BATIMENT PUBLIC D'EPOQUE ROMAINE A TOURNAI
La démolition de l'ancien hotel de Cordes, section F, parcelle 331h du cadastre, au coin de la rue de l'Höpital Notre-Dame et de la rue de la Cordonnerie à Tournai, présentait un intérêt eertaio pour l'archéologie locale. Ce site au centre du Tournai romain, en bordure de la voie décumane, est proche d'un hypocauste, à la place P.E. Janson, et d'un édicule circulaire avec traces de canalisation, à la rue du Curé Notre-Dame (fig. 9). Par ailleurs, mis à part les travaux de 1941 au pied du mur de la première enceinte communale à la rue du Cygne et ceux de 1974 à la rue du Curé Notre-Dame, aucune recherche systématique n'avaitjamais été entreprise dans ce quartier N.O. de l'agglomération romaine.
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Fig. 9. Carte de situation du bätiment et des vestiges avoisinants.
C'est pourquoi le S.N.F. sollicita et obtint du promoteur l'autorisation de procéder à des sondages en vue de fouilles éventuelles. Les travaux se déroulèrent en deux phases, la première du 5 janvier au 15 mars 1980, la seconde du 1er septembre au 15 octobre 1980.
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Nous adressans nos remerciements à MM. Fournier, auteur du projet, et Lefèvre, promoteur, au Collège des Bourgmestre et Echevins de la ville de Tournai, tout spécialement à M. Raoul Van Spitael, sénateur-bourgmestre de Tournai, à M.A. Willocq, échevin de l'aménagement, à M. Lézy, ingénieur de la ville, et surtout à feu Ph. Pierson dont l'aide nous fut si précieuse pour l'établisse-ment du plan et des niveaux.
A partune cour de 13 m de cöté, une bande de 2,75 m de largeur Ie long de la rue de la Cordonnerie et une plagede 2 m de largeur le long du pignon de la maison de la parcelle 333 g, tout !'emplacement de l'hötel de Cordes a été excavé par 1' entreprise << Socorin >> sur une profandeur de 1 , 7 5 m à partir du niveau de la rue. Nous avons creusé nos tranchées jusqu'à la profandeur de 3 m ou nous avons rencontré une nappe aquifère. Nos sondages ont couvert presque toute la surface accessible, sauf les secteurs trop fortement et profondément perturbés par la construction de citernes ou de puits d'époque moderne.
Aux vestiges des bätiments d'époque romaine recouverts d'une couche de remblai constituée de terre noirätre et grasse avec de nombreux tuileaux et moel-lans, s'étaient superposés des murs de l'ancien Höpital Notre-Dame.
Les ailes étaient séparées de la pièce centrale par des murs de 1.05 m d'épaisseur, empattement compris, dont les tronçons ont été suivis sur une lon-gueur de 2,10 m. Aucune trace de pavement ni de dallage n'a été retrouvée à l'intérieur des ailes.
L'examen du profil pris dans la tranchée IV montre qu'un des soucis des constructeurs fut de mettre les pièces occupées à I'abri de l'humidité du sous-sol: chape constituée de deux couches de bloes immergés et de sable « stabilisé >>,
chacune d'elles recouverte d'un lit de mortier.
A 4,76 m au N.E. du seuil, un tronçon de murd'une largeurde 0,80 m ayant conservé deux assises en élévation a été recoupé dans la tranchée lil. Il était construit en moellons de 0,08 sur 0, 14 à 0,20 m bi en appareillés et liés au mortier rose; il reposait sur un empattement de moellons de 0,08 sur 0,32 à 0,48 m servant d'assise à un pavement assez grossier en mortier rosätre perturbé, dans la tranchée VI à 0,40 m du devant du seuil. Sur une hauteur de 1 m, le mur était supporté par des couches alternées de moellons et de béton, le pavement par un radier en moellons disposés en épi, sur une couchede terre jaunätre étalée au-dessus d'une mince couche de mortier friable surmontant deux couches de bloes informes de 0,30 m d 'épaisseur a vee sable et chaux dans les interstices qui s' arrêtaient contre le mur supportant le seuil. L'infrastructure du pavement nous autorise à dire que les deux bätiments sont contemporains: en effet, si le seuil avait été postérieur à
I' ensemble mis au jour dans les tranchées lil et VI, on aurait constaté la présence d'une tranchée de fandation qui aurait détruit la couche inférieure de mortier et le double lit de bloes.
Dans la tranchée VIII fut dégagé un dallage en pen te vers les parcelles 333g et 332f. Il était fait de dalles de 0,15 m d 'épaisseur disposées régulièrement, certaines
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mesurantjusqu'à 2 m de longueur et 0,50 m de largeur. Elles reposaient sur une couchede sable avec quelques pierrailles, épaisse de 0,20 m. Les joints entre les dalles étaient remplis de mortier rose friable et de briquaillons. Le niveau ou a été retrouvé ce dallage est de 0,80 m plus bas que celui des pavements en béton rose des tranchées IV et VI. La lecture du profil sous Ie mur du XVIe s. de la tranchée
VIII montre clairement que Ie dallage a été interrompu par les solides et profondes fondations supportant Ie muren mortier rose. L'aire dallée est donc antérieure à cette construction.
La fouille de la parcelle 331 b a révélé la présence de substructions de trois époques différentes: un mur N .N .E. sous Ie niveau de la nappe aquifère, un dallage, enfin un grand bätiment. Le soin apporté à protéger ses murs et ses pavements de l'humidité, les dimensions de son seuil indiquent qu'il s'agissait d 'une construction d 'utilité publigue- basilique ou temp Ie -longtemps restée en usage comme paraît l'attester l'usure des dalles. 11 ne nous fut pas possible de préciser la destination du dallage dans la tranchée VIII. La fouille du jardin sous lequel il se prolonge permettrait de s'en faire une idée plus précise.
Les traces de I' accupation la plus ancienne ont été repérées dans la tranchée I :
un beau mur orienté N.N.E., de 0,60 m de largeur aux moellans réguliers liés au mortier rose. 11 n' a pu être suivi que sur une longueur de 1,50 m. Le bätiment dont il faisait partie a dû être démantelé dans la seconde moitié du Ier s. comme Ie confirment de rares tessons d'assiettes du type<< pré-claudien >> recueillis lors d'un
sondage sous la nappe aquifère. C'est sans doute l'irruption de cette dernière qui a forcé les accupants à I' abandon et au remblayage de ce premier habitat.
Cette couche de remblai a servi d' assiette à une solide construction dégagée dans la tranchée IV: n'en subistaient qu'une partie de façade orientée N.E., une portion du dallage de la pièce centrale et deux départs de murs séparant cette pièce de ses deux ailes. La plus grande partie du monument avait servide carrière au Moyen Age et l'excavation avait été remplie d'un remblai grisätre, compact et humide.
U n se uil manurnental de 3, 7 5 m de largeur donnait accès à la pièce centrale de 7,15 m de largeur (fig. 10). 11 était constitué de trois dalles épaisses de 0,35 met de longueur inégale (1,43, 1,26 et 1,06 m) reposant sur une couchede mortier rose friable étalée sur la crête d 'un mur de 0, 90 m de largeur a vee empattement intérieur de 0,30 m, en moellans biencalibrés de0,15 sur0,20 à0,30 mliés avec un mortier grisätre. A 0,30 m du devant des dalles, on avait aménagé une ligne de seuil pour servir de battée aux deux vantaux du portail. Les dalles du seuil avaient gardé la trace de cette porte: de part et d'autre, deux emplacements de crapaudines de 0,20 sur 0,20 m, l'une eneare avec son plot en fer, et quatre trous rectangulaires du dispositif de fermeture, deux d'entre eux distants de 0,20 m indiquant la place du trumeau. Le pavement de la pièce centrale était formé de dalles de 0,15 m d'épaisseur posées sur une couchede mortier blanchätre étalée elle-même sur des bloes informes disposés en deux couches de 0,40 m de hauteur et séparées parun lit
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0 ~ ö z 2 ï'i •0 I Q) -o Q) :J a:Fig. 10. Plan des vestiges. 1: murmodeme, au N.O. dallageromain et murdu bätiment Ie plus ancien, 2: mur romain en mortier rose, au S.O. pavement en béton rose grossier, 3 : façade avec seuil de grand bätiment d 'époque romaine et dallage de la pièce centrale.
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de mortier. Les interstices entre les bloes étaient remplis de sable mélangé à de la chaux. Les murs de la pièce centrale étaient recouverts de deux couches
super-posées d 'enduit rose: un témoin était encore conservé dans I' angle à droite de
l'entrée.
