DECOUVERTE D'UN CIMETIERE DES ye_ Vle SIECLES A VIEUXVILLE
Au printerups 1980, nous avons entrepris une fouille au voisinage immédiat du site qui avait déjà livré, en 1938, !'importante <<trouvaille de Vieuxville>>. En !'absence de renseignements adéquats, celle-ci avait été considérée comme une riche inhumation isolée qui devait d'ailleurs rapidement s'inscrire dans une série d'autres sépultures analogues (cf. H. RoosENS, supra). L'étroite juxtaposition des de u x lieux de découverte impligue qu 'il convient dorénavant de les associer dans le cadre d'une même nécropole.
Une sapinière très dense recouvre actuellement l'emplacement de la tombe anciennement exhumée, cependant que les alentours restent occupés par des pätures. L'une de ces dernières avait récemment fait l'objet d'un pillage intensif, opéré à l'insu des Autorités de la commune de Xhoris, laquelle est propriétaire du secteur abusivement occupé. Le Service national des Fouilles, prévenu (33), devait
s'empresser d'intervenir.
Les dégäts s' avéraient particulièrement importants. Deux spoliateurs qui opéraient à l'aide de détecteurs magnétiques avaient systématiquement abîmé les tombes à mobilier sur une vaste surface. Dans l'état actuel de nos recherches, il est difficile de préciser l'étendue du dommage ainsi que le chiffre des sépultures qui furent détruites. A notre connaissance, il n 'existe aucun relevé ni observation écrite qui vienne atténuer le vandalisme de cette récolte d'objets. Gräce aux interventions énergiques du Bourgmestre, deux lots furent récupérés. Ces pièces ne représen-tent sans doute pas toute la collection frauduleusement exhumée mais elles suffi-sent néanmoins à démontrer la remarquable qualité des dotations funéraires boule-versées ainsi que la perte d'une documentation archéologique de valeur.
Notre fouille a mis au jour quarante-cinq sépultures, concentrées sur une aire d'un peu plus de neuf ares. L'exploration de deux autres ares, dépourvus de tombes, laisse supposer que la limite occidentale de la nécropole serait atteinte.
Sur 1' ensemble des tombes découvertes, trente-trois se trouvaient diversement abîmées: vingt d' entre elles étaient complètement vidées de leur mobilier, cepen-dant que les treize autres contenaient encore l'un ou l'autre objet. Nous avons heureusement pu trouver une douzaine de tombes intactes, au nombre desqueUes figuraient seulement deux inhumations stériles.
Le plan du secteur examiné du cimetière révèle une juxtaposition de deux groupes de sépultures qui se différencient très nettement par leur äge autant que leur structure.
L'un de ces ensembles compte une trentaine de tombes qui sont caractérisées par une implantation nord-nord-ouest à sud-sud-est. A une exception près, le
33 Nous remercions de son initiative Monsieur Albert Barentsen, Conservateur des ruines
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chevet est taujours septentrional. Les dimensions de ces fosses s'avèrent peu importantes, avec une longueurd'environ 2 m pourune largeurmoyenne de 0,70 à 0,90 m. Faiblementenfouies en terre libre, elles s'enfancent de0,20 à0,40 m sous Ie niveau actuel. Du matériel représentatif du ye siècle composait les mobiliers funéraires des quelques inhumations non pillées de ce groupe.
Les autres sépultures sont concentrées sur Ie secteur occidental du cimetière dont elles semblent délimiter la terminaison. Elles tendent vers une orientation rnieux accusée et leur chevet est régulièrement situé au nord-ouest. Toutes les fosses se révèlent particulièrement vastes. Leur longueur s'établit entre 2,50 et 3 m et leur largeur excède souvent Ie mètre et demi. Nonobstant l'existence d'un sous-sol composé d'une roche calcaire très dense et compacte, elles sont profon-dément installées, avec une moyenne de 0,50 à 0,80 m sous l'humus (fig. 25). La présence d'objets principalement caractéristiques du Vle siècle définit ce groupe-ment de grandes tombes.
Fig. 25. Une sépulture du VI• siècle.
Dans Ie matériel jusqu'ici récolté à Vieuxville, la vaisselle apparaît fort abondante.
Les formes les plus anciennes de poteries sont illustrées principalement par desplatset des bols. Plusieurs exemplairesportentune ornementation à la rnalette
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Fig. 27. A. - Coupe décorée d'émail blanc. Ech. 1/1.
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ou l'identification de motifs chrétiens est assurée. Ces récipients sont, pour la plupart, constitués d'une terre sigillée de très médiocre qualité et il s'y ajoute les mauvaises conditions de conservation, dues à leur enfouissement réduit. Quelques vases biconiques larges complètent }'ensemble des terres cuites. Toute cette production accuse une évolution bien définie.
La verretie (fig. 26 et 27 A) qui se montre également très largement représen-tée offre des formes relativement peu variées. Des cornets, souvent apodes, et des écuelles ou coupes y sont fréquents. Ces dernières sont ornées de motifs composés de filaments d'émail blanc et de grands cornets portent des applications de filets de páte de verre. Quelques gobelets campaniformes sont caractérisés par leur sil-houette trapue et l'utilisation d'un verre incolore et remarquablement mince.
Dans l'armement, les francisques témoignent d'une large illustration, autant d'ailleurs que les flèches, donton observe souvent Ie dépöt par paires. Une tombe de chef rassemblait une riche panoplie, composée de l'épée, umbo de bouclier, lance et flèches, ainsi que francisque.
Quelques garnitures de ceinturon de types variés sont également réunies. Une épaisse boucle de bronze, nantie d'un ardillon droit, s'articule sur une plaque réniforme et cette dernière s'orne d'un bandeau gravé. Deux parures également en bronze associent à une boucle ornée de têtes de fauve et pourvue d'une étroite plaque mobile, une terminaison de lanière garnie d'un renfiernent tubulaire ainsi que de petits disques estampés (fig. 27B). Par ailleurs, une plaque-boude damas-quinée du ye siècle fut recueillie dans une tombe partiellement pillée. Le décor est incrusté de larges filets d'argent et il représente des ocelles radiés, encadrés d'un sernis de points. 11 est exceptionnellement bien conservé.
Dans les tombes de femme, Ie bracelet de bronze semble constituer un bijou commun.
La petite zone jusqu'ici explorée du cimetière de Vieuxville nous met en présence d'une succession chronologique ou les ye et Vle siècles sont très précisé-ment concernés. L'ancienne trouvaille qui avait été datée dans la première moitié du ye siècle (Arch. Belg. 34, 347) s'intègre bien dans eet ensemble.
Les fouilles seront poursuivies sur Ie site pillé, aux fins de relever un plan de la nécropole. Elles seront également étendues aux parcelles voisines qui furent préservées des dégradations et, de ce fait, s' avèrent susceptibles de fournir un utile complément à la documentation actuellement rassemblée.
