VILLA ROMAINE A VELAINES-POPUELLES
Les recherches s' échelonnent sur 5 campagnes, menées sous 1' égide du S.N.F., de 1968 à 1973. La méthode utilisée est la méthode adaptée de M. Wheeler, c.a.d. le quadrillage du terrain.
La stratification a révélé l'existence de 3 niveaux : des traces d'un habitat préhistorique (Niv. I); les fossés et les pieux d'une habitation en bois (Niv. II); les murs d'une 1re construction en pierre (Niv. III A), restaurée et intégrée dans une villa-romaine (Niv. III B).
Les constructions supérieures en matériaux durs
La première étape de la recherche a été la découverte de doubles murs dans l'aile occidentale de la villa, qui établissait la preuve d'une restauration. L'ancien bätiment est représenté par un quadrilatère de 23 X 10,50 m. Un mur médian et deux transversaux délimitent 6 grandes salles. Les fondations étaient constituées de grès locaux, liés par un mortier blanchätre. Le seul vestige attribuable à ce niveau est le puits I, avec coffrage reetangulaire en chêne (1,80 X 1,70 m).
La villa, construite autour d'une cour intérieure, comprend 3 corps de bätiments, adossés à un long mur d'appui : les ailes et un quartier central, reliés sans doute entre eux par un portique sur le pourtour de la cour intérieure.
Le mur d'appui s'étend sur 108 m de longueur. L'aile occidentale. si l'on fait abstraction de la galerie latérale, se présente sous la forme d'un quadrilatère de 27,50 X 10 m. La surface habitée est divisée par un mur médian qui partage, avec le concours de 3 murs transversaux, le quadrilatère en 11 pièces, auxquelles il faut ajouter les 3 petites salles (la dernière abrite un hypocauste), amorçant la galerie centrale. Le bätiment central, flanqué de deux éléments du portique, à égale distance (24 m) de l'hypocauste d'une part et de la cave d'autre part, est une construction de 16 X 8 m, divisée en 10 pièces, outre la dépendance édifiée au-delà du mur d'appui. Le quadri-latère de 1' aile orientale, si 1' on ne ti ent pas compte de la distension obser-vée sur le coin nord-est, est semblable à celui de l'aile opposée: 27,50 X 10 m. Les autres murs, au sud du quadrilatère, attestent un groupe de bätiments, même si on ne retrouve pas le réseau complet de ces constructions en annexe.
Il faut mettre à part, à l'angle de la galerie centrale et de l'aile orientale, une vaste cave (5 X 4 m), avec cage d'escalier (3,50 X 2,10 m), dont les assises de pierres bleues, parfaitement appareillées et décorées d'une double rangée de deux lits de parpaings, des fragments importants de niches et le pavement en béton rose sont de sûrs garants de la haute tenue de 1' édifice total au temps de sa splendeur.
-
-J
--~-~--W'.:~--
---,
' \ \ \ I \ I I I I I I I I I I I I I~
VELA
I
NES
~
A
c
0 20m IIM:::JIMI:JMII=:=- - ==::jl
Fig. 27. - Plan général de la villa. A : habitation rurale; B : villa à
portique; C : mur remployé; D : fossé. 1 : fosse récente;
2 : dépotoirs; 3 : tubuli; 4 : empierrement; 5 : hypocauste;
6 : puits en bois; 7 : escaliers; 8 : puits en pierre; 9 :
bas-fourneaux; 10 : cave; 11 : drains; 12 : tuyaux; 13 : non identifié.
VILLA ROMAINE A VELA! NES- POPVELLES 47
Fig. 28. - Vue de la cave.
La composition des murs de la villa est bien établie : calcaires carboni-fères de Tournai, avec remploi des grès locaux dans les fondations.
Les vestiges attribués à ce niveau sant le puits II en pierre, de forme circulaire, 3 bas fourneaux et le fossé de ceinture (larg. : 6,50 m; prof. : 2,50 m) qui longe à égale distance les bätiments de la villa.
L'habitation en bois
Le niveau II est constitué de deux types de vestiges : les fossés et les p1eux.
Huit langs fossés, disposés par groupes de trois, le dernier groupe n'en possédant que deux, traversent le terrain du sud-ouest au nord-est, selon la pen te, et s' arrêtent, sectionnés par le fossé de ceinture. Les 2 premiers fossés (du groupe I) sant plutot des fossés en U, larges au départ de 0,40 m, se situant entre - 0,40 et - 0,65 m, mais ils s'élargissent à 0,90 met s'appro-fondissent jusqu'à - 1,10 m en descendant vers le nord-est. Le 3ème est un
fossé de transition. Les 3 suivants (du groupe II) sant des fossés en V, larges parfois de plus de 2 m et s'enfonçant dans le sol jusqu'aux environs
48 VILLA ROMAINE A VELA I NES- POPDELLES
0
~
-
-
---2
0 "_
__
20cmFig. 29. - Vase à panse ceinturée et amphore avec inscription.
de- 1,60 m. La céramique habituelle de la Tène III et les types de poterie
belge, connus dans la région, abondent dans les remblais. Au fond, une
sorte de bief étroit est rempli de terre gris jaune dans laquelle
s'inter-calent des filons d'alluvions. Le 7ème fossé (du groupe III) est identique
aux précédents. Le gème pose un problème : il commence plus bas et
s'arrête 12 m plus loin. Peut-être a-t-il été abandonné en cours de
creu-sement?
Le niveau II a livré un autre type de fossés, perpendiculaires aux précé-dents. Les uns, dans le groupe I des longs fossés, sont longs, étroits, peu
profonds et relient ces demiers entre eux. Les autres, entre les groupes I
et II, sont larges, profonds et courts : ils ne dépassent pas 5 m. Des
tranes d'arbres debout ont été retrouvés dans plusieurs d'entre eux. Les fossés courts sont curieusement creusés à la périphérie de la zone de
l'habi-tation en bois.
C'est entre les groupes I et II des longs fossés que s'implantent aussi,
dans un désordre confus, 1' ensemble des pieux, sans qu' on puisse en
privilégier les uns plutot que les au tres pour tenter d' esquisser un plan
quelconque de la maison en bois. Parmi eux, il y a des pieux
quadrangu-laires qui peuvent atteindre des profondeurs impressionnantes (1,40 m).
Les autres affectent une forme ronde et les profondeurs varient de
-0,70 à - 1,20 m. Y a-t-il eu de nombreux incendies, suivis de
re-constructions désordonnées? En réalité, I' habitation en bois de Popuelles
est une énigme qu' on ne résoudra qu' en faisant appel à d' au tres
VILLA ROMAINE A VELAINES- POPDELLES 49
Les traces d'habitat préhistorique
Du niveau I, deux sortes de vestiges ont été ramenés au jour :de nombreux
foyers, isolés ou en enfilade, dans tout le site exploré et des restes de huttes,
plus particulièrement au sud, le long de la route (1).
H. LAMBERT
1 Arch. 1968, 84-85; 1969, 81-82; 1971, 34-35; 1972, 82-83; 1973, 95-96. - Voir aussi : Ann. XLI
Congrès Féd. Arch. Hist. Belg. ( Malines 1970), 91-100 ( = Arch. Belg. 133, 5-14).