 m à 1 m dans le profil A-B (Pl. I), 1,20 m au moins dans le profil G-H (Pl. 11). Cette coucheest étaiée sur des vestiges ou remblais d'époque romaine, voire sur le sol en place. La terre grisätre, grasse avec du charbon de bois dont elle est formée, renferme de nombreux tuileaux, des éclats de pierre, des bloes de mortier

provenant des citernes et murs détruits d'époque romaine. En certains endmits elle

repose. sur une couche d'argile rapportée, fermement tassée, surtout dans Ie profil

A-B (Pl. I) et aussi dans les profils C-D (Pl. I) et G-H (Pl. 11).

Le mur de façade a utilisé comrne fondation le pavement de la citerne d'époque romaine dans le profil A-B (Pl. 1), une semelle de 1,40 m de profandeur constituée de gros moellons dans le profil G-H (Pl. 11).

Les fondations des murs de l'abside atteignent Ja profandeur de 1,90 m, leur baserepose sur un lit de cailloux. Le mur terminal de la nef et Ie mur latéral du décrochement droit ont été implantés dans un remblai préexistant qui avait recou-vert le fossé, dans le profil A-B (Pl. 1).

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Fig. 9. Profil transversal a-b. - 2: mur de chaînage de l'édifice roman; 3: mur

gouttereau et mur de chaînage de premier édifice religieux.

Le mur gouttereau droit reposait sur Ie sol en place, sauf aux endroits ou celui-ei avait été remanié par les fosses de Ja fin du Ier s., parfois sur une couche d'argile étalée sur des bloes romains de remploi posés sur une couchede remblai grisätre (profil a-b: fig. 2 et 9). Quant à I' emplacement des fosses, il avait été couvert d'une couchede remblai gris surmontée d'une couche d'argile, puis d'un

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TOURNAJ - SAINT-PIA T 27

lit de chaux servantde semelle au mur goottereau (PL I, profil C-D, entre les points

LO à 15).

Ou mur goottereau à gauche, les couches sur lesqueUes il s'appuyait étaient tellement perturbées que nous n 'avons pu faire que quelques observations confuses relatives à son assiette et à sa construction. Dans la tranchée B 1, par exemple, notre profil E-F (Pl. II) montre qu'il repose, à la cote 18,80, sur une couchede tuileaux et de bloes de mortier d'époque romaine constituant la surface d'un remblai grisätre dont la base n'a pas été atteinte. A la différence du mur de façade dans le profil A-B (PL I), le mur goottereau gauche n 'est pas supporté à la cote 18 par Iepavement de la grande pièce d'époque romaine dégagée dans les tranchées B 1 et B 2 (Pl. II). Sans doute la couchede démolition et de remblai Ie recouvrant a-t-elle paru assez stabie au x constructeurs pour qu 'ils se contentent de la recouvrir d'argile par endroits afin d'y asseoir un des murs principaux de l'édifice.

Les murs de chaînage longitudinaux et les piliers reposent sur des bases plus ferm es, surtout dans la tranchée B 2 (profil G-H, PL II), ou le sol en place se situe à un niveau beaucoup plus bas (cote 18) que dans la tranchée A 1 (profil A-B, PL I, cote 19,20). C'est ainsi qu'une coupe transversalefaiteau point 8 nous montre, sous le mur de chaînage recouvert par Ie pavement, une première semelle d'argile tassée au-dessus d'un remblai a vee remploi de moelloos et de tuileaux posé sur une grande dalle reposant elle-même sur un remblai grisätre (PL II, profil G-H). Le troisième pilier gauche détruit en grande partie par l'établissement d'un conduit de chauffage au début du 20e s. repose sur des bloes empilés dans du remblai, surune hauteur de 0,70 m, au départ du pavement du grand bätiment d'époque romaine et de sa recharge, dont l'épaisseur totale est elle aussi de 0,70 m. Le mur de chaînage droit recoupé au point 14,50 apparaît sous lepavement qui le recouvrait comme un amas de moelloos avec quelques tuileaux reposant sur une base d'argile étalée au-dessus d'une couche brunätre posée sur le remblai d'une des fosses utilisées à la fin du Ier s. (profil a-b, fig. 9).

Le matériau employé pour les murs est la pierre de Toumai ainsi que des tuileaux de remploi, surtout dans les murs gouttereaux. Le liant est un mortier de teinte mastic avec des conglomérats de chaux pure et, en fondation, dans les murs gouttereaux et dans ceux de !'abside de l'argile, jaune à forte teneur de sable.

Les nefs

D'une largeur hors tout de 13,70 met d'une longueur hors tout de 13,20 m, !'ensemble des nefs offre un plan presque carré, les murs de façade et le mur terminal reposant sur de solides et profondes fondations (profils A-B et G-H, PL I et II). Des murs gouttereaux n 'avaient subsisté que quelques moelloos disposés dans des lits d'argile, surtout dans la tranchée A 2 ou ils reposaient sur l'argile en place à la cote 18,40.

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28 TOURNAI- SAINT-PlAT

façade, renforcé à l'intérieur d'une banquette de 0,30m d'épaisseur posée sur le

pavement et rappliquée contre un premier enduit; ca. 1 m pour les murs goutte

-reaux et 1,20 m pour les tronçons de murs entre les nefs et l' abside.

D'une largeur de 2 m, chacun des collatéraux était séparé de la nef centrale, d'une largeurde 5,30 m, parune rangée de trois piliers de plan carré reposant surun mur de chaînage de 1 ,20 m de largeur.

La di stanceentrele mur de façade et le centre du premier pilier comme entrele centre du deuxième pilier et Ie mur du chreur était de 3, 75 m. Les di stancesentrele

centre. de chacun des trois piliers étaient aussi les mêmes: 2,30 m.

De 1 m de cöté à ]'origine, les piliers étaient recouverts d'un enduit de même teinte que le pavement, avec lequel il faisait corps, puis i1s avaient été pourvus au tour de leur base d'une banquette de 0,30 m de largeur et de 0,25 m de hauteur sur deux, parfois trois de leurs cötés. Ces ajouts étaient posés sur Ie pavement, appliqués cöntre l'enduit origine! et, à leur tour, recouverts d'un enduit de même teinte. Seulle pilier médian, entre la nef centrale et Ie collatéral gauche, a pu être bien observé. A sa base, banquette comprise, il mesurait 1,60 m de cöté; face à la nef centrale, la banquette formée de deux assises de moellans et posée directement sur Iepavement reposait en hors plomb par rapport au mur de chaînage. Fort abimé par la pose du chauffage central, Ie troisième pilier de cette rangée mesurait lui 1,40 m de cöté de même que le premier qui n 'était flanqué que d'une seule banquette, face à la nef.

C' est en cours de construction de 1 'ouvrage qu 'ii fut procédé à ces

remanie-ments au tour des pilierset contre leparement intérieur du mur de façade: leur faible hauteur tout autant que la fantaisie à laquelle semble avoir été soumise leur distribution ne nous autorisent pas à considérer qu'ils remplissaient une fonction architecturale ou rituelle. Lors de l'aménagement de l'édifice de la seconde période, ces banquettes ont été surélevées. Nous l'avons constaté au pilier médian de la rangée gauche: Iepavement rosätre de I 'édifice de la seconde période vient buter contre les banquettes primitives pour se prolanger verticalement.

Lepavement des nefs de l'édifice de la première période était soigneusement fait d'un radier d'éclats de pierres de Tournai disposés en oblique, de 0,10 à 0,15 m d'épaisseur recouvert d'une couche de béton de teinte mastic de 0,02 à 0,03 m d'épaisseur, la surface peinte d'un beau barligeon de eauleur ocre foncé.

Dans la nef centrale, à égale distance entre les piliers médians, Ie pavement était interrompu sur une aire circulaire de 0.85 m de diarnètre recouverte de gros bloes de pierre calcaire qui avait servi de base à un stipe au fût revêtu du même enduit que les piliers. Cette construction, rasée lors de la pose du pavement de

l'édifice de la seconde période, a peut-être fait partie d'un ambon comme celui de

I' église paléo-chrétienne de Boppard (18 ).

18 H. EIDEN, Militärbad und frühchristlicheKirche in Boppardam Rhein,Ausgrabungen in

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Fig. 10. Plan des tranchées et coupes.

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Le mur entre les nefs et l'abside, interrompu pour ménager entre celle-ci et la nef centrale une entrée de 4,10 m de lafgeur, était lui aussirecouvert d'un enduit suf son parement face aux nefs et sur chacune de ses extrémités. Construit sur Ie pavement, un muret de 0,32 m de largeur et conservé suf une hauteur de 0,25 m avec enduit face aux nefs occupait l'espace entre les bras du mur qui vient d'être décrit (fig. 10 et 11). Comme dans l'espace formé par Ie décrochement gauche un

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moreeau de pavement en place a été dégagé à la co te 19,85, soit à 0,25 m plus haut que Iepavement de la nef, on peut supposer que ce muret était une marche placée entre Ie vaisseau principal et les décrochements latéraux.

Sous cette marche, parallèlement à celie-ei et immédiatement sous Ie pave-ment, furent dégagées des traces d 'un mur de fandation de 0,35 m de largeur et d' au moins 0,60 m de profondeur, implanté dans Ie remblai romain. Cette fandation au-dessus de laquelle la marche formait un ressaut de 0,22 m était-elle prévue pour supporterun cancel entre la nef centrale et les décrochements ou jouait-elle plutot Ie röle d 'un mur de chaînage? La pose du pavement de I' édifice de la seconde période ayant arraché les assises supérieures de la marche et Ie pavement y jouxtant, il ne nous fut pas possible d'observer les traces qu'un cancel aurait laissées.

A la distance de 1 ,80 m à 1'0. de ces deux murs, dans la nef centrale, sous Ie pavement, Ie cöté mesurant 1 ,20 m d' un massif en maçonnerie à mortier gris jaunätre, désaxé de 15° fut mis au jour sur une profandeur de 0,50 m (fig. 11). La direction du chantier nous refusa I' autorisation de dégager ce document sur tout son pourtour, décision d'autant plus regrettable que la fouille de ce massif, placé dans Ie remblai rapporté postérieur aux destructions d'époque romaine, nous eût peut-être permis d'en établir la destination et la chronologie re1ative.

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32 TOURNAI- SALNT-PlAT Les décrochements latéraux

Les deux édicules en angle droit dont les bras mesuraient respectivement 2 m et 1 m (appelés << décrochements latéraux ,, dans ce rapport) sur lesquels I' abside était entée, ne faisaient qu'un avec celle-ci_ Nos observations n'ont pu porter que sur Ie décrochement latéral gauche. Ses murs aux moellans irréguliers joints à l'argile sant liés au mur de I' abside et de la nef et ils ont la même profandeur (fig.

12). Le moreeau depavement dégagé à l'intérieur se trouvaità 0,25 m plus hautque

Ie niveau du pavement de la nef centrale: on y avait accès gräce à la marche entre la nef céntrale et !'abside, ce qui veut dire que ces réduits latéraux faisaient partie du chreur et étaient réservés à l'usage du clergé. Le temps nous fut refusé pour observer s'ils étaient séparés de !'abside par une porte, comme c'est Ie casdans certaines basiliques paléo-chrétiennes du 4e s. à trois nefs et chambres latérales ou

diaconica (19).

L'abside

D'une profandeur assez inhabituelle de 3,60 m par rapport à sa largeur de 3 m (mesures dans l'reuvre), !'abside s'inscrit dans des murs de 1 m d'épaisseur, abîmés par endroits par des sépultures médiévales (fig. 13). Les fondations dont la baserepose à la co te 18,70 sant profondes de 1 ,90 m. La maçonnerie en appareil négligé, avec fruitsou hors plomb tant à l'extérieur qu'à l'intérieur, est constituée de lits de moellans irréguliers (fig. 14). Les assises Jes plus profan des n 'ont aucun lien mais au dessus, sur une hauteur de 0,80 m, les moellons, comme ceux des murs gouttereaux, sant joints à I' argile; les trois assises supérieures sant noyées dans les retombées de mortier rosätre coulé là lors de l'établissement du pavement de l'édifice de la seconde période.

A l'extérieur, Je chevet était implanté dans une couche d'argile claire de consistance sableuse que nous eûmes I' occasion de recouper à deux reprises, entre Ie mur d' abside de I' édifice de la première période et Ie mur de chaînage de I' édifice de Ja seconde période, à la co te 18,80 (profil m-n, fig. 16), au elle était recouverte d'une couchede 0,20 m d'épaisseur d'éclats de pierre, de bloes de torchis et de tuileaux surmontée d'un remblai brun très dur sur une hauteur de 0,80 m qui avait servide support au pavement de l'édifice de la seconde période, puis à la co te 19,20

ou elle avait été entamée par une fosse renfermant du remblai d'époque romaine. Une mince couchede déblai recouvrait la couche d'argile et la fosse. Au-dessus de tout, sur une hauteur de 0,60 m, se trouvait la même couchede remblai brun et dur renfermant des sépultures et ayant servi de support à l'édifice de la seconde période. Chronologiquement ces couches extérieures à I' abside lui sant antérieures vu que I' argile lui servant de liant était appliquée contre elles.

19 S.SH. FRERE, The Sikhester Church: The Excavation by Sir Jan Richmond in 1961, Archaeologia or Miscellaneous Tracts relating to Antiquity (Society of Antiquaries of

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TOURNAJ- SAINT-P!AT 33

Fig. 13. Plan de !'abside (d'après Ie relevé de G. De Boe).

A I 'intérieur de I' abside, la disposition des couches de remblai était différente. Mis à part un segment de 2,40 m decorde et de 0,85 m de flèche dans la partie orientale du chevet, l'argile en place n'a été nullepart retrouvée. Signalans que ce segment a été perturbé au Bas-Empire par la pose au rnains d'une sépulture. Dans ses couches les plus profondes, le fond de !'abside était formé du fossé d'écoule-ment et de son remblai d'alluvions avec ossed'écoule-ments d'animaux et gros moellans affleurant à la co te 19. On y a recueilli quelques tessons (T 70 SP 170) de la fin du Ier et de la première moitié du 2e s. et des écailles de moules. I! était surmonté de deux couches de remblai gris de 0,40 m d'épaisseur renfermant de rares tuileaux très menus, des écailles de moules et de cardiums. Ces couches servaient de base à un cailloutis de ca. 0,30 m d'épaisseur, sa partie supérieure constituée de pierres, de tuileaux, de conglomérats de torchis et de mortier, sa partie inférieure unique-ment de cailloux fineunique-ment concassés (coupe h-g, fig. 10 et 15).

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34 TOURNAI - SAINT-P!A T

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Fig. 15. Coupe transversale dans l'entrée de !'abside (relevé G. De Boe).

Le cailloutis que les sépultures n° 4 et 6 avaient entaillé était à son tour surrnonté d'un remblai brun d'une épaisseur de 0,60 m jusqu'à l'assiette du pavement de I' édifice de la seconde période. Cette couche moins dure que les couches semblables mises au jour en dehors de I' abside renferrnait elle aussi des sépultures, certaines, les n° 1 et 5, entourées de moellons grossiers formant caveaux posés sur Ie cailloutis, d'autres, dans des cercueils en bois surtout concen-trées à l'entrée de !'abside et réparties sur trois niveaux des cotes 19,75 à 19,05. Sauf les tombes décrites en annexe, elles étaient dépourvues de mobilier. La pose du pavement de l'édifice de la seconde période en avait perturbé plusieurs.

Chronologie relative

La chronologie du cailloutis par rapport au caveau central d'une part, à !'abside d'autre part constitue un élément capita! que nous ne pouvons escamoter, malgré !'absence de toute tranchée de fandation des murs aussi bien à l'extérieur qu 'à l'intérieur. Le tronçon de canalisation qui est Ie document architectmal Ie plus ancien découvert dans !'abside est susceptible de nous aider dans i'établisse-ment d 'une chronologie relative. I! a été entaillé par Ie grand caveau, puis recouvert du cailloutis, puis entaillé une seconde fois par Ie mur de !'abside contre Ie parement intérieur duquel il pose. Au niveau du cailloutis, nous avons remarqué une mince coulée d'argile jaune contre Ie parement intérieur du mur de !'abside.

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Nous reconnaissons bien volontiers que c'est là un faible indice pour affirmer que !'abside est postérieure au cailloutis donc au caveau, d'autant qu'à l'extérieur dans la seule coupe que nous ayons pu faire, nous n'avons retrouvé aucune trace de ce cailloutis ni de la canalisation. 11 est par ailleurs intéressant de constater que Ie cailloutis n'a pas recouvert toute la surface de !'abside et n'a entouré Ie grand caveau que sur trois de ses cötés. Cela nous paraît suffisant pour émettre l'hy-pothèse que Ie cailloutis et Ie grand caveau auraient pu s'inscrire dans une chapelle ou oratoire antérieur à l'édifice de la première période.

Un second problème de chronologie relative est cel ui posé par la datation des sépultures mérovingiennes à l'intérieur de l'abside, Ja construction et la durée d'utilisation de la basilique. H. Roosens démontrera en annexe que Jes bijoux, verrerie et céramique les plus anciens sant de ca. 500, que la céramique la plus récente, sans contexte, est de ca. 650. A part les sépultures du Bas-Empire recoupées par Ie chevet de l'abside, toutes les autres sépultures à inhumation s'inscrivent dans celle-ci, ou elles sant concentrées sur l'aire occupée par Ie cailloutis. La durée des inhumations à l'intérieur de l'abside peut donc être estimée à 150 ans. C'est sans doute alors, lorsque tous les emplacements furent occupés, que I' on procéda à des enfouissements à I' extérieur du chevet, à rnains qu 'on y ait inhumé, au cours de ce Iaps de temps, des persannages d'une classe sociale rnains élevée(2°). Le plan et les dimensions de la première basilique sous Saint-Piat, étudiés plus loin, ne sant pas postérieurs au début du 6e s. Pour nous, il s'agit bien là d'une église cimétériale réservée à !'aristocratie toumaisienne, par ex. les comtes francs proches de l'entaurage de Clavis et de ses successeurs.

La petite nécropole qui se prolongeait endehors de !'abside, au S.E. de son chevet, comprenait deux et parfois trois niveau x de sépultures sans mobilier, la plupart bouleversées et recoupées par Ie mur transversal de I' abside de l'édifice de la seconde période (fig. 16). Elles avaient été établies dans la couche brun foncé, de la cote 19,75 à la cote 19,05. Elles étaient orientées N.O.-S.E., la tête au N.O., sauf Ie n° 29 disposé en tête-bêche. Les tombes n° 25, 27 et 28, entre Ie chevet de l'édifice de la première période et la banquette collée contre Ie mur transversal de l'abside de l'édifice de la seconde période, ainsi que la tombe n° 31, au fond constitué d'un léger cailloutis, sant postérieures, c'est-à-dire qu'elles ont été creusées après la construction de l'église romane.

20 Rappelons: a) qu 'elles sont concentrées au-dessus du cailloutis; b) que le remblai brun

et dur rencontré à l'entrée de !'abside et au S.E. de son chevet a été amené pour servir d' assiette au pavement et que, s' il est d 'une composition différente des couches destinées à jouer le même röle dans les nefs, c'est qu'il avait sans doute été prévu pour servir de terre pour des enfouissements.

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38 TOURNAI- SAINT-PIAT

ÉDIFICE RELIGIEUX DE LA SECONDE PÉRIODE

L'édifice religieux de la première période a fait place, au Haut-Moyen Age

encore, à une basilique beaucoup plus longue, de plan << barlong >> (PL lil). Au

rnains de u x de ses éléments les plus importants nous sont inconnus: son abside,

située sous le maître-autel actuel, son mur de façade qui se dressait au delà du mur

de façade de I' église romaneet dont les vestiges devraient setrouver sous la iue des

Jésuites·. La surface de eet édifice était aisément reconnaissable à son beau

pave-ment de couleur rose clair posé sur un radier de moellons à plat, parfois en épi, noyés dans du mortier blanc, le toutépais de 0,20 m. Dans les nefs de l'édifice de la première période une couchede terre noire de 0,10 m d'épaisseur avait été étalée sur le premier pavement en prévision de la pose du second. Du premier édifice furent préservés les murs gouttereaux, les murs de chaînage et les piliers qui furent remployés après avoir été couverts d'un enduit de même couleur que le nouveau pavement: la seconde basilique avait donc une même largeur, 13,70 m hors tout_ Par contre les réduits latéraux de 1' abside primiti ve furent rasés puis recouverts du pavement rose. Ces travaux perturbèrent les niveaux supérieurs des inhumations dans l'abside primitive bien que les ossements eussent été recueillis avec soin et regroupés en petits ossuaires. La longueur du nouveau vaisseau (hors abside) était d'au moins 25 m gräce à l'ajout de quatre travées, deux au N.O., deux au S.E.

Les seuls murs mis au jour sont les suivants:

a) Dans le prolongement du mur de chaînage de 1' édifice de la première période, à gauche, deux tronçons de murs de chaînage très profonds supportant les nouveaux piliers, l'un au N.O., de 1 m de largeur, rappliqué contrele mur de façade du premier édifice, avec empattement de 0,15 m, en moellons réguliers de 0,10 m sur 0,30 m liés au mortier blanc mastic, sa crête recouverte du pavement rosätre supportant la base d'un piliercarré de 0,75 m de cöté appliqué contre Ie parement extérieur du mur de façade de la première basilique, 1' autre au S .E. rappliqué contre lebras du décrochement gauche de l'édifice de la première période. Il a une largeur de 0, 70 m jusqu' au coude formé par Ie mur du décrochement de I' édifice de la première période, puis de 1,25 m de eet endroit à sa jonction a vee le mur de chaînage transversal (fig. 10 et 17). Un pilier de 1,20 m de cöté, un peu en hors

plomb par rapport à ce mur, se trouve dans l'angle formé parlebras du

décroche-ment et Ie départ de l'abside de l'édifice de la première période.

b) Le mur gouttereau gauche de I' édifice de la première période a été prolongé par un mur de 1 m de large flanqué à l'extérieur de contreforts de 0,25 m d'épaisseur

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TOURNAI- SAINT-PIAT 39

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Fig_ 17. Coupes à travers les murs des édifices de la première - 3 - et de la seconde - 1 - périodes et de l'église romane - 2 - .

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40 TOURNA!- SAJNT-PIAT

c) La partie centrale du murde chaînage transversal à l'entrée de la nouvelle abside bien appareillé avec mortier clair, de 0,85 m de largeur, précédé d'un muret de 0,40 m de largeur érigé sur sa tranchée de fondation. Ce muret rappliqué se divise en deux bras aux parements extérieurs et aux cötés revêtus d'un enduit de même composition que le pavement auquel il est lié, avec entre eux un intervalle de l,lOm. Ce muret interrompu constitue la marche d'accès au pavement de la nouvelle abside surélevé par rapport à cel ui des nefs. L'espace entre les deux bras à l'entrée. du chcxur, perturbé par des sépultures postérieures, pourrait avoir servi d'emplacement à un objet cultuel, un Jutrio par exemple.

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ESSAI D'INTERPRÉT A TION

Si nous admettons que les inhumations au-dessus du cailloutis sont posté-rieures à !'abside, la chronologie des rares objets recueillis dans ce contexte nous autorise à placer la construction de l'édifice religieux de la première période au début du 6e s. au plus tard. C'est I 'époque ou Clovis, récemrnent convertiet baptisé en 498, a confié l'administration de Toumai à Eleuthère(21) considéré comrne Ie premier évêque de Toumai et comrne Ie constructeur de Ja première église de la cité, dans Ie premier quart du 6e s.: ne lui attribue-t-on pas Ja transformation en église palatiale d'un oratoire érigé par saint Piat, à !'emplacement de la cathédra-le(22)?

Les fouilles entreprises en 1932 dans Ie croisillon gauche de la cathédrale, celles de 1943 dans l'église Notre-Dame qui, au 16e s. en avait flanqué la basse-nef gauche et occupé Ie cloître, n'ont rencontré que des couches de remblai d'époque romaine(23 ). Donc si saint Piat a érigé un oratoire qui fut transformé en église palatiale par saint Eleuthère, ce n'est pas à !'emplacement de la cathédrale ou les fouilles entreprises sur une surface restrein te, il est vrai, n' on trien livré de tel. 11 est par ailleurs difficile d'imaginer qu'en plein siècle de persécutions religieuses saint Piat aurait reçu l'autorisation de construire un oratoire au creur du castrum. Cette construction n'a pu être édifiée que extra muros. Nous n'oserions pourtant nous engager à attribuer à eet oratoire primitif les traces du plancher antérieur au pavement de l'édifice de la première période, apparentes dans nos profils A 1 et

B 2.

Quoi qu'il en soit, à l'époque ou Clovis avait remis aux rnains de saint Eleuthère les rênes de la cité, un premier édifice religieux en pierre a été érigé dans un site du Haut-Empire abandonné et détruit mais sur lequel, entre Ie début du Bas-Empire et la période mérovingienne, s'élevait un édicule à destination funé-raire.

La datation de ce premier oratoire sous Saint-Piat est solidement établie par !'étude formant la seconde partie de eet ouvrage.

11 nous fa ut i ei aborder un problème difficile, cel ui du plan et de la structure de l'édifice. Les églises construites dès Ie 4e s. sous les règnes de Constantin et de ses successeurs ont un plan stéréotypé issu de la basilique civile romaine: vaisseau reetangulaire avec ou sans porche, abside voûtée. Certaines ont subsisté jusqu'à nos jours, à Rome, à Vienne en Gaule, en Afrique et dans Ie Proche Orient; cellede la Nativité à Bethléem nous est parvenue intacte.

21 Sur la bibliographie relative à saint Eleuthère: M. AMAND, Les Etudes classiques, note 33, p. 318-319.

22 FR. VERCAUTEREN, op. cit., p. 176.

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I I I I 42 TOURNAI- SAINT-P!AT

Maïs ce qui est remarquable dans Ie plan de l'édifice de Toumai, ce sont ses dimensions réduites. C'est pourquoi nous limiterons notre examen à !'étude des basiliques cimétériales ou non dans Ie Nord-Ouest de !'Empire présentant à peu près Ie même format_

Le vaisseau à trois nefs de Toumai présente quelques affinités avec celui de la basilique de Pesch (dans !'enceinte du temple desMatronae Vacallinehae) qui a Ia forme d'un carré de 13,70 m de cöté ma is qui se termine par un chevet plat. On a

déjà mis_ I' accent sur I' influence que cette basilique païenne aurait pu exercer sur les

premières constructions chrétiennes en Rhénanie (24). Nous songeons en premier

lieu à la memoria de Saint-Séverin à Cologne.

Nous ne pouvons pas non plus passer sous silence un groupe de basiliques de petites dimensions dans l'ancienne province de Bretagne: Lydd, Caerwent, Sil-chester. De la première, il subsiste en élévation Ie mur nord de la nef avec trois piliers carrés de quelque 3,50 m de haut supportant des arcades en plein cintre et,

au-dessus, une baie en plein cintre indiquant I'existence d'un clair étage(25 ). Le

plan dressé d'après d'anciennes fouilles nous montre un édifice de petites dimen-sions à trois nefs. précédé d'un porche avec abside à chevet rond. Cet édifice, susceptible de nous donner quelques précisions sur l'élévation de la basilique sous Saint-Piat (nef principale à deux étages, arcs en plein cintre supportés par les piliers, existence éventuelle d'un porche d'accès) est généralement considéré

comme « early basilican building>>.

La basilique de Sikhester date du 4e s. Cette église précédée d'un atrium est elle aussi pourvue de diaconica. A la différence de Toumai, ses chambres latérales dépassent les murs gouttereaux pour former presque un transept; quant au x murs de chaînage, ils ne font qu'un avec ceux de !'abside tandis qu'à Tournai ils s'arrêtent à

la hauteur des réduits latéraux (26).

J.M. C. Toynbee insiste sur la grande sirnilitude entre les basiliques de Lydd et

Sikhester et la basilique du Iers. de la Porte Majeure à Rome(27).

La basilique sous Saint-Piat à Tournai s'intègre donc dans un ensemble d' édifices chrétiens avec abside à chevet rond, vaisseau à trois nefs de plan presque carré (la memoria sous Saint-Séverin à Cologne, les basiliques de Lydd, Caerwent et Sikhester). C'en est sans doute Ie plus récent (Pl. IV).

24 R. ScHULTZE, Basilika. Untersuchungen zur antiken und frühmittelalterlichen

Eau-kunst, Römisch-Gennanische Forschungen, II, 1928, fig. 44 et p. 61 et suiv.

25 Demière publication avec bibliographie de Ja question: E. DuoLEY, C. JACKSON et E.G.M. FLETCHER, The Pre-Conquest Basilica at Lydd, The Joumal of the British ar-chaeological Association, 3d series, XXII, 1959, p. 41-52.

26 S. FRERE, o.c.

27 J.M.C. TOYNBEE, Christianity in Roman Britain, The Joumal ofthe British

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