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Tombes mérovingiennes et églises chrétiennes. Arlon, Grobbendonk, Landen, Waha

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TOMBES MEROVINGIENNES ET EGLISES CHRETIENNES

ARLON. GROBBENDONK, LANDEN, WAHA

(3)

ARCHAEOLOGIA BELGICA

Dir. Dr. H. Roosens

Etudes et rapports édités par le Service national des Fouilles

Pare du Cinquantenaire 1 1040 Bruxelles

Studies en verslagen uitgegeven door de Nationale Dienst voor Opgravingen

Jubelpark 1 1040 Brussel

©

Service national des Fouilles D/1976/0405/6 1 1 1 1, 1,

(4)

ARCHAEOLOGIA

BELGICA

187

J.

MERTENS

TOMBES MEROVINGIENNES

ET EGLISES CHRETIENNES

ARLON, GROBBENDONK,

LANDEN, WAHA

BRUXELLES

1976

(5)

INTRODUCTION

La transition du monde mérovingien au monde chrétien constitue depuis longtemps un des problèmes les plus attachants de l'historiographie de l'Eu-rope occidentale. Dans ce domaine, l'archéologie a fourni d'intéressants élé-ments nouveaux. Au dossier déjà volumineux nous voudrions ajouter ces quel-ques pages consacrées à des découvertes plus ou moins récentes faites en Belgique.

Nous nous limiterons aux cas de Arlon, de Grobbendonk, de Landen et de Waha, recherches dans lesquelles nous avons été personnellement impli-qués. Dans ces quatre sites, des tombes mérovingiennes pourvues d'un mobi-lier funéraire furent découvertes dans un édifice qui devint plus tard église paroissiale (fig. 1 ). 0 50km b m m1

GROBBENDONK Tongeren ,

• •

LANDEN

Fig. 1. - Localisation des principaux sites belges mentionnés dans Ie texte.

Afin de situer ces documents dans leur cadre historique et topographique, nous évoquerons chaque fois et d' une manière très succincte, l' évolution ulté-rieure du sanctuaire.

(6)

6 ARLON : L1ÉGLISE SAINT-MARTIN A. Arlon : l'église Saint-Martin 1

Dans le cadre d'une étude archéologique de l'Arlon romain, l'antique Orolaunum,

J.

Breuer entreprit en 1936 et 1938 la fouille du << Vieux-Cime-tière >> ou s'éleva jadis l'église paroissiale d'Arlon; le site se trouve en bordure de la Semois, à la limite du vicus romain qui s'étend au pied de la butte occu-pée par le castellum du Bas Empire (fig. 2); en vue de l'aménagement archéo-logique du site, une seconde campagne de fouille eut lieu en 1963 2

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Fig. 2. - Carte d'Arlon et environs:

1. Castellum du Bas Empire. 2. Zone de !'habitat romain. 3. << Vieux-Cimetière >>. 4. Temple ( ?).

5. Fours de potiers romains.

Les croix indiquent des nécropoles d'époque romaine.

1 Selon une visite décanale de 1628/29, l'église était dédiée aux SS. Marc et Martin. 2 Sur les fouilles de 1936-38 voir

J.

BREUER in Bull. Acad. Belg. XXIV, 1938, p. 139-141; ID., in Archeologie 1938, p. 15 et ID., La Belgique romaine, 1946, p. 73 et 114. Cfr A. BERTRANG, Histoire d' Arlon, 19532

, p. 48 et 395-396. Sur les fouilles de 1963: J. MERTENS, in Archéologie 1963, p. 18 et 68.

(7)

ARLON : L1ÉGLISE SAINT-MARTIN 7

Les prem1eres fouilles dans l' église livrèrent une série de très riches tombes mérovingiennes, datant des Vle et Vlle s. ; ces sépultures ayant été étudiées par H. Roosens et

J.

Alenus dans un rapport publié en 1965 1, nous nous bornons dans cette notice à l' examen de l' édifice.

L' évolution architecturale dé ce dernier peut être subdivisée en cinq phases.

1. L1

ÉDIFICE PRIMITIF (fig. 5)

Le premier édifice implanté dans cette zone humide et presque maréca-geuse présente un plan très simple: il consiste en une grande salle rectangu-laire (mesures dans reuvre : 18, 10 m X 9, 80) sur laquelle est greffée une an-nexe de forme plus ou moins trapezo:dale terminée par un chevet arrondi

(profondeur: 5,40 m); la maçonnerie de ce dernier fut complètement enrobée

Fig. 3. - Arlon: vue prise du Sud au cours des fouilles de 1936/38: 1. Mur du chreur de l' église mérovingienne.

2. Sarcophage dans Ie chreur.

3. Mur de l'église préromane (fig. 5, 3).

©

ACL, Bruxelles.

1 H. RoosENS et

J.

ALENUS-LECERF, Sépultures mérovingiennes au Vieux-Cimetière

(8)

8 ARLON : L1ÉGLISE SAINT-MARTIN

Fig. 4. - Arlon: vue des fouilles 1936/38:

1. Face nord du mur du chIBur mérovingien. 2. Abside nord (fig. 5, 3).

3. Annexe nord (fig. 5, 5).

4. Abside nord d'époque romane (fig. 7, 6). © ACL, Bruxelles. dans les constructions ultérieures; les départs obliques latéraux sont encore bien visibles (fig. 3-4) et parfaitement liés à la nef. Les murs ont une épaisseur variant de 89 à 93 cm; ils présentent un appareil soigné dans lequel nous retrouvons remployés de nombreux moellons équarris, d'allure romaine, quelques grès ferrugineux et, aux angles, des bloes réguliers en pierre de taille. Manifestement les constructeurs ont largement exploité comme carrière les vestiges antiques tout proches.

Le bàtiment n'est pas exactement orienté mais désaxé vers le sud-est (axe: 128°). Dans la partie est de la nef, un petit muret, large d'à peine 45 cm, rejoint les murs nord et sud, à une distance de 2,25 m du fçmd.

Une chronologie relative de cette église est fournie par les tombes qu' elle abritait et qui toutes, à l'exception d'une seule, sont disséminées dans la nef (fig. 5). Quelques-unes sont adossées aux murs de l'église et clone postérieures à celle-ci; d'autres sont rangées le long de la façade occidentale, ce qui laisse supposer l' antériorité de cette dernière. Au cours des sondages effectués en 1963 tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'édifice, ainsi que dans le chIBur,

(9)

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ARLON : L EGLISE SAINT-MARTIN 9

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-Fig. 5. - Arlon: église Saint-Martin. 1. Eglise mérovingienne. 2. Sépultures mérovingiennes.

3. Chreur avec absidioles ayant remplacé le chreur primitif. 4. Sarcophages en pierre.

5. Annexes du chreur 3.

nous n'avons trouvé aucune autre tombe contemporaine contenant du mobilier funéraire.

Monsieur Breuer avait jadis émis l'hypothèse que ces tombes mérovin-giennes avaient été aménagées dans un édifice antique existant, peut-être même une église tardo-romaine 1. Les fouilles ultérieures n' ont cependant pas permis de confirmer cette hypothèse; dans le chreur nous avons recoupé une couche de terre noire contenant des débris de pierre et des fragments de tuiles ro-maines, ressemblant aux déblais recouvrant les substructions des thermes abandonnés après le Bas Empire. Du point de vue technique les murs de l' édifice primitif ne ressemblent aucunément à ceux des thermes voisins, quoique ceux-ci soient déjà d'époque tardive, comme l'atteste le remploi de 1 Dans sa Belgique romaine (vair ci-dessus p. 6, n. 2) p. 73,

J.

Breuer pensait à

<< une petite église chrétienne de la fin du IVe et du début du ye s. >>. Selon le même auteur elle fut incendiée au ye s. et ses ruïnes servirent de lieu de sépulture à l' époque mérovingienne. Dans Arch. Belg. 88, 1965, p. 11, J. Breuer est mains précis et parle << d'une primitive

(10)

10 ARLON: L1

ÉGLISE SAINT-MARTIN

moellons brulés, de fragments de dalles d'hypocauste ou de bloes en pierer de taille. Quoique utilisant largement les matériaux antiques, les maçonneries de l'église nous paraissent moins soignées, le mortier est de qualité inférieure, la disposition des moellons est différente. Selon nous, l'église fut construite après !'abandon du site et ce probablement en vue de l'aménagement de la nécropole mérovingienne; elle serait dès lors de peu antérieur à la première inhumation qui, selon Roosens-Alenus, daterait de la première moitié du Vle siècle; cette tombe (tombe 10, fig. 5) est située dans l'angle ouest de la nef.

C'est dans eet édifice que furent disposées par la suite les autres sépultu-res; le mobilier funéraire très riche accompagnant les défunts révèle que ceux-ci appartenaient à !'aristocratie locale, une aristocratie pour laquelle les nou-velles croyances n' étaient pas lettre morte; la belle bulla accompagnant la dame inhumée dans la tombe 17 pourrait en constituer la preuve tangible 1

ainsi qu'un second exemplaire, plus simple, provenant de la tombe 11. Dans eet état, la chapelle funéraire resta en service au moins jusqu'à la fin du VIIe siècle, date de la dernière tombe à mobilier funéraire. Il est plus que probable que l' on continuät à y enterrer les morts encore longtemps après. De nombreuses sépultures furent dégagées lors des fouilles de 1936/38, mais il est inalheureusement impossible de préciser leur contexte stratigraphique ou chronologique, la documentation à notre disposition étant très lacunaire. Beaucoup de défunts avaient été déposés dans des sarcophages monolithes en calcaire blanc tendre ou dans des fosses entourées de bloes ou de dalles retail-lées dans des monuments romains (fig. 5 et 3). Aucune de ces tombes ne contenait cependant du mobilier funéraire. Comme auparavant, les défunts sont enterrés dans la nef, sauf deux, disposés dans le chreur. Un des sarco-phages avait été placé contre la fondation même d'un mur appartenant déjà au nouveau chreur, indiquant ainsi que cette tombe avait été aménagée après les premières transformations apportées à l' édifice primitif.

2. LES PREMIERS AGRANDISSEMENTS (fig. 5)

Afin de donner au chevet une allure plus monumentale, l'ancien chreur fut remplacé par un sanctuaire central au chevet arrondi, flanqué de deux absidioles, le tout accolé à la nef existante (fig. 5, 3). La nature instable du ter-rain explique la largeur des fondations. Tout comme c' est le cas pour l' édifice primitif, les maçonneries présentent encore un appareil régulier, faisant large-ment usage de matériaux romains, bloes taillés, petits moellons, grès ferrugi-neux.

1 Cfr Ie mobilier funéraire des tombes princières sous Ie Dom de Cologne: 0. DoPPELFELD

-R. PrnLING, Fränkische Fürsten in Rheinland, 1966, p. 40; 0. DoPPELFELD, in Früh

-christliches Köln, 1965, p. 25-26.

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ARLON : L EGLISE SAINT-MARTIN 11

Fig. 6. - Arlon: vue générale du site du << Vieux-Cimetière >>.

Ce premier agrandissement ne donna probablement pas satisfaction; deux annexes furent ajoutées tant au nord qu'au sud (fig, 5, 5) : au nord, l'absidiole fit place pour une pièce rectangulaire mesurant 4, 75 sur 3,50 m; au sud, l' aile rectangulaire mesure 8, 40 m sur 3 m; ici, l' absidiole resta en service.

3. L'ÉGLISE R0MANE (fig. 7)

On ne peut guère <lire que l' église à ce stade présente un plan symmé-trique; il sera tenté de pallier eet inconvenient en bouleversant toute la partie est de l'édifice (fig. 7, 6): l'annexe sud est démolie et remplacée par une petit bras de transept terminé à l'est par une absidiole. Au nord, l'annexe existante est partiellement réutilisée, son mur oriental étant remplacé par une abside, faisant pendant à la précédente. Au centre enfin, le chevet existant fait place pour une abside dépassant de peu les absidioles latérales 1. La nef de l'édifice

primitif reste toujours en service. L' on pourrait se demander si, vu l'impor-tance donnée au nouveau cha:ur et au transept, il n'ait pu exister une

subdivi-1 L'arrondi de ces absides présente une configuration légèrement aplatie de sorte que !'on

pourrait croire à un chevet polygonal; une pierre taillée, encore in situ sur !'abside nord,

(12)

12 ARLON : L'ÉGLISE SAINT-MARTIN

sion longitudinale du vaisseau en une nef centrale et deux bas-cótés. Quelques éléments de maçonnerie subsistant devant l' entrée du chceur pourraient con-stituer un indice dans ce sens.

6 7 8

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Fig. 7. - Arlon: développement de l'église.

4. L'ÉGLISE GOTHIQUE (fig. 7, 7)

Mais cette église romane est encore trap exiguf. La nef est élargie jusqu'à h.auteur des murs nord et sud du transept; pareille largeur de 13 m suppose des supports intermédiaires surtout si cette nef était voûtée, comme semblent l'indiquer les pilastres muraux encore conservés le long du mur sud. Il est possible que l' on ait réutilisé à eet effet les colonnes ou piliers romans existants. Quant aux transept et les trois absides du chceur, tout disparait pour faire place à une spacieux sanctuaire de même largeur que la nef et terminé par un chevet polygonal, pourvu de contreforts. C' est sous eet aspect que l' église a pu se présenter au XIVe siècle.

5. LES ULTIMES AMÉNAGEMENTS (fig. 7, 8-9)

Avant sa destruction partielle (vers 1558 ?) et sa désaffectation comme église paroissiale, l' édifice connut encore quelques aménagements mineurs. Deux bras de transept, très peu saillants, sont encastrés dans la nef, à hauteur du chceur. A une époque indéterminée, le bras sud est allongé ; devant la façade ouest est érigé une construction que l' on pourrait qualifier de portail mais qui n' occupe cependant pas toute la largeur de l' église. Si nous pouvons en croire une visite archidiaconale de 1628/29, l'église fut détruite par faits de guerre; avant 1570 déjà, le culte avait été transféré à l'intérieur des rem-parts de la ville, dans une nouvelle église.

(13)

ARLON L EGLISE SAINT-MARTIN ', 13

Le site n' est pourtant pas complètement abandonné 1 : au XVIIe siècle

existe encore ici une chapelle, et un ermite s'est installé dans les mines; le cimetière est désaffecté depuis 1853; les derniers vestiges disparaissent en

1878. Cette date signifie aussi le point final d'une existence s'étendant sur près de douze siècles (fig. 6).

Fig. 8. - Carte du site de Grobbendonk. 1-2. Habitat gallo-romain.

3-4. Tombes gallo-romaines. 5. Nécropole mérovingienne.

6. Tombes mérovingiennes et église de Ouwen. 7. Centre du village actuel.

(14)

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14 GROBBENDONK : LA CHAPELLE DE OUWEN

B. Grobbendonk : la chapelle de Ouwen 1

Cette chapelle, disparue probablement au XVIIIe siècle, est située à

400 m au nord d'une nécropole mérovingienne et à quelques six cent mètres au nord-ouest d'une importante agglomération gallo-romaine 2 (fig. 8).

L' examen archéologique a permis de suivre l' occupation du site depuis le Vlle siècle jusqu'à nos jours, occupation dans laquelle quatre phases peu-vent être distinguées:

1. La nécropole primitive

2. La chapelle en bois

3. La première église en pierre.

4. La seconde église en pierre et les réfections ultérieures.

1. LA NÉCROPOLE PRIMITIVE (fig. 9)

Comme en de nombreux autres endroits, la chapelle primitive fut érigée sur une nécropole plus ancienne; les fouilles ayant été limitées à l' aire de la chapelle disparue, nous ne saurions préciser l' étendue de ce cimetière. Nous pouvons cependant admettre qu'il ne s'agit ici aucunément d'une extension de la nécropole mérovingienne située 400 m plus au sud, aucune trouvaille n' ayant été faite dans les pa rages. Les tombes de la nécropole primitive de Ouwen peuvent être rangées en trois catégories :

a. Tombes avec mobilier funéraire,

b. Tombes du même type mais, sans mobilier,

c. Tombes sans mobilier, mais recoupées par les trous de pieux de l'église en bois et clone antérieures à celle-ci.

Le total de ces tombes s' élève à 19.

a. Les tombes avec mobilier funéraire (fig. 9, 1)

Tombe 57 G RO 21. Dans la fosse orientée, creusée dans le sable vierge et

mesurant 2,38 m sur 1, 70 m était disposée la chambre funéraire, large de

1,20 m; le plancher s'appuyait sur deux traverses dont les traces étaient bien

1 Quelques indications bibliographiques :

J.

MERTENS, in Archeologie 1958, p. 131; ID.,

Gallo-Romeins graf uit Grobbendonk, Archaeol. Belg. 53, 1961, p. 16-18, fig. 8-9; ID.,

Grobbendonk, in Vingt-cinq années de recherches archéologiques en Belgique, Bruxelles, 1972,

p. 110-112, fig. 10. Pour la nécropole mérovingienne vair P. JANSSENS, Het Merovingisch

grafveld van Grobbendonk, in Noordgouw IV, 1964, p. 49-96 ; P. J ANSSENS-H. RoosENS,

Lijkverbranding en lijkbegraving op het Merovingisch grafveld te Grobbendonk, in

Helinium III, 1963, p. 265-272.

Bibliographie exhaustive, jusqu'en 1965, concernant les découvertes à Grobbendonk dans

M. BAUWENS-LESENNE, Bibliografisch repertorium der oudheidkundige vondsten in de

provincie Antwerpen, Bruxelles, 1965, p. 54-64.

2 Un premier rapport sur les fouilles dans l'agglomération romaine paraîtra prochainement.

(15)

104

GROBBENDONK : LA CHAPELLE DE OUWEN

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Fig. 9. - Grobbendonk : la nécropole primitive.

1. Tombes à mobilier funéraire mérovingien.

2. Tombes du même type que 1, sans mobilier.

3. Tombes antérieures à la première église en bois.

15

5

visibles dans le sol. Profondeur: - 198 1

. Les dimensions du cercueil

propre-ment dit étaient de 1,95 X 50 cm. Le squelette avait complètement disparu, mais l' on remarquait encore la silhouette du cadrave qui avait la tête à l' ouest.

A hauteur de la poitrine furent recueillies 53 perles d'un collier (fig. 10); 30 d' entre elles étaient en päte de verre, 20 en verre, une en ambre (3) et deux en amethyst (1-2). Les perles en päte de verre, la plupart cylindriques

(24-36-43-44), d'autres biconiques (37-41, 45-53), ont un diamètre variant de 6 à

11 mm; elles sont soit monochromes (jaune, orange, vert, bleu ou rouge-brun) soit à stries et taches multicolores rappelant la polychromie des verres mille-fiori. Les perles en verre généralement opaque ( 4-23) sont, à deux exemplaires près (20-21), monochromes bleu foncé, bleu päle, jaune verdätre et blanc bleuté ; elles présentent généralement des corps aplatis, parfois annulaires. Les deux perles polychromes sont de forme cylindrique en verre jaunätre à décor

1 Les niveaux sont calculés d'après Ie ressaut de fondation de la chapelle encore existante

(16)

16 GROBBENDONK : LA CHAPELLE DE OUWEN

4 3 16-19 22 23 46 47-50 51 52-53

Fig. 10. - Collier de la tombe 21 (éch.: 1/1).

strié blanc, vert et jaune; la plus grande à un diamètre de 16 mm; la seconde,

biconique, est en verre bleuatre à stries blanches.

Tombe 57 GRO 110. Cette fosse, un peu plus grande que la précédente,

(2,95 X 1,80 m) avait été creusée jusqu'à une profondeur de - 2,60 m. Dans

la chambre funéraire, mesurant 2,21 m X 1,31 et s'appuyant également sur

deux traverses, étaient déposés l'un à coté de l'autre, deux cerceuils mesurant

(17)

GROBBENDONK : LA CHAPELLE DE OUWEN 17

resp. 164 X 41 cm et 168 X 41 cm. La tombe était orientée; les défunts étaient étendus le chevet à l'ouest, les bras le long du corps (fig. 11-12).

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Fig. 12. - Grobbendonk: plan des tombes 110 et 173.

La tombe sud n'a livré aucune pièce de mobilier funéraire; il faut <lire à ce propos qu'en eet endroit se trouvaient de nombreuses tombes plus récentes, ainsi que des trous de pieux de l' église en bois qui, toutefois, ne dérangèrent guère la sépulture. La tombe nord, par contre, nous a fourni quelques objets très intéressants (fig. 13-14): près du flanc gauche du défunt avait été déposée une épée longue de 94 cm (a); quelques restes d'un fourreau adhéraient au métal de la lame; sur la radiographie étaient encore visibles les restes des tiges fixant le baudrier (fig. 15); un scramasaxe (b) (long. 63,5 cm) croisait obliquement l'épée; un couteau en fer (c), long de 14 cm accompagnait ces deux objets. Sur la poitrine du défunt, dans un contexte cependant dérangé, gisait une plaque-boude en fer longue de 78 mm (d), <lont le décor damas-quiné a presque complètement disparu ; quelques traces en subsistent sur

(18)

GROBBENDONK : LA CHAPELLE DE OUWEN

l'anneau; la plaque est de forme parabolique. Tout près fut recueillie une plaque de forme très allongée (e), ornée d'un décor damasquiné, composé de

spirales et de bandes hachurées (long. : 65 mm) (fig. 13 et 15, e); traces de trois

b

k

C

Fig. 13. - Grobbendonk: quelques pièces du mobilier funéraire de la tombe 110

(19)

GROBBENDONK : LA CHAPELLE DE OUWEN 19

rivets de fer, peu marqués; le dos présente, à hauteur des spirales du décor, une petite lamelle transversale avec traces de fibres de bois; ceci pourrait

indiquer que la plaque était fixée sur un suppor~ rigide (fourreau d' épée ?).

Tout près fut découvert un ferret, long de 11 cm (f) (fig. 13, f), orné d'un

décor ressemblant à cel ui de la pièée précédente. Une autre série d' objets se

trouvait éparpillée à hauteur des genoux (fig. 13) : une plaque allongée en fer

(long. 111 mm) en forme de ferret mais sans aucune trace de décor (g), une plaque boude en fer (h) de forme allongée comme e (long.: 112 mm; larg. de

l'anneau: 40 mm, larg. de la plaque: 28 mm); le décor a totalement disparu;

seule une bossette subsiste, de volume très hémisphérique, plaquée d' argent

et entourée à la base d'un fil d'argent torsadé (fig. 13, h). Des bossettes

par-faitement identiques se retrouvent sur deux fragments de plaque de fer

dé-couverts dans le voisinage : le premier (i) est de forme allongée (long. : 64 mm,

larg. max. : 25 mm) les contours complètement rongés par l' oxydation (fig.

13, i); l'autre (j) est de forme tout aussi imprécise (long.: 30 mm) (fig. 13, j);

le fait que les trois bossettes qui constituent l'unique décor ne soient pas

d' équerre semble indiquer que la pièce avait à l' origine une forme trapézoïdale 1

Une plaque en forme de losange (k) gisait près des pièces f et b; longue de

45 mm et large de 26 elle présentait, à la radiographie, les traces d'un décor

damasquiné formé de deux spirales opposées et contourant les quatre rivets

de fer (fig. 14, k). Plusieurs de ces pièces peuvent appartenir à la garniture

d'un baudrier, du type découvert en Allemagne méridionale 2

• Trois ferrures

de cercueil à terminaison losangique (fig. 14, 1) se trouvaient près de la paroi

ouest, tandis que deux bandes de fer, terminées d'une tête circulaire

gisaient aux pied du défunt (m); les têtes sont munies d'un rivet (fig. 14, m).

Tombe 57 GRO 173 (fig. 11-12). La fosse de cette grande tombe orientée

était creusée dans le sable jusqu'à une profondeur de - 2,31 m. La chambre

funéraire était déposée sur deux traverses de bois; elle contenait au moins un

cerceuil. Toute la partie sud de la sépulture ayant été recoupée par les

fonda-tions de l' église romane et par un moule à cloches dépoque médiévale, il ne

nous fut plus possible de préciser la largeur de la chambre funéraire ni celle du cercueil. Leur longueur est respectivement de 2, 10 met 1, 76 m. La

dispo-1 Cette pièce peut être comparée à celles, de forme trapezoïdale mais en bronze,

décou-vertes dans la tombe 45 de la nécropole de Donzdorf: E. M. NEUFFER, Der

Reihengräber-friedhof von Donzdorf, 1972, p. 43 et pl. XI, 4-6, et XLI, 3-5; dans cette tombe, la pièce

semble devoir être mise en rapport avec Ie scramasaxe. Je remercie Monsieur Roosens

pour les références bibliographiques qu'il à bien voulu me fournir.

2 Cfr E. M. NEuFFER, Donzdorf, p. 32-38; R. CHRISTLEIN, Das alamannische Reihen-gräberfeld von Marktoberdorf (Materialhefte bayer. Vorgesch. 21, 1966), p. 60 sqq.;

J.

WERNER, Das alamannische Gräberfeld von Bülach (Monograph. Ur-und Frühgesch.

Schweiz 9, 1953), p. 54 sqq.: W. MENGHIN, Langschwerter aus germanischen Gräbern

des 5. bis 7. Jahrdts., in Anzeiger german. Nationalmus. 1973, p. 7-56 (information H.

(20)

20 GROBBENDONK LA CHAPELLE DE OUWEN

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GROBBENDONK : LA CHAPELLE DE OUWEN 21

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Fig. 15. - Grobbendonk: mobilier funéraire de la tombe 173 (éch.: a, b, d: env. 1/4, 5; C: 2/3).

Détail de l'épée de la tombe 110, d'après radiographie.

sition du mobilier funéraire laisse supposer que le défunt avait la tête à l' ouest. Comme dans la tombe précédente 110, une épée longue (a) (long.: 90 cm) croisait le scramasaxe (b) (long.: 54 cm) près du bras gauche du défunt (fig. 12). Une petite boude en fer (c), longue de 62 mm, se trouvait près de la poignée de l' épée; la plaque, dont les contours ont été rongés par l' oxydation,

(22)

22 GROBBENDONK : LA CHAPELLE DE OUWEN

présente un décor damasquiné (fig. 15, c) très linéaire; le motif central est constitué d'une croix gammée, flanqué de deux motifs décoratifs hachurés. Au-delà de deux rivets, le décor contoume l'écusson à peine marqué de l'ar-dillon; eet écusson est omé d'un motif en S. L'anneau est décoré de fils d'ar-gent transversaux. Près de l' épée gisait un couteau en fer, long de 17 cm ( d) (fig. 12).

Les quelques tombes décrites ci-dessus constituent un groupe homogène, tant du point de vue de !'aspect général que de celui du mobilier funéraire: elles disposent toutes d'une chambre funéraire bien distincte du cercueil, une disposition que nous rencontrons également dans d' au tres nécropoles mérovingiennes mais qui semble généralement réservée à des personnages de marque. A titre d' exemple nous pourrions citer des tombes de Beerlegen ou de Borsbeek 1

; c' est surtout avec Borsbeek que les similitudes sont frappantes

et précisément avec les tombes les plus récentes, celles de la seconde moitié du VIIe siècle. Notons en outre que les gamitures de baudrier ne sont pas tellement fréquentes en Belgique et qu' elles font généralement partie de mobiliers funéraires bien particuliers.

b. Tombes du même type que celles de la sbie a mais sans mobilier funéraire

(fig. 9, 2).

Il s'agit des tombes 29, 33, 144, 155, 157 et 183. Le caractère commun de ces tombes sont les grandes fosses rectangulaires, orientées, creusées pro-fondément dans le sable et pourvues d' une chambre funéraire déposée sur deux traverses. Le remblai de ces fosses ressemble à celui des fosses de la première série.

Tombe 29: cercueil dans chambre funéraire; profondeur: - 215; les traverses ont une épaisseur de 8 à 10 cm.

Tombe 33: chevet à l'ouest, profondeur - 192. A 88 cm au-dessus du fond se dessinent dans le profil plusieurs couches d'incendie, représentant le niveau de l' église en bois.

Tombes 144 et 155: cercueils dans chambres funéraires; profondeur: - 181 cm.

Tombe 157: trace fugitive d'une traverse; cette tombe avait été recoupée par la tombe 158, dont le remblai contenait un tesson d'un vase du type Badorf (cfr infra).

1 Cfr H. RoosENS, Quelques particularités des cimetières mérovingiens du Nord de la Belgique, Archaeol. Belg. 108, 1968, p. 8-9. Pour Beerlegem tombe 111 voir H. RoosENS-A. VAN DooRSELAER, Enkele merkwaardige graven uit de Merovingische begraafplaats van Beerlegem, Archaeol. Belg. 91, 1966 et H. RooSENs-J. GYSELINCK, Een merovingisch grafveld te Beerlegem, Archaeol. Belg. 170, II, 1975, p. 30-31 et p. 34 (tombe 126). Pour Borsbeek : G. DE BoE, Een Merovingisch grafveld te Borsbeek, Archaeol. Belg. 120, 1970, p. 11.

(23)

GROBBENDONK : LA CHAPELLE DE OUWEN 23

Tombe 183 : très grande fosse avec solide cercueil de bois; aucune trace

de mobilier funéraire, malgré l' état de conservation de la tombe. c. Tombes sans mobilier mais antérieures à l' église en bois

Nous avons retenu dans cette · série uniquement les tombes recoupées

lors de l'implantation des pieux appartenant à l' église primitive en bois. Il est

probable que d' au tres tombes soient contemporaines, mais l' absence de re-coupement ne permet pas de préciser leur date.

Toutes ces tombes sont de simples fosses, moins larges que celles des deux

séries précédentes, sans chambre funéraire distincte ni traverses.

En premier lieu sont à signaler ici un groupe de quatre sépultures,

dis-posées autour et sur la tombe mérovingienne 110 (tombes 104, 105, 112, 113;

profondeur: de - 191 à - 165). Les au tres tombes ( 187, 190, 191 et 205)

sont situées au nord-est du premier groupe; leur profondeur oscille entre

- 180 et - 225. Dans deux au tres tombes ( 128 et 134; fig. 9) le fond de la fosse était formé d'une couche de charbon de bois et d'argile rougie par le feu

(prof.: - 215 et - 209). Les défunts avaient généralement la tête à l'ouest.

2. LA CHAPELLE EN BOIS

Dans la zone fouillée furent identifiées 34 traces de p1eux ; elles sont

éparpillées sur une superficie de 10 sur 10 m et groupées, à deux exceptions

près, dans la nef de la future église en pierre. Nous avons répérés en outre

neuf traces <lont le remblai ressemble à celui d'un trou de pieu mais ou aucun

reste de bois ne fut remarqué. Il est en outre possible, et même probable, que

les nombreuses inhumations ultérieures aient effacé mainte trace ancienne et

que plusieurs trous de pieux soient recouverts par les fondations de l' église

médiévale.

Parmi les trous de pieux nous pouvons distinguer trois séries (fig. 16,

4-5):

a. Une première série comprend 18 traces, groupées par trois: 106-106a-108,

166-167-168, 152-153-154, 171-172-172a, 99-99a-100 et III a-b-c-. Leur

profondeur varie de - 167 à - 224; le remblai est constitué généralement

d'un mélange de sable brunátre, quelques fragments de tuiles romaines oude charbon de bois. Le diamètre atteint parfois les 85 cm. La présence de ces

groupes de trois traces peut s'expliquer du fait qu'il s'agit très souvent d'une

succession de pieux qui furent régulièrement renouvelés et remplacés. Dans

un cas précis - 154 - la tache foncée du pieu se détachait nettement du

rem-blai plus clair ( 40 X 38 cm).

b. Une seconde série comprend les pieux isolés 118, 135, 136, 182, 228, 143; en un cas, la trace était dédoublée: 101-l0la; profondeur, dimensions et

(24)

24 GROBBENDONK : LA CHAPELLE DE OUWEN

c. Dans la troisième série nous avons groupé les traces dont les dimensions

sont plus réduites ou la profondeur moindre: 30a, 306, 114, 115. Il s'agit

géné-ralement de remblais de teinte foncée contenant du charbon de bois, d'un

diamètre de 20 à 25 cm. Notons cependant que le fond des traces 30a et 306

est à la cote resp. de - 220 et - 217.

Il n' est guère aisé de discemer dans eet ensemble de traces le plan bien net d'un édifi.ce. Nous pourrions proposer comme évolution possible les

phases suivantes (fig. 16):

construction rectangulaire allongée, orientée, mesurant 11,50 m sur 4,80 m.

extension de la partie occidentale pour farmer un édifi.ce à trois nefs longues

de 6,80 m, d'une largeur totale de 9,20 m, pourvu au centre d'une annexe

de 5

x

4,80 m.

Le caractère cultuel de eet édifi.ce peut être déduit de son orientation et

surtout des inhumations qui l' entourent et qui sont antérieures à l' église en

p1erre.

4 5 6

1

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Fig. 16. - Grobbendonk: plan des églises primitives: 4-5. Trous de pieux des églises en bois.

(25)

GROBBENDONK : LA CHAPELLE DE OUWEN 25 Dans une de ces tombes - 158 - fut receuillie un fragment d'amphore à bande en relief ornée à la molette, du type de Badorf, une céramique qui fut encore en usage jusqu'au Xe siècle. A cette époque, l'église en bois était clone probablement en service. Il est plus difficile de préciser la date de son érection. Le fait qu' à deux reprises le bàtiment, déjà agrandi, fut restauré indique une existence prolongée. Le fait, d' autre part, qu' après les tombes mérovingiennes du VIIe siècle, d'autres inhumations eurent lieu au même endroit et ce jusqu'à trois reprises, nous empèche de faire remonter la construction du sanctuaire en bois jusqu'au VIIe siècle, de sorte qu'une datation dans le VIIIe ou même le début du IXe siècle nous semble la plus plausible 1

.

3. LA PREMIÈRE ÉGLISE EN PIERRE (fig. 16, 6 et 17, 7)

L' étude des vestiges de cette église nous a permis de constater qu' elle ne fut pas construite d'un seul jet: en une première phase, se sont le chreur carré et l' abside qui furent greffés sur la nef de l' église en bois ; la façade orientale de cette dernière fut remplacée par un mur maçonné et ce sur toute la largeur des nefs (fig. 16, 6). Les dimensions du chreur (6,70 m sur 5,50 m dans reuvre) laissent supposer qu' en ce moment déjà était prévu l' agrandissement des nefs. Cette extension constitue la seconde phase (fig. 17, 7): le vaisseau de l'église, comprenant la nef centrale et deux bas-cotés, mesure maintenant 15,30 m sur 14,50 m. Pour des raisons techniques et pratiques, la nouvelle aile ne fut pas reliée au mur du chreur mais elle l'englobe complètement, de sorte que pen-dant les travaux, les services religieux purent se dérouler normalement 2

9 Fig. 17. - Grobbendonk: développement de l'église.

1 Cf. l'ancienne église de Neder-Heembeek : J. MERTENS, De Sint-Pieterskerk te Neder-Heembeek, in Miscellanea in memoriam P. Coremans (Bull. Kon. Instit. Kunstpatrimonium XV, 1975), p. 231-239.

(26)

1.

26 GROBBENDONK: LA CHAPELLE DE OUWEN

Deux séries de piliers carrés subdivisent eet espace en quatre travées. Le sol, en terre battue, est à la cote - 93. Pour la construction de eet édifice ies ruïnes des batiments romains de l'antique bourgade toute proche (fig. 8, 1 et 2) servirent de carrière.

Les couches sousjacentes au sol en terre battue ont livré des fragments de céramique d' Andenne des Xle et Xlle siècles, ce qui nous permet de da ter l' église romane de cette époque ou peu après.

4. LA SECONDE ÉGLISE EN PIERRE ET LES RÉ"ECTIONS ULTÉRIEURES (fig. 17) En un moment qu'il nous est impossible de préciser, cette église romane, pourtant bien construite, est remplacée par une nouvelle construction techni-quement beaucoup mains soignée (fig. 17, 8). Le ch~ur est prolongé vers l' est et pourvu d'un chevet polygonal. Un élément nouveau est le transept, dont les ailes se terminent également par une façade polygonale. La nef garde prati-quement son volume antérieur; la longueur totale de l' église est main tenant de 28 m; celle du transept: 22, 60 m. La subdivision en travées reste ce qu' elle fut apparavant à un détail près : les deux pilastres près de la façade occidentale sant reliés à cette dernière par deux massifs obliques, qui servent probable-ment de substruction à une simple tour-façade. Les vestiges encore conservés de ces murs, érigés en briques, pourraient indiquer que toute l'église était construite dans ce matériau. Les dimensions de ces briques révèlent une date

Fig. 18. - Grobbendonk: inscription funéraire gravée sur un fragment de tuile romaine. (éch.: 2/3) © ACL, Bruxelles.

(27)

GROBBENDONK : LA CHAPELLE DE OUWEN 27

assez récente: XVI-XVIIe siècles. Plus tard, l'église fut désaffectée; à

!'em-placement du chceur fut érigé une petite chapelle circulaire, seul souvenir

encore visible de l'ancienne église d'Ouwen (fig. 17, 9).

A part les objets mérovingiens et les quelques fragments de céramique,

les fouilles n' ont livré que peu de documents intéressants: une pièce de mon-naie brabançonne de Philippe le Bon ( 1430-14 7 6), un moule à cloche dans la

nef centrale, une fusaïole à paroi cotelée en grès à engobe bleuätre et un frag

-ment de tuile romaine portant, gravé d'une main malhabile, l'inscription

sui-vante : XII KL NO / VEB OBIIT / WIZO / SACERDOS : le douze des

kalendes de novembre (21 octobre) décéda Wizo, prètre (fig. 18).

C. Landen : l'église Sainte-Gertrude (?)

A environ 1400 m au sud-ouest de la ville actuelle se trouve un site que la

tradition populaire qualifie de << Ouderstad >> ou <<Sint-Geertruid>>, le topo-nyme de<< Vetus Landen>> ou <<vetus locus>> apparaissant déjà dans des

docu-ments du XIIIe s. De eet ancien habitat ne subsistent actuellement que deux

0 500m

1 : : : : 1 ===-- = =--===::J! _ _ __,,

Fig. 19. - Carte des environs de Landen.

1. Eglise Ste Gertrude.

2. << Tombe de Pépin >>.

3. Motte féodale, Ie Hunsberg.

4-6. Traces d'habitat gallo-romain.

(28)

28 LANDEN : L'ÉGLISE SAINTE-GERTRUDE ( ?)

buttes artificielles dénommés sur les cartes topographiques << Tombe de Pépin >>

et<< Heinsberg >> ou << Hunsberg >> (fig. 19). L'église Sainte-Gertrude, ancienne église paroissiale de Landen, disparut peu après le XVIIe siècle. L' aspect du site au XVIe siècle nous est illustré par la carte de

J.

Van Deventer (fig. 20) .

.

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Fig. 20. - Le site de Landen d'après la carte de

J.

Van Deventer.

..

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Dans la tradition historique, dont les sources sont malheureusement de date tardive, le nom de Landen est souvent associé à celui de Pépin I, maire du palais et une des figures de proue de !'aristocratie austrasienne. Pépin aurait eu sa résidence à Landen jusqu'à sa mort (vers 640); sa fille, Gertrude, future abbesse de Nivelles, y serait née. La même tradition rapporte que la dépouille mortelle de Pépin aurait été transférée de Landen à Nivelles.

(29)

LANDEN : L1ÉGLISE SAINTE-GERTRUDE ( ?) 29

Nous avons effectué deux campagnes de fouilles en 1958 et 1959 tant sur !'emplacement de l'ancienne l'église que dans la << tombe de Pépin >> 1.

Il resulte de ces recherches

a. que l' église fut construite à l' emplacement d'une nécropole mérovingienne, b. qu'elle connut un développement' architectural remarquable,

c. que la << tombe de Pepin >> n' est aucunément un tumulus, mais une motte

féodale érigée à !'emplacement d'un habitat du haut Moyen Age. Nous reprendrons ces points quelque peu en détail.

Fig. 21. - Vue aérienne de Landen (public. aut.). 1. Site de l'église pendant le fouille. 2. << Tombe de Pépin >>.

1 Voir Archeologie 1959, p. 136-137 et 305;

J.

MERTENS, in Vingt-cinq années de rech.

archéol., 1972, p. 110-112, avec plan. Pour les autres trouvailles faites à Landen voir A. M. DEFIZE-LEJEUNE, Répertoire bibliographique des trouvailles archéologiques dans la pro-vince de Liège, Bruxelles, 1964, p. 104-105.

(30)

30 LANDEN : L'ÉGLISE SAINTE-GERTRUDE ( ?)

1. LES TOMBES MÉROVINGIENNES. (fig. 22, 1).

Deux tombes seulement ont pu être étudiées, des raisons pratiques nous

empèchant d'étendre les recherches en dehors del' aire de l'église; de la sorte

nous n'avons aucune idée de l'étendue et de l'importance de la nécropole. Les deux tombes répérées sont disposées selon un axe nord-sud; elles

furent à mainte reprise recoupées par des tombes orientées, implantées autour

de l' église, ce qui explique leur très mauvais état de conservation.

Tombe 56: tombe de femme; profondeur : - 156 cm. Fosse rectangulaire,

large de 92 cm; du squelette subsistaient les os des jambes et de l'avant-bras.

LAN OEN

S.Gertrudis

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0 5

2 3 4 5

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Fig. 22. - Landen: plan des premières églises et de la nécropole primitive: 1. Tombes à mobilier funéraire mérovingien.

2. Tombes du même type que 1, sans mobilier, ou antérieures à l'église. 3. Premier édifice en pierre.

4. Agrandissement de 3. 5. Agrandissement de 4.

Mobilier funéraire (fig. 23) :

1. Gobelet en verre bleu verdätre, apode, à fond arrondi; lèvre évasée à large rebord rabattu.

Haut. : 60 mm, diamètre : 117 mm. Situation: entre les deux pieds.

(31)

LANDEN : L1ÉGLISE SAINTE-GERTRUDE ( ?) 31

3

4

Fig. 23. - Landen: mobilier funéraire de la tombe 56 (éch.: verre et bracelet: 1/2;

autres objets: 2/3). © ACL, Bruxelles

2. Bracelet de bronze; diamètre: 69 mm. Bracelet ouvert, renflé aux deux

extrémités; quelques traits gravés aux bouts constituent l'unique décor. Situation: au poignet gauche.

(32)

32 LANDEN : L1ÉGLISE SAINTE-GERTRUDE ( ?)

3. Parure de chaussure, comprenant la plaque-boude, la contre-plaque et le ferret, recueillie près du pied gauche (fig. 23, 3); le ferret était encore serré dans la boude (fig. 24).

Fig. 24. - Landen, tombe 56: Ie ferret engagé dans la boude.

© ACL, Bruxelles.

- Plaque-boude en fer, à décor damasquiné; long. totale: 78 mm; larg.: 29.

Plaque trapezoïdale à bords ondulés, le petit coté en queue d'aronde; boude ovalaire et ardillon scutiforme; l' écusson triangulaire est omé d' un décor hachuré, de même que l'anneau. La plaque présente un décor animalier schématisé; celui-ci est obtenu par placage d'argent sur support préalablement gravé; les contours sont soulignés par des fils de laiton. Les trois bossettes de fixation sont en fer, couronnées d'un fil d'argent.

- Contre-plaque en fer à décor damasquiné; long. : 50 mm, larg. 29 mm. F orme et décor identiques à la pièce précédente.

- F erret en fer à décor damasquiné; long. : 65 mm; larg. : 19 mm. L · orne-mentation, techniquement identique à celle des pièces précédentes, présente une torsade ouverte, hachurée. Les deux rivets, contourés d'un fil d'argent, sont retenus au dos par une mince plaque rectangulaire de cuivre de 18 X

8 mm.

4. Parure de chaussure comprenant les mêmes éléments que 3, recueillie près du pied droit (fig. 23, 4).

- Plaque-boude en fer, du même type et décor que la pièce 3a. Long.: 75 mm, larg.: 31 mm.

- Contre-plaque en fer à décor damasquiné. Long.: 51, larg. 38 mm. Décor comparable à celui de 3a et 36.

- Ferret à décor damasquiné. Long.: 62 mm, larg.: 16. L'ornementation consiste ici en une torsade fermée aux contours en argent et un nerf médian

(33)

LANDEN : L'ÉGLISE SAINTE-GERTRUDE ( ?) 33

en cuivre. lei également les deux rivets sont retenus au dos par une mmce feuille rectangulaire de cuivre.

Ces deux parures de chaussure, de forme et décor pratiquement identi-ques, peuvent être situées au VIIe siècle; cette datation correspond à celle du gobelet de verre et du bracelet.

Tombe 57. Cette tombe était très abimée; le défunt avait été déposé dans

un cercueil, placé dans une fosse rectangulaire, entourée d'un petit muret. Le fond de la fosse consistait en une mince couche de mortier, étalée sur l'argile; ce fond était rougi par le feu. Larg. de la fosse: 73 cm. Une seule pièce du mobilier funéraire fut retrouvée in situ: il s'agit d'une plaque de fer, gisant sur le bassin (fig. 25, 1); toutes les autres pièces furent receuillies dans le remblai, de nombreuses tombes ayant recoupé l' inhumation primitive.

1. Plaque en fer à décor damasquiné (fig. 25, 1). Long.: 79 mm, larg.: 39 mm. Forme triangulaire; trois bossettes de fixation en fer; le décor à entrelacs est gravé négligeamment et composé de fils d' argent et de laiton; ces derniers délirnitent en général les élements de la torsade centrale et des entrelacs, tandis

3 2

0

5 6

7 4

1111111

Fig. 25. - Landen: restes du mobilier funéraire de la tombe 57 (éch.: 2/3).

(34)

1

34 LANDEN : L1

ÉGLISE SAINTE-GERTRUDE ( ?)

que le champ est recouvert de minces feuilles d' argent. La bossette à l' extré-mité du triangle est entourée d'une couronne pointillée.

2. Fragment de plaque en fer à décor damasquiné (fragment de

contre-plaque ?) ; long.: 37 mm; larg.: 27 mm (fig. 25, 2).

3. Fragment de plaque en fer avec amorce d'un bouclier d'ardillon; décor damasquiné linéaire rappelant celui de 1 (fig. 25, 3).

4. Plaque rectangulaire (29 X 22 mm) en fer, à décor damasquiné, pourvue aux quatre angles de bossettes de fixation en fer; ces rivets, langs de 8 mm, sont retenus au dos par de petites plaques carrées de cuivre, dont une, encore bien conservée, mesure 6 X 6 mm. Le décor linéaire est obtenu par incrusta-tion de fils de cuivre et d'argent (fig. 25, 4).

5-6. Deux disques argentés, d'un diamètre de 17 mm, appliqués sur une plaque de bronze à couronne perlée ; diamètre : 24 mm; épaisseur totale: 4 mm. Ces disques sont pourvus au revers d'un rivet métallique, long de 5 mm (fig. 25, 5-6).

7. Ferret en bronze massif, long de 75 mm, large de 17. Contours biseautés; une des extrémités est arrondie, l'autre est fendue et pourvue de deux rivets en bronze langs de 6 mm; la largeur de la fente est de 2, 1 mm (fig. 25, 7). Du point de vue chronologique, le type de boude et surtout le decor damasquiné permet de dater ces deux tombes du VIIe s.

2. L'foLISE (fig. 22)

L' examen archéologique a permis de distinguer six phases dans le dé-veloppement de ce sanctuaire, érigé sur la nécropole mérovingienne.

A. Sépultures antérieures à l' église

Aux tombes mérovingiennes disposées nord-sud succèdent bientöt, dans les mêmes parages, plusieurs sépultures, cette fois bien oreintées. Ces tombes - 130, 138, 148 (fig. 22, 2) - sont du même type que la tombe méro-vingienne 57: fosse entourée d'un muret maçonné, les parois et le sol formé par des minces couches de mortier, recouvert d'un enduit rougeätre. De la tombe 130 ne subsistait qu'une petit fragment du muret de la paroi nord de la fosse, large de 18 cm et recouvert d'un enduit rosätre; deux os encore in situ indiquent que le défunt avait les bras le long du corps et la tête à l' est. Aucune trace de cerceuil. Dans le remblai d'une des tombes ayant recoupé 130 fut receuilli un menu fragment de verre bleu verdätre; nous ne pouvons cepen-dant affirmer qu'il s'agît d'un reste du mobilier funéraire de cette tombe.

La tombe 138 était mieux conservée; les murets étaient maçonnés à l'aide de matériaux romains: tuiles et carreaux d'hypocauste; le sol était fait d'une assise de fragments de tuiles sur laquelle était étalée une mince couche de mortier, recouvert d'un enduit rouge; le même enduit couvrait les parois de la fosse. Le défunt avait été déposé dans un cerceuil en bois, les bras étendus le

1 1

1

(35)

LANDEN : L'ÉGLISE SAINTE-GERTRUDE ( ?) 35

long du corps, la tête à I' ouest. Notons que Ie mortier utilisé pour construire

la fosse ressemble très fort à celui employé pour la première église en pierre.

La tombe 148 est identique à la précédente; épaisseur des murets:

28/35 cm; une des parois était rougie par Ie feu, une constatation déjà faite

dans la tombe mérovingienne 57. lei aussi Ie défunt avait été déposé dans un cercueil de bois, renforcé par des crochets de fer.

A ces quelques tombes à caisson maçonné nous pouvons joindre une série comprenant de simples fosses creusées dans la terre et orientées. Nous n'en

avons retenu que deux - 52 a et 44 a (fig. 22, 2) - recoupées par les

fonda-tions de la première église de pierre; elles sont clone antérieures à eet édifice.

Les défunts avaient les bras le long du corps et la tête à I' ouest. Il est possible

que ces tombes furent disposées dans ou autour d'une petite chapelle en bois, à laquelle pourraient appartenir les deux uniques trous de pieux répérés

(93 et 109, fig. 22), vagues traces circulaires miraculeusement échappées aux

bouleversements ultérieures. Signalons, pour terminer, la tombe 111, <lont la

localisation nous paraît très importante; cette tombe, à caveau maçonné com-me les sépultures les plus anciennes, est située exactecom-ment dans l'axe de la chapelle en pierre et semble avoir conditionné l'implantation de celle-ci

(fig. 22). Du squelette ne restait qu'une vague silhouette, permettant de

loca-liser la tête à I' ouest. L' étude stratigraphique du profil axial a permis de

con-stater que les pieds de la tombe touchaient les fondations de la chapelle. La situation, dans l'axe, <levant Ie chceur, confère à cette sépulture une significa-tion spéciale.

B. L' église en pierre (fig. 22, 3)

Très tot déjà, ce vague et hypothétique édifice en bois est remplacé par une construction en matériaux plus durables ; les quelques vestiges qui en subsistent permettent de reconstituer son plan très simple : nef rectangulaire de 11,40 m

x

6,40 m, sur laquelle est greffé, à l'est, un chceur carré de

5 X 5 m. La technique de construction est soignée; les murs, larges d' environ

70 cm, présentent un appareil régulier, même en fondation, utilisant

abon-damment des matériaux romains (fig. 26). De nombreuses inhumations eurent lieu dans cette chapelle, tant dans la nef que dans Ie chceur: citons la tombe

107, simple fosse de 173 cm sur 64, avec trace de cercueil mais squelette

totale-ment décomposé. Cette tombe avait recoupée la trace de pieu 109, sans pour

cela toucher toutefois Ie pieu lui-même. La tombe fut recoupée à son tour par la sépulture 75, d'un caractère assez spécial: dans une grande fosse, creusée dans l'angle nord-est du chceur fut déposé un sarcophage monolithe en

calcaire blanc tendre, << pierre de France>>, de forme trapezoïdale (fig. 26) 1.

1 Long.: 180 cm; larg. au chevet: 53 cm, aux pieds: 30; l'épaisseur des parois est de

(36)

36 LANDEN : L'ÉGLISE SAINTE-GERTRUDE ( ?)

Fig. 26. - Landen: angle nord-est du chceur primitif avec le sarcophage 75.

Que la tombe fût aménagée dans la chapelle existante est prouvée par sa

posi-tion contre le mur du chreur, mais aussi par le fait que dans le remblai de la fosse, coinçant le pied du sarcophage brisé en eet endroit, gisait un grand

fragment de sol bétonné, à enduit rouge, provenant du sol de la chapelle.

Vis-à-vis de cette tombe, le long de la paroi sud du chreur se trouvait une

grande fosse 153, de 2,24 m sur 1, 17 m creusée dans l'argile jusqu'à une

profondeur de - 193. Nous n'y avons relevé aucune trace de cercueil ni de

squelette; par contre, la nature du remblai indiquait nettement que la fosse avait été recreusée une seconde fois, probablement pour en retirer quelque chose (cercueil ou sarcophage ?).

C

.

Les développements ultérieurs de l' église

Les transformations apportées à cette première chapelle se suivent en-suite à un rythme accéléré. Lars d'un premier agrandissement, la nef est

élargie par l'adjonction de deux bas-cótés, larges chacun de 3,50 m, ce qui

porte la largeur totale du vaisseau à 14 m (fig. 22, 4).

Un second changement affecte le chreur: le petit chreur carré est rem-placé par un transept dont les bras, très peu saillants, se terminent par des

(37)

LANDEN : L1ÉGLISE SAINTE-GERTRUDE ( ?) 37

La phase suivante consiste en une reconstruction presque totale de l' édifice: tandis que l' abside centrale reste provisoirement en service, nef centrale et bas-cótés sont prolongés vers l' ouest et terminés par une massive tour carrée. Le transept est élargi jusqu' à 20 m et pourvu de nouvelles absides.

Deux rangées de quatre piliers carrés subdivisent la nef en cinq travées

(fig. 27, 6). ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■

Fig. 27. - Landen: développement de l'église.

Ces transformations, qui donnent à l'édi:fice une allure nettement romane,

peuvent être situées aux XIIe ou XIIIe siècles.

A ce stade, l' abside centrale n' est plus proportionnée au reste de l' édifice;

elle est remplacée par un chreur plus grand, comprenant un sanctuaire carré,

terrniné par un chevet arrondi (fig. 27, 7).

Cette église romane semble avoir servi pendant plusieurs siècles. Ce n' est

qu' au XVe ou XVIe siècle qu' elle est adaptée aux courants artistiques de

l' époque : nef et bas-cótés sont remplacées par un spacieux vaisseau voûté,

large de 12,50 m; la tour est rehaussée et soutenue par de solides contreforts.

Peu après, l'abside nord est remplacée par une chapelle à chevet plat, et sur la

façade sud est appliqué un portail assez monumental (fig. 27, 8). Les pélerins

affiuent, puisant l' eau bienfaisante dans le << puits de sainte Gertrude >> situé à quelques mètres du chreur de l'église (fig. 28, G). Celle-ci, en rume, sera

cependant bientót désaffectée.

3. LA (< TOMBE DE PÉPIN )) ET L1HABITAT MÉDIÉVAL

Les fouilles ont révélé que cette butte artificielle, située à 130 m au nord de l'église (fig. 21, 2 et 28, F) était en réalité une motte féodale. Elle faisait

(38)

38 LANDEN : L1ÉGLISE SAINTE-GERTRUDE ( ?)

partie d' un habitat plus vaste, <lont l' évolution présente trois phases successives.

1. Du premier habitat ne subsistent que quelques vagues traces de pieux et

des fragments de cérarnique difficilement datables mais pouvant être situés

LANDEN

\ 0 25 50

-Fig. 28. - Plan général du site de Landen:

A. Nécropole mérovingienne. B. Eglise.

C. Premier fossé autour de !'habitat.

D. Deuxième fossé autour de !'habitat.

E. Vestiges d'habitations.

F. Motte féodale, << Tombe de Pépin >>.

(39)

' ' 1 1 1 l 1

LANDEN : L1ÉGLISE SAINTE-GERTRUDE ( ?) 39

dans le haut Moyen Age, Vlle ou Vllle siècles 1. Cet habitat pourrait être

mis en rapport avec les tombes les plus anciennes et la première église en p1erre.

2. Dans l'angle nord-ouest de cette habitat, près d'une source, est érigée

en-suite une première motte féodale, eiitourée d'un fossé; la zone située entre la

motte et l' église est également ceinturée d' un fossé et constitue en fait l'

avant-motte (fig. 28, C). Les fragments de céramique recueillis permettent de situer

ce premier aménagement vers la fin du Xlle ou le début du XIIIe siècle; il est possible que l' érection de l' église romane soit à mettre en rapport avec ces transformations.

3. En une troisième phase enfin, les fossés autour de la motte sont élargis et la

butte rehaussée; le territoire de l'avant-motte est agrandi et ceinturé de

nou-veaux fossés (fig. 28, D), qui frolent maintenant le cimetière et l' église. Le

matériel archéologique situe ces dernières transformations dans le Xllle siècle.

La création de la nouvelle ville de Landen vers la même époque comme avant-poste des <lues de Brabant contre la principauté de Liège signifie la fin de !'habitat du << vetus Landen>> 2•

Si ces évènements plutot récents nous intéressent moins dans le cadre de cette notice, les fouilles nous ont cependant permis d' entrevoir la lente

trans-formation d'un site mérovingien. Aux premières tombes du Vlle siècle, à

l'axe inhabituel nord-sud et aux riches mobiliers, succèdent très tot d'autres sépultures d'un type identique mais orientées et apparamment sans mobilier;

elles font place, à leur tour, pour les fosses habituelles, groupées dans et

au-tour d' une église, église qui demeurera pendant des siècles, l' église paroissiale

de l'endroit 3

L'archéologie n'a pas permis de confirmer ou d'infirmer la légende d'une translation de la tombe de Pépin, malgré la présence dans le chceur de la première chapelle d'une fosse vidée intentionnellement; il serait cependant difficile de la <later du Vlle siècle, époque du décès de Pépin.

1 En septembre 1862 aurait été trouvée une pièce d'or mérovingienne, d'une parfaite

conservation, sur le tumulus dit motte Ste. Gertrude: Bull. Soc. Scientif. Littér. Limbourg VI, 1863, p. 343.

2 La seconde butte artificielle, dénommée le Hunsberg et située à 250 m de la première,

n'a jamais été étudiée; sa signification reste énigmatique. L'existence à Landen de deux mottes féodales à une distance rapprochée ne constitue cependant pas un cas isolé : quelques exemples chez D. ZoLLER, in Ringwall und Burg in der Archäologie West-Niedersachsens,

1971, p. 50-52, fig. 3 et 5.

3 La paroisse de Landen est dédiée à S. Lambert, ce qui n'implique cependant pas que la

première église du Vetus Landen ait eu Ie même patron; sa situation dans l' évêché de Liège explique probablement Ie choix du patronyme.

(40)

40 WAHA : L1ÉGLISE SAINT-MARTIN

D. Waha : l'église Saint-Martin

Dès le Xle siècle, la communauté chrétienne de Waha disposait de deux

églises, l' une dédiée à saint Etienne, l' autre à saint Martin; la distance entre

les deux sanctuaires n'est que d'une bonne centaine de mètres (fig. 29, 1-2 et

30, 1-2).

L'église Saint-Etienne, érigée en 1050, comme l'atteste une pierre

dédi-catoire encore conservée, fut construite à l' emplacement d' un édifice assez

grand, orienté, mais dont il est difficile de préciser le caractère ou la fonction

Fig. 29. - Carte du site de Waha:

1. Eglise Saint-Martin. 2. Eglise Saint-Etienne. 3-4. Nécropoles mérovingiennes. 5. Site gallo-romain.

(41)

',

WAHA : L EGLISE SAINT-MARTIN 41

Fig. 30. - Photo aérienne du centre de Waha, avec !'emplacement de l'église Saint-Martin disparue (1) et l'église Saint-Etienne (2).

(Photo Min. Trnv. Pub!., autor.).

exactes. L'absence de tombes contemporaines pourrait indiquer qu'il s'agit d' un bätiment non religieux 1

. Il se distingue ainsi nettement de 1' église Saint-Martin, dont le caractère cultuel est attesté dès le VIIIe siècle.

Les fouilles qui y furent entreprises en 1957, 1962 et 1963 ont permis de distinguer cinq phases successives dans 1' occupation du site, occupation s'étendant du haut Moyen Age au XVIIIe siècle 2

• Situés à très faible

profon-1

J.

MERTENS, L'église Saint-Etienne à Waha, Archaeol. Belg. 40, 1967, p. 30-33.

2

Pour ces fouilles voir Archeologie 1957, p. 149, 1962, p. 70 et 1963, p. 19, pl. VIb. Pour la paroisse S. Martin voir F. JACQUES, Waha-Saint-Martin, in Bull. trim. Inst. Archéol. Lux.

(42)

42 WAHA : L EGLISE SAINT-MARTIN , ,

deur, en terrain rocailleux et jadis labouré, les vestiges de l'église ont souffert énormément; des différents édifices ne subsistent que quelques fragments épars, de sorte que la reconstitution des plans reste très hypothétique (fig. 31 et 32).

Fig. 31. - Waha: vue générale des fouilles, prise du Sud, avec la tombe 31, ouverte.

1. Les nombreux fragments de tuiles romaines ainsi que le remploi de petits moellons bien taillés laissent supposer la présence d'un habitat antique dans les parages (fig. 29, 5). Une couche d' occupation bien nette de cette époque fait cependant défaut. Un mur, longeant la façade occidentale de l' église et présentant une orientation légèrement différente des autres édifices, pourrait appartenir à une construction primitive (fig. 32, 1); large de 52 cm, il ne présente plus qu'une assise de moellons noyés dans un mortier grisatre; tout près s' étale une couche de débris con tenant de nombreux fragments de tegulae.

2. Une seconde phase d' occupation est constituée par une série de tombes disposés nord-ouest sud-est et recoupées ou bouleversées généralement par les très nombreuses sépultures orientées et par les substructions des édifices ultérieurs (fig. 32, 2). Pour autant que les observations aient été possibles, les défunts avaient la tête au nord et les bras soit croisés, soit allongés le long du corps.

(43)

WAHA L'ÉGLISE SAINT-MARTIN

WAHA

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Fig. 32. - Waha: plan du développement de l'église:

1. Vestiges antérieures à l'église. 2. Tombes primitives.

3-5. Eglises romanes et gothique.

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43

Une de ces tombes - tombe 31 - était particulièrement soignée la fosse, mesurant 190 X 43 cm, était recouverte de deux lourdes dalles de calcaire, épaisses de 20 cm et soigneusement juxtaposées; les bloes avaient été taillés pour un tout autre usage et remployés ici ; ils mesurent 92 X 70 X 20 et 90 X

70 X 20 cm (fig. 31). La tombe, ou le défunt avait la tête au nord, ne contenait aucun mobilier funéraire. Dans le remblai d'une autre tombe - tombe 80

-également disposée nord-sud mais malheureusement bouleversée par des murs plus récents, fut découverte une contre-plaque de boude mérovin-gienne; cette plaque en fer, mesurant 75 mm sur 35 présente un décor da-masquiné obtenu par incrustation de fils d' argent et de cuivre et composé de spirales et de bandes pointillées (fig. 33) 1. Elle peut être datée du VIIe

1 B. TRENTESEAU, dans son ouvrage La damasquinure mérovingienne en Belgique (Diss. Archaeol. Gandenses IX), 1966, p. 82 décrit Ie décor comme suit: << ... composé de bandes

pointillées, qui semblent former un corps humain, la tête vers Ie cóté intérieur. Les bras

et les pieds rappellent les têtes de monstres à spirales servant d'yeux. Des hachures rem-plissent les surfaces restées libres >>.

(44)

44 WAHA : L'ÉGLISE SAINT-MARTIN

siècle. Dans les déblais, à quelques mètres de distance, fut receuillie une perle d'ambre d'un diamètre de 18 mm.

Notons, parmi les trouvailles pouvant être situées dans le haut Moyen Age, plusieurs fragments de sarcophage(s) monolithe(s) en<< pierre de France >>, et une agrafe en bronze, de type carolingien. Malhcureusement, aucune de ces pièces ne peut être rattachée à l'une ou l'autre tombe, de sorte qu'il est impossible de préciser si elles proviennent de tombes antérieures à l' église ou d'autres, disposées dans celle-ci.

Fig. 33. - Waha: plaque mérovingienne (Ech.: 1/1). © ACL, Bruxelles.

3. Sur les quelques tombes d'allure mérovingienne - faisant peut-être partie d'une nécropole plus vaste - fut implantée une première église, plus ou moins orientée. Il est intéressant de constater que l' édifice est exactement perpendiculaire aux tombes les plus anciennes et non disposé suivant un axe rigoureusement est-ouest. Il semble bien que les constructeurs aient respecté les tombes existantes; ceci est particulièrement le cas pour la tombe à couver-ture dallée 31, située exactement au centre de l'édifice (cfr Landen). L'état de conservation extrêmement rudimentaire des vestiges ne permet pas de re-constituer le plan de ce premier sanctuaire. L' on pourrait imaginer une nef rectangulaire de 6,80 m sur 4,80 m, pourvue d'un chceur carré ou semi-circu-laire, englobé par la suite dans un complexe plus grand, à trois nefs de longueur

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