• No results found

Une riche tombe gallo-romaine découverte à Tirlemont

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Share "Une riche tombe gallo-romaine découverte à Tirlemont"

Copied!
45
0
0

Bezig met laden.... (Bekijk nu de volledige tekst)

Hele tekst

(1)

ARCHAEOLOGIA

BELGICA

7

UNE RICHE TOMBE GALLO-ROMAINE

DECOUVERTE A TIRLEMONT

par J. MERTENS

Extrait de L'Antiquité Classique 1952, n° 1

BRUXELLES 1952

(2)

ARCHAEOLOGIA

BELGICA

VIOE

BIBLIOTHEEK

7

UNE RICHE TOMBE GALLO-ROMAINE

DECOUVERTE A TIRLEMONT

par J. MERTENS

Extrait de L'Antiquilé Classique 1952, n° 1

BRUXELLES 1952

(3)

UNE

RIC]IE

rmrnE

GALLO-HOMAINE,

DECOUVERTE A TJ11LEMONT (BELGJQUE)

par Joseph MERTENS

Le 4 août 1951, des ouvriers occupés à l'aménagement d'un égout dans la rue De Brouwer à Tirlemont, trouvèrent, au fond de leur tranchée, un petit coffre en plomb. Un malheureux coup de pioche en révéla Ie contenu : des ossements humains calcinés. Par ordre de la police, la tranchée fut comblée et ce n'est que Ie 16 août que les travaux reprirent, cette fois en présence de M. J. Wauters, archiviste de la ville; outre Ie coffret en plomb (n° 1) (1),

on dégagea alors une série d'objets en bronze (cruche n° 2, patère n° 3, askos n° 4, seau n° 5, bassin n° 6, chandelier n° 8, petits dis-ques n° 9, anse n° 11 et fragments n° 10), en argent (tasse n° 13, étui n° 14), en or (bijoux n° 15), en verre (urne n°8 21 et 22,

bou-teille n° 25), ainsi qu'une petite plaque en pierre polie (n° 29). Averti de cette trouvaille par un simple <<fait-divers>> de journal, annonçant une << découverte macabre à Tirlemonl >>, nous étions venu aux informations. Nous fûmes bien étonné de voir, au local des archives de la Ville, !'ensemble qui vient d'être énuméré et qui constitue un des plus riches mobiliers funéraires de !'époque romaine, trouvés en Belgique au cours des dernières décades. La trouvaille nous parût pourtant incomplète et nous décidàmes de faire une fouille complémentaire. L'autorisation fut immédia-tement accordée et Ia Ville de Tirlemont mit deux hommes à notre disposition (2).

(1) Ces numéros correspondent à ceux de l'Inventaire, pp. 43 sv. Tous les objets font partie des collections du Musée Archéologique de la Ville de Tirlemont.

(2) Je tiens à remercier MM. l'Échevin des Travaux Publics et Ie Secré-taire de la Ville de Tirlemont, et surtout M. J. Wauters, archiviste, pour !'aide qu'ils nous ont donnée au cours de ces travaux.

(4)

40 J. MERTENS

Le 5 et 6 septembre, Ie Service des Fouilles dégagea complè-tement la tombe ; d'intéressantes constatations furent faites et une seconde série d'objets fut mise à jour: fiole en verre (n° 24), plat en verre (n° 23), cruche en terre cuite (n° 28), bassin en bronze (no 7), relief en os (n° 16), et petite boîte en os (n° 17).

*

* *

Le site. - La tombe était située au hameau Avendoren, sous Ie trottoir de la maison n° 10 de la rue De Brouwer, rue qui relie

TIENEN

( Tirlemont}

.1951.

FIG. 1. - PLAN GÉNÉRAL ET COUPE DE LA TOMBE.

1. terrain récent. - 2. remblai de la tombe. - 3. tombe. - 4. argile vierge. - 5. première tranchée de 1951.

(5)

tJNE RtCHE TOMBE GALLO-ROMAINB 41

l'actuelle Chaussée de Louvain à l'ancienne route de Louvain à Tirlemon( au lieu dit Galgeveld, près de la limite des territoires de Tirlemont et de Kumtich, parcelle cadastrale section A 148 x2

(fig. 1). Le terrain a certainement été bouleversé par les con-structions environnantes ; des découvertes occasionnelles y furent faites et cela suggère l'existence probable de sépultures romaines. Non loin de là, on mit à jour les substructions de plusieurs habi-tations, ainsi que des tombes (1).

D'anciens textes parlent de l'existence, dans les parages immé-diats de notre tombe, des tumuli d' A vendoren, situés Ie long d'un embranchement méridional de la route Tirlemont-Louvain, quelque peu en dehors de la porte de Louvain (2). Vu les trouvailles anté-rieures, il est difficile de préciser si nous nous trouvons <levant un de ces tumuli. La chose paraît probable, étant données la date et l'importance du mobilier.

La tombe. - Quoique Ie terrain fut déjà remué par Ie creuse-ment de la première tranchée et l'enlèvecreuse-ment, au moyen d'une sape, de la plupart des objets, il nous fut encore possible de recon-tituer à peu près complètement la construction de la tombe et la disposition du mobilier (figg. 1 et 2).

Le fond de la fosse se trouve à environ 1,82 m sous Ie niveau actuel du sol; pour construire la tombe, on creusa d'abord une tranchée rectangulaire de 2,40 m sur 2,90 m environ, plus ou moins orientée; dans cette fosse on aménagea ensuite une caisse d'en-viron 1,50 sur 2 m, faite · de grosses planches ; les clous ayant été enfoncés par J'extérieur et l'espace entre la paroi de la tombe et celle de la caisse étant trop réduit pour permettre l'emploi d'un marteau, il faut admettre que Ie coffre fut fait d'éléments pré-fabriqués ; les fibres de bois adhérant aux clous indiquent que les planches étaient placées horizontalement ; la concentration des clous sur la verticale démontre en outre que ces parois étaient retenues par des montants en bois. Une couche blanche, presque imperceptible, semble aussi indiquer qu'il y eut un fond en bois. (1) Cfr L'Ant. Class. 8 (1939), pp. 224-225 et 429; E. DEWOLFS, Tienen vóór 872, dans Thiunas 16 (1942), pp. 18-20.

(2) F. DE RIDDER, Historiek der stralen en openbare plaatsen van Tienen, pp. 35 et 47-48; E. DEWOLFS, o. c., p. 18. Ces tumuli sont mentionnés dans les registres des biens de la Table du S. Esprit; en 1511, déjà, il n'en restait plus qu'un seul; au siècle dernier, celui-ci disparut également.

(6)

42 J. MERTENS

r;

27

,--.:~?

··, .. __ .25 24 ;30

TIENEN

.. 1951.

0 ~ --t.

dl

2fcm Jf1erlens.19,1

FIG. 2. - ENSEMBLE DU MOBILIER FUNÉRAIRE. (les numéros correspondent à ceux de l'inventaire).

(7)

UNE RICI-tÈ TOMiJÈ GALLÖ-ROMAtNE

43

Dans cette caisse, on plaça les divers objets formant Ie mobilier funéraire ; Ie tout fut ensuite recouvert d'un couvercle en bois. Du tumulus qui a dû être érigé en eet endroit, il ne reste plus trace. Au cours des siècles, les parois en bois ont cédé, les terres ont rempli Ie coffre et écrasé les objets les plus fragiles ; les débris et les clous du couvercle gisaient au fond de la fosse.

La disposition du mobilier funéraire put être relevée dans la partie méridionale : Ie double bassin en bronze (n° 7), gisait sur Ie flanc, contre la paroi Sud-Est; il était vide et hermétiquement fermé par Ie couvercle ; sur celui-ci, se trouvait Ie petit relief en os (n° 16) ; la cruche n° 28 était restée debout, tandis que la fiole à long col était renversée (n° 24) ; Ie grand plat en verre (n° 23), portant des ossements d'animaux, était complètement pulvérisé ; il était posé sur ce que nous pourrions soupçonner être un petit coffret en bois, contenant une minuscule boîte en os (n° 17) et des pièces décoratives de même matière (n° 20) ; tout près, se trouvaient les fragments d'un petit vase en verre (n° 26).

La disposition du reste du mobilier dut être reconstituée sur les indications des ouvriers: Ie coffret funéraire en plomb (n° 1) était entouré de I'oenochoé (n° 2), de la patère (n° 3) - dans la-quelle gisaient les huit disques en bronze (n° 9) - de l'askos (n° 4), du chandelier (n° 8) et du grand bassin en bronze (n° 6) ; contre la paroi de la tombe, se trouvaient Ie seau (n° 5), !'urne en verre (n° 21), d'autres débris de verre (n° 22) et les objets en or (n° 15) (fig. 2).

Le mobilier funéraire A. - ÛBJET EN PLOMl3

1.-Co/fret /unéraire de forme rectangulaire, de 271 sur 225 mm. et 190 mm de haut (pl. I, 1); formé d'une feuille de plomb laminé de 5 mm d'épaisseur, pliée à angle droit et soudée ; les parois sont droites et Ie fond plat. Une feuille de plomb de la même épaisseur forme Ie couvercle, dont les bords, hauts de 55 mm, sont rabattus et soudés à chaque angle ; dans Ie sens de la Iongueur Ie rebord n'a que 16 mm. Aucune décoration, si ce n'est que Ie couvercle est perforé de cinq ouvertures circulaires, ayant un diamètre de 10 mm et disposées en forme de croix; dans Ie sens de la largeur, une des faces du coffre et du couvercle porte deux croix, incisées

(8)

44

J. MERTÈNS

négligeamment (1). Le couvercle s'à.dapte parfaitement au coffret. Métal : plomb pur, dont la surface est transformée en carbonate (2). Le coffret était rempli d'ossements calcinés jusqu'à un degré peu avancé (3); !'examen anthropologique (4) a démontré qu'il s'agit des restes d'une femme adulte, d'environ 30 à 35 ans. Dans le coffret se. trouvaient, outre les ossements, une monnaie en bronze (n° 12), deux épingles à cheveux en os (n° 19) et une petite boîte, en os (n° 18).

B. - ÛBJETS EN BRONZE

2. - Oenochoé (fig. 3 et pl. I, 2), à panse basse et développée avec large goulot à orifice trèflé ; hauteur 157 mm ; diamètre du fond : 82 mm. Épaisseur de la paroi : de 0,8 à 0,9 mm; au bord de 3 à 4 mm. L'anse manque mais on voit nettement la place des soudures qui la fixaient : trois traces se trouvent sur la lèvre, vers l'intérieur du goulot, sur une largeur totale de 36 mm ; sur la panse même, la soudure a une forme triangulaire, large de 40 mm et haute de 39 mm. Le métal, un bronze riche en étain (5),

est très bien conservé : surface quelque peu oxydée à la panse, avec patine locale bleu-verdätre; la décoration est très sobre et consiste en une moulure entre deux filets à la naissance du col et trois lignes gravées autour de la base ; le fond se compose d'un anneau de base légèrement en relief, large de 11 mm, et de trois bandes concentriques.

Comme indiqué plus haut, l'oenochoé se trouvait près de la patère (6). Ce type de vase au profil traditionnel - Radnoti,

(1) Croix identiques sur un coffret en plomb de 25 x 27 X 22 cm, trouvé à Mayence; celui-ci portait également une inscription funéraire gravée: Mainz. Zts. 8/9 (1913/14), p. 28 avec fig.

(2) Rapport ACL, 1 = Rapport du Laboratoire Centra/ des Musées beige~,

D. I. 800, n° 1 ; je remercie M. Coremans, Directeur du Laboratoire, ainsi que M11Goorieckx, MM. Sneyers et Lefève, qui ont bien voulu examiner toutes

les pièces provenant de la trouvaille de Tirlemont.

(3) Ils n'étaient pas disposés dans leur ordre anatomique comme cela a paru être Ie cas à Penteville: Ann. Soc. Arch. Namur 41 (1934/45), p. 9.

(4) Effectué par Ie Dr. Twiesselmann, Professeur à l'Université libre de Bruxelles, que je tiens à rcmercier vivement.

(5) Rapport ACL, 2.

(6) A Penteville elle était placée sur la patère: Ann. Soc. Arch. Namur 41

(9)

1. - COFFRET EN PLOMB (No 1).

(10)

- - - -.-·

PLANCHE II

(11)

tJNE RICHE TOMBE GALLO-ROMAINE

45

type 72 (1) - se retrouve assez fréquemment dans Ie mobilier funéraire de nos tumuli, ou il forme un service avec la patère ; divers exemplaires proviennent de Tirlemont-Grimde I, Herstal, Vervoz, Fresin, Cortil-Noirmont,

Bois-et-Borsu, Penteville, etc. (2). Dans les autres parties de !'Em-pire on les rencontre également, par exemple en Rhénanie (3), en Angleterre ou en Pannonie : un

exemplaire trouvé à Környe res- --::;=::.---=::_ -=

semble fortement au nötre par Ie

f

~

-==-

~

,r

-profil et la décoration (4) : Radnoti

\

t

;

~

----::i!e i~:~::èr~:u:s

::;~:t~::r:~

C:~~-§~

~-===-rer s. vers les provinces du Nord (5) - - , ; ; , ? ~ ~ -ou du Danube (6) dépend des

circon-stances économiques ; à partir du

ue s. de cruches pareilles sont imi-

""~!!!!1111•+•_--..,

tées dans les ateliers gaulois, qui,

T I EN EN 19 51

contrairement au formes campa- F

3 0 É 2

'IG • . - ENOCHO No :

niennes plus élancées (7), livrent des PROFIL, ET couPE DU FOND (1 :3).

pièces aux profils plus trapus et

plus larges ; comme exemples nous pémrrions citer les oenochoés

-de Tirlemont-Grim-de I (8), Penteville ou Herstal (9) : ces pièces pourraient <later du milieu du ue s. ; Ie galbe plus sévère de notre pièce la situerait vers Ie début du même siècle.

(1) A. RADNOTI, Die römischen Bronzegefässe von Pannonien, 1938 (Diss. Pannonicae, II, 6), pl. XIII, n° 72 et pl. 49; H. VAN DE WEERD, Inleiding tot

de Gallo-romeinsche Archaeologie der Nederlanden, p. 319, type 16 b. (2) Ann. Soc. Arch. Namur, l. c., p. 12; A. DE LOE, Belgique ancienne, III,

p. 91.

(3) A. FREMERSDORF, dans Germania 17 (1933), pl. 22, 1-2. (4) A. RADNOTI, o. c., pl. 49, n° 2a.

(5) Ibid., p. 147, note 18. (6) Ibid., pp. 147-148 et notes.

(7) Par ex. Boscoreale (Mus. Berlin): Arch. Anz., 1900, p. 187; Pompéi: A. MAIURI, La Casa del Menandro, p. 449, fig. 177.

(8) A. DE LoE, Exploration des tumulus de Tirlemont, Ann. Soc. Arch.

Brux. 9 (1895), pp. 419-453, pl. 25, 1.

(12)

46

J. MERTENS

3. - Patère (fig. 4, pl. I, 2; II et III, 1). Celle-ci forme un service avec la pièce précédente; malheureusement il n'en reste que des fragments, la queue, avec sa plaque d'attache, Ie bord et Ie fond. La queue, coulée séparément, se termine en tête de bélier : long. 138 mm ; tige cannelée, avec deux bandes plus larges, dont celle du dessus porte trois cavités, ayant probablement servi à in-cruster un autre métal ou à fixer une décoration en relief (fig. 4). L'intérieur est creux : diamètre : 31 mm. Belle patine verte.

La tête de bélier, massive, est d'un beau modelé ; les détails,

'===' 1::---::::C 1::::-=I

Tl ENEN 1951

FIG. 4. - DÉTAILS DE LA PATÈRE : ANSE (PROFIL ET COUPE), OVES, FOND ( COUPE) ET ATTACHE DE L' ANSE (1 :3).

notamment les cornes, ont été gravés après coup ; la toison est indiquée par des bosses rondes juxtaposées. La tête est séparée du corps par un anneau en forme de calice renversé, composé de deux filets entourant une bande perlée. La soudure de l'anse au corps était ren-forcée par une mince plaque en bronze en forme de queue d'aronde, large de 88 mm et couverte d'une belle pati-ne bleu-vert clair. La dé-coration, gravée à la pointe, consiste en spirales et fleurs stylisées (pl. III, 1 ; fig. 4). Le corps même de la patère, fait d'une mince feuille de métal, n'a presque pas résisté à l'oxydation; seul Ie bord, large de 5 mm. a subsisté; il est extérieurement décoré d'oves gravées (pl. III, 1) (diamètre: 248 mm).

Le plus beau fragment de cette patère est incontestablement Ie fond (diamètre: 125 mm). Le revers, reposant sur un anneau de base large de 9 mm, présente un profil soigné, exécuté au tour. La face, assez usée, est un magnifique médaillon historié ( dia-mètre : 97 mm), entouré d'une bande perlée et d'une frise de pal-mettes, frappées au poinçon (pl. II).

Le motif centra! représente un personnage nu, la jambe droite tendue, la gauche repliée sous lui ; il est assis sur un bloc rectan-gulaire d'ou pend une guirlande; l'homme tient dans la main

(13)

PLANCHE III

1. - PIÈCES SÉPARÉES DE LA PATÈRE : BORD A VEC OVES, ANSE ET ATTACHE DE L'ANSE.

2. - ASKOS N° 4, ET CHANDELIER N° 8 EN BRONZE j TASSE EN ARGENT (N° 13).

(14)

PLANCHE IV

1. - VASE (N° 10) ET DISQUES EN BRONZE (N° 9), CRUCHE EN TERRE (NO 28).

2. - QUELQUES PETITS OBJETS DE LA TOMBE DE TIRLEMONT: NOS 22, 17, 24, 29, 16, 18, 19, 15 ET 14.

(15)

t.JNE lUCltt:: 'rOMBE GÁLtö-ROMAINÈ

47

droite urt glaive court, de la gauche il tend une petite statuette de déesse armée vers une figure nue, qui lui tourne Ie dos, posée sur une base circulaire, également ornée d'une guirlande ; du bras gauche tendu, pend une large draperie aux plis parallèles, formant Ie fond de toute la composition ; Ie corps est d'un modelé remarquable, Ie visage de profil sévère ; au pied du personnage gît une forme humaine, enveloppée d'un linceul. Les guirlandes, Ie glaive, les frises de la base circulaire, Ie bouclier et Ie manteau de la petite statuette sont des incrustations d'argent.

Belle patine vert foncé, déparée par quelques taches d'oxyda-tion assez profonde.

Métal : fond : bronze coulé, sans plomb ni zine ; décoration en argent martelé ;

queue : bronze coulé à haut pourcentage de plomb ; la soudure est un alliage de plomb et d'étain;

attache : bronze, contenant un peu de plomb (1). Ces divers fragments forment un ensemble d'une rare beauté, un chef-d'oouvre de la toreutique antique.

La patère se trouve dans presque chaque tombe d'une cer-taine importance ; elle a surtout une fonction sacrale, servant aux libations lors des sacrifices (2) ; elle est alors employée en même temps que I' oenochoé (3).

Le plus souvent Ie fond des patères est bombé ; les fonds plats sont plus rares, tandis que les fonds historiés constituent des ex-ceptions dans nos régions; seul autre cas: la tombe de Bois-et-Borsu, d'ou provient une patère <lont Ie fond représente un taureau bon-dissant (4) ; notons que le bord de cette pièce est également décoré d'oves.

(1) Rapport ACL, 3, a, c, b.

(2) Les représentations dans l'art nous Ie prouvent suffisamment: fresque pompéïenne (Naples, Museo Borbonico, XI, pl. 37), sarcophage au Campo Santo à Pise (INGHIRAMI, Mon. Etr., VI, pl. M2, 5).

(3) Trouvés ensemble à Tirlemont-Grimde I, Vervoz, Cortil-Noirmont, \Valsbetz, Penteville, Cologne, Doorwerth, etc.: J. WERNER, Die beiden Zier-scheiben des Thorberger Moorfundes, p. 28; liste chez J. WERNER, dans

Annua-rul lnslilutului di Studii Classice 2 (1933/35), p. 167, n.10. - En Pannonie on les retrouve dans les riches tombes à char: A. RADNOTI, o. c., p. 82.

(1) Bull. lnst. Arch. Liég. 37 (1907), p. 327, pl. X, 2 et 2bis. D'autres exem-plaires chez A. RADNOTI, o. c., p. 86. Fond en relief avec tête de Méduse au

(16)

48

J. MERTENS

La scène, représentée sur notre patère, est un épisode de la guerre de Troie : Ie rapt du Palladion de la ville par Diomède ; Ie héros descend ici de !'enceinte, près du temple d'Apollon, sym-bolisé par la statue du dieu. A ses pieds gît la sentinelle, tuée par Ulysse (1). L'essentiel de cette scène n'exprime pas un geste, mais un sentiment: au moment ou Diomède présente la déesse à Ulysse, la statuette tremble dans les mains du héros, qui en est terrifié; c'est ce moment précis qu'enregistre notre médaillon. On aimait représenter cette scène à !'époque d'Auguste: plusieurs graveurs de pierres, notamment, Dioscouride, Gnaios, Félix l'ont reprise, parfois in extenso, en figurant ensemble Diomède et Ulysse (pl. V, 2) (2). Le motif remonte certainement plus haut ; il est possible que nous ayons ici une des meilleurs répliques d'une grande fresque ou d'un relief (3), copies d'un prototype grec ou hellé-nistique: l'éthique de la composition se placerait admirablement dans l'art d'un Polygnote, par exemple (4), justement connu pour ces représentations de sentiments. Pour Furtwaengler (5), Ie motif serait arrivé dans la glyptique par la toreutique ; notons que Pline mentionne la même scène sur un plat en argent exécuté par

British Museum: Antiquities of Roman Britain, Brit. Mus., 1951, p. 39, fig. 5. Au même musée se trouve une pièce de Boscoreale, représentant une scène de l'Odyssée: H. B. WALTERS, Gala[. of the Bronzes, 1899, ml. XXV, n° 882, p. 162. En terre cuite: bel exemplaire provenant de Chieti (travail campa-nien du 1er s.: R. ZAHN, Arch. Anz., 1909, p. 560), et d'Orvieto (même époque: AA, 1895, p. 133, fig. 69); en verre, provenant de Pompéi : A. KrsA, Das Glas im Altertume, p. 584, fig. 191.

(1) VrnoILE, Aen., II, 172.

(2) A. FuRTWAENGLER, Antike Gemmen, II, p. 205 et pl. 49, 4 et 50, 11; cfr pl. 48, 19, 21 ; O. JAHN, Il ratto del Palladio, Ann. del Istiluto 30 (1858), pp. 232-242.

(3) Une fresque, maheureusement très mutilée, du portique du temple d'A-pollon à Pompéi, paratt suivre Ie même prototype: W. HELBIG, Wandgemaelde, p. 462. D'autres peintures murales suivent un autre prototype, de même que les représentations de la Tabula Iliaca: F. CHAVANNES, De Palladii raplu, Diss. Berlin, 1891. Une copie plus tardive, mais sur laquelle !'attitude du Dio-mède ressemble fortement à celle de la patère de Tirlemont, se trouve sur un oscillum provenant de l'amphithéätre d'El Djem: M. CoLLIGNON, dans CR. Ac. Jnscr., pp. 155-161, fig. p. 156 (diamètre: 230 mm).

(4) On conservait à la Pinacothèque d'Athènes un tableau de eet artiste représentant le rapt du Palladion: PAUSANIAs, Descript. Graec., I, 22, 6, avec le commentaire de J. G. FnAzER, vol. II, p. 264.

(17)

UNE RICHE TOMBE GALLO-ROM:AINE 49

Pytheas à !'époque de Pcmpée (1). La scène de notre patère

pa-raît bien être Ie meilleur exemple du type, dont les gemmes nous donnaient jusqu'à présent l'idée la plus précise.

Chronologiquement, la patère de Tirlemont-A ven doren se place

au 1er s. de notre ère. Une belle pièce, provenant de Boscoreale

et conservée au British Museum présente également des

incrus-tations d'argent, avec, en outre, la même queue à tête de bélier (2);

cette dernière ressemble fortement aux exemplaires de Cologne (3)

et de Sarbogard (4). Le bord à décor d'oves se retrouve à

Bois-et-Borsu (1er s.) (5) et à Egyed (6). Au 1er siècle déjà, ces patères

sont exportées vers les provinces septentrionales de !'Empire, par

les ateliers campaniens (7) ; ceux-ci empruntent types et décors

aux ateliers alexandrins du 1er s. av. J.-C. Notre patère de

Tirle-mont, produit d'un atelier campanien du 1er s., a été longtemps

en usage avant d'être confiée à la terre.

(1) PLINE, Nat. Hist., XXXIII, 156; J. ÜVERBECK, Antike Schriftquellen, n° 2167, p. 424; sur Pytheas, voir THIEME-BECKER, K,ïnstlerlexikon, s. v.

Une très belle copie de la scène, avec Diomède et Ulysse, se trouve sur une des aiguères en argent du trésor de Bernay-Berthouville (Normandie) : E. BABELON, Cabine/ des Antiques, p. 134, pl. 41; d'après les études récentes

de C. Picard, l'artiste aurait été influencé directement par l'art mysien de !'é-poque des Attalides: C. PrCARD, Sur les aiguères à sujets homériques du « Tré-sor de Bernay •>, CR Ac. lnscr., 1948, pp. 95-111. Voir également !'opinion

de K. LEHMANN-HARTLEBEN, Two Roman Si/ver Jugs, AJA 42 (1938), pp.

82-105, qui voit dans les scènes des vases de Bernay, une copie d'autres pro-duits de la toreutique du r•r s. av. J.-C. - Cette scène a également influencé les artistes de la Renaissance, notamment Donatello : copiant une gemme du cabinet des Médicis à Florence (gemme conservée actuellement au Musée de Naples), eet artiste en fit un magnifique médaillon en marbre (Palazzo Me-dici, auj. Riccardi à Florence): A. VoN SALIS, Antike und Renaissance, 1947,

pl. 56c, pp. 178-179 et p. 181 ; Michel-Ange, d'après Donatello, en fit un cro-quis (Florence, Casa Buonarotti) : A. FoRATTI, 1 Tondi nel cortile del Palazzo Riccardi a Firenze, L' Arie, 20 (1917), pp. 19-22.

(2) H. B. WALTERS, Catal. Bronzes, pl. XXV, n° 882, p. 162.

(3) F. FREMERSDORF, dans Germania, 17 (1933), pl. 12, 1 (3• quart du n• s.). Pour la tête de bélier, cfr A. FURTWAENGLER, Der Goldfund von Vetters-felde, 43 Winckelmannprogr., p. 26.

(4) A. RADNOTI, o. c., pl. 26, 5.

(5) Bull. lnst. Arch. Liég., 37 (1907), p. 327, pl. X, 2.

(6) A. HEKLER, dans Jahrb. des Jnst., 29 (1909), p. 29, fig. 1.

(7) A. RADNOTI, o. c., p. 87.

(18)

50 j, MERTENS

4. - Askos (fig. 5, pl. III, 2) : type uni que en Belgique ; la f orme ressemble quelque peu à un soulier, mais cette comparaison n'est pas exacte : il s'agit plutöt d'une outre à moitié remplie, Ie li-quide élargissant la base par pression ; les deux plis partant de l'orifice rappellent les coutures qui donnaient sa forme au modèle.

Recourbée à la base, et dépassant !'embouchure, l'anse, d'un profil harmonieux, souligne admirable-ment Ie mouveadmirable-ment

---== progressif du vase.

Jf

f " ~

~

Tl EN EN 1951

FIG. 5. - ASKOS, N° 4 (PROFIL, COUPES DE L'ANSE ET DU FOND) (1 :3).

Hauteur, sans anse : 134 mm ; paroi min-ce, s' épaississant vers Ie bord supérieur (3 mm) ; anneau de base (large de 7 mm) fortement

ac-centué; fond gravé au tour (1) : diamè-tre : 79 mm. Patine noble, bleu-verdätre. La partie antérieure est fortement

oxy-dée et a été renfor-cée, déjà dans l'an-tiquité, par une pla-que de métal. Le décor de l'anse se compose d'un faisceau de tiges et de feuilles, d'ou surgit une tête d'animal ; du milieu, serré par une bague pro-filée, se détachent, vers Ie haut et selon la courbure, de longues feuilles, s'élargissant en bouquet à l'extrémité; vers Ie bas deux tiges recourbées se détachent, puis rejoignent plus loin la tige de l'anse en formant une spirale, laissant passer une tête de chien, la gueule ouverte (2) ; Ie modèle est très fin, et les détails ont été

gravés après coup. L'anse est soudée au vase; quelques traces

(1) Cfr Ie fond de la patère de Cologne: FREMERSDORF, dans Germania, 17 (1933), p. 267, figg. 1, 3d et 3a.

(2) Le même principe de composition se retrouve à l'askos de Boscoreale, conservé à Berlin: AA, 1900, p. 184, fig. 11.

(19)

UNE RICHE TOMBE GALLO-ROMAINE 51

de soudure, visibles <levant l'attache antérieure, pourraient faire supposer que celle-ci était encore décorée d'un petit relief d'ap-plique (1).

Métal : Ie bronze du vase même ne comprend pas de plomb ; au contraire, l'anse en a une certaine teneur (2).

Notre pièce soutient fort honorablement la comparaison avec les chefs-d'reuvre, provenant en majorité des riches sites cam-paniens : Pompéï, Herculanum ou Boscoreale (3). En dehors de l'Italie proprement dite, ces récipients sont plutöt rares: on en a retrouvé en Pannonie - <lont deux magnifiques spécimen à

Polhov Gradec (4) - en Syrie (5) en en Suisse (6) ; tous sont de

fabrication italienne (7). Les exemplaires, conservés dans nos

musées nationaux, sont tous de provenance étrangère (8).

La forme du vase est archaïsante, d'origine grecque et peu adaptée au travail en bronze. Ces pièces sont d'origine italienne, les ateliers gaulois n'ayant pas repris ce type. L'askos de Tirle-mont est certainement de provenance campanienne et date du

rer s. de notre ère.

5. - Seau à paroi cannelée (fig. 6 et pl. VI, 1) ; p1ece écrasée par l'éboulement; Ie profil a cependant pu être reconstitué com-plètement ; 28 cannelures ; hauteur : 206 mm ; diamètre

supé-(1) Conservé à !'exemplaire de Berlin et celui de Leyde.

(2) Rapport ACL, 4.

(3) A. DE RIDDER, Les bronzes antiques du Louvre, 2, p. 128, n° 2932; AA,

1900, p. 184, fig. 11; V. SPINAZZOLA, Le arti decorative a Pompei, 1928, pl.

227; F. MATZ, dans H. BOSSERT, Geschichte des Kunstgewerbes, IV, 1930, p.

259, fig. et p. 266; E. PERNICE, Hellenistische Kunst in Pompei, IV, pp. 13-14.

(4) A. RADNOTI, o. c., p. 144, n. 1 et pl. 52, 1; R. LozAR, Glasnik. Bull.

de l'Assoc. des mus. de Slovénie, 19 (1938), pp. 85 sv. ou d'autres exemplaires.

(5) A. DE RIDDER, o. c., n° 2930, pl. 103.

(6) A Locarno: C. SIMONETT, Tessiner Gräberfelder, 1941, pl. 13, 5 et p. 21

(probablement des environs de Capoue) ; cfr D. SILVESTRINI, Askos bronzeo

di Locarno, Riv. Ticin., 1939, p. 221.

(7) /',... RADNOTI, O. c., p. 145.

(8) Bruxelles, l\Ius. Roy. d'Art et d'Histoire, R 1163, provenant des

en-virons de Chiusi; Mariemont, Col!. Warocqué, R 36 (66) fut acquis à Paris.

L'askos du Mus. de Mons, provenant de la collection Joly, est une pièce

mas-sive, coulée et ensuite gravée par une main malhabile ; nous doutons fort

de l'authenticité de cette pièce et n'y voyons qu'un surmoulage en métal d'un

(20)

52

J. MERTENS

rieur : env. 280 mm ; diamètre de la base : 98 mm ; celle-ci est formée au tour, avec pointe centrale et deux cercles concentriques ; anneau de base très peu accentué (1,5 mm), large de 16 mm. Pa-tine verte noble.

Bombée à la base, la paroi s'élève presque verticalement, pour s'épanouir en calice; pas de bord distinct; dans la partie supé-rieure subsistent deux traces de soudure de forme allongée, aux-quelles s'adaptent parfaitement les attaches de l'anse ; cette

der-FIG. 6. - SEAU EN BRONZE AVEC ANSE ET ATTACHES (n° 5) (1 :3).

nière est formée d'une tige massive, de section carrée et festonnée comme Ie bord du récipient : les deux pièces se complètent admi-rablement; les extrémités de l'anse, finissant en pointe, sont re-courbées dans les attaches. Celles-ei constituent les parties les plus intéressantes de notre pièce (pl. V, 1) : d'un aspect plus pàle, elles sont coulées en un alliage légèrement différent de celui du réci-pient. La gravure des détails a été faite après moulage : Ie motif est un masque humain chevelu, avec longue barbe et moustaches

(21)

1. - ATTACHE DU SEAU EN BRONZE N° 5 (1 :1).

PLANCHE V

2. - AGRANDISSEMENT D'UNE PIERRE

GRAVÉE REPRÉSENTANT DIOMÈDE ET ULYSSE.

3. - MARQUE DU BASSIN No 6.

(22)

PLANCHE VI

1. - SEAU EN BRONZE No 5.

(23)

UNE RICHE TOMBE GALLO-ROMAINE 53

tombantes, aux cheveux touffus et dressés, ressemblant à des cornes ; Ie nez est quelque peu aplati, les yeux sont ouverts.

Métal: bronze pur, sans plomb ni zine; l'anse en bronze con-tient un peu de plomb, tandis que l'attache même est fortement plombifère (1).

Nous ne connaissons pas de seau exactement identique au nötre quoique des vases à paroi cannelée se rencontrent souvent dans Ie mobilier gallo-romain : Ie meilleur parallèle est un récipient trouvé

à Gunnerupgaard (Danmark) (2) ; un bassin plus large, avec canne-lures identiques jusqu'au bord, mais à deux anses, provient du tumulus de Cortil-Noirmont (3); voir également un bassin de Brigetio (4).

Une anse à profil anguleux identique à celle de Tirlemont fut trouvée dans une cave de la fin du ne s., à Zugmantel (5) ; elle

possède les mêmes extrémités pointues. Parfois ces parties re-courbées se terminent en têtes de cygne, souvenir des ateliers campaniens (6). A notre exemplaire, ces têtes de cygne ont dis-paru; la tradition campanienne s'est perdue dans ce produit d'ori-gine provinciale ; les attaches à figures humaines confirment cette origine: un masque de facture plus primitive se trouve sur un bronze de Siscia, datant encore, d'après Radnoti, de la fin du 1er s. (7) ; cfr également une anse de vase provenant d' Anthée (Mus. de Namur) et une anse de situle trouvée en Auvergne (Mus. S. Germain en Laye) (8); parfois les cornes sont mieux indiquées, tel cette queue de patère trouvée à Faversham (9) ; la patère du tumulus de

Tirle-(1) Rapport ACL, 5, a-b.

(2) H. J. EGGERS, Der römische Import im Preien Germanien (Atlas der her-geschichte, Bd. 1), 1951, type 51, pl. 6, p. 85.

(3) A. DE LoÉ, J;e/gique ancienne, III, fig. 35, p. 101. (4) A. RADNOTI, o. c., p. 122; pl. 37, 1.

(5) ORL, 8, 93, 3, pll. 13, 7, p. 93.

(6) J. WERNER, Zur Herkunfl und Zeitstellung der Hemmoorer Eimer und der Eimer mil gewei/ten Kanne/uren, Bonner Jahrb., 140/41 (1936), p. 404; cfr le bassin de Brigetio, cité plus haut. Les têtes de cygne sont nombreuses dans les ateliers de Capoue, à l'époque augustéenne: H. WILLERS, Neue Unter-suchungen über die Bronzeindustrie von Capua und Niedergermanien, 1907, pl. 5, 1-3 et p. 6:

(7) O. c., pl. 53, 7, p. 170.

(8) S. REINACH, Antiquités Nationales. Bronzes figurés de la Gaule

ro-maine, p. 332, n° 425.

(9) 4ntiquities of Roman Britain, Brjt. Mus., 1951, p. 39, fig. 5,

1

(24)

54 J. MERTENS

moot-Grimde I se termine également en un masque humain, d'un style cependant plus mouvementé (1).

Certains archéologues, notamment Werner (2), situent le lieu de fabrication de ces récipients à parois cannelées en Germanie Inférieure ; ils datent de la première moitié ou même du milieu du ne s. ; le vase de Gunnerupgaard est placé par Eggers dans Ie << späte Kaiserzeit >>. Une comparaison avec l'objet suivant doit cependant nous rendre très prudent.

6. - Grand bassin, déformé et brisé par le tassement des terres (fig. 7 et pl. VI, 2) ; Ie diamètre du bord supérieur est de 50 cm environ, la hauteur de .,_,

__ _

Tl EN EN 1951

12 à 13 cm; belle pa-tine vert-foncé. La paroi est lamelles larges de formée de recourbées, 35 mm et donnant à la pièce un sens giratoire : le tout repose sur une base légèrement en relief, d'un diamètre de 152 mm ; les parois sont formées par martèle-ment de la pièce cou-lée ; le fond est gravé au tour. Deux paires d'attaches, de forme triangulaire, indiquent

FIG. 7. - DÉTAILs Du BASSIN que Ie bassin était

pri-N0 6: BORD, ATTACHE, MARQUE. (1: 2). mitivement pourvu de deux anses.

Métal : bronze, hautement corrodé, contenant des zones d'étain

(1) Bull. Soc. Arch. Brux., 1895, pl. 25.

(2) Bonn. Jahrb., 1936, p. 408; cfr H. VAN DE WEERD, o. c., p. 317-318,

n° 14. Je tiens à remercier Ie Prof. Werner pour les précisions qu'il a bien

voulu me donner au sujet de ces pièces. - La provenance méridionale est

défendue par G. ECKHOLM, dans Acta Arch., 5 (1935), pp. 80-81 et lo.,

(25)

-UNE RICHE TOMBE GALLO-ROMAINE 55

presque pur, à cöté de zones cuivreuses de teinte rougeàtre ; quel-ques traces de zine (1

).

De grands bassins en bronze à parois cannelées ont été décou-verts dans les tumuli de Walsbetz et de Cortil-Noirmont (2); un bassin de Brigetio constitue un bon parallèle (3) ; il ne possède toutefois qu'une seule anse, comparable à celle de notre n° 5 ; pour Ie galbe et la largeur des cannelures, nous pourrions comparer une pièce d'Eining, datée par Werner de la fin du ue ou du début du me s. ; le même auteur propose comme lieu d'origine la Bel-gique ou la Germanie Inférieure (4). Notons que notre pièce est une des plus grandes de la série (5).

Mais ce qui rend le bassin de Tirlemont plus intéressant pour l'étude du commerce et de !'industrie gallo-romaine, est la marque de fabrique, poinçonnée en beaux caractères sur le revers du fond ; elle est malheureusement incomplète, car seule la partie centrale est lisible : on distingue nettement les trois lettres T R C ; à gauche du T il reste une haste droite avec ce qui ressemble à un point ;

entre le R et le C nous distinguons un petit trait vertical,

peut-être la lettre I, fortement réduite; à droite du C s'amorce une

lettre de la même forme, C ou 0.

D'après les lettres -TR(i)C- on pourrait penser à un certain Atricus, qui serait un artisan gaulois du ue s. (6), mais la forme des lettres ne correspond pas à celle de notre marque. Il y a cepen-dant un poinçon comparable au nötre, notamment celui se trou-vant sur Ie fond d'un bassin au Musée de Darmstadt, trouvé à

Naunheim s/ Lahn (pl. VIII, 2): T. 3:.TRC (7); une marque

iden-(1) Rapport .\CL.

(2) A. DE LoÉ, Belgique ancienne, III, p. 98, fig. 33 et p. 101.

(3) A. RADNOTI, 0. c., pl. 37, 1.

(4) J. ·WERNER, Ein Bronzeeimer mil gewellten Kanne/uren von Eining, Germania, 23 (1939), pp. 192-193, fig. 1; ID., dans Bonn. Jahrb., 1936, p. 403. (5) Les attacbes en forme d'écusson ont peu de valeur chronologique: on les retrouve en Pannonie (RADNOTI, o. c., pp. 119-120), à Zugmantel (ORL, 8, p. 93, 5 et ORL, 69, p. 18, 8) et à Cortil-Noirmont (Bull. Comm. Archéol., 13 (1874), p. 448, fig. 2).

(6) CIL XIII, 3, p. 693, 9; cfr H. WILLERS, Neue Untersuchungen, pl. 8;

n° 16, p. 81; la lecture de ce nom, faite d'après photo, reste douteuse. (7) CIL XIII, 3, 10027/45; H. WILLERS, o. c., pp. 64-66. Gräce aux photos m'envoyées par l\I. Jorns, Conservateur au Musée de Darmstadt, j'ai pu exa-!lliner cette pièce de près ; la marque correspond p~rfaitement à celle de Tirlt:

(26)

-56 J. MERTENS

tique se trouve au Musée de Mannheim (1) et sur une queue de poê-lon en bronze, de Reims (2) ; il s'agit dans ces trois cas du bron-zier Q. Tettius Triccus, qui, d'après Willers, aurait travaillé en Gaule centrale, dans la région de Lyon, vers Ie début du ne s. ; il aurait eu des relations commerciales étendues avec les pays rhénans (3).

7. - Grand bassin de forme ovale, à paroi presque verticale (pl. VII, 1); large rebord horizontal, légèrement penché vers l'ex-térieure ; fond plat renforcé par deux pièces de bronze de section carrée et coupées en fer à cheval (larg. 16 mm, haut. 12 mm) fig. 8 ; ces pièces sont évidées, mais l'intérieur rempli de

sou-Tl ENEN 1951 tmm+ ...,.... ,,. ...

FIG. 8. - FOND DU BASSIN DOUBLE, n° 7,

A VEC COUPE DE LA BASE (1 :5).

dure, pour les fixer au fond du bassin. Hauteur totale de la pièce : 240 mm, long. 420, larg. 312 mm; larg. du bord : 48 mm ; pati-ne vert-foncé avec taches bleues ; patine noble à l'intérieur. Au moment de la découverte, le récipient était complètement vide ; ceci résulte du fait que le couvercle s'adapte parfai-tement ; celui-ci a la for-me d'une cuvette ovale, à

bord horizontal ; Ie fond, plus ou moins arrondi, est renforcé d'un anneau de base légèrement en relief : long. 355 mm, larg. 243, profondeur : 58 mm ; larg. du bord : 15 mm.

rnont; Ie bassin est un large récipient, à paroi verticale et anneau de base légèrernent accusé (A. RADNOTI, type pl. 12, 61) ; il peut être suspendu par trois anneaux mobiles (pl. VIII, 2).

(1) (l)TT.T.RGC: K. BAUMANN, Römische Denksteine und Inschriften der vereinigten Alterlumssammlungen in :Nlannheim, 1890, p. 51, n° 342; GIL,

l. c. Je rernercie M. Böhm, Directeur du Musée de Mannheim, pour les com-pléments d'information qu'il nous a fournis.

(2) A. MAXE-WERLY, dans Mém. Soc. Antiq. France, 1883, p. 274. (3) H. WILLERS, o. c., p. 66; cfr H. VAN DE WEERo, Het economisch Bloei-tijdperk van Noord-Gallië in den romeinschen lijd, Meded. Kon. Vlaamse Akad.,

(27)

UNE RICHE TOMBE GALLO-ROMAINE 57

Métal : bronze pur, sans zine, mais avec quelques traces de plomb (1).

Comme pièces de comparaison, citons les bassins des tumuli de Fresin (2), Walsbetz (3) et Omal (4); ces tombes datent de la seconde moitié du ue s. ; à Cologne-Müngersdorf, Fremersdorf a trouvé deux bassins identiques dans des tombes de la fin du rve s. (5) ; en !talie, d'autre part, on les rencontre déjà à Boscoreale et à Pompéï (6). Les exemplaires des tumuli hesbignons, ainsi que cel ui de Tirlemont-A vendoren, sont probablement de

fabri-cation locale (7).

L'usage exact que l'on faisait de ces bassins reste assez mysté-rieux. Fremersdorf pense qu'ils servaient à se laver les mains après les repas ; mais pourquoi alors un couvercle enfoncé, s'adap-tant au bassin? Les anneaux de base indiquent en outre qu'on ne les mettait pas sur Ie feu. A notre avis, ___ _

ces récipients sont des << réchauffoirs >>

corres-pondant à nos modernes bains-marie : dans Ie bassin même on versait de l'eau chaude, tandisque dans le couvercle - qui peut être posé à plat - on plaçait les mets à rechauffer. Si l'on désirait raffraîchir un mets, on rem-plissait d'eau froide Ie bassin inférieur.

8. - Chandelier en bronze étamé (fig. 9,

TIENEN. 1951

pl. III, 2); haut. 75 mm, diamètre 45 mm.

Il est composé de deux hémisphères reliées Frn. 9. -

CHANDE-par une tige fortement profilée ; ces hémis- LIER EN BRONZE

phères sont décorées d'incisions horizontales (No S) (l =2 )-près de la tige et )-près du bord. A l'intérieur du bol supérieur,

(1) Rapport ACL, 26.

(2) H. ScHUERMANS, dans Bull. Comm. Arch., 2 (1863), p. 127, fig. 1;

H. VAN DE ,VEERD, Inleiding, p. 318, n° 15.

(3) H. ScHUERMANS, o. c., 3 (1864), p. 291, fig. 1; A. DE LoÉ, Belg. ancienne,

111, fig. 33.

(4) Liège, i\Ius. Curtius.

(5) F. FREMERSDORF, Der Gutshof von Köln-Müngersdorf, Röm.-German. Forsch., VI, 1933, p. 101, p. 94, pl. 50 B 2, 51, 9 et 53, 1-2.

(6) E. PERNICE, dans AA, 1900, p. 192; liste complète chez FREllfE,RSQQRF,

o. c., p. 103, note 3.

(28)

58 J. MERTENS

un petit cylindre légèrement conique, haut de 22 mm et d'un

diamètre de 17 mm, était probablement destiné à fixer une

chan-delle.

Métal : bronze coulé de couleur jaune pale, contenant beaucoup d'étain et de plomb; l'étamage est fait d'une couche d'étain pur (1). Un exemplaire identique au nötre provient d'une tombe de

Cologne, datant de la fin du ne s. (2) ; d'autres chandeliers ont

été trouvés dans les tumuli de Fresin, Cortil-Noirmont et dans les établissements romains d'Elewijt, d' Asse, de Tongres, etc.

9. - Huil petits disques en bronze de forme arrondie, à belle

~-~

~:L~

[ TIENEN .1951

FIG. 10. - DISQUES EN

BRONZE (N° 9) (2 :3).

patine verte (fig. 10, pl. IV, 1); qua-tre ont un diamèqua-tre de 44 mm et une hauteur de 8 mm ; les quatre autres ont respectivement 50 et 13 mm. Une ligne est gravée autour du bord; ils sont perforés au sommet ; deux paires sont encore enfilées sur une tige en

bronze (long. 58 mm.) à tête aplatie et

usée en deux endroits.

Des pièces identiques proviennent de Virunum et du castellum d'Hufingen ou on les considère comme des pièces

de harnachement (3). A Tirlemont ils

étaient déposés dans la patère. Ils pro-viennent probablement d'un instru-ment de musique, genre grelot en for-me de fourche.

10. - Plusieurs fragments d'un récipient en bronze, à profil

piri-forme (fig. 11 ; pl. IV, 1). Le fond est plat et soudé à l'intérieur

(1) Rapport ACL, 7; d'après PLINE, Nat. Hist., XXXIV, 160-162, les

Celtes auraient été les inventeurs du procédé permettant de couvrir un objet en bronze d'une mince couche d'étain ou d'argent; les principaux ateliers se situaient en Gaule centrale, notamment à Alésia.

(2) Bonn. Jahrb., 114/115 (1906), pl. 24, 390 et p. 365; cfr des pièces iden-tiques de Mayence (Mainz. Zeits., 26 (1931), p. 103, fig. 4) et de Cologne

(Bonn. Jahrb., 146 (1941), pl. 77, 3.

(3) C. PRASCHNIKER-H. KENNER, Der Bäderbezirk von Virunum, 1947,

(29)

UNE RICHE TOMBE GALLO-BOMAINE

59

du vase ; Ia panse est faite d'une Iégère plaque en bronze martelé. Hauteur conservée: 106 mm; diamètre du fond: 124 mm.

Métal : bronze.

11. - Anse en bronze, fortement

Ce fragment fait partie de Ia pièce panse ; une rainure dans la partie supérieure est destinée à recevoir Ie couvercle qui était du type à

charnière.

Des vases à profil piriforme, à fond soudé et couvercle à charniè-re nesont pas racharniè-res parmi les bron-zes romains: on les retrouve tout

aussi bien ne Pannonie (1), que

dans les provinces septentriona-Ies (2) et occidentales (3) de

I'Em-pire.

oxydée; hauteur: 100 mm. précédente; il s'adapte à Ia

Tl ENEN 1951

Ces pièces, de forme générale- Frn. 11. - -VAsE EN BRONZE

ment plus élancée, sont de date N° 10 (1 :3).

relativement récente ; Radnoti les

situe vers la fin du ne et Ie début du me s. ; ce sont des produits d'ateliers provinciaux; les premiers exemplaires remonteraient cependant plus haut : leur fabrication, en Rhénanie, commence-rait à !'époque d'Hadrien (4).

12. - Monnaie : grand bronze très usé, portant presque

illi-sible les traces de la Iégende IMP CAES NERVA TRAJAN A VG ;

tête de I'empereur à droite; Ie revers est complètement rongé.

Date: 98-117.

C. - ÛBJETS EN ARG ENT

13. - Petit poëlon conique, à fond plat et queue plate, hori-zontale et découpée (fig. 12 ; pl. III, 2) ; hauteur: 26 mm ; dia-mêtre du bord : 72 mm ; Iongueur : 110 mm ; paroi très mince de 0,5 à 0,6 mm. Lignes gravées autour du fond et du bord ; la

(1) A. RADNOTI, o. c., type 75, pl. 51, 4, 5, et pl. 52, 3.

(2) fo., p. 152, n. 8.

(3) Zugmantel: ORL, 8, p. 93, fig. 12, avec d'aqtres exemplaires, ibid.,

p. 93; Dampach: ORL, 69, p. 13, n° 5, pl. IV, 2,

(30)

60 J. MERTENS

décoration, composée de lignes et de spirales gravées sur la queue, est presque complètement usée.

Métal : argent très pur, contenant un peu de cuivre et un

cer-\JJ

TIENEN. 1951

cm.. 6-d

[ ,- FIG. 12. -TASSE EN ARGENT

No 13 (1 :2).

tain pourcentage de carbo-ne; structure d'un métal travaillé à froid ; Ie carbo-ne pourrait indiquer qu'ucarbo-ne phase de la fabrication s'est effectuée dans du charbon de bois (1). Comme parallè-les, citons des pièces de Wet-tingen, en Suisse, datant du ue ou me s. (2).

14. - Fragments d'un étui cylindrique (fig. 13, pl. IV, 2); hauteur conservée: 46 mm ; diamètre : 16 mm ; il est formé d'une mince feuille d'argent, enroulé ; les deux extrémités sont formées par deux rondelles en argent, soudées à

la feuille (3).

Métal : argent pur (4).

L'étui contient une pàte durcie de couleur bleuàtre, dont les produits de base sont Ie carbonate de plomb et l'azurite ; pas de traces d'un Iiant quelconque (5).

D. - ÛBJETS EN OR

15. - Sept petits objets en or proviennent probablement de l'une ou l'autre parure ; il y a deux séries de trois pièces

iden-tiques (fig. 13 ; pl. IV, 2).

(1) Rapport ACL, 8.

(2) C. SIMONETT, Der römische Silberschatz aus Wellingen, Zts. Schweiz.

Archäol., 9 (1946), pp. 1-15; J. WERNER, Zierscheiben, pl. 18.

(3) Un tube pareil, mais contenant des spatules, fut trouvé à Ujmajor: J. WERNER, Thorsberger Zierscheiben, pl. 10, 2 et pp. 15-16; cfr la tombe 268

de Flavion: An. Soc. Arch. Namur., 7 (1861/62), pl. 6, 1, p. 18.

(4) Rapport ACL, 1?.

(31)

tJNE RICHE TOMBE GALLO-ROMAINE 61

Les premiers sont de petites sphères, formées d'une mince feuille d'or, façonnée sur un noyau de soufre, et d'un diamètre de 11 mm ; la partie supérieure est cylindrique ; hauteur totale : 15 mm (1).

Composition : or d'au moins 18 carats; la masse intérieure se compose de soufre et d'une matière

résineuse ; entre Ie soufre et Ie mé-tal se trouve une mince couche brunatre, composée d'ocre et d'une matière organique ; des traces de charbon de bois adhèrent à la cou-che entre celle-ci et Ie métal (2).

La seconde série comprend trois petites feuilles d'or, embouties en biseau avec deux bandes en relief : 6

x

9 mm ; dans Ie sens de la lon-gueur, les bords sont perforés de quatre trous minuscules, destinés, semble-t-il, à y passer un fil très mince.

La dernière pièce est un petit tube enroulé, formant pendentif ; hauteur : 12 mm.

TIENEN

.1951.

FIG. 13. - ÉTUI EN ARGENT (N° 15) ET OBJETS EN OR

(N° 15) (1 :1).

Ces pièces ne furent pas retrouvés par nous de sorte que nous ne connaissons pas les circonstances exactes de la découverte.

E. - ÛBJETS EN os

16. - Relief rectangulaire de 52 X 45 mm (pl. VII, 2) ; patine verte, occasionnée par Ie contact avec du bronze, l'objet ayant

été trouvé collant au couvercle du bassin n° 7. Décoration en

haut-relief, épais d'environ 8 mm ; Ie dos est entièrement lisse. La scène représente un petit amour grassouillet, ailé, Ie man-teau flottant sur l'épaule, s'avançant à grands pas et essayant

(1) Un objet pareil fut trouvé dans Ie premier tumulus de Tirlemont-Grimde, et identifié comme étant la tête d'une épingle: An. Soc. Arch. Brux., 1895, p. 442. - Cfr également les bijoux provenant du tumulus de Bois-et-Borsu, ou ces sphères sont pourvues de petites anses, formées d'un fil d'or: Bull.

Ins/. Arch. Liég., 37 (1907), p. 323, pl. 10, 4. (2) Rapport ACL, 14.

(32)

1

1

62

J. MERTENS

de tenir en équilibre de la main droite, une corbeille chargée de fruits ; dans la main gauche il tient un baton recourbé (1). C'est probablement une de ces scènes de ven-dange, représentées également sur des

re-TIEN EN

liefs en ivoire de Tirlemont-Grimde I (2),

de Walsbetz (3), ou de Cologne (4).

19 51

cm.

.

17. - Boîte de forme ovoïde,

probable-ment en corne (fig. 14 ; pl. IV, 2) ; hau-teur : 42 mm, diamètre : 42 mm ; l'inté-rieur est creux; l'épaisseur de la paroi varie de 4 à 6 mm. Le fond manque mais il y a une rainure pour Ie recevoir ; il était probablement fait en une matière périssable. Le couvercle, également en os, s'adapte parfaitement à la boîte; il est décoré au bord de deux lignes gravées ; Ie sommet est percé (diamètre: 8 mm).

La pièce se trouvait englobée dans l'ar-gile sous Ie grand plat n° 23, avec les autres fragments en os (n° 20) (5).

i

&~-,

18. - Petite boîte, de forme comparable

N;jl.

-

\

~

,'·

=:;_. à celle de la pièce précédente (fig. 14; pl.

iit:.'·

~

\

~

IV, 2) ; hauteur : 18 mm ; diamètre : 22

t!f~t·

1- ~

:

mm ; Ie sommet est arrondi et décoré

•_,-(~:. :L'-;.,% d'une Iigne incisée ; Ie centre, percé, est bouché à la partie supérieure par. une

FIG. 14. - ÉPINGLE A . d Il

petite ron e e en os.

CHEVEUX (N° 19) ET BOÎTES EN OS (N° 17

ET 18) (2 :3).

L'objet se trouvait mêlé aux ossements, dans l'urne en plomb.

{1) Cfr les mêmes attributs sur la scène de vendange du vase en bronze de Bois-et-Borsu: A. DE LoÉ, Belg. ancienne, III, pp. 107-110.

(2) An. Soc. Arch. Brux., 1895, p. 442, pl. 23, figg. 1-6.

{3) Bull. Comm. Arch., 3 (1864), pp. 338-343, pl. 6.

( 4) Dans une tombe à squelette du n1• s. : Beschrei/Jung der Sammlung

Niessen, Cologne, 1911, n° 4972, pl. 148.

(5) Du premier tumulus de Tirlemont-Grimde, provient une petite botte cylindrique, haute de 6 cm,mais en bronze: An. Soc. Arch. Brux., 1895, p. 432.

(33)

. . - ' - = - - - -

-PLANCHE VII

]

1. - DOUBLE BASSIN EN BRONZE N° 7.

(34)

PLA CHE VIII

1. - As1<0s N° 4.

(35)

UNE Rtctm TOMBE GALLO-ROMAINÈ

19. - Une paire d'épingles à cheveux, trouvées avec les osse-ments (fig. 14; PI.IV, 2); elles ont été brûlées et sont fort abîmées; quelques traces de patine verdätre. La longueur peut être estimée

à 160 mm; épaisseur.au sommet: 5 mm; celui-ci est décoré d'une pomme de pin, dont Ie dessin gravé est fortement stylisé.

20. - Plusieurs fragments très réduits d'objets en os ont été retrouvés avec Ie n° 16, sous Ie grand plat n° 23 ; la présence de clous dans l'os et d'un fragment de cuir indiquent qu'ils ont fait partie d'un ensemble, peut-être un petit coffret en bois (1).

F. - ÛBJETS EN VERRE

21. - Urne sphérique en verre bleuätre (fig. 15) ; hauteur : 202 mm; diamètre : panse, 215 ; bord, 150 ; fond, 81 mm ; parois de 2 à 3

Tl ENEN 1951

FIG. 15. - URNE EN VERRE N° 21 (1 :3).

mm ; Ie fond est plus épais, avec nette trace circulaire de cassure. Päte assez pure, mais contenant de nombreuses bulles d'air. Bord légèrement incliné, ourlé en dedans (2).

(1) Le tumulus Tirlemont-Grimde I avait également un petit coffret en bois, contenant le fameux camée, la bague, la fibule, etc., ibid., p. 429.

(36)

64

J, MERTENS

Dans les riches tombes du 1er et ne s., les urnes de ce type - olla

ossuaria - contiennent généralement les cendres du défunt ;

sou-vent on les place encore dans des cuves en pierre, des amphores en terre cuite, ou même dans un coffret en plomb (1).

Type Kisa 170 (2), Morin-Jean 1 (3).

La couleur bleue du verre pourrait situer cette pièce encore vers la fin du 1er s. ou Ie début du ne s.

22. - Urne spérique (fig. 16; pl. IV, 2) du même type que la pièce précédente, mais de volume plus ré-duit: hauteur: 58 mm; diamètre: panse, 60 ; bord, 52 ; fond, 26 mm. Päte vert-päle, assez transparente ; paroi très mince de 0,5 à 1 mm ; bord arrondi, formant ourlet.

A comparer : plusieurs exemplaires pro-venant de Wancennes, du ne et 1ne s. (Mus. Namur).

FIG .... 16. _ URNE EN 23. - Grand plat en verre légèrement jau-VERRE No 22 (1 :2). nätre et mat, complètement pulvérisé (fig.

,

~

1:;.;

17) ; la forme a pu être reconstituée gräce a I' empreinte laissée · dans l' argile : diamètre du bord : 464 mm ;

""'

anneau"de'base: 280 mm; hauteur: 16 mm; épaisseur de la paroi: 4 •. ..

àj.,5.i,mm.

Tl ENEN 1951

2&) . L ---4 ►u,,.◄ -b---e:'

FIG. 17. - GRAND PLAT EN VERRE, N° 23 (1 :4).

Sur Ie plat se trouvaient des ossements d'animaux, provenant de mets qu'on avait offert à la défunte.

Un plat identique, d'un diamètre quelque peu inférieur, pro-vient du tumulus I à Tirlemont-Grimde (4).

(1) Par ex. à Ampurias: Memorias de los museos Prov., 1948/49, pp. 266 sv.

(2) A. KrsA, Das Glas, type 170.

(3) MORIN-JEAN, La verrerie, pp. 42 sv.; cfr H. VAN DE WEERD, Inleiding,

p. 305, type 1.

(37)

UNE RICHE TOMBE GALLO-ROMAINE

65

24. - Fiole en verre à panse aplatie et long col droit (fig. 18 ; pl. IV, 2) ; Ia pièce gisait sur Ie flanc et était brisée par Ie tasse-ment des terres ; Ia forme put cependant être reconstituée ; bord horizontal, ourlé en dehors; hauteur totale: 141 mm; diamètre de Ia base : 89 mm. La fiole était aux 3/4 remplie d'une matière jaune minéralisée ; le durcissement s'était déjà opéré au moment ou Ia bouteille fut renversée, car rien n'avait

été répandu. C'est une matière résineuse, dont les éléments volatils ont disparu (1) ; c'était pro-bablement un liquide épais ou crémeux.

Sur Ie fond de la bouteille fut estampillée, sur la matière encore molle, une marque de fabri-que, de forme circulaire (pl. V, 3) ; Ie centre présente une figure humaine (Minerve ?), cas-quée, marchant à droite, tenant la lance hori-zontale ; autour se trouvent en beaux caractè-res les lettcaractè-res S.P.S.-G.A.F.; chaque lettre est séparée par une pointe allongée en forme de

"J

petite feuille. 1..-~~E~

La même marque se trouve sur des pièces

T I EN EN 19 51

identiques provenant de Rome (2).

Ce type de balsamaire, Kisa type 13 (3), Morin-Jean type 25 (4), est courant dans les tombes romaines en Gaule et en Rhénanie : on

FIG. 18. - FIOLE

EN VERRE, No 24

(1 :3). en a retrouvé dans des sépultures à Borsu (5), Fresin (6),

Fla-matière que Jes tasses de Fresin (verre blanc un peu mat), et qu'un petit go-belet découvert à Tirlemont dans une tombe du Boulevard Astrid (J. BREUER, dans Bull. Soc. Arch. Bruxelles, 1938, pp. 18 sv.). Il se pourrait que ces verres, assez nombreux en Hcsbaye, aient été fabriqués dans la région, peut-être à Tongres (renseignement J. Breuer).

(1) Rapport ACL, 20. Lors de la découverte du tumulus de Fresin, Schuer-mans a fait analyser la matière jaunätre contenue dans une fiole identique

à notre n° 24; cette analyse révéla la présence d'une matière grasse, d'ori-ginc animale ( 1): Bull. Comm. Arch., 2 (1863), p. 146.

(2) Conservées à Rome, Berlin, Munich: CIL XV, 2, 1, 6972; A. KxsA, o. c., p. 926.

(3) A. KISA, o. c., p. 936.

(4)

o.

c., pp. 77-79.

(5) Bull. lnst. Arch. Liég., 37 (1907), p. 328, pl. 11, 1.

(38)

66 J. MERTENS

vion (1), Juslenville (2), Tongres (3), Cologne (4

), etc. Leur profil

varie insensiblement du 1er au me s. ; les exemplaires les plus

an-ciens ont la panse plus conique et Ie départ du col légèrement

resserré (5) ; vers Ie milieu du ue s., la panse s'arrondit et devient

buibeuse, Ie goulot prend la forme d'un cöne allongé (6). Les

bal-samaires de Cologne, mentionnés ci-dessus, proviennent de tom-bes datant, au plus töt, de 180 ap. J.-C. Le profil de notre pièce

permet également de la placer au ue s.

La marque étant inexpliquée (7), la provenance de notre vase reste incertaine ; des fioles pareilles furent fabriquées en grand

nombre dans la vallée du Rhöne (8).

25. - Fragments de col d'une bouleille de /arme cylindrique

allongée (fig. 19) ; il ne reste que Ie bord supérieur, Ie col

légère-ment conique et l'épaule plate, ainsi que Ie départ de l'anse;

celle-ci est assez large, plate et forme ourlet contre Ie col de la bouteille;

marques suivantes: PA(trimoni ou P.A(tri. i\Ioni) (cfr une pièce de Cologne, Sammlung Niessen, n° 714, pl. 55; de Mayence, Mainz. Zls., 20/21 (1925/26), p. 97, fig. 11 et CIL XIII, 10025/9; de Rome: CIL XV, 6967,; de Dent-worth: CiL VII, 1276; de Chiusi: CIL XI, 6710/5; de St. Lubin, Rouen, Bou-logne: CIL XIII, 10025/9) et .. V.M.G (ou C) ... G (ou C) ... autour d'une es-pèce de caducée (Bruxelles, Mus. Roy. d' Art et d'Histoire).

(1) Musée archéologique de Namur.

(2) Musée archéologique de Liège; marque illisible: Bull. Insl. Arch. Liég.,

9 (1868), p. 148, pl. 1, 6.

(3) Musée archéologique de Tongres: ... A ... S (fragment de la même marque que celles de Fresin, mentionnées dans la note 6 ci-dessus, qui se-raient dès lors à compléter comme G (ou C).M.V.M.G. (ou C). A.I.S. ( ?). Une trouvaille toute récente (aoüt 1951), donna une petite fiole, avec la marque

VOLVM. IANVAR. (diamètre 54 mm); cette marque est attestée à Rome

et Ostie (7 ex.: CIL XV, 6970) et à Aix-les-Bains (CIL XII, 5696/17); un

exemplaire analogue se trouve au British Museum: CIL XIII, 10025/10.

(4) Bonn. Jahrb., 114/115 (1906), p. 365, pll. 23, 3311 et 24, 38 f; pièce à

profil identique dans la Collection Niessen, n° 717, pl. 41, avec comme mar-que: quatre C autour d'un coq; cfr CIL XV, 6971.

(5) Comme la fiole de Tongres avec la marque VOLVM. IANVAR.

(6) M. A. EvELEIN, Gids van hel Rijksmuseum Kam te Nijmegen, p. 49;

MORIN-JEAN, o. c., p. 79; H. VAN DE \VEERD, Inleiding, p. 306, n° 14.

(7) La première partie de la marque se trouve également sur des briques de !'époque d'Hadrien: CIL XV, 1, 1352 et sur un balsamaire de la colle~-tion Niessen, n° 718: S P S . C.P.p.

(39)

_..;:.,.._ - -

-- - - - --- - ~

~-UNE RICHE TOMBE GALLO-ROMAINE 67

bord du goulot horizontal et large; diamètre : 64 mm. Pàte assez

transparente et à surface mate (1).

TîEN

EN .1951:

Frn. 19. - COL DE BOUTEILLE EN VERRE, N° 25 (1 :2).

Tl EN EN

1951

FIG. 20. - RECON-STITUTION DU VASE EN VERRE N° 26 (1 :3).

26. - Fragments d'un petit vase en verre blanc-jaunàtre,

trans-parent (fig. 20); type des gobelets à panse bosselée; paroi très

mince ; bord évasé, d'un diamètre de 80 mm ; hauteur probable :

90 mm. L'anneau de base, également évasé, fut attaché séparément.

Le type se rapproche d'un gobelet trouvé à Fresin (fin rr0 s.) (2)

et de vascs provenant de tombes romaines à Locarno, datant du

milieu et de la seconde moitié du rer s. (3) ; cfr également

Morin-Jean, type 109, datant surtout du rv0 s. (4).

27. - Restent encore deux fragments en verre laiteux, que

nous n'avons pas trouvé nous-mêmes et dont nous ne connaissons

ni la place exacte ni la signification ; ce sont deux tubes tordus, peut-être fragments d'anse d'un récipient quelconque.

G. - CÉRAMIQUE

28. - Grande cruche blanc-jaunàtre et à surface légèrement

lissée (fig. 21 ; pl. IV, 1); col droit, allongé et muni de plusieurs

(1) Collcction Niessen, n° 430.

(2) Bull. Comm. Arch., 2 (1863), pl. III, fig. 13.

(3) C. SIMONETT, Tessiner Gräberfelder, pl. 12, 3 (Muralto), p. 115, tombe 1,

n° 8 et p. 120, tombe 2, n° 5; cfr également un exemplaire provenant de Ton-gres (Mus. ibid_.) et à Cologne (Bonn. Jahrb., 145 (1940), pl. 77, 1.

(4) MoRIN-JEAN, o. c., p. 141; cfr !'exemplaire de Cologne (m• s.: Bonn.

Jahrb., 1906, pl. 25; Collection Niessen, o.c., n° 258, pl. :).8 (lt n°271, pl. 17). Voi+ é~al~ment H. VAN p~ Wfi:,;Rp, o.c.,

3071 n° 27,

(40)

68 J. MERTENS

bandes horizontales plus larges ; une anse mince, de section ovale, part du goulot vers la panse ; celle-ci est arrondie, la plus grande Jargeur se trouvant sous Ie milieu du vase ; anneau de base réduit ;

TIENEN·:-1951'

hauteur : 307 mm ; diamè-tre : panse, 223 ; base, 77 mm. Le retrait lors du sé-chage a fait dévier quelque peu l'anse au goulot par rap-port à la panse.

L'intérieur contenait en-core quelques restes d'une matière rougeätre, probable-ment d'un liquide assez fluïde.

Type répandu surtout en Rhénanie ; plusieurs exem-plaires dans nos tumuli,

no-tamment à

Tirlemont-Grim-de (1), Fresin, Walsbetz (2)

et dans des tombes à

Fla-vion - avec anse

trilobée-et à Gesves ; ces deux

der-FIG. 21. _ CRucHE EN TERRE cUITE, niers exemplaires sont ornés

No 28 (1 :4). de bandes horizontales

pein-tes en rouge sur la panse du vase; d'après Ie galbe de la panse, la séparation nette entre celle-ci et Ie goulot, ces cruches pourraient encore remonter à la fin du 1er s., cependant Ie profil du goulot porte plutöt à les classer au ue et même en partie au début du me s. (3).

H. - ÛBJET EN PIERRE

29. - Plaque rectangulaire de couleur brun-violet ; surface polie;

bords en biais; longueur: 104 mm; largeur: 78 mm; hauteur:

10 mm (pl. IV, 2).

(1) Bruxelles, Musées Royaux d' Art et d'Histoire; on n'a conservé que

Ie goulot, identique à celui de notre exemplaire.

(2) Bull. Comm. Arch., 2 (1863), pl. 5, fig. 29 et 3 (1864), fig. 41.

(3) H. VAN DE WEERD, Inleiding, p. 256, n° 17 et p. 267; E. GosE,

Ge-fässtypen der römischen l{eramik im ~hei(!/andi 1950, n° 389; 2• moitié dl\

Referenties

GERELATEERDE DOCUMENTEN

La disposition de la façade composée -d;un portique flanqué d'ailes saillantes, est tellement caractéristique que nous pensons être en présence d'une grande villa, dont

Certaines femmes recherchent même une robe de mariée vintage. d’après Ecoute,

(Steeds meer mensen kopen tweedehands spullen omdat) zij minder geld hebben (te besteden) (door de (economische) crisis) / hun koopkracht is gedaald (als gevolg van de

Mais c’est de plus en plus difficile d’avoir une vie normale sans téléphone, notamment parce qu’il n’y a presque plus de cabines

Coffee-shop College, ce n’est pas le nom d’une nouvelle série télé, ni même celui d’un centre de formation pour garçons de café.. Mais celui d’une école d’un genre

Vous venez d’être élu meilleur footballeur français du 20 e siècle par France Football, devant Zinedine Zidane et Raymond Kopa?. Le couronnement

Elle leur permet d’être n’importe qui, n’importe quand, et donc de réfléchir et de comprendre, tout simplement.. (3) Dans ma classe, j’essaie de créer un lien direct

C’est l’image, ou plutôt l’arôme, de la France, une certaine idée du raffinement et de la sensualité: la «maison Guerlain». S’il s’éloigne maintenant de sa maison